Âmes sœurs - Bien Boire en Beaujolais
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Âmes sœurs - Bien Boire en Beaujolais
desvignes Âmes sœurs 10,2 ha en Morgon dont les fameux « Côte du Py » et « Javernière » Ventes exclusivement en bouteilles 2007 : arrêt des herbicides Signe particulier : aimeraient créer un groupe de jeunes vignerons comme leur père en son temps avec son « club qualité » E n passant sous la voûte majestueuse qui a donné le nom à la rue, vous repartez trois siècles en arrière. Le décor semble sorti d’un film, à la différence que, dans la cour, le camion a remplacé le cheval. On respire ici une certaine rigueur alsacienne hors et dans les murs. Le père Louis-Claude est là, assis à côté de ses enfants. Il avoue la tradition de transmettre le prénom de Claude à l’aîné. Claude- Emmanuelle, 35 ans, et son « petit frère », Louis-Benoît, 31 ans, travaillent en binôme. Elle aime en son frère sa capacité d’écoute et sa patience. Lui, qui l’appelle affectueusement « Manu », apprécie sa détermination et son côté tranchant. Elle avoue avoir toujours aimé le vin, elle fera un BEP puis un BTS commerce des vins et spiritueux, mais à chaque fois dans des régions différentes. À seulement 17 ans, elle part à la découverte d’autres vignobles, d’autres mentalités, tout en s’émancipant. Elle apprend le travail en Médoc sur le Merlot et le Cabernet. Par le biais de l’importateur New-Yorkais de son père, elle travaille sur un domaine à Long Island où elle commence à vinifier le millésime 2001, avant de rentrer au pays en septembre juste après les attentats. Dès son retour, elle s’installe avec son père. Le « Petit Louis » était toujours dans les jambes de son père mais il choisira de faire un BTS en création industrielle, sans grande conviction. En 2004, il revient sur le domaine comme salarié et se forme « sur le tas », car il ne veut pas reprendre ses études. Il deviendra le co-gérant du domaine en 2009. À l’instar de sa sœur, il a beaucoup appris de ses voyages, là où sa passion pour la batterie l’a emmené. « J’ai appris plus par mes rencontres à l’étranger que dans mes études », affirme-t-il. Ces deux-là forment une huitième génération qui exploite 10,2 hectares qu’ils commercialisent exclusivement en bouteilles. Quatre cuvées magnifient leur unique cru, le Morgon : « Voûte Saint-Vincent », un Morgon générique de plaisir ainsi que les fameux « Côte du Py » et « Javernière ». La dernière cuvée est née d’une sélection de vieilles vignes et s’appelle « Les Impénitents ». Cette flasque à l’habit noir fut créée par ses enfants en hommage à leur père en réponse à un article de presse qui définissait Monsieur Desvignes père comme un « traditionnaliste impénitent ». Comme le disait Jean Cocteau : « Ce que l’on te reproche cultive-le, c’est toi ». Et LouisBenoît d’enfoncer le clou dans un sourire : « Comme on n’exploite que du Morgon, ce n’est pas mal de passer pour le spécialiste du Morgon ! » « En vinification, il n’y a pas de recette, mais avec une bonne vendange on travaille entre 40 et 100 % de grappes entières, le tout en vinification semi-carbonique. On a besoin d’extraire des vins en travaillant sur les détails du Gamay », lance Louis-Benoît. « On trie, on égrappe quand les vendanges sont grêlées, on fait du délestage. Depuis 2007, il n’y a plus d’herbicides sur les vignes ». La culture du sol et ce travail à l’inverse des modes sont leur signature : « On ne cherche pas à faire un style, on fait juste les vins que l’on aime », clament-ils de concert. Très traditionnels dans leur approche, ils ne sont pas pour autant des ermites. Un projet d’achat de vignes avec un collègue vigneron de Moulin-à-Vent, sous le nom d’ « Indigènes », est à l’étude : 1,39 hectares sur un beau climat de Chénas bien en vue. « Ce climat possède un potentiel énorme », annoncent-ils d’une même voix. Ils aimeraient aussi créer un groupe de jeunes vignerons. Leur père l’avait déjà fait en son temps en créant un « club qualité » avec douze producteurs du Beaujolais. Entre 45 et 50 000 bouteilles sont vendues annuellement dont un tiers à l’export (EU, Angleterre, Canada et avec une grande fidélité des Anglo-Saxons) et le reste dans leur caveau de dégustation sur le domaine. Avec pas moins de 2 500 clients particuliers, dont 10 % de cavistes, ils ouvrent sur rendez-vous (sauf le dimanche) et apprécient de recevoir leurs clients et d’échanger autour d’un verre de Morgon. Vous avez dit à l’écoute ? « On ne cherche pas à faire un style, on fait juste les vins que l’on aime. » morgon louis-Benoît & Claude-eMManuelle 21