Le gille a triomphé de l`hiver

Transcription

Le gille a triomphé de l`hiver
Le Soir Mercredi 21 février 2007
8
hainaut
BREF
TOURNAI
Les archives de l’Etat
déménagent
Le gouvernement fédéral a donné son accord sur un contrat de
location permettant le déménagement des archives de l’Etat
de la place Paul-Emile Janson
vers le site Casterman (rue des
Augustins). Le dépôt des archives était arrivé à saturation et il
ne pouvait d’ailleurs plus accueillir un flux important de documents. Le nouveau site devrait permettre l’accès à tous
ces documents et à d’autres,
d’autant que leur consultation
par le public en sera facilitée. La
Régie des bâtiments déboursera un loyer annuel de
225.270 euros pour la location
de plus de 2200 m² sur le site
Casterman qui doit encore être
aménagé. Un projet de requalification touristique est envisagé
pour le bâtiment de la place
Paul-Emile Janson, dans le cadre de la restauration de la cathédrale. (S.Dx)
Selon Philippe Van Cauwenberghe (PS), échevin
carolo des sports, l’aide de la Ville au Sporting est
inférieure au million d’euros. « Ou ce chiffre intègre
des investissements sur plusieurs années. » PH. BELGA.
Binche / Toutes les sociétés ont sorti leurs superbes coiffes
Le gille a triomphé de l’hiver
pour aller déjeuner à la salle
Mailleux. Au menu ? Quelle question ! Huîtres et saumon. « Nous
avons déjà ouvert 3.000 huîtres
depuis 4 heures », signale Marc
Mouvier, huîtrier français.
Le cortège de l’après-midi,
toutes plumes dehors
Le ventre plein, les gilles partent vers l’Hôtel de Ville, affichant alors leur visage de cire.
Derrière ce masque mythique,
les différences s’estompent. Le
gille triomphe, multiplicité unique, unicité multiple. La journée
défile. Les sociétés jubilent sous
un soleil quasi printanier. Bientôt, l’heure du cortège sonne.
Vers 15 heures, les premiers groupes s’élancent de l’avenue Charles Deliège devant une foule en
liesse, les mains tendues pour recevoir l’offrande du roi gille. Contrairement à l’an dernier, tous les
participants portent fièrement
leur superbe chapeau à plumes.
Le ciel, il est vrai, est particulièrement clément. Après le cortège
du soir, le feu d’artifice clôture
cette édition 2007. Il grave en lettres de lumière la devise, chère
aux Binchois : « Plus Oultre ».
Avant d’enclencher le compte à
rebours du carnaval prochain. ■
MONS
Un concours pour désigner
l’affiche du Doudou 2007
L’ASBL Saint-Georges de Mons,
en collaboration avec la Ville de
Mons, vient de lancer le concours d’affiches « Le Doudou illustré », ouvert à tous sans restriction de lieu de résidence.
Les participants devront proposer des visuels mettant en scène les symboles de la Ducasse.
L’appel à candidatures se clôturera le 15 mars et la sélection
des meilleurs projets aura lieu
dans la semaine du 19 mars. La
présentation au public de l’illustration primée est quant à elle
prévue le week-end du 21 avril.
Nous reviendrons sur cette initiative dans notre édition de demain. Infos et règlement :
065/40.59.78. (F.Ri.)
EN DEUX MOTS
Braine-le-Comte. Dans le cadre de l’élaboration du Plan
Communal de Mobilité, la Ville
a fixé les dates des ateliers de
travail thématiques. Ils débuteront à 19 heures, dans la salle
des mariages de l’hôtel de ville,
les 26 février (stationnement),
28 février (transports en commun) et 1er mars (autres transports). Infos : 0478-87.23.18.
Pour prendre contact avec notre
rédaction du Hainaut
Quai de Flandres, 2
6000 Charleroi
Tél. : 071-27.50.60
Fax : 071-27.50.67
[email protected]
Pour tout autre service (abonnements, annonces publicitaires, avis
de décès…), former le 02-225.55.55.
faitsdivers
UNE FOIS DE PLUS, LA TOUTE GRANDE FOULE avait rallié le centre de Binche pour voir passer le cortège de l’après-midi et sa pluie
d’oranges. L’occasion d’admirer les chapeaux en plumes d’autruche, de sortie cette année. PHOTO PIERRE-YVES THIENPONT.
milieu d’eux, Fernand Gravisse
parade fièrement. Il le mérite : à
78 ans bien sonnés, le Binchois
est le doyen du carnaval. Il figure
BINCHE a respecté la
tradition, du bourrage du gille
au feu d’artifice, en passant
par le plat d’huîtres du matin.
près un an d’attente, le
Mardi gras est enfin de retour. Si les premiers gilles
martèlent déjà les pavés de la cité, Grégory Dessart enfile seulement son costume.
Il est 5 heures et quart du matin et sa cagnotte des « Jeunes Indépendants » viendra le chercher dans une heure.
L’habillement est un moment
essentiel dans la journée du roi, à
commencer par le bourrage. « Si
c’est mal fait, le gille ne sera pas à
son aise durant toute la journée », précise Pascale, sa maman.
Binchoise d’origine, elle a suivi
les cours de bourrage donné par
Marc Watremez afin de pouvoir
donner formes à son gille de fils.
« Il y a de moins en moins de
bourreurs et il est donc primordial de suivre ces cours afin de
perpétuer la tradition ».
D’un geste précis, elle empoigne de la paille d’escourgeon
avant de la tordre. Avec cette
« torquette », elle dessinera la
carrure de son fils. Progressivement, Grégory Dessart devient
gille sous le regard attentif de
Charlotte, sa compagne. En tant
que femme de gille, elle lui atta-
A
d’ailleurs parmi les membres fondateurs de sa société. Les « Jeunes Indépendants », eux, redescendent déjà la rue de Robiano
SOPHIE POTIE
Au carnaval carolo, les déchets se déguisent…
chera symboliquement son grelot en caressant l’espoir de pouvoir le bourrer dans les prochaines années.
Alors que les minutes filent,
l’impatience de Grégory Dessart
monte d’un cran. Il est bientôt
6 h 30 lorsque les tambours résonnent sur l’avenue Wanderpepen.
Douze bonshommes arrivent
au pas cadencé, poussés par une
centaine de suiveurs. Leurs sabots cognent le sol, afin de chasser les mauvais esprits de l’hiver,
bien peu vigoureux cette année.
Sur le pas de la porte, les embrassades n’en finissent plus et les premiers verres de champagne s’entrechoquent à la santé d’un Mardi gras qui ne fait encore que commencer.
Déjà, les tambours rappellent à
l’ordre le petit groupe qui se remet en route. Direction la gare.
Autour du square Derbaix, les sociétés de gilles se rassemblent.
Les « Incorruptibles » sont là ;
les « Incas » arriveront bientôt.
Pendant ce temps, « Les Réguénaires » s’agglutinent sur le perron de la gare pour la photo souvenir de leur 60e anniversaire. Au
Cela faisait des années que le
carnaval de Charleroi n’avait
plus eu autant de succès. Comme pour une arrivée du tour de
France, une foule masquée, grimée, déguisée, s’était massée
le long des rues, attendant le
passage du cortège carnavalesque. Le climat printanier avait
même poussé certains cafetiers
à installer leur terrasse. Au fait,
le carnaval, c’est encore en février ?
Comme prévu, c’est au pied de
l’Université du Travail que s’est
formée cette longue chaîne de
fêtards. Entourés d’une cinquantaine d’enfants aux allures
de petits pharaons, les chars recyclés à l’effigie de Papyrus et
de Kid Paddle sortaient immanquablement du lot. Même si le
premier a failli démarrer avec
un sphinx décapité. Ah, le
stress de dernière minute…
« Voilà cinq ans que l’idée a été
lancée par l’ex-échevin Renard et
développée par le Centre coordonné de l’enfance, explique Carole Damsin (Centre coordonné
de l’enfance). L’objectif était de
promouvoir un carnaval pour et
par les Carolos. Artistes, enfants
et personnes en réinsertion sociale se sont donc mis au travail
pour créer ces chars et ces costumes, entièrement confectionnés
à partir de matériaux de récupération piochés à l’ICDI. »
Papier mâché, treillis, bouteilles
récoltés par l’intercommunale
de traitement des déchets : voilà donc le secret de fabrication
de ces postures géantes, autour desquelles les enfants ont
lancé mardi après-midi quelques farandoles colorées.
L’étrange « musicalopède »
de la Compagnie Circomédia
« Tout en travaillant sur le projet,
les petits ont été éduqués au recyclage, poursuit la responsable.
Ils ont appris qu’avec peu de chose, on pouvait en réaliser de belles. Les relations intergénérationnelles ont également été privilégiées. A deux reprises, les enfants
ont en effet rencontré les couturières qui confectionnaient leurs
costumes ».
Au son des djembés du groupe
Dumtak, les chars « Papyrus » et
« Kid Paddle » se sont donc faufilés dans la foule, ce dernier
prenant un aspect encore plus
effrayant au fur et à mesure que
les spaghettis colorés s’amassaient sur sa mâchoire grande
ouverte. Plus loin dans le cortège « groomaient » des dizaines
de petits Spirou. Et à quelques
pas de là, les majorettes rivalisaient d’adresse, lançant leur
bâton dans les airs, comme
pour mieux toucher l’azur.
Dans la foule, un clown perché
sur un vélo mystérieux attirait
immanquablement le regard.
« C’est un musicalopède », nous
raconte l’artiste issu de l’école
du cirque « Circomédia », installée à Châtelineau. Et le voilà qui
s’en va, soufflant dans son guidon, jouant de la canne-clairon
ou du violon à clous, sous les
yeux émerveillés des enfants.
On allait presque les oublier, et
pourtant, vu le beau temps, les
gilles avaient sorti leurs splendides chapeaux à plumes. ce mardi gras, le soleil, c’était lui, le roi
du carnaval.
FRÉDÉRIC DUBOIS
hainaut
Assises / Procès Varga et consorts
Charleroi / Le « happy slapping », nouveau phénomène de société
La mémoire trouble
Tabassages filmés entre mineurs
u procès d’assises d’Alexandre Varga et consorts, la
A
fille du principal accusé a évoqué mardi sa relation fusionnelle avec son père. La jeune femme
a également dénoncé les conditions dans lesquelles la police
était entrée dans leur appartement de Charleroi le 20 février
2003, et les auditions auxquelles elle avait été confrontée.
Plusieurs proches de Varga
ont déclaré ne plus se souvenir
des propos tenus durant les conversations sur écoute. L’avocat
général a fustigé leur « mémoire
à géométrie variable » et il a rappelé que, jeudi, on réentendra
les écoutes concernées.
L’ex-compagne de l’accusé a
pour sa part déclaré ne pas se
souvenir d’une conversation où
elle avait évoqué une information télévisée sur des perquisitions lors de laquelle Alexandre
Varga avait paniqué. (b) ■
’est un nouveau phénomène
de société qui semble touC
cher les adolescents. Le happy
slapping, qui consiste à filmer
l’agression d’une personne à l’aide d’un GSM ou d’un « smartphone », a fait son apparition à
Charleroi au cours de ces dernières semaines.
Le 5 février, un écolier a été
agressé par trois ou quatre mineurs en centre-ville, à la sortie
3HT
des classes. L’un des auteurs a filmé la scène à l’aide de son téléphone portable. Jeudi dernier,
deux d’entre eux, interceptés par
la police au sein de leur école,
sont passés aux aveux, tout comme leur « cameraman ». Présentés au juge de la jeunesse samedi,
ils n’ont pu intégrer le centre fermé d’Everberg, faute de place. Ils
ont été placés sur une liste d’attente, commune à la Communau-
té française. L’un d’eux a déjà écopé de travaux d’intérêt général.
Sur le GSM saisi, une autre vidéo, montrant un combat entre
deux bandes de jeunes, a été découverte. Cette enquête a par ailleurs permis d’élucider un vol
avec violence. Une partie des
happy slappers était en effet impliquée dans l’agression d’un couple de jeunes, commise en janvier. Les bijoux ainsi dérobés
avaient été écoulés dans l’heure
dans une bijouterie de Charleroi.
Ce phénomène est pris très au
sérieux par la police locale. Les
patrouilles sont accrues à l’heure
des sorties d’école, notamment
aux abords du parc Astrid. Le
parquet signale qu’il y a moins
d’un mois, deux jeunes femmes
avaient déjà rossé l’un de leur camarade de classe, tandis que leur
frère filmait. ■ FRÉDÉRIC DUBOIS