04_ Les littoraux, espaces attractifs

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04_ Les littoraux, espaces attractifs
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Les littoraux, espaces attractifs
Intro : Le littoral est l'espace de contact, l'interface, entre la terre et la mer: il est constitué
d'un rivage, d'un avant-pays marin exploité, d'un arrière-pays continental dont les
paysages, les aménagements et les activités sont fortement marqués par la présence de
la mer. Actuellement, près de la moitié de l'humanité vit sur une bande côtière de 50
kilomètres de large et la mondialisation des échanges, l'industrialisation des côtes et
l'essor du tourisme balnéaire accélèrent la concentration du peuplement et des
activités le long des rivages. Cette littoralisation pose le problème de la compatibilité
entre le développement économique et la protection de l'environnement.
I. L'urbanisation croissante du littoral
A) La littoralisation du peuplement
Depuis l'Antiquité, la présence de routes de navigation, la création de colonies et le
souci de contrôler les passages maritimes ont entraîné le développement de ports et de villes
côtières (carte p. 186-187). Actuellement, un milliard de personnes vivent sur le littoral et
60% des habitants de la planète vivent à moins de 100 kilomètres du bord de la mer.
Cette concentration se renforce et contraste avec le peuplement plus faible des régions
intérieures voisines : avec 170 habitants par km2, la densité moyenne le long des côtes est
cinq fois supérieure à la moyenne mondiale et atteint 600 habitants par km2 en Asie. Les
mégalopoles américaine, européenne, japonaise et 16 des 23 plus grandes agglomérations du
monde sont situées sur le littoral (carte p. 186-187). Dans les pays développés, les littoraux
sont devenus des zones économiquement importantes accumulant les activités portuaires,
industrielles et tertiaires.
B) Le rôle majeur des échanges et de l'industrie
La mondialisation de 1'économie a entraîné une forte croissance des transports
maritimes; Des navires de plus en plus grands et la conteneurisation permettent le transport
rapide et peu coûteux de grandes quantités de marchandises. L'importance des flux
transocéaniques a entraîné la constitution de trois puissantes façades maritimes: du Japon au
détroit de Malacca, en Europe (le Range nord-européen) et en Amérique du Nord.
Les pays du Sud, moins intégrés dans les échanges mondiaux, ne possèdent pas de
concentrations portuaires équivalentes. Par ailleurs, la concurrence économique et les progrès
du transport multimodal ont entraîné une délocalisation des : industries dans les ports. Les
États favorisent aussi les implantations industrielles littorales en créant des zones franches le
long des axes maritimes. Le transport des passagers contribue également au développement de
villes portuaires : la gare maritime de Calais enregistre ainsi un trafic qui approche 20
millions de personnes par an.
C) Tourisme et loisirs: de puissants atouts
Le tourisme est l'une des principales formes récentes de mise en valeur et d'occupation
des rivages et a fortement contribué à1'urbanisation des littoraux: mer, plage, soleil, beauté
des« côtes sauvages » , baignades et sports nautiques expliquent que le littoral soit la première
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destination des vacanciers dans 1e monde et concentre de 60% à 90% des séjours touristiques.
Le front de mer, à partir duquel s'organise la ville, devient alors lieu de spéculation foncière et
de concurrence immobilière. Les stations balnéaires se sont développées sur les rivieras puis
sur les côtes à lido (Adriatique, Languedoc...) : les rives méditerranéennes accueillent 170
millions de touristes chaque année.
Les littoraux proches des grandes agglomérations deviennent de véritables « banlieues
bleues », le temps d'un week-end. En quelques décennies, des villages ont ainsi été
transformés en véritables villes, comme à Cancun, et l'on a vu se développer de véritables sur
les rivages des pays riches. Ainsi, sur la côte orientale de la Floride, l'urbanisation est
continue sur 150 kilomètres, de West Palm Beach au nord à Miami au sud.
II. Exploiter et aménager les rivages
A) L'exploitation des ressources maritimes, entre tradition et modernité
La mer est à l'origine de trois formes d'exploitation anciennes: la pêche et
l'aquaculture, fournissant plus de 120 millions de tonnes par an, et la production de sel.
Aujourd'hui, 90 % des prises de la pêche proviennent des eaux côtières et on estime que les
produits de la mer contribuent à hauteur de 15 % à la consommation mondiale de protéines
animales. Les principaux États producteurs appartiennent aux régions les plus peuplées et
correspondent aux grands foyers de consommation. Les activités aquacoles, comme la
connaissent une forte expansion liée à la croissance de la demande et aux progrès des
procédés de conservation.
L'exploitation des produits marins s'effectue avec des techniques plus ou moins
productives selon les régions: sur les littoraux asiatiques et européens, une aquaculture
intensive permet de produire algues, saumons et crevettes dans des fermes marines modernes
aménagées sur les rivages; quant à la production de sel, mécanisée dans les pays du Nord, elle
reste très traditionnelle dans les pays du Sud.
B) De gigantesques aménagements industrialo portuaires
À l'interface entre la terre et la mer, le port est un lieu de rupture de charge entre
modes de transports terrestres et maritimes. Les activités traditionnelles des ports sont la
pêche et le commerce. Mais avec l'explosion des échanges et la littoralisation des activités, de
nombreux ports sont devenus des complexes associant trans- port et industries, accueillant des
navires de plus en plus gros.
Ils possèdent des infrastructures multiples : des chenaux d'accès et des bassins, des
quais spécialisés qui s'allongent parfois sur plusieurs centaines de mètres, des terre-pleins
pour l'entreposage des marchandises. Les terminaux sont équipés de grues et de portiques
pour le déchargement rapide des marchandises: les équipements du port de Singapour
permettent de traiter 234 conteneurs par heure, soit plus de 4 500 tonnes. En se modernisant,
ces ports accueillent des fonctions urbaines (commerce et services divers, loisirs, recherche).
Ces ensembles forment de vastes zones industrialo portuaires qui occupent des espaces de
plus en plus vastes, parfois gagnés sur la mer par poldérisation.
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C) Une mise en valeur touristique croissante
Les aménagements touristiques ne concernent que 1 % des littoraux dans le monde.
Cependant, ils se multiplient depuis le milieu du XXe siècle: Des rivages, qui n'étaient
autrefois que des marécages insalubres ou peuplés par quelques familles de pêcheurs, ont été
transformés en espaces touristiques attractifs, comme sur la côte roussillonnaise : les
résidences « pieds dans l'eau » et les campings s'alignent le long des plages, des ports de
plaisance sont créés artificiellement. La croissance des espaces balnéaires est fortement liée
au développement des réseaux de transport terrestre et aérien permettant l'acheminement des
touristes.
Sur certains rivages offrant des conditions très favorables, la prolifération de ces
équipements concurrence les activités littorales traditionnelles, entraînant parfois leur
disparition. Mais si les littoraux connaissent localement une exploitation très dense, leur mise
en valeur est encore inégale : une grande partie ne subit qu'une faible emprise humaine et
beaucoup de côtes inhospitalières, rocheuses .ou marécageuses sont encore inoccupées.
III. Protéger le littoral
A) Des milieux instables et fragiles
Les formes littorales sont modelées par des agents naturels: le vent qui façonne les
dunes, le déferlement des vagues qui attaque les côtes rocheuses ou engraisse les plages, les
courants marins et la marée qui alimentent en sédiments les marais maritimes et les estuaires,
provoquant ainsi leur colmatage. Les processus naturels d'érosion et d'accumulation marquent
donc des paysages côtiers en constante évolution: il suffit de quelques dizaines d'années pour
que se forme un cordon littoral.
Les interactions de l'eau, du sel, de la marée et de l'ensoleillement déterminent aussi un
écosystème original: les marais, les mangroves, les récifs coralliens abritent une faune et une
flore spécifiques. Mais les équilibres dynamiques, et biologiques des littoraux sont
particulièrement sensibles aux perturbations, qu'elles soient d'origine naturelle ou humaine:
une tempête peut en quelques heures modifier complètement l'apparence d'un rivage.
B) l'artificialisation des rivages: des conséquences profondes
Les espaces littoraux sont soumis à des pressions multiples et subissent des
dégradations parfois irréversibles. Les installations portuaires, les digues modifient localement les zones d'accumulation des sédiments, entraînent un démaigrissement, et un recul des
plages. Les écosystèmes dunaires souffrent des aménagements de promenades et de la sur
fréquentation : un tiers des dunes a disparu en Europe, or elles constituent un rempart contre
les embruns et les inondations marines. Les risques d'éboulement des falaises sont multipliés
par le développement des j constructions et des routes touristiques. La poldérisation des
marais maritimes bouleverse l'écosystème de ces milieux.
La pollution des eaux marines côtières a des origines variées: rejets directs de 1
déchets et de produits toxiques par les industries littorales et les égouts des villes du" bord de
mer, déversement de pétrole et d'huile par les bateaux, auxquels s'ajoutent parfois des marées
noires lors des naufrages de pétroliers, apport par les cours d'eau de polluants originaires du
continent, notamment les produits chimiques, engrais et pesticides utilisés en abondance par
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l'agriculture productiviste. La dégradation des eaux, la prolifération de bactéries et d'algues
nocives nuit alors aux activités aquacoles et touristiques.
C) Gestion intégrée et protection des littoraux
Sous la pression des mouvements écologistes et devant l'inquiétude que suscite la
surexploitation des ressources et des espaces littoraux, les pays industrialisés prennent
conscience de la nécessité de protéger leurs rivages. Les politiques de préservation répondent
aussi à des impératifs d'ordre économique, à savoir le maintien d'une activité touristique: le
mont Saint-Michel en France ou les Everglades en Floride en sont des exemples. Dans les
pays du Sud, la protection de l'environnement n'est pas une priorité; cependant de nombreux
pays en développement, comme le Bangladesh et le Venezuela, ont signé la convention de
Ramsar, sur la protection des zones humides littorales et ont transformé des marais et des
mangroves en réserves naturelles.
Une politique de gestion raisonnée doit permettre de favoriser le développement
économique et permettre aux différents usagers de poursuivre leurs activités littorales, tout en
protégeant les ressources biologiques et paysagères. Il faut donc contrôler les activités
littorales, construire des stations d'épuration, préserver les sites naturels, lutter contre l'érosion
des côtes pour obtenir un développement durable.
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