Aborder les contrôles sans stress, c`est désormais possible
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Aborder les contrôles sans stress, c`est désormais possible
La force d'un gro upe DU R ÉSEAU F Aborder les contrôles sans stress, c’est désormais possible ! Durant sa carrière, tout agriculteur est au moins soumis à un contrôle. C’est inévitable, parfois désagréable, mais dans la majorité des cas, les contrôles sont souvent redoutés par les exploitants agricoles. Pour les vivre sans stress inutile, les Geda d’Ille-et-Vilaine ont mis en place, avec la Chambre d’agriculture, la Direction départementale des territoires et de la mer, la Mutualité Sociale Agricole, des journées « Contrôles sans stress ». D es enquêtes de la MSA (comme celle sur les risques psychosociaux réalisée avec l’Inter-Groupes Féminins de Trame-FNGeda) ont mis en lumière la charge administrative supportée par les agriculteurs, et en particulier les contrôles qui sont une source importante de stress. « Le contrôle en agriculture concerne toutes les étapes de la production. Imposé par la règlementation française et européenne, il est inévitable pour veiller au suivi des règles et justifier les primes liées aux différentes productions. Pourtant il est aussi mal vécu par les agriculteurs (stress, manque de préparation, manque de connaissance de ce qui est attendu par le contrôleur, peur de mal faire…) que par les corps de contrôle (degré de stress de l’agriculteur, accueil mitigé, méfiance…) », explique Christine Lairy, agricultrice et présidente des Geda d’Ille-et-Vilaine (Geda 35). Donc pour que contrôle ne rime plus avec stress, les Geda 35 ont mis en place, avec la Chambre d’agriculture, la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), la Mutualité Sociale Agricole, des journées portes-ouvertes sur une exploitation. Des ateliers avec les différents corps de contrôle permettent de faire le point de manière concrète sur les aspects contrôlés, les papiers à préparer, mais aussi les recours possibles. ED B RE A MEM GEDA D’ILLE-ET-VILAINE PE D’AGRICUL ROU RS TEU G Groupe Des fiches méthodes et des conseils sont ainsi prodigués aux exploitants. Un partenariat gagnant-gagnant entre les agriculteurs et l’administration En 2011, la DDTM souhaitait organiser des réunions avec les agriculteurs afin de les préparer aux contrôles, et se faire connaître. Or ce genre de formation existait déjà au sein des Geda, le lien s’est donc fait de façon instantanée. « Cependant il paraissait difficile de déplacer des dizaines d’agricultrices et agriculteurs à des réunions pour rencontrer des “contrôleurs”, alors nous avons opté pour une ambiance de rencontre, d’échange et de partenariat, et avons mis au point une journée portes-ouvertes, précise Chris- NG tine Lairy. Il nous semblait plus facile d’e p d’expliquer concrètement sur une exploitation le déroulement d’un contrôle, que ce soit un contrôle sur les MAE, le droit du travail ou l’utilisation des phytosanitaires. En effet, les exploitants n’osent pas forcement demander des explications, des conseils lors d’un contrôle, car ils voient d’abord la casquette répressive du contrôAllo, leur, alors que celuici a aussi une mismonsieur Martin ? sion d’explication ». Bonjour, c’est En juin 2013, l’administration. les Geda 35 et leurs partenaires On vient sur ont ainsi organivotre exploitation sé leur 3ème jouragricole demain née « Contrôle sans pour faire un stress ». Déclaration de surcontrôle faces, protection animale, revenus, environnement, produits phytosanitaires, mesures agro-environnementale, droit du travail… tout, ou presque, peut être contrôlé sur une exploitation. « La DDTM coordonne tous les corps administratifs pour qu’un exploitant n’ait pas plus d’un contrôle par an, explique un responsable de la Direction des Territoires. La très grande majorité des agriculteurs respecte la législation. 80 % des contrôles montrent qu’il n’y a aucune anomalie. Les cas où les anomalies sont nombreuses relèvent plus de la mécon- AOÛT-SEPTEMBRE 2013 - TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 200 “ ” En comprenant mieux leur déroulé, les justificatifs attendus, les agriculteurs pourront aborder les contrôles sans stress. 21 naissance du processus que de la fraude intentionnelle, qui, elle, est marginale ». Eviter qu’un contrôle ne se transforme plus en cauchemar « La démarche des Geda 35 consiste à dédramatiser, comprendre les contrôles et informer sur les droits et devoirs des agriculteurs, souligne Christine Lairy. Souhaitant eux aussi dialoguer avec les exploitants pour une meilleure compréhension de leur métier et des obligations imposées par les textes réglementaires nationaux ou européens, les corps de contrôles participent à cette journée pour aider les exploitants à remédier aux anomalies les plus fréquemment rencontrées et leur donner les outils de préparation. Cette journée permet donc de créer des liens entre exploitants et administrations dans le but de lever les appréhensions, d’informer et de mettre au point des outils pour faciliter le contrôle des exploitants (j’ai peur de ce que je ne connais pas) ». Ce partenariat entre tous les acteurs (organismes professionnels agricoles, administrations, associations…) permet de répondre aux attentes des exploitants. Le travail entre les différents réseaux et la plaquette de communication réalisée par la Chambre d’agriculture permettent de toucher un grand nombre d’agriculteurs. Plus largement, ce type de journée prouve qu’en dia- DDTE, MSA, Chambre d’agriculture..., de nombreux organismes ont répondu aux questions des agriculteurs sur les contrôles et leurs modalités. loguant tous ensemble, il peut y avoir des doutes, des peurs et des interrogations qui s’envolent. « Nous voulons montrer aux exploitants que la plupart des contrôles se passe très bien dès lors qu’ils sont bien informés de leurs droits et devoirs. Cela permet de réinstaurer un dialogue entre contrôleurs et contrôlés hors du cadre “Contrôle“ assimilé souvent à de la répression ». Vers une charte du bon contrôle Les agriculteurs peuvent avoir une meilleure connaissance des points de contrôle et remédier à la résolution d’anomalies repérées grâce aux outils fournis par les organismes de contrôle. De leur côté, les partenaires contrôleurs peuvent dialoguer avec les exploitants. Ils sont ainsi à même de mieux repérer des points « flous » pour les agriculteurs dans leurs déclarations, de mieux Les 9 ateliers thématiques de l’édition 2013 Construire son bien-être au travail : avec la MSA. Le contrôle de la déclaration des surfaces et du respect des BCAE avec l’ASP (Agence de Service et de Paiement) Bretagne. ■ La protection, l’identification, le paquet hygiène relatif aux productions animales avec la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) et la Chambre d’agriculture. ■ La réglementation vis-à-vis des cours d’eaux et des zones humides par Service Eau et Biodiversité de la DDTM. ■ Les produits phytosanitaires avec le Service régional de l’alimentation de la DRAAF. ■ La protection sociale avec la MSA. ■ Le point sur les contrôles de la DDTM. ■ Le contrôle MAE avec l’ASP Bretagne. ■ L’environnement, la directive nitrates, les ICPE, avec la DDTM et la DDCSPP. ■ ■ 22 identifier les points de méconnaissance des réglementations. Cela permet aussi de parler des difficultés d’application de certains champs légaux. Ils participent à la présentation de leur rôle. La base que pose cette journée permet de mettre en place une « charte du bon contrôle » et de mettre en place des outils visant à faciliter les contrôles (listing de documents à fournir, pièces justificatives, contacts…). Cette innovation est une réussite car elle a été reconduite pour la troisième fois en 2013. L’administration se montre très motivée pour continuer à dialoguer avec les exploitants lors de ces journées portes ouvertes. Des écoles d’agriculture se sont déplacées, des départements voisins se sont inspirés du concept. Ce projet est une vraie réussite collective et apporte aussi bien aux exploitants qu’aux administrations en termes de dialogue et de compréhension. ● Christine Lairy Présidente des Geda 35 et Christophe Leschiera Rédacteur en chef de Travaux-et-Innovations Pour en savoir plus… ■ Christine Lairy, agricultrice et présidente des Geda 35 Tél. : 06 87 24 18 24 [email protected] ■ Pauline Requintel, animatrice Tél. : 06 86 83 31 11 [email protected] TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 200 - AOÛT-SEPTEMBRE 2013