1er trimestre de 2016 - La maudite septième année

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1er trimestre de 2016 - La maudite septième année
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
La maudite septième année !
Le mois de janvier a bien été
marqué par un crash boursier,
bien que personne n'ait encore osé prononcer ce mot.
Même les médias évitent
d'employer ce terme pourtant
percutant. Tous s'attendent à
un redressement très prochain et espèrent que ce
«crash» ne soit évoqué que
comme une simple correction
indispensable dans les annales, en rétrospective. En
vérité, pour un début d'année, les récents événements
n'ont connu aucun précédent historique. En effet, les
marchés boursiers ont, pour l'instant, quelque peu
perdu de leur attrait. La dernière correction à laquelle
nous assistons à l'heure actuelle ne revêt pas de
simples accidents périodiques auxquels nous nous
étions habitués au cours des dernières années et dont
les investisseurs profitaient à chaque fois pour agrandir
leur portefeuille, comme ce fut le cas lors de la crise de
l'euro en 2011, après l'annonce du retrait du QE par
Ben Bernanke en 2014 ou encore après la quasi-faillite
de la Grèce. Soutenus par les politiques monétaires, les
marchés - dont également le marché suisse, qui a su
rapidement absorber le choc du taux de change du 15
janvier 2015 – avaient retrouvé leur tendance haussière. Tout achat qui s'est effectué aussitôt ressemblait
à une véritable chasse aux bonnes affaires – du moins
pendant un certain temps.
Les événements qui se sont profilés à l'été 2015, mais
que personne n'a vraiment voulu accepter, commencent à nous sauter aux yeux. Les investisseurs se voient
désormais confrontés à un divorce, après sept ans de
«lune de miel» boursière unique et, au fond, difficilement justifiable. Pourtant, l'imminence de cet événement s'était murmurée depuis longtemps, sans que
personne n'ose la prononcer tout haut. Certes, la violence de la correction actuelle a été excessive, mais
tout autant à l'instar du rallye qui l'a précédée. Je ne
parierais donc pas que la baisse des cours s'en arrête
là. C'est comme si les marchés retrouvaient peu à peu
la raison, ou presque. Sur les marchés financiers, la
rationalité implique avant tout ne pas (ou plus) compter sur les autres ou espérer l'aide d'un tiers mais faire
attention aux données fondamentales. Car la politique
monétaire non plus n'est pas toute puissante. C'est
donc la principale leçon que les marchés doivent en
tirer aujourd'hui. Les mesures monétaires étaient
certes adaptées en qualité d'aide au sauvetage, suite à
la faillite de Lehman Brothers, mais non pas pour le
traitement à long terme d'un patient atteint d'une
maladie chronique.
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
21.01.2016
Raiffeisen Economic Research
[email protected]
Tel. +41 (0)44 226 74 41
Où est le «problème»?
Quelles que soient les causes du crash actuel qui défilent sur les news boursiers en continus, elles ne sont
pas responsables du revirement de tendance sur les
marchés. En effet, ce crash n’est dû ni à l'effondrement des prix du pétrole, ni à la Chine, ni au «haircut»
prévisible en Grèce (qui, après ne devrait pas s'appeler
ainsi) ni au risque d'un ralentissement cyclique aux
Etats-Unis, ni enfin aux nombreuses incertitudes géopolitiques. Ces phénomènes n'ont rien de nouveau. La
seule nouveauté est que les marchés doivent se confronter sérieusement à toutes ces incertitudes. Bien
que ces dernières fussent prévisibles depuis bien longtemps, les marchés tombent des nues – comme à
chaque crash boursier – et ne réalisent que maintenant
qu'un cocktail explosif s'est concocté et pourrait éclater à tout moment. Et que se passera-t-il si les banques
centrales ne seront plus en mesure d'assurer leur rôle
protecteur? Il ne s'agit plus de s'inquiéter de la conjoncture mondiale, mais de savoir ce qu'il adviendra si
l'actuel scepticisme des marchés pour 2016 se confirme. Soudain, les marchés se rendent compte que
tout le potentiel de la politique monétaire est épuisé.
Les Etats-Unis ne disposent que d'une toute petite
marge pour réduire les taux si la conjoncture venait à
s'essouffler. On risque alors de retomber au régime de
taux zéros. Aujourd'hui, plus aucun acteur du marché
ne croit à la reprise de la conjoncture. C'est bien là le
problème.
Douloureux mais indispensable
Au fond, l'effondrement actuel est tout à fait salutaire,
aussi douloureux soit-il. Il était inévitable. Grâce à lui,
les marchés remettent leurs pieds sur terre et relativisent ce qu'ils avaient artificiellement surestimé au
cours des dernières années. L'absence d'alternatives
aux actions dans un environnement de taux nuls a
toujours conduit à des achats consécutifs aux corrections. Cette absence reste un argument convaincant,
en particulier pour les investisseurs stratégiques.
Néanmoins, les rendements sur dividendes fondent
eux aussi comme neige au soleil lorsque la conjoncture
s'essouffle. C'est pourquoi la prudence reste de mise
d'un point de vue tactique. C'est justement là que
s'explique la nervosité du marché des actions. Or cette
dernière pourrait durer encore longtemps, en effet
l'or, la monnaie des plus pessimistes, ayant franchi hier
la barre des USD 1'100.00 par once, dévoilant ainsi
une partie de ce sentiment de panique. Aujourd'hui,
l'or est le seul moyen de placement qui ne présente
vraiment aucune autre alternative, à part les espèces,
bien sûr. Alors mieux vaut attendre jusqu'à ce que
cette nervosité retombe clairement. Il ne s'agit pas
d'attendre Godot, mais peut-être simplement le prin-
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
La maudite septième année !
21.01.2016
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temps. Alors nous en saurons plus, surtout concernant
la situation aux Etats-Unis.
Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen
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