Cours1 - Anne Lacheret

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Cours1 - Anne Lacheret
Master Fl&DL
LMLGA118, Psycholinguistique
Caroline Bogliotti
[email protected]
Maria Kihlstedt
[email protected]
Anne Lacheret
[email protected] ; www.lacheret.com
11/02/16
AL : 12, 19, 26 février CB : 11, 18 mars MK : 25 mars, 1, 8 avril AL : 22 avril (par<el)
Thématique du cours
•  Psycholinguistique du discours
•  Expression de la référence, du temps, et de
l’espace dans le langage
•  Langue vocale,/langue signée, adulte/enfant,
monolingue/bilingue
11/02/16
Etude de la faculté de langage chez l’homme
•  Linguistique
•  Psycholinguistique
•  Neurolinguistique
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langue = ensemble de représentations déclenchées durant
l’activité de langage par des processeurs cognitifs spécialisés
Neurosciences
fonctionnelles,
neurophysiologie
psychologie
Linguistique structurale et cognitive
- structures permises
- fonctions cognitives
- intentions communicatives
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:
la notion centrale de Représentation
•  Qu’est-ce la représentation d’un
–  fait de langue ?
•  Peut-on représenter l’activité langagière ?
•  Différences entre
–  représentation
–  modèle
–  théorie
11/02/16
•  Représentations
1.  Des sujets parlants : représentations mentales
2. Des linguistes
Question : relations entre 1 et 2, i.e. plausibilité cognitive
des représentations linguistiques
Linguistique cognitive : simulation/modélisations
Théorie / modèle
•  Théorie linguistique
–  Propose un certain type de représentation (conjecture,
hypothèse, affirmation) de la réalité linguistique (observée
ou observable ), ex. représentation ± discrète de la chaîne
parlée (degré de discrétisation du discours : quelles unités)
•  Modèle
–  Champ d’application d’une théorie
–  Permet de faire des déductions, prédictions, expériences
permettant de vérifier les hypothèses posées dans la
théorie
Théorie / modèle et / données cliniques
•  Illustration
–  Linguistique développementale et acquisition du langage : théorie
de l’innéisme vs enfant loup
•  Quelque chose de nouveau aujourd’hui : données atypiques/
spécifiques/cliniques = nouvelles instances de validation des
théories : applications à des dispositifs de remédiation
–  Psycholinguistique du discours :
•  Discours :
= a) marqueurs de subjectivité du locuteur/d’intersubjectivité
+ b) référence; sinon discours tout simplement
incompréhensible
–  Discours qui ne serait que le produit de a) (aphasique
modal)
–  Discours qui ne serait que le produit de b) (aphasique
référentiel)
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Psycholinguistique du discours
Caron J. (1989), Précis de psycholinguistique, Paris PUF.
Charolles M. (2002) La référence et les expressions
référentielles en français, Paris, Ophrys
Charolles M. http://www.lattice.cnrs.fr/Michel-Charolles,219
Grize J.B. (1990), Logique et langage, Paris, Ophrys.
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Enjeux : au-delà du mot
Discours, texte 1990, 2000
Phrase, 1980
Mot, 1970
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Enjeux
•  Etude des déterminants linguistiques des opérations
discursives (discours argumentatif, narratif, descriptif,
conversation, écrit et oral, interface écrit-oral (discours coconstruit (cf le mail)
•  Définition linguistique : pas facile
–  Discours : un ou plusieurs énoncés (longueur variable)
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Petit exercice de segmentation :
contrainte syntaxique : prédication complète
indices = marqueurs référentiels
•  En cambriolant une luxueuse demeure des
motards découvrent un cadavre alertée la police
retrouve une vingtaine d’autres corps enterrés
dans le jardin de la maison du propriétaire Mister
Frost aussitôt arrêté on ne sait rien il n’a pas de
nationalité et se refuse à parlerdeux années se
passent au cours desquelles Frost continue à
garder obstinément le silence
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Enjeux
Question du découpage du discours en énoncé
•  Critères syntaxiques : structure
•  Critères sémantiques : sémantique interne
•  Critères pragmatiques : analyser le fonctionnement des
instruments verbaux dans l’ancrage situationnel du
discours
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Importance du volet pragmatique
à Critères pragmatiques : marqueurs de progression/
cohésion textuelles/structuration du discours
Discours toujours adressé à l’autre :
Discours typique = processus langagier qui permet à
l’interlocuteur de construire une représentation du
monde
à Notions de représentation; théorie, modèles (processus
langagiers sous-jacents, discours comme produit de ces
processus)
Psycholinguistique du discours :
le regard de la linguistique
•  Discours ≠ succession d’énoncés
–  Marqueurs de relations entre segments
•  En cambriolant une luxueuse demeure, des motards découvrent
un cadavre. Alertée, la police retrouve une vingtaine d’autres
corps, enterrés dans le jardin de la maison. Du propriétaire,
Mister Frost, aussitôt arrêté, on ne sait rien.
•  En cambriolant une luxueuse demeure, des motards découvrent
un cadavre. Alertée, la police retrouve une vingtaine d’autres
corps, enterrés dans la luxueuse demeure. De l’homme vivant
dans la luxueuse demeure, Mister Frost, aussitôt arrêté, on
ne sait rien
à Cohésion, continuité textuelle
Interaction de ces marqueurs dans l’interprétation du discours
à Marqueurs fonctionnent comme des instructions
interprétatives (signaux déclencheurs
d’interprétations)
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Marques de cohésion et plans d’organisation du
discours
Rôle du linguiste :
•  Étudier comment une langue fournit aux locuteurs un
ensemble d’outils permettant d’indiquer certains rapports
qu’ils établissent entre différentes choses qu’ils ont à dire
–  Repérer les différents systèmes de solidarité qui donnent au
discours une certaine continuité/homogénéité
•  dresser un inventaire raisonné des différents systèmes de
marques de cohésion disponibles dans une langue
(notamment marqueurs temporels et marqueurs de
coréférence)
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Les différents plans d’organisation,
les différents systèmes de solidarité
•  Dispositif syntaxique : système de connexions structurales
–  À l’intérieur de la proposition
•  Tesniere L. (1959) : Eléments de syntaxe
structurale, Paris, Klincksieck, édition de 1988.
•  Outils relationnels de nature sémantico-pragmatique
–  Elle est blonde mais pas stupide
•  Principes organisationnels supérieurs
–  Modèles de superstructures textuelles (Van Dick &
Kintsch 1983)
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Principaux outils relationnels
•  Connecteurs : relations fonctionnelles entre différents
contenus (justification, opposition, conséquence)
–  Ils sont partis en voyage ? Parce que leurs volets sont
fermés
•  Anaphores: solidarités référentielles (différentes expressions
linguistiques qui désignent la même réalité dans le monde
extérieur)
–  Bussy s'est rendu à Méridor. Il découvre que Monsoreau
fait croire au père de Diane que celle-ci est morte
à chaîne de coréférence
•  etc
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! Du bon usage des marqueurs
(cf infra, maximes de la pertinence)
•  Occurrence marque de cohésion : condition ni nécessaire ni
suffisante pour qu’un discours soit perçu comme cohérent
–  Charlotte s’est enrhumée. Il fait froid
–  Charlotte s’est enrhumée mais Albert apprend le piano
depuis 4ans
–  Charlotte s’est enrhumée mais Martin fait du vélo
–  Charlotte s’est enrhumée mais Martin peut faire du vélo
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Non continuité référentielle et inférence
•  Cohérence pas seulement liée à l’occurrence de tel ou tel
relateur linguistique
•  Inférence : fait nouveau déduit de l’interlocuteur B à partir
de l’acte d’énonciation A (information non explicite
construite par l’auditeur)
–  Le président est mort. Le caramel est brûlé
–  Loc1 : la poubelle est pleine
•  Loc 2 : je suis en chaussettes
–  Loc 1 : on sonne
•  Loc 2 : je suis dans mon bain
–  Loc1 : j’ai faim
•  Passe-moi le guide Michelin
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Bilan : qu’est-ce qui construit la cohérence ?
(1/2)
•  Question : discours rend-t-il possible le calcul d’opérations
inférentielles, i.e. inférences de liaison basées sur
–  Contenu du donné discursif
–  Situation dans laquelle il est communiqué
–  Connaissances d’arrière plan des sujets
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Bilan : qu’est-ce qui construit la cohérence ?
(2/2)
•  Marqueurs du discours mais aussi :
–  Indices contextuels (mimiques, accents, données sur
environnement physique)
–  connaissances générales des sujets, capacités de
raisonnement, habileté à développer des associations
•  Albert siffla. Un lièvre détala
•  Albert siffla. Un coup de tonnerre retentit
•  Albert siffla. De la fumée monta à l’horizon.
== Connotations causales ?
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Connexions conceptuelles
• 
Hume D. (1748) : Enquête sur l’entendement humain,
Paris, Flammarion
–  liaisons que nous percevons entre les états de choses ne sont pas
dans le monde sensible mais dans notre esprit qui les interprète
–  3 principes de connexion entre les idées : cause, ressemblance,
contigüité
1. 
2. 
3. 
4. 
5. 
Paul glissa. Un vase tomba
Paul glissa. Sophie tomba dans les pommes
Léon faisait la sieste. Sophie regardait la télé
Max rentra dans un café. Sa femme fila au supermarché
Marcel perdit 500F au loto. Marie se cassa la jambe en sortant de la
messe
6.  Marcel perdit 500f au loto. Marie rencontra l’homme de sa vie
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Liaison entre faits et continuité référentielle
• 
Le plus important pour la compréhension d’un
énoncé ?
a) Référence à des entités introduites dans le modèle mental :
continuité référentielle
b) Description d’états de choses susceptibles d’être reliés
inférentiellement : plausibilité événementielle
• 
Hy : textes peu plausibles plus difficiles à
comprendre et à mémoriser
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Exercice
•  Principe : corrélation entre temps de lecture d’un énoncé et sa
compréhension
•  Consigne : soit l’énoncé suivant
–  Le lendemain, son corps était couvert de bleus
Selon vous, quelle sera la vitesse de lecture (du plus rapide 4 au plus lent
1) selon qu’il suit l’un ou l’autre des énoncés suivants :
– 
– 
– 
– 
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Le grand frère de Joe n’a pas cessé de le battre.
En descendant de la côte, Joe est tombé de sa bicyclette.
La mère de Joe était furieusement en colère contre lui.
Joe est allé joué chez les voisins.
Notion de pertinence
•  Grice H.P. (1975) : « Logic and Conversation », in P. Cole
and J.L. Morgan (ed.) : Syntax and Semantic, vol 3 :
Speech acts, New-York Academic Press, 41-58.
•  Sperber S. & Wilson D. (1989) : La pertinence, Paris,
Minuit.
–  Continuité référentielle + plausibilité événementielle (cotexte/
contexte)
à Discours ± pertinent
–  Contexte : co-construit et non donné
11/02/16
Les théories pragmatiques de la communication
Voir poly
11/02/16
Expressions référentielles,
Anaphore et chaîne de coréférence
•  Unités linguistiques qui en reprennent d’autres
–  Unités interprétables à partir d’autres unités du cotexte/contexte
•  * Elle est aux anges.
•  Marie a réussi son concours d’orthophonie. Elle est aux anges.
–  Ces autres unités réfèrent à une entité précise dans le modèle mental
des sujets
•  Approches psycholinguistiques des phénomènes anaphoriques
–  Approche textuelle
–  Approche cognitive : modèles d’accessibilité référentielle
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Approche textuelle (1/2)
•  Angle d’attaque linguistique
–  Objet peut avoir deux lieux d’existence : en discours/
hors discours
–  Indices pour interprétation du message
•  Contexte purement linguistique pris comme espace de
référence
Marie a réussi son concours d’orthophonie. Elle est aux anges.
Quand elle a réussi son concours d’orthophonie, Marie était aux
anges
•  Espace situationnel dans lequel on l’énonce
Eh vous là-bas !
à Opposition anaphore/deixis
11/02/16
Approche textuelle (2/2)
Référence
(modèle mental des interlocuteurs)
Exophore situationnelle
anaphore
11/02/16
Endophore textuelle
cataphore
Comment accéder à sa source référentielle ?
•  Règle d’accord en genre/nombre ?
–  Le loup se jeta sur le petit chaperon rouge et la
mangea
–  Paul a acheté une Mercedes parce qu’elles sont solides
–  Le splendide, ils m’ont embauché
•  Plusieurs candidats sources : principe de proximité ?
–  Marie a offert un sac Vanessa Bruno à Charlotte pour
ses 18 ans. Elle s’en souvient encore
–  Paul a traité Marc de sale sarkoziste et il l’a battu
11/02/16
Approche cognitive (1/4)
•  Critère textuel à critère de saillance cognitive
•  Référent saillant = se trouve déjà dans la mémoire
immédiate de l’interlocuteur, i.e. la représentation
mentale de la situation
•  Parce qu’il est déjà saillant ou manifeste au
moment de l’énonciation, le référent n’a plus
besoin d’être porté à l’attention de l’interlocuteur
11/02/16
Approche cognitive (2/4)
•  Anaphore/deixis ± contexte/cotexte
•  Marie a offert un sac Vanessa Bruno à Charlotte
pour ses 18 ans. Elle s’en souvient encore
•  Marie a offert un sac Vanessa Bruno à Charlotte
pour ses 18 ans. Celle-ci s’en souvient encore
•  Focus shift vs anaphore
•  à deixis
11/02/16
Approche cognitive (3/4)
Anaphore
Déjà mise en focus
Mention
antérieure
dans le texte
11/02/16
Elément saillant
d’origine
extralinguistique
Deixis
Nouvelle focalisation
Déjà mentionné
dans le texte
mais pas encore
saillant
Non mentionné
et pas dans le
contexte
extralinguistique
Approche cognitive (4/4)
•  L’accord n’est plus un problème
–  Le loup se jeta sur le petit chaperon rouge et la
mangea
•  S’il y a un changement de genre, alors qu’il
satisfasse au principe de pertinence
11/02/16
Modèles d’accessibilité référentielle (1/4)
M. Ariel, théorie du centrage (1990, 1996)
•  Accessibilité élevée –
0<réfléchi <marque d’accord <pronom atone < pronom
accentué< accentué + geste <démonstratif < prénom <nom
de famille <description définie brève <description définie
longue <nom complet <nom complet + modifieur<nom
propre
•  Accessibilité réduite
11/02/16
Modèles d’accessibilité référentielle (2/4)
M. Ariel (1990, 1996)
•  Rapport accessibilité-marque formelle
–  Informativité
–  Rigidité
–  Degré d’atténuation
11/02/16
Modèles d’accessibilité référentielle (3/4)
M. Ariel (1990, 1996)
1.  La journée était belle, Marc était excité à l’idée
d’essayer son nouveau voilier. Il voulait qu’Antoine se
joigne à lui pour l’essayer.
2.  Il l’appela à 6 heures du matin
3.  Il ne pouvait attendre plus longtemps
4.  Antoine était malade et furieux d’être réveillé si tôt
4’. Il était malade et furieux d’être réveillé si tôt
Centre d’attention du segment de discours = Marc =
personnage principal à pronom clitique, 3ème personne
(marque accessibilité élevée du référent)
11/02/16
Modèles d’accessibilité référentielle (4/4)
Chafe (1987, 1994)
•  Accessibilité référentielle > activation
–  Actif/accessible/ semi-actif/inactif
•  Lambrecht (1994) : notion de marque
11/02/16
Bilan: ce dont-il faut se souvenir (1/2)
•  Traitement du focus multiparamétrique
•  Construction du focus à modèle de discours
que les partenaires à l’échange aurons coconstruit (scripteur-lecteur; locuteur-auditeur)
11/02/16
Bilan: ce dont-il faut se souvenir (2/2)
•  Accessibilité du référent :
–  plus la distance entre l’expression anaphorique
et son antécédent est grande, moins le référent
est accessible
–  Caractère plus/moins connu de l’entité (statut
de thème ou de rhème)
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Bibliographie complémentaire (1/2)
Théories citées
•  Ariel M. (1990). Accessing noun phrases antecedents, London, Routledge
•  Chafe W. (1987) : « Cognitive Constraints on Information Flow », Coherence
and Groun-ding in Discourse, R. Tomlin (éd.), Amsterdam, Benjamins, 21-51.
•  Chafe W. (1994) : Discourse, Consciousness and Time. The flow and
placement of conscious expérience in speaking and writing, Chicago,
University of Chicago Press.
•  Lambrecht K. (1994) : Information Structure and Sentence Form, Cambridge
University Press.
Autres théories
–  Grosz B.J., Joshi A.K., Weinstein S. (1995). « Centering: a framework for
modeling the local coherence in discourse », Computational Linguistics,
21-2, 203-225.
–  Gundel J.K., Hedberg N., Zacharski R. (1993). « Cogntive status and the
form of refering expressions in discourse, Language, 69, 2 (mode de
donation du référent)
–  Sanford A.J., Garrod S.C. (1994). Selective processing in text
understanding,in M.A. Gernsbacher (ed.). Handbook of pPycholinguistics,
11/02/16
Academic Press, 699-719 (Théorie du focus en mémoire)
Bibliographie complémentaire (2/2)
•  Quelques mots sur la théorie du centrage (Grosz & al.,
Ariel)
–  Question : manière dont la référence contribue à la cohérence locale
d’un discours; comment les énoncés s’accordent-ils entre eux pour
former un tout/discours cohérent
•  Comment la structure et la cohérence d’un discours sont-elles influencées
par la manière dont les énoncés font référence à des entités communes
–  Deux types de cohérence : globale vs locale
•  C. globale : calculée en mettant en rapport les différents segments du
discours
•  C. locale cohérence entre les énoncés d’un même segment
à Reste à définir ces notions de segments et d’énoncés : quelles unités ?
11/02/16