Violeta Urmana, Jan Philip Schulze

Transcription

Violeta Urmana, Jan Philip Schulze
mardi 20 mai – 20h
Richard Wagner
Wesendonck-Lieder
Sergueï Rachmaninov
Kak mne bol’no op. 21 n° 12
Vocalise op. 34 n° 14
Dissonans op. 34 n° 13
Zdes’ khorosho op. 21 n° 7
Vesennije vodv op. 14 n° 11
Richard Strauss
Frühlingsgedränge op. 26 n° 1
Wasserrose op. 22 n° 4
Wir beide wollen springen WoO 90
Befreit op. 39 n° 4
Zueignung op. 10 n° 1
Mit deinen blauen Augen op. 56 n° 4
Schlechtes Wetter op. 69 n° 5
Giacomo Puccini
Vissi d’arte – extrait de Tosca
Amilcare Ponchielli
Suicidio – extrait de La Gioconda
Giuseppe Verdi
Pace, pace – extrait de La Forza del destino
Violeta Urmana, soprano
Jan Philip Schulze, piano
Fin du concert vers 22h.
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Violeta Urmana | Jan Philip Schulze | Mardi 20 mai
entracte
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Richard Wagner (1813-1883)
Wesendonck-Lieder
Der Engel
Stehe still
Im Treibhaus
Schmerzen
Träume
En 1857-1858, Wagner réside près de Zurich chez Otto Wesendonck, dont la femme
Mathilde deviendra l’un de ses grands amours. Et c’est sur des poèmes de Mathilde
Wesendonck qu’il compose ces cinq lieder, d’abord intitulés « Cinq poèmes pour voix de
femme avec accompagnement de piano ». Au même moment, il travaille à la composition
de son opéra Tristan und Isolde. Certains des thèmes des lieder composés sur les poèmes
de Mathilde vont se retrouver dans l’opéra : c’est le cas du troisième lied, Im Treibhaus,
qui se voit repris dans le début du troisième acte, ou encore de Traüme (dernier lied du
cycle), qui inspirera le fameux duo d’amour entre Tristan et Isolde. Wagner n’orchestra
par la suite que ce dernier lied – l’orchestration des quatre autres a été réalisée à la fin
du XIXe siècle par le chef d’orchestre Felix Mottl.
À Mathilde Wesendonck, le 9 octobre 1858, Wagner écrit : « Je n’ai rien fait de mieux que
ces mélodies et seule une bien faible partie de mon œuvre pourra leur être comparée. »
De fait, mises à part les références musicales précises à l’opéra Tristan, qui était en pleine
gestation au moment de la composition des Wesendonck-Lieder, on entend fugitivement,
au détour de tel ou tel vers chanté ou interlude du piano, des échos d’autres opéras
du compositeur, ou simplement l’atmosphère harmonique ou mélodique attachée à tel
personnage-clé du monde wagnérien. Dans le premier lied, Der Engel, c’est par exemple
l’univers musical de Lohengrin qui semble prévaloir. Ou encore, dans l’avant-dernier lied,
Schmerzen, sur les mots évoquant « un fier héros vainqueur » (« ein stolzer Siegesheld »),
c’est le motif de Siegmund dans La Walkyrie qui résonne soudain.
C’est dire que les Wesendonck-Lieder dans leur ensemble peuvent s’écouter comme
la face non opératique de la création wagnérienne, mais aussi comme la quintessence de
son génie lyrique.
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mardi 20 mai
Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Kak mne bol’no op. 21 n° 12
Vocalise op. 34 n° 14
Dissonans op. 34 n° 13
Zdes’ khorosho op. 21 n° 7
Vesennije vodv op. 14 n° 11
Les mélodies présentées ici appartiennent aux cycles op. 14, op. 21 et op. 34 de
Rachmaninov, respectivement composés en 1896, 1900-1902 et 1912. On peut y entendre
des aspects variés de l’univers vocal de ce compositeur.
Avec l’op. 21 n° 12, Kak mne bol’no (Comme mon cœur soupire), on a affaire à une sorte de
grande exaltation pianistique relayée par la voix, pour porter le poème de Galina.
L’op. 21 n° 7, Zdes’ khorosho (Tout est si beau, sur un texte de la même poétesse), est un
grand hymne paisible à la nature, dans un caractère de contemplation extatique et de joie.
L’op. 34, constitué de quatorze romances, a été écrit très rapidement par Rachmaninov.
Le n° 14 n’est autre que la Vocalise, probablement la pièce vocale la plus célèbre du
compositeur. Conçue comme un vaste déploiement lyrique hors texte (puisque le chant se
déroule uniquement sur la voyelle « A »), elle propose une dramaturgie magnifique passant
du calme à la passion pour revenir finalement à la paix.
Le n° 13, en contraste radical, porte bien son nom de Dissonans. Le poème de Polonski,
plein d’âpreté et d’évocations douloureuses, suggère à Rachmaninov l’élaboration
d’un tissu pianistique et vocal abrupt, heurté, d’un modernisme bien loin de la Vocalise
précédente.
La description des « eaux printanières » (Vesennije vodv) et de leur course vive dans
l’op. 14 n° 11 est figurée très classiquement par un déferlement bondissant de notes
perlées. Le couplet central du poème, évoquant le retour à la joie de la nature, donne lieu
à un intermède plus serein. Cette dernière mélodie de Rachmaninov forme une très bonne
introduction au monde de Richard Strauss par son exaltation et sa lumière.
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Richard Strauss (1864-1949)
Frühlingsgedränge op. 26 n° 1
Wasserrose op. 22 n° 4
Wir beide wollen springen WoO 90
Befreit op. 39 n° 4
Zueignung op. 10 n° 1
Mit deinen blauen Augen op. 56 n° 4
Schlechtes Wetter op. 69 n° 5
Avec Richard Strauss, on entre dans un corpus d’une tout autre ampleur. Strauss composa
des lieder tout au long de sa vie, s’inspirant de poètes très variés : il choisit souvent les
poètes romantiques dans sa jeunesse, pour se tourner peu à peu vers des poètes qui lui
étaient plus contemporains, passant des symbolistes à des poèmes parfois assez noirs et
sarcastiques (cette manière-là n’étant cependant pas la plus fréquente dans son œuvre).
Les lieder choisis pour ce récital donnent une assez bonne idée de la variété des modes
expressifs de Strauss. Frühlingsgedränge (Afflux printanier), sur un poème de Lenau, date
de 1891 et semble ancré dans le souvenir d’un pianisme hyper romantique. Visage lumineux
du chant, ici.
Très différent, Wasserrose (Nénuphar), qui fait partie du cycle des Mädchenblumen op. 22,
sonne avec un étrange caractère ravélien, rare chez Strauss : féerie et « aquatisme » de
la partie de piano, harmonies mystérieuses et caractère énigmatique d’une ligne de chant
sans éclats.
Wir beide wollen springen (Nous voulons tous deux danser) est une très brève mélodie
bondissante, dotée d’une partie de piano pleine d’exaltation.
Befreit (Libération), l’un des lieder les plus connus de Strauss, sur un poème de Richard
Dehmel, a été réutilisé en partie par le compositeur pour son poème symphonique
Ein Heldenleben (Une vie de héros). Il résonne de l’écho du monde schubertien.
Zueignung (Dédicace), autre « tube » straussien, sur un poème d’Hermann von Gilm,
évoque le lied romantique allemand, peut-être les caractères de certains lieder pleins
de majesté de Brahms.
Mit deinen blauen Augen (Tes yeux bleus) sonne avec une simplicité et une lumière pleines
de ferveur – un mode familier dans la musique vocale de Strauss.
Pour Schlechtes Wetter (Mauvais temps), sur un poème de Heinrich Heine, Strauss travaille
un motif rythmique obsessionnel associé à des vagues de dissonances. Au centre du lied,
à l’évocation de la mère et de sa fille, la musique devient rythme de valse, un univers
dont Strauss est bien sûr un grand maître.
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mardi 20 mai
Amilcare Ponchielli (1834-1886)
« Suicidio » – extrait de La Gioconda
La Gioconda est l’œuvre la plus célèbre de Ponchielli. Cet opéra écrit sur un livret de
Boito s’inspire d’une pièce de Victor Hugo, Angelo tyran de Padoue. L’action, sombre et
dramatique, se passe, dans l’opéra, non à Padoue mais à Venise, au XVIIe siècle. L’Inquisition
règne et assassine mais l’amour, ingrédient incontournable à l’opéra, va torturer aussi
à sa façon. L’air « Suicidio » est extrait de l’acte IV. La Gioconda, qui a perdu sa mère
(aveugle et accusée de sorcellerie, pour parfaire le drame !) et son amant, veut mourir.
Lyrisme et effets pathétiques assurés par ce grand maître du théâtre en musique
qu’est Ponchielli.
Giacomo Puccini (1858-1924)
« Vissi d’arte » – extrait de Tosca
L’un des aspects les plus intéressants de cette aria du personnage-titre de l’opéra est le
calme olympien de son déroulé, la ferveur quasi hymnique de cet hommage à l’art, surtout
si l’on se rappelle ce qui se déploie au long de l’opéra en matière de violence, de cruauté
et de désespoir. L’air apparaît ainsi, au début de l’œuvre, comme un pilier d’harmonie sur
lequel vont s’appuyer, si l’on peut dire, tous les tourments qui suivront…
Giuseppe Verdi (1813-1901)
« Pace, pace » – extrait de La Forza del destino
Pour clore un récital aussi riche, rien de mieux qu’un bon Verdi suprêmement efficace et
magnifiquement émouvant : l’air de Leonora, à l’acte IV de La Force du destin, qui reprend
l’exaltant et célébrissime thème lyrique présenté à l’orchestre dans l’ouverture. Qui n’a pas
encore entendu le « Fatalita, fatalita… ! » de cette aria peut se réjouir de faire une belle
expérience verdienne.
Hélène Pierrakos
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Richard Wagner
Wesendonck-Lieder
Der Engel
In der Kindheit frühen Tagen
Hört’ich oft von Engeln sagen,
Die des Himmels hehre Wonne
Tauschen mit der Erdensonne,
Daß, wo bang ein Herz in Sorgen
Schmachtet vor der Welt verborgen,
Daß, wo still es will verbluten,
Und vergehn in Tränenfluten,
Daß, wo brünstig sein Gebet
Einzig um Erlösung fleht,
Da der Engel niederschwebt
Und es sanft gen Himmel hebt.
Ja, es stieg auch mir ein Engel nieder,
Und auf leuchtendem Gefieder
Führt er, ferne jedem Schmerz,
Meinen Geist nun himmelwärts.
L’Ange
Aux premiers jours de l’enfance,
j’ai souvent entendu dire des anges
qu’ils échangeaient les sublimes félicités célestes
contre la lumière du soleil terrestre.
Ainsi, quand un coeur en peine
cache son chagrin au monde,
quand il saigne en silence
et se consume en larmes,
Quand il prie avec ferveur,
ne demandant que sa délivrance,
l’ange descend vers lui
et le porte doucement au Ciel.
Oui, un ange est aussi descendu vers moi,
et sur ses ailes étincelantes
emporte, loin de toute douleur,
mon esprit vers le Ciel !
Stehe still!
Sausendes, brausendes Rad der Zeit,
Messer du der Ewigkeit;
Leuchtende Sphären im weiten All,
Die ihr umringt den Weltenball;
Urewige Schöpfung, halte doch ein,
Genug des Werdens, laß mich sein!
Halte an dich, zeugende Kraft,
Urgedanke, der ewig schafft!
Hemmet den Atem, stillet den Drang,
Schweiget nur eine Sekunde lang!
Schwellende Pulse, fesselt den Schlag;
Ende, des Wollens ew’ger Tag!
Daß in selig süßem Vergessen
Ich mög’ alle Wonnen ermessen!
Wenn Aug’in Auge wonnig trinken,
Seele ganz in Seele versinken;
Wesen in Wesen sich wiederfindet,
Und alles Hoffens Ende sich kündet;
Die Lippe verstummt in staunendem Schweigen,
Keinen Wunsch mehr will das Inn’re zeugen:
Erkennt der Mensch des Ew’gen Spur,
Und löst dein Rätsel, heil’ge Natur!
Ne bouge pas !
Bourdonnant, bruissant rouet du temps,
arpenteur de l’éternité,
sphères étincelantes du vaste univers
qui encerclez notre globe,
création orginelle, halte !
Cessez votre perpétuel devenir, laissez-moi être !
Halte, force créatrice,
pensée première qui toujours crée !
Arrêtez, souffles ! Taisez-vous, désirs !
Donnez-moi une seule seconde de silence !
Pouls affolé, calme tes battements !
Cesse, jour éternel de la volonté !
Afin que, dans un heureux et doux oubli,
je puisse prendre la mesure de ma joie !
Quand les yeux boivent la joie dans d’autres yeux,
que l’âme entière se noie dans une autre âme,
que l’être se retrouve dans un autre être,
et que le but de tous les espoirs est proche,
les lèvres sont muettes, silencieuses dans leur étonnement,
et notre coeur secret n’a plus aucun désir.
L’homme reconnaît le sceau de l’éternité
et résout son énigme, sainte Nature !
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mardi 20 mai
Im Treibhaus
Hochgewölbte Blätterkronen,
Baldachine von Smaragd,
Kinder ihr aus fernen Zonen,
Saget mir, warum ihr klagt?
Schweigend neiget ihr die Zweige,
Malet Zeichen in die Luft,
Und der Leiden stummer Zeuge,
Steiget aufwärts süßer Duft.
Weit in sehnendem Verlangen
Breitet ihr die Arme aus,
Und umschlinget wahnbefangen
Öde Leere nicht’gen Graus.
Wohl, ich weiß es, arme Pflanze:
Ein Geschicke teilen wir,
Ob umstrahlt von Licht und Glanze,
Unsre Heimat ist nicht hier!
Und wie froh die Sonne scheidet
Von des Tages leerem Schein,
Hüllet der, der wahrhaft leidet,
Sich in Schweigens Dunkel ein.
Stille wird’s, ein säuselnd Weben
Füllet bang den dunken Raum:
Schwere Tropfen seh’ich schweben
An der Blätter grünem Saum.
Dans la serre
Couronnes de feuillage, en hautes arches,
baldaquins d’émeraude,
vous, enfants des régions lointaines,
dites-moi pourquoi vous vous lamentez.
En silence, vous inclinez vos branches,
tracez des signes dans l’air,
et, témoin muet de vos peines,
s’exhale un doux parfum.
Tout grand, dans votre désir ardent,
vous ouvrez vos bras,
et étreignez vainement
l’horreur du vide affreux.
Je sais bien, pauvres plantes,
que nous partageons le même destin.
Même si nous vivons dans une lumière éclatante,
notre foyer n’est pas ici !
Comme le soleil quitte heureux
l’éclat vide du jour,
celui qui souffre vraiment
se drape dans l’obscur manteau du silence.
Tout devient calme. Un bruissement
remplit d’effroi l’obscurité :
je vois de lourdes gouttes suspendues
à la lisière verte des feuilles.
Schmerzen
Sonne, weinest jeden Abend
Dir die schönen Augen rot,
Wenn im Meeresspiegel badend
Dich erreicht der frühe Tod;
Doch erstehst in alter Pracht,
Glorie der düstern Welt,
Du am Morgen neu erwacht,
Wie ein stolzer Siegesheld!
Ach, wie sollte ich da klagen,
Wie, mein Herz, so schwer dich sehn,
Muß die Sonne selbst verzagen,
Muß die Sonne untergehn?
Und gebieret Tod nur Leben,
Geben Schmerzen Wonnen nur:
O wie dank’ ich, daß gegeben
Solche Schmerzen mir Natur.
Douleurs
Soleil, tu pleures tous les soirs
de tes beaux yeux rougissants,
en te baignant dans le miroir de la mer,
terrassé par une mort prématurée.
Mais tu reviens dans ton ancienne splendeur,
gloire du monde obscur,
réveillé au petit matin,
comme un fier héros vainqueur !
Pourquoi devrais-je donc me lamenter,
pourquoi mon coeur devrait-il être si lourd,
puisque le soleil lui-même doit désespérer,
puisque le soleil doit disparaître ?
Et si la mort donne naissance à la vie,
si les douleurs apportent la joie,
oh, comme je te remercie
des douleurs que tu m’as données, Nature !
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Träume
Sag, welch’ wunderbare Träume
Halten meinen Sinn umfangen,
Daß sie nicht wie leere Schäume
Sind in ödes Nichts vergangen?
Traüme, die in jeder Stunde,
Jedem Tage schöner blühn,
Und mit ihrer Himmelskunde
Selig durchs Gemüte ziehn?
Traüme, die wie hehre Strahlen
In die Seele sich versenken,
Dort ein ewig Bild zu malen:
Allvergessen, Eingedenken!
Traüme, wie wenn Frühlingssonne
Aus dem Schnee die Blüten küßt,
Daß zu nie geahnter Wonne
Sie der neue Tag begrüßt,
Daß sie wachsen, daß sie blühen,
Traümend spenden ihren Duft,
Sanft an deiner Brust verglühen,
Und dann sinken in die Gruft.
Rêves
Dis, quels rêves merveilleux
gardent mon âme prisonnière
et ne sont pas, comme bulles de savon,
évanouis dans un néant désolé ?
Rêves qui, à chaque heure
de chaque jour, fleurissent, plus beaux,
Et qui, préfigurant le ciel,
traversent bienfaisants mon esprit.
Rêves qui, comme des rayons de gloire,
s’enfoncent dans l’âme
pour y peindre une éternelle image :
oubli de tout, souvenir unique !
Rêves semblables au soleil de printemps,
dont les baisers font sortir des fleurs de la neige,
qui, avec une félicité inimaginable,
accueillent le jour nouveau.
Et croissent, et fleurissent,
et, rêvant, exhalent leur parfum,
et se fanent, doucement, sur ta poitrine,
puis descendent au tombeau.
Sergueï Rachmaninov
Kak mne bol’no op. 21 n° 2
Sergueï Rachmaninov
Comme mon cœur soupire
Kak mne bol’no, kak khochetsja zhit’…
Kak svezha i dushista vesna!
Net! ne v silakh ja serdca ubit’
V `etu noch’ golubuju bez sna.
Comme mon cœur soupire, comme j’ai envie de vivre…
Le printemps est si frais, si odorant !
Non, je n’ai pas la force de tuer mon cœur
en cette nuit bleue sans sommeil.
Khot’-by starost’ prishla poskorej,
Khot’-by inej v kudrjakh zablestel,
Chto-b ne pel dlja menja solovej,
Chtoby les dlja menja ne shumel,
Ah, que la vieillesse vienne au plus vite,
que le givre blanchisse mes cheveux,
que le rossignol pour moi cesse de chanter,
et la forêt de bruire !
Chtoby pesn’ ne rvalas’ iz dushi
Skvoz’ sireni v shirokuju dal’,
Chtoby ne bylo v `etoj tishi
Mne chego to muchitel’no zhal’!
Que le chant ne jaillisse plus de mon âme
au travers des lilas vers les vastes lointains
et que, dans ce silence,
aucun regret douloureux ne m’assaille !
G. Galina
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mardi 20 mai
Dissonans op. 34 n° 13
Dissonance
Pust’ po vole sudeb, ja rasstalas’ s toboj,
Pust’ drugoj obladajet mojej krasotoj!
Iz ob“jatij jego, iz nochnoj dukhoty
Unoshus’ ja daleko na kryl’jakh mechty.
Vizhu snova nash staryj, zapushchennyj sad:
Otrazhennyj v prude potukhajet zakat;
Pakhnet lipovym cvetom v prokhlade allej,
Za prudom, gde to v roshche, urchit solovej…
Ja stekljannuju dver’ otvorila, drozhu,
Ja iz mraka v tajinstvennyj sumrak gljazhu…
Chu! tam khrustnula vetka, ne ty li shagnul?!
Vstrepenulasja ptichka, ne ty li spugnul?!
Ja prislushivajus’, ja muchitel’no zhdu,
Ja na shelest shagov tvojikh tikho idu,
Kholodit moji chleny to strast’, to ispug…
`Eto ty menja za ruku vzjal, milyj drug?!
`Eto ty ostorozhno tak obnjal menja!
`Eto tvoj poceluj, poceluj bez ognja.
S bol’ju v trepetnom serdce, s volnen’jem v krovi,
Ty ne smejesh’ otdat’sja bezumstvam ljubvi,
I, vnimaja recham blagorodnym tvojim,
Ja ne smeju dat’ volju vlechen’jam svojim,
I drozhu, i shepchu tebje: Milyj ty moj!
Pust’ vladejet on zhalkoj mojej krasotoj!
Iz ob“jatij jego, iz nochnoj dukhoty
Ja opjat’ uletaju na kryl’jakh mechty
V `etot sad, v `etu tem’, vot na `etu skam’ju,
Gde vpervyje podslushal ty dushu moju…
Et si le sort m’a séparé de toi,
si quelqu’un d’autre possède ma beauté !
Dans ses bras, dans l’air tiède de la nuit,
une vision ailée m’arrive de bien loin.
Une fois encore je vois notre vieux jardin en friche,
un reflet sur l’étang du crépuscule finissant ;
il y a un parfum de tilleuls dans l’air frais,
dans le bosquet derrière l’étang un rossignol chante…
J’ai ouvert en tremblant les portes-fenêtres,
je regarde dans la pénombre, observe les ombres…
Ah ! Une branche craque – était-ce un bruit de pas ?
Un oiseau s’est-il envolé de son perchoir ?
J’écoute intensément, anxieuse,
jusqu’à ce que j’entendre le son tranquille de tes pas ;
mes membres se refroidissent, de peur et d’effroi
– enfin tu es dans mes bras, mon amour !
Me voilà enfin dans tes bras tendres,
enfin un baiser – mais un baiser sans chaleur !
Ton cœur bat pourtant, et ton sang bouillonne,
mais tu n’oses te rendre à la folie de l’amour,
et lorsque j’entends ta voix chérie
je n’ose pas céder à sa magie,
et ne fais que trembler, et murmurer « mon chéri ! ».
Et si une autre est maître de ma beauté !
Dans ses bras, dans l’air tiède de la nuit,
je m’élève encore sur ma vision ailée :
dans ce jardin, cette obscurité, sur ce banc même,
où tu entendis pour la première fois le secret
de mon cœur…
Nos âmes se fondirent l’une dans l’autre,
alors, et si une autre est maître de ma beauté ?
Ja dushoju slivajus’ s tvojeju dushoj,
Pust’ vladejet on zhalkoj mojej krasotoj!
Iakov Petrovitch Polonski
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Zdes’ khorosho op. 21 n° 7
C’est beau ici
Zdes’ khorosho…
Vzgljani, vdali
Ognjom gorit reka;
Cvetnym kovrom luga legli,
Belejut oblaka.
Zdes’ net ljudej…
Zdes’ tishina…
Zdes’ tol’ko Bog da ja.
Cvety, da staraja sosna,
Da ty, mechta moja!
C’est beau ici !
Vois donc au loin
le fleuve qu’illumine le couchant,
les tapis de fleurs dans les prés,
et la fuite des nuages blancs.
Nous sommes seuls,
c’est le silence…
Dieu seul est là !
Et puis ces fleurs, ce vieux sapin
– et toi, mon rêve !
G. Galina
Vesennije vodv op. 14 n° 11
Eaux printanières
Jeshchjo v poljakh belejet sneg,
A vody uzh vesnoj shumjat,
Begut i budjat sonnyj breg,
Begut i bleshchut, i glasjat.
Oni glasjat vo vse koncy:
«Vesna idet,
Vesna idet!
My molodoj vesny goncy,
Ona nas vyslala vperjod.
Vesna idet,
Vesna idet!»
I tikhikh, teplykh majskikh dnej
Rumjanyj, svetlyj khorovod
Tolpitsja veselo za nej.
Les champs sont encore
blancs de neige,
mais déjà les eaux font entendre
les bruits du printemps.
Elles courent le long de la rive ensoleillée ;
elles courent, brillent, miroitent,
étincellent çà et là.
Le printemps approche, le printemps approche.
« Nous sommes les messagères du jeune printemps !
Il nous a envoyées le devancer ! »
Le printemps approche.
À sa suite se presse joyeusement
le cortège lumineux et rose
des chaudes journées paisibles de mai.
Féodor Tioutchev
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mardi 20 mai
Richard Strauss
Frühlingsgedränge op. 26 n° 1
Afflux printanier
Frühlingskinder im bunten Gedränge,
flatternde Blüten, duftende Hauche,
schmachtende, jubelnde Liebesgesänge
stürzen ans Herz mir aus jedem Strauche.
Enfants printaniers en afflux bigarrés,
des bourgeons frissonnants, d’odorantes exhalaisons,
de langoureux, exultants chants d’amour
assaillent mon cœur au détour de chaque frondaison.
Frühlingskinder mein Herz umschwärmen,
flüstern hinein mit schmeichelnden Worten,
rufen hinein mit trunkenem Lärmen,
rütteln an längst verschlossenen Pforten.
Enfants printaniers, qui voltigez autour de mon cœur,
lui murmurant des paroles enjôleuses,
y faisant retentir des clameurs enivrées,
vous ébranlez des portes depuis longtemps closes.
Frühlingskinder, mein Herz umringend,
was doch sucht ihr darin so dringend?
hab’ ich’s verraten euch jüngst im Traume,
schlummernd unter dem Blütenbaume?
Enfants printaniers qui vous pressez autour de mon cœur,
qu’y cherchez-vous donc avec tant d’insistance ?
Vous l’ai-je récemment révélé en rêve,
assoupi sous les arbres en fleurs ?
Brachten euch Morgenwinde die Sage,
daß ich im Herzen eingeschlossen
euren lieblichen Spielgenossen,
heimlich und selig ihr Bildnis trage?
Les brises matinales vous ont-elles raconté
que je garde enfermés en mon cœur
vos gracieux compagnons de jeux
et que, rempli d’une secrète félicité, je porte en moi
leur image ?
Nikolaus Lenau
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Wasserrose op. 22 n° 4
Nénuphar
Kennst du die Blume, die märchenhafte,
sagengefeierte Wasserrose?
Sie wiegt auf ätherischem, schlankem Schafte
das durchsicht’ge Haupt, das farbenlose,
sie blüht auf schilfigem Teich im Haine,
gehütet vom Schwan, der umkreiset sie einsam,
sie erschließt sich nur dem Mondenscheine,
mit dem ihr der silberne Schimmer gemeinsam:
so blüht sie, die zaub’rische Schwester der Sterne,
umschwärmt von der träumerisch dunklen Phaläne,
die am Rande des Teichs sich sehnet von ferne,
und sie nimmer erreicht, wie sehr sie sich sehne.
Wasserrose, so nenn’ ich die schlanke,
nachtlock’ge Maid, alabastern von Wangen,
in dem Auge der ahnende tiefe Gedanke,
als sei sie ein Geist und auf Erden gefangen.
Wenn sie spricht, ist’s wie silbernes Wogenrauschen,
wenn sie schweigt, ist’s die ahnende Stille der
Mondnacht;
sie scheint mit den Sternen Blicke zu tauschen,
deren Sprache die gleiche Natur sie gewohnt macht;
du kannst nie ermüden, in’s Aug’ ihr zu schau’n,
das die seidne, lange Wimper umsäumt hat,
und du glaubst, wie bezaubernd von seligem Grau’n,
was je die Romantik von Elfen geträumt hat.
Connais-tu la fleur, la fabuleuse fleur
de nénuphar dont parlent les sagas,
Sur sa fine tige aérienne, elle balance
sa tête transparente, presque incolore.
Elle fleurit parmi les roseaux des étangs sylvestres,
gardée par un cygne solitaire.
Elle ne s’ouvre qu’au clair de lune,
qui scintille d’argent, comme elle.
Ainsi fleurit-elle, féérique sœur des étoiles,
entourée des sombres phalènes rêveuses.
Au bord de l’étang, elle rêve d’un ailleurs lointain
qu’elle n’atteindra jamais, malgré la force de son rêve.
Nénuphar, ainsi nommé-je la mince
jeune fille aux boucles de nuit, aux joues d’albâtre,
l’œil brillant d’un pressentiment profond,
semblable à un esprit retenu sur la terre.
Elle parle, et c’est le murmure argenté des flots,
elle se tait, et c’est le silence éternel d’une nuit de lune.
Elle échange de regards avec les étoiles
dont elle partage le langage.
Jamais tu ne te lasses de plonger dans ses yeux,
aux longs cils soyeux,
et, saisi d’une épouvante sacrée, tu crois alors
tout ce que les Romantiques ont raconté sur les Elfes.
Felix Ludwig Julius Dahn
Wir beide wollen springen WoO 90
Nous voulons tous deux danser
Es ging ein Wind durch’s weite Land,
drang Mund an Mund, blies Hand in Hand,
und war als wie ein Singen,
hat dich und mich zusammgeweht.
und wenn er jetzt auch stille steht,
wir beide wollen springen.
Un vent parcourt le pays,
fait s’unir les lèvres et s’enlacer les mains.
On dirait un chant ;
Il nous a poussés l’un vers l’autre ;
et même quand il s’arrête :
nous voulons tous deux danser.
Otto Julius Bierbaum
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mardi 20 mai
Befreit op. 39 n° 4
Libération
Du wirst nicht weinen. Leise, leise
wirst du lächeln und wie zur Reise
geb’ ich dir Blick und Kuß zurück.
Unsre lieben vier Wände, du hast sie bereitet,
ich habe sie dir zur Welt geweitet;
o Glück!
Tu ne pleureras pas. Doucement, doucement,
tu souriras. Et comme pour un départ,
je te rendrai ton regard et ton baiser.
Notre cher foyer ! Tu l’as préparé,
je l’ai agrandi aux dimensions du monde –
ô bonheur !
Dann wirst du heiß meine Hände fassen
und wirst mir deine Seele lassen,
läßt unsern Kindern mich zurück.
Du schenktest mir dein ganzes Leben,
ich will es ihnen wieder geben;
o Glück!
Alors, tu prendras mes mains avec ardeur
et me laissera ton âme,
tu me laisseras avec les enfants.
Tu m’as offert toute ta vie,
je leur rendrai –
ô bonheur !
Es wird sehr bald sein, wir wissen’s beide,
wir haben einander befreit vom Leide,
so gab’ ich dich der Welt zurück!
Dann wirst du mir nur noch im Traum erscheinen
und mich segnen und mit mir weinen;
o Glück!
Bientôt, nous le savons tous deux,
nous serons libérés de la souffrance.
Je te rends à ton monde.
Alors, tu n’apparaîtras plus qu’en rêve
pour me bénir et pleurer avec moi –
ô bonheur !
Richard Fedor Leopold Dehmel
Zueignung op. 10 n° 1
Dédicace
Ja, du weißt es, teure Seele,
daß ich fern von dir mich quäle,
Liebe macht die Herzen krank,
habe Dank.
Oui, tu le sais, chère âme :
loin de toi, je me tourmente,
l’amour rend les cœurs malades,
sois remerciée.
Einst hielt ich, der Freiheit Zecher,
hoch den Amethysten-Becher,
und du segnetest den Trank,
habe Dank.
N’ai-je point autrefois, buvant à la liberté,
levé bien haut la coupe d’améthyste,
et tu as béni le breuvage,
sois remerciée.
Und beschworst darin die Bösen,
bis ich, was ich nie gewesen,
heilig, heilig an’s Herz dir sank,
habe Dank.
Et invoqué en lui les mauvais esprits
jusqu’à ce que, pour la première fois,
une stupeur sacrée me précipite sur ton cœur,
sois remerciée.
Hermann von Gilm
Pour le confort des artistes et du public, merci de manipuler ce document avec précaution et d’attendre la fin de la pièce avant de tourner la page.
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Mit deinen blauen Augen op. 56 n° 4
Tes yeux bleus
Mit deinen blauen Augen
siehst du mich lieblich an,
da ward mir so träumend zu Sinne,
daß ich nicht sprechen kann.
Tes yeux bleus
me regardent si tendrement
et me plongent dans une telle rêverie
que je ne peux plus parler.
An deinen blauen Augen
gedenk’ ich allerwärts:
ein Meer von blauen Gedanken
ergießt sich über mein Herz.
Je ne pense
qu’à tes yeux bleus :
tel un océan d’azur, mes pensées
se déversent sur mon cœur.
Heinrich Heine
Schlechtes Wetter op. 69 n° 5
Mauvais temps
Das ist ein schlechtes Wetter,
es regnet und stürmt und schneit;
ich sitze am Fenster und schaue
hinaus in die Dunkelheit.
Quel mauvais temps !
Il pleut, il vente très fort, il neige ;
Assis à ma fenêtre, je regarde
au dehors, dans l’obscurité.
Da schimmert ein einsames Lichtchen,
das wandelt langsam fort;
ein Mütterchen mit dem Laternchen
wankt über die Straße dort.
Là-bas brille une petite lumière solitaire
qui lentement avance ;
une petite vieille, sa lanterne à la main,
traverse la rue d’un pas chancelant.
Ich glaube, Mehl und Eier
und Butter kaufte sie ein;
sie will einen Kuchen backen
für’s große Töchterlein.
Elle a, je crois, acheté
de la farine, des œufs et du beurre
pour faire un gâteau
à sa grande fillette.
Die liegt zu Hause im Lehnstuhl
und blinzelt schläfrig ins Licht;
die goldnen Locken wallen
über das süße Gesicht.
Dans la maison celle-ci, assoupie dans un fauteuil,
cligne des yeux sous la lumière ;
ses boucles dorées ondulent
autour de son joli minois.
Heinrich Heine
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Giacomo Puccini
Vissi d’arte
Tosca
Vissi d’arte, vissi d’amore,
non feci mai male ad anima viva!
Con man furtiva
quante miserie conobbi, aiutai…
Sempre con fè sincera
la mia preghiera
ai santi tabernacoli salì.
Sempre con fè sincera
diedi fiori agli altar.
Nell’ora del dolore
Perché, perché, Signore,
perché me ne rimuneri così?
Diedi gioielli
della Madonna al manto,
e diedi il canto
agli astri, al ciel, che ne ridean più belli.
Nell’ora del dolor
Perché, perché, Signor, ah,
perché me ne rimuneri così?
J’ai vécu d’art et d’amour,
je n’ai jamais fait de mal à personne !
D’une main furtive,
combien de misères n’ai-je pas secourues…
Toujours ma prière,
d’une foi sincère,
montait vers les saints tabernacles.
Toujours, d’une foi sincère,
je portais des fleurs à l’autel.
À l’heure de la douleur,
pourquoi, pourquoi, Seigneur,
pourquoi me récompenser ainsi ?
J’ai donné des bijoux
pour le manteau de la Madone,
et j’ai offert ma voix au ciel, aux astres,
qui s’en paraient en souriant.
À l’heure de la douleur,
ah, pourquoi, pourquoi, Seigneur,
pourquoi me récompenser ainsi ?
Luigi Illica et Giuseppe Giacosa
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Amilcare Ponchielli
Suicidio
Gioconda
Suicidio !… In questi
fieri momenti
tu sol mi resti,
e il cor mi tenti.
Ultima voce
del mio destino,
ultima croce,
del mio cammin.
E un dì leggiadre
volavan l’ore;
perdei la madre,
perdei l’amore,
vinsi l’infausta
gelosa febbre !
Or piombo esausta
fra le tenebre !
Tocco alla meta…
domando al cielo
di dormir queta
dentro l’avel.
Suicide !… En ces
cruels moments,
toi seul me restes,
et tu tentes mon cœur.
Ultime voix
de mon destin,
ultime croix
de mon chemin.
Autrefois les heures
volaient, légères ;
j’ai perdu ma mère,
j’ai perdu l’amour,
j’ai vaincu la funeste
fièvre de la jalousie !
Épuisée, je sombre à présent
au milieu des ténèbres !
Je touche à mon but…
je demande au ciel
de dormir tranquille
dans la tombe.
Arrigo Boito
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mardi 20 mai
Giuseppe Verdi
Pace, pace
Leonora
Pace, pace, mio Dio; cruda sventura
m’astringe, ahimè, a languir;
came il dì primo da tant’anni dura
profondo il mio soffrir.
L’amai, gli è ver!… ma di beltà e valore
cotanto Iddio l’ornò
che l’amo ancor, né togliermi dal core
sua sapro.
Fatalità!… Fatalità!… un delitto
disgiunti n’ha quaggiù!…
Alvaro, io t’amo, e su nel cielo è scritto:
non ti vedrò mai più!
Oh Dio, Dio, fa ch’io muoia:
ché la calma può darmi morte sol.
Invan la pace qui sperò quest’alma
in preda a tanto duol.
Misero pane… A prolungarmi vieni
la sconsolata vita… Ma chi giunge?
Chi profanare ardisce il sacra loco?
Maledizione!… Maledizione!…
La paix, la paix, mon Dieu ; une cruelle infortune
me contraint, hélas, à languir.
Profonde, comme au premier jour,
ma souffrance dure depuis tant d’années.
Je l’aimais, c’est vrai !… Mais Dieu
l’avait tant orné de beauté, de valeur,
que je l’aime encore et ne saurais ôter
de mon cœur son image.
Fatalité !… Fatalité !… un crime
nous a désunis sur cette terre !…
Alvaro, je t’aime, mais c’est écrit dans le ciel :
je ne te verrai jamais plus !
Ô Dieu, mon Dieu, fais que je meure :
seule la mort peut me donner la paix.
C’est en vain que cette âme,
proie d’une douleur pareille, espérait ici le calme.
Pauvre pain… Tu viens prolonger
ma vie désolée… Mais qui vient ?
Qui ose profaner ce lieu saint ?
Malédiction !… Malédiction !…
Francesco Maria Piave
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Violeta Urmana
Née en Lituanie, Violeta Urmana
a commencé par se faire connaître
grâce à des rôles de mezzo-soprano
comme Kundry (Parsifal de Wagner)
ou la Princesse Eboli (Don Carlos de
Verdi), qu’elle a chantés dans les plus
grands opéras au monde et sous la
direction des plus grands chefs (Claudio
Abbado, Daniel Barenboïm, Bertrand
de Billy, Pierre Boulez, Riccardo Chailly,
James Conlon, James Levine, Fabio
Luisi, Zubin Mehta, Sir Simon Rattle,
Donald Runnicles, Giuseppe Sinopoli,
Christian Thielemann, Franz WelserMöst). Après des débuts remarqués
dans le rôle de Sieglinde (La Walkyrie
de Wagner au Festival de Bayreuth),
elle a fait ses véritables débuts de
soprano en interprétant le rôle-titre dans
Iphigénie en Aulide à la Scala de Milan
en décembre 2002 (direction Riccardo
Muti). Depuis cette époque, elle a été
applaudie dans les rôles de Madeleine
de Coigny (Andrea Chénier de Giordano
à Vienne), Lady Macbeth (Macbeth de
Verdi à Séville), Isolde (Tristan und Isolde
de Wagner à Rome), Élisabeth (Don
Carlos de Verdi à Turin), Amelia
(Un bal masqué de Verdi à Florence),
la Gioconda (La Gioconda de Ponchielli)
et Leonora (La Force du destin de Verdi
à Londres), mais aussi dans les
rôles-titres de Tosca à Florence et
à Los Angeles, d’Ariane à Naxos au
Metropolitan Opera de New York, de
Norma à Dresde, d’Aïda à la Scala de
Milan et de La Wally au Konzerthaus
de Vienne. On aura prochainement
l’occasion de l’entendre dans Tristan
und Isolde à Kyoto, Tokyo, Vienne et
Cologne, dans Un bal masqué à Madrid,
dans Tosca à Berlin, Chicago, Vienne et
New York, dans Ariane à Naxos à Berlin
et New York, dans Macbeth à Paris et
Bilbao, dans La Force du destin à Vienne
et Barcelone, dans Aïda à Vienne et New
York et dans Attila de Verdi à New York
(rôle d’Odabella, dans lequel elle fera
ses débuts). En tant que concertiste et
récitaliste, Violeta Urmana a défendu un
répertoire qui s’étend de Bach à Alban
Berg dans les lieux les plus prestigieux
d’Europe, des États-Unis et du Japon.
Elle a enregistré le rôle-titre de
La Gioconda (direction Marcello Viotti),
des extraits de Tristan und Isolde et du
Crépuscule des dieux (direction Antonio
Pappano), Azucena dans Le Trouvère
de Verdi (direction Riccardo Muti),
Cuniza dans Oberto de Verdi (direction
Sir Neville Marriner), les Lieder sur des
poèmes de Maeterlinck de Zemlinsky
et Le Rossignol de Stravinski (direction
James Conlon), la Symphonie n° 2
de Mahler (direction Kazushi Ono),
Le Chant de la Terre et les RückertLieder de Mahler (direction Pierre
Boulez), La Mort de Cléopâtre de
Berlioz (direction Bertrand de Billy),
la Symphonie n° 9 de Beethoven
(direction Claudio Abbado) ainsi qu’un
album de lieder. Interprète de Kundry
dans le film The Search for the Grail
de Tony Palmer, elle a chanté le
troisième acte d’Aïda lors d’un concert
de gala à la Staatsoper de Vienne
(l’intégralité du concert est aujourd’hui
disponible en DVD). En 2002, elle a reçu
le Prix de chant de la Royal Philharmonic
Conservatoire Tchaïkovski de Moscou.
Ancien élève de Helmut Deutsch et
de Dietrich Fischer-Dieskau (avec qui
il a travaillé l’interprétation du lied
allemand), il mène actuellement une
brillante carrière de soliste, de musicien
de chambre, d’accompagnateur et
Society à Londres.
d’enseignant. Depuis ses débuts
remarqués dans des concours de piano
en Italie, en Espagne et en Afrique du
Sud, Jan Philip Schulze s’est produit
dans la plupart des pays européens et au
Japon. Il a collaboré avec des chanteurs
aussi renommés que Dietrich Henschel,
Juliane Banse, Jonas Kaufmann et
Rachel Harnisch. Accompagnateur
attitré de Violeta Urmana, il a été
applaudi avec elle à Bruxelles,
à la Scala de Milan, à la Schubertiade
de Schwarzenberg, à Graz, à Strasbourg,
à Paris, au Festival de Munich, au
Wigmore Hall de Londres, à Barcelone,
à Grenade, au Festival de Salzbourg,
à Bilbao, à Valence, à Madrid, à Vigo,
à Anvers, à Francfort, à Vienne, au
Festival d’Édimbourg, à Amsterdam,
à Toulouse et à Dresde. En tant que
soliste et musicien de chambre,
Jan Philip Schulze se consacre
principalement à la musique
contemporaine. Pianiste de l’Ensemble
TrioLog de Munich, il a participé
à de nombreuses créations mondiales
(Odessa, Zagreb, Berlin, Madrid, etc.).
Il a également interprété l’intégrale de
l’œuvre pour piano d’Hans Werner Henze
(plusieurs concerts à Rome, à Madrid,
Jan Philip Schulze
Récipiendaire de bourses et de prix
prestigieux dans plusieurs concours
internationaux, Jan Philip Schulze a
étudié le piano à l’École Supérieure
de Musique de Munich et au
à la Scala de Milan, à Gênes, à la Alte
Oper de Francfort et à Hambourg).
Jan Philip Schulze a fait ses débuts avec
l’Orchestre Philharmonique de Munich
et l’on peut régulièrement l’entendre
en Europe et en Asie avec son ensemble
de chambre TrioLog, récipiendaire du
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Prix de la Culture de la ville de Munich.
Il est actuellement membre de la faculté
de l’École Supérieure de Musique et
de Théâtre de Hanovre. Il a par ailleurs
dirigé des master-classes en Corée du
Sud, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas
et en Ukraine.
Salle Pleyel
Président : Laurent Bayle
Notes de programme
Éditeur : Hugues de Saint Simon
Rédacteur en chef : Pascal Huynh
Rédactrice : Gaëlle Plasseraud
Maquettiste : Ariane Fermont
Stagiaires : Marie-Anaya Mahdadi, Émilie Moutin
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Salle Pleyel | Prochains concerts
DU vendredi 23 AU samedi 31 mai 2008
vendredi 23 mai – 20h
MERCREDI 28 MAI – 20H
SAMEDI 31 MAI – 20H
Aribert Reimann
Finite Infinity – création
Jean Sibelius
Le Barde
Richard Strauss
Mort et transfiguration
Ludwig van Beethoven
Ouverture d’Egmont
Wladyslaw Szpilmann
Concertino pour piano
Leonard Bernstein
Symphonie n° 3 « Kaddish »
Claudio Monteverdi
L’Orfeo – Favola in musica
Orchestre Philharmonique de Radio France
Susanna Mälkki, direction
Christine Schäfer, soprano
Orchestre de Paris
Chœur de l’Orchestre de Paris
Maîtrise de Paris
John Axelrod, direction
Didier Bouture, Geoffroy Jourdain, chefs
de chœur
Patrick Marco, chef de chœur
Ewa Kupiec, piano
Ana Maria Martinez, soprano
Samuel Pisar, récitant
Les Arts Florissants, chœur et orchestre
Les Sacqueboutiers de Toulouse
William Christie, direction
Maria Grazia Schiavo, La Musica, Euridice
Dietrich Henschel, Orfeo
Sonia Prina, La Messaggiera, Proserpina
Luigi De Donato, Caronte
Antonio Abete, Plutone
Agustín Prunell-Friend, Apollo
samedi 24 mai – 11h
« Poupées russes » – Conte musical russe
Orchestre de Paris
Michael Glütter, direction
Hélène Codjo, conception
Laure Goujet, narration
Sacha Poliakova, illustrations
Christian Fromont, coaching et mise en espace
Livret d’Alessandro Striggio
version de concert d’après la production du
Teatro Real de Madrid
Les Arts Florissants sont subventionnés par
le Ministère de la culture et de la communication,
VENDREDI 30 MAI – 20H
Zoltán Kodály
Danses de Galanta
Coproduction Orchestre de Paris, Jeunesses Musicales Dmitri Chostakovitch
de France.
Concerto pour violon n° 1
Igor Stravinski
L’Oiseau de feu – version de 1919
samedi 24 mai – 19h
Orchestre Philharmonique de Radio France
Carl Maria von Weber
Gustavo Dudamel, direction
Ouverture d’Euryanthe
Nikolaj Znaider, violon
Robert Schumann
Symphonie n° 1
Modeste Moussorgski
Tableaux d’une exposition
la Ville de Caen et le Conseil régional de
Basse-Normandie. Leur mécène est Imerys.
Les Arts Florissants sont en résidence au Théâtre
de Caen.
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
Mariss Jansons, direction
Coproduction Productions Internationales Albert
Sarfati – Salle Pleyel.
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Salle Pleyel 08 | 09 L’art de la voix
DIMANCHE 7 DÉCEMBRE – 19H
Sicilia
Mélodies et tarentelles siciliennes
Roberto Alagna, ténor
Orchestre National Bordeaux Aquitaine Claude Angel, guitares
Paolo Olmi, direction
Robert Le Gall, guitares, mandolines
June Anderson, soprano
et violon
Lionel Suarez, accordéon, bandonéon
Laurent Vernerey, contrebasse
Coproduction Céleste Productions - Les Grandes
Nicolas Montazeaud, percussions
Voix, Opéra National de Bordeaux et Salle Pleyel.
Yvan Cassar, direction musicale et
arrangements
dimanche 12 octobre – 20H
Mélodies de Sergueï Rachmaninov et
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Céleste Productions - Les Grandes Voix.
MARDI 9 DÉCEMBRE – 20H
Dmitri Hvorostovsky, baryton
Evgueni Kissin, piano
« Furore ! »
Georg Friedrich Haendel
Coproduction Productions Internationales Albert
Sarfati, Celeste Productions - Les Grandes Voix
Airs de folie et de fureur extraits
de Teseo, Imeneo, Giulio Cesare
et Hercules...
Les Talens Lyriques
SAMEDI 15 NOVEMBRE – 20H
Christophe Rousset, direction
Airs et duos d’opéras de Giuseppe Verdi, Joyce DiDonato, mezzo-soprano
Piotr Ilitch Tchaïkovski, Nikolaï RimskiCoproduction Céleste Productions - Les Grandes
Korsakov...
Voix, Salle Pleyel.
Orchestre National d’Île-de-France
Anna Netrebko, soprano
Dmitri Hvorostovsky, baryton
Céleste Productions - Les Grandes Voix.
SAMEDI 20 DÉCEMBRE – 20H
Récital autour de Rossini
Cecilia Bartoli, mezzo-soprano
Sergio Ciomei, piano
MARDI 17 FÉVRIER – 20H
Mélodies et lieder de Edvard Grieg,
Sergueï Rachmaninov, Jean Sibelius
et Richard Wagner
Nina Stemme, soprano
Bénédicte Haid, piano
Coproduction Céleste Productions - Les Grandes
Voix, Salle Pleyel.
MARDI 5 MAI – 20H
Airs et extraits d’opéras de Georg
Friedrich Haendel
Gabrieli Consort & Players
Paul McCreesh, direction
Rolando Villazón, ténor
Céleste Productions - Les Grandes Voix.
MERCREDI 24 JUIN – 20H
Claude Debussy
La Mer
Richard Wagner
Prélude et Mort d’Isolde
Gustav Mahler
Symphonie n° 10 (Adagio)
Richard Strauss
Quatre Derniers Lieder
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Ingo Metzmacher, direction
Deborah Voigt, soprano
Imprimeur SIC | Imprimeur BAF | Licences 7503078, 7503079, 7503080
MERCREDI 1er OCTOBRE – 20H
Airs de Vincenzo Bellini, Gaetano
Donizetti, Gioachino Rossini et
Giuseppe Verdi
Mécène de l’art de la voix
Les partenaires média de la Salle Pleyel
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