le tramadol pour traiter la douleur arthrosique et neuropathique

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le tramadol pour traiter la douleur arthrosique et neuropathique
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26 octobre 2015
Sujets brûlants et questions douloureuses : le
tramadol pour traiter la douleur arthrosique et
neuropathique
Question clinique : Le tramadol est-il efficace pour
traiter la douleur arthrosique et neuropathique?
Conclusion : Comparativement au placebo, le tramadol réduit la
douleur neuropathique et arthrosique de 50 % ou plus chez une
personne sur cinq, mais une personne sur 8 à 12 abandonne le
traitement en raison d’effets indésirables. Quoique les comparaisons
soient limitées, le tramadol, pour ce qui est de la prise en charge de
la douleur, semble donner des résultats semblables à ceux de la
gabapentine (douleur neuropathique) et des résultats semblables à
ceux des opioïdes ou du diclofénac (arthrose) ou meilleurs.
Données probantes
• Pour la douleur neuropathique :
o Tramadol seul : deux revues systématiques [six ou sept essais cliniques
randomisés (ECR)]1,2 :
 Réduction de la douleur de 50 % ou plus : 46 % pour le tramadol, 27 % pour
le placebo, nombre de sujets à traiter (NST)=5 sur une période de quatre à
neuf semaines1.
• Une autre a constaté un NST de 4 après une période d’environ six
semaines2.
 Effets indésirables causant l’abandon du traitement1,2 : nombre nécessaire
pour obtenir un effet nocif (NNN)=8 à 12.
o Tramadol avec acétaminophène :
 ECR (313 patients souffrant d’une neuropathie diabétique) par rapport au
placebo3 :
• Réduction de la douleur de 30 % : NST=6.
 ECR ouvert (163 patients souffrant d’une neuropathie diabétique) : aucune
différence de l’intensité de la douleur par rapport à la gabapentine4.
• Le tramadol a augmenté les nausées et les vomissements, NNN=12.
Problèmes : possibilité de biais de publication1, perte élevée au suivi2,4, trop de
lacunes dans certaines études pour permettre une interprétation cohérente2,
faible puissance statistique4.
Pour l’arthrose :
o Revue systématique (11 ECR)5,6 visant une réduction de la douleur de 50 % ou
plus après environ 35 jours :
 Par rapport au placebo (quatre ECR) :
• 71 % par rapport à 51 %, NST=5.
• Taux plus élevé d’abandons pour cause d’effets indésirables, NNN=8.
 Par rapport à d’autres opioïdes ou au diclofénac (trois ECR) :
• 63 % par rapport à 47 %, NST=7.
• Le tramadol a été associé à un taux plus élevé d’effets indésirables
causant l’abandon dans deux des trois comparaisons (y compris le
diclofénac).
 Limites : l’auteur de la revue systématique est un employé du fabricant; la
plupart des études ont été commanditées par le fabricant; le processus de
randomisation n’était souvent pas décrit.
o Deux petits ECR comparant le tramadol au diclofénac : aucune différence quant à
l’efficacité7,8. Le tramadol a été associé à des effets indésirables plus graves.
o
•
Contexte
• Une revue systématique portant sur la douleur neuropathique a constaté que, par
rapport au placebo, le NST et le NNN sont semblables pour la plupart des
médicaments1.
• Réaction de l’arthrose aux opioïdes : NST=10 et NNN de 21 pour l’abandon du
traitement en raison d’effets indésirables9.
• Une étude possiblement biaisée et présentant des lacunes sur le plan de la puissance
statistique a constaté que le tramadol est associé à des taux d’« abus » semblables à
ceux des AINS et plus élevés que ceux de l’hydrocodone10.
o Les signalements d’abus et de décès liés au tramadol augmentent11,12.
• Selon les données issues d’études de cohorte, les convulsions sont rares (moins de
1 %) et plus susceptibles de survenir chez les personnes prédisposées13-15.
• Le tramadol à action retardée coûte environ 75 $ par mois (200 mg par jour). Le
Tramacet (deux comprimés quatre fois par jour) coûte environ 185 $ par mois16.
o Le médicament n’est pas couvert dans plusieurs provinces en raison de
l’insuffisance de données probantes concernant sa supériorité par rapport à
d’autres agents moins cher17.
Auteurs
Adrienne J. Lindblad, B. Sc. (pharmacie), ACPR, Pharm. D., et Lisa Freeman, M.D., CCMF
Divulgation
Les auteurs n’ont aucun conflit d’intérêts à divulguer.
Références
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2. Duehmke RM, Hollinshead J, Cornblath DR, Cochrane Database Syst Rev, 2006, 3 :
CD003726.
3. Chaparro LE, Wiffen PJ, Moore RA, et al., Cochrane Database Syst Rev, 2012, 7 :
CD008943.
4. Ko SH, Kwon HS, Yu JM, et al., Diabet Med, 2010, 27 : 1033-1040.
5. Cepeda MS, Camargo F, Zea C, et al., Cochrane Database Syst Rev, 2006, 3 :
CD005522.
6. Cepeda MS, Camargo F, Zea C, et al., J Rheumatol, 2007, 34 : 543-555.
7. Pavelka K, Pelisková Z, Stehliková H, et al., Clin Drug Investig, 1998, 16(6) :
421-429.
8. Beaulieu AD, Peloso PM, Haraoui B, et al., Pain Res Manag, 2008, 13(2) : 103-110.
9. da Costa BR, Nüesch E, Kasteler R, et al., Cochrane Database Syst Rev, 2014, 9 :
CD003115.
10. Adams EH, Breiner J, Cicero TJ, et al., J Pain Symptom Manage, 2006, 31 : 465-476.
11. Randall C, Crane J, J Forensic Leg Med, 2014, 23 : 32-36.
12. Winstock AR, Borschmann R, Bell J, Int J Clin Pract, 2013, 68 : 1147-1151.
13. Gardner JS, Blough D, Drinkard CR, et al., Pharmacotherapy, 2000, 20 : 1423-1431.
14. Gasse C, Derby L, Vasilakis-Scaramozza C, et al., Pharmacotherapy, 2000, 20 :
629-634.
15. Jick H, Derby LE, Vasilakis C, et al., Pharmacotherapy, 1998, 18 : 607-611.
16. Regier L, Chronic Non-cancer Pain: General Considerations, RxFiles drug comparison
charts, RxFiles 10th ed, Saskatoon (Saskatchewan), Saskatoon Health Region, 2014,
p. 95-97. Sur Internet : www.Rxfiles.ca (consulté le 9 juillet 2015).
17. Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé,
Recommandation finale du CCCEM et motifs de la recommandation : tramadol et
acétaminophène. Sur Internet :
https://www.cadth.ca/media/cdr/complete/cdr_complete_Tramacet_May1707_fr.pdf (consulté le 8 juin 2015).
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