à partir des travaux du Centre d`Innovation et de Recherche en
Transcription
à partir des travaux du Centre d`Innovation et de Recherche en
Université Paris VIII ÉCOLE DOCTORALE EN SCIENCES SOCIALES 401 Laboratoire EXPERICE Doctorat en Sciences de l’Éducation ÉLÉMENTS POUR REPENSER LA PROFESSIONNALISATION DES MANAGERS à partir des travaux du Centre d’Innovation et de Recherche en Pédagogie de Paris (CIRPP) Résumé Marlis Krichewsky Thèse dirigée par Jean-Louis Le Grand, Professeur des Universités à l’Université Paris 8 Soutenue le 18 Mars, 2013 Jury : René Barbier, Professeur émérite à l’Université Paris VIII François Fourcade, Professeur à ESCP-Europe, Paris et chercheur au CRG Jean-Louis Le Grand, Professeur à l’Université Paris VIII Jeanne Mallet, Professeur à l’Université Aix-Marseille Michel Sonntag, Professeur à l’INSA Strasbourg Caroline Verzat, Professeur à Novancia, Paris 1 Trois tomes composent cette thèse sur travaux autour d'une thématique à la frontière entre les sciences de l’éducation et les sciences de gestion: la professionnalisation des managers. Le Tome 1 (350 pages) est le document principal de la thèse. Le Tome 2 (501 pages) contient les travaux en rapport avec la thématique publiés et co-publiés sous différentes formes qui sont chaque fois spécifiées. Le Tome 3 (confidentiel, 307 pages) contient des textes professionnels, des notes de lecture et des ébauches de textes en Octobre 2012 non encore parvenues à une maturité suffisante pour une publication ou bien encore en cours d'évaluation. Il contient aussi un rapport confidentiel anonymé et n'est pas destiné à être diffusé. Au plus tard depuis 2004, et suite à la la publication de l’ouvrage de Henry Mintzberg Des managers, des vrais et pas des MBA, l’Occident a pris conscience que la formation des managers telle que pratiquée dans les prestigieuses écoles de management aux Etats-Unis et en Europe présente des problèmes de qualité pédagogique. La crise de gouvernance dans certaines grandes banques américaines et dans des entreprises comme Enron a ensuite non seulement provoqué une crise économique sans précédent, mais aussi jeté le soupçon sur la professionnalité et l’éthique professionnelle des décideurs de ces entreprises et sur celles de leurs conseillers qui sont souvent aussi les enseignants titulaires des grandes écoles de management. Le pari de cette thèse est qu’il est possible, à partir d’une compréhension contextualisée (approche systémique) et approfondie (approche clinique) de la situation, d’identifier les figures émergentes du manager et d’apporter quelques éléments pour repenser leur formation jusque dans le concret des formes pédagogiques à privilégier. Bref, c’est un essai de compléter l’entreprise de Mintzberg par une approche enracinée dans les sciences de l’éducation ou plutôt ce que l’auteur de la thèse a su en mobiliser principalement en France et aux Etats-Unis. Les principaux terrains de recherche se situent en France, même si la démarche a été nourrie par des perceptions et des échanges avec des praticiens et des chercheurs en formation au management lors de trois visites d’études et d’échanges aux Etats-Unis en 2011 et 2012 et une, très courte, à Berlin. Les écoles qui m’ont ouvert l’accès à leurs pratiques forment des managers, des entrepreneurs et des ingénieurs. Si, pour les premiers, il s’agit du cœur du métier, pour les deux autres catégories, le rôle de manager est également central dans de nombreuses situations de travail. Le résumé que voici cherche à restituer la quintessence des six parties du Tome 1 de la thèse. 2 Introduction : du paradoxe de faire de la recherche sur le management à l'heure où l'on nous annonce sa fin L’introduction cherche à montrer la pertinence de la thématique de l’ensemble des recherches menées en brossant un canevas de la situation de crise où se trouvent à la fois l’économie occidentale, le management et la formation à celui-ci. Elle montre l’intérêt de ne pas déconnecter une telle recherche des problématiques globales (écologiques, sociales, politiques et psychologiques) auxquelles l’humanité doit faire face. Ces problématiques globales ont en commun d'être toutes des problématiques de gouvernance aux dimensions éthiques et politiques très fortes. Pour les traiter, il est nécessaire, dans la mesure du possible, de regarder au-delà des frontières disciplinaires et nationales. On ne peut même pas imaginer que la culture occidentale, à l'origine de la plupart des problèmes qui obscurcissent notre horizon, puisse suffire, à elle seule, à générer les solutions. Les sensibilités culturelles et les concepts force d'autres cultures pourraient contribuer à un renouveau de la gouvernance à tous les niveaux. Nous avons besoin, pour apprendre à faire autrement, d'une éducation collective qui "passe les frontières" (Colin, 2008). C’est dire que la modestie du chercheur est de mise. Il ne peut espérer qu’apporter quelques éléments pour repenser la problématique, voire contribuer à résoudre quelques problèmes pratiques. Ce dernier aspect est également important dans cette thèse qui se situe dans la recherche-développement (R&D), donc se veut aussi utile. Elle évite cependant de proposer des recettes ou de "bonnes" pratiques qui, de toute manière, ne sauraient être pertinentes qu’en fonction du contexte local et des intentions des acteurs. Chapitre I : Racines et cheminement de ma vie intellectuelle L’épistémologie s’enracine dans la vie et l’histoire de la personne du chercheur. Le Chapitre I met au jour les racines et l’origine de cette recherche doctorale dans ses aspects existentiels, professionnels et intellectuels. La partie personnelle montre entre autres que ce projet de thèse est dû à une situation difficile qui dans ce chapitre donne lieu à un récit court qui exprime une situation de rupture dans le parcours de vie. Aussi bien le projet de thèse que le récit de son origine expriment le besoin de faire le "deuil d'une personne, deuil d'une situation antérieure" (Le Grand, 2008, 115) pour pouvoir "tourner la page". En ce qui concerne la recherche, c'est probablement l'explicitation de mon positionnement épistémique et de ma démarche de recherche qui intéressent le plus. L’objet de la recherche, la formation au management, est d’autant plus complexe qu’il est d’une part construit à partir 3 du contexte (approche systémique) et, d’autre part exploré, au moins en partie, par une approche clinique. Or, la neutralité n'est pas possible dans une telle démarche. Les multiples implications (idéologiques, affectives, économiques) de la chercheure dans sa quête complexe de connaissances permettant de produire des élements pour une refondation de la formation au management en font bien un problème que Le Grand (1994) appelle "implexité" (implication dans la complexité) et ne peuvent pas être complètement explicitées ni neutralisées. L'indicateur le plus frappant est sans doute qu'en passant par des contrats de recherche la chercheure a fini par être embauchée par son terrain, sans pour autant perdre sa liberté de parole: la critique et le décalage étaient les bienvenus depuis le début. Comme le management est une pratique humaine, artificielle, la – relative - pertinence des interprétations repose essentiellement sur la triangulation des données. Dans toutes les recherches présentées dans les textes publiés (tome 2) l'ambition était de faire nuancer et valider les résultats en faisant des restitutions et en sollicitant des retours à la fois auprès des praticiens et des chercheurs. Parmi les multiples outils utilisés (films, questionnaires, observations, entretiens individuels et de groupe), ce sont les entretiens qui ont été au cœur des recherches. En ce qui concerne l’interprétation du contexte et de ses influences sur le monde du management et de la formation à celui-ci, le problème de la validation est encore plus épineux que pour la partie clinique. Une neutralité par rapport aux valeurs est impossible en politique, car les valeurs en sont au cœur, et le chercheur prend parti dès qu’il s’intéresse à certains aspects plus qu’à d’autres. Les contre-stratégies utilisées ici sont la multiréférentialité (Ardoino, 1966) face à la multi-dimensionnalité des objets de recherche, leur contextualisation et le dialogue continu avec tous les acteurs du terrain qui veulent bien s’y prêter et donner leurs interprétations du contexte. Les objets de recherche sont de différents ordres et ont souvent été explorés sur différents terrains: • les pratiques de management , • les besoins en termes de professionnalité, • les organisations (entreprises et organismes de formation), • les dispositifs, • la professionnalisation et ses multiples aspects et, en particulier, celle des managers et entrepreneurs. Ces objets dépassant parfois le champ d’expertise de la chercheure, nombre de travaux ont été menés en équipe et surtout, en binôme avec François Fourcade, chercheur en sciences de 4 gestion qui a la particularité d’être également professeur en management et d’exercer luimême la fonction de manager. Chapitre II : Nouveaux défis du management et figures émergentes du manager Ce chapitre se fonde sur un article co-publié avec François Fourcade en 2011 dans Pratiques de Formation. Analyses, reprend les critiques qui nous ont été retournées et complète le cadre théorique en vue de mieux définir le principaux défis que doit relever le manager en ce début de XXIe siècle. À partir d’un cadre théorique élargi par rapport à celui de l’article, surtout par des apports d’auteurs nord américains, nos propres recherches ont été relues sous de nouveaux éclairages. Elles se situent dans les secteurs des télécommunications, de l’industrie d’armement et de l’avionique et, en complément, celui de l’industrie automobile, terrain amené et enquêté par mon partenaire de recherche. Les managers y sont en général aussi des ingénieurs et n'ont parfois pas eu de formation spécifique au management. Les besoins de formation au management qu'on peut y identifier n'en sont que plus forts, et une étude sur ces besoins dans un groupe industriel appelé ici F&S a confirmé que le travail à accomplir au quotidien exige que les ingénieurs apprennent à être "bilingues" (Verzat, Byrne & Fayol, 2009), c'est-à-dire capables de relever à la fois les défis techniques et ceux du management. En regroupant les défis identifiés, quatre nouvelles figures du manager émergent de l’analyse : • • • • le manager sage (mindful) capable de mobiliser ses ressources intérieures pour retrouver un équilibre toujours menacé; le manager intégrateur pour surmonter le morcellement et aider son équipe à reélaborer le sens de leur action; le manager engageant parce qu’il s’engage lui-même et ainsi mobilise l’énergie et l’esprit d’initiative sans lequel les projets dépérissent; le manager entrepreneur responsable sensible aux enjeux de tous les acteurs concernés par son agir, y compris la nature. Le chapitre débouche sur la question des compétences et des qualités qu’exige une professionnalisation de managers capables d’incarner ces quatre figures. Une attention particulière est portée au rôle, pour la formation au management, de la mindfulness dans la version bouddhiste (Kabat-Zinn, 2002; Mallet, 2003), mais aussi dans une acceptation plus occidentale (Mintzberg, 2004). La pensée systémique (Senge, 1990) et l'écoute sensible de l'autre et de soi (Barbier, 1997) complètent cette approche. Même si une vision transpersonnelle et spiritualiste reste un "ovni" en sciences humaines (Pineau, 2006), il nous 5 semble indispensable de la prendre en considération pour refonder une culture du management qui respecte l'être humain dans toutes ses dimensions. Sans cela, il n'est pas non plus possible d'inclure l'émancipation (Barbier, 2010) dans les visées du management ni de surmonter la vision mécaniciste d'un management dit scientifique qui considère l'humain comme une ressource quantifiable parmi d'autres. L'humanisme se dissout en bons sentiments juste utiles pour la communication externe des entreprises, si une révolution épistémologique qui considère l'être humain dans son intégralité ne change pas la culture et les pratiques du management. Chapitre III : De la professionnalisation en géneral et de celle des managers en particulier Face à des institutions qui bien souvent encore rétrécissent la question de la professionnalisation aux seuls aspects de l’enseignement et de la transmission, il paraît nécessaire de clarifier notre conception du processus de professionnalisation en général et pour les managers en particulier. Diverses disciplines y contribuent par une littérature abondante dont je ne peux citer ici que quelques auteurs emblématiques: les sciences de l’éducation (Bourdoncle, Pastré, Wittorski, Perrenoud), la sociologie (Dubar, Sainseaulieu, Veltz, Zarifian), les sciences du travail (Schwartz, Clot & Faïta, J.M., J.-M.Barbier). Il y a des écoles qui se soucient plutôt de la préparation des étudiants à la vie professionnalisation et elles privilégient le terme "professionnalisation". D'autres privilégient les aspects éducatifs et se centrent plutôt sur l'émancipation et l'épanouissement du potentiel de chaque être humain singulier. Cette dichotomie traverse le monde académique comme la société. Mais en réalité les deux épistémolgies ne s'excluent point: pour être un "bon" professionnel il faut prendre plaisir à son travail et s'y épanouir, même dans des fonctions modestes. Et d'un autre côté, pour jouir vraiment de son autonomie, il faut être capable de gagner sa vie et de se faire reconnaître pour ses compétences. Le projet DeSeCo des l'OCDE, qui affichait la double ambition de l'épanouissement individuel et la prospérité de la société était fondé sur la compréhension de cette complémentarité. Cette recherche doctorale ne porte pas exclusivement sur la thématique de la professionnalisation. Néanmoins il a été très important d'intégrer la quintessence des principales idées disponibles dans un modèle de professionnalisation qui se joue dans des processus complexes. Le modèle construit ainsi se caractérise par : • son extension à l’ensemble de la vie professionnelle même si, d'après Pastré (2006), dans certains métiers, l'apprentissage "plafonnerait" assez vite; 6 • • sa force d’intégration, car tout en étant essentiellement constructiviste et basé sur l'expérience, il donne une place importante à la transmission; la place attribuée au sujet comme l’auteur espéré de sa propre professionnalisation qui est en même temps aussi l’élaboration d’un nouveau soi possible (Dubar, 1995; Kaufmann, 2004; Rossiter, 2007). • Cette professionnalisation tout au long de la vie active est inachevable dans le sens qu'il est toujours possible d'aller plus loin sur certains points ce qui sauve l'individu de la morne répétition de la routine. Les principales critiques adressées aux grandes écoles de management inspirant des débuts de réformes sont que: • • • • • les rankings internationaux provoquent à la fois une compétition féroce entre les écoles et une homogénéisation par l’effet normatif de leurs principaux critères; les visées des formations ne sont pas toujours très claires entre acculturation au milieu dirigeant, transmission de savoirs et construction de compétences; le conservatisme des écoles de management est conforté par le fait qu’il y a bien plus de candidats aux formations que de places disponibles; la compétence réelle des décideurs formés dans les écoles de management est mise en doute à cause des déconvenues récentes des économies occidentales; la crise évitable des subprimes, Enron, le démasquage par Marie-Monique Robin des pratiques mafieuses de Monsanto et le maquillage des comptes de la Grèce par Goldman-Sachs ont créé une crise de confiance envers les grandes entreprises et leurs managers auxquels on reproche un manque total d'éthique et même de déontologie. Bref : des soupçons de dilettantisme, de corruption ou, tout au moins, d’inefficacité pédagogique frappent désormais les grandes écoles de management et provoquent chez elles – malgré la célébration continue de leurs succès - des recherches en innovation (Datar et alii, 2010). Certaines d’entre elles comme Harvard Business School, sous l’impulsion de leur nouveau doyen Nittin Nohra (formé à Sloan), commencent à se réformer en instaurant le managers' oath (engagement éthique solennel) et en se tournant vers le action learning en prenant exemple sur la Sloan School of Management qui l’a introduit dès les années 1990. D’autres HEC par exemple – ont ouvert une chaire d’alter-management et s’intéressent désormais aux ONG et aux entreprises sociales et solidaires. D'après Lemaître (2011), la professionnalisation des filières de formation en cours dans les grandes écoles françaises se fait sur trois modèles accentuant, selon les cas, un des trois aspects suivants: l'expertise technique, la recherche ou le management. Si l'on peut douter de l'efficacité de promesses solennelles imposées, l'introduction de l'apprentissage expérientiel et du action learning à la Sloan nous semble très intéressante pour n'importe quel enseignement professionnel et celui du management en particulier. Le chapitre 7 IV présente en une vue d’ensemble les éléments théoriques et modèles issus de nos recherches et au service de ces modes d'apprentissage individuel et collectif et les discute ensuite dans le détail tout en renvoyant aux textes de recherche réunis dans le Tome 2. Chapitre IV : Contributions conceptuelles et pratiques à un renouveau dans la formation de managers Les résultats de nos recherches sont les suivants : Professionnalisation et pédagogie transitionnelle. Ce qui nous importe est de modéliser une approche globale d’amorçage et de soutien du processus de professionnalisation par la formation. Il s'agit d'aménager un environnement d’apprentissage favorable pour élaborer sa professionnalité en termes de compétences techniques, de compétences transversales non techniques (CTNT), en termes d’identité et de socialisation professionnelles. L'apprenant est au centre et est appelé à devenir peu à peu l’auteur de ce processus complexe qui se déroule essentiellement comme un tissage - oeuvre du sujet apprenant - entre la transmission et l’expérience. Les différentes phases et le pilotage de la progressivité dans une telle professionnalisation tout au long de la vie demandent des formes d’accompagnement et de facilitation particulières. Ainsi nous montrons que, dans l’apprentissage expérientiel, il y a trois modes avec des degrés différents d’engagement demandé aux apprenants : • • • apprendre à partir de l’expérience d’autrui, apprendre par sa propre expérience et s’expérimenter soi-même en allant délibérément à la rencontre de situations d’apprentissage. Le formateur joue de différentes postures professionnelles en fonction des besoins des apprenants ne comptant non seulement sur lui-même, mais aussi sur le groupe des apprenants et sur le dispositif, c’est-à-dire l’environnement créé, aménagé ou choisi en tant que situation d’apprentissage. Courtois (2006, 92) le résume en disant qu'il y a trois maîtres: soi, les autres et l'environnement. Les dispositifs vides habitables (DVH). Ce concept a été développé en relation avec une série d’expérimentations pédagogiques menées dans plusieurs organismes d’enseignement supérieur, principalement des écoles de management et d’entrepreneuriat. En tant que dispositifs, les DVH exercent à la fois des contraintes et ouvrent des espaces d’autonomie (par un vide relatif). Pour le développement des CTNT, mais aussi pour toute appropriation de contenu, ces espaces à la fois vides et 8 " habitables " sont essentiels, car autrement l’initiative de l'apprenant ne peut pas se déployer. L’habitabilité dépend d’éléments impondérables comme l’ambiance, un mélange entre familiarité et nouveauté et les relations avec les autres acteurs. L’initiative (souvent appelée de façon un peu restrictif esprit d’entreprise), en tant que CTNT centrale et condition même de l’apprentissage actif et autodirigé, a attiré toujours plus notre attention au fur et à mesure que la recherche avançait. Ricœur a été d’un grand secours pour comprendre ce phénomène proprement humain et impossible à penser hors du temps dans toutes ses dimensions. Ricœur l’explique comme naissant d’un présent intense où affleurent nos expériences passées et s'enracinent nos espérances d’avenir. L’acte de prise d’initiative ou celui d’entreprendre engage notre responsabilité et s’apparente à une promesse. Développer l’esprit d’initiative (et le désir d’entreprendre) est devenu un enjeu vital pour nos sociétés vieillissantes, conservatrices et bureaucratiques. Sans imagination créative, il n’y a ni initiative ni changement organisationnel (en dehors d’une dégradation involontaire). Or l'imagination créative se nourrit de dialogue et de rencontres et ne peut vivre que dans des systèmes ouverts sur le monde et en interaction avec d’autres systèmes, que ce soit sur le plan de l’individu ou des organisations. Pour refonder la formation professionnelle, au-delà des processus, les systèmes aussi doivent être pensés. Une pensée systémique permet de créer des modèles susceptibles d’étayer les processus. Si le modèle de la professionnalisation (Chapitre III figures 8 et 10) permet de visualiser et de réguler le devenir professionnel individuel, le modèle EBAR (epicycle-based action research) fournit un outil pour concevoir et piloter le développement organisationnel. L’équivalent de la pédagogie transitionnelle au niveau organisationnel existe déjà : c’est la process consultation d’Edgar H. Schein, un psychosociologue du courant lewinien professeur émérite de la Sloan School of Management (MIT). Quant à EBAR, c’est un modèle dérivé de l’étude du fonctionnement du CIRPP et appliqué ensuite à la relecture du changement du fonctionnement de la R&D chez SYSMOD, un équipementier automobile d’importance mondiale, au début des années 2000. Nous en avons conclu qu’EBAR est peut-être une forme de dispositif qui se prête « naturellement » au pilotage de projets complexes car multi-acteurs, multi-sites et multi-enjeux. EBAR, un dérivé du modèle de la recherche-action classique, inclut les aspects "existentiels" introduits et théorisés par René Barbier sous le terme recherche-action existentielle (RAE) en 1996. Ce modèle est souvent représenté par une spirale comportant des séquences alternantes et récurrentes d’action, d’évaluation, de re-conception et de nouvelle expérimentation (comme dans les cycles d'optimisation de la qualité chez Deming et Shewhart). Ce processus progresse autour d’un axe central: la problématique-visée de la recherche-action. Une telle recherche9 action pourrait à la limite être un système clos sur lui-même et ne tourner qu'autour de son unique problématique centrale (modèle dit cybernétique du système). Or EBAR situe le système dans son contexte et le pense comme un système ouvert (« systémisme », Vial, 2001, 237-246) avec des influx de et des productions vers l’extérieur. Dans le cas du CIRPP et de SYSMOD, on peut même aller plus loin dans la modélisation et transformer EBAR en un modèle dynamique de système de systèmes, c’est-à-dire le penser selon la troisième génération de modèles de la systémie que Vial (2001) appelle la systémique, car il y a des partenaires ayant des enjeux à la fois individuels et partagés. Le choix du degré de complexité dépend bien évidemment du service que l’on attend du modèle. EBAR comme système de systèmes est avant tout intéressant pour négocier avec des partenaires aux enjeux divergents et piloter un partenariat dont chaque partenaire doit pouvoir retirer une plus-value à la hauteur de son engagement dans le travail commun. Dans le modèle EBAR, les épisodes de coopération ou de co-création entre partenaires autour d’un objet d’intérêt commun qui se situe à frontière (boundary object, Star & Griesemer, 1989) sont appelés « épicycles » pour exprimer leur dynamique et aussi parce que le modèle a été inspiré à l'origine par le modèle géocentrique du système planétaire conçu par Ptolémée. Les liens entre les épicycles et le mouvement spiralé central de la recherche-action peuvent être plus ou moins éphémères et faibles (Orton & Weick, 1990). Le principal aspect est ce jeu de dons et de contre-dons, d’absorption et de désorption (Lichtenthaler & Lichtenthaler, 2010) entre le monde extérieur et la recherche-action via les « organes » que sont les épicycles. EBAR comme toute recherche-action peut provoquer des changements à tous les niveaux. On peut y produire quelque chose (des biens et des services), élaborer des compétences comme Michel Sonntag (2009) le décrit pour les communautés des pratiques et aussi créer du lien social tout en générant et en régulant le dispositif lui-même par des méta-analyses successives. Dans le cadre de cette recherche, EBAR a également servi à modéliser à la fois la cohérence et la diversité de la production d’un chercheur sur plusieurs années. Pour cette recherche doctorale, cela a permis de faire une synthèse très visuelle. Il paraît probable que le modèle peut non seulement servir à la relecture ex post d'activités de recherche, mais aussi à leur planification souple ex ante et à leur pilotage in itinere. En tant qu’outil de visualisation, il peut être utilisé pour l’évaluation et la régulation de projets complexes. C’est donc un outil de management. EBAR a permis non seulement la distinction et l’articulation des projets de deux chercheurs (François Fourcade et l'auteur), mais aussi des projets de chaque école de la CCIP, du projet institutionnel plus global du CIRPP (qui est une émanation de la direction de 10 l’enseignement, service quelque peu " surplombant " de la CCIP) et des projets des partenaires (écoles étrangères, centres de recherche " amis " etcætera). Au CIRPP on s'en sert pour interroger des aspects comme les flux, les enjeux, la cohésion et l'autonomie des acteurs et des processus entre eux. Conclusion : Point de vue sur les significations et les futurs possibles La conclusion contient une auto-évaluation des travaux aboutis ou en cours et des résultats qu'ils ont engendrés. Une thèse n’est la plupart du temps qu’un arrêt sur image dans un flux d'activités de recherche. Les dimensions qui n'ont pas encore pu être suffisamment approfondies sont en particulier • le rôle et les formes de l’évaluation pertinents dans la pédagogie transitionnelle, dans les dispositifs vides habitables et dans le développement organisationnel, • une réflexion sur la formation de formateurs pour les professeurs censés initier, encadrer et soutenir les processus de professionnalisation continue chez les étudiants. Parmi les résultats de cette thèse, il y a certains qui gagneraient à être expérimentés dans de nouveaux contextes et par d'autres que les concepteurs, en particulier EBAR. Pour les dispositifs vides habitables, nous nous demandons s’il ne faudrait pas les introduire dans les cursus de formation avec précaution. Le vide ne fait pas seulement peur aux enseignants, mais aussi à certains étudiants qui ont l’habitude d’être fortement guidés dans leurs apprentissages. Il faudrait donc élaborer une démarche qui prend cela en considération en concevant une progressivité dans l’introduction du vide et donc de l’autonomie en formation. Les recherches en cours dans une école d’ingénieurs et non plus de managers professionnels portent sur l’apprentissage par problèmes et sur la co-conception avec les professeurs de cette école d'une stratégie de développement organisationnel si possible adaptable à d'autres écoles. Le projet concernant l'apprentissage par problèmes a été préparé par une rencontre en été 2012 avec les pionniers du action learning au MIT, l’apprentissage par problèmes et par projets n’étant que des types particuliers du action learning. La progressivité, l'évaluation, l'environnement, les postures et la formation des accompagnateurs-formateurs sont au centre de cette recherche. La recherche sur la stratégie du changement essaiera de répondre à la question de l'articulation d'une approche clinique inspirée par Schein et centrée sur une évolution de la culture organisationnelle avec une approche systémique s'inspirant à la fois de Crozier et Friedberg pour l'analyse des enjeux d'acteurs et de Peter Senge (1990), qui élargit 11 la vision stratégique (chez lui partagée, car co-élaborée) vers le sens (purpose) au-delà de la question des satisfactions individuelles à court terme. La question difficile qui se pose est : quels sont les leviers d'un changement porté par l'ensemble des acteurs quand la situation de départ est caractérisée par une défiance entre l'équipe et la direction ? Comment faire émerger des intérêts communs dans ce cas et donner envie d'entrer en synergie plutôt qu'en une opposition stérile ? Cela nous semble à la fois une question de philosophie et de ce que Scharmer (2009) appelle une socio-technique. Bibliographie (du résumé) Ardoino, J. (1966). "Communications et Relations Humaines" (thèse de Doctorat de spécialité), Cahier numéro 12 de la collection "Travaux et Documents" de l'Institut d'Administration des Entreprises de l'Université de Bordeaux. Barbier, R. (1996). La recherche-action. Paris: Economica. Barbier, R. (1997). L'approche transversale. L'écoute sensible en sciences humaines. Paris: Anthropos. Barbier, R. (2010). Le Management émancipant. ÉCIRPP-CCIP http://www.barbierrd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=1290 . Barbier, J.-M. (dir. 1996). Savoirs théoriques et savoirs d'action. Paris: PUF. Bourdoncle, R. (2000). Autour des mots "Professionnalisation, formes et dispositifs". Recherche et Formation, 35, 117-132. Colin, L. (2008). Passer les frontières: une éducation tout au long de la vie ? Colin, L. & Le Grand, J.-L. (2008). L'éducation tout au long de la vie. Paris: Economica, 61-77. Clot, Y & Faïta, D. (2000). Genre et style en analyse du travail : Concepts et méthodes . In Travailler, vol. 4, 7 – 43. Crozier, M. & Friedberg, E. (1977). L'acteur et le système. Paris, Seuil. Datar S.M. & Garvin, D.A. & Cullen, P.G. (2010). Rethinking the MBA. Business Education at a Crossroads. Boston : Harvard Business Press. Dubar, C. (1995). La Socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles. Paris: Armand Colin. Kabat-Zinn, J. (2002). Meditation is about paying attention. Reflections, 3(3), 68-71. Kaufmann J.-C. (2004). L’invention de soi. Paris :. Hachette. Littératures.Lemaître, D. (2011). Professionnalisation et modèles professionnels dans les grandes écoles françaises. Recherche et Formation 66 (Varia), 93-105. 12 Le Grand, J.-L. (1993). Implexité : implications et complexité. Penser la formation (Université de Genève), 72, 251-265. Le Grand, J.-L. ((2008). L'histoire de vie comme anthropologie existentielle critique. Colin, L. & Le Grand, J.-L. (2008) L'éducation tout au long de la vie. Paris: Economica, 113-124. Lichtenthaler, U., & Lichtenthaler, E. (2010). Technology Transfer across Organizational Boundaries: Absorptive Capacity And Desorptive Capacity. California Management Review, 53(1), 154–170. Mallet, J. (2003). Éthique et éducation: défis pour un nouveau millénaire. Aix-en-Provence: Éditions Omega Formation. Mintzberg H. (2004). Des managers des vrais, pas des MBAs ! Paris: Editions d’Organisation. [Titre original: "Managers not MBAs. A Hard Look at the Soft Practice of Management."] Orton, J. D., & Weick, K. E. (1990). Loosely Coupled Systems: A Reconceptualization. Academy of Management Review. 15(2), 203–223. Pastré, P. (2006). Apprendre à faire. In E. Bourgeois & G. Chapelle (Eds.), Apprendre et faire apprendre. Paris: PUF, 109-121. Perrenoud, P. (1999). La clé des champs : Essai sur les compétences d’un acteur autonome. Contribution au programme DeSeCo de l’OCDE “ Définition et sélection decompétences”, TECFA, Genève. Pineau, G. (2006) Autoformation, expérience et spiritualité. Bézille, H. & Courtois, B. (2006). Penser la relation expérience-formation.Lyon: Chronique sociale, 209-225. Ricœur, P. (1986 & 1998). L'Initiative, dans Du texte à l'action. Paris: Seuil. (Points), 288307. Rossiter, M. (2007). Possible selves in adult education. New Directions for Adult and Continuing Education, 2007(114), 87–94. Sainsaulieu, R. ( 1977, rééd. 2000). L'identité au travail. Paris : Presses de la fondationnationale des sciences politiques et Dalloz. Scharmer, C.O. (2009). Theory U. Leading from the Future as It Emerges. The Social Technology of Presencing. Foreword by Peter Senge.San Francisco: BerrettKoehler.Schein, E. H. (1987). Process Consultation vol.II. Reading (MA): Addison Wesley, OD series. Schwartz, Y. (1997). Les ingrédients de la compétence : un exercice nécessaire pour une question insoluble. Éducation Permanente, 133, 9-34. Senge, P. M. (2006 new edition[1990]). The Fifth discipline : The Art & Practice of the Learning Organization. New York: Broadway Business. Sonntag, M. (2009). Approche socio-cognitive des apprentissages dans les communautés de pratique. In F. Kern et J.-P. Bootz (Dir.). Les communautés en pratique : leviers de 13 changement dans les organisations : décisions, apprentissage, compétences. Paris : Editions Hermès. Star, S. L., & Griesemer, J. R. (1989). Institutional Ecology, `Translations’ and Boundary Objects: Amateurs and Professionals in Berkeley’s Museum of Vertebrate Zoology, 1907-39. Social Studies of Science, 19(3), 387–420. Veltz, P. (éd. 2008 [2000]). Le nouveau monde industriel. Paris: Editions Gallimard. Verrier, C. (2006). Expérience réfléchie et expérience non réfléchie. Bézille, H. & Courtois, B. (2006). Penser la relation expérience-formation.Lyon: Chronique sociale, 71-79. Verzat, C & Bachelet, R (2007). "Les ingénieurs deviennent ils managers grâce aux projets?", LGIL Papers, LP/07/02. Accédé le 10/08/2012 à http://rb.eclille.fr/perso/papers/Les_ingenieurs_deviennent_ils_managers_grace_aux_pro jets.pdf Vial, M. (2001). Se former pour évaluer, se donner une problématique et élaborer des concepts. Bruxelles : De Boeck Université. Wittorski, R. (2007). Professionnalisation: note de synthèse. Savoirs N° 17, 11–39. Zarifian, P. (2004 [ 2001]). Le modèle de la compétence. Trajectoire historique, enjeux actuels et propositions. Paris : Éditions Liaisons. Principaux travaux de l'auteure Krichewsky, M. (2008). Les compétences clé de l’Union Européenne, un outil de référence pour réformer nos systèmes éducatifs et de formation : réflexions critiques », dans Mallet, J. & Boutte, J.-L (sous dir.), Questions Vives, N° 10, Université de Provence, Décembre 2008, 93-109. Krichewsky, M. (2009). « Pédagogie transitionnelle : L'expérimentation de soi accompagnée pour développer des "Soft Skills” » Colloque des 40 ans de l'université Paris 8, Paris 8, mai 2009. http://www2.univparis8.fr/colloquemai/Communications/Pedagogie_transitionnelle--MKrichewsky_S9_.html Krichewsky & M. Fourcade F. (2009). « Entre cadre et liberté : une “pédagogie transitionnelle” pour développer des compétences transversales ? Analyse critique de deux dispositifs dans l'enseignement professionnel supérieur », dans les Actes du Colloque de l'AFEC Orientation et mondialisation, Dijon, Juin 2009. http://iredu.ubourgogne. fr/colloques-organises-par-liredu/colloques-deja-organises/130colloqueorientation- et-mondialisation.html Krichewsky, M. ( 2009, avec Fourcade, F.) pour l'École Supérieure de Commerce de Paris et le groupe industriel F&S212: "Les besoins de formation des top managers de F&S." © Chambre d’Industrie et de Commerce de Paris. Étude remise aux commanditaires en Juin 2009 (confidentiel, Tome 3) 14 Krichewsky, M. (2010). "Du dispositif de formation au dispositif de développement organisationnel :Du changement et de la vertu du vide. (fondé sur la Dérive à l'ESCP et dans le DUFA de Paris 8) 22 pages. Rapport CIRPP © Chambre d’Industrie et de Commerce de Paris. http://cirpreau.ccip.fr/sites/cirpreau.ccip.fr/files/Rapport%20la%20d%C3%A9rive% 20VF%20%20MK.pdf Krichewsky, M.& Fourcade F. (2010). « Développer les compétences transversales non techniques (CTNT) dans l’enseignement supérieur : quels dispositifs de formation ? », Colloque de L'AREF, Genève, 12- 16 septembre 2010. Actes Actes coordonnés par Lucie Mottier Lopez, Catherine Martinet et Valérie Lussi en ligne à: http://www.unige.ch/aref2010/index.html Krichewsky M. & Fourcade F. (2010). « (Se) construire autour du vide : à propos de dispositifs de formation « vides mais habitables » en formation professionnelle universitaire? », - Actes du Colloque Imaginaires, connaissances, savoirs. du 25 au 27 Novembre 2010, Angers: Éd. CNAM Pays de Loire, 383-396. Krichewsky, M. & Fourcade F. (2011). « Maîtriser le "mou" : stratégies pour rendre fiable, identifiable et critiquable un dispositif de recherche souple, vague et foisonnant. » dans Actes du Congrès AFIRSE/UNESCO, Paris, 14 au 17 Juin 2011. Krichewsky, M., Fourcade, F. & Sumputh, M. (2011). " Empty Habitable Frameworks for Transformative Learning: A Concept to Foster Soft Skill Development in Management and Management Education?" Athènes 27 au 30 Mai 2011: Transformative Learning Conference. University of Columbia. Actes téléchargeables sur: http://www.sunkhronos.org/books/ 609-616. Krichewsky, M. & Fourcade F. (2011). Pris dans la crise du capitalisme, comment concevoir la formation des managers autrement ? » dans Krichewsky, M. Fourcade F. (dir.) Pratiques de formation. Analyses, (Former les managers), N° 60/61 Université Paris 8, 2011, 17-97. Krichewsky, M. & Fourcade, F. (2011). "Empty habitable frameworks (EHF): a new concept for organizational change." "6th Colloquium on organisational change and development: advances, challenges and contradictions"(EIASM)- Malte Septembre 2011 Actes en cours de publication. Téléchargeable actuellement à http://cirpp.preau.ccip.fr/publications-colloques . Krichewsky, M. & Fourcade, F.(2011). " Pour une formation à l’entrepreneuriat qui apprenne à prendre des risques: analyse réflexive de quatre moments clé issus de formations initiales pour futurs entrepreneurs." - Workshop international en ENTREPRENEURIAT (AGROSUP Dijon & EM-Lyon) 26 et 27 septembre 2011. Film sur: http://www.canaleduter.fr/videos/detail-video/video/enseignementsuperieur-et-entrepreneuriat.html Publication prévue. Fourcade, F. & Krichewsky, M. (2012). Analyse, catalyse et retroaction : effets non escomptés d'une expérimentation de dispositif pédagogique. TransFormationsRecherches en éducation et formation des adultes, 7, 168-185. 15 Krichewsky, M. & Fourcade, F. (2012). L'esprit d'initiative: Essai de clarification en vue d'y former les managers. Actes du Colloque "Formes d'éducation et processus d'émancipation" CREAD & IUFM à Rennes du 22 au 14 Mai, 2012. (sur clés USB). Krichewsky, M. & Fourcade, F. (2012). « Training & Education: Emptiness as a Condition for Soft Skill Development.», Twelfth International Conference on Management Knowledge, Culture and Change Management, Chicago, 2012. http://m12.cgpublisher.com/proposals/20 Fourcade, F., Krichewsky,M. & Go, N. (2012). « From competition towards cooperation », Twelfth International Conference on Management Knowledge, Culture and Change Management, Chicago, 2012 http://m12.cgpublisher.com/proposals/21. Fourcade, F. & Krichewsky, M. (2012). Epicycle-based Action Research (EBAR): a framework for open innovation; (working paper en vue de publier dans une revue américaine). Contenu – mais pas diffusé à l'extérieur - dans le conference book de la Action Learning Conference au MIT (1 & 2 Août 2012 à Cambridge, MA). 16