Shanghai metropole mondiale
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Shanghai metropole mondiale
Shanghai Shanghai tient une place importante dans le dispositif chinois. C'est la première ville de Chine grâce à son poids démographique et économique. Cette ville est en situation littorale. En effet, elle se situe aux débouchés du fleuve Yangzi. L'implantation occidentale a eu lieu en Chine à la suite des guerres de l'Opium qui ont ouvert les portes de la Chine au commerce international. Aujourd'hui, même si Shanghai est reconnue, elle est qualifiée comme une ville « sans histoire ». En effet, cela ne fait qu'un siècle et demi qu'elle a pris de l'importance en Chine. Depuis les années 1990, son rayonnement national et international s'est agrandi considérablement et sa force d'attractivité est devenue exceptionnelle grâce à son envie de relever le défi de la modernité internationale. Shanghai est une métropole. En effet, elle tient une place très importante en Chine, par sa population et sa place parmi les plus grands pôles de commandement mondiaux. C'est un carrefour portuaire : elle est située aux débouchés de l'axe fluvial du Yangzi. Mais Shanghai possède aussi les critères d'une mégapole : nous pouvons le voir au niveau urbain avec une verticalisation du bâti, un changement d'échelle et une redistribution périphérique de ses populations. Cette ville connaît aussi les défis de la ville mondiale avec un développement durable au niveau social et environnemental. « Shanghai, à la fois moderne et post-moderne, ville de l'enrichissement et de la ségrégation, de la suractivité et de la précarisation, illustre étonnamment l'avenir de la ville asiatique voire de la ville tout court, dans une globalisation sous contrainte » Shanghai est une ville qui existe depuis plus d'un siècle. Elle se recompose fortement après la Première Guerre mondiale et c'est dans les années 1990 qu'elle connaît un tournant décisif. C'est en seulement 20 ans qu'elle va devenir la métropole que nous connaissons. Shanghai est une ville de l'international où les activités s'enrichissent d'une ouverture sur l'espace mondial. Elle est donc une « mosaïque urbaine » que la modernisation contemporaine va refonder et réunir pour la transformer en vaste agglomération. Shanghai sera donc l'une des principales métropoles du XXIe siècle. La population de Shanghai est transformée grâce à la croissance économique mais aussi grâce de nombreuses institutions éducatives qui privilégient l'enseignement des langues étrangères telles que le Français, l'Anglais ou le Japonais. Cela nous montre l'importance des liens internationaux. Ces liens transparaissent au travers de l'implantation étrangère avec les concessions qui ont été installées après le traité de Nankin à la fin de la première guerre de l'Opium. Shanghai est divisée en plusieurs endroits : les concessions étrangères, les habitats collectifs dédiés aux classes moyennes entre les années 1860 et 1940 qui sont appelés les « courées » ou les « lilong » et le Bund qui est la façade portuaire de Shanghai et qui possède des équipements et bâtiments très modernes comme des hôtels ou des champs de course. 1 * Une ville mondiale - La réémergence d'une métropole internationale → Une métropole internationale L'ancien Shanghai était régi par le régime communiste. Et même si celui-ci, après 1949, privilégie l'industrialisation et les projets d'aménagements urbains, il garde tout de même un discours anti-urbain avec la disqualification des professions d'urbanistes et d'architectes par exemple. Shanghai est donc une ville punie par le régime communiste. En effet, malgré sa capacité de production de ressources assez importante elle ne peut pas bénéficier des richesses dues à cette production car les richesses sont redistribuées aux provinces moins favorisées. C'est ce manque de budget qui va donc empêcher une véritable modernisation du bâti et des équipements. Dans les années 50, quelques projets vont être menés comme la réalisation du centre des expositions ou l'aménagement des berges du Bund mais Shanghai ne va pas parvenir à imposer un projet spécifique. C'est au début des années 1990 qu'il va y avoir un tournant dans l'histoire de Shanghai avec la création de la nouvelle zone de Pudong en 1990 et la relance des nouvelles réformes par Deng Xiaoping en 1992 qui donne un rôle moteur à Shanghai dans le développement du pays. L'arrivée d'hommes favorables à Shanghai va aussi être bénéfique à Shanghai. Par exemple, Jiang Zemin ,qui était un ancien maire de la ville dans les années 50 et qui va ensuite cumuler les fonctions de président de la commission militaire, de secrétaire général du parti communiste et de président de la république jusqu'au début des années 2000, va permettre l'aménagement du fleuve Yangzi et la construction du barrage des Trois Gorges en 1992. Shanghai prend donc de l'importance par sa population avec 18,6 millions d'habitants en 2007 alors que Pékin en possède 16,3 millions, mais aussi par son PIB. En 2007, Shanghai possède 12,19 centaines de milliards de yuans alors que Pékin n'en possède que 9,35 centaines de milliards. Grâce à cette réhabilitation, Shanghai va donc devenir un métropole par excellence capable d'égaler les métropoles américaines, asiatiques ou occidentales. Nous pouvons remarquer plusieurs signes de l'internationalisation. Afin de s'intégrer dans les réseaux économiques des grandes villes mondiales Shanghai modernise sa ville pour qu'elle soit apte à attirer de nombreux investisseurs étrangers. Ce redéveloppement de la mégapole résulte avant tout de choix d'aménagements ambitieux pour la ville. Tout d'abord, on veut étendre la ville vers l'ouest depuis la rive gauche du Huangpu. La zone de développement économique et technique de Caohejing spécialisée dans les nouvelles technologies est l'un des horizons du développement Shanghaien. L'un des principaux défis de Shanghai à la fin des années 1980 était de développer Pudong qui est une zone sur la rive droite de Huangpu et où se trouvaient jusqu'à lors des entrepôts et des chantiers navals ou des habitats populaires très dégradés. Ce défi était dur à relever car le fleuve Huangpu était une séparation très grande, de 400 à 700 mètres, entre la rive gauche et la rive droite et la nouvelle zone de Pudong était avant son réaménagement très mal perçue et faisait croire à une sorte de zone exilée du reste de la ville. Ce 2 défi existait déjà lors de l'époque maoïste mais était irréalisable et c'est trente ans plus tard que les architectes de Shanghai l'on fait réapparaître. Ce défi va être relevé avec le plus grand succès ; le gouvernement chinois s'est mobilisé entièrement afin que cette zone devienne une vitrine de la modernisation urbaine, de l'émergence économique et de l'ouverture de la Chine. En effet, cette nouvelle zone de Pudong est reliée à Shanghai par des ponts comme le pont de Xupu ou de Lupu qui vont ouvrir en 1996 et en 2002. Elle comporte aussi Lujiazui, un centre financier où se déroulent les plus imposantes réalisations architecturales de Pudong et où se trouve la célèbre tour de la perle de l'Orient qui ouvre en 1994. Cette nouvelle zone comporte aussi 5 zones industrielles accueillant des industries non polluantes relevant des firmes multinationales telles que IBM ou Phillips, un aéroport international et le port de Waigaoqiao qui est l'un des ports les plus importants au monde. Shanghai redevient alors un carrefour cosmopolite grâce à son renouvellement et à son essor urbain, ce qui en fait l'un des pôles littoraux chinois les plus attractifs. Cela va d'ailleurs changer par rapport à l'ancien cloisonnement de Shanghai entre les années 1950 et 1980 lorsque les flux migratoires étaient réduits. Shanghai se dirige vers un nouveau cosmopolitisme. Elle devient une ville très attirante pour les habitants de la Chine. Les migrants à Shanghai seraient au moins 5 millions. Ces migrants sont différents : il y a les ouvriers agricoles travaillant dans les usines mais aussi les migrants ayant une situation stable et travaillant dans l'industrie ou les services mais il y a aussi les étrangers chinois, asiatiques et occidentaux qui résident dans les quartiers plus privilégiés de la ville tels que Gubei. Shanghai est un pôle touristique de la modernité. Le tourisme transparaît au travers de l'essor considérable des infrastructures hôtelières qui étaient au début destinées aux hommes d'affaires ou aux touristes des pays développés. Le tourisme est ensuite devenu un phénomène de masse, surtout au niveau de l'intérieur du pays avec des touristes chinois attirés par la nouvelle architecture moderne de Shanghai. De 2003 à 2007, le nombre de touristes chinois provenant d'autres provinces a augmenté d'environ 26 millions. Au niveau international, le nombre de touristes est passé de environ 3 millions d'étrangers en 1978 à environ 65 millions de touristes en 2007 dont environ 14 millions de Japonais et environs 8 millions de touristes en provenance des États-Unis. Les autres signes de l'internationalisation de Shanghai sont ses multiples jumelages avec des villes ou des régions étrangères à partir des années 1970. Par exemple, Shanghai est jumelée à deux villes japonaises qui sont Osaka et Yokohama, en France elle est jumelée avec Marseille depuis 1987. → Pôle industriel et tertiarisation « Shanghai est à l'origine de 11 % de la production industrielle des firmes étrangères en Chine et renforce son commandement régional et national » Shanghai est un pôle industriel qui, au fil des ans, va subir une réorientation industrielle. En 1949, les activités principales de Shanghai sont le textile et l'agro-alimentaire. Les usines de l'époque servant à cette production sont aujourd'hui réhabilitées en salles d'exposition ou en cafés modernes. C'est aussi à cette époque que Shanghai va s'ouvrir aux innovations technologiques et 3 va donc devenir un pôle de croissance économique et de commerce majeur avec son port, par exemple, qui assure la moitié du commerce extérieur du pays. Aux alentours de 1950, les villes chinoises sont appelées à passer « de lieux de consommation en lieux de production ». Shanghai privilégie les industries lourdes qui répondent au modèle de l'industrialisation de base du modèle soviétique. Les industries textiles gardent une certaine importance jusqu'au début des années 1990 mais sont vite remplacées par les secteurs des métaux ferreux, la sidérurgie, les industries mécanique et la chimie. Ce changement va d'ailleurs faire de Shanghai le premier pôle industriel chinois. La priorité est donnée, à partir des années 1990, au secteur des nouvelles technologies. Cela va favoriser l'essor des équipements électroniques et de télécommunications. Ce secteur des nouvelles technologies représente 22 % de la production industrielle Shangaienne en 2004. La production d'équipements de transports représente quant à elle 12 % de la production industrielle. Les autorités chinoises vont aussi tenter de mettre en place des stratégies successives de localisation industrielle. C'est à partir de 1959, que celles-ci décident de mettre en place une politique de villessatellites afin de redistribuer spatialement la population et les activités industrielles. Shanghai possède aussi des zones de développement dans les années 1990. Tout d'abord, en 1984 les autorités chinoises ont tenté de créer une « Silicon Valley chinoise » avec la création de la zone de développement économique et technique de Caohejing. Mais, à présent, l'attention se porte plus sur la création de la zone de Pudong qui bénéficie d'une large étendue, de nombreux moyens de transports. Cette zone de Pudong va d'ailleurs permettre l'essor du nouveau centre financier de Lujiazui ou d'autres zones de développement agricole. Shanghai connaît aussi un important développement de ses activités tertiaires avec les secteurs des finances et des assurances, de l'immobilier, des transports postes et télécommunications et du commerce de gros et de détail. L'essor de ces secteurs va faire passer le PIB municipal de 30 à 53 % entre 1990 et 2007. Shanghai devient réellement un pôle financier et commercial. En effet, en 2007 elle enregistrait 860 entreprises telles que Petrochina ou Shenhua Energy Compagny toutes ces entreprises donnaient au final un capital de plus de 3,7 trillions de dollars à la fin de 2007. De plus, les bureaux régionaux de plus de 300 entreprises y sont installés. Plus de 30 % des activités économiques de la Chine passeraient pas Shanghai. Shanghai possède aussi un fort poids local de l'immobilier. En effet, elle construit de nombreux bureaux, équipements d'hôtellerie, de commerces ou de loisirs. Une « bulle immobilière » s'est créée aux alentours des années 1950. Dans les périphéries et dans les villes il y a une diversité au niveau des types de logements : il peuvent être sous forme d'habitats collectifs ou encore de villas ou de logements pavillonnaires pour les plus aisés. → L'internationalisation des universités « Le pari sur la formation, le renforcement des pôles universitaires et la multiplication de leurs liens à l'étranger sont au cœur du développement futur » Les autorités chinoises ne veulent pas se limiter à faire de la Chine un « atelier du monde », elles veulent aussi que la Chine prenne de l'importance au niveau de la recherche et de l'innovation afin de faire de ses métropoles des pôles de commandement aux échelles régionales 4 et nationales. Pour cela la Chine va mettre un point d'honneur sur l'enseignement supérieur. Shanghai est d'ailleurs avec Pékin une des villes qui réunit parmi les meilleures universités de Chine. Les établissements universitaires vont d'abord subir une redimension. En 1996, les études supérieures étaient payantes. Malgré cela il y a eu une explosion du nombre d'étudiants et les universités de la ville-centre ont pu bénéficier de terrains en périphérie pour construire des campus alors très étendus. Les principales universités de Shanghai sont l'université Fudan qui est la troisième de Chine, l'université Jiaotong qui forme des ingénieurs et dont l'ancien président de la république Jiang Zemin faisait partie, l'université Tongji qui forme des ingénieurs spécialisés dans l'automobile et le secteur de l'architecture et de l'urbanisme et l'université Normale de la Chine qui forme des enseignants du secondaire. Mais ces université chinoises ont un but commun : celui de se développer à l'international. Elles souhaitent développer des partenariats avec les grandes universités étrangères pour attirer des chercheurs et enseignants étrangers, développer des formations mixtes pour attirer des étudiants étrangers mais aussi pour encourager les étudiants chinois à faire des études hors du pays en master ou en doctorat. Le but est d'ailleurs atteint car de 1978 à 2007 le nombre d'étudiants étrangers à Shanghai dans les universités ou les écoles d'enseignement supérieur est passé d'environ 5 000 à 485 000 étudiants. → Un carrefour portuaire et aéroportuaire Shanghai dispose du premier port au monde mais aussi d'aéroports qui en font le carrefour aérien du littoral du centre de la Chine en concurrence avec Pékin et Hong Kong. La chine a eu très tôt une vocation portuaire qui s'est renforcée avec l'implantation étrangère après les guerres de l'opium et la mondialisation de son trafic passager et marchandises en lien avec le Japon et les pays d'Europe et d'Amérique du nord. Shanghai va effecteur un redéploiement contemporain avec la décision de redévelopper largement ses installations portuaires suite à l'idée de l'ambitieux projet de la zone de Pudong en 1990. Ce port va désormais être un port maritime capable de recevoir des navires de gros tonnages. Le port de Waigaoqiao se trouve à un endroit stratégique au centre de la façade maritime chinoise sur l'océan pacifique. Ce port profite aussi de la nouvelle installation du barrage des Trois Gorges. Shanghai bénéficie aussi du nouvel aéroport international de Pudong qui a une première fois été inauguré en 1999 et une seconde fois en 2008 et qui a détrôné l'ancien aéroport de Hongqiao qui n'effectue maintenant que 25 % des vols de passagers. Malgré ce nouvel aéroport, le trafic aérien de Shanghai ne reste que le troisième de Chine après Pékin et Hong Kong. Les aéroports de Shanghai desservent surtout la métropole et sa région mais l'aéroport de Pudong est cependant 6e au monde pour les marchandises. Les flux aériens internationaux de l'aéroport de Pudong sont surtout présents avec l'Asie développée (le Japon, la Corée du sud, Singapour et Bangkok), mais aussi avec les pays occidentaux (les États-Unis, les principaux nœuds portuaires européens...) Shanghai est donc une ville mondiale tant au niveaux des migrations, des universités jumelée et de son importance au niveau portuaire et aéroportuaire. 5 * Au cœur de la ville - Modernisation urbaine et redéploiement municipal → les lieux d'identité « Shanghai est riche d'un patrimoine très varié, témoin de l'histoire moderne du pays et constamment perçue comme un facteur d'attractivité » Shanghai possède un patrimoine qui lui vient de l'étranger grâce aux concessions. Les lieux d'identité de Shanghai tiennent à l'héritage laissé par les concessions étrangères. Il existe plusieurs lieux d'identité à Shanghai tels que le Bund qui est la façade portuaire qui a été préservée malgré quelques destructions, le pont Waibaidu qui prolonge cette façade et qui a servi aux habitants pour fuir l'attaque japonaise de 1937. Cette façade est d'ailleurs complétée par la construction en arrière-plan de grandes tours. Les rues font aussi parties du patrimoine de cette ville telles que les rues de Nankin ou de Huaihai qui sont des grandes artères commerciales. L'ancienne concession française fait aussi partie du patrimoine et est aujourd'hui protégée, elle abrite de nombreuses villas qui sont retransformée en hôtels, en restaurants ou en bars. Il y a aussi l'ancien quartier catholique de Xujiahui qui est aujourd'hui l'un des pôles majeurs du commerce urbain. L'une des questions principales en ce qui concerne l'espace urbain à Shanghai est : faut-il valoriser ou recréer un patrimoine urbain ? Plusieurs opérations urbaines ont eu comme visée de donner une valeur supplémentaire au patrimoine hérité. Mais la destruction de certains lieux se fait tout de même, comme la destruction de la ville chinoise dans les années 1990, mais sans pour autant détruire les jardins Yu et le temple du Confucius qui sont symboliques. Cet espace a été détruit pour créer un nouveau quartier plus destiné aux touristes. Il y a aussi la construction de fausses vieilles villes chinoises qui s'inspirent de l'architecture de l'habitat rural du Jiangnan et accueillent de nombreux magasins ou salons de thé dédiés aux touristes et aux étrangers qui visitent la ville. Vue de la tour de la perle de l'Orient, la ville paraît comme divisée entre architecture « traditionnelle » artificielle et bâtiments modernes et contemporains. Une place va aussi être créée comme espace de promenade et de sociabilité pour les personnes du centre-ville. Cette place est entourée par l'Opéra de Shanghai et le musée de l'urbanisme. Au sud le musé de Shanghai va d'ailleurs dessiner un cercle imbriqué dans un carré, ce qui est le symbole chinois de l'union du ciel et de la Terre. Shanghai possède aussi de nouveaux emblèmes urbains. Tout d'abord, ses axes routiers qui sont dominés par des artères surélevées vont accentuer la respiration de la ville, le projet de Pudong offre un nouveau front d'eau, les tours au centre de Lujiazui, l'avenue du siècle, longue de 100 km et large de 100 mètres qui veut offrir un axe équivalent aux Champs-Élysées de Paris. Toutes ces structures constituent les nouveaux emblèmes urbains de Shanghai. 6 → Verticalisation du bâti et recompositions urbaines « Les réformes chinoises se sont traduites ici par de nouvelles formes de l'espace public et des recloisonnements privatifs dans les années 1990 » Shanghai veut effectuer une nouvelle verticalisation du bâti pour répondre au standard de la ville moderne et internationale. Pour parvenir à ce défi d'une ville verticale il se produit une constante « surenchère architecturale en terme de hauteur et de forme ». Toutes ces nouvelles tours utilisées pour diverses raisons donnent une nouvelle dimension à la ville. Mais un autre changement apparaît, c'est la privatisation du logement. En effet, depuis les années 1950, les immeubles formaient des sortes de petites communautés délimitées par les unités de travail qui s'appelaient « danwei ». Les logements privés étaient à cette époque très rares. Au fil des années, ces logements collectifs sont devenus surpeuplés et détériorés, raison pour laquelle plusieurs vagues de changement sont apparues au niveau de l'immobilier. En 1990, il y a eu une vague où les types de constructions se sont mis à changer. Les promoteurs privés, chinois et étrangers se sont réunis afin de construire des immeubles modernes, pour créer de nouveaux bureaux, commerces ou résidences d'affaires. Les habitants des anciens immeubles ont été indemnisés ou déplacés en périphérie. Ces nouveaux immeubles amènent aussi un changement au niveau des prix. Shanghai possède donc en son sein de nombreux types de bâtiments mais certains sont tout de même plus prisés que d'autres comme les bâtiments des quartiers de l'ancienne concession Française ou les bâtiments du quartier de Gubei. Auparavant, le travail était le principal outil d'encadrement des populations urbaines. En effet, les habitants et travailleurs possédaient leur habitat quasiment sur leurs lieux de travail. Les logiques de proximité entre résidence travail, commerce et loisirs étaient maximales. Mais depuis 1990, le ville de Shanghai a opéré un grand changement en décloisonnant la ville, en séparant les lieux de travail des lieux de vie et donc en augmentant les migrations pendulaires domicile/travail pour que Shanghai vive désormais à l'échelle de son agglomération. Mais ce décloisonnement va entraîner un cloisonnement au niveau social. En effet, les petites communautés non sécurisés et accessibles à tous disparaissent. Les logements sont surveillés et parfois même il y a la présence de digicode. La sociabilité entre les habitants a pratiquement disparu ce qui va donner plus d'importance aux lieux publics tels que les parcs ou les grandes rues puisqu'ils vont devenir les seuls lieux de sociabilité. Depuis les années 1990, Shanghai va connaître un fort changement au niveau de l'espace urbain. De 2001 à 2007 les investissements dans la construction urbaine sont passés d'environ 6 milliards d'euros à 12,2 milliards d'euros et de 2001 à 2007 les superficies construites sont passées d'environ 15 millions de mètres carrés à 34,8 millions de mètres carrés. Ces chiffres nous prouvent que la ville de Shanghai a énormément misé sur la construction urbaine. → Rue shanghaienne et lieux de sociabilité Shanghai possède aussi des rues qui sont assez importantes dans l'espace urbain. Ces rues sont coupées de manières perpendiculaires et ont plusieurs fonctions : le déplacement au niveau de la ville, le commerce ou le repos des passants. Les rues principales de Shanghai sont la rue de Nankin qui est la principale artère commerciale de Shanghai, l'ancienne avenue de Joffre ou la rue de Sichuan. Les lieux de sociabilité sont aussi présents à Shanghai. Avant, ces lieux de sociabilité 7 étaient réduits à la famille, à l'unité de travail ou à la communauté de la résidence mais désormais les lieux de sociabilité modernes sont beaucoup plus grands. Il s'agit d'hôtels comme l'hôtel Hilton qui servent d'endroit de rassemblement pour les hommes d'affaires, les cadres locaux ou les habitants. Pour avoir d'autres lieux de sociabilité, au début des années 1990, on crée des places qui sont construites et aménagées sur un modèle nouveau et qui ne sont pas des rondspoints utilisés par les voitures. Ces rues servent de lieux de rencontres, elles sont enrichies de commerces et de restaurants. Certaines rues possèdent même des restaurants ouverts jour et nuit comme la rue Zhapu au nord de la rivière Suzhou. Les rues font donc partie apparente de cet aménagement urbain. → Stratification sociale et redéploiement spatial Shanghai possède un « camaïeu socio-spatial ». En effet, mis à part les cas très rares de « gated communities » pour la classe la plus riche et les blocs de dortoirs pour les ouvriers, toutes les classes sociales sont mélangées. Il y a donc une grande mixité sociale dans la ville. « Shanghai est ainsi une sorte de camaïeu social où les segmentations et les discriminations s'expriment à différentes échelles, d'îlots à îlots, et au sein même des blocs résidentiels » Tous ces réaménagement urbains pour construire de nouveaux lieux de travail comme des bureaux ont été possibles grâce aux déplacements des anciens habitants. Le centre ville a perdu jusqu'à 1/10 de sa population dans les années 1990, plusieurs millions de shanghaiens ont été déplacés. Les nouveaux habitats en périphérie vont alors reprendre la forme de l'ancien centreville avec des petits blocs résidentiels fermés et séparés par des magasins sur le modèle des anciennes courées. → Aménager la municipalité aujourd'hui Lorsque la municipalité de Shanghai va être créée l'administration va aussi bénéficier de districts ruraux d'une superficie de 6000 km2, tout cet espace va être utilisé pour concrétiser de nouveaux projets tels que la zone de Pudong. L'État va aussi s'engager à créer dans cette zone de puissants complexes d'industries lourdes comme le pôle pétrochimique de Jinshan. Mais dans les années 1960 l'aménagement était difficile à cause de la disqualification des métiers tels qu'architectes ou urbanistes avec le régime communiste. Plusieurs projets d'aménagements urbains ont donc échoué et n'ont repris que dans les années 80. La création de la zone de Pudong est un moment majeur des années 1990 dans un contexte d'aménagement du territoire à une échelle nationale. En effet, la création de la zone de Pudong signifie le franchissement du fleuve de Huangpu. De plus, cette nouvelle zone donne accès à des terres libres et permet donc de créer un quartier d'affaires comme le quartier de Lujiazui qui est en lien avec l'économie et la mondialisation, mais cette zone permet aussi de donner une nouvelle dimension à ses équipements portuaires et aéroportuaires. Shanghai est aussi une municipalité polycentrique, c'est à dire qu'elle va distribuer spatialement et de manière concentrique les zones où il va y avoir une utilisation du sol. Il y a donc plusieurs zones dans une même ville, tout d'abord la ville-centre et d'autres zones comme Songjiang ou Minhang. Ce projet de créer plusieurs zones est le projet « one city, nine towns » qui est lancé en 2000, ce projet a pour but de favoriser des villes nouvelles qui accueillent des 8 personnes venues de toute part, de la ville-centre, des populations locales, des populations extérieures à la municipalité. Ce projet essaye de mettre donc plus en avant des villes comme Songjiang, Jiading ou Luchaogang. Mais ces petites villes-relais ne sont pas intégrées de manière équivalente à la ville-centre. Des villes comme Minhang ou Songjiang sont reliées par des lignes de métro à la ville-centre mais d'autres comme Luchaogang ou Jinshan restent encore à l'écart. Les villes ou arrondissements nouveaux se composent de l'ancien bourg, d'une zone de développement, d'une ville universitaire qui permet la déconcentration des universités de la ville centrale, et des zones résidentielles avec des architectures européennes, par exemple à Minhang l'architecture est italienne, dans certaines zones résidentielles, ou à Anting l'architecture est allemande. Shanghai est donc finalement cosmopolite au niveau de ses nouvelles-villes. → Songjiang, une ville nouvelle Quelques villes-nouvelles se détachent donc et prennent de plus en plus d'importance. C'est le cas de Songjiang. C'est un arrondissement qui compte 1 380 000 habitants et a une superficie de 605 km2 : il se situe à l'ouest de la ville-centre et est relié à la ville-centre par des voies de communications comme une autoroute qui relie ces deux zones dès 1990, des lignes de bus et un métro. Songjiang ne devient véritablement la préfecture de Songjiang qu'au XIIIe siècle. Sous les Ming, il s'agissait d'un important pôle de textile. Ce territoire est rattaché à Shanghai en 1958. Ce district reste globalement agricole jusqu'à la fin des années 1980 et va attirer les citadins de la ville-centre grâce à sa pagode carrée qui date des Song, son parc de Fantga, celui de Zuibaichi et sa colline de Sheshan. Mais c'est véritablement en 2000 que Songjiang va trouver une place importante dans l'aménagement périurbain de la municipalité avec le projet « One city, nine towns ». Plusieurs projets se mettent en place dans cet arrondissement : une plus nette spécialisation des espaces agricoles pour que ceux-ci correspondent à la demande des marchés urbains, le développement de deux zones industrielles, le développement d'espaces dédiés à des populations très diverses comme des anciens résidents de la ville-centre ou des classes aisées chinoises ou étrangères et la déconcentration de sept campus universitaires de la ville-centre. Tous ces projets vont faire connaître à cet arrondissement une forte croissance économique. Pour prendre plus d'importance, cet arrondissement a donc lui aussi procédé à des réaménagements urbains avec la réhabilitation de monuments historiques ou la création d'une nouvelle ville très résidentielle avec des habitats et des villas de luxe. L'un des projet de réaménagement urbain est d'ailleurs de créer une « ville anglaise » : Thames Town, un quartier résidentiel avec une architecture anglaise et dédié à des classes très aisées de chine ou de l'étranger. Le défi principal de Songjiang est en réalité, avec tous ces projets, de créer une unité dans le pouvoir d'aménagement. → L'île de Chongming, une marge municipale « Longtemps délaissée, cette île du Yangzi tire dorénavant sa renommée internationale du projet de ville 100 % écologique de Dongtan » Chongming est la plus grande île à l'embouchure du Yangzi. Mais Chongming n'est pas la 9 seule île, il y a deux autres îles Changxing et Hensha. La superficie totale de ces trois îles est de 1041 km2 mais malgré cela elles ne comptent que 700 000 habitants. La ville de Dongtan, à l'extrémité de Chongming, qui est 100 % écologique et parfaitement reliée à la ville-centre, veut devenir à terme un laboratoire urbain et environnemental de rayonnement international. * Quel avenir ? - Vers une ville mondiale → L'exposition universelle Shanghai, pour arriver au niveau de Pékin qui a organisé les Jeux Olympiques en 2008, décide de mettre en place une exposition universelle entre mai et octobre 2010. Cette exposition, qui s'était portée sur le thème de la ville de demain, avec comme slogan « une ville meilleure pour une vie meilleure », avait comme thèmes la qualité de la ville, les bonnes pratiques urbaines et le développement durable. Cette exposition, avec 200 exposants, avait pour défi d'accueillir 100 millions de visiteurs dont des visiteurs chinois et d'Asie orientale. Dans cette exposition se trouvent plusieurs pavillons comme la pavillon français qui est situé dans la zone C et qui attend 10 millions de visiteurs sur 6 mois. Ce pavillon a pour thème les 5 sens (vue, ouïe, odorat, goût, toucher) et les 5 éléments fondamentaux de la pensée chinoise (eau, bois, feu, terre, métal). Le pavillon d'une superficie de 6000 m2 a été construit et imaginé par l'agence de l'architecte Jacques Ferrier. Ce pavillon met en valeur quelques régions de France mais aussi la cuisine française avec son restaurant gastronomique. Après cette exposition, plusieurs pavillons tels que le pavillon Français ont été détruits pour des opérations immobilières et cette exposition, même si elle n'a pas eu un impact aussi grand que les Jeux Olympiques à Pékin, a tout de même accéléré les mutations des quartiers au sud du centre-ville. → Les réalisations symboliques « Shanghai est un chantier bloc après bloc depuis les années 1990 ; en émergent des réalisations urbaines et architecturales parfois sans équivalent » La ville de Shanghai va connaître plusieurs mutations urbaines. L'une des plus grandes est la construction de la tour de la Perle de l'Orient dans le quartier de Lujiazui à Pudong. C'est une tour de télévision de 468 mètres composée de trois sphères inégales et alignées. Dans la première sphère se trouve le musée d'Histoire de Shanghai et la deuxième sphère offre une vue imprenable sur toute la ville. Shanghai va aussi voir arriver la construction de l'Opéra situé sur la place de peuple et aussi la construction des voies routières surélevées. Les autres mutations urbaines sont l'aménagement de la rue de Nankin, de la place de peuple, du quartier de Lujiazui et de la zone de Pudong. Il va aussi y avoir la construction de nombreux hôtels comme L'hôtel Hilton ou Portman Ritz-Carlton. Cette logique de modernisation va suivre les standards des grandes villes développées. Pour toutes ses constructions Shanghai fait appel à de nombreux architectes étrangers. 10 Une agence, Arte Charpentiers architectes, est particulièrement bien implantée à Shanghai. Elle a contribué à la réalisation de grands projets comme le grand Théâtre de Taiyuan, l'Opéra de Shanghai, la transformation de la rue de Nankin, l'avenue du siècle à Lujiazui et la Central Plaza qui est la place de la mairie de Pudong. La population de Shanghai s'est vite appropriée cette nouvelle modernité qui fait maintenant partie intégrante de la ville. La voie de Nankin et la place du peuple sont les endroits les plus fréquentés par les Shangaiens par exemple. Mais cette modernité a aussi ses limites. En effet, les populations se plaignent de la pollution en ville de plus en plus grande. Certaines décisions des autorités sont aussi rejetées avec mécontentement comme la prolongation de la ligne du Maglev (magntic levitation) qui est un train à suspension magnétique qui peut aller jusqu'à une vitesse de 580Km/h, jusqu'à Hangzhou. Mais à côté de certains mécontentements, Shanghai se crée tout de même une vitrine internationale avec sa ville de Dongtan à l'est de l'île de Chongming qui est une ville 100 % écologique. → Shanghai parmi les grandes villes mondiales Shanghai a connu plusieurs périodes au cours de son histoire. Elle a tout d'abord été une ville fermée aux alentours des années 1950 avec l'arrivée des communistes et la révolution culturelle. Durant cette période de fermeture, sa population a augmenté et a amené une surpopulation et une détérioration des logements. Mais cette coopération sino-soviétique va tout de même apporter un renforcement du poids industriel de la Chine. C'est véritablement à partir des années 1980 et après la création de la nouvelle zone de Pudong en 1990 que Shanghai va entrer dans le système économique mondial en procédant à une tertiarisation de son économie, en réorientant sa production industrielle vers les nouvelles technologies, en créant des réalisations architecturales et urbanistiques originales et bien d'autres choses... L'un des défis les plus grands de Shanghai, est de parvenir, grâce à toutes ses innovations, à rivaliser avec Hong Kong qui est l'ancienne colonie britannique et d'atteindre « la technicité et la rapidité d'exécution d'une métropole comme Hong Kong ». Mais Shanghai est aussi en rivalité avec Pékin qui est la capitale politique et administrative de la République populaire. Toutefois, Pékin n'est pas comparable à Shanghai ; Pékin a connu ces dernières années un développement du secteur tertiaire beaucoup plus fort qu'à Shanghai. À une grande échelle régionale, Shanghai est considérée comme une métropole d'Asie orientale, tout comme Hong Kong et Pékin. Il existe beaucoup de flux de personnes et de marchandises entre des métropoles comme Shanghai, Tokyo, Osaka, Taipeh ou Séoul. Shanghai appartient donc à plusieurs réseaux. « Elle s'inscrit à la croisée du réseau des pôles économiques du Jiangnan et du Yangzi, de celui des grandes villes littorales chinoises, de celui des mégapoles d'Asie orientale et enfin de celui des métropoles mondiales ». Cette appartenance à plusieurs réseaux fait qu'elle va devenir une métropole d'avenir avec beaucoup de potentiel. Shanghai devient donc une ville qui prend de plus en plus d'importance et qui est comparable à une ville d'un pays développé. Shanghai a aussi une grande importance dans le domaine démographique. En effet, d'ici 2025, elle occupera la place de la 5e mégapole mondiale avec une population estimée à 19 millions d'habitants. CONCLUSION - SHANGHAI, UNE MODERNITE POUR DEMAIN ? 11 Shanghai a connu beaucoup de périodes avec la colonisation et les concessions étrangères, l'arrivée du communisme pour finalement arriver dans les années 1990 à une modernité et à une intégration dans la mondialisation et dans les mégapoles de demain. La modernisation de cette ville passe par la construction de monuments architecturaux, de nouveaux espaces publics, d'un aménagement global qui s'appuie sur l'apparition des villes-nouvelles et de la création d'équipements portuaires et aéroportuaires dans un rayon international. Mais cette modernisation urbaine qui s'est faite à une vitesse incroyable connaît aussi des limites qui sont caractérisées par le mécontentement des personnes lors des déplacements de populations par exemple. Cette modernisation amène donc les habitants à se poser des questions et à avoir l'espoir que demain sera mieux qu'hier. 12