REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Processus électoral
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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Processus électoral
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO NEW CONGOLESE CIVIL SOCIETY - NATIONAL NETWORK OF 300 NGOS IN DRC RESEAU NATIONAL DE PLUS 300 ONGS SANS BUT LUCRATIF & APOLITIQUE MISSION D’OBSERVATION ELECTORALE A LONG TERME Processus électoral 2013-2016 Surveillance citoyenne Rapport pré-observation électorale La liberté d’expression et le processus électoral menacés par l’intolérance politique Kinshasa 12 Février 2015 --------------------------------------------------------------------------------------------------------Personnalité Juridique : Arrêté Ministériel n°196/CAB/MIN/J&DH/2011 du 26 avril 2011 Procreditbank Congo Sarl - Bénéficiaire : Nouvelle Société Civile Congolaise N° Compte en (USD) : 1301-05126494-12-02 Siège social Coordination Nationale : Avenue Enseignement n° 195 Kinshasa/Kasa-Vubu R.D.Congo Tél. 243.999999519 - +243 999914958 - Email : [email protected] - Sites web : www.nouvellesocietecivile.org Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- CARTE DE LA RDC REPRESENTANT LE NOUVEAU DECOUPAGE TERRITORIAL Capitale : Kinshasa Superficie : 2345.000 Km² Population : 67,7 Millions (UN, 2011) Réligions principales : Christiasnisme, Islam, Kimbaguiste etc. Espérance de vie : 48 ans pour le hommes et 51 ans pour les femmes Langues parlées : Français, Lingala, Tshiluba, Kikongo et Kiswahili 2 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- LISTE DES ACRONYMES ACAJ ACP AFP ANR BCNUDH CADICEC CEGO CENCO CENI CKTV CSAC CSJ ECES ECIDE EFEAC EISA FC IDH IFES KIN. LICOF MONUSCO MOE-UE MOELT-NSCC MP MPP MSR NDLR NSCC OIF OSC ONIP PDC PNC. PNUD RDC RFI RRSSJ RTCE RTNC SADC SCE SCODE SEN SEP UA UDPS UE UFC UNC USA VSV Association Congolaise pour la Justice Agence Congolaise de Presse Agence France Presse Agence Nationale des Renseignements Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme Centre Chrétien d’Action pour Dirigeants et Cadres d’Entreprises au Congo Centre pour la Gouvernance Conférence Episcopale Nationale du Congo Commission Electorale Nationale Indépendante Canal Kin Télévision Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et Communication Cours Suprême de la Justice Centre Européen d’Appui aux processus électoraux Engagement pour la Citoyenneté et le Développement Ecole de Formation Electorale en Afrique Centrale Electoral Institute for Sustainable Democracy in Africa Francs Congolais Indice Développement Humain Fondation International pour les Systèmes Electoraux Kinshasa Ligue Contre la Fraude, la Corruption Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC Mission d’observation électorale de l’Union Européenne Mission d’Observation Electorale à long terme de la Nouvelle Société Civile Congolaise Majorité Présidentielle Majorité Présidentielle Populaire Mouvement Social pour le Renouveau Note de la Rédaction Nouvelle Société Civile Congolaise Organisation Internationale de la Francophonie Organisation de la Société Civile Office National d’identification de la population Parti Démocrate Chrétien Police Nationale Congolaise Programme des Nations Unies pour le développement République Démocratique du Congo Radio France Internationale Réseau pour la Réforme du Secteur de Sécurité et de Justice Radio télévision catholique Elikia Radio Télévision Nationale Congolaise Communauté de Développement d’Afrique Australe Synergie Congolaise pour les Elections Solidarité Congolaise pour la Démocratie Secrétariat Exécutif National Secrétariat Exécutif provincial Union Africaine Union pour la Démocratie et le Progrès Social Union Européenne Union des Forces du Changement Union pour la Nation Congolaise United States of American Voix de Sans Voix pour les droits de l’Homme 3 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- RESUME La NSCC a accrédité auprès de la CENI près de 130 Observateurs à long terme dans le cadre de la surveillance citoyenne du processus électoral engagé en RDC afin d’en fournir une évaluation impartiale, objective et indépendante. Dirigée par Monsieur Jonas Tshiombela Kabiena, Coordonnateur national de la NSCC et Chef Principal, la MOELT-NSCC dispose de 130 observateurs à long terme, tous établis à Kinshasa supervisé. Les équipes de terrain ont été supervisées par Monsieur Robert Kabakela, Coordonnateur National adjoint et secondé par Mme Clarisse Mbambu, Donat Fidèle Kabiena, Paul Bahati, Pasteur Kalubi, Mme Ginette Nzosa, Mme Vanessa Mvumbi Muaka, Me Donald Sindani, Mr Freddy Nsapu et Me Christ Mfundu. Accrédités depuis le 16 juin 2014, les observateurs de la MOELT-NSCC ont pris pour période d’évaluation et monitoring Septembre 2013 jusqu’au 25 janvier 2015, jour de l’adoption de la loi électorale par les deux chambres de parlement. La MOELT-NSCC reste impartiale, libre et indépendante dans ses analyses, recommandation et conclusions. Le présent rapport d’évaluation du processus électorale comporte 11 axes essentiels à savoir : 1. Introduction Au-delà des inquiétudes soulevées par la feuille de route et le calendrier électoral partiel, l’administration électorale fait face à plusieurs contraintes et défis à relever tant au niveau technique que politique en vue de reconstruire la confiance perdue suite aux dernières élections chaotiques de 2011. Ces contraintes sont de plusieurs ordres, on peut en citer quelques uns, notamment: l’insuffisance de moyens financiers, une loi électorale controversée et non promulguée, la méfiance d’une partie de la population et de la classe politique dans l’administration électorale, le retard pris dans l’exécution de certaines opérations électorales pourtant prévues dans le calendrier partiel, le rejet dudit calendrier par la communauté nationale et internationale en conditionnant l’appui technique et financier au processus électoral par la publication du calendrier global et son budget détaillé, etc. 2. Contexte politique agité - Absence d’un consensus électoral - Une opposition dépourvue de stratégie concertée et commune - Intolérance politique et menace de la liberté d’opinion - Climat d’insécurité à l’Est du pays 3. Analyse de l’environnement juridique Sans un cadre juridique adapté au standard international et une administration électorale impartiale, il n’est pas facile d’évaluer l’organisation des élections reflétant le respect de la volonté des citoyens. Les observateurs de la NSCC notent qu’à ce jour aucune initiative n’est envisagée pour la mise sur pied de la Cour de Cassation ainsi que le Conseil d'état. La RDC n’a pas encore ratifié la charte africaine de la démocratie, les Elections et la gouvernance. Absence de la volonté politique dans la mise en place de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, institution capitale pouvant suivre le monitoring des violations des droits de l’homme liées au processus électoral. 4 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- 4. Reforme controversée du cadre légal des élections Les observateurs de la NSCC craignent que ces manœuvres délibérées et entretenues par le bureau de l’Assemblée Nationale dans l’analyse, l’examen et l’adoption ainsi que la promulgation de la loi électorale puisse porter un coup fatal au calendrier électoral global attendu de la CENI pouvant de facto entraîner le glissement jusqu’au delà de 2016. Lentement, mais surement, l’année 2014 a tiré sa révérence sans que la RDC ne soit dotée d’une loi électorale susceptible de baliser la voie pour la tenue de l’élection libre, démocratique, crédible et transparente. Ce déficit constitue d’ailleurs, un motif d’inquiétude pour la communauté internationale lorsqu’on sait que l’année 2015 est supposée essentiellement électorale. Sous pression de la rue du 19, 20 et 21 janvier 2016, après avoir constaté plusieurs cas de morts et dégâts matériels importants, l’Assemblée Nationale qui était intransigeante va se plier à la volonté populaire de la rue, en adoptant ledit projet de loi controversé aux conséquences sociales explosives après harmonisation des points de divergences par la commission paritaire Assemblée Nationale-SENAT, en élaguant le dernier alinéa de l’article 8 qui liait l’organisation des prochaines élections législatives et présidentielle 2016 au recensement et à l’identification de la population. Dans le domaine de la justice électorale, les conditions de travail des magistrats sont très difficiles, sans infrastructures appropriées, l’installation des tribunaux de paix et administratifs pouvant connaître les contentieux électoraux traîne faute de moyens financiers et manque de la volonté politique de la part du Gouvernement ; la corruption, la pesanteur politique sur la justice et le trafic d’influence règnent en maitre. Il sera très difficile dans un tel environnement que l’on puisse faire confiance en l’appareil judiciaire qui fonctionne dans ces conditions. La dernière grève des magistrats déclenchée au début du mois novembre 2014 est une illustration éloquente 5. Administration électorale Au sujet de la composition de la CENI, la loi organique n°13/012 du 19 Avril 2013 modifiant et complétant la loi organique N°10/013 du 28 Juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI fait du Président de la CENI juge et partie du fait, il est à la fois président du Bureau (organe exécutif) et Président de la plénière (organe de contrôle et d’orientation). Les observateurs de la NSCC constatent que le législateur congolais a délibérément introduit cette disposition incompatible à la pratique de la bonne gouvernance. Cette disposition place le Président de la CENI dans une position inconfortable, d’exécutant et de contrôleur au cœur du conflit d’intérêt. La composition politique actuelle de la CENI obtenue dans un relatif consensus à sa création, n’a cessé d’alimenter la polémique autour de sa neutralité et son indépendance. ¨Par ailleurs, les observateurs sont d’avis qu’à ce stade que les poursuites judiciaires devraient être engagées à l’endroit des agents de la CENI trempés dans les pratiques de corruption et de sabotage des biens de la CENI. Si tel n’est pas le cas, le risque de sanctionner les innocents demeure, le règlement de compte et l’arbitraire n’est pas à exclure. 5 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- 6. Analyse technique de la feuille de route L’analyse de la feuille de route indique que, si les opérations de fiabilisation du fichier électoral et la stabilisation de la cartographie prévues depuis novembre 2013 ŔJuillet 2014 ont été tenues et se poursuivent à ce jour d’une part, les analystes constatent qu’elles se déroulent en l’absence d’observateurs indépendants et de témoins des partis politiques. La première hypothèse proposée par la CENI, viole les dispositions constitutionnelles de l’article 197 alinéas 4. En effet, la CENI a proposé une hypothèse qui ne relève pas de son mandant, et qui vise la révision de la Constitution. Avec cette hypothèse, elle risque de violer l’article 220 alinéa 2 en tentant de réduire les droits acquis de la population de voter directement leurs députés provinciaux en ramenant le corps électoral aux conseillers communaux, conseillers de chefferies et conseillers de secteurs. Les observateurs de la NSCC suggèrent que cette première hypothèse soit rejetée, car elle est anticonstitutionnelle et porte les germes de violation du contenu des dispositions intangibles de la Constitution. Quant à la deuxième hypothèse, elle semble s’inscrire dans la ligne droite du respect de la Constitution. Les observateurs de la NSCC proposent, pour des raisons de consolider les acquis de la démocratie, améliorer l’intégrité du processus et la participation de la population, l’option d’élargir le corps électoral pour l’élection des sénateurs, celle des Gouverneurs et Vice-gouverneurs devra faire l’objet d’un examen minutieux et d’une attention particulière de la part du législateur congolais. 7. Evaluation du calendrier électoral des élections urbaines, municipales et locales Comme l’ont constaté les observateurs de la NSCC, plusieurs tâches prévues par la CENI n’ont pu se réaliser, faute de moyens financiers conséquents et à l’absence d’un consensus électoral. Les principaux bailleurs de fonds, comme l’UE ont continué à conditionner leur appui financier au processus électoral en RDC et à la CENI par la publication d’un calendrier global et d’un budget détaillé. La CENI se retrouve ainsi paralysée dans son action à cause de plusieurs paramètres externes tels que le retard pris dans l’examen et l’adoption par le législateur du projet de loi électorale controversée et sa promulgation par le Président de la République d’une part et l’absence d’un consensus autour du processus électoral lui-même ( besoin de dialogue politique) et le conditionnement de l’appui financier par les bailleurs de fonds d’autres part. Les observateurs de la NSCC redoutent un glissement au-delà du délai constitutionnel si le retard continue de s’accumuler sur les tâches essentielles du processus. Les derniers événements survenus à Kinshasa, les 19, 20, 21 janvier 2015 ont démontré que la population congolaise est hostile au principe de lier l’organisation de prochaines élections au recensement et l’identification de la population. La mise à jour de l’actuel fichier électoral par la CENI s’impose en vue de prendre en considération les préoccupations de nouveaux majeurs estimés autour de 4 millions, des déplacés ainsi que de la diaspora en vue qu’ils jouissent aussi de leurs droits civiques. Les observateurs de la NSCC font remarquer que si les préoccupations de ces catégories de la population ne sont pas prises en compte, le risque de possibles tensions lors de prochaines échéances électorales n’est pas exclu, et il doit être pris au sérieux dès maintenant et évaluer sa prise en charge par la CENI. 6 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- 8. Genre et participation des femmes Ce principe d’équité sera anéanti et vidé de toute sa substance par l’alinéa 4 de ladite loi susvisée sacrifiant ainsi le principe d’égalité de chance. Toutefois, « la non-réalisation de la parité homme-femme ou la non présence d’une personne avec handicap ne constitue pas un motif d’irrecevabilité de la liste concernée indique le dit alinéa ». Par cette disposition, les observateurs de la NSCC constatent que le législateur congolais a failli à sa mission de protection et de promotion des droits de la femme telle que stipulée dans l’alinéa 1 de l’article 14 de la Constitution de la République. « Les Pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits ». Par ailleurs, le projet de loi portant mise en œuvre de la parité homme-femme adopté par les deux chambres et renvoyé par l’ex-Cour Suprême pour inconstitutionnalité, traîne dans les tiroirs des Députés nationaux en dépit du plaidoyer mené par le CAFCO. 9. Droits de l’homme et élections Les événements des 11,12, 19,20, 21 janvier 2015 survenus à Kinshasa en sont une nette illustration du type de violence liée au processus électoral que risque de vivre la RDC. « Ces événements ont occasionné plusieurs cas de morts des innocents, des blessés, des arrestations arbitraires et enlèvements dans le rang des manifestants ». Le Bilan des morts varie selon la source, 42 morts selon la Fédération Internationale des Droits de l’Homme(FIDH), et 27 morts selon le dernier bilan du gouvernement de la RDC, sans préciser l’identité des gens à la base de ces morts presque banalisées. « En fin, Human Rights Watch a confirmé que 36 personnes, dont un agent de police, ont été tuées lors des manifestations à Kinshasa, la capitale. Au moins 21 de ces victimes ont été tuées par balles par les forces de sécurité congolaises». Les dégâts matériels sont énormes : pillage des magasins des particuliers (commerçants chinois), des maisons des particuliers et églises pillées, des bureaux du Professeur Evariste Boshab et Jean Louis Esambo à l’Université de Kinshasa saccagés, des bâtiments de l’administration publique incendiés, des postes de police saccagés et armes emportées ». Les observateurs de la NSCC suggèrent qu’une enquête soit diligentée pour établir des responsabilités et les coupables des actes de pillage comme des tueries soient déférés à la justice. 10. Medias Les observateurs de la Nouvelle société civile congolaise déplorent la partialité et l’inaction du CSAC ainsi que l’empiétement sur les attributions du CSAC par le Ministère des Médias et Communication. Cette situation ternit l’image et l’indépendance de ces deux institutions appelées à réglementer le secteur médiatique congolais, et compromet leur efficacité à rendre l’espace médiatique démocratique à l’aube des échéances électorales. Les observateurs pensent que le Parlement ferait mieux d’initier une loi pouvant définir clairement les attributions de ces deux institutions. Par ailleurs, les observateurs constatent que les attitudes partisanes et politiques de ces deux institutions ne sont pas de nature à assurer l’indépendance du secteur médiatique, l’harcèlement contre des médias proches des opposants en est une preuve de l’intolérance de l’opinion contraire dans un espace qui se veut démocratique. 7 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- 11. Recommandations 1. De renvoyer la loi modifiant et complétant la loi n° 06/006 du 9 mars portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25 juin 2011 adopte le 25 janvier 2015 pour relecture par le parlement pour renforcer les sanctions ; 2. D’initier le dialogue politique sous l’égide de la MONUSCO entre les parties prenantes (classe politique toutes tendances confondues et société civile) préconisé par la résolution 2098 du conseil de sécurité ; 3. D’adapter une législation répartissant clairement les attributions entre le ministère de la communication et médias et le CSAC ; 4. De publier de calendrier global et le budget détaillé, claire et transparent de toutes les élections tenant compte du délai constitutionnel ; 5. De relancer les opérations des mises à jour du fichier électoral en prenant en considération les nouveaux majeurs et la Diaspora ; 6. D’appuyer techniquement et financièrement les organisations de la société civile dans l’éducation civique électorale de la population et l’observation électorale domestique ; 7. D’accélérer la mise sur pied de la commission d’éducation civique et électorale de la population non partisane et inclusive ; 8. De rester vigilant et mobiliser en s’appropriant la défense des acquis de la démocratie. 8 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- INTRODUCTION Le présent rapport pré-observation électorale est un aperçu partiel de l’analyse des informations sur le processus électoral, des données de terrain, des différents documents et rapports d’évaluation dudit processus. La publication de la feuille de route le 30 janvier 2014 et celle du calendrier partiel des élections urbaines, municipales et locales, le 26 mai 2014 par les nouvelles autorités de l’administration électorale, deux ans après les élections du 28 au 30 novembre 2011, sont là des indicateurs qui montrent que la relance du processus électoral en RDC devenait inévitable. Mais ces indicateurs ont suscité plusieurs questionnements, réactions1 et débats presque passionnés dans l’opinion publique comme dans les états major des parties politiques de l’opposition comme celle de la majorité présidentielle. Au-delà des inquiétudes soulevées par la feuille de route et le calendrier électoral partiel, l’administration électorale fait face à plusieurs contraintes et défis à relever tant au niveau technique que politique en vue de reconstruire la confiance perdue suite aux dernières élections chaotiques de 2011. Ces contraintes sont de plusieurs ordres, on peut en citer quelques uns, notamment: l’insuffisance de moyens financiers, une loi électorale controversée et non promulguée, la méfiance d’une partie de la population et de la classe politique dans l’administration électorale, le retard pris dans l’exécution de certaines opérations électorales pourtant prévues dans le calendrier partiel, le rejet dudit calendrier par la communauté locale et internationale en conditionnant l’appui technique et financier au processus électoral par la publication du calendrier global et son budget détaillé, etc. Par ailleurs, la feuille de route publiée par la CENI avance des hypothèses controversées qui ont, à leur tour, suscité des débats très animés et vives tensions dans le microcosme politique congolais sur l’opportunité de la révision ou non de la constitution. Cette situation est venue anéantir les efforts visant à crédibiliser le reste du cycle électoral entamé depuis 2011 2. L’une des critiques formulée contre la feuille de route de la CENI par les organisations de la Société civile et certains partis politiques, toutes tendances confondues, est l’option visant la révision de la Constitution en vue de l’élection au second degré des députés provinciaux. Une telle modification viendrait s’ajouter à celle intervenue en janvier 2011 qui visait l’article 71 relatif aux modalités de l’élection du Président de la République et imposait l’abandon de la règle de la majorité en faveur d’une élection à un seul tour à la majorité relative. La révision de janvier 2011 avait également conféré au Président de la République les pouvoirs de relever ou de révoquer le Gouverneur de province ou encore de dissoudre l’Assemblée provinciale en cas de crise persistante3 ; portant ainsi un coup au processus de la décentralisation affirmait par le constituant du 2006. 1 Communique du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo(CENCO) réunis du 24 aux 27 février 2014 sur le cycle 2013-2016 rendus publics le 28 Février 2014 2 Rapport Préliminaire des OSC sur la Mise en Œuvre de l’Accord cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 (2013), publié le 24 février 2014 à Kinshasa à consulter sur le site du RRSSJ : www.rrssj-rdc.org. 3 Loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision des certains articles de la Constitutions de la RDC du 18 février 2006, in Journal Officiel de la RDC, 52ème année, Numéro spécial du 5 février 2011. 9 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Bien plus, la feuille de route présentée par la CENI et ainsi que le calendrier partiel qui l’accompagne risquent d’aboutir au maintien du Sénat, des Assemblées Provinciales et des Gouvernements Provinciaux issus des élections de 2007 dans un état d’illégitimité en leur accordant près de trois mandats alors que l’Assemblée Nationale sera à son troisième renouvellement. Un tel contexte nécessite une évaluation concertée et fouillée entre les parties prenantes en vue de dégager le consensus, sans quoi les frustrations cumulées de la population risquent encore d’indigner la rue congolaise, devenue une nouvelle donne avec qui, il faut compter en RDC depuis les événements du 19, 20 et 21 janvier 2015. Gouverner, c’est prévoir, dit-on. 10 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- CONTEXTE POLITIQUE II. 1. Absence d’un consensus électoral Après le cycle électoral chaotique de 2011, les différents rapports des observateurs électoraux tant domestiques qu’internationaux ont eu à relever moult irrégularités et manque de professionnalisme dans le chef de l’administration électorale de l’époque dirigée par Pasteur Ngoy Mulunda. Comme d’aucun le pense, les élections de 2015-2016 devraient être celles du rétablissement de la confiance dans l’administration électorale ; mais hélas, les observateurs de la NSCC notent, cependant que l’environnement politique, sécuritaire, juridique et institutionnel d’organisations desdites élections annoncées suscitent encore des inquiétudes au sujet de l’absence de consensus électoral. Le déchirement entre l’opposition et la majorité présidentielle sur la question de la révision ou non de la Constitution et les vives tensions suscitées par le très controversé projet de la loi électorale sont une illustration parfaite de l’absence de vision commune autour du processus électoral. Ces notes discordantes sont observées même dans le rang et au sein de la majorité présidentielle (MP). C’est le cas des partis politiques membres de la MP à savoir le MSR du Président Pierre Lumbi4 et le passage de SCODE du Bâtonnier Jean Claude Muyambo5 dans l’opposition. Comme en 2011, cette nouvelle tentative de modification de la Constitution à l’aube des échéances électorales, le fait de lier l’organisation de prochaines élections présidentielle et législatives au recensement et l’identification de la population par l’ONIP, en dépit d’un véritable consensus politique, a fini par déclencher une nouvelle donne en RDC. Le souverain primaire congolais (la rue), considéré naïvement comme inactif par la classe politique, vivant dans une extrême pauvreté dans un pays riche, personne n’avait prévu que cette population, pouvait réagir avec une telle détermination et colère jusqu’à s’imposer en poussant l’Assemblée nationale à revenir à la raison en retirant dans la loi électorale les dispositions conflictuelles. Si la classe politique congolaise n’arrive pas à tirer la leçon des événements des 19,20 et 21 janvier dernier et dégager le consensus, facteur indispensable pour la participation de tous aux prochains scrutins, alors « Madame la rue », désormais l’arbitre central en RDC, risque de revenir à la charge et disqualifier les uns comme les autres. 4 L'idée de réviser la constitution n'a jamais été débattue dans ... radiookapi.net/.../révision-constitutionnelle-le-msr-exige-débat-franc-res... 13 août 2014 5 RDC: Jean-Claude Muyambo quitte la Majorité présidentielle radiookapi.net/.../rdc-jean-claude-muyamboquitte-la-majorité-présidentiel... 16 nov. 2014. 11 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- II. 2. Une Opposition dépourvue de stratégie commune, pourtant capable de surprendre Divisée en institutionnelle et non institutionnelle, l’opposition congolaise peine à désigner son porte parole6, conformément à la loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l'Opposition politique. Minée par la division7, les guerres des leaderships, des dénigrements, et des querelles internes, cette opposition est dépourvue d’une stratégie de lutte concertée et claire face à leurs collègues de la majorité présidentielle. Aucun programme alternatif commun à proposer à la population congolaise. Tous sont d’accord pour l’alternance, mais comment y parvenir ? Autant de questions que se posent les observateurs de la scène politique congolaise. Beaucoup d’observateurs estiment que cette désunion de l’opposition congolaise expliquerait en partie leurs résultats aux derniers scrutins présidentiels de 2011 publiés par la CENI (Dr. Etienne Tshisekedi de l’UDPS (32,3 %), Vital Kamerhe de l’UNC (7,7 %) et Léon Kengo de l’UFC (4,9 %). Si cette situation persiste d’ici les prochaines échéances électorales, soit en 2016, il sera peu probable de parler de l’alternance en RDC au regard de dernières démonstrations des forces de l’opposition ; car, la méfiance et la division sont perceptibles8 jusqu’à s’étaler sur la place publique entre les acteurs-clé de l’opposition tels l’honorable Martin Fayulu de l’ECIDE, Vital Kamerhe de l’UNC, et Dr. Etienne Tshisekedi de l’UDPS, etc. En dépit de différences d’approche et de tactique, somme toutes tout a fait normales, les différentes composantes de l’opposition ont fait montre d’une unité dans les objectifs stratégiques depuis quelques années. Sur les grandes options, l’opposition a su maintenir cette unité : sur la nécessité de restructurer la CENI en 2012, sur la nécessité d’un vrai dialogue national en 2013, sur leur opposition aux Concertations nationales telles que proposées par le gouvernement, sur le rejet de la feuille de route, sur le rejet du recensement comme condition des élections, etc. II. 3. Intolérance politique et menace de la liberté d’opinion Les observateurs de la NSCC expriment leurs "vives inquiétudes" suite aux menaces d’atteinte à la liberté d’expression et d’opinion qui persistent en RDC. En lieu et place d’un débat citoyen, un climat d’intolérance politique semble prendre le dessus à travers le pays. Dans la cité de Lodja, Province du Kasaï Oriental, des actes d'agression ont été commis, en toute impunité par des jeunes visiblement instrumentalisés par une certaine opinion politique à l’endroit des ecclésiastiques catholiques en date du 12 Octobre 2014, à cause de la prise de position des Evêques membres de la CENCO contre la révision de l'article 220 de la Constitution. Position prise lors de leur visite ad limina à Rome du 11 au 15 septembre 2014. 6 RDC : l'opposition peine à choisir son porte-parole | Radio ... radiookapi.net/actualité/.../rdc-lopposition-peinechoisir-son-porte-parole... 19 juil. 2012 - L'opposition congolaise n'a toujours pas trouvé de porte-parole 7 RDC : l'opposition divisée à l'ouverture de sa convention ... radiookapi.net/.../rdc-lopposition-divisee-louverture-de-saconvention/ 1 avr. 2014 - L'opposition politique congolaise n'a pas parlé le même langage lundi 31 8 Manifestation en RDC : les autorités interdisent, l'opposition ... afrikarabia2.blogs.courrierinternational.com/.../manifestation-en-rdc-les-... 14 sept. 2014 - Manifestation en RDC : les autorités interdisent, l'opposition se divise. 12 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- En s’adressant aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté dans une lettre lue dans toutes les paroisses, les Evêques donnaient leur position au sujet de la révision constitutionnelle et annonçaient le retrait de l’Eglise catholique du CIME. Les observateurs constatent que cette lettre a donné lieu à des interprétations diverses et suscité un vif débat dans l’opinion nationale. A en croire au communiqué9 du 14 Octobre 2014 de la CENCO qui dénonçait les actes d'intolérance suite à la prise de position des Evêques, Monsieur l’Abbé Leonard Santedi, Secrétaire Général de la CENCO, a tenu à apporter les éclaircissements suivants: « La CENCO précise qu’en donnant leur position au sujet de la révision ou non des articles verrouillés de la Constitution, les Evêques catholiques, en tant que pasteurs et citoyens congolais, ne se mêlent pas de la politique, mais ils exercent leur droit et leur mission prophétique de veilleurs et d’éveilleurs des consciences (cf. Gaudium et Spes, n. 76, 5). » Le Jeudi 11 septembre 2014, un Député national Jean-Bertrand Ewanga Is’Ewanga, Secrétaire Général de l’UNC10, arrêté le 5 Août 2014 au lendemain d’un rassemblement de l’opposition tenu à la Place Sainte Thérèse de N’djili dans la partie Est de Kinshasa, a écopé le 12 mois de prison ferme, peine prononcée par la CSJ pour «offense et outrage au chef de l’Etat» à l’issue d’un procès tenu en «procédure de flagrance». La condamnation du Secrétaire Général de l’UNC intervient après celle d’un autre opposant politique et député national Eugène Diomi Ndongala, et l’arrestation et détention arbitraire de Monsieur Bruno Kabangu, président Fédéral de l’UDPS/Kasaï Oriental. A côté de ces trois premiers, les actes d’intolérance politique se sont multipliés dans la famille politique des opposants lors de derniers événements du 19 Janvier à Kinshasa. Et au Nord Kivu on relève les cas de l’arrestation l’ex-député M. Ernest Kiaviro à Goma. A Kinshasa l’enlèvement à sa résidence de Ngaliema le 20 janvier 2015 vers 4 heures du matin du Bâtonnier Jean Claude Muyambo Président du parti SCODE, et l’enlèvement le 21 janvier 2015 aux environs de 21 heures par des agents habillés en tenue militaire et civile de Monsieur Christopher Ngoy Mutamba, Président de l’ONG « Synergie Congo, culture et développement », membre de la plate-forme politique « Sauvons le Congo », détenu depuis lors au secret, l’interpellation musclée par mandat d’amener, le 30 janvier 2015 de Mme Pascaline Kudura, porte-parole de la plate-forme Majorité Présidentielle Populaire (MPP), a fait l’objet d’une interpellation sur ordre de la Procureur Général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe pour un dossier civil se reportant à un litige foncier, etc. De fait, le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation devient de plus en plus tendue en République Démocratique du Congo (RDC). SMS coupés, internet suspendu, arrestations et détentions plus ou moins arbitraires, etc., tout est fait Ŕ ou presque Ŕ pour réduire les voix discordantes au silence. 9 RDC: La CENCO condamne les actes d'agression sur des ... caritasdev.cd/.../index.php?...d’agression...Lodja... 16 oct. 2014 - Les Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo ... et annonçaient le retrait de l'Eglise catholique du Comité d'Intégrité de ... Tel ce qui s'est passé le dimanche 12 octobre dans la Cité de Lodja. 4. 10 RDC : le député Jean-Bertrand Ewanga condamné à 12 ... radiookapi.net/.../rdc-le-depute-jean-bertrand-ewanga-condamne-12-moi... 12 sept. 2014 - Le secrétaire général de l'Union pour la nation congolaise (UNC), ... La Cour Suprême de justice a condamné jeudi 11 septembre le député de ... 13 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Les observateurs de la Nouvelle Société Civile Congolaise estiment qu’un tel environnement ne peut contribuer à l’apaisement du climat politique11 à l’approche des échéances électorales voulues démocratiques, libres, transparentes et apaisées. Le moment n’est-il pas indiqué pour que les filles et fils du Congo se mettent autour d’une table pour parler de la paix et consensus électoral ? II. 4. Climat d’insécurité à l’Est du pays Les tueries des populations civiles sans moyens de défense, dans la cruauté et la barbarie, perpétrées depuis début octobre 2014 jusqu’à ce jour sont la preuve de l’extrême détérioration continuelle de la situation sécuritaire12 et persistante à cause de la prolifération des groupes armés dans la partie Orientale de la RDC. Par conséquent il convient de se demander : Comment organiser les élections dans un tel environnement d’insécurité ? METHODOLOGIE Cette pré-observation électorale organisée par la NSCC a consisté à collecter et évaluer les informations du processus électoral en cours sur le terrain. Pour y parvenir, la Nouvelle Société Civile Congolaise a déployé ses observateurs à long terme sous supervision d’un bureau de coordination installé au siège de la NSCC en vue de suivre la surveillance citoyenne des certaines opérations électorales, telles que les élections partielles de Bafale, l’affichage de liste provisoire électorale, l’accréditation des observateurs à long terme, l’accréditation des journalistes, etc. Ces observateurs, une fois sur terrain rapportent toutes les informations sur le processus concernant les différentes thématiques électorales. C’est dans ce contexte que plusieurs missions de collecte d’informations ont été organisées auprès de partis politiques, institutions internationales, à la CENI (le 20 novembre 2014), au ministère de l’intérieur et sécurité (24 novembre 2014), à l’Assemblée Nationale et au Sénat (lors de la session spéciale du 27 Décembre 2014 au 25 janvier 2015), à la Primature(le 3 décembre 2014), et à la MONUSCO (le 11 décembre 2014), etc. Au delà des données de terrain, le bureau de la coordination a eu à analyser plusieurs documents et différents rapports d’évaluation du processus électoral en RDC. La consultation des experts des structures des organisations de la société civile spécialisées en matière électorale a été d’un grand apport dans ce rapport. 11 Communique de presse de la VSV du 18 septembre 2014 exprimant ses vives inquiétudes consécutivement aux menaces qui pèsent sur certaines valeurs de la démocratie dont entre autres la liberté d’expression et d’opinion 12 Communique N°004/CEGO/D/14 et N°005/CEGO/D/14 (le Carnage de Beni confirme l’extrême fragilité des forces de sécurité Congolaises et Les continuelles tueries cruelles de Beni trahissent les limites… 14 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- I. REFORME CONTROVERSEE DU CADRE LEGAL DES ELECTIONS Lundi, 9 Juin 2014 au cours d’une réunion du Conseil extraordinaire des Ministres, le gouvernement de la RDC a adopté 4 projets de loi13 , à savoir : a. Projet de loi portant élections urbaines, municipales et locales ; b. Projet de loi portant élections provinciales et sénatoriales, des gouverneurs et vicegouverneurs ; c. Projet de loi portant élections présidentielle et législatives ; d. Projet de loi portant révision de certains articles de la Constitution telle que modifiée par la loi n°11/002 du 20 Janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la RDC ; Si les trois premiers projets des lois adoptés en Conseil extraordinaire des ministres du gouvernement du 09 Juin 2014 et transmis à l’Assemblée Nationale le 11 Juin 2012 n’ont pas eu jusqu’ici à susciter le débat, mais le dernier projet de loi portant révision de certains articles de la constitution a déclenché de vives contestations14 et les réactions de toutes les couches et forces vives de la nation comme une levée de bouclier, elles se font davantage entendre dans tous les état-major de la classe politique, toutes tendances confondues. En leur temps, les Evêques catholiques, réunis au sein de la CENCO, avaient adressés un mémorandum au Chef de l’Etat, Joseph Kabila en février 2014 sur l’intangibilité de l’article 220 de la Constitution du 18 février 2006 et sur l’inopportunité de la révision de la constitution avant les élections de 201615. A ce sujet l’opposition radicale, républicaine16 et modérée, certains membres de la communauté internationale, voire même certains cadres politiques de la majorité présidentielle au pouvoir 17, tous semblent unanimes sur l’inopportunité de la révision constitutionnelle telle que proposée par le Gouvernement sur base de l’une des hypothèses avancées par la CENI dans sa feuille de route du 30 Janvier 201418. Les observateurs estiment qu’une prise de position publique sur cette question par le chef d’Etat permettra de fixer l’opinion publique et éviterait toutes spéculations inutiles et sans fondement. La tension politique née de velléité révisionniste de la Constitution par quelques membres de la majorité présidentielle, associée à cela, la détérioration brusque de la situation sécuritaire globale (Beni, à Lodja et au Nord-Katanga, etc.) et les derniers événements du 19 13 RDC: le Gouvernement propose la révision de la constitution radiookapi.net/.../rdc-le-gouvernement-propose-la-révision-de-la-constit...10 juin 2014 - Le conseil des ministres a adopté, lundi 9 juin, quatre nouveaux projets de loi, dont celui relatif à la révision de certains articles de la ... 14 RDC : une campagne pour contraindre Kabila à ne pas se ... www.lavoixdelamerique.com/content/rdcune.../2528503.html20 nov. 2014 - s'oppose entre autres à deux projets de révision Constitutionnelle qui ... gouvernement congolais de retirer les projets de loi sur la révision des 15 A. Akoka Makay, « Ne Touche pas à mon 220 », Kinshasa 2014, P.9 16 RDC : Kengo wa Dondo met en garde contre une modification www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140915165917/ 15 sept. 2014 - "Il ne faut pas tirer prétexte de la révision constitutionnelle pour aboutir à un ... faisant référence à un projet de loi de révision constitutionnelle annoncé par ... 17 RDC : Bernadette Tokwaulu interpellée pour son opposition ... radiookapi.net/.../rdc-Bernadette-Tokwaulu-de-lamajorité-interpellée-pou... RDC : Bernadette Tokwaulu interpellée pour son opposition à la révision constitutionnelle. septembre 25, 2014, | Dernière mise à jour le 25 septembre, 2014 RDC | Jean-Claude Muyambo : "Pourquoi nous disons non ... www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140902171906/ 3 sept. 2014 - C'est la cacophonie au sein de la majorité au pouvoir en RDC. L'éventuelle révision constitutionnelle pour permettre au président Joseph.. 18 RDC : l'Abbé Malu Malu présente sa feuille de route électorale radiookapi.net/.../2014/.../30/rdc-labbe-Malu-malu-présente-sa-feuille-de... janvier 30, 2014, 15 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- janvier à Kinshasa, ont le risque de faire basculer le pays dans un chaos politique et dans une instabilité institutionnelle à nouveau sur la RDC. La crise étant très profonde, cette situation est susceptible de retarder le processus électoral attendu par tous. I.1. Une loi électorale controversée aux conséquences sociales explosives Si la loi électorale de 2006 était globalement conforme aux standards internationaux, mais en Août 2011, elle a été modifiée. Ces modifications de 2011 avaient apporté une certaine sécurité juridique en octroyant le droit aux témoins des partis politiques et des candidats à réclamer une copie du procès-verbal des résultats de vote19. Cette loi est actuellement sujette au débat au contradictoire, aux allures sociales explosives entre la majorité présidentielle et les membres de l’opposition. Plus de six mois après le dépôt de quatre projets de lois au niveau de l’Assemblée Nationale par le Gouvernement de la République (Matata I) depuis le 11 Juin 2014, la délibération et l’adoption de ces derniers par les parlementaires n’avait jamais été le souci de la session ordinaire de septembre de deux chambres, session voulue budgétaire. A côté de ces projets de lois du Gouvernement, signalons « un autre projet de loi relative au renforcement de la transparence du processus électoral, modifiant et complétant la loi 06/006 du 9 mars 2006 telle que modifiée par la loi 11/003 du 25 Juin 2011»20, celui de l’honorable Delly Sessanga. Il a été introduit le 2 juillet 2012, date de dépôt du texte à l’Assemblée nationale qui en a délivré l’accusé de réception sous la signature de son premier Vice-président en date du 11 juillet 2012. Ce projet de loi, pour lequel d’ouvrir le débat, au cours d’un point de presse tenu le dimanche 7 Décembre 2014 à Afromozia Hôtel à Kinshasa par l’honorable Delly Sessanga, l’initiateur dudit projet de loi a tenu à fixer et apaiser les esprits de certains de ses collègues qui lui prêtaient des intentions. En ce qui le concerne, tenant compte des facteurs politiques, l’honorable Delly Sessanga a déclaré qu’il comptait « s’approcher du Bureau l’Assemblée Nationale pour la suspension de l’examen de cette proposition de loi, en attendant la prise des dispositions nécessaires à l’organisation d’un débat politique sur les enjeux du cycle électoral en vue d’un consensus autour de la continuité de celui-ci »21. Cinq jours plus tard, dans un autre point de presse tenu le 12 Décembre 2014 par le même député national, il a accusé le Bureau de l’Assemblée Nationale d’avoir tripatouillé son texte en dénonçant la procédure22 qui a conduit à la fusion de sa proposition de loi avec un autre projet de loi déposé par le Gouvernement. «Je trouve scandaleux que les règles de procédures soient bafouées. Aussi, aucune disposition du règlement intérieur ne permet au Bureau de modifier en amont une proposition dès lors que celle-ci est transmise au Gouvernement»23. Pour lui, «il n’est pas question que la loi distribuée soit examinée, car elle comporte plusieurs germes de conflits.». Alors que, selon lui, sa proposition de loi présentée en 2012 visait à « renforcer le mécanisme de transparence » du processus électoral. En outre, Delly Sessanga redoute que le texte qui a été distribué aux députés n’entraîne un «glissement» du calendrier électoral jusqu’au-delà de 2016: «Je fais savoir que la supposée proposition de loi, telle qu’elle est distribuée par le bureau comporte, notamment l’abrogation de l’obligation de pouvoir procéder à l’enrôlement des électeurs avant d’organiser le cycle électoral, entraînant de ce fait le 19 Mission d’observation de l’UE, Rapport final : Elections présidentielle et législative 28 Novembre 2011, P.18 Folle rumeur sur son initiative legislative : L'appel de ... www.afriqueredaction.com/.../folle-rumeur-sur-soninitiative-legislative-l... Delly Sessanga reste juriste dans tous les actes qu'il pose, même lorsqu'il fait ... Depuis, le gouvernement a introduit un projet visant à réviser la loi électorale et le mode .... Hon. Delly SESANGA HIPUNGU. SOCIETE. 9 Décembre 2014 ... 21 Communication de l’honorable Delly Sessange du 7 Décembre 2014, Afromozia Hôtel à Kinshasa 22 Journal « Le Potentiel », paraissant à Kinshasa, édition 6307 du 13 décembre 2013, P.2 23 Loi électorale: Sessanga accuse le bureau de l'Assemblée ...radiookapi.net/.../loi-electorale-le-depute-sessangaaccuse-le-bureau-de-l... Loi électorale: Sessanga accuse le bureau de l'Assemblée nationale de tripatouillage. 20 16 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- glissement du calendrier électoral de 2016 jusqu’à des années où ils auraient achevé le recensement des électeurs.». Un autre fait dénoncé par ce député a trait à une révision à la hausse de la caution exigée aux différents candidats. « Il est tout à fait hasardeux aujourd’hui de pouvoir augmenter les cautions en vue des élections pouvant correspondre, dans certains cas, à une sélection par l’argent ». Les observateurs de la NSCC craignent que ces manœuvres délibérées et entretenues par le bureau de l’Assemblée Nationale dans l’analyse, l’examen et l’adoption ainsi que la promulgation de loi électorale puisse porter un coup fatal au calendrier électoral global attendu de la CENI pouvant de facto entraîner le glissement jusqu’au delà de 2016. Lentement, mais surement, l’année 2014 a tiré sa révérence sans que la RDC ne soit dotée d’une loi électorale susceptible de baliser la voie pour la tenue de l’élection libre, démocratique, crédible et transparente. Ce déficit constitue, d’ailleurs, un motif d’inquiétude pour la communauté internationale lorsqu’on sait que l’année 2015 est supposée essentiellement électorale. C’est dans ce contexte presque de vives tensions qu’une session Parlementaire extraordinaire sera convoquée par les deux Chambres de parlement depuis le 27 décembre 2014, avec à la clé l’examen et l’adoption d’une nouvelle loi électorale. Le Gouvernement de la République récemment restructuré (Matata II) à travers son Vice Premier Ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, en date du 05 Janvier 2015 a déposé à l’Assemblée Nationale un nouveau projet de la loi électorale qui, à son tour, va susciter des vives tensions entre la majorité présidentielle et l’opposition parlementaire. Ce projet de loi du Gouvernement sera déclaré recevable le lundi 12 Janvier 2015 par l’Assemblée Nationale, et à l’occasion l’opposition extraparlementaire et parlementaire opte pour la stratégie de contrecarrer cette loi, le boycotte des sessions plénières ayant trait à l’examen de cette proposition de loi. C’est dans cet environnement de contestation et vive tension qu’un jour avant, soit « le dimanche 11 Janvier 2015, que les militants de la plateforme « Sauvons la RDC » du Député National Martin Fayulu qui projettent l’organisation d’un meeting sur le boulevard Triomphal, non loin du Palais du Peuple, siège du parlement congolais pour réclamer le retrait pur et simple de ladite proposition de loi gouvernementale. Rassemblement qui sera violemment réprimé et dispersé par la police à coup de balles réelles, gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc. Il y a eu plusieurs blessés dont M. Kanza Mukuy, Mme Mi-Claire Kabeya, le cameraman de CKTV Chaumy Kassiama, M. Konde Héritier, M. Doudou Kabeya, M. Floribert Mundeke, M. Serge Mukutu et M. Malala Ntambwe. Une trentaine de personnes furent arrêtées, brutalisées et détenues dans plusieurs cachots avant d’être relâchées »24. Cette tension s’est poursuivie lors de la session parlementaire du lundi 12 Janvier 2015, laquelle sera perturbée par les membres de l’opposition parlementaire pendant quelques temps avec les coups de sifflet et chants. Déjà avant la tenue de cette plénière du 12 Janvier, les membres de l’opposition dans les avant-midis de la même journée, en guise de protestation et pour réclamer encore une fois le retrait de ladite loi, ont tenté d’organiser une marche qui sera aussi brutalement réprimée par un impressionnant dispositif de la police nationale et suivi de cas des violations massives des droits de l’Homme commises sur de citoyens civils visiblement sans moyens de défense. « Face à la résistance des membres de l’opposition, les policiers ont tiré sur eux et en direction des sièges des partis politiques des balles réelles, des balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes sans sommation préalable. Plusieurs blessés ont été enregistrés et admis pour des soins intensifs dans des formations médicales dont l’hôpital général (Mama Yemo), l’hôpital Saint-Joseph, Clinique Ngaliema et Cliniques SOS médecins. Parmi ces victimes, citons 24 Communiqué conjoint du 14 Janvier 2015 l’ACAJ, la LICOF, JUSTICIA Asbl, la NSCC et la plateforme Concertation des ONG pour la Bonne gouvernance 17 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- M. Kudura Kasongo, M. Olivier Igwangozi, M. Guy Bitumba, Mme Mbuyi Helene, Mme Mbongo Carmel, M. Bruno Kongo, etc. Environ 51 personnes ont été arrêtées, dont 44 ont été acheminées à l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) et 7 au camp Lufungula. La plupart d’entre elles ont été relâchées tard dans la nuit de la même journée. »25 Samedi 17 Janvier 2015, jour de l’anniversaire de l’assassinat de Monsieur Patrice-Emery Lumumba, l’Assemblée Nationale adoptera dans la précipitation ladite loi et la transmettra pour seconde lecture au SENAT, sans toutefois y apporter des modifications substantielles, préférant conditionner l’organisation de prochaines échéances électorales au recensement administratif et l’identification de la population. Les observateurs de la NSCC redoutent le risque d’un glissement au-delà du délai constitutionnel des élections présidentielles et législatives. C’est le cas de la réserve émise par les organisations membres de la SCE26: « La Synergie Congolaise pour les Elections l’ayant passé au peigne fin (NDLR, le projet de la loi électorale) estime que ce projet, au lieu de garantir l’intégrité du droit de vote et la vérité des urnes, pérennise le système et les possibilités d’irrégularités tout en ouvrant la voie au dépassement des délais constitutionnellement reconnu pour l’organisation des élections législatives et présidentielle de 2016 »27, vu l’ampleur du travail d’identification de la population par l’ONIP dans un pays aussi vaste à la dimension presque continentale. Lundi 19 Janvier 2015, jour de l’examen de ladite loi par les honorables Sénateurs a été totalement et fortement perturbé à Kinshasa, à Goma au Nord-Kivu et à Lukala dans la province de Bas Congo suite à la déclaration28 du 15 janvier 2015 des partis et regroupement politiques, des groupes parlementaires de l’opposition appelant la population congolaise à prendre part à des manifestations organisées pour dire non à des manœuvres visant le glissement du mandat du Président de la République au-delà du 19 Décembre 2016. Cette manifestation à laquelle s’est associée la jeunesse estudiantine de l’Université de Kinshasa a été violement réprimée avec dégâts matériels et humains importants : des magasins tenus par des chinois pillés, des commissariats de la police saccagés et les armes emportées par les populations civiles, des bâtiments des églises touchés (cas de l’église du Pasteur Baruti à Righini dans la commune de Lemba), des maisons des particuliers détruites ( cas de la maison de l’artiste musicien Koffi Olomide sur l’Avenue Oshwe dans la commune de Kalamu), des véhicules de transport en commun attaqués, plusieurs cas de blessés et morts d’hommes dans le rang des manifestants par balles réelles et tout comme dans le rang de la police nationale par des jets de pierre et autres projectiles. Après avoir constaté plusieurs cas de morts et dégâts matériels importants, l’Assemblée Nationale qui était intransigeante va se plier à la volonté populaire de la rue, en adoptant ledit projet de loi controversé aux conséquences sociales explosives après harmonisation des points de divergences par la commission paritaire Assemblée Nationale-SENAT, en élaguant le dernier alinéa de l’article 8 qui liait l’organisation des prochaines élections législatives et présidentielle 2016 au recensement et à l’identification de la population. 25 Idem Communiqué conjoint du 14 Janvier 2015 Communiqué du 14 janvier 2015 de la SCE 27 Communiqué du 14 janvier 2015 de la SCE. « Le projet de loi électorale ouvre la voie au dépassement des mandats et ne garantit pas l’intégrité du droit de vote. Changer la donne pour bannir toute possibilité d’irrégularités et fraude électorale observées le 28 novembre 2011 » 28 Déclaration du 15 Janvier 2015 des partis et regroupement politiques, des groupes parlementaires de l’opposition ainsi les OSC 26 18 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- II. ADMINISTRATION ELECTORALE II.1. Composition de la CENI Entérinés le 07 juin 2013 par l’Assemblée Nationale, les treize membres de la CENI ont été investis par ordonnance présidentielle n°13/058 du 12 juin 2013 portant investiture des membres de la CENI. Ils ont prêté serment le 14 juin 2013 devant la Cour Suprême de Justice (faisant office de la Cour Constitutionnelle)29. La CENI a deux organes : a. L’Assemblée Plénière, organe de conception, d’orientation, de décision, d’évaluation et de contrôle. Elle comprend treize membres (forces politiques et Société civile) : six délégués dont deux femmes de la majorité présidentielle, quatre délégués de l’opposition dont une femme de l’opposition et trois délégués de la Société civile dont une femme. Tous ces membres sont répartis en commission Ad Hoc. b. Le Bureau, est composé de six membres dont deux femmes. Il est l’organe de gestion et de coordination de la CENI. Il assure l’exécution des décisions de l’Assemblée Plénière et veille au respect des lois électorales et référendaires. Tableau n°3 : les membres de la plénière et du bureau de la CENI Fonction Prénom et Nom Composante Province Président Vice Président Rapporteur Rapport Adjoint Questeur Abbé Apollinaire Muholongu André Mpungwe Songo Jean Pierre Kalamba Mulumba Onesime Kukatula Falash Chantal Ngoyi Tshite Wetshi Micheline Bie Bongenge Marie Desanges Keta Lokodjo Benjamin Bangala Basila Elodie Ntamuzinda W’igulu Gustave Omba Bindilono Jean Baptiste Ndundu Nsituvila Noel Kaputu Ngongo Augustin Ngangwele Mbobi Eglise PPRD/ Majorité UDPS/ Opposition Palu/ Majorité MSR/Majorité Nord Kivu Katanga K. Occidental Bandundu K. Oriental Equateur Prov.Orientale Questeur Adjointe Membre de la Membre de la Membre de la Membre de la Membre de la Membre de la Membre de la plénière plénière plénière plénière plénière plénière plénière MLC/Opposition AFDC/Majorité GPR/Majorité Prov. Orientale ADDF /Société civile Sud Kivu Maniema CDCE/Société civile Bas Congo GPLDS/Opposition Bandundu Kinshasa CCU/ Majorité UNC/Opposition Source : MONUSCO-CENI 2013 Au sujet de la composition de la CENI, la loi organique n°13/012 du 19 Avril 2013 modifiant et complétant la loi organique N°10/013 du 28 Juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI fait du Président de la CENI juge et partie du fait, il est à la fois président du Bureau (organe exécutif) et Président de la plénière (organe de contrôle et d’orientation). Les observateurs de la NSCC constatent que le législateur congolais a délibérément introduit cette disposition incompatible à la pratique de la bonne gouvernance. Cette disposition place le Président de la CENI dans une position inconfortable, d’exécutant et de contrôleur au cœur du conflit d’intérêt. La composition politique actuelle de la CENI obtenue dans un relatif consensus à sa création, n’a cessé d’alimenter la polémique autour de sa neutralité et son indépendance. 29 CENI, Rapport annuel Juin 2013- juin 2014, Kinshasa, P.4 19 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- II.2. Mission Aux termes de la loi30, la CENI a pour mission de garantir la neutralité et l’impartialité dans l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes. Elle contribue à l’élaboration des cadres juridiques relatifs aux processus référendaire et électoral. Elle est chargée de préparer, d’organiser, de gérer et de contrôler, en toute indépendance et transparence, les processus référendaire et électoraux pendant la transition. A ce titre, la Commission a pour mission, notamment : l’identification et l’enrôlement des électeurs, l’enregistrement des candidats aux différents scrutins, l’élaboration des listes électorales, le vote, le dépouillement, l’annonce des résultats provisoires, la passation des marchés afférents à ces opérations conformément aux procédures en vigueur. Elle élabore les prévisions budgétaires et le calendrier relatif à l’organisation des processus référendaire et électoraux. Elle reçoit, agrée et publie la liste des candidats. Elle accrédite les observateurs nationaux et internationaux et reçoit les listes des témoins désignés par les candidats et les partis politiques. C’est dans ce mandat que s’est inscrit l’organisation de différentes élections partielles organisées sur l’ensemble du pays par la CENI : 1. l’organisation de l’élection partielle et la publication des résultats provisoires du premier et second tour de l’élection du gouverneur de l’Equateur et le vice gouverneur lundi 10 juin 2013. A l’issue du scrutin, Messieurs Koyagialo Ngbase Te Gerengbo Louis-Alphonse Daniel et Impeto Pengo Sébastien, tous membres de la Majorité Présidentielle ont été élus, respectivement, Gouverneur et Vice- gouverneur de la province de l’Equateur. 2. L’organisation de l’élection partielle le 14 mai 2014 du Vice Gouverneur du Sud Kivu gagnée par le professeur Gabriel Kalonda Mbulu de l’AFDC. 3. Enfin, l’organisation de l’élection partielle de Befale, Denis Engunda Litumba, candidat du Parti démocrate chrétien (PDC), élu dans les groupements de Bolomba, vendredi 25 juillet, Député national de la circonscription électorale de Befale (Equateur) avec 41,02 % de suffrage, après dépouillement des agents de la CENI. II.3. Fonctionnement Dotée de la personnalité juridique et jouissant d’autonomie financière et budgétaire pour son fonctionnement, la CENI fonctionne avec 11 directions chacune placée sous la supervision d’un membre du bureau. 7 unités techniques attachées directement au président de la CENI (unité de planification, unité de cartographie, unité informatique, unité de reprographie, unité maison des élections, unité de construction, et unité de coopération), auxquelles il faut ajouter les différents cadres de concertation). On trouve ainsi sous la chaine de commandement et supervision des membres du bureau : Direction Finances & trésorerie, Direction administrative, Direction chaine logistique, Direction patrimoine & Infrastructure, Direction état des lieux, Direction cadre légal et réglementaire, Direction sensibilisation et éducation électorale, Direction des opérations électorales, Direction de l’information et communication publique, Direction de recrutement & formation, et Direction des documentations & Archives. 30 Loi organique n°13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la loi n°10/013 du 28 Juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI 20 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- La CENI est actuellement appuyée par le Gouvernement de la RDC sur base d’un plan d’actions, quant à l’appui de la communauté internationale, elle tarde à venir car lié à la publication d’un calendrier global par l’administration électorale montrant clairement toutes les séquences du cycle électoral en cours. II.4. Démembrements locaux Après la mise en place de la CENI, les observateurs notent que le renouvellement de l’architecture institutionnelle de la CENI basée sur la loi organique n°13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la loi n°10/013 du 28 Juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI a été précédé d’un diagnostic organisationnel( tâches confiées à l’EFEAC et au ECES avec l’appui de la Division Electorale de la MONUSCO, de la Délégation de l’UE en RDC, et de l’IFES, experts nationaux et internationaux), d’élaboration des textes réglementaires ( Projet de règlement intérieur, le règlement administratif et financier et le code de bonne conduite de la CENI) et la restructuration de la CENI (la nomination du Secrétaire Exécutif National et son adjoint par décision n°002/CENI/AP/13 du 28 septembre 2013, désignation des six cadres de commandement par décision n°007/CENI/AP/13 du 16 novembre 2013 et Vingt-six Secrétaires exécutifs provinciaux Ad intérim par décision n°004/CENI/AP du 20 janvier 2014). A ce jour, le démembrement des locaux se présente de la manière suivante : 26 Secrétariats Exécutifs provinciaux, et 266 Antennes locales dont la nomination tarde à venir. Les observateurs notent que la désignation provisoire de 26 secrétariats exécutifs provinciaux le rend vulnérable, le risque de reprendre le travail à certains endroits au cas où ils ne seraient pas confirmés ou retenus définitivement demeure. Aussi, le retard pris dans la nomination ou recrutement des Administrateurs des antennes locales risque à long terme, si un correctif n’est pas apporté tôt, de retarder le travail des opérations électorales annoncées au niveau local. Un concours à ce sujet est annoncé à travers l’institution des prêtres de Jésuite CADICEC. 21 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Secrétaire Exécutif Provincial Equipe d’Appui Unité Formation Unité Logistique Unité Sensibilisation Télécommunication & Informatique Secrétariat comptable Chef d’Antenne en Milieu rural Equipe d’Appui Logistique Formation & Sensibilisation Télécom et Informatique Secrétaire comptable Chef d’Antenne en Milieu Urbain Equipe d’Appui Logistique, télécom & Informatique Secrétaire comptable 22 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- II.4. Personnel Après la mise en place de l’Assemblée Plénière, organe d’orientation de la CENI le 27 juin 2013, plusieurs constats ont été dressés sur l’administration électorale. On peut noter entre autres, la persistance de la disparité de salaire, les doublons dans la perception des salaires ainsi qu’un personnel pléthorique. Cette situation a conduit la CENI a organisé une mission d’évaluation31 des effectifs au niveau du siège à Kinshasa et dans ses démembrements à travers le pays de septembre 2013 à mai 2014. Le résultat de cette mission (Tableau n°4 ci-dessous). Tableau n°4 de l’état des lieux du contrôle physique et administratif du personnel au niveau SEN et SEP N° 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Entité SEN SEP Kinshasa SEP Sud Kivu SEP Nord-Kivu SEP Maniema SEP Kasaï Occidental SEP Kasaï Oriental SEP Equateur SEP Bandundu SEP Bas Congo SEP Katanga SEP Province Orientale Total Effectif contrôlé 390 43 71 53 47 56 70 125 104 69 115 102 1245 En ordre 238 36 38 43 42 53 57 83 56 56 71 74 847 Cas litigieux 152 7 33 10 5 3 13 42 48 13 44 28 398 Source : Rapport annuel CENI Juin 2013 - Juin 2014 A ces missions, pour plus de crédibilité et de transparence, la CENI aurait pu associer les observateurs indépendants, déplorent les observateurs. Tirant la conséquence du résultat auquel la mission d’évaluation est arrivée, plusieurs décisions ont été prises, les unes portant révocation32 des cadres et agents d’autres, mettant un terme aux prestations de services33 de la CENI. Plusieurs cas ont été mis à charge de ces agents ainsi sanctionnés : - Désertion des postes et absence prolongée ; - Détournement et vente de biens de la CENI (ordinateurs, groupes électrogènes et véhicules, etc.) ; - Mise en location des véhicules de la CENI ; - Présence d’un personnel pléthorique (SEP Katanga) 31 Rapport annuel Juin 2013 ŔJuin 2014 : Institution de la mission d’évaluation de contrôle physique et administratif le 16 Septembre 2013 par la CENI 32 Décision n°022/CENI/BUR/14 du 15 aout 2014 portant révocation des cadres et agents de la CENI au regard de l’évaluation des rapports du contrôle physique et administratif 33 Décision n°026/CENI/BUR/14 du 09 Octobre 2014 mettant un terme aux prestations de services des cadres et agents de la CENI et Décision n°027/CENI/BUR/14 du 14 Octobre 2014 mettant un terme aux prestations de services des cadres et agents de la CENI 23 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Les observateurs sont d’avis qu’à ce stade, les poursuites judiciaires devraient être engagées à l’endroit des agents de la CENI trempés dans ces pratiques. Si tel n’est pas le cas, le risque de sanctionner les innocents demeure, le règlement de compte et l’arbitraire ne sont pas à exclure. II.5. Formation II.5.1. Membres et cadres de la CENI Les observateurs de la NSCC ont constaté que plusieurs formations de renforcement des capacités des membres de la CENI et autres parties prenantes ont eu lieu. Du 12 au 16 Août 2013, la formation en LEAD destinés aux membres de la CENI en vue de le sensibiliser aux questions de prévention de la violence liée aux élections. La seconde formation a eu lieu en octobre 2013 dans le cadre du projet PAPS II de l’Union Européenne sous la facilitation de l’ECES et EFEAC. Plusieurs modules ont été développés, à savoir : la transmission des données électorales et l’utilisation de la biométrie dans la constitution du fichier électoral, etc. Les membres et cadres de la CENI ont suivi un séminaire du 12 au 22 aout 2013 en matière d’administration du processus électoral, de prévention et de gestion des conflits électoraux, d’élaboration des outils de gestion, de nouvelle restructuration institutionnelle de la CENI, et d’élaboration de la feuille de route pour le cycle électoral 2013-2016, etc. II.5.2. Société civile Trois sessions de formation LEAD à Kinshasa du 26 au 31 Août 2013, à Lubumbashi du 02 au 06 Septembre 2013 et à Bukavu du 9 au 13 septembre 2013, grâce l’appui de l’ECES et EISA dans le cadre du Projet de la prévention de la violence électorale dans le pays de la SADC. II.5.3. Confessions religieuses Les chefs des confessions religieuses réunis au sein de la CIME ont été formés sur les techniques et pratiques de médiation pour des élections crédibles, indépendantes, transparentes et honnêtes. Toutefois, au regard du nombre de l’effectif ayant suivi ladite formation, on est loin de satisfaire le besoin en renforcement des capacités dans le domaine électoral. II.5.4. Justice électorale Venus de 11 provinces, 80 magistrats ont été formés du 22 au 23 avril 2014 sur la justice électorale et la gestion des contentieux. Dans le domaine de la justice électorale, les conditions de travail des magistrats sont très difficiles, sans infrastructures appropriées, l’installation des tribunaux de paix et administratifs pouvant traiter et siéger sur les contentieux électoraux les contentieux électoraux traîne faute de moyens financiers et manque de la volonté politique de la part du Gouvernement, la corruption, la pesanteur politique sur la justice et le trafic d’influence règnent en maitre. Il sera très difficile dans un tel environnement que l’on puisse faire confiance en l’appareil judiciaire qui fonctionne dans ces conditions. La dernière grève des magistrats34 déclenchée au début du mois novembre 2014 est une illustration éloquente. 34 Grève des magistrats en RDC: un manifestant blessé par ... www.rfi.fr/.../20141111-grève-magistrats-rdcjoseph-kabila-oscar-mudin...11 nov. 2014 - En RDC, la grève des magistrats entamée début novembre tourne au bras de fer avec l'Etat. Ce lundi 10 novembre, plusieurs incidents ont été 24 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- II.5.5. Préparation de la Feuille de route L’analyse de la feuille de route indique que, si les opérations de fiabilisation du fichier électoral et la stabilisation de la cartographie prévues depuis novembre 2013 - Juillet 2014 ont été tenues et se poursuivent à ce jour d’une part, les analystes constatent qu’elles se déroulent en l’absence d’observateurs indépendants et de témoins des partis politiques d’autre part. 25 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- III. ANALYSE TECHNIQUE DE LA FEUILLE DE ROUTE Tableau n°5 Hypothèse 1 de la feuille de route Type d’élections Elections municipales et locales Mode de scrutin Suffrage universel direct Corps électoral Population congolaise Suffrage universel indirect (1), (2) et (3) Elections urbaines Elections Provinciales Suffrage universel indirect Suffrage universel indirect Conseillers urbains (1), (2) et (3) (1), (2), et (3) Elections sénatoriales Elections législatives Elections présidentielles Suffrage universel indirect Suffrage universel direct Suffrage universel direct (1), (2), et (3) Population congolaise Population congolaise Elus Conseillers des Communes (1) Conseillers des chefferies (2) Conseillers des secteurs (3) Conseillers urbains Chefs des secteurs Bourgmestres Maires et maires adjoints Députés Provinciaux Gouverneurs & Vice gouverneurs Sénateurs Députés nationaux Président de la République Observations Cette hypothèse viole les dispositions constitutionnelles de l’article 197 alinéa35 4. La CENI a proposé une hypothèse qui ne relève pas de son mandant, et qui vise la révision de la Constitution. Avec cette hypothèse, elle risque de violer l’article36 220 alinéa 2 en tentant de réduire les droits acquis de la population de voter directement leurs députés provinciaux en ramenant le corps électoral aux conseillers communaux, conseillers de chefferies et conseillers de secteurs. Les observateurs de la NSCC suggèrent que cette hypothèse soit rejetée, car elle est anticonstitutionnelle et porte les germes de violation du contenu des dispositions intangibles de la Constitution. 35 Alinéa 4 de l’article 197 de la RDC modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant Révision de certains articles de la constitution de la RDC du 18 Février 2006 : « Ils (députés provinciaux) sont élus au suffrage universel direct et secret ou cooptés pour un mandat de cinq renouvelable. 36 Article 220 alinéa 2 de la constitution de la RDC : « Est formellement interdites toutes révision constitutionnelle ayant pour objet ou pour effet de réduire les droits et liberté de la personne, ou de réduire les prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées ». Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Tableau n°6 Hypothèse 1 de la feuille de route Type d’élections Elections municipales et locales Elections Urbaines Elections Provinciales Elections sénatoriales Elections législatives Elections présidentielles Mode de scrutin Suffrage universel direct Corps électoral Population congolaise Suffrage universel indirect (1), (2) et (3) Suffrage universel indirect Suffrage universel direct Conseillers urbains Suffrage universel indirect Suffrage universel direct Suffrage universel direct (4) Députés Provinciaux(4) Gouverneurs & Vice gouverneurs Sénateurs Population congolaise Population congolaise Députés nationaux Président de la République Population congolaise (1), (2), (3) Elus Conseillers des Communes(1) Conseillers des chefferies (2) Conseillers des secteurs (3) Conseillers urbains Chefs des secteurs Bourgmestres Maires et maires adjoints Observations Cette hypothèse semble s’inscrire dans la ligne droite du respect de la Constitution. Les observateurs de la NSCC proposent, pour des raisons de consolider les acquis de la démocratie, améliorer l’intégrité du processus et la participation de la population, l’option d’élargir le corps électoral pour l’élection des sénateurs, celle des Gouverneurs et Vice-gouverneurs devra faire l’objet d’un examen minutieux et d’une attention particulière de la part du législateur congolais. Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- IV. EVALUATION DU CALENDRIER ELECTORAL DES ELECTIONS URBAINES, MUNICIPALES ET LOCALES Tableau n°7 Calendrier des élections urbaines, municipales et locales37 N° Début Fin 11 Juillet 2014 Durée (jrs) 127 Retard accumulé38(jrs) 0 01 6 mars 2014 02 10 juin 2014 9 Juillet 2014 30 0 03 20 juin 2014 21 Oct. 2014 123 0 04 26 mai 2014 26 Mai 2014 1 0 05 28 Juin 2014 26 Aout 2014 60 228 06 27 Juillet 2014 10 235 07 13 Juillet 2014 27 aout 2014 24 Déc. 2014 120 168 08 09 01 Oct. 2014 22 Oct. 2014 20 Oct. 2014 02 Nov. 2014 20 12 133 92 10 03 Nov.2014 29 Nov. 2014 18 91 11 21 Nov. 2014 5 Déc. 2014 15 173 12 10 Déc. 2014 10 Déc. 2014 1 64 13 10 Déc. 2014 18 Jan. 2015 40 63 14 25 Déc. 2014 23 Avril 2015 120 192 37 38 Type des tâches attendues Opération pilote de stabilisation des cartographies opérationnelles et de fiabilisation du fichier électoral Bandundu et Territoire de Befale Accréditation des observateurs à long terme Opération de stabilisation des cartographies opérationnelles et de fiabilisation du fichier électoral dans les autres provinces Publication de calendrier électoral pour les élections urbaines, municipales et locales du plan opérationnel 2014 et du plan décaissement 2014 Passation des marchés pour sélectionnés des fournisseurs du matériels électoral addit (Kits BVD, documents électoraux de formations et de sensibilisation Elaboration des mesures d’application de la loi électorale pour les élections urbaines, municipales et locales Attribution des marchés, commandes et livraison des BVD et les documents électoraux Audit externe du fichier électoral Préparation du projet de répartition des sièges par le gouvernement et le dépôt au parlement Examen et adoption de l’annexe à la loi électorale portant répartition des sièges pour les élections municipales et locales Promulgation de l’annexe à la loi électorale portant répartition des sièges pour les élections municipales et locales Convocation de l’électorat pour les élections des conseillers des communes et des secteurs/Chefferies Ouverture des bureaux de réception et traitement des candidatures, retrait des formulaires, dépôt et traitements des dossiers Déploiement du matériel électoral vers les sites de formation Décision n°012/CENI/AP/14 du 26 mai 2014 portant publication du calendrier des élections urbaines, municipales et locales Retard accumulé entre le temps prévu pour la fin et le temps hors durée jusqu’au 11 février 2015 Résultats atteints Réalisé Seulement à Kinshasa (du 26 mai au 10 Juillet 2014) Tâches en cours d’exécution Tâche réalisée Aucune information disponible à la CENI Tâche non réalisée Aucune information disponible à la CENI Tâche non réalisée Tâche non réalisée Tâche non réalisée Tâche non réalisée Tâche non réalisée Tâche non réalisée Tâche non réalisée Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- La période de notre analyse du seuil de réalisation des tâches prévues par la CENI dans son calendrier partiel des élections municipale, urbaines et locales (tableau n°7) va du 06 mars au 25 Décembre 2014. L’évaluation et le monitoring de ce calendrier électoral partiel proposé par la CENI et ainsi que le niveau des résultats atteints laisse entrevoir que cette planification des tâches n’avait jamais fait l’objet d’une large concertation et consultation des parties prenantes (gouvernement, partis politiques, communauté internationale et CENI) avant sa promulgation. Bien plus, le début d’exécution de certaines tâches prévues, n’a jamais commencé, elles accusent un retard cumulé de plusieurs jours. Au cas où des corrections nécessaires ne seraient pas apportées à cette situation avec la publication du nouveau calendrier global, le risque de glissement au de delà du délai prévu par la constitution est imminent avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur la scène politique nationale. Dès sa publication, ce calendrier partiel a fait objet de sévères critiques de la part des envoyés spéciaux dans les Grands Lacs (Koen Vervaeke pour l’UE, Boubacar Diara pour l’UA et Russ Feingold pour les USA…). Cela a été annoncé dans un point de presse organisé par ces derniers en juin 2014, rapporte Radio Okapi, la Radio onusienne financée par la Fondation Hirondelle et émettant à partir de Kinshasa : « Les envoyés spéciaux de la communauté internationale dans les Grands lacs plaident pour la tenue des élections dans le délai constitutionnel, soit entre 2014 et 2016. Dans une conférence de presse tenue le mardi 3 juin 2014 à Kinshasa, ils ont demandé à la CENI de publier un calendrier électoral global, allant des élections locales à la présidentielle »39. Les mêmes suggestions ont été formulées par la Mission de suivi électoral de l’Union européenne en RDC. Dans l’une de ses recommandations, elle a formulé dans son rapport préliminaire publié le vendredi 13 juin 2014, au terme d’une mission de cinq jours à Kinshasa en ces termes : « Elle encourage la CENI à publier un calendrier électoral complet, consensuel et assorti d’un budget détaillé40 ». Comme l’ont constaté les observateurs de la NSCC, plusieurs tâches prévues par la CENI n’ont pu se réaliser, faute de moyens financiers conséquents et à l’absence d’un consensus électoral. Les principaux bailleurs de fonds, comme l’UE41, ont continué à conditionner leur appui financier au processus électoral en RDC et à la CENI par la publication d’un calendrier global et d’un budget détaillé. La CENI se retrouve ainsi paralysée dans son action à cause de plusieurs paramètres externes tels que le retard pris dans l’examen et l’adoption par le législateur du projet de loi électorale controversée et sa promulgation par le Président de la République dans le délai légal d’une part, l’absence d’un consensus autour du processus électoral lui-même (besoin de dialogue politique) et le conditionnement de l’appui financier par les bailleurs de fonds d’autre part. Les observateurs de la NSCC redoutent un glissement au-delà du délai constitutionnel si le retard continue de s’accumuler sur les tâches essentielles du processus. IV.1. Faible qualité des observateurs à long terme accrédités L’opération d’accréditation des observateurs s’est très vite arrêtée à Kinshasa, à cause des contraintes budgétaires et logistiques, elle n’a pu continuer en provinces. Certaines OSC ont dû monnayer ces accréditations, malgré le communiqué de la CENI42 sur les conditions et le caractère gratuit de ces accréditations. Plus de 12.000 observateurs à long terme ont été 39 Radio Okapi : Elections: les «envoyés spéciaux» demandent à la Ceni de publier le calendrier global » juin 4, 2014, 40 Radio Okapi : RDC: la mission de suivi électoral de l’UE plaide pour un calendrier électoral « complet » juin 13, 2014, 41 RD-Congo Financement toujours hypothétique de l'Union www.lesdepechesdebrazzaville.fr/_zbhfiles/download.php?doc...pdf 42 Communiqué de presse N°031/CENI/14 du 12 Juillet 2014 29 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- accrédités par la CENI. Beaucoup d’accréditations fantaisistes ont été enregistrées ; bref le niveau professionnel de ces observateurs à long terme est assez trop faible. Certains ont été même accrédités sans être au préalable formés. A ce sujet, les OSC ont failli, elles ont été complaisantes et moins rigoureuses, privilégiant la participation massive au détriment de la qualité et du professionnalisme. IV.2. Audit externe du fichier électoral Prévu depuis pour 20 jours du 1er au 20 Octobre 2014, l’audit du fichier électoral demeure encore un mystère. Une tâche, annoncée par le Président de la CENI43 lors de la rencontre du mois de décembre 2014 avec les membres des comités de liaison des partis politiques, peine à se réaliser sans qu’aucune explication ne soit fournie à l’opinion publique par la CENI. Les observateurs de la NSCC soupçonnent que ce retard soit lié au fait que l’actuel gouvernement semble s’investir dans un nouveau fichier électoral qui devait venir du recensement et l’identification de la population par l’ONIP. Les derniers événements survenus à Kinshasa, les 19, 20, 21 janvier 2015 ont démontré que la population congolaise est hostile au principe de lier l’organisation de prochaines élections au recensement et l’identification de la population. En effet, la mise à jour de l’actuel fichier électoral par la CENI s’impose en vue de prendre en considération les préoccupations de nouveaux majeurs estimés autour de 4 millions, des déplacés ainsi de la diaspora en vue de jouir aussi de leurs droits civiques. Les observateurs de la NSCC font remarquer que si les préoccupations de ces catégories de la population ne sont pas prises en compte, le risque de possibles tensions lors de prochaines échéances électorales n’est pas exclu, et il doit être pris au sérieux dès maintenant et évaluer sa prise en charge par la CENI. IV.3. Affichage et consultation des listes provisoires des électeurs La Mission d’Observation Electorale de la NSCC (MOELT-NSCC) a déployé dans la ville de Kinshasa du 12 décembre 2014 au 7 janvier 2015 près de 50 observateurs à long terme en vue de surveiller le déroulement de l’opération d’affichage et de consultation des listes électorales provisoires44. Cette opération qui consistait à la vérification par l’électeur, si son nom se retrouve sur la liste du centre de vote le plus proche de son lieu de résidence pour les uns, mais pour les autres solliciter que la délivrance des duplicata pour ceux pour les cas des électeurs ayant perdu leurs cartes d’électeur. Au terme de l’observation de cette opération, plusieurs observateurs de la MOELT-NSCC renseignent que, la consultation des listes a été très timide dans plusieurs parties de la capitale, l’opération qui s’est déroulée pendant près de vingt-neuf jours, n’a pas connue d’engouement de la population, un désintéressement presque total que non seulement la Commission 43 CENI : Annonce de l'audit externe du fichier électoral | ACP ... acpcongo.com/acp/ceni-annonce-de-lauditexterne-du-fichier-electoral/ 12 déc. 2014 - CENI : Annonce de l'audit externe du fichier électoral ... et les experts de l'OIF seront là pour aider à auditer le fichier électoral de la CENI » . 44 Mission d’observation électorale à Long terme de la NSCC : Rapport d’observation de la consultation des listes provisoire des électeurs à Kinshasa du 12 décembre 2014 au 7 janvier 2015 publié à Kinshasa, le 16 Janvier 2015 30 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Electorale Nationale Indépendante (CENI) sera appelée à expliquer à l’opinion publique, mais également les structures de la Société civile choisies par l’administration électorale dans la sensibilisation et la mobilisation de la population. Elles sont toutes interpellées au regard du très faible taux de participation des électeurs appelés à consulter les listes provisoires. Tableau n°8 Site d’affichage des listes : adresses de contact des antennes de Secrétariat Exécutif Provincial de Kinshasa PROVINCE KINSHASA SEP KIN. ANTENNE GOMBE KINSHASA KINSHASA KIN. KIN. KALAMU KINSHASA KINSHASA KIN. LIMETE KINSHASA KIN. NDJILI KINSHASA KIN. NGALIEMA KINSHASA KIN. NSELE Contacts 0817063835 0972620704 0817063834 0817063050 0971095178 0817063832 0972620711 0817063820 0972620717 0817063828 0972620707 0817063811 Adresses N°13 Av Kabambare, Q/ AKETI, C/ KINSHASA N°6 Av. Victoire, Q/ MATONGE, C/ KALAMU Av. Pirogue n° 1 quartier NDOLO, COMMUNE GOMBE Au croisement des av. de la commune et KADIATE, C/ LEMBA N°2/4 Av. LUIKA, Q/2 ou BILOMBE, C/ de NDJILI N°1 Av. de la Montagne, Q/ Jolie parc, C/ NGALIEMA 0972620720 N°5 Av. NZABI, Q/MIKALA, C/ N'SELE IV.3.1. Faits observés sur les sites visités de 7 antennes de Kinshasa - Peu d’affluence des électeurs sur les sites de vote visités ; Une forte demande des cartes duplicata par certains électeurs ; Insuffisance et épuisement du stock des lots duplicata ; Cas de doublons et omis ; Distances très éloignées pour certains électeurs de leurs sites de votes ; Faible sensibilisation des électeurs par les structures ayant réussi le mandant ; Lenteur dans la délivrance de duplicata; Impossibilité d’accès aux informations sur le nombre réel d’électeurs ayant consulté la liste ou refus carrément de donner l’information par les préposés de la CENI; Coût aléatoire du procès-verbal de perte de pièce variant entre 3000 FC et 9000 FC, condition nécessaire pour l’obtention du duplicata de la carte d’électeur ; Problématique des nouveaux majeurs, des refoulés des Brazzaville et d’Angola ; Sauf erreur sur 21 sites visités avec un total de 53.512 électeurs attendus et seulement 1678 ont consulté les listes pendant cette période ; Impossibilité d’obtenir les duplicata par les déplacés d’autres provinces devenus résidant à Kinshasa ; IV.3.2. Faible Sensibilisation des électeurs Les observateurs de la MOELT-NSCC ont constaté que cette opération de consultation des listes provisoires annoncées depuis le 10 décembre 2014 au 10 Janvier 2015 par l’administration électorale n’a pas été suffisamment bien expliquée à la population locale par les structures qui ont collaboré dans la sensibilisation et l’éducation civique. La plupart des électeurs qui sont passés au niveau de différents sites d’affichage de liste, étaient plus motivés par le souci de résoudre leur 31 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- problème de carte d’électeur perdue faisant office de pièce d’identité et l’obtention de la carte duplicata que pour consulter réellement les listes électorales. IV.3.3. Consultation des listes électorales provisoire : faible participation de la population Sur 21 sites visités avec un total de 53.512 électeurs attendus et seulement 1678 ont consulté les listes pendant cette période. Ce faible résultat presque chaotique semble être imputé à la controverse et au climat de méfiance qui s’est installée entre l’opposition et la majorité présidentielle sur le projet de loi électorale et la révision ou non de la constitution. Cette défaillance est également attribuée aux structures qui ont été sélectionnées pour la sensibilisation et l’éducation civique de la population à ce sujet. La non-implication directe des structures majeures de la Société civile spécialisées en la matière et la non-association des partis politiques (majorité et opposition) dans l’éducation civique et la sensibilisation de la population y est pour beaucoup. L’administration électorale devra en tirer des leçons pour améliorer la qualité du rendement avec les prochaines opérations électorales. IV.3.4. Délivrance des duplicata des cartes des électeurs Les observateurs de la MOELT-NSCC ont également constaté un important et remarquable flux de la population dans les différentes communes, les postes de police et antennes locales où les électeurs qui ont perdu leurs cartes d’électeur, sont venus en masse solliciter les duplicata. A ce niveau, les observateurs ont remarqué une certaine lenteur dans la livraison des duplicata et l’insuffisance de machines au niveau des antennes pour répondre à la demande de la population. Sur un autre plan selon les témoignages, des électeurs ayant perdu leurs cartes d’électeur, pour obtenir la carte de duplicata, il fallait se munir d’un procès verbal de perte de la carte d’électeur, dont le prix à payer varie entre 3000 FC et 9000 FC selon le poste de police en présence. Cette situation peu encourageante n’a pas favorisé les citoyens pauvres et les chômeurs sans revenu d’aller chercher la carte de duplicata. 32 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- V. GENRE ET PARTICIPATION DES FEMMES La participation de la femme congolaise dans les instances de prise des décisions a encore du chemin à parcourir. Aux derniers scrutins, à l’Assemblée Nationale, il n’y a eu que 9 % des femmes et au Sénat 5 %. Pourtant, les femmes en République démocratique du Congo représentent plus 52% de la population électrice. L’ennemi de la femme semble être la femme congolaise elle-même au-delà de plusieurs paramètres qui expliqueraient cette faible représentativité car, elle n’a pas confiance en elle-même. Elle est inconsciente de son poids démographique sur la scène politique, et qu’elle peut imposer et influencer sa participation dans les instances de prise de décisions et gestion de la nation. Parmi les facteurs jouant à sa sous représentation la femme on peut signaler : - les violences économique, physique, morale, sexuelle, et psychologique ; le taux élevé d’analphabètes ; absence de volonté politique des dirigeants des partis politiques ; faible pouvoir financier, etc. V.I. Environnement juridique Malgré le principe de l’égalité inscrit dans la loi fondamentale article 12 et celui d’équité dans l’article 14 de ladite constitution de la République, le combat de la femme congolaise demeure intact et doit être intensifié et même accompagné par les hommes ayant compris le sens de cette juste lutte. La loi sur la parité homme femme n’a pas encore été adopté par le parlement après avoir été rejetée par la Cour suprême de justice, faisant office de la Cour Constitutionnelle à cause l’absence de volonté politique. En effet, grâce au plaidoyer mené par, le CAFCO auprès des députés et partis politiques, les membres de la commission paritaire (Senat et Assemblée Nationale) ont fini par inscrire dans le projet de loi modifiant et complétant la loi n°06/006 du 9 mars 2006 telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25 Juin 2011 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, le principe de la parité homme-femme, lorsqu’il s’agira d’établir des listes aux échéances électorales par les partis politiques. Mais hélas, ce principe d’équité sera anéanti et vidé de toute sa substance par l’alinéa 4 de ladite loi 45 sacrifiant ainsi le principe d’égalité de chance. Toutefois, « la non-réalisation de la parité homme-femme ou la non présence d’une personne avec handicap ne constitue pas un motif d’irrecevabilité de la liste concernée indique le dit alinéa ». Par cette disposition, les observateurs de la NSCC constatent que les législateurs congolais ont failli à leur mission de protection et de promotion des droits de la femme telle que stipulée dans l’alinéa 1 de l’article 14 de la Constitution de la République. « Les Pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits ». Par ailleurs, le projet de loi portant mise en œuvre de la parité homme-femme adopté par les deux chambres et renvoyé par la Cour Suprême de Justice pour inconstitutionnalité, traine dans les tiroirs des Députés nationaux en dépit du plaidoyer mené par le CAFCO, les partenaires techniques et autres structures œuvrant pour la promotion des droits de la femme en RDC. A cause de manque criant de volonté politique de la part des Autorités congolaises. 45 Art 13 Alinéa 4 de la loi modifiant et complétant la loi n°06/006 du 9 mars 2006 telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25 Juin 2011 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales adopté le 25 janvier 2015 « La non réalisation de la parité homme-femme ou la non présence d’une personne avec handicap ne constitue pas un motif d’irrecevabilité de la liste concernée » 33 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- VI. DROITS DE L’HOMME ET ELECTIONS La République Démocratique du Congo46 se signale une nouvelle fois au 186e et dernier rang avec le Niger sur 187 pays du classement de l'Indice de développement humain IDH 2013 publié chaque année par le PNUD, malgré quelques améliorations. Selon le PNUD, qui a confié à l'Université d'Oxford son étude locale sur la pauvreté, soit 87,7 % de la population vivant en RDC est en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1,25 dollar par jour. Près de trois quarts des 68 millions de Congolais, soit 74 % vivent en dessous du "seuil de pauvreté multidimensionnelle qui tient compte de l'accès aux soins et à l'alimentation. Entre 2000 et 2012, l'espérance de vie est passée de 45,7 ans à 48,7 ans, la durée moyenne de scolarisation de 4,4 ans à 8,5 ans et le revenu par habitant a crû de 34,6%, passant de 237 à 319 dollars par habitant et par an. L’enseignement secondaire en RDC n’est accessible qu’à 36,7 % de la population masculine et seulement 10,7 % de la population féminine durant la période 2001-201047. VI.1. Environnement juridique La République démocratique du Congo a déjà ratifié plusieurs instruments juridiques internationaux et régionaux relatifs aux droits humains (Tableau n°1). Par ailleurs, la Constitution de la RDC reconnaît aux citoyens congolais les droits civiques et politiques ainsi que les libertés essentielles à la participation au processus électoral. La loi portant statut de l’opposition politique existe depuis 2007 ainsi que celle réglementant l’usage de la force de la police, loi portant organisations et fonctionnement de la police nationale congolaise depuis 2011. Au-delà de ces instruments nationaux et internationaux ratifiés par la RDC, la résolution 2098 de mars 2013 autorise à la MONUSCO48 au point 15 a de « constater et dénoncer les violations des droits de l’Homme et d’y donner suite, et d’aider les organismes des Nations Unies présents dans le pays à faire en sorte que l’appui fourni par le système des Nations Unies à l’Est de la République Démocratique du Congo soit conforme au droit international humanitaire, aux droits de l’Homme et au droit des réfugiés selon qu’il convient ». C’est dans ce contexte qu’il faut inscrire le rapport de BCNUDH sur les violations des droits de l’Homme, commises par les agents de la Police nationale congolaise dans le cadre de l’opération « Likofi » à Kinshasa entre Novembre 2013 et 15 Février 2014. « A l’issue de plusieurs enquêtes conduites depuis la mi-novembre 2013 et sur base d’informations corroborées au cours desdites enquêtes, le BCNUDH est à mesure de confirmer que l’opération « Likofi » a fait au moins 41 victimes de sexe masculin. Parmi elles, neuf ont fait l’objet d’exécutions sommaires, et 32 cas de disparitions forcées. Ces violations auraient été commises par des agents de la PNC. Ayant été informé de nombreuses allégations de violations des droits de l’homme qu’il n’a pas été en mesure de confirmer, le BCNUDH estime que le nombre total de victimes pourrait être beaucoup plus élevé. »49. Cette situation a poussé le Gouvernement à déclarer Monsieur Scott Campbell, Directeur du BCNUDH « persona non grata » en octobre 2014. Par ailleurs, la mise sur pied de la commission nationale des droits de l’Homme continue de poser problème à cause de l’absence de volonté politique du bureau de l’Assemblée Nationale50. 46 La RDC au dernier rang de l'indice de développement ... www.lemonde.fr/.../la-rdc-au-dernier-rang-de-l-indice-de-développement... 15 mars 2013 - ... son étude locale sur la pauvreté, 87,7 % de la population vivant en RDC... 47 MOE Rapport final Election présidentielle et législatives du 28 Novembre 2011, P.48 48 Résolution 2098 adoptée par le conseil de sécurité à sa 6943 e séance, le 28 mars 2013, Point 15 a. 49 Rapport de BCNUDH sur les violations des droits de l’homme commises par les agents de la police nationale congolaise dans le cadre de l’opération « Likofi » à Kinshasa entre novembre 2013 et le 15 février 2014 50 Loi organique n° 13/011 du 21 mars 2013 portant institution, organisation et fonctionnement de la Commission Nationale des Droits de l'Homme 34 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- VI.2. Cas de violation des droits de l’homme liée aux élections Les observateurs de la MOELT-NSCC craignent que si les mesures de lutte contre l’impunité ne sont pas prises à l’aube des échéances électorales annoncées, le climat d’intolérance politique51 risque de prendre le dessus sur les valeurs démocratiques et la paix. Les événements des 11,12, 19,20, 21 janvier 2015 survenus à Kinshasa en sont une nette illustration du type de violence liée au processus électoral que risque de vivre la RDC. « Ces événements52 ont occasionnés plusieurs cas de morts des innocents, des blessés, des arrestations arbitraires et enlèvements dans le rang des manifestants ». Le Bilan des morts varie selon la source, 42 morts selon la Fédération Internationale des Droits de l’Homme(FIDH), et 27 morts selon le dernier bilan du gouvernement de la RDC, sans préciser l’identité des gens à la base ces morts presque banalisées. « En fin, Human Rights Watch a confirmé que 36 personnes, dont un agent de police, ont été tuées lors des manifestations à Kinshasa, la capitale. Au moins 21 de ces victimes ont été tuées par balles par les forces de sécurité congolaises53 ». Les dégâts matériels sont énormes : pillage des magasins des particuliers (commerçants chinois), des maisons des particuliers et églises pillées, des bureaux à l’Université de Kinshasa saccagés des Professeurs Evariste Boshab, Secrétaire Général du PPRD et Jean Louis Esambo, membre de la Cour Constitutionnelle, des bâtiments de l’administration publique incendiés (Commune de Ngaba), des postes de police saccagés et armes emportées. » Extrait du communiqué de l’HRW du 4 janvier 2015 publié à Kinshasa Arrestations arbitraires Les autorités congolaises ont arrêté arbitrairement des dirigeants de l’opposition, dans une tentative apparente de les réduire au silence. Avant la première manifestation du 19 janvier, les forces de sécurité ont séquestré deux leaders de l’opposition Ŕ Vital Kamerhe, chef de l’Union pour la nation congolaise (UNC), et Jean-Claude Muyambo, président du parti Solidarité congolaise pour le développement (SCODE) Ŕ au siège de l’UNC à Kinshasa. Kamerhe et d’autres dirigeants de l’opposition ont affirmé à Human Rights Watch que plus de 20 policiers en uniforme avaient été déployés aux abords du siège de l’UNC pour les empêcher de partir, de 1h00 du matin à environ 15h30 de l’après-midi. Au matin du 20 janvier, la police est entrée de force au domicile de Muyambo et l’a arrêté. Muyambo était l’un des principaux dirigeants d’opposition qui avaient appelé les Congolais à se mobiliser et à manifester. Il a été déféré devant un juge et inculpé d’« abus de confiance » et « stellionat » pour avoir vendu un immeuble qui ne lui appartenait pas, sur la base d’une plainte déposée contre lui par un client en 2002 Ŕ et retirée par la suite Ŕ dans sa province d’origine, le Katanga. Muyambo a été immédiatement transféré à la prison centrale de Kinshasa. Les autorités ont également arrêté le secrétaire général de SCODE, Cyrille Dowe, le 19 janvier. Il a été accusé d’« atteinte à la sûreté de l’État », car il avait photographié les forces de sécurité 51 Cas des clergés catholiques à Lodja attaqués en date 12 Octobre 2014 par les jeunes membres d’un parti politique hostile aux messages des évêques catholiques sur la non révision de la constitution. 52 Communiqué de presse n°001/NSCC/2015 du 24 Janvier 2015- La NSCC salue la sagesse du SENAT et exige au gouvernement des explications sur les auteurs des tueries sur les événements du 11,12, 19, 20,21 janvier 2015 53 Communiqué de presse de HRW du Kinshasa, le 24 janvier 2015) Ŕ Le gouvernement de la République démocratique du Congo a eu recours à une force illégale et excessive pour réprimer les manifestations 35 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- pendant les manifestations. Il est détenu dans un cachot de la police à Kinshasa. Vers 20 heures dans la soirée du 21 janvier, des policiers militaires ont abordé Christopher Ngoy, un militant des droits humains qui avait été impliqué dans la mobilisation de la population pour qu’elle participe aux manifestations, alors qu’il rencontrait des collègues dans un bar en plein air. Les quatre hommes l’ont fait monter de force dans une Jeep blanche banalisée qui a alors quitté les lieux. Depuis, les membres de sa famille et ses collègues n’ont pas été en mesure de le localiser. À Goma, les autorités ont arrêté au moins 26 personnes, dont plusieurs dirigeants en vue de l’opposition, lors des manifestations le 19 janvier. Douze d’entre elles ont été remises en liberté provisoire le 21 janvier et trois autres ont été transférées devant un tribunal pour enfants. Actes de violence commis par les manifestants Les manifestants ont également commis des violences, a souligné Human Rights Watch. Après que des agents de police eurent tué par balles un protestataire le 19 janvier, des manifestants ont tué un agent de police en le lapidant. Des manifestants ont également pillé des dizaines de magasins tenues par des Chinois ainsi que d’autres commerces ou bureaux gérés par des personnes considérées comme pro-gouvernementales, incendié des pneus dans les rues et lancé des pierres sur des véhicules. Lors d’une marche de soutien au président Kabila et au gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta Yango, le 21 janvier, des partisans de l’opposition ont jeté des pierres sur les marcheurs, en blessant plusieurs. Les observateurs de la NSCC suggèrent qu’une enquête soit diligentée pour établir les responsabilités et que les coupables des actes de pillage comme des tueries soient déférés la justice. 36 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- VII. MEDIAS VII.1. Focus espace médiatique congolais L’espace médiatique congolais reste fortement politisé du fait que la plupart des promoteurs sont des hommes politiques. Leur conduite politique influence sensiblement la ligne éditoriale de ces médias dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information en dépit de toutes les exigences professionnelles, d’éthique et de la déontologie du métier. Très pauvre et presque partisans, les médias congolais manquent de moyens financiers, et ne vivent que de maigres ressources tirées des annonces publicitaires très limitées dans un environnement très difficile. Au-delà des problèmes de la pauvreté, il faut signaler également, celui de la pénalisation des délits. Ce phénomène contribue négativement à fragiliser l’indépendance et le professionnalisme des médias congolais. L’espace médiatique congolais est bien couvert par les organes de presse signalons : près de 200 titres des journaux avec un tirage très faible et généralement concentrés à Kinshasa, et moins accessibles aux citoyens moyens. Près de 100 chaînes de télévision concentrées, toutes dans les centres urbains et près de 260 radios avec rayons de couverture très limité dans certains cas sur le plan national. Seuls, les médias public semble couvrir (ACP et la RTNC) l’ensemble du pays, mais l’accès équitable à ces médias publics n’est pas encore garanti à l’égard des opposants et à certains acteurs de la Société civile, violant ainsi le principe de régulation des médias publics. Seule la Radio Okapi des Nations Unies, financée par la Fondation Hirondelle demeure l’unique espace qui garantit le droit d’accès à toutes les tendances sociopolitiques de la RDC, sans discrimination ni censure. A côté de ces médias congolais, on peut ajouter également une imposante influence de la presse internationale telle que la RFI, TV5, France 24, BBC Afrique, la Voix de l’Amérique, et AFP, etc. Pendant les événements des 19, 20 et 21 janvier 2015 le signal de la Radio France Internationale était de temps à autre brouillé. 1. Tableau n°9 Cadre juridique d’exercice de la liberté de presse en RDC N° 01 02 03 04 05 06 07 08 09 Cadre juridique Constitution de la République Démocratique du Congo voté par référendum le 18 février 2006 (articles 23 et 24; Loi organique n° 11/001 du 10 janvier 2011 portant composition, attribution et fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication Loi n°81/012 portant statuts des journalistes œuvrant en RDC Loi n° 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse Décret n°09/62 du 03 décembre 2009 fixant les statuts d’un Établissement public dénommé Radiotélévision Nationale Congolaise, en sigle « RTNC » Loi 004-2001 portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité publique Arrêté ministériel n°035/2011 du 14 juin 2011 modifiant et complétant l’arrêté n°04/MIP/.020/96 portant mesures d’application de la loi n°96/002 du 22 juin 1996 fixant les modalités d’exercice de la liberté de la presse, y compris le cahier des charges des médias audiovisuels congolais Le Code d’éthique et de déontologie du journaliste congolais adopté lors du Congrès National de la Presse de Kinshasa en 2004 Le code de bonne conduite pour les acteurs, partis et regroupements politiques signés pas les partis politiques et lés médias le 10 août 2011 37 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Bien que le principe de liberté de la presse, soit garanti par le Constituant du 18 février 2006, le cadre juridique médiatique étant pluraliste demeure lacunaire en ce qui concerne la gestion des délits de presse et le droit d’accès à l’information. VII.2. CSAC et harcèlement des medias proche des opposants Le CSAC ne semble pas jouer son rôle de régulateur impartial, et pourtant les échéances électorales s’annoncent aux multiples enjeux politiques. Elle n’arrive même pas à garantir les droits d’accès équitable des partis politiques de l’opposition, surtout dans les médias publics. Des mesures arbitraires et discriminatoires contre les médias proches de l’opposition sont prises sans autre forme de procès. C’est le cas de RLTV, une chaîne de télévision proche de l’opposant Roger Lumbala fermé depuis 6 Septembre 2011, Canal Futur TV proche de l’ancien Président du Parlement devenu Opposant, Monsieur Vital Kamerhe fermé depuis le 28 Novembre 2011, RTCE chaîne de télévision de l’Eglise catholique fermée le 16 janvier 2015, et CK TV, une chaine de télévision proche du Sénateur Jean Pierre Bemba incarcéré à La Haye, fermée depuis le 16 Janvier 2015 à 21h00. Tous ces médias ont vu leur signal coupé sans aucune décision officielle, ni respect de la procédure en la matière. Les observateurs de la Nouvelle Société Civile Congolaise déplorent la partialité et l’inaction du CSAC ainsi que l’empiétement sur les attributions du CSAC par le Ministère des Médias et Communication. Cette situation ternit négativement l’image et l’indépendance de ces deux institutions appelées à réglementer le secteur médiatique congolais, et compromet leur efficacité à rendre l’espace médiatique démocratique à l’aube des échéances électorales. Les observateurs pensent que le Parlement ferait mieux d’initier une loi pouvant définir clairement les attributions de ces deux institutions. Par ailleurs, les observateurs constatent que les attitudes partisanes et politiques de ces deux institutions ne sont pas de nature à assurer l’indépendance du secteur médiatique, l’harcèlement contre des médias proches des opposants en est une preuve de l’intolérance de l’opinion contraire dans un espace qui se veut démocratique. 38 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- IX. Recommandations N° Destinataire 1 Président de la République Recommandations Domaines De renvoyer pour relecture et accélérer la promulgation la loi Législatif modifiant et complétant la loi n° 06/006 du 9 mars portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales telle que modifiée par la loi n°11/003 du 25 juin 2011 adopte le 25 janvier 2015 par le parlement pour renforcer les sanctions ; Installation de la Cour Constitutionnelle ; Justice électorale Prendre des mesures de grâce et faire libérer les personnes arrêtées Politique pour leurs opinions politiques (député national Eugène Diomi Ndongala de la Président de la Démocratie Chrétienne, Mr Bruno Kabangu de l’UDPS Kasai Oriental, Jean-Bertrand Ewanga Is’Ewanga, Secrétaire Général de l’UNC, Mr Christopher Ngoy Mutamba (Société civile et Sauvons le Congo), Mr. Ernest Kiaviro de RCD KML, et Jean Claude Muyambo de SCODE etc. 54 Objectifs Doter la CENI de l’outil de travail nécessaire en vue de lui permettre d’élaborer le calendrier global Timing d’exécution immédiat Renforcer l’égalité de chance en faveur des femmes entre les candidats en élaguant le dernier Alinéa de l’article 1354 Renforcer des sanctions pour les partis ne respectant pas des listes des partis paritaires homme- femmes Permettre aux juges de Immédiat s’imprégner et s’atteler aux préparatifs sur le contentieux électoral Décrisper l’environnement Immédiat politique et restaurer le climat de confiance entre les acteurs politiques Dernier alinéa de l’art. 13 du projet de loi électorale controversée : « La non réalisation de la parité homme-femme ou la non présence d’une personne avec handicap ne constitue pas un motif d’irrecevabilité de la liste concernée » Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- N° Destinataire Recommandations Domaines Objectifs Timing d’exécution 2 Président de la République D’entreprendre l’initiative de convoquer le dialogue entre l’opposition, la majorité et la société civile en sa qualité de garant de la nation ; Réconciliation & processus démocratique Dégager le consensus électoral et politique sur le processus en cours Immédiat 3 Parlement D’adapter une législation répartissant clairement les attributions entre le ministère de la communication et médias et le CSAC ; Ratifier de la charte africaine de la démocratie, les élections et la gouvernance ; Renforcer la législation en matière de création des partis politique ; Adopter le projet de loi d’accès à l’information ; Médias A court terme Accélérer la mise sur pied de la Commission Nationale des Droits de l’Homme ; Renforcement de capacité des les juges et avocats électoraux dans le traitement du contentieux électoral ; Réhabilitation d’infrastructures des Cours et tribunaux où seront traités les contentieux électoraux à travers le pays ; Poursuite des responsables de violations des droits humains, compris les éléments des forces de l’ordre public impliquées dans les événements 19, 20 et 21 janvier 2015 ; Mise en liberté des toutes les personnes innocentes arrêtées arbitrairement lors des manifestations du 10, 12, 19, 20 et 21 janvier 2015 et poursuite des pilleurs, et des éléments de la police trempées dans les tueries ; Droit de l’homme Justice électorale Justice électorale Régulation claire et non partisane des medias surtout en période électorale Renforcer la gouvernance démocratique Eviter l’improvisation et des partis fantaisistes Renforcer la transparence et la redevabilité des gestionnaires de la chose publique Renforcer la surveillance des droits de l’homme en période électorale Renforcer la capacité des Juges et des avocats Améliorer les conditions de travail des juges électoraux Droits humains & justice Renforce la gouvernance dans le domaine des libertés et manifestation publique immédiat Droits humains Renforcer les mesures de lutte contre l’impunité et le respect des droits de manifestation Immédiat 4 Pouvoir judiciaire Gouvernance électorale Gouvernance politique Droit d’accès à l’information A court terme A court terme Immédiat Immédiat Immédiat Immédiat Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- N° 5 6 Destinataire Gouvernement CENI Recommandations Décaisser en urgence le budget alloué de la CENI ; Accélérer le processus de mise en œuvre de la décentralisation et le plan de construction des infrastructures des nouvelles institutions provinciales et locales ; La publication de calendrier global et le budget détaillé, claire et transparent de toutes les élections tenant compte du délai constitutionnel ; Diligenter une étude sur l’organisation simultanée des élections (couplage) ; De relancer les opérations des mises à jour du fichier électoral en prenant en considération les nouveaux majeurs et la Diaspora ; De rendre public des appels à candidatures pour le recrutement des responsables d’antennes locales ; De confirmer l’engagement définitif des actuels Secrétaires Exécutifs provinciaux en place agissant provisoirement ou lancer les nouveaux appels à candidature Domaines Appui Financier Décentralisation Planification rationnelle des opérations électorales Calendrier électoral et couplage Objectifs Doter la CENI des moyens financiers Doter des nouvelles provinces et entité territoriale décentralisés des infrastructures pouvant accueillir les nouvelles autorités Le respect du délai constitutionnel d’organisation des élections et la préparation des parties prenantes Etudier la possibilité d’organisation des tous les scrutins dans le délai constitutionnel Fichier électoral Renforcer la jouissance du droit civique et politique d’une partie de la population exclus et baisse de la tension Administration Assurer la transparence dans le Electorale recrutement du personnel de CENI Stabilité et Eviter de s’investir dans le professionnalisme de personnel que l’on ne saura pas l’administration utiliser électorale Timing d’exécution Immédiat Immédiat Immédiat immédiat Immédiat Immédiat Immédiat Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- N° 8 7 Destinataire Communauté Internationale Société civile Recommandations D’initier le processus de dialogue politique entre les parties prenantes sous l’égide de la MONUSCO (classe politique toute tendance confondue et société civile) préconisé par la résolution 2098 du conseil de sécurité ; La MONUSCO devra accompagner le gouvernement congolais dans le processus des reformes du secteur de sécurité (armée, police et justice) ; D’appuyer techniquement et financièrement la CENI moyennant le calendrier global Population congolaise Objectifs Timing d’exécution Immédiat Dialogue politique Renforce la confiance entre les acteurs politiques, décrisper l’environnement politique et dégager un consensus politique et électoral qui respecté par tous Sécurité électorale Renforcer la sécurité électorale Immédiat Appui technique et financier Renforce le moyen d’action de la CENI Dès la publication du calendrier global Immédiat D’appuyer techniquement et financièrement les Education organisations de la Société civile dans l’éducation électorale civique électorale de la population et l’observation électorale domestique ; Renforcer l’ancrage et appropriation des valeurs démocratiques à la base ainsi que la surveillance de l’intégrité D’accélérer la mise en pied de la commission d’éducation civique et électorale de la population non partisane et inclusive ; D’interagir dans l’observation, et la surveillance citoyenne des prochaines élections ; Renforcer l’éducation civique de la population par la sensibilisation et vulgarisation des textes électoraux Renforcer la transparence et le respect de la volonté des électeurs Immédiat Assurer l’accès équitable dans les médias publics et prévenir les violations des droits humains et violences liés au processus électoral Renforcer l’ancrage et l’appropriation des valeurs démocratique à la base Immédiat D’organiser le monitoring des médias, des droits humains et Elections 8 Domaines De rester vigilant et mobiliser en s’appropriant la défense des acquis de la démocratie. Education électorale Intégrité et transparence du processus Intégrité et transparence du processus Education civique Immédiat Immédiat Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- ANNEXE ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT JURIDIQUE DES ELECTIONS Sans un cadre juridique adapté (tableau n°2) au standard international et une administration électorale impartiale, il n’est pas facile d’évaluer l’organisation des élections reflétant le respect de la volonté des citoyens à savoir : élections périodiques, honnêtes, universellement égal et au scrutin secret, susceptibles d’assurer l’expression libre de la volonté des électeurs.55 Les observateurs de la NSCC sont d’avis que le respect de la volonté du peuple, qui est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics56, est possible, si le peuple peut s’exprimer par des élections honnêtes à travers un cadre juridique efficace. C’est dans ce contexte que la RDC a ratifié un arsenal (tableau n°1) des Conventions et des Traités internationaux à travers lesquels, elle s’engage à respecter ces standards dans le domaine des droits humains et des libertés des citoyens. Tableau n°1 : Instruments juridiques Internationaux N° Instruments juridiques Internationaux Date de ratification 01 La convention sur l'élimination de toutes les formes de 21 Avril 1976 discrimination raciales 02 Le pacte international relatif aux droits civils et politiques 1er Novembre 1976 La convention internationale sur les droits économiques, 1er Novembre 1976 03 sociaux et culturels 04 La convention sur les droits politiques de la femme 12 Octobre 1977 05 La convention de Vienne sur le droit des traités 24 Juillet 1977 06 La convention relative aux droits de l'enfant 27 Septembre 1999 07 La charte africaine des droits de l'Homme et des peuples 9 Septembre 1999 08 Le protocole de la communauté sud africaine de 04 Aout 2001 développement contre la corruption 09 Le protocole de la charte africaine des droits de l'homme et 5 Décembre 2003 des peuples sur les droits des femmes en Afrique 10 La convention africaine sur la prévention et la lutte contre la 5 Décembre 2003 corruption 11 La charte africaine sur la démocratie, les élections et la 29 Juin 2008 gouvernance 12 La Convention relative au statut des réfugiés 1970 13 La Convention contre la torture et autres peines ou 1996 traitements cruels, inhumains ou dégradants 14 La Convention Internationale sur l’élimination et la 1978 répression du crime d’Apartheid 15 Le Protocole relatif à la création d’une cour africaine des 2001 droits de l’homme et des peuples 16 La Convention pour la prévention et la répression du crime 1972 de génocide 17 La Convention relative aux droits des personnes 2013 handicapées et son protocole facultatif. Source : Archives NSCC 2014 55 56 Pacte international relatif aux droits civils et politiques, art 25b Déclaration Universelle des droits de l’homme, art. 21 43 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- Tableau n°2 : Cadre Juridique régissant le Processus Electoral en RDC N° Cadre Juridique régissant le Processus Electoral en RDC 01 La Constitution de la RDC du 18 Février 2006, modifiée par la loi n°11/002 du 20 Janvier 2011 02 Loi n° 04/002 du 15 Mars 2004 portant Organisation et fonctionnement des partis politiques 03 Loi n° 04/024 du 12 Novembre 2004 relative à la Nationalité Congolaise 04 Loi n°07/008 du 4 Décembre 2007 portant statut de l’opposition politique 05 Loi n°08/005 du 10 Juin 2008 portant financement public des partis politiques 06 Loi n° 06/006 du 9 Mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, telle que modifiée et complétée par la loi nº11/014 du 25 Juin 2011 07 Loi Organique n°13/012 du 19 Avril 2013 modifiant et complétant la loi organique N°10/013 du 28 Juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI 08 Ordonnance N°13/058 du 12 Juin 2013 portant investiture des membres de la CENI 09 Résolution n°04/CAB/AN/AM/2013 du 07 Juin 2013 portant entérinement de la désignation des membres de la CENI 10 Règlement Intérieur de la CENI 11 Code de bonne conduite des membres de la CENI 12 Ordonnance-Loi 82-020 du 31 Mars 1982 portant Code d'organisation et de compétences judiciaires 13 Loi organique n° 11/001 du 10 Janvier 2011 portant composition, attributions fonctionnement du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication. 14 La loi organique n° 13/026 du 15 Octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle 15 Loi organique n° 08/013 du 5 Aout 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la Magistrature 16 Loi organique n° 06/020 du 10 Octobre 2006 portant statut des magistrats 17 Ordonnance n°014/070 du 19 Novembre 2014 portant nomination du Procureur général près la Cour constitutionnelle 18 L’Ordonnance n°14/071 du 19 Novembre 2014 portant nomination des Premiers avocats généraux et des avocats généraux près la Cour constitutionnelle. 19 Loi organique n°13/011 du 21 Mars 2013 portant Institution, organisation et fonctionnement de la commission nationale des droits de l’homme. 20 Loi organique n°13/010 du 19 Février 2013 relative à la procédure devant la cour de cassation 21 Décret n° 09/35 du 12 Août 2009 portant création, organisation et fonctionnement de l'Entité de Liaison des Droits de l'Homme en RDC 22 Décret n° 09/38 du 10 Octobre 2009 portant création, organisation et fonctionnement de l'Agence nationale de lutte contre les violences faites à la Femme et à la Jeune et Petite Fille 23 Loi n° 09/001 du 10 Janvier 2009 portant protection de l'enfant Source : Archives NSCC 2014 Les observateurs de la NSCC notent qu’à ce jour aucune initiative n’est envisagée pour la mise sur pied de la Cour de Cassation ainsi que le Conseil d'Etat. La RDC n’a pas encore ratifié la charte africaine de la démocratie, les Elections et la gouvernance. L’absence de la volonté politique de la part du Bureau de l’Assemblée Nationale et le retard accumulé dans la mise en place de la Commission Nationale des Droits de l’Homme continue de susciter des critiques et inquiétudes, si seulement cette institution est le temple de la démocratie. 44 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- TABLE DES MATIERES CARTE DE LA RDC REPRESENTANT LE NOUVEAU DECOUPAGE TERRITORIAL ................ 2 LISTE DES ACRONYMES ................................................................................................................... 3 INTRODUCTION ................................................................................................................................... 9 CONTEXTE POLITIQUE .................................................................................................................... 11 II. 1. Absence d’un consensus électoral ................................................................................................ 11 II. 2. Une Opposition dépourvue de stratégie commune, pourtant capable de surprendre .................... 12 II. 3. Intolérance politique et menace de la liberté d’opinion ................................................................ 12 II. 4. Climat d’insécurité à l’Est du pays ............................................................................................... 14 METHODOLOGIE ............................................................................................................................... 14 I. REFORME CONTROVERSEE DU CADRE LEGAL DES ELECTIONS ..................................... 15 I.1. Une loi électorale controversée aux conséquences sociales explosives ......................................... 16 II. ADMINISTRATION ELECTORALE ............................................................................................ 19 II.1. Composition de la CENI ................................................................................................................ 19 II.2. Mission .......................................................................................................................................... 20 II.3. Fonctionnement ............................................................................................................................. 20 II.4. Démembrements locaux ................................................................................................................ 21 II.4. Personnel ....................................................................................................................................... 23 II.5. Formation....................................................................................................................................... 24 II.5.1. Membres et cadres de la CENI ................................................................................................... 24 II.5.2. Société civile............................................................................................................................... 24 II.5.3. Confessions religieuses ............................................................................................................... 24 II.5.4. Justice électorale ......................................................................................................................... 24 II.5.5. Préparation de la Feuille de route ............................................................................................... 25 III. ANALYSE TECHNIQUE DE LA FEUILLE DE ROUTE ........................................................... 26 IV. EVALUATION DU CALENDRIER ELECTORAL DES ELECTIONS URBAINES, MUNICIPALES ET LOCALES ........................................................................................................... 28 IV.1. Faible qualité des observateurs à long terme accrédités............................................................... 29 IV.2. Audit externe du fichier électoral ................................................................................................. 30 IV.3. Affichage et consultation des listes provisoires des électeurs ...................................................... 30 IV.3.1. Faits observés sur les sites visités de 7 antennes de Kinshasa ................................................. 31 IV.3.2. Faible Sensibilisation des électeurs ........................................................................................... 31 IV.3.3. Consultation des listes électorales provisoire : faible participation de la population................ 32 IV.3.4. Délivrance des duplicata des cartes des électeurs ..................................................................... 32 V. GENRE ET PARTICIPATION DES FEMMES .............................................................................. 33 45 Nouvelle Société Civile Congolaise Rapport de Surveillance citoyenne du processus électoral en RDC --------------------------------------------------------------------- V.I. Environnement juridique ................................................................................................................ 33 VI. DROITS DE L’HOMME ET ELECTIONS ................................................................................... 34 VI.1. Environnement juridique .............................................................................................................. 34 VI.2. Cas de violation des droits de l’homme liée aux élections........................................................... 35 VII. MEDIAS ........................................................................................................................................ 37 VII.1. Focus espace médiatique congolais ............................................................................................ 37 VII.2. CSAC et harcèlement des medias proche des opposants ........................................................... 38 IX. Recommandations .......................................................................................................................... 39 ANNEXE .............................................................................................................................................. 43 ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT JURIDIQUE DES ELECTIONS .......................................... 43 46