Dehors, sorcier! - Agence Science

terre
des débrouillards
« Dehors,
s rcier ! »
© Jan Martin Will/Dreamstime.com
Ils errent par milliers dans les rues de Kinshasa,
la capitale de la République démocratique du Congo.
Ils sont pourchassés, battus, parfois tués : ce sont les
« enfants-sorciers ». On les accuse de porter malheur.
Des enfants responsables
de tous les maux
Canada
République
démocratique
du Congo
République démocratique
du Congo en bref
Superficie : 2 345 000 km2
(presque le Québec et l'Ontario réunis)
Population : 59,3 millions d'habitants
(Canada : 32,8 millions)
Capitale : Kinshasa
Espérance de vie : 44 ans
(Canada : 80 ans)
Les parents de Ngandu sont morts.
Alors qu'il vivait chez son oncle, celuici a perdu la vie dans un accident
de train. Des voisins ont convaincu
le reste de sa famille que Ngandu lui
avait jeté un sort. « C’est un sorcier »
ont-ils prétendu. On l’a maltraité et
chassé de la maison.
Les infortunés « sorciers » sont souvent confiés à des gourous de sectes
religieuses pour être exorcisés, c’està-dire « désensorcelés » : on les prive
de nourriture, on les oblige à boire
d'étranges mixtures, on les ligote, on
les enferme dans des cachots. Tout
cela pour les « délivrer » de leurs soidisant pouvoirs maléfiques. Plusieurs
enfants en meurent.
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Pourquoi martyriser
des enfants ?
La population congolaise est parmi
les plus pauvres du monde.
Ces der.
nières années, les guerres, le sida,
le divorce, le chômage ont brisé de
nombreuses vies. Devant tant de
malheurs, on tente de trouver des
coupables. Avec l'aide de gourous
sans scrupules, on montre du doigt
les plus faibles : les enfants.
Le phénomène des « enfants-sorciers »
se rencontre également dans d'autres
pays pauvres, comme l'Angola, le
Bénin, le Cameroun, le Nigéria, et le
Togo. Il est même présent dans certaines communautés africaines vivant
en Europe.
Lui aussi orphelin, Munu n'a que huit
ans. Une de ses cousines a perdu
son bébé. Elle a prétendu que c'était
à cause de Munu. Lui aussi a fini à
la rue.
Heureusement, ces deux garçons ont
trouvé refuge à l'ORPER*, un organisme qui vient en aide aux enfants de
la rue. Tous n'ont pas cette chance.
À Kinshasa, de 20 000 à 25 000
enfants vivent seuls dans la rue. La
majorité est accusée de sorcellerie,
presque toujours par des membres de
leur famille appartenant à une secte
ou par des pasteurs.
En République démocratique du
Congo, l'organisme local ORPER
tente de changer les choses.
Une centaine d'enfants sont
hébergés dans ses quatre
foyers. Les jeunes y sont
soignés et y apprennent
à lire et à écrire. On leur
montre aussi un métier.
Il existe également deux centres
d’accueil, où les enfants de la rue
viennent prendre un repas, se faire
soigner, passer une nuit, faire leur
lessive ou parler avec un adulte
bienveillant.
Une autre équipe tente de réinsérer les
enfants dans leur famille. Pour cela,
il faut beaucoup discuter. Il
faut bien faire comprendre
aux familles que ces enfants
ne sont pas responsables de
leurs malheurs. Ils sont plutôt
d’innocentes victimes.
Texte : Nicole Castéran
Photos : ORPER
Note : Le Fonds Canadien d’Initiatives
Locales en RDC, qui finance de petits
projets, a aidé à réparer l’endroit où
dorment les enfants.
Le s sé an ce s
or ci sm e so nt
de s mo me nt s ted’rrex
ib le s à viv re po ur
ce s en fa nt s in no ce
nt s.
* Œuvre de reclassement et de protection
des enfants de la rue.
32 LES DÉBROUILLARDS
« Non, ce n’est pas
ta faute ! »
Cet article est publié avec
la collaboration de :
!GENCECANADIENNEDE
DÏVELOPPEMENTINTERNATIONAL
L’ORPER a présenté ce
cheval au Championnat
mondial d’équitation 2006,
en Allemagne, afin de
sensibiliser les pays au sort des
enfants-sorciers. Comme eux,
ce cheval porte sur son dos un
trop lourd fardeau : la mort, la
maladie, le chômage, le divorce.
Le livre et le tableau qui
pendent à sa queue rappellent
que l’enfant accusé de
sorcellerie ne fréquente pas
l’école; les cordes attachées
aux pattes représentent son
avenir entravé.
#ANADIAN)NTERNATIONAL
$EVELOPMENT!GENCY
novembre 2007
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