protocole narcan 17 février 2009
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protocole narcan 17 février 2009
PROTOCOLE CODE OBJET PRO-02-PHAR-DSP Protocole de naloxone (Narcan®) lors d’un surdosage aux opioïdes chez l’adulte DESTINATAIRES Médecins Infirmières Personnel de la pharmacie CLIENTÈLE VISÉE Usagers âgés de 18 ans et plus PRÉPARÉ PAR Département de pharmacie RECOMMANDÉ PAR Comité de pharmacologie, le 25 septembre 2008 Comité des protocoles et ordonnances collectives, le 20 janvier 2009 Comité exécutif du CII, le 29 octobre 2008 Comité exécutif du CMDP, 25 février 2009 ADOPTÉ PAR Conseil d’administration, le 17 mars 2009 IMPUTABILITÉ Direction des services professionnels et hospitaliers DATE D'ENTRÉE EN VIGUEUR 17 mars 2009 DATE DE RÉVISION PRÉVUE 1 INDICATION : Usager de plus de 18 ans, en surdosage d’opioïde. Liste des opioïdes: • Les opioïdes naturels et semi-naturels : morphine, codéine, hydromorphone (Dilaudid®, Hydromorph Contin®), oxycodone (Supeudol®, Oxycontin®), hydrocodone; • Les opioïdes synthétiques : mépéridine (Demerol®), fentanyl (Duragesic® timbre); • Le propoxyphène (Darvon®, 642®); • Les analgésiques agonistes-antagonistes : nalbuphine (Nubain®), pentazocine (Talwin®), butorphanol (Stadol®); • Le tramadol (Tramacet®, Zytram XL®, Tridural®, Ralivia®); • La méthadone; • L’héroïne. APPLICATION DU PROTOCOLE : 1. Se référer à la règle de soins « Surveillance des usagers ayant reçu des opiacés par voie parentérale » pour les critères d’évaluation; 2. Cesser toute administration d’opioïde, lorsque possible et aviser le médecin que cet usager présente des signes et symptômes d’intoxications aux opioïdes (ex : dépression respiratoire, apnée, somnolence, hypotension, myosis, flaccidité musculaire, peau moite ou froide, bradycardie, coma, ronflements). • Ce protocole doit être adapté en fonction des circonstances et de l’évolution clinique de l’usager; • En cas de doute, téléphoner au Centre Antipoison au 1-800-463-5060 ou au 418656-8090, où une infirmière spécialisée, et au besoin le toxicologue de garde, répondront aux questions. 2 PHARMACOLOGIE DE LA NALOXONE : La naloxone est un antagoniste des opioïdes. En l’absence d’opioïde, elle exerce peu ou pas d’activité pharmacologique. Elle renverse rapidement les effets d’un surdosage. En quelques instants, elle améliore la fréquence et l’amplitude de la respiration ainsi que l’état de conscience. La voie IV est la voie d’administration de choix puisque l’absorption peut être erratique en IM et SC chez les personnes hypotendus ou ayant des problèmes circulatoires. Si la voie IV directe est utilisée, administrer la naloxone à une vitesse maximale de 0,4 mg/15 secondes. La durée d’action de la naloxone étant habituellement plus courte que celle de la dépression respiratoire provoquée par les opioïdes, il faut assurer un suivi étroit. Des doses répétées de naloxone ou une perfusion peuvent être nécessaires, selon l’évaluation médicale. PARAMÈTRES PHARMACOCINÉTIQUES DE LA NALOXONE SELON LES DIFFÉRENTES VOIES D’ADMINISTRATION Voie d’administration Début d’action Durée d’action Pic d’action IV 1-3 minutes 20-90 minutes 5 min IM 2-5 minutes 60-120 minutes N.D. SC 2-5 minutes 60 minutes 15 min Endotrachéale 2-5 minutes 45-60 minutes N.D. N.D. : données non disponibles PRÉSENTATION DU PRODUIT DISPONIBLE DANS LE CSSSQN Nom Concentration Format Naloxone (Narcan®) 0,4 mg/ml 1 ml 3 SURVEILLANCE EFFETS SECONDAIRES • Tremblements, hyperventilation. • Nausées et vomissements lors d’utilisation de doses élevées. Par ailleurs, outre les effets secondaires, l’infirmière devra surveiller l’apparition d’un « syndrome de retrait » ou un renversement de l’analgésie. « SYNDROME DE RETRAIT » (Peut se présenter chez un usager recevant des opioïdes à haute dose et/ou depuis longtemps) : La gravité et la durée du « syndrome de retrait » sont dépendantes de la dose d’opioïde utilisée et de la durée d’utilisation. Par exemple, le syndrome est moins probable lorsqu’une personne utilise 80 mg/jour depuis 3 semaines et est plus probable chez une personne utilisant 240 mg/jour depuis 6 mois. Les symptômes à surveiller sont : • Nausées, vomissements, crampes abdominales, diarrhées, larmoiements, rhinorrhée, bâillements, mydriase, sudation, tremblements, agitation, irritabilité, confusion, tachycardie, hypertension. • Rarement, la tachycardie et l’hypertension peuvent conduire à de l’œdème pulmonaire ou des arythmies. RENVERSEMENT DE L’ANALGÉSIE : • Peut se présenter chez les usagers ayant reçu un opioïde pour le soulagement d’une douleur aiguë ou chronique. Un risque d’exacerbation brutale de la douleur peut survenir chez ces usagers. Ceci n’est pas un élément à surveiller chez l’usager naïf aux opioïdes qui en aurait reçu par erreur. AUTRE : • La naloxone n’antagonise pas les effets pro-convulsifs des opioïdes et pourrait exacerber les convulsions reliées à un surdosage de mépéridine ou de tramadol. 4 ALGORITHME D’INTERVENTION LORS D’UNE INTOXICATION AUX OPIOÏDES 1. Prise de la fréquence respiratoire (FR), de la saturation et évaluation de la sédation à l’aide de l’échelle de sédation (annexe II); 2. Administration d’oxygène s’il y a lieu. Si la saturation est < 90%, débuter l’oxygène à 2L/min et confirmer la posologie avec le médecin; 3. Arrêt de la perfusion continue de l’analgésique opiacé ou retrait du timbre s’il y a lieu ou omission de la prochaine dose orale de l’analgésique opioïde (selon ordonnance médicale); 4. Appel au médecin traitant ou au médecin de garde; Surveillance de la fréquence respiratoire Administration d’une perfusion de naloxone (voir annexe I) OU Selon la prescription médicale individuelle FR ≥ 8 (surveillance seulement) FR ≤ 7 • Dégager les voies respiratoires • Administrer O2 • Surveillance étroite FR < 4 Naloxone 0,4 mg (1 ml) IV. (privilégier) ou SC stat FR q 5-10 min x 2 h q 15 min x 2 h PUIS : FR de 4 à 7 Naloxone 0,1 mg (0,25 ml) IV (privilégier) ou SC. Si FR < 8 après 2 minutes Si opioïde courte action P.O. ou I.R. ou voie parentérale (IV, SC, IM): FR q 15-30 min. x 8h OU Si opioïde longue action q 12 h : FR q 15-30 min x 12-24 h Naloxone 0,2 mg (0,5 ml) IV ou SC Si FR < 8 après 2 minutes Répéter 0,4 mg (1 ml) IV ou SC aux 2 minutes Jusqu’à FR ≥ 8 OU Si opioïde longue action q 24 h ou timbre de fentanyl : FR q 15-30 min x 24-48 h Naloxone 0,3 mg (0,75 ml) IV ou SC Si FR < 8 après 2 minutes OU MAX cumulatif: 10 mg (25 mL) Si FR < 8 Naloxone 0,4 mg (1 mL) IV ou SC MAX cumulatif: 10 mg (25 ml) Si FR > 8 APPELER UN MÉDECIN Si méthadone : FR q 15-30 min : x 24 h prise unique x 48 h prise chronique Une fois la fréquence respiratoire ≥ 8, le médecin peut choisir de débuter une perfusion à la dose individualisée selon la dose cumulative en bolus (voir annexe I) ou de poursuivre la surveillance. 5 FIN DE LA SURVEILLANCE La surveillance peut être cessée lorsque les deux (2) conditions suivantes sont remplies : 1- Fréquence respiratoire ≥ 8 et échelle de sédation < 3; ET 2- La durée de la surveillance précisée dans l’algorithme est dépassée. Cette durée est fonction de la durée d’action potentielle des différents opioïdes et tient compte de la forme du médicament, de sa voie d’administration et de sa pharmacocinétique. INFORMATION COMPLÉMENTAIRE Suite à un surdosage, le médecin devra, s’il y a lieu, modifier la posologie de l’opioïde. RÉFÉRENCES 1. American Society of Heath System Pharmacists. AHFS Drug information 2006. American Society of Heath System Pharmacists 2006: p.2099 et 2163. 2. Gilbert, M. Protocole d’utilisation de la naloxone (Narcan®) pour renverser la dépression respiratoire secondaire aux opioïdes chez l’adulte. Centre hospitalier Universitaire de Sherbrooke. Pharmactuel 2007 ; 40,S.2 : 85-89. 3. Goldfrank L, Weisman RS, Errick JK, Lo MW. A dosing nomogram for continuous infusion intravenous naloxone. Ann Emerg Med 1986;15:566-70. 4. Hôpital Jeffrey Hale. Politique et procédure 6800-02 : « Protocole utilisation des opioïdes en gériatrie et en soins palliatifs » 2007, 11 pages. 5. Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Protocole # p-9.07 « Utilisation du naloxone (Narcan®) pour renverser une dépression respiratoire induite par un analgésique opiacé ». 2006, 6 pages. 6. Lexi-comp inc. Up to date : Naloxone : Drug information. Up to date. 7. Site internet:http://www.utdol.com/online/content/topic.do?topicKey=drug_l_z/175369&selecte dTitle=1~88&source=search_result (date de consultation : 19 février 2008). 8. Regroupement de pharmaciens en établissement de santé ayant un intérêt pour les soins e palliatifs. Guide pratique des soins palliatifs : gestion de la douleur et autres symptômes. 4 édition, Montréal, A.P.É.S. 2008 : p. 56-59. 6 ANNEXE I PERFUSION INTRAVEINEUSE (IV) CHEZ L’ADULTE : Le médecin peut décider de débuter une perfusion IV de naloxone. Il peut être particulièrement pertinent de l’envisager lorsque l’opiacé possède une durée d’action prolongée ou lors de prise de méthadone. Deux modes de préparation de perfusion sont possibles : A) PERFUSION DE NALOXONE À DOSE INDIVIDUALISÉE SELON LA DOSE CUMULATIVE EN BOLUS*3 Selon le nomograme de Goldfrank, le débit de la perfusion individualisé (en mg/hr) est équivalent aux 2/3 de la dose totale reçue en bolus pour éveiller le patient initialement. En d’autres termes, il s’agit du 2/3 de la dose cumulative de naloxone 0,4 mg IV ou SC reçue aux 2 minutes administrée jusqu’à l’obtention de l’effet désiré. Exemple: si la dose initiale totale ayant été nécessaire à l’obtention de l’effet désiré est de 2 mg (soit 5 fois 0,4 mg IV ou SC): 2 mg x 2/3 = 1,33 mg/h Pour simplifier l’administration, utiliser toujours un sac de 500 ml de NaCl 0,9% ou de dextrose 5% qui sera perfusé à 100 ml/h. Dans le cas de cet exemple le débit de 100 ml/h = 1,33 mg/h Donc 100 ml = 1,33 mg Pour 500 ml = x x = 6,6 mg (soit quantité de naloxone à ajouter dans ce sac de 500 ml) Le naloxone utilisé est à une concentration de 0,4 mg/ml 6,6 mg ÷ 0,4 mg/ml = 16,5 ml de naloxone Quinze (15) minutes après le début de la perfusion, il est possible d’administrer un bolus équivalent à la moitié de la dose initiale (dans le cas ci-dessus, 1 mg). Ceci permettra de maintenir les concentrations sériques de naloxone semblables à celles obtenues 30 minutes après l’administration de la dose initiale en bolus. La solution est stable 24 heures à la température de la pièce. * Cette façon de préparer la perfusion est plus précise et donc plus sécuritaire. 7 B) PERFUSION DE NALOXONE A DOSE STANDARD7 Préparer une solution à la concentration de 0,01 mg/ml : Diluer 12,5 ml de naloxone (soit 5 mg) dans 500 ml de NaCl 0,9% ou de dextrose 5 % Débuter la perfusion à 0,4 mg/hr (soit 40 ml/hr). L’intervalle posologique usuel se situe entre 0,25 mg/hr (25 ml/hr) et 2 mg/hr (200 ml/hr). Dans un contexte de soins palliatifs, de faibles doses de naloxone devraient être envisagées en guise de dose initiale si l’utilisation d’une perfusion est justifiée, et ce, afin de diminuer les risques de « syndrome de retrait » et de réapparition de la douleur. La solution est stable 24 heures à la température de la pièce. 8 SURVEILLANCE DURANT LA PERFUSION Élément de surveillance Fréquence Fréquence respiratoire/saturométrie Idéalement en continu ou minimalement aux 15 minutes jusqu’à la stabilisation de l’usager. Tension artérielle/fréquence cardiaque Idéalement en continu ou minimalement aux 15 minutes jusqu’à la stabilisation de l’usager. Niveau de sédation Minimalement aux 15 minutes jusqu’à la stabilisation de l’usager. (échelle de sédation) Signes et symptômes de douleur Minimalement aux 15 minutes jusqu’à la stabilisation de l’usager. Signes et symptômes de sevrage Minimalement aux 15 minutes jusqu’à la stabilisation de l’usager. Une fois l’usager stabilisé (augmentation de la fréquence respiratoire ≥ 8 et diminution de l’échelle de sédation < 3), la fréquence d’observation des différents éléments de surveillance pourra être modifiée selon l’évaluation du médecin. RÉAJUSTEMENT DE LA PERFUSION Ajuster le débit de la perfusion selon la réponse de l’usager et en fonction de la pharmacologie (demi-vie et durée d’action) de l’opioïde impliqué. Ainsi, prévoir d’augmenter le débit si le pic d’action de l’opioïde n’est pas atteint ou diminuer le débit lorsque le pic d’action est dépassé. ARRÊT DE LA PERFUSION Une diminution graduelle du débit de la perfusion est préférable afin d’éviter un retour de la dépression respiratoire, selon l’expérience clinique de certains centres hospitaliers. 9 ANNEXE II ÉCHELLE DE SÉDATION D’après l’avis de l’OIIQ (Ordre des infirmières et infirmiers du Québec), sur la surveillance clinique des usagers qui reçoivent des médicaments ayant un effet dépressif sur le système nerveux central (2004), le niveau de sédation doit être évalué à l’aide d’une échelle de sédation. L’échelle proposée est celle, tiré de Pasero et McCaffery (1994) et de l’Hôpital Charles-Lemoyne (2006) : Niveau État de l’usager 0 Éveillé et alerte 1 Usager occasionnellement somnolent (s’endort mais ouvre les yeux spontanément) 2 Usager fréquemment somnolent (ouvre les yeux à la stimulation légère, verbale ou tactile; éveil facile) 3 Usager continuellement somnolent (ouvre les yeux à la stimulation douloureuse; éveil difficile) 4 Usager profondément endormi (n’ouvre pas les yeux malgré stimulation verbale et douloureuse; éveil difficile ou nul à la stimulation) Il est à noter que l’échelle de sédation utilisée en anesthésiologie regroupe ensemble les niveaux 3 et 4 qui constituent des niveaux de sédation élevés. 10