DES TRUFFES ET DES MORILLES AU HAVRE ET DANS SES

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DES TRUFFES ET DES MORILLES AU HAVRE ET DANS SES
DES TRUFFES ET DES MORILLES AU HAVRE ET DANS SES
ENVIRONS (SEINE-MARITIME, NORMANDIE, FRANCE) : MAIS OÙ
SONT-ELLES PASSÉES ?
par Alain DESCHANDOL
Secrétaire de la Société Linnéenne de la Seine maritime
INTRODUCTION
La Truffe est le plus cher et le plus recherché des champignons. Une douzaine d’espèces sont
présentes en France parmi la trentaine connue, certaines faisant l’objet de cultures intensives
(truffières) eu égard à la demande et à leur valeur marchande. Chaque année, dans les régions
trufficoles, on assiste à de multiples manifestations en l’honneur de ce tubercule : foire aux
truffes, fêtes, visites de truffières, etc.
Si les truffes se trouvent majoritairement dans les régions méditerranéennes (Italie, Espagne,
Sud de la France, etc.), certaines espèces se développent dans des pays situés plus au Nord
tels que l’Allemagne et l’Angleterre.
Fig. 1 : La recherche des truffes à l’aide d’un cochon truffier.
(Gravure du 19e siècle).
LA TRUFFE N’EST PAS RARE EN NORMANDIE
En Normandie, la truffe d’été (Tuber aestivum) peut se
récolter d’avril à octobre, alors que l’on trouve la truffe grise
(Tuber uncinatum) d’octobre à janvier. Ces deux espèces
signalées notamment dans l’Orne et le Calvados sont
comestibles (Fauvel, 1874 ; Maire, 1913 ; Bugnon et
Lemercier, 1920).
Bénéficiant d’un sol argilo-calcaire, les environs de Sées ou d’Argentan, dans l’Orne, sont
particulièrement favorables au développement des truffes qui poussent auprès d’essences
symbiotiques telles le chêne, le charme, le noisetier,...
En 2011, lors d’une prospection dans un sous-bois près d’Alençon, un mycologue qui
s’intéresse à ce champignon depuis quelques années, a récolté une bonne douzaine de truffes
noires (Tuber melanosporum) en une journée, soit pas moins de 400 grammes (Devillard,
2011).
CUEILLETTES DANS LA RÉGION HAVRAISE
En fin d’année 1927, un jeune pupille de la Société Linnéenne, Jean Fenouil, découvrait par
hasard un gisement de truffes au lieu-dit « La Pissotière à Madame », près d’Oudalle. Ayant
montré sa trouvaille aux mycologues de l’association, ceux-ci l’identifièrent d’abord comme
étant l’espèce Tuber brumale et décidèrent d’entreprendre une étude sur les truffes car cette
espèce n’était pas connue dans la région. Un examen microscopique du champignon révéla
qu’il s’agissait en fait de l’espèce Tuber mesentericum, appelée vulgairement Truffe fouine en
Bourgogne ou Truffe de Lorraine (Reiber, 1927 ; Anonyme, 1928 ; Dentin, 1930 ; Delaon,
1930).
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Une rumeur disait que le découvreur avait exploité le filon avec son oncle, un rôtisseur
havrais, jusque dans les années 1942-1943. L’installation d’un camp américain en 1945 en
haut de la vallée bouleversa le terrain et plus aucune truffe ne fut ramassée dans l’endroit.
En 1912, Raoul-F. Mail, futur président de la
Société Linnéenne, avait déjà découvert une
station similaire, mais l’endroit était demeuré
inconnu.
Fig. 2 : Truffe Tuber melanosporum. (Photo
Trufamania).
Ces dix dernières années, deux découvertes ont
été signalées localement. À Notre-Dame-deGravenchon, un citadin procédant au nettoyage de son jardin fut intrigué par trois masses au
pied d’un arbre qu’il prit pour des cailloux inhabituels. En les examinant de plus près, il
constata qu’il s’agissait de truffes. Il garda précieusement son trophée dans le réfrigérateur,
mais apprit plus tard qu’il s’agissait d’une espèce non comestible. Plus récemment, un jeune
homme fit une découverte similaire dans son jardin de la Cité Chauvin au Havre, mais en un
seul exemplaire. Ces deux découvertes ont été relatées dans la presse, car il s’agissait
d’événements peu banals.
Signalons en passant qu’une autre espèce de champignon, la Morille, était abondante dans la
région du Havre il y a plusieurs décennies ; elle est introuvable aujourd’hui. On en ramassait
pourtant des paniers entiers autrefois.
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BIBLIOGRAPHIE
Anonyme (1928) – Compte-rendu de la réunion du 13 décembre 1927. Bulletin mensuel de la
Société Linnéenne de la Seine maritime, n° 1, janvier 1928, p. 2-4.
BUGNON et LEMERCIER (1920) – Présentation de spécimens d’une truffe (Tuber
excavatum Vittadini), récoltés dans un jardin aux environs d’Argentan. Bulletin de la
Société Linnéenne de Normandie, 1919 (1920), 7e série, vol. 2, p. 27.
DELAON P. (1930) – Étude histologique d’une truffe trouvée aux environs du Havre.
Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de la Seine maritime, n° 7-8-9, juillet-aoûtseptembre 1930, p. 13-15.
DENTIN L. (1930) – La Truffe. Sa découverte aux environs du Havre. Bulletin mensuel de la
Société Linnéenne de la Seine maritime, n° 7-8-9, juillet-août-septembre 1930, p. 4-13.
DEVILLARD M. (2011) – Mais si, la truffe noire pousse aussi dans l’Orne ! Ouest-France,
dimanche 2 janvier 2011.
FAUVEL (1874) – Communication sur un coléoptère et sur les truffes. Bulletin de la Société
Linnéenne de Normandie, 1873-1874 (1874), 2e série, vol. 8, p. 150-151.
MAIRE R. (1913) – Communication sur la Truffe de Blot, Tuber Blotii Deslongch. trouvée à
Colleville. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 1910-1911 (1913), 6e série,
vol. 4, p. VIII-IX.
REIBER C. (1927) – Compte-rendu de la réunion mensuelle du 8 novembre 1927. Bulletin
mensuel de la Société Linnéenne de la Seine maritime, n° 12, décembre 1927, p. 94-96.
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