la protection de la population face aux tornades - Build

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la protection de la population face aux tornades - Build
La protection de la population face aux tornades aux États-Unis.
18 avril au 2 mai 2014
Félix MÉLOU
Antoine MEULEMAN
QUATRIEME ARTICLE, REDIGE APRES NOTRE SEJOUR EN OKLAHOMA ET AU TEXAS DU 9 AU 20 JUIN 2014
LA PROTECTION DE LA POPULATION FACE
AUX TORNADES AUX ÉTATS-UNIS
Les États Unis, première puissance mondiale, possède un territoire vaste (9 600 000 km2) particulièrement
exposé aux risques naturels. Ceux-ci sont divers, considérables et affectent l'ensemble du pays en toutes saisons.
En effet de nombreuses zones des États Unis sont affectées par des inondations, qu'elles soient issues de crues
comme le long du Mississippi ou d'orages comme à Denver ou Tulsa. Le pays affronte aussi régulièrement des
ouragans très violents comme Sandy en 2012 ou Katrina en 2005 pouvant affecter l'ensemble de la côte est, du
golfe du Mexique à l'Atlantique. Sa côté ouest bordant la zone de subduction de la faille de San Andreas, est
quant à elle, extrêmement vulnérable aux séismes. Le centre du pays n'est pas épargné puisqu'il est sujet à de
nombreuses tornades, parfois très puissantes.
C'est ce dernier phénomène que nous avons étudié, dans l'État d'Oklahoma. Celui-ci a été frappé le 20 mai
2013 par une tornade générant des rafales de vents allant jusqu'à 340 km/h tuant 24 personnes et en blessant
387 autres. En plus du bilan humain, la tornade aurait détruit plus de 1000 habitations principalement dans la
commune de Moore et dans le sud d'Oklahoma City causant 2 milliards de dommages. Deux ans auparavant, le 22
mai 2011, la tornade qui frappa Joplin dans le Missouri tua 162 personnes, fit 1150 blessés et coûta 2,94 milliards
de dollars.
Pourtant, il existe des moyens de protéger la population et de réduire les dégâts face à ces situations
extrêmes. Ceci est l'objet de l'article suivant.
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I) LE PHÉNOMÈNE DES TORNADES
A) Généralités
Une tornade est un tourbillon de vents violents se développant sous la base d'un cumulonimbus (nuage
d'orage) et se prolongeant jusqu'à la surface terrestre. Ce phénomène est rendu visible par les gouttelettes de
condensation qui y naissent, formant une excroissance du nuage souvent en forme d'entonnoir (le tuba), et à la
base par la poussière et les débris qu'elle aspire (le buisson). Il s'agit d'un phénomène assez bref et très localisé.
Les tornades se forment généralement dans une atmosphère fortement instable, c'est-à-dire lorsque la
température décroit rapidement avec l'altitude (affrontement de deux masses d’air de températures très
différentes), et en présence d'une importante variation du vent avec l'altitude (phénomène appelé cisaillement
de vent). Le cas des États-Unis est exemplaire. Au printemps, des courants froids et secs descendent du pôle
Nord, à une dizaine de kilomètres d’altitude. Parallèlement, remontent du golfe du Mexique des courants d’air
chaud et humide à une altitude beaucoup plus basse. Plus de 1000 fois chaque année, la rencontre de ces flux
antagonistes provoque la formation de tornades plus ou moins puissantes. En effet, sur le front de la rencontre, à
partir du nuage d’orage, l’air froid entame un mouvement descendant tandis que l’air chaud commence son
ascension. En météorologie, deux masses d’air de température, de pression et d’humidité différentes ne se
mélangent jamais. Les deux courants tourbillonnants s’enroulent alors l’un autour de l’autre engendrant des
vents verticaux très violents et d’une puissante force d’aspiration.
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L’IMPACT DES TORNADES
AUX ETATS-UNIS :
Ces données sont tirées
d'une collecte d'information
réalisée
par
le
"National
Weather Service" (NWS) qui a
débuté en 1950.
- Il y a 8oo à 1200 tornades
chaque année aux Etats-Unis
- Parmi elles une vingtaine sont
d'intensités F4/F5
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Le cône nuageux se forme rapidement à partir des gouttelettes d’eau en
suspension dans le nuage. À mesure que la tornade avance, des éléments
plus ou moins importants (terre, débris de toutes sortes, etc.) sont
arrachés de la surface, projetés dans les airs et associés à la nature du
cône. La couleur du tuba varie du blanc sale au gris, mais peut aussi prendre
la couleur de la poussière qu’il aspire comme, par exemple, le rouge de
l’argile de l’Oklahoma
L'apparition d'une excroissance conique à la base du nuage vers le sol et
le bruit très intense de soufflerie sont des signes avant-coureurs d'une
tornade.
La durée de vie d'une tornade est de quelques minutes, jusqu'à deux
heures pour les plus longues. Généralement les vents au sein d'une tornade
varient de 120 à 500 kilomètres par heure. Ils tournent dans le sens
contraire des aiguilles d'une montre, dans l'hémisphère Nord. Cependant,
l'inverse a déjà été observé. La vitesse de déplacement d'une tornade est
généralement comprise entre 30 et 100 km/h. Elle se déplace le plus souvent
du sud-ouest vers le nord-est (dans l'hémisphère Nord). L'impact d'une
tornade au sol est très localisé, sa trajectoire peut varier de un kilomètre à
une centaine de kilomètres. De même son diamètre, généralement d'une
centaine de mètres, peut varier de cinquante à mille mètres.
- 1953 fut l'année la plus
meurtrière avec 519 morts.
- La moyenne durant les 10
dernières années et de 62 morts
par an.
- Le cout des destructions dues
aux tornades au cours de l'année
2008 s'élève à 1 milliard de
dollars.
- Depuis 1953 les tornades sont
responsables de 57 % du cout
global
engendré
par
les
catastrophes
naturelles
aux
Etats-Unis.
- En 2007 ce chiffre s'élève à
69 %.
- En moyenne 54 tornades
touchent
l'Etat
d'Oklahoma
chaque année.
Plusieurs régions du monde sont touchées par les tornades (Australie, Japon, Bengladesh, Europe de l'ouest,
Afrique du Sud,...), mais c'est dans le centre de l'Amérique du Nord que les tornades sont les plus fréquentes, à
l'est des Rocheuses. Aux Etats-Unis, elles se retrouvent sur les états situés dans la "tornado alley" (i.e. Texas,
Oklahoma, Nebraska, Kansas et Missouri). Mais aussi, bien qu'elles y soient moins fréquentes, dans les états
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entourant la "tornado alley" (i.e. Arkansas, Illinois, Iowa, Indiana, South Dakota, Mississipi...). Enfin le Canada est
également touché par ce phénomène, beaucoup plus rarement, on les retrouve surtout en Saskatchewan et dans
le sud-ouest de l'Ontario (53% des tornades canadiennes).
La formation de la "tornado alley"
Aux Etats-Unis, il existe une saison ou l'occurrence des tornades est la plus importante : du mois de mai au
mois de juin. Celles-ci ont tendance à se former plutôt en fin d'après-midi ou en début de soirée. Toutefois des
exceptions existent.
B) Conséquences
LES DIFFERENTS NIVEAUX DE DESTRUCTION
Ce phénomène extrêmement violent entraine des destructions majeures sur les habitations. On classe la
puissance d’une tornade en fonction des dommages usuellement occasionnés par le phénomène. Ces différents
niveaux de destruction s’échelonnent sur 6 niveaux allant d’EF0 à EF5. L’échelle, dite échelle de Fujita améliorée,
est néanmoins ouverte mais aucune tornade de niveau supérieur à EF5 n’a été observée à ce jour.
S’il est évident que les dommages constatés dépendent de la vitesse du vent, il est pertinent de relever que la
relation entre la vitesse du vent et la pression qu’il exerce sur une surface n’est pas linéaire mais quadratique.
Ainsi pour un vent dont la vitesse doublerait, la pression sur la surface d’un objet quadruplerait.
Les effets destructeurs des tornades sur les constructions sont dus à deux facteurs : la force des vents violents
et la projection de débris.
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Echelle de Fujita améliorée
EFFETS DU VENT
La vitesse extrême des vents peut causer plusieurs types de dommages aux habitations. Pour comprendre les
phénomènes qui entre en jeu lorsqu’un vent violent frappe une habitation, il faut d’abord comprendre que les
rafales créées par les tornades ne sont pas constantes. Leurs vitesses peuvent rapidement croitre ou décroitre.
Un obstacle, comme une maison, sur leurs passages crée des changements de direction et de vitesse qui entraine
un effet de dépression autour de l’obstacle (effet de Bernoulli). Pour une habitation, la déflection du vent crée
donc une force dirigée vers l’extérieur sur les murs et le toit due à la différence de pression entre l’intérieur et
l’extérieur.
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Cet effet de succion des surfaces combiné aux fluctuations du vent agissant directement sur les surfaces
extérieures des bâtis crée un stress sur le bâtiment qui engendre la rupture des connexions liant les différents
éléments de la structure (murs, toits, fondations, poutres, poteaux). De plus le vent s’engouffre souvent à
l’intérieur des habitations, et vient s’ajouter à la pression interne existante dans l’habitation. Il soulève alors le
toit, créant une impression d’explosion lors de l’observation des dommages.
Le courant ascendant du vent du au phénomène de dépression engendre un stress particulier sur les bords des
toitures et sous les porches. Il soulève les éléments de toiture souvent mal fixés et laisse le vent s’engouffrer dans
les combles.
Zone des toitures fortement sollicitée (en rouge)
Effets du vent sur les porches
C’est les combinaisons des forces horizontales et verticales du vent à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments,
ainsi que la différence de pression entre les cotées face au vent (extérieur) et sous le vent (intérieur) des surfaces
du bâtiment par différence de vitesse d’écoulement, qui entraine la destruction des bâtiments qui n’ont pas été
conçus pour résister à tous ces efforts.
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LE NUAGE DE DEBRIS
À partir d’une certaine intensité, le vent est capable de transporter et de projeter des débris à une vitesse
suffisamment importante pour créer d’importants dégâts sur les constructions, blesser ou tuer un individu. On
emploie le terme de missile pour ce référer aux débris emportés par le vent et déplacés avec assez de force pour
casser ou même traverser les fenêtres, les portes ou les murs d’un bâtiment. La vitesse de ces missiles est relative
à la vitesse du vent ainsi qu’à leur taille et leur poids. Généralement plus le vent est fort, plus des missiles lourds
et de tailles importantes peuvent être déplacés (parfois sur de grandes distances) et plus le risque de destruction
et de blessure est important. Mais même de petites pierres, des branches ou des éléments légers peuvent casser
une fenêtre.
Ces débris tournent, montent et descendent autour de la colonne d’air créée par la tornade et peuvent
frapper dans toutes les directions possibles. Afin de donner une idée de la relation existante entre la vitesse des
débris et la vitesse du vent on peut donner le tableau suivant : il correspond à la vitesse normée des tests
d’impacts d’une planche de bois de 6,8 kg et de section 5x10 cm2 sur une structure en fonction de la vitesse
nominale du vent. Ce test définis par l’International Code Concil et la National Storm Shelter Association résulte
de 40 années de recherche sur le terrain. En effet, l’analyse post-catastrophe des dommages et des débris a
permis de définir le poids, la taille et le matériau de ce débris « type » souvent transporté sur de grande distance,
à l’origine de nombreux dégâts sur les habitations, et très fréquemment rencontré sur les lieux du désastre. Les
valeurs suivantes faisant office de norme, elles sont bien évidement surévaluées (notamment pour les vents les
plus faibles), mais elles donnent une idée du danger que constituent les débris.
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Vitesse des débris en fonction de la vitesse des rafales de vents
Un tel débris lancé à 160 km/h a assez d’énergie pour transpercer la plupart des matériaux habituellement
utilisés dans la construction des maisons comme les briques ou la maçonnerie.
Au-delà des planches de bois, un nombre considérable d’éléments différents sont transportés par le souffle de
la tornade et peuvent constituer un danger, qu’il soit de grande taille (comme celle d’une voiture) où très fins
(comme des éclats de verre ou des bouts de métaux). Nettoyer les débris constitue donc la première et longue
tache à réaliser lors de la réhabilitation d’une zone affectée par une tornade. Lors de notre entretien avec Chris
Fox, responsable de l’ONG Serve Moore qui a œuvré suite à la catastrophe de Mai 2013, ce dernier nous a indiqué
que 60 jours avaient été nécessaires pour nettoyer les rues de la ville. L’ampleur de cette tâche s’explique
notamment par le temps nécessaire pour débarrasser les rues et les jardins des petits éléments.
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Jardin d'une maison de Moore remplis de débris de différentes tailles après la tornade de Mai 2013
ZONE D'IMPACT D'UNE TORNADE
Une tornade laisse sur son passage une zone d’impact typique que l’on peut qualifier de corridor de dégâts
(tornado path). Même si les vents les plus forts ne sont pas au centre du vortex créé par la tornade, on constate
que plus on se rapproche de la trajectoire de la colonne d’air plus les destructions et dommages sont importants.
Pour une tornade importante, au niveau du passage de la colonne d’air, la destruction sera totale. Inversement
les habitations relativement éloignées de cette trajectoire n’auront subi que de petits dégâts comme des vitres
cassées, des tuiles arrachées ou une légère torsion de la structure créée par certains débris et par le vent.
L’observation d’une image aérienne d’une zone affectée par une tornade montre donc clairement la
trajectoire de celle-ci grâce aux dégâts qu’elle a engendrée. Plus la tornade sera de forte intensité, plus ce couloir
de dégâts sera large et/ou long. On observe ainsi à quel point une tornade est un évènement naturel localisé et
aléatoire. Deux maisons dans le même quartier peuvent avoir des niveaux de dégâts totalement différents en
fonction de leur emplacement par rapport à la trajectoire de la tornade.
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Zone d'impact typique laissée par une tornade (destructions importantes et localisées)
II) LES MOYENS STRUCTURELS PERMETTANT
D'AFFRONTER LES TORNADES
A) L'abri anti-tornade : intérêts et objectifs
Le besoin de se construire une pièce permettant de se protéger des tornades, appelée tornado shelter (abris
anti-tornade), nait de plusieurs constatations.
D’abord, il est impossible de mettre en place une mitigation valable pour l’ensemble de la communauté face
au phénomène des tornades (comme une digue et des bassins de rétentions contre les inondations ou une zone
tampon et un mur anti-tsunami contre les raz de marée). De plus, la construction d’une maison entièrement
résistante aux tornades n’est pas appropriée. Une telle maison ressemblerait à un bunker et personne n’aimerait
y vivre. Qui plus est, son prix de réalisation serait irraisonnable.
Depuis toujours, la population se protégeait des tornades en se calfeutrant sous le sol (par exemple dans leur
cave) afin de s’abriter du vent. De cette habitude est né le premier type d’abris construit et le plus commun : le
shelter « below ground » c’est-à-dire sous terrain. Ces abris sont soit construit à l’intérieur de la maison dans le
garage ou bien à l’extérieur dans le jardin, par des entreprises spécialisées ou par le propriétaire de l’habitation
lui-même.
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Après avoir observé les destructions faites par de nombreuses
tornades, il a pu être constaté que les petites pièces centrales de
certaines maisons situées sur leur passage n’étaient pas détruites. Cette
constatation a conduit à l’évolution des shelters vers une nouvelle forme
plus facile d’accès : le shelter « above ground » c’est-à-dire hors sol. Ce
type d’abris est généralement une pièce métallique fabriquée par une
entreprise spécialisée et fixée au centre de sa maison. Il peut également
s’agir d’une pièce centrale (comme une salle de bain) construite en
béton armé ou adaptée et renforcée à posteriori.
Il existe ainsi un véritable panel d’abris réalisables.
Peu importe leur aspect, tous ces shelters
doivent répondre aux mêmes objectifs. Le
principal est d’assurer la survie de ses
occupants et de minimiser les blessures. Il doit
également permettre à ses propriétaires de s’y
sentir en sécurité et donc réduire leur anxiété
face à la possibilité du passage d’une tornade.
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QU'EST-CE QUE LA FEMA
La FEMA ou Fédéral Emergency
Management Agency (Agence fédéral
des situations d'urgence) est un
organisme gouvernemental américain,
crée en 1978 et rattaché au
Département de la sécurité intérieure.
Elle intervient principalement dans la
préparation et la gestion de l'urgence
mais aussi dans la reconstruction et le
relèvement post catastrophe. Elle
prend en charge la gestion des grandes
catastrophes naturelles ainsi que celles
liées aux activités humaines.
L'organisme national, divise sa tâche
en 11 zones du territoire américain.
Son budget annuel est de 10,9 milliards
de dollars et son effectif est de 7474
salariés. L'agence, parfois critiquée, est
notamment intervenue après la crise du
11 septembre ou elle assura la maîtrise
de la recherche des survivants, de la
collecte des corps et vestiges humains,
du déblaiement du site, du stockage et
du sort final des vestiges matériels,
ainsi que de l'enquête destinée à
expliquer l'effondrement des tours. Elle
s'occupa aussi de la crise liée à
l'ouragan Katrina, où son inaction fut
vivement critiquée.
Néanmoins la FEMA reste une
référence internationale en termes de
gestion de crise et de mise en place de
mitigations pré-catastrophe.
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Pour atteindre ces objectifs plusieurs critères doivent être
remplis. La plupart de ces critères sont normés par des organismes
tels que l’ICC (International Code Concil) et la NSSA (National Storm
Shelter Association). Ainsi un tornado shelter doit résister à la
perforation des missiles engendrés par le souffle de la tornade. Sa
structure doit résister à la force du vent. Sa conception et sa mise en
œuvre doivent également permettre de résister à l’arrachement au
sol. Enfin, il doit disposer d’un accès facile et d’un système de
ventilation permettant à l’ensemble de ses occupants de respirer
normalement lorsque celui-ci est fermé.
La FEMA et la NSSA émettent des recommandations (FEMA P-320
et 361, ICC 500) sur la construction des shelters qu’il appartient aux
particuliers et aux entreprises spécialisées de suivre dans
l’élaboration de leurs shelters. Par ailleurs la Texas Tech University
(National Wind Institute) procède à des tests dans ses locaux pour
certifier que les recommandations ont bien été observées. Toutefois
aucune de ces entités ne s’engagent à certifier le bon
fonctionnement des shelters. Il existe d’ailleurs un problème de
sémantique concernant la dénomination des abris lié à cette
« subtilité ». En effet, on entend parfois parler de « safe room »
(pièce de sureté) mais la plupart des acteurs participant à leur
élaboration hormis la FEMA se refusent à l’utiliser.
Ces recommandations ne valent pas seulement pour l’installation
de shelter dans les habitations. En effet, les tornado shelters ne sont
pas uniquement l’apanage des particuliers. Ils peuvent parfois être
construits dans les écoles, sur les lieux de travail ou bien pour
l’ensemble d’une communauté. Cependant la construction d’un
shelter commun (pour une école, un camping ou un quartier) est très
souvent sujette à polémique et dépend fortement de la politique mis
en place par la ville ou de la volonté de l’institution privée concernée.
B) Aspects Techniques
LOCALISATION ET CONSTRUCTION
Avant de construire son abri, il faut s'interroger sur son emplacement au sein de l'habitation. En fonction du
type de fondation, de l'accessibilité désirée ou du mode de construction (maison neuve ou existante), il faut
choisir la localisation idéale pour son abri. Au Etats Unis, les trois types de fondation les plus courantes sont les
suivantes ; les fondations avec cave, les fondations avec vide sanitaire ou le dallage sur terrain. Dans les zones
non-inondables, il est fortement conseillé d'installer son shelter dans sa cave, néanmoins celle-ci sont présentes
dans les zones très orageuses comme l'Oklahoma et il faut souvent la débarrasser afin de permettre l'accès à
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l’abri. Si le dallage de la cave peut être utilisé comme sol pour l’abri, les cloisons doivent être indépendant des
murs extérieurs de la cave s’ils ne sont pas renforcer spécialement. Le toit doit aussi être totalement indépendant
du plancher de la maison. Concernant les maisons à dalles posées directement sur le terrain, on trouve les mêmes
problématiques. Dans ce cas de figure, il est possible d'adapter une pièce existante en abri même si une structure
totalement isolée du reste de la maison est toujours préférable. Dans tous les cas une attention particulière sera
apportée sur le renforcement des murs de l'abri et du dallage. Si l'on construit son abri en maçonnerie chainée
par exemple, il sera surement nécessaire de devoir casser une partie du dallage existant pour l'épaissir du fait de
la surcharge. Enfin, dans le cas des fondations avec vide sanitaire, en plus des consignes précédentes, il sera
nécessaire de créer une structure entièrement indépendante (y compris le plancher) avec ses propres fondations.
Dans ce cas, il est souvent plus simple de mettre son abri sur un dallage coulé pour l'occasion à l'extérieur de
l'habitation. Dans tous les cas de figures, il est toujours plus simple de prévoir un abri dès la conception et de le
mettre en place pendant la construction de l'habitation que de le construire dans une maison existante.
Construction des shelters en fonction des fondations de l'habitation De haut en bas : fondation avec cave,
dallage au rez-de-chausée, vide sanitaire
Néanmoins des fabricants de shelters préfabriqués
proposent des solutions adaptées à tous les types de
constructions. Ils mettent généralement en œuvre deux types
de shelters :
o
o
o
o
des shelters sous terrains souvent localisés dans les garages et coulés dans du béton pour l'ancrage
aux sols, mise en œuvre après avoir cassé le dallage existant et terrassé.
des shelters hors sol qu'il suffit de fixer correctement sur le dallage existant.
Ces abris préfabriqués sont idéaux pour installer dans une habitation existante pour un faible coût.
C'est ce type de construction qui est aujourd'hui le plus commun, les adaptations de pièces existantes
étant souvent couteuses.
Si les abris souterrain permettent de ne pas perdre de surface habitable et ne doivent résister qu'à
l'impact des débris se déplacent verticalement, ils présentent plusieurs désavantages :
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leur accessibilité est réduite, non seulement parce que il faut descendre dans le shelter avec un petit
escalier mais aussi parce que leur entrée peut être bloquée (par une voiture du garage par exemple)
ils sont facilement inondables,
ils se salissent et deviennent vite dégoutant,
l'évacuation suite au passage est plus difficile car ils risquent d'être recouverts de débris,
Au contraire, les abris hors sol doivent certes être capables de résister à des rafales de vents de 250 mph (soit
400 km/h) mais leur utilisation semble bien plus pratique.
Emplacements possible des shelters en fonction des fondations et du type d'abris De haut en bas : shelter
hors sol dans une cave, shelter au RdC (adaptation d'une pièce existante), entrée des shelter sous terrain
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MATERIAUX DE CONSTRUCTION
Pour construire les shelters, les entreprises privées utilisent majoritairement trois matériaux différents.
o
o
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L'acier époxy, le moins cher mais également celui qui résistera le moins à l'usure du temps, les shelters
construit dans ce matériaux sont généralement garantis pendant 10 ans. Cet acier à une épaisseur de 6 à 7
mm pour les shelters above ground
On trouve également l'utilisation d'acier galvanisé, plus cher mais plus résistant notamment à la corrosion
dû à l'humidité. Les shelters utilisant l'acier galvanisé peuvent être garanti jusqu'à 25 ans.
Enfin des matériaux composites sont également utilisés pour la construction des shelters below ground qui
sont le plus soumis à la présence d'eau sous le sol ce qui constitue la principale cause d'usure.
Par ailleurs d'autres possibilités sont réalisables pour la construction d'une pièce de sureté telle que
l'utilisation du béton armé ou encore une structure en bois avec des panneaux métalliques.
TESTS
Avant de mettre leurs produits sur le marché les entreprises de construction de shelters font tester leurs abris
notamment par la Texas Tech University (Wind institute), certains shelters ont dû passer les tests jusqu'à sept fois
avant d'être homologués.
Les tests consistent à propulser un débris type (appelé missile) aux niveaux des différents points faibles du
shelter (Cf. figures emplacements des impacts) et d'en constater les effets. Pour être approuvée, la paroi du
shelter ne doit pas être perforée et la déformation doit être inférieure à 3 inches (7,5 cm).
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Selon le code de construction ou les recommandations que l'on souhaite suivre, il existe plusieurs protocoles
de test c'est à dire différent type de missile et différentes vitesses de propulsion. (Cf. tableau protocoles, le vent
de référence correspond à la vitesse du vent considéré pour les constructions dans une région donnée)
TAILLE
Les tornades sont des évènements bref (contrairement à un ouragan par exemple) un tornado shelter n'a donc
pas nécessairement besoin d'être de grande taille, la FEMA recommande de compter 8 pieds carrés (0,5 mètre
carré) par personnes, en effet le confort n'est pas la priorité pour ce type de shelter.
Voici quelques dimensions que nous avons pu trouver chez différents constructeurs :
PRIX
Si le coût des shelters varie en fonction de leur taille, de leur localisation, du type de porte, des matériaux
utilisés ou encore de la nature de l'abri (adaptation d'une pièce de la maison ou abri préfabriqué), de la nature
des fondations de l'habitation. Il est néanmoins possible de fournir différentes estimations.
La FEMA évalue le prix de l'installation d'un shelter au cours de la construction d'une nouvelle maison entre
6000 $ et 15 000 $ (soit entre 4600 et 11600€). Elle fournit dans la publication P -320 sur les shelters dans les
maisons ou petits commerces le tableau suivant:
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Informations concernant le tableau ci-dessus :
8 ft2=6m2
14 ft2=18m2
AG correspond aux shelters above ground (hors sol)
IG correspond aux shelters below ground (sous terrain)
Concernant les prix des abris préfabriqués par des entreprises, ils sont nettement moins élevés. En voici
quelques exemples:
o Pour un shelter sous terrain : de 3000$ pour un abri de 1,7 m2 pour 4 personnes à 4600$ pour un shelter
de 2,6m2 proposé pour 10 personnes en acier galvanisé. Un abri en composite coûtera entre 3600$ et
4300$ pour accueillir 6 à 8 personnes.
o Pour un shelter hors sol de 1,5m2 à 3 m2 : de 3000$ à 5000$.
o Enfin pour un shelter en béton armé déposé à l'extérieur et enfoui au 2/3 de sa hauteur il faudra
débourser environ 2500$.
UTILISATION ET ÉQUIPEMENT
L'équipement d'un shelter se compose d'éléments simples. Parmi eux la porte, l'un des points les plus
sensibles qui est particulièrement étudié. Il existe différent système de verrouillage et de fermeture de la porte.
Ces systèmes nécessites parfois une clef octogonale ou possède une sécurité enfant. Pour les abris construits
comme une pièce à part entière de la maison il existe des systèmes sans porte pour faciliter l'accès. Ce type
d'entrée peut notamment être utilisé pour des shelters commun dans des écoles par exemples.
Exemple d'entrée de shelter sans
porte
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La protection de la population face aux tornades aux États-Unis.
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Les fabricants de shelters améliorent régulièrement leurs produits. Ils développes de nouveau concepts pour
améliorer le niveau de sûreté des abris comme la mise en place de double cloisons permettant d'éviter les
blessures lié aux impacts de débris (sinon il est recommandé de s'éloigner au plus possible des murs afin d'éviter
le choc créé par un renfoncement de la paroi), l'amélioration des systèmes de ventilation ou la mise en place
d'anode en magnésium pour éviter la corrosion. Les constructeurs proposent aussi plusieurs équipements
complétant le kit que déposera sûrement le propriétaire dans son abri comme un treuil pour ouvrir la porte
coulissante des shelters souterrain, des lampes torches ou des casques antibruit (le niveau sonore pouvant
monter jusqu'à 120 dB lors d'impact de débris).
C) Autres Types de Mitigation
Si la mise en place de shelters constitue le moyen le plus efficace de sauver des vies elle ne limite en rien
l'impact des vents sur les constructions. Afin de réduire significativement les conséquences matérielles d'une
tornade, des améliorations dans le code de construction peuvent être mis en place. Ces modifications ont
plusieurs objectifs :
o
o
o
limiter voir annihiler les dégâts sur les habitations touchées par des vents d'intensité moyenne c'est-àdire réduire la zone et le niveau d'impact des tornades
diminuer l'importance du nuage de débris gravitant autour de la colonne d'air de la tornade
augmenter les chances de survie des habitants ne disposant pas de shelter
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Pour consolider les habitations face aux vents, le renforcement des liaisons est une étape primordiale.
L'ancrage des murs aux fondations ou les connecteurs de cisaillement entre les murs et la toiture sont des
exemples de points sensibles de la structure qu'il est possible de renforcer. De même une attention particulière
doit être portée à la fixation de la toiture. Celle-ci, souffre parfois du manque d'assiduité des constructeurs qui en
la clouant au pistolet à partir de l'extérieur, manque souvent les éléments de la charpente. Le vent s'engouffrera
donc bien plus facilement dans la maison et soulèvera le toit.
Conscient des bénéfices que peut apporter l'augmentation générale du niveau de construction à la ville, la
commune de Moore a été la première ville des USA à adopter de nouvelles normes de construction visant à
renforcer les habitations contre les tornades. La ville touchée par deux tornades d'intensité EF5 en moins de 20
ans (en 1999 et 2013) à décider de modifier le code de construction résidentielle pour se préparer à affronter
d'autres catastrophes.
Ce nouveau code apporte les modifications suivantes :
o
o
o
o
o
l'obligation de mettre en œuvre des renforts métalliques de fixation (hurricaine clips) à chaque
chevron
le renforcement des mesures d'ancrages de la structure
la mise en place d'un renforcement extérieur continue en contreplaqué autour des murs de
l'habitation
la mise en place d'une porte de garage résistante aux vents forts (particulièrement couteuse)
empêchant les bourrasques de s'engouffrer
ainsi que d'autres modifications de détails dans la structure.
L'ensemble de ces mesures doit permettre aux habitations de résister à des vents de 135 MpH (217 km/h)
alors que les maisons construites sous l'ancien code sont bâtis pour résister à des vents de 90 MpH (145 km/h) et
sont probablement entièrement détruites à partir de rafale à 120 ou 110 MpH (180 km/h), voir 95 MpH (153
km/h) pour les maisons préfabriquées.
Dos d'une porte de garage résistante aux vents violents (à droite) et hurricaine clips (à gauche)
Même si toutes ces modifications ont un coût (d'environ 8 euros par m2 soit entre 1100 à 1800 euros par
maisons) elles se révèleront très certainement rentables lors de la prochaine catastrophe. De plus elles apportent
d'autres bénéfices. Le nouveau standard augmentera la valeur des biens immobiliers à Moore et améliora l'image
et l'attractivité de la ville si les constructeurs sont près à promouvoir des maisons plus sures. Toutes ces mesures,
issues de l'observation des dommages et de l'étude des conséquences des vents violents sur les structures ont
déjà révélé leur efficacité lors d'événements précédents.
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En plus d'un changement dans le code de construction résidentiel visant à protéger les habitations, les villes
peuvent mettre en place des mesures visant à renforcer leurs infrastructures. Parmi celle-ci plusieurs exemples
peuvent être cités comme la consolidation des bâtiments publics notamment les centres d'urgences,
l'enterrement des lignes électriques ou le remplacement des poteaux en bois par des pilonnes métalliques, ou
encore l'augmentation des connexions dans le maillage du réseau d'eau afin d'assurer l'alimentation en eau de
tous les quartiers en cas de catastrophe.
Enfin puisque les effets de frottement induits par la végétation ou les bâtiments réduisent la vitesse des vents,
on pourrait imaginer des moyens de mitigation globaux pour protéger certaines zones. Si une ceinture d'arbre ne
pourrait pas protéger une ville, à l'échelle d'un parc de mobiles homes ou d'un camping, elle permettrait peutêtre de réduire la vitesse des vents.
III) AMELIORER LA RESILIENCE DE LA
COMMUNAUTE
A) Préparer la ville et l’état à la catastrophe
LA MISE EN PLACE DE SHELTERS COMMUNS : UNE QUESTION DELICATE
La construction de shelter personnel est pour le moment le moyen considéré comme le plus efficace de se
protéger d’une tornade. Cependant tous les américains n’ont pas les moyens de s’en construire un, de plus, on
peut se trouver à l’école, à son travail ou bien dans un lieu public au moment de la catastrophe et donc être loin
de son abri. Se pose alors la question de la construction de shelter commun. Bien que de nombreuses communes
se soient posées cette question, très peu l’on réalisées. En effet, malgré leur apparente utilité, les abris collectifs
présentent de nombreux défauts.
Il existe d’abord plusieurs problèmes d’ordre pratique liés à son utilisation. Que faire si l’affluence est
supérieure à la capacité du shelter ? Qui serait en charge de l’ouverture et de la fermeture ? Quand faudrait-il le
fermer ? Que faire si il y a encore des personnes à l’extérieure ?
Pire encore, les shelters communs pourraient même être dangereux. Ils encourageraient les habitants à se
déplacer en voiture à l’approche de la tornade pour rejoindre l’abri (même trop tardivement) et exposerait donc
les habitants à des situations extrêmement périlleuses. Les shelters communs risqueraient également de
décourager certains habitants à se construire des abris personnels, pourtant plus efficaces.
Il est aussi souvent argué que la construction d’un tel type de shelter est couteuse. Face à l’accroissement
démographique et à la probabilité d’affecter une zone donnés, l’investissement ne serait pas rentable.
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Un exemple d'abri collectif
Pourtant, la mise en place de shelters communs dans les écoles semble être la moins mauvaise des
alternatives. Plusieurs écoliers sont morts après que leur école est été touchée par la tornade de mai 2013 à
Moore. Même si le code de construction obligeait les nouvelles écoles à s’équiper de shelter, qu’en serait-il pour
les écoles existantes ? Aujourd’hui, il appartient généralement aux établissements (souvent privés) de faire leur
propre choix. Pour les campings ou les parcs de mobiles homes, particulièrement vulnérables aux vents violents,
l’aménagement de shelters communs pourrait vraisemblablement sauver des vies. Reste encore la question des
lieux aux accès limités comme les passages supérieurs ou les échangeurs d’autoroute.
AIDE A L'ACHAT DE SHELTER
Afin d'encourager la construction d’abris personnels, considérés comme étant la solution la plus efficace par la
plupart des entités ayant réfléchies à la question, certaines villes mettent en place des aides financières pour
aider les particuliers à acheter ou construire leur shelter. Par exemple, la ville de Moore accorde des primes de
2000 à 3000 dollars (de 1465 à 2195 euros) pour la construction de shelter. Environ 1500 foyers ont pu bénéficier
de cette prime. Afin de sélectionner les bénéficiaires la ville a procédé à une "loterie" les habitants souhaitant
profiter de ce programme sont tirés au sort par ordinateur. La ville de Moore a redistribué de cette façon l'argent
qu'elle avait reçu de la croix rouge et de la FEMA dans le cadre d'un programme de mitigation.
PREPARER LA VILLE A L’URGENCE
Se préparer à la catastrophe ne consiste pas uniquement à envisager les moyens de mitigations. Pour être
efficace, il faut également préparer en amont la réponse à l’urgence. Ainsi plusieurs mesures peuvent être mise
en place pour améliorer l’efficacité du travail des secours. Le recensement des shelters par exemple, permet de
retrouver rapidement les survivants qui peuvent être coincé dans leurs abris recouvert pas les débris. Une autre
idée, anodine mais intéressante, proposée par le responsable de l’ONG ServeMoore, est de marquer de façon
visible, par exemple à la peinture sur le trottoir, le numéro des habitations. Ce marquage constituerait des
repères essentiels lors de la phase d’urgence et du début de la réhabilitation. En effet, après le passage d’une
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tornade, il est pratiquement impossible de se repérer parmi les décombres. Enfin l’organisation des unités de
premiers secours (police, pompiers, hôpitaux) ne suit pas la même logique que pour des catastrophes aux
destructions généralisés comme les séismes ou les ouragans. Si la puissance des vents empêche la construction de
bâtiment résistant aux tornades, son caractère localisé (une tornade n’affectera jamais toute une région) permet
la mise en place de partenariat entre les villes pour répondre efficacement à l’urgence. Ce type de partenariat
existe par exemple entre la ville d’OKC et de Moore, afin de se prêter mutuellement assistance en cas de perte
des unités de premiers secours suite à la catastrophe.
MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’ALERTE
Pour les communes et agglomérations situées dans la tornado alley, il est nécessaire de prévenir la population
de l’arrivée d’une catastrophe. Les tornades sont des évènements qui requièrent des conditions météorologiques
particulières et qui peuvent donc être anticipées. Même une fois formée, le sens et la vitesse d’une tornade peut
être appréhendé. En ce sens la mise en place d’alertes à diffèrent niveau allant du risque de tornade à la présence
d’une tornade dans une localité précise, est un moyen efficace de protéger la population.
Ainsi, les services météorologiques peuvent divulguer à l'avance les jours où le risque de tornade et d'orage
est important. Lorsque les conditions sont critiques, une phase de surveillance appelée tornado watch est
instaurée. Les médias relaient en permanence les dernières évolutions de la météo et rappellent les consignes de
sécurité à suivre. La population est invitée à se tenir régulièrement informée de la situation via la télévision, la
radio ou internet. Cette phase de surveillance dur plusieurs heures. Enfin 17 minutes avant le passage de la
tornade un système d'alerte est activé afin de prévenir les habitants concernés (on parle de tornado warning). Ce
laps de temps avant l'arrivée de la tornade peut paraitre court. En réalité, se temps a été étudié. Il permet de
forcer la population à se concentrer sur l'essentiel et à ne pas perdre son attention. Cependant, il est suffisant
pour permettre de se mettre en sécurité.
En plus des moyens d'alerte classique comme les sirènes, certaines villes telles que Moore proposent de
s'inscrire dans une base de données afin de recevoir des informations par texto et par mail.
Finalement, il faut bien comprendre que se préparer de façon efficace à une catastrophe réside non seulement
dans l'élaboration de moyen de mitigation permettant d'atténuer les conséquences humaines et matérielles
d'une tornade. Mais aussi dans la mise en place d'un ensemble de mesures réfléchies prises par la ville ou l'état.
Quelles soient d'ordre politique, sociale ou administrative toutes ces mesures visent à diminuer le nombre de
victimes suite à la catastrophe.
B) Sensibiliser les citoyens aux risques des tornades
Une des autres missions des pouvoirs publiques réside dans l'éducation de la population. La FEMA, les mairies,
le national weather service (organisme de météorologie national) ou encore la croix rouge américaine fournissent
tous des conseils préventifs pour se protéger en cas de tornade.
ABOLIR LES MAUVAISES PRATIQUES
Ces informations doivent permettre d'abord d'éviter les mauvaises pratiques. Beaucoup d'idées préconçues
représentent en fait un danger en cas de tornade. Les recommandations suivantes en sont de bon exemple.
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Les passages supérieurs ne sont pas des endroits sures. Pendant des années les présentateurs météo ont
affirmé que le seul endroit sûr en cas de tornade était sous le sol. Cette assertion a conduit une partie de la
population à considérer à tort les dessous de ponts, passerelles ou viaducs comme des abris sures. Trois
personnes ont ainsi été tuées à Oklahoma City en 1999 en cherchant refuge sous des viaducs. Voici les raisons
pour lesquelles s'abriter sous un passage supérieur constitue un véritable danger. D'abord ce type d'abris ne
constitue pas une protection contre les débris volants qui sont responsables de la plupart des victimes lors d'une
tornade. Le passage étroit sous un viaduc pourrait même provoquer une augmentation de la vitesse du vent et
donc du nombre de débris volants. De plus il n'y a généralement pas d'éléments structurels permettant de
s'accrocher ou de rebord derrière lesquelles s'abriter dans ce type de construction. Enfin si un pont est sur la
trajectoire d'une tornade, le vent changera de direction à 180 degrés lorsque le tourbillon passera. Ainsi, si un
côté du pont a été protéger du vent lorsque la tornade se rapprochait, ce même coté sera complètement exposé
au vent et aux projections de débris lorsque la tornade s'éloignera et vice-versa. Chercher refuge sous un pont sur
l'autoroute, c'est devenir une cible pour la projection de débris et augmenter le risque d'être soufflé et porté par
les vents. La sécurité dans un tel endroit n'est qu'une illusion et donne un bon exemple de mauvaise pratique à
éviter.
Il ne faut pas ouvrir ses fenêtres. Selon un mythe, les tornades étant des systèmes à très faible pression, ce
serait la différence de pression entre l'extérieur d'une maison et l'intérieur de celle-ci qui causerait sa destruction
par explosion. Il faudrait donc ouvrir les fenêtres en cas de tornade à proximité pour permettre d'équilibrer la
pression. Cette recommandation a longtemps été en vigueur. Pourtant la différence de pression de 10% n'est pas
suffisante pour causer des dommages. En fait le vent entrant dans la maison soulève le toit et pousse les murs à
l'extérieur par effet de pression (voir I.2 effet du vent), créant un effet d'explosion. Quand bien même, il est
difficile de savoir la direction des vents avant le passage de la tornade et ouvrir sa fenêtre exposée au vent
augmente le danger et le risque de destruction. Cela représente de plus une perte de temps précieuse pour aller
se mettre en lieu sûr. La plupart des résidences présente un système de ventilation suffisamment important pour
permettre l'égalisation de pression. Enfin il a été remarqué que la plus grande partie du changement de pression
intervient après l'apparition des vents violents. Ouvrir sa fenêtre est donc inutile.
Eviter de prendre sa voiture au dernier moment. A l'approche d'une tornade, beaucoup de personnes songent
souvent trop tard à prendre le véhicule pour évacuer la zone. Pourtant ces derniers sont des abris extrêmement
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dangereux et peuvent être fatal. Chaque année des personnes meurent dans leur voiture en cherchant à fuir. En
effet, les tornades sont souvent accompagnées d'orages violents provoquant des inondations localisées bloquant
les routes. D'autre part, le déplacement massif de la population crée des embouteillages, surtout dans les grandes
villes comme Oklahoma city, qui ne possède pas les infrastructures de transport nécessaire pour évacuer un
grand nombre d'habitants.
Les restes d'une voiture prise dans une tornade
Les exemples de ses mauvaises pratiques encore trop
souvent mise en œuvre (même en Oklahoma pourtant
touché tous les ans par des tornades), nous montre à
quel point il est important de continuer à sensibiliser et à
préparer la population aux évènements tornadiques.
SE PREPARER A LA CATASTROPHE
Face à l'occurrence et à la rapidité de formation des tornades, les autorités doivent compter sur la capacité de
la population à s'autogérer. De nombreux guides sont diffuser et donnent un ensemble de conseils afin de se
préparer à une catastrophe, quelques soit sa nature. En voici les grandes lignes.
AVOIR UN KIT D'URGENCE
Dans la précipitation, il sera impossible de prendre avec soit tous les éléments importants pour survivre en cas
de désastre. Afin d'éviter d'oublier un article indispensable ou vital, il est nécessaire de préparer à l'avance un kit
d'urgence. Qu'il soit prêt à être emporté avec soit, ou disposé dans son abris (il est même conseiller de préparer 2
kit indépendants pour envisager toutes les situations possibles), il est recommandé de le provisionner pour au
moins trois jours.
Voici une liste non exhaustive des différents éléments qui peuvent être disposés dans un kit d'urgence:
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-une quantité suffisante d'eau pour chaque personne concernée (3 à 4 litres par personnes et par jours
pour boire et faire sa toilette),
-de la nourriture non périssable et qui ne nécessite aucune préparation (avec un ouvre boite si les
provisions comportent des boites de conserves),
-des couverts et des assiettes en plastiques, des serviettes en papier et des ustensiles en plastiques
nécessaires pour manger,
-un kit de premiers soins incluant les médicaments prescrits, des bandages et des antibiotiques,
-divers outils et produits utiles :
-des lampes torches (une par personnes),
-une radio fonctionnant sur batterie et une radio météo (NOAA aux USA) diffusant les informations
météorologiques en permanence,
-un téléphone portable,
-un sifflet pour appeler à l'aide,
-des batteries de rechange pour tous les équipements cités au-dessus,
-des clefs ou une pince (pour couper l'eau et l'électricité) voir un marteau,
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-de l'anti-moustique et de la crème solaire
-des masques contre la poussière
-de la javel d'entretien et un doseur: diluer à 90% de la javel pure (sans additif de couleur, d'odeur ou
autre) peut servir de désinfectant! En cas d'urgence, on peut l'utiliser pour traiter l'eau à hauteur de
quatre bouchons pour 1,5 litres d’eau.
-des vêtements de rechange pour chacun, stocké dans des sacs en plastique hermétiquement fermé
pour les garder sec et propre
-des vêtements et accessoire adapté au climat (lunette de soleil, poncho, gants, manteau, botte,
bonnet etc.)
-des serviettes et des lingettes pour sa toilette personnelle
-des couvertures ou des sacs de couchage
-des objets spéciaux pour
-les bébés - crème, couches, tétines, lait en poudre
-les enfants - des jeux, jouets ou livres pour les occuper
-les adultes des lentilles de contact, des lunettes et un stock suffisant de médicament prescrits
-les personnes âgées - un appareil auditif, une chaise roulante
-les animaux de compagnies - des provisions nécessaires en eau (1,5 litres par jour), et en nourriture,
une laisse, une cage de transport
-objets supplémentaires :
-les documents importants comme les papiers d'assurance, une liste de contact important (famille,
médecins, agent d'assurance etc.), ses informations bancaires, un justificatif de domicile, les
ordonnances importantes, les papiers d'identité de sa famille, et une boite étanche pour conserver
tous ces documents
-ses clefs de voiture
-une carte ou un GPS
-un extincteur (papier, bois, essence, électricité)
-des bâchés en plastique et des attaches (pour couvrir la toiture par exemple)
-un rouleau de large sac poubelle,
-de l'argent liquide et sa carte de crédit
-du papier et des stylos
L'ensemble des idées de cette liste proviennent des documents de la FEMA, de la Croix Rouge US, de la Citizen
Corps Association ou d'associations locales. Chacun doit néanmoins adapter son kit à sa situation et à ses
nécessités.
AVOIR UN PLAN
Pour être prêt à faire face à l'urgence, il est nécessaire d'avoir anticipé et réfléchi à un plan. En cas de
catastrophe, il faudra rapidement évaluer la situation, utiliser son bon sens et prendre en compte l'ensemble des
possibilités qui sont offertes pour se protéger ainsi que ses proches. En fonction de l'intensité de la tornade, de
l'endroit où l'on se trouve et du temps avant d'être touché, la première décision importante à prendre est de
savoir si il faut quitter les lieux ou non.
Pour les processeurs de shelter, il est clair que la meilleure option sera surement de rejoindre au plus vite son
abri. Il est donc important de signaler la mise en place de son shelter aux autorités locales afin de faciliter son
évacuation après le passage de la tornade. Connaître l'existence des shelters de ses voisins est aussi un avantage
car l'on sera où trouver refuge rapidement. La prise en compte des consignes de sécurité exposées dans le
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paragraphe suivant (survivre à la tornade) permet aussi de se protéger le plus efficacement possible si l'on décide
de rester sur place.
Même s'il est fortement conseillé de s'abriter dans un bâtiment, il est possible qu'il n'y ait pas d'autre solution
que de s'enfuir. Encore une fois, la connaissance des consignes de sécurité indiquant les directions à suivre en cas
de tornade (perpendiculairement à sa trajectoire) est vitale. Bien connaître les voix d'évacuation ainsi que les
routes secondaires est aussi crucial, même après la catastrophe.
Enfin, il est important de s'exercer avec ses proches à faire face aux différentes situations de danger que l'on
risque d'affronter afin que chacun soit près et sache quoi faire. Les moyens de communication pouvant aussi être
fortement diminué lors des forts orages, il est utile de prévoir d'optimiser la communication entre chacun de ses
proches.
RESTER INFORME
Suivre la météo, particulièrement au printemps lorsque les orages sont fréquents. Plus vite l'on obtient
l'information, plus on aura de temps pour réagir et mettre en place un plan d'urgence (rejoindre un shelter,
prévenir ses proches, s'occuper de ses animaux de compagnies, etc.) et donc plus on aura de chance de s'en sortir
indemne. Toutes les sources d'informations possibles sont bonnes à utiliser afin de connaître la possibilité
d'orages sévères et de suivre leurs déplacements une fois qu'ils sont apparus.
SURVIVRE A LA TORNADE
Enfin, en complément des informations précédentes, ils existent des recommandations à suivre si une tornade
est sur le point de vous atteindre.
Pour les propriétaires de shelter, la meilleure chance de survie est de rejoindre rapidement son abri. Sinon il
existe des lieux plus sûres que d'autres dans une maison. Ce sont d'abord tous les lieux sous le sol (cellier ou
cave). Ensuite, une petite pièce centrale situés au rez-de-chaussée de l'habitation et de préférence sans
ouvertures et peu meublé constitue le lieu le plus sûre. Les salles-de bain remplissent particulièrement bien cette
fonction, la baignoire pouvant servir d'abri. Si il n'y a pas de pièce centrale, une petite pièce situé à l'est (aux USA)
est considéré comme plus sure. Sur les lieux de travail, la cage d'escalier du rez-de-chaussée sera bien plus sûre
qu'un hall exposer au sud ou à l'ouest. A l'extérieur, la meilleur solution est de rejoindre un bâtiment solide le
plus vite possible, de mettre le plus de mur possible entre soit et l'extérieur et de rester éloigné des portes et
fenêtres.
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Pour pouvoir survivre, tous les moyens de protection sont utiles. On recommande généralement d'utiliser tous
ce qu'il est possible de trouver pour se protéger : cousins, couvertures, matelas, casques, lunettes de
protection,... Dans le pire des cas, il faudra se coucher au sol et protéger ses yeux et son visage.
On peut résumer ces recommandations en trois principes ; aller à l'intérieur, le plus bas possible et se couvrir.
C) Affronter les difficultés sociales
Améliorer la situation face aux risques naturels des couches sociales les plus défavorisé est l'un des défis
majeur à réaliser pour améliorer la résilience globale d'une communauté.
Tous d'abord, les citoyens pauvres sont plus exposés aux tornades. Lorsqu'ils vivent dans des mobiles homes
ou dans des caravanes, ce qui est courant aux USA, ils sont particulièrement vulnérables. Ce type de résidence de
mauvaise qualité, peu ou pas ancrée dans le sol résiste très mal au fort vent. Même si ils sont assez éloignés du
passage de la tornade, ou si celle-ci est de faible intensité, les mobiles homes et caravanes seront bien plus
durement endommagés (à tel point que les locaux parlent parfois "d'aimant à tornade" pour évoquer les parcs de
mobiles homes). Les importantes tornades qui ont touché le centre de la Floride en 1998 par exemple, on faite 42
mort dont 34 dans des mobiles homes et 7 dans des campings cars.
Par ailleurs, même pour un propriétaire, un shelter représente un investissement important rarement
considéré comme une priorité.
Un facteur culturel vient s'ajouter au problème des ressources. L'éducation ou la langue constitue parfois un
obstacle à l'ensemble de la sensibilisation et des alertes mises en place par les pouvoirs publiques. Il est arrivé
que des membres de communautés hispanophones aillent à l'encontre des mesures de sécurité pour aller se
réfugier dans des églises, ce qui a couté la vie à certain d'entre eux.
Si les populations les plus démunies sont les plus vulnérables, elles ont également plus de difficulté à se
relever après la catastrophe. D'abord parce que le système d'assurance est entièrement privé aux États Unis. Il
faut souscrire à une assurance spécifique couvrant les dommages causés par une tornade. Ces assurances sont
chères et les populations pauvres ne peuvent donc pas en bénéficier. Ceci est d'autant plus terrible qu'elles n'ont
ni les ressources pour faire face à l'urgence (payer un motel en hébergement provisoire ou d'éventuelles soins), ni
les moyens de reconstruire leur logement.
Conséquence d'une tornade sur un mobile-home
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D) Se relever après le sinistre
Se relever après le passage d'une tornade n'est pas une chose facile. Les stigmates que laisse un tel sinistre
sont considérables.
Pour aider la population victime de tornades des associations, souvent préexistantes, élargissent leur champ
d'action pour aider les sinistrés. Ce fut notamment le cas après la tornade de mai 2013 dans les villes de Moore et
d'Oklahoma, des associations telles que Serve Moore et Rebuild Together ont contribué à l'effort de relèvement.
En parallèle des aides financières sont mises en place par les municipalités ou bien des organismes tel que la
FEMA pour aider à la reconstruction. Par exemple la FEMA a pu verser une aide de 31000 dollars aux sinistrés non
assurés dans les villes de Moore et de Oklahoma.
Au-delà de l'aspect matériel, les esprits sont également très marqués par une telle catastrophe. Effet, la ville
de Moore a cru voir dans la tornade qui l'a très durement touché en 2013 (plus de mille maisons, et 15
commerces et 2 écoles primaires détruits) l'occasion de reconstruire différemment en essayant de proposer une
meilleur qualité de vie avec : des zones piétonnes, un agencement du quartier différent, de nouveaux
commerces. Cependant les citoyens de Moore se sont fortement opposés à cette idée. Ceux-ci n'étaient pas prêt
à un tel changement et souhaitaient rapidement retrouver leurs repères : le quartier qu'ils avaient connus.
Les habitants de Moore constatant les dêgats après le passage de la tornade du 22 mai 2013
Toutefois les communautés ayant été victimes d'une tornade apparaissent souvent plus soudées : elles ont
connu les mêmes moments de peur et de panique et ce sont aidées au lendemain du sinistre. L'une des preuves
tangible du renforcement des liens au sein de ces communautés et leur désir de faire front ensemble à la
prochaine tornade notamment par le partage des abris anti-tornade. En effet il a pu être constaté qu'au sein de
ces communautés il est plus courant que certains voisins s'associent pour la construction d'un shelter en mettant
leurs économies en commun, ou bien que d'autres proposent d'abriter un proche, en cas de tornade.
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Finalement, cette étape fut pour nous l'occasion de découvrir la reconstruction ainsi que la gestion d'un
nouveau type de catastrophe naturel : les tornades. L'autre spécificité de cette étape fut de travailler pour la
première fois dans un pays développé.
Ces deux éléments ont contribué à l'apport de nouvelles problématiques et de nouvelles thématiques, tel que
les caractéristiques d'une tornade (puissante et localisé), l'impossibilité d'établir une mitigation commune ou
encore la construction de shelter et la question des assurances. Cela nous a également permis d'observer des
différences dans la façon de gérer et de se préparer à une catastrophe naturelle.
Notre voyage aux Etats-Unis fut également l'occasion de faire un long périple au cours duquel les paysages non
cessés de changer : du bayou de la Louisiane au canyon de l'Utah, les rencontres variées : de la bimbo de Floride
au motard renfrogné dans le Colorado et les aventures multiples : du stand de tir dans le Nouveau Mexique à la
panne de voiture dans le désert du Nevada.
Nous tenons à remercier l'ensemble des personnes qui nous permis d'écrire cet article, ainsi que ceux qui nous
ont aidé au cours de notre voyage.
-
Ann Patton, journaliste écrivain et consultante spécialiste de la gestion des risques et de la
reconstruction,
Tim Lovells responsable de l'association de Tulsa Partner,
Jonathan Merrick, Program Manager de l'ONG Rebuilding Together OKC,
Elizabeth Jones, Directrice du pole Community Development de la ville de Moore,
Chris Fox, responsable de l'association ServeMoore,
Larry Tanner, research assistant professor, manager debris impact Facility, instructor.
Ainsi que :
Bruno Piotrowski, pour le téléphone portable qui nous aura beaucoup servi,
Carissa Rone, de nous avoir hébergé et pour ses photos au lendemain du passage de la tornade dans la
ville de Moore,
Nathan Linden, de nous avoir hébergé.
Projet Build-Back-Better
15 février au 15 septembre 2014
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