Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - Chapitre 7

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Metal Gear Solid - Rise Of Outer Heaven - Chapitre 7
écrit par Sunwalker
d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima
Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr
Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons
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L'agent spécial Solid Snake acheva de camoufler son parachute dans les fourrés puis activa son
récepteur GPS. Rapidement il s'orienta vers la flèche qui pointait vers sa destination, sur l'écran de
l'appareil, puis s'élança à travers les arbres de la forêt.
Il lui fallut près de deux heures pour atteindre la frontière en consultant régulièrement sa position,
pour être sûr de ne pas s'égarer. D'ailleurs s'il n'avait pas jeté un œil au GPS un kilomètre avant
d'atteindre la frontière, rien n'aurait pu lui signifier qu'il quittait le Kazakhstan, tant la forêt restait
semblable à perte de vue.
Une heure et demi plus tard, après avoir traversé à la nage un petit cours d'eau, Snake quitta le
couvert des arbres et déboucha directement sur une falaise qui culminait à près de trente-cinq mètres de
haut. Le soleil s'était levé depuis trois-quart d'heure et dardait ses rayons vers le sommet de l'à-pic
rocheux.
L'agent de Fox-Hound s'équipa de gants d'escalade, enfila un baudrier et, après avoir cherché le
passage le plus praticable, se lança dans l'ascension du mur de pierre. Ces quatre années passées au sein
de l'unité commandée par le légendaire Big Boss avaient fait du jeune homme de 27 ans un meilleur
soldat, affinant davantage sa musculature et son agilité. Ses sens de combattant s'étaient aussi améliorés
à tel point qu'il était devenu, après un an de formations et d'entrainements intensifs, le meilleur membre
de l'unité.
Escalader la falaise relevait alors pour lui de la pure routine. Tous les cinq ou six mètres, Snake
assurait malgré tout son ascension en plantant dans la paroi des pitons d'ancrage, à travers lesquels il
faisait passer la corde fixée à son baudrier. Ses mains et ses pieds évoluaient rapidement de prise en
prise, à tel point que la progression vers le sommet se faisait à un rythme soutenu, sans aucun faux pas.
Snake n'avait même pas besoin de réfléchir ou de se concentrer sur ce qu'il faisait. Son corps agissait par
automatismes. Cela lui permit de se remémorer l'objectif de sa mission.
Le colonel Roy Campbell attendait déjà dans la salle de briefing quand Solid Snake y pénétra.
Commandant en second de Fox-Hound, Campbell supervisait les opérations en cours et assurait
l'intérim lorsque Big Boss était absent, ce qui était le cas depuis plusieurs semaines déjà. Grand,
athlétique, bientôt la soixantaine, Campbell avait un visage anguleux et un air constamment sérieux. Il
prenait semblait-il à cœur la tâche qui lui était confiée. Le colonel portait son uniforme de gradé et son
crâne était surmonté d'un béret frappé de l'insigne de l'unité.
Snake vint se présenter devant lui et se mit au garde-à-vous. Campbell le salua en retour et l'invita à
s'asseoir, avant d'attraper une télécommande et d'allumer un écran géant fixé au mur de la salle de
briefing.
L'agent de Fox-Hound s’exécuta et jeta un œil au fond de la pièce, où un homme en costume était
assis sur une chaise, droit comme un I, un stylo et un bloc-note à la main. Le colonel ne le présentant
pas, Snake l'ignora.
― Ça t'ennuie si je m'en grille une, colonel ?
L'espace d'un instant, Campbell sembla foudroyer le jeune homme du regard mais ses traits
s'adoucirent bientôt et un sourire se dessina sur son visage.
― Du moment que tu utilises le cendrier posé sur la table devant toi, je n'y vois pas d'inconvénient,
répondit-il.
Il ne fallait pas se fier à l'air sévère et froid du colonel. Lorsqu'il avait intégré définitivement Foxhound, suite à l'incident au Gindra, Snake avait très vite été présenté au colonel, qui s'était tout de suite
montré chaleureux et familier avec lui, alors qu'il était plutôt distant avec beaucoup des membres de
l'unité qui avaient plus d’ancienneté que cette nouvelle recrue. Snake n'avait jamais su dire pourquoi
Campbell lui accordait autant d'intérêt, mais les deux hommes avaient fini par tisser des liens d'amitié et
n'hésitaient pas à plaisanter ou discuter d'affaires personnelles lorsqu'ils en avaient l'occasion. Cela
n'empêchait pas le colonel de faire parfaitement son boulot et Snake respectait d'autant plus l'homme
pour ce professionnalisme.
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Campbell attendit que Snake ait fini d'allumer sa cigarette puis prit la parole :
― Depuis la fin de la Guerre Froide et la dissolution de l'URSS, la situation mondiale est
relativement stable. Pourtant, d'après les experts de l'AIE, l'Agence Internationale de l’Énergie, nous
sommes sur le point de vivre une crise énergétique sévère sans précédent qui pourrait faire des dégâts
aussi importants qu'une nouvelle Guerre Mondiale. En effet, faute d'investissement, la production
pétrolière est en déclin. Aujourd'hui, nous consommons plus que nous produisons et ça ne va pas aller
en s'arrangeant. On estime que la consommation mondiale d'énergie va continuer à augmenter
d'environ un tiers d'ici 2035. Les stocks ne sont pas illimités. Et les spéculateurs, qui voient venir cette
crise, achètent du brut en grande quantité, ce qui participe à l'inflation du prix du baril, qui est au cœur
de l'actualité depuis ces six derniers mois.
Campbell manipula sa télécommande et afficha à l'écran le graphique qui illustrait cette évolution. La
courbe grimpait invariablement malgré des baisses mineures, relevées en partie au cours de l'été
précédent.
― Le prix du baril, reprit le colonel, était à 110,38 $, à l'ouverture des marchés de New York, ce
matin. Une hausse de 4,2 $ par rapport à la semaine dernière. Un nouveau choc pétrolier est inévitable
et pourrait bien mettre à genoux les superpuissances. Comme tu peux l'imaginer, un déclin de la
production de pétrole aurait des effets dramatiques sur le transport, la production agricole voire sur
l'économie, encore fragilisée par les troubles qui ont agités le Monde depuis la Seconde Guerre
Mondiale. On prévoit aussi de nombreux troubles sociaux et géopolitiques ; guerres pétrolières,
tensions entre les plus grands pays de la planète : les USA, l'Union Européenne, la Russie, la Chine et
l'OPEP, l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole.
― Voilà qui ne devrait pas arranger la situation au Moyen-Orient, souligna Snake sombrement en
tirant sur sa cigarette.
― Je sais que tu as participé à Tempête du Désert. Une deuxième Guerre du Golfe est envisageable,
effectivement. À la perspective d'une telle crise, les superpuissances n'hésiteraient sans doute pas à
envoyer leurs soldats là-bas pour s'emparer de ce qui reste de pétrole. Le mot d'ordre risquerait alors
d'être "chacun pour soi" et tout ça pourrait bien dégénérer en conflit d'envergure.
― Une guerre énergétique. Et tu parlais de stabilité, colonel...
― C'était avant que l'ONU ne soit informée des résultats de l'AIE et commence à paniquer. Les
solutions alternatives existent mais ne seront jamais prêtes à temps, la faute à l'optimisme de ces soidisant experts qui prédisaient des réserves de pétrole suffisantes jusqu'en 2030. Il y a bien les énergie
renouvelables mais le solaire, l’éolien et leurs semblables n'en sont encore qu'à leurs balbutiements et
coûtent chers à mettre en place.
― Je vois. On préfère investir dans du concret à court terme et spéculer, plutôt que faire un pari sur
l'avenir, avec des énergies qui demandent des infrastructures qui n'existent actuellement qu'à l'état de
projet. Le profit avant tout, dans un monde dirigé par des bureaucrates et des actionnaires.
Campbell acquiesça, l'air grave avant de reprendre :
― Il reste aussi le nucléaire, qu'il n'est pour l'instant pas question d'abandonner, malgré les risques
réels qu'il représente et l'incertitude qui entoure le futur, suite à son utilisation.
― Tu m'étonnes. Vu l'argent investi dans les centrales et leur durée de vie estimée, il y a peu de
chance que l'énergie nucléaire disparaisse tout de suite.
― Sans parler des dangers sur l'environnement que représente l'utilisation de ces énergies, entre les
émissions de gaz carboniques pour les uns et les déchets nucléaires pour les autres. Heureusement le
tableau n'est pas complétement noir. Depuis peu, il existerait une autre alternative qui fait grand bruit
dans le milieu de l'énergie.
Campbell utilisa à nouveau sa télécommande. L'écran afficha la photo d'un homme. La cinquantaine,
brun, le crane dégarni, les joues creuses, des lunettes rondes et une petite moustache. L'homme portait
une blouse de chercheur et posait devant un établi contenant des tubes à essais, des microscopes et
autres centrifugeuses. Une fiche d'identité accompagnait son cliché avec ses informations personnelles
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et son parcours professionnel.
― Voici le docteur Kio Marv, reprit Campbell. Il y a trois mois, ce biologiste tchèque a annoncé avoir
mis au point une algue génétiquement modifiée capable de produire des hydrocarbures assimilables à
ceux utilisés aujourd'hui. Il a baptisé cette algue l'OILIX. Nous n'avons pas beaucoup plus de détails sur
les mécanismes de fonctionnement de cette algue qui permettent un tel exploit. Marv a présenté sa
découverte à la Conférence Mondiale de l’Énergie qui se déroulait le mois dernier à Prague. Ses travaux
ont fait sensation et redonné espoir face à la crise qui se profile.
― J'en ai entendu parler, avoua Snake en tapotant sa cigarette sur le bord du cendrier. Les médias en
ont fait leur une pendant quelques jours avant que la fusillade de Columbine prenne le relais.
Campbell opina puis reprit la parole :
― Marv est porté disparu depuis trois semaines.
Snake écarquilla les yeux, surpris.
― Les médias n'ont pas éventé l'affaire puisqu'ils n'ont pas été mis au courant, expliqua le colonel.
Tu imagines la débandade aussi bien médiatique que politique si cette histoire devenait publique.
― Plus de solution alternative miracle. Cela risquerait de déclencher prématurément cette guerre
énergétique. Comment a-t-il disparu ? Demande Snake.
― Suite à la conférence de Prague, reprit Campbell, on a convié Marv à venir présenter l'OILIX à
l'ONU. L'objectif étant évidement de convaincre les états-membres de l'intérêt de sa découverte et de
sa potentielle utilité en tant que substitut au pétrole. Marv n'est jamais arrivé à JFK.
― Qu'est-il arrivé ? Un crash ?
― Parlons plutôt de détournement. Avant que l'on perde toute trace de son vol, les communications
radios se sont montrées pour le moins bizarres. Cris, coups de feux, ce genre de détails. Suite à cela,
l'équipage de l'appareil ne répondait plus à aucun appel. Quelques minutes après la perte de contact, le
transpondeur a été coupé et l'avion a disparu des radars.
― Comment sait-on que l'arrêt du transpondeur n'est pas la conséquence d'un crash survenu dans la
panique ?
― L'avion de Marv survolait la France, à ce moment-là. On aurait retrouvé les restes de l'appareil.
― Compris. J'imagine que l'avion a refait surface, sans quoi tu ne m'aurais pas raconté tout ça.
Campbell sourit et utilisa sa télécommande pour afficher une photographie montrant un avion de
ligne stationné dans un grand hangar. Des hommes armés montaient la garde devant les grandes portes
coulissantes.
― Le Boeing 767, spécialement affrété pour le Dr. Marv, a été retrouvé en Asie Centrale. Dans un
minuscule état de 450 km², situé entre la Russie, le Kazakhstan et la Chine, dénommé Zanzibar.
Campbell afficha une carte de la région pour montrer précisément la localisation de Zanzibar, puis
repris :
― Zanzibar était autrefois un oblast, une région, de la Russie, qui portait l’appellation de République
Soviétique de Zanzibar, du temps de l'URSS. En 1991, Zanzibar participa à la chute de l'Union
Soviétique en proclamant son indépendance. N'acceptant pas cet acte de sécession, la Russie dépêcha
des troupes sur place pour récupérer l'oblast. Les combats frontaliers furent nombreux et violents. La
majorité des troupes de Zanzibar était composée de soldats de différentes nations. Des mercenaires,
pour la plupart. Après des années de combats et des victimes dans les deux camps, les russes finirent
par accepter l'indépendance de Zanzibar en 1997. Cette guerre d'indépendance est connue sous le nom
de Guerre des Mercenaires. On aurait pu imaginer que, le conflit terminé, ces "soldats sans-patrie"
repartiraient proposer leurs services au plus offrant. Il n'en a rien été.
― Les mercenaires sont restés sur place ?
― Zanzibar est aujourd'hui aux mains d'une société militaire privée qui en a fait sa mère-patrie :
Outer Heaven.
― Encore eux ? On arrête pas d'en entendre parler depuis le Gindra, remarqua Snake.
Campbell afficha sur l'écran l'emblème de la SMP : un crâne ailé le front marqué d'une croix en
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forme de svastika et entouré du nom de la compagnie.
― On en sait plus sur eux, aujourd'hui. Leurs faits d'armes et leurs activités autour du globe se sont
multipliées ces dernières années. Rarement présents plus de quelques semaines sur un même front, le
nombre et le talent de leurs mercenaires, ainsi que la qualité de leur équipement, ont toujours provoqué
un tournant dans les conflits qui, en général s'achevaient quelques jours après le départ des mercenaires.
La SMP semble être capable de décider comme bon lui semble de l'issue des combats auxquels elle
choisit de participer. On estime qu'Outer Heaven compte aujourd'hui dans ses rangs près de 35 000
soldats de toutes nationalités. Beaucoup travaillaient déjà pour la compagnie avant la Guerre des
Mercenaires. Outer Heaven aurait installé son QG à Zanzibar dans les années 80, accueillant à bras
ouverts les soldats qui souhaitaient se joindre à eux. Durant la première guerre du Congo, la CIA a
envoyé un de leurs agents afin qu'il infiltre les mercenaires. Depuis, cette taupe surveille activement
Outer Heaven et ses agissements et rapporte régulièrement des infos à Langley. C'est comme ça qu'on a
retrouvé la trace de Marv. En parcourant le QG d'Outer Heaven, notre agent infiltré a fini par tomber
sur l'avion disparu.
Snake écrasa sa cigarette dans le cendrier, s'étira et croisa ses mains derrière la nuque, attendant avec
attention la suite de l'exposé de son supérieur.
― Écoute bien, Snake. Ta mission consiste à infiltrer Zanzibar, retrouver Kio Marv et le ramener
sain et sauf aux États-Unis avec la formule de l'OILIX.
― OK. Comment je suis censé le localiser ?
― Avant son départ de Prague, Marv a reçu un émetteur, implanté dans une de ses molaires.
Campbell se saisit d'un boitier de la taille d'une main et le lança à Snake qui l'observa en le tournant
dans tous les sens. D'une épaisseur de moins de deux centimètres, l'appareil comportait un écran à
cristaux liquide, des boutons et une prise jack pour y brancher une oreillette.
― C'est un récepteur GPS, expliqua Campbell. Tu en a déjà utilisé, évidement, mais pas d'aussi
compacts. Ce modèle-ci est de toute dernière génération et dispose d'une précision de cinq mètres. Il
est équipé de plusieurs fonctionnalités permettant entre autre la localisation d'émetteurs comme celui
de Marv ainsi que la détection de mines par émissions radio locales. Cela signifie qu'il t'affichera la
position d'explosifs antipersonnel entourant ta position dans un rayon d'environ vingt-cinq mètres.
― Voilà qui peut être bien utile pour infiltrer le pays des mercenaires, avoua Snake en allumant le
GPS.
L'écran s'alluma. Il fallut moins de cinq secondes au récepteur pour synchroniser les satellites et
afficher une carte aérienne de la base d'opérations de Fox-Hound. Un point rouge clignotait au centre
de l'écran, indiquant la position de Snake, à l'intérieur d'un bâtiment. Ce dernier pressa les boutons afin
d'afficher les différentes options possibles : température, taux d'humidité, pression atmosphérique,
niveau de radioactivité... En un mot, l'essentiel pour ce type de matériel.
― Tu auras bien le temps de te familiariser avec durant le voyage jusqu'à Zanzibar, reprit le colonel.
Son seul défaut c'est qu'il consomme énormément à cause du récepteur qui est plus puissant que les
GPS ordinaire afin d'accrocher plus rapidement les signaux satellites. Son autonomie est estimée entre
deux et quatre heures, suivant l'utilisation que tu en fait. Nous te fournirons une batterie de rechange
pour que tu ne te trouves pas trop rapidement démuni.
― Compris. Quelle est la méthode d'infiltration ?
― Nous te parachutons en bordure de la frontière entre le Kazakhstan et Zanzibar. Tu traverses la
frontière à pied. De là, tu pourras accéder aux installations d'Outer Heaven en escaladant la falaise.
Campbell afficha sur l'écran une vue satellite du point d'infiltration. Après avoir terminé son
ascension, Snake allait devoir traverser environ un kilomètre de forêt avant d'atteindre la clôture
d'enceinte de la base d'Outer Heaven. Snake se leva et s'approcha de l'écran pour observer l'image dans
les moindres détails et enregistrer la configuration du terrain.
― Une fois que tu auras escaladé la falaise tu seras en territoire ennemi, expliqua le colonel. L'endroit
sera forcément surveillé par les mercenaires alors soit bien prudent. Ne te fais pas repérer.
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― Comment je suis sensé passer au travers de la clôture d'enceinte ? Demanda Snake en pointant
son index sur l'écran. Il faut que je déniche un trou dans le grillage, qui se présentera à moi par le plus
grand des hasards ?
― Ça serait trop facile. Et puis, la clôture est électrifiée.
― Vraiment ? Je passe par en dessous alors ?
― Durant ta mission, tu travailleras en collaboration avec l'agent infiltré de la CIA. Son nom de code
est White. Tu n'auras aucun contact direct avec lui pour préserver sa couverture. Les communications
radios locales avec lui sont elles aussi prohibées pour ne pas risquer que l'ennemi les intercepte. Je
servirais d'intermédiaire entre lui et toi. Quand tu seras devant la clôture, contacte-moi. White se
chargera de couper le courant durant quelques minutes.
Snake acquiesça, observa encore quelques minutes l'écran.
― Des questions, Snake ?
― Une seule, colonel. Qui c'est ce type en costard qui passe son temps à prendre des notes au fond
de la pièce ?
Le type en question se leva, s'avança vers les deux hommes et prit la parole :
― James Harks, se présenta-t-il. Je suis envoyé par les Nations-Unies pour surveiller et évaluer
l'intégralité de cette opération.
Snake sourit, croyant à une blague. Quand son regard croisa celui de Campbell qui affichait le plus
grand sérieux, il sut que ce type tiré à quatre-épingles disait vrai.
― Surveiller ? Évaluer ? Vous n'avez pas confiance en nous ? Demanda Snake.
― Pas vraiment, avoua froidement l'homme sans broncher.
Snake lança un coup d’œil étonné au colonel.
― L'avenir de Fox-Hound dépend de la réussite de cette opération, expliqua ce dernier. Si nous
échouons, si tu échoues, l'unité sera sans doute démantelée sur ordre de ce monsieur.
― Quoi ? J'ai du mal à comprendre, colonel, avoua le jeune homme.
― Tu ne sais pas tout à propos de l'enlèvement de Marv. (Campbell se massa la nuque, l'air ennuyé.)
C'est Fox-Hound qui était chargé d'assurer la sécurité du scientifique lors de son vol vers New-York.
Compte tenu de l'importance de cette mission, c'est Big Boss lui-même qui a insisté pour s'en charger.
― Vous devriez lui montrer la vidéo, colonel, dit Harks.
Campbell jeta un regard noir à l'émissaire de l'ONU.
― Quelle vidéo, colonel ? S'enquit Snake.
Le colonel manipula sa télécommande et parcourut différents menus sur l'écran géant.
― L'enregistrement que tu vas voir provient d'une caméra de surveillance placée à bord du 767 de
Marv. Habituellement, il n'y a pas ce genre d'équipement à bord des avions de ligne mais nous voulions
garder un œil sur Marv, en cas d'incident du genre de ce qui a fini par se produire.
Campbell sélectionna le fichier vidéo et en lança la lecture. La cabine du Boeing apparut à l'écran.
L'appareil était vide de tout passagers. On voyait Marv assis dans son fauteuil en train de feuilleter un
magazine. Une jeune femme brune les cheveux attachés en queue de cheval avait pris place à côté de lui.
Elle portait un tailleur et griffonnait sur un bloc-note.
Big Boss entra dans le champ. Il portait son uniforme habituel avec son trench-coat brun. Le leader
de Fox-Hound se pencha vers les deux passagers et échangea quelques mots avec la jeune femme. Marv
se tourna alors vers elle, l'écouta un instant puis boucla sa ceinture. Elle l'imita. L'image eut
brusquement un soubresaut. Big Boss manqua de perdre l'équilibre et s'installa dans la rangée voisine le
temps que la perturbation cesse.
Un homme en uniforme de steward s'avança dans l'allée et s'arrêta à quelques mètres des passagers.
Il était de dos mais on comprenait clairement qu'il était en train de parler puisque tous les regards
étaient rivés sur lui.
L'homme brandit tout à coup un pistolet. Big Boss bondit de son fauteuil. Un coup de feu partit.
L'homme au trench-coat esquiva le tir en pivotant sur le côté. L'instant d'après il fut sur le steward,
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détourna l'arme d'une main et lui donna un coup de genou dans l'estomac. Nouveau coup de feu.
Marv et la jeune femme se recroquevillèrent sur leurs fauteuils, paniqués. Big Boss tordit le poignet
de son adversaire qui lâcha son arme en grimaçant. Les deux hommes échangèrent des coups de poings
et de pieds, malgré le peu de place disponible pour manœuvrer dans l'allée. Un nouveau trou d'air les
déstabilisa tous les deux.
Le combat continuait au sol et Big Boss semblait avoir bien du mal à se débarrasser de son
adversaire qui avait l'air parfaitement entraîné au close-combat. Une hôtesse apparut dans l'allée, vit les
deux hommes en pleine lutte. Elle courut vers la porte d'embarquement, manipula le mécanisme
d'ouverture puis se jeta sur le fauteuil voisin et boucla sa ceinture.
Le steward parvint à repousser Big Boss d'un coup de pied au moment où l’hôtesse déclenchait
l'ouverture de la porte en se penchant depuis son siège. La décompression subite de la cabine secoua
davantage l'appareil. Des papiers volèrent dans la cabine et disparurent par la porte. Les masques à
oxygène tombèrent de leur logement. Marv et la jeune femme s'en équipèrent alors que tout ce qui
n'était pas solidement fixé tournoyait parmi les rangées de fauteuils.
Le steward parvint de justesse à s'emparer de son pistolet lorsqu'il passa près de lui. Big Boss, sa
veste flottant dans son dos, s'accrochait au support d'un fauteuil pour éviter d'être emporté par le
puissant appel d'air. Le steward tachait de tenir de la même façon. Il finit par donner un coup de pied à
Big Boss. Celui-ci lâcha prise et fut emporté dans la rangée avant de se rattraper quelques mètres plus
loin à une ceinture qui passait à portée.
Le steward pointa son pistolet vers le leader de Fox-Hound et fit feu à deux reprise. L'un des tirs
toucha au but puisque Big Boss lâcha prise en grimaçant. L'instant d'après il disparaissait par la porte
ouverte sur le vide. Le steward parvint difficilement à prendre place dans un fauteuil et à boucler sa
ceinture puis il aligna la caméra et fit feu. L'image se brouilla et n'afficha bientôt plus que de la neige.
Campbell éteignit l'écran, l'air sombre.
― Big Boss est toujours porté disparu, à ce jour, annonça-t-il. Suite à l'analyse de cet enregistrement,
nous avons découvert que les membres d'équipage à bord du 767 n'étaient pas ceux qui étaient prévus à
l'origine. Ils avaient été remplacés à la dernière minute par ce que l'on pense être des membres d'Outer
Heaven.
Snake accusa le choc et éprouva le besoin de s'asseoir tant il semblait bouleversé. Big Boss avait été
son mentor au sein de l'unité. Il avait personnellement prit sous son aile la nouvelle recrue et l'avait
formée à tout un tas de techniques de combat, qu'il avait pour la plupart mis au point lui-même. Le
leader de Fox-Hound l'avait toujours traité comme un fils. Et maintenant il avait disparu...
― Je suis désolé, Snake, dit Campbell en lui posant une main compatissante sur l'épaule. Big Boss
était aussi mon ami. J'aurais voulu éviter que tu apprennes ce qu'il s'est passé sur ce vol pour ne pas que
ça t'empêche de participer à cette opération.
Snake secoua la tête, le regard perdu au loin.
― Big Boss m'a appris tout ce que je sais. Il m'a appris à devenir un meilleur soldat. Et par-dessus
tout, il m'a apprit à mettre mes sentiments de côté lorsque je suis au combat. J'accepte cette mission et
je la mènerait à bien pour ne pas que l'unité soit dissoute. En mémoire de mon maitre.
Campbell sourit tristement. Snake se tourna vers lui.
― Colonel, vous saviez que je risquais d'être affecté par tout ça, alors pourquoi m'avoir choisi, moi,
pour cette mission ?
― À part Fox-Hound, le personnel de l'avion et deux personnes des Nations Unies, personne n'était
au courant de ce vol. Tout le monde a été mis hors de cause suite à une enquête poussée. Nous pensons
que la fuite vient de l'unité. Nous ne pouvons faire confiance à personne. L'opération à Zanzibar est
tenue secrète au sein même de Fox-Hound. Toi et moi serons les seuls à savoir, pour éviter un autre
dérapage.
― Et pourquoi me faire confiance ?
― Big Boss te faisais toujours confiance et il ne s'est jamais trompé sur les gens à qui il accordait sa
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confiance. Tu comprends maintenant pourquoi l'ONU souhaite garder un œil sur nous. Nous avons
commis une erreur et Fox-Hound est décrédibilisée. Vu l'importance capitale de cette mission pour
l'avenir énergétique de la planète, nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer.
Snake resta un instant silencieux, perdu dans ses pensées. Il finit par fouiller dans sa poche et sortit
son paquet de Lucky Strike. Les mains légèrement tremblantes, il porta une cigarette à ses lèvres,
l'alluma et tira une longue bouffée. Il ferma les yeux, inspira profondément. Ses mains cessèrent de
trembler. Il releva la tête et riva ses yeux bleus à ceux du colonel.
― Quand part-on, colonel ?
Il lui fallut un peu plus d'une demi-heure pour atteindre le sommet de la falaise. Après s'être assuré
qu'il était seul, il se hissa au niveau du sol, se déséquipa rapidement puis laissa pendre son matériel dans
le vide au bout de la corde. Il n'en aurait plus besoin.
À partir de maintenant, il était en terrain hostile. Il portait un treillis camouflage classique avec un
gilet tactique. Le tout était complété par une ceinture multi-poches et un holster vide harnaché à sa
cuisse. Le seul équipement qu'il était autorisé à porter consistait en trois choses : une radio fixée sur son
épaule gauche et reliée à une oreillette, son récepteur GPS, ainsi qu'une paire de jumelles compactes.
Snake consulta sa position sur le géolocalisateur satellite, l'éteignit et se glissa dans la forêt qui
s'ouvrait devant lui. La zone était accidentée avec des pierres et des rochers en travers du chemin.
D'ailleurs, il n'y avait pas à proprement parler de chemin et le jeune homme tachait de se frayer avec
prudence un passage entre les arbres.
Par chance, il ne rencontra aucun ennemi ni aucune menace durant sa progression vers la clôture
d'enceinte de la base d'Outer Heaven. Accroupis derrière un buisson, Snake activa sa radio.
― Colonel, j'suis devant la clôture électrifiée. Pas de gardes en vue.
― Bien reçu, je contacte tout de suite White. Il m'a annoncé qu'il était en position il y a quinze
minutes et n'attendait plus que mon feu vert.
Le colonel coupa la communication. Snake attendit. Un serpent se glissa silencieusement entre ses
pieds. L'agent de Fox-Hound resta immobile, regarda le reptile traverser la zone à découvert en
direction de la clôture. L'animal se faufila entre les mailles du grillage et disparut dans les herbes de
l'autre côté.
Ça n'est pas aussi facile pour tous les serpents, pensa Snake.
― Clôture débranchée, reprit la voix du colonel dans l'oreillette. Tu as deux minutes avant la remise
en service. White ne doit pas être démasqué.
― Bien reçu.
Snake bondit à découvert et se lança sur le grillage. Deux minutes. C'était plus qu'il lui en fallait pour
passer à deux reprises par-dessus l'obstacle.
― Les premiers bâtiments sont à moins d'un kilomètre de ta position. Sois prudent. La sécurité va
être renforcée et tu devrais commencer à croiser des mercenaires. Commence à chercher le Dr. Marv
ici. Les installations d'Outer Heaven sont réparties un peu partout sur le plateau Zanzibarian. Certaines
sont éloignées de quelques kilomètres les unes des autres. Certaines zones comportent deux ou trois
bâtiments et d'autres en comptent des dizaines. Si le docteur ne se trouve pas dans cette partie de la
base, essaie de te renseigner et passe à la partie suivante. Terminé.
À nouveau, Snake s'enfonça dans la forêt, plus prudent que jamais. La première construction
ennemie qu'il vit était un mirador qui veillait sur quatre autres bâtiments. Un mercenaire, armé d'un fusil
d'assaut, montait la garde en haut. Équipé de ses jumelles, Snake balaya chaque bâtiment.
Il compta deux entrepôts, un garage dans lequel étaient garés deux jeep et un camion, et une autre
construction un peu plus importante, qui comportait plusieurs niveaux mais dont il était impossible de
déterminer l'usage. C'était là qu'il allait falloir concentrer ses recherches. Il y avait peu de chance que
Marv soit détenu dans l'un des entrepôts mais Snake décida qu'il fouillerait les deux pour y trouver de
l'armement. Ensuite il se lancerait à l'assaut du bâtiment.
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Snake dénombra en tout huit mercenaires, en plus du type dans son mirador. Deux d'entre eux
s'occupaient de réparer l'une des jeep montée sur un cric hydraulique. Trois autres fumaient des
cigarettes en discutant devant la porte d'entrée du plus grand bâtiment. Et les trois derniers
parcourraient la zone, transportant du matériel ou patrouillant, un fusil d'assaut à la main. Tous étaient
bien équipés et avaient une arme à portée de main. Il allait falloir la jouer fine.
Snake attendit que le garde du mirador détourne son attention, sorti à découvert et courut se placer
au pied de la tour. Il jeta un rapide coup d’œil au coin du bâtiment puis s'élança vers le premier entrepôt
qu'il contourna pour se mettre à couvert, afin que le garde ne le voit pas s'il décidait de regarder dans
cette direction.
Le mur en tôle ne présentait aucun accès sur cette face du bâtiment. Snake longea la paroi. Le garage
était voisin de l'entrepôt. Moins de vingt-cinq mètres séparaient les deux bâtiments. De là où il était,
Snake pouvait entendre discuter les deux mercenaires qui travaillaient sur la voiture. Difficile d'en être
certain mais ils avaient l'air de parler en allemand.
Snake attendit qu'un mercenaire disparaisse derrière le second entrepôt pour tourner à l'angle. Il
trouva une porte, en longeant le mur d'acier sur cinq mètres. Par chance elle n'était pas verrouillée.
Snake en actionna prudemment l'ouverture et se glissa à l'intérieur. Après avoir refermé tout aussi
silencieusement, l'agent de Fox-Hound attendit une minute sans bouger, le temps pour sa vue
d’accommoder à l'obscurité des lieux. Un peu de lumière se glissait à l'intérieur, par l'intermédiaire de
plaques translucides composant le plafond.
Aucun bruit non plus. Il était seul. Snake se glissa alors parmi les caisses de matériel entreposées là,
déchiffra les inscriptions imprimées sur chacune d'elles dans diverses langues. Lance-roquettes, mines antipersonnel, fusils de précisions... Snake cherchait quelque chose de plus pratique et plus... discret.
Alors qu'il passait non loin d'une pile de volumineuses boites en aluminium il entendit un
grésillement tout proche. Snake sursauta et s'accroupit aussitôt derrière une caisse. Le jeune homme
attendit quelques secondes pour s'assurer qu'il était bien seul. Le grésillement s'était partiellement
atténué mais restait constant. Il provenait de son oreillette. Ça n'était pas un appel radio.
Snake attrapa son GPS. Le point rouge indiquant sa position clignotait au centre de l'écran. Un
compteur logeait dans le coin supérieur droit de l'appareil. Snake pressa plusieurs boutons et finit par
trouver le mode d'utilisation qu'il recherchait et qui correspondait à ce compteur.
Lentement et sans quitter des yeux l'écran, il se leva, s'avança vers les boites en aluminium. La valeur
chiffrée du compteur augmentait à mesure qu'il se rapprochait et le grésillement se faisait de plus en
plus pressant à son oreille.
Prudemment, Snake fit le tour du groupe de caisses. Des inscriptions en cyrillique marquaient l'une
des faces de l'une d'elle et étaient accompagnées d'icônes d'informations dont il était impossible
d'ignorer la signification.
Les caisses étaient verrouillées par serrure électronique. Il lui était donc impossible de les ouvrir
pour s'assurer de leur contenu. Mais, même s'il en avait eu la possibilité, Snake n'aurait pour rien au
monde ouvert ces boites. L'écran de son GPS était une preuve suffisante.
Snake s'éloigna un peu et activa sa radio, les mains tremblantes.
― Colonel, ici Snake.
― Tu as trouvé Marv ?
― Pas encore. J'ai trouvé bien pire.
En entendant la gravité dans la voix de son agent, Campbell resta silencieux, attendant d'entendre ce
qu'il avait de si terrible à dire.
― Je suis actuellement dans un entrepôt, colonel. Il y a ici tout un tas d'équipement divers. Un
assemblage de caisses bien particulières a attiré mon attention, quand le compteur Geiger de mon GPS
s'est affolé. Colonel, les mercenaires d'Outer Heaven ont des têtes nucléaires !
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