Causes, traitement et conséquences de l`anémie en cas d`arthrite

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Causes, traitement et conséquences de l`anémie en cas d`arthrite
4 ème Iron Academy (17 mars 2011, Hôpital universitaire de Zurich, Suisse)
Causes, traitement et conséquences de l’anémie en cas d’arthrite
rhumatoïde
Jean Dudler, Hôpital Fribourgois, Clinique de Rhumatologie, Fribourg, Suisse.
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Résumé:
L’anémie est une manifestation, ou plutôt une complication, extra-articulaire très fréquente de
la polyarthrite rhumatoïde, et on estime qu’entre 33 et 60 % des patients souffrant de polyarthrite
rhumatoïde présentent une anémie modérée. L’anémie peut également être sévère, et une étude
anglaise a démontré que plus de 15 % des patients ont présenté au moins à une reprise des valeurs
d’hémoglobine < 100 g/l dans les 10 premières années de suivi de leur maladie, alors que, dans une
autre étude, près de 5 % des patients avaient même des valeurs < 80 g/l dans le cadre de leur évaluation avant une chirurgie prothétique orthopédique.
L’anémie de la polyarthrite rhumatoïde est le prototype de l’anémie inflammatoire, et on comprend mieux aujourd’hui les mécanismes de cette anémie où l’interleukine-6 et l’hepcidine jouent
un rôle clef, beaucoup plus que tous les autres médiateurs proinflammatoires, même si on reconnaît
un rôle modéré direct de cytokines comme le TNF et l’interleukine-1 sur la production d’érythropoïétine et l’hématopoïèse. L’importance de l’interleukine-6 dans ces mécanismes est en particulier bien
démontrée par la normalisation rapide de l’anémie sous tocilizumab, un inhibiteur fonctionnel de
l’interleukine-6.
Toutefois, l’anémie de la polyarthrite rhumatoïde n’est pas uniquement inflammatoire, et un
diagnostic étiologique est toujours de mise. Dans une étude de patients souffrant de polyarthrite
rhumatoïde et d’anémie, presque autant de patients souffraient d’une carence martiale que d’une
anémie inflammatoire, un chiffre peut-être même sous-estimé comme le démontre une étude comparant la fréquence de l’anémie carentielle estimée par dosage de la ferritine ou par coloration d’aspiration médullaire. De plus, les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde sont à plus haut risque de
carence vitaminique, d’anémie hémolytique et d’hémopathies qui peuvent participer à l’anémie.
Finalement, le traitement de l’anémie rhumatoïde passe par le traitement de la maladie de base,
associé si nécessaire à une correction des carences, traitement qui permettra non seulement une
correction de l’anémie, mais s’accompagne d’une amélioration de la fonction physique et de la qualité
de vie, d’une diminution significative de la fatigue et peut-être même d’une diminution de l’activité de
la maladie articulaire elle-même.
À une époque où le paradigme de traitement est la rémission, l’anémie est une facette incontournable de la polyarthrite rhumatoïde qui mérite toute notre attention. Un traitement efficace de la
maladie de base et de l’inflammation devrait permettre de diminuer significativement la prévalence
de cette complication importante, alors qu’on restera attentif à ne pas occulter une autre étiologie
comme une carence martiale chez ces patients souvent polymorbides.
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