3ème trimestre 2016 - Modern Times 2.0

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3ème trimestre 2016 - Modern Times 2.0
13.07.2016
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
Modern Times 2.0
Qui ne connaît pas Charlie Chaplin
et son film «Les temps modernes»
présenté pour la première fois le
5 février 1936? Cela fait désormais
80 ans que ce comédien inégalé a
présenté sa version du progrès
technique sous la forme d’une
chaîne de production, également
marquée par le chômage de masse
résultant de la Grande Dépression.
Aujourd’hui encore, nous vivons
en des temps modernes. Et la foi dans les possibilités illimitées de la technologie est plus grande que jamais.
Rappelons toutefois qu’il n’y a pratiquement jamais eu de
génération dans l’histoire récente de l’humanité qui n’ait cru
qu’aujourd’hui tout est différent d’autrefois. Quant à savoir
si tout est aussi meilleur, la question reste ouverte, car ils ne
sont pas nombreux aujourd’hui à évoquer encore le bon
vieux temps, d’autant qu’ils perdent de vue que le bon vieux
temps a généralement commencé par être aussi une mauvaise ère nouvelle. Charlie le clochard est un personnage
amusant, tout comme l’action. Aussi exagérée soit-elle par
moment, elle recèle tout de même une grande part de vérité. A la grande masse des fourmis besogneuses s’opposent
quelques patrons qui s’adonnent à des activités plus ou
moins «productives» dans leur bureau. Le patron de Charlie
s’essaye par exemple sans grand talent à un puzzle, s’estime
irremplaçable, se considère comme un visionnaire et a une
foi inébranlable dans le progrès. En vérité, il s’ennuie fermement et se montre extrêmement décadent. Sans compter
qu’il est un adepte enflammé de la technique, alors même
qu’il n’y comprend rien, ce qui n’est pas sans rappeler le
football où les experts sont légion. Malheureusement, les
usines ne sont pas des enceintes de compétitions et elles
sont de moins en moins nombreuses aux Etats-Unis.
Le nouveau millénaire moderne
Tout cela se déroulait au dernier millénaire et donne donc
l’impression de remonter à des temps très très lointains. Il
n’y a plus jamais eu depuis de Grande Dépression comme
celle du siècle dernier, pour autant qu’on la mesure à l’aune
du chômage (aux Etats-Unis). Les crises financières se multiplient en revanche et avec elles les dettes et il y a parfois de
quoi être dépressif. Ce millénaire qui n’en est pourtant qu’à
ses premiers balbutiements a déjà connu pas moins de trois
krachs boursiers. La crise des subprimes s’est produite sept
ans seulement après l’éclatement de la bulle Internet et a été
suivie quatre ans plus tard de la crise de la dette dans la
zone euro. Celle-ci a failli être rééditée peu après et il a fallu
le «whatever it takes» de Mario Draghi pour la bannir, du
moins en apparence. Les temps modernes actuels sont avant
tout marqués par les sauvetages et ne coïncident pas avec
ma vision du progrès. On sauve avant tout ce qui est grand,
des compagnies aériennes, des constructeurs automobiles,
voire des Etats, mais avant tout et sans cesse des banques.
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
Raiffeisen Economic Research
[email protected]
Tél. +41 44 226 74 41
Les banques sont communément considérées comme le
foyer de la contagion. Cet avis fait d’ailleurs l’unanimité, tout
Raiffeisen
Economic
comme l’idée que la taille
constitue
une Research
menace pour
[email protected]
l’économie puisqu’elle incarne
le pouvoir de marché qui est
44 226
souvent utilisé à mauvais escient.Tél.
Le+41
«Too
big 74
to 41
fail» ne
constitue certes pas un phénomène spécifique aux banques,
mais celles-ci rythment malheureusement encore l’économie,
dont le pouls se mesure dans les casinos de ce monde, à
savoir les bourses.
Progrès zéro
Rien ne change. Des experts chevronnés, même en Suisse,
estiment que c’est actuellement au tour des banques italiennes d’avoir besoin d’être sauvées. Nous savons tous qu’il
a «fallu» sauver les banques grecques à plusieurs reprises.
L’argumentation est toujours la même. Si les établissements
financiers chancelants ne sont pas sauvés, autrement dit
recapitalisés, la crise menace de se propager au monde entier, parce que les interdépendances sont extrêmement
complexes dans le secteur, tout en manquant aussi singulièrement de transparence. Nous risquons une profonde récession, un chômage de masse et tout ce qui s’ensuit. Aucun
politicien ne veut évidemment en entendre parler et encore
moins en assumer la responsabilité. Il vaut mieux procéder à
un énième sauvetage et sauver sa propre tête par la même
occasion. Dans nos temps modernes actuels, nous n’avons
pas réussi à désamorcer cette situation dangereuse. Le secteur financier n’a bien sûr aucun intérêt à ce que les choses
changent, tant que les pertes peuvent être répercutées sur la
collectivité et que les bénéfices sont privatisés. Un peu plus
de progrès serait fort souhaitable en ces temps modernes
actuels, afin de mettre un terme à cet automatisme dévastateur. Nul besoin d’aller aussi loin que dans «Les temps modernes» de Charlie Chaplin. Là aussi, l’alimentation automatique est un échec.
Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen
Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen
Modern Times 2.0
13.07.2016
Raiffeisen Economic Research
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