Costières de Nîmes - Ecole du vin – Muscadelle

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Costières de Nîmes - Ecole du vin – Muscadelle
Costières de Nîmes
Chapitre 1. Localisation
Le vignoble de lʼAOP «Costières de Nîmes» se situe dans le département du Gard sur 24
communes comprises la région de Nîmes et Vistre au Nord-ouest, les plaines du Gardon et du
Rhône à lʼest, et la plaine de la Camargue au sud. Les principales communes sont : Nîmes,
Vauvert, Saint-Gilles, Bellegarde et Beaucaire. Le vignoble est situé sur un plateau portant des
collines, qui sʼétale sur 40 km de long et 15 km de large. Lʼaltitude du plateau est comprise entre
80 et 100 m avec pour point culminant le puech de Dardaillon à Générac (144m).
Le vignoble des costières de Nîmes cʼest rattaché au vignoble de la vallée du Rhône pour des
raisons commerciales alors que cʼest en réalité un vignoble du Languedoc, puisque situé dans le
département du Gard, mais situé à lʼembouchure de la vallée du Rhône.
Costières
Chapitre 2 : Histoire
Le nom des costières de Nîmes est récent, il date de 1989, auparavant cette appellation portait le
nom de Costières du Gard. Elle nʼest devenue une AOC quʼen 1986, soit a peu prés en même
temps que les autres AOC du Languedoc (Saint-Chinian : 1982 , Corbières , Minervois et coteaux
du Languedoc : 1985). Elle était classée en VDQS depuis 1950.
Pourquoi cette appellation a t-elle pu bénéficier du statut dʼAOC si tard et pourquoi à la différence
dʼun Corbières ou dʼun Minervois il est si difficile dʼen trouver en Aquitaine et en Poitou-Charentes?
Quelle image avons-nous dʼun vin des costières et dʼoù cela vient -il?
Pour tenter dʼy voir un peu plus clair, nous allons partir de lʼorigine et remonter jusquʼà aujourdʼhui.
Antiquité
Les Grecs
Ce sont les Grecs qui implanteront les vignes dans la région au V°siècle av. J.-C. Ils maitrisaient
très bien la culture de la vigne. Elle était un moyen dʼéchange et dʼenrichissement important. La
vigne leur permet dʼacheter des esclaves, bien très précieux à lʼépoque.
Ils cultivaient la vigne avec beaucoup de soin. La taille était considérée comme le symbole de la
viticulture. Les vins grecs sont décrits pour les meilleurs comme noirs et parfumés. Il sʼy rattache
une notion de raffinement. La production des amphores et de céramiques de qualité est souvent
associée à la culture de la vigne. Dans lʼOdyssée dʼHomère, le Cyclope est mal vu, car il ne sait
comment bien cultiver sa vigne. Les mauvais vignerons sont regardés avec condescendance. Les
grecs développèrent la culture de la vigne et de lʼolivier partout où ils sʼinstallèrent : Asie Mineure,
Sicile, pointe sud de lʼItalie, Lybie, Crète, Rhodes, Chypre, Espagne, Bouches-du-Rhône.
Les Grecs savaient produire des raisins moelleux obtenus par dessiccation des grappes au soleil
qui étaient ensuite mis à fermenter. Il est possible quʼils élaboraient des vins sous voile comme le
Xérés ou le vin jaune du Jura. Ils ne le buvaient pas pur, ils le coupaient dʼeau, souvent de lʼeau de
mer. À lʼoccasion de fêtes, ils pouvaient ajouter au mélange des herbes aromatiques et des
épices. Ils coupaient leur vin, car celui-ci coutait cher et ils appréciaient de leur boire en
compagnie dʼautres personnes. Le terme de symposium vient de là, il signifie en réalité :
«dernière partie dʼun banquet où lʼon se retrouve pour deviser, faire des jeux ou philosopher tout
en buvant du vin». Platon déconseillait aux hommes de moins de 18 ans la consommation
dʼalcool. Entre 18 et 40 ans, elle devait être modérée. À partir de 40 ans, âge de la vieillesse,
lʼhomme pouvait se laisser aller à une consommation plus importante afin de compenser
lʼamertume de la vieillesse.
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Hippocrate, le père de la médecine, lʼutilisait comme médicament. Il préconisait le vin doux, moins
alcooleux que le vin vineux, mais le déconseillait aux personnes ayant des maux de tête ou des
troubles du cerveau.
Eubule en 375 av. J.-C. conseille lui 3 coupes pour une soirée : une pour la santé, une pour le
plaisir et lʼamour, le troisième pour le sommeil. Le quatrième nʼamenant que violence, on était prié
de rentrer chez soi après la 3° coupe.
Les Phocéens étaient des Grecs installés en Lydie en Asie Mineure. Fuyant lʼinvasion des Perses,
ils créèrent Massilia puis se fixèrent en Corse. Cela leur permit le contrôle de la Vallée du Rhône et
un accès sur les routes de lʼétain provenant des mines de Cornouailles en Grande-Bretagne.
Remontant le Rhône et la Saône, traversant la Bourgogne, ils arrivèrent à 160 km au sud-est de
Paris. Ils y fondèrent un comptoir au mont Lassois. Ils redescendirent également la Loire jusquʼà
lʼAtlantique. Dès le 7°siècle av. J.-C. ils font commerce de leur vin et développent la culture de la
vigne et de lʼolivier autour de Massilia. À partir de là la vigne sʼinstalle sur différents lieux le long
du littoral de la Provence et du Languedoc. Les Gaulois du midi commencent à cultiver la vigne
dés la fin du VI°siècle avant notre ère. Par contre les autres peuples gaulois ne la cultiveront pas.
Les Grecs installèrent des comptoirs près des littoraux, dans un premier temps ils ne vont
quʼimporter du vin puis peu à peu ils se mettent à produire de la vigne sur place pour faire plus de
profit sous un climat propice à la culture de la vigne te de lʼolivier. La présence de peuples gaulois
hostiles empêche la culture du vin de se diffuser à lʼintérieur des terres.
Avant la conquête romaine, les peuples gaulois méditerranéens se consacraient davantage à
récupérer les produits de la mer quʼà travailler la terre.
Le prestige du vin grec et leur pratique du commerce ont permis à la culture viticole de se diffuser.
Ce sont les Grecs qui ont transmis la culture de la vigne aux Romains.
Les Romains
Les Romains soutenus par une force militaire bien plus puissante que celle des Grecs peuvent
coloniser lʼintérieur des terres de leurs conquêtes. Les colonies romaines qui sʼinstallent en
occident dés le second siècle avant notre ère, ont lʼambition dʼétablir un pays neuf à la lisière du
monde civilisé ou sur le passage des grands courants de trafic pénétrant dans le monde barbare
et dʼy diffuser la culture de la vigne et de lʼhuile.
À partir du II° siècle avant notre ère, les vignobles sʼétendent autour de Marseille, à Nîmes, dans la
région dʼAgde et la vallée de lʼHérault. La création des colonies romaines à Narbonne dés -118, et
plus tard à Béziers, à Arles, à Orange et à Fréjus débutent le grand vignoble de la Narbonnaise (la
Narbonnaise est une province romaine qui sʼétend de Vienne sur la Rhône aux Pyrénées). La
Gaule narbonnaise se couvrit de vignes et dʼoliviers. Lʼexploitation de ces cultures était réservée
aux Romains qui désiraient en conserver tous les profits. Les indigènes étaient considérés
comme inférieurs et ne devant pas retirer de bénéfices de ces deux cultures. Mais jusquʼau I°
siècle de notre ère la grande partie des vins proviennent dʼItalie. Jusquʼau début de lʼère
chrétienne, la viticulture romaine de la Narbonnaise nʼétait pas capable dʼapprovisionner le marché
gaulois, car elle était limitée par le choix de ces cépages qui nʼarrivaient pas à sʼacclimater aux
régions plus fraîches. Lʼimage de la vigne était pour eux inséparable de lʼolivier pour des raisons
climatiques. La crête des Cévennes formait un barrage majeur à lʼavancée de la vigne. Il séparait
la Narbonnaise qui portait vigne et olivier des régions septentrionales qui portaient, pâturages, blés
et forêts. Les Gaulois de lʼintérieur des terres étaient des buveurs de bière faite à base dʼorge et
devaient importer du vin pour en consommer. Les Gaulois étaient prêts à payer cher pour du vin.
Il pouvait échanger un esclave contre une amphore.
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Lʼamphore récipient lourd et fragile ne voyageait pas aisément sur les routes de terre. Pour
vendre du vin à lʼintérieur des terres le vin était transvasé dans des outres de peau dʼanimaux
domestiques. Il fallait alors des animaux de bât pour aider à leur transport. On ne peut pas
retrouver de traces de ces outres, car elles ne se sont pas conservées avec le temps à lʼinverse
des amphores.
En gaule quand la conquête romaine permis aux Romains lʼusage des voies navigables
intérieures, et le traçage de routes plus carrossables, les amphores purent être transportées plus à
lʼintérieur des terres, mais lʼoutre continua à être utilisée. Quand la viticulture commença à
sʼétendre vers le Nord, au-delà des provinces méditerranéennes, le tonneau à lattes commença à
être utilisé à partir de la période des Antonins au II° siècle apr. J.-C.. Des amphores produites près
de Beaucaire ont été retrouvées jusquʼen Italie et témoignent du dynamisme du commerce des
vins de cette région.
Histoire de la ville de Nîmes :
L'origine de la véritable création de Nîmes remonte au VIe siècle av. J.-C.. Un peuple celte les
Volques Arécomiques, s'installe au pied du mont Cavalier, près dʼune source au centre de la ville
actuelle. À la même période, plusieurs peuples sʼinstallent sur points hauts fortifiés non loin de là.
Les sites ne manquent pas autour de Nîmes. Les hauteurs des bords du Rhône, les gorges du
Gardon ou encore les plateaux de la Vaunage sont investis par des peuplades agropastorales. Le
mont Cavalier commence à être occupé de façon permanente, il devient lʼoppidum primitif à
lʼorigine de Nîmes. La plaine est elle aussi, habitée. Les tombes à incinérations, les céramiques
indigènes sont accompagnées par des poteries étrusques puis grecques qui marquent les
premiers signes dʼun commerce méditerranéen (notamment avec les Phocéens). Les oppida de
Nages et dʼEnsérune deviennent organisés, lʼespace urbain se précise aux III° et II° siècles av JC.
Les constructions primitives font faire place à des édifices en pierre sèche.
En 120 av. J.-C., les Volques désormais à la tête d'un vaste territoire de 24 oppida accueillent
sans résistance les légions de Rome. La Colonia Nemausa, ville gallo-romaine est sur le point de
naître. À partir de 118 av. J.-C., la Via Domitia reliant lʼItalie à lʼEspagne est construite et traverse
la ville. L'empereur Auguste et ses successeurs en font une ville de promotion de la romanité en
Gaule. Nîmes s'agrandit. Au IIe siècle, ville-étape située sur la Via Domitia, elle connait son
apogée. On estime la population à près de 25 000 habitants. L'enceinte nîmoise est alors longue
de 7 km et englobe 220 ha. Nîmes devient une importante ville de l'Empire romain. L'empereur
Antonin le pieux, originaire de la ville y contribue encore. Cette période très prospère est illustrée
aujourd'hui par des monuments pour certains dans un très bon état de conservation :
l'amphithéâtre ou arènes d'une capacité de 25 000 places, la Maison carrée, la tour Magne
(ancienne tour gauloise réhabilitée par les Romains), le « temple de Diane» et les aménagements
culturels autour de la source sacrée de la Fontaine, l'arrivée de l'eau au castellum divisorium
grâce à la construction d'un aqueduc depuis Uzès. Nîmes est évangélisée par Saint Baudile et
subit des invasions barbares successives qui ralentissent l'essor de la cité antique. Au V°siècle,
l'arrivée et l'installation des Wisigoths met fin à sa prospérité antique.
Moyen-Âge
Les Wisigoths effectuent un premier raid sur Narbonne en 413, ils sʼallient avec Rome, puis
sʼinstallent à Toulouse et deviennent maîtres du sud de la France en 462. Les Wisigoths
transforment lʼamphithéâtre romain de Nîmes en forteresse dans laquelle ils construisent un
château. Aux VI et VII°siècles la région est disputée par les Francs et les Wisigoths. Nîmes est
sous tutelle wisigothe tandis quʼUzès fait partie du royaume franc. En 672, Nîmes soutenue par les
Francs se révolte contre Wamba, roi des Wisigoths qui assiège et reprend la cité lʼannée suivante.
En 719, les musulmans dominent la ville et sa région. Mais leur passage est plutôt pacifique : ils
respectent les lois, lʼadministration et lʼéglise représentées par les comtes et les évêques.
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La Gaule est alors aux mains des Francs et les Mérovingiens ne sʼoccupent guère de la région. Au
VII° siècle, une abbaye est construite qui donnera naissance à Saint-Gilles du Gard. Au Moyen
Âge, elle devient le siège de la principale commanderie de langue dʼoc des Hospitaliers de Saint
Jean de Jérusalem (ordre de Malte). Ceux-ci sont à l'origine du développement du vignoble. À
partir du VIII°siècle, les moines développeront de vastes vignobles autour des abbayes. Les
Bénédictins et les Cisterciens préservent les acquis de la viticulture romaine. La France est
ravagée par la famine et les épidémies. Charles Martel écrase les Sarrasins en 732 à Poitiers et
ses troupes déferlent sur la Septimanie. Nîmes est incendié et tombe en 754. Radulf, un comte
franc sʼinstalle dans le château des arènes de Nîmes. La ville connaît un important déclin. À la
suite de la dislocation de lʼEmpire de Charlemagne en 833, le Languedoc voit la création de
nombreuses abbayes. Tandis que le pouvoir religieux assied son autorité, les seigneurs laïcs
deviennent de plus en plus puissants. Nîmes passe sous lʼautorité des Comtes de Toulouse en
892. Les invasions sont alors toujours menaçantes. En juillet 987, Hugues Capet est couronné roi.
La France est morcelée en douze principautés, elles-mêmes divisées en territoires dans lesquels
les châtelains sont les maîtres absolus. La féodalité est même reconnue héréditaire au XI°siècle .
En 1096, le pape demande non pas au roi, mais au comte de Toulouse de conduire la première
croisade en Terre sainte. Grâce à la vigne, à l'olivier et à l'élevage du mouton, les échanges
commerciaux redémarrent. Et là encore, la source intervient. Ses eaux qui courent à travers la ville
vont au cours des prochains siècles amener la prospérité aux tanneurs, teinturiers et marchands
d'étoffes.
Après la conquête capétienne qui suivit la croisade des Albigeois de 1209, Nîmes fut incorporée à
la France et incluse dans la sénéchaussée de Beaucaire, qui couvrait une grande zone allant des
Cévennes à Montpellier. En 1215, Simon de Montfort, chef dʼune alliance de seigneurs du Nord de
la France, se rend maître de Nîmes. Peu après le gouvernement royal prend autorité sur la région
et crée le Languedoc. Au XIII° siècles les Dominicains et les marchands lombards sʼétablissent à
Nîmes, les juifs sont expulsés massivement, le pape gardois Clément V sʼinstalle à Avignon (cité
proche de Nîmes) et la terrible épidémie de peste noire fait périr le tiers de la population du
Languedoc (1348). Le siècle suivant est encore marqué par de mauvaises conditions climatiques
et les épidémies. À la fin du XIV°siècle, les Lombards surchargés dʼimpôts décident de partir. De
nombreuses épidémies de peste ravagent les villes. Les rats envahissent Nîmes en1480. La fin du
siècle annonce la Renaissance avec la création des premières industries textiles nîmoises.
Au XIV°siècle , les vins de Saint-Gilles, de Nîmes et de la Costière sont parmi les plus prisés de la
cour pontificale dʼAvignon. Jean XXII fait venir son « vin nouveau » de Saint-Gilles, Nîmes et
Beaucaire. Quand, en 1367, Urbain V quitte Avignon pour Rome, il se fait envoyer par le port
dʼArles une cargaison de vin de Nîmes et de Beaune. De retour en Avignon, Grégoire XI fit lui
aussi approvisionner ses celliers par les vins de la Costière.
Durant tout le Moyen Âge, le grand cépage de la région était le mourvèdre appelé alors « plant de
Saint-Gilles ».
Renaissance :
À la fin du XVI° siècle Olivier de Serres (théâtre de lʼagriculture), cite la réputation des vins de la
commune de Beaucaire.
Si comme lʼexplique lʼhistorien passionnant, E. Le Roy Ladurie, spécialisé sur la paysannerie
languedocienne, le paysan du Languedoc a toujours été un gros mangeur de pain et un grand
buveur de vin, la période de la Renaissance fut celle où le vin et le pain furent peu consommés
par les paysans.
Au XVI° siècle, Nîmes devint un foyer des plus actifs du calvinisme et les oppositions entre
catholiques et protestants furent courantes. En 1567, jour de la Saint-Michel, a lieu la michelade,
les protestants assassinant près de 90 clercs catholiques. Si llʼÉdit de Nantes apporta une relative
tranquillité, sa révocation en octobre 1685, fut suivie de nouvelles persécutions à l'encontre des
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protestants. En 1702, suite à l'assassinat de l'abbé du Chayla, la guerre des Cévennes (ou guerre
des camisards) commença où de simples paysans, vignerons et artisans protestants, parvinrent à
tenir tête aux dragons du roi. Le Gard dans son ensemble fut touché par ce conflit et Nîmes vit se
reproduire des tueries. La paix religieuse ne fut véritablement acquise qu'en 1789 avec la
Révolution française et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
La vigne était peu plantée sur les costières et lʼensemble du bassin méditerranéen à la fin du
17°siècle. La Méditerranée offrait peu de débouchés, les axes naturels vers lʼAtlantique et le nord
de lʼEurope via lʼaxe du Rhône était bloqué dʼun côté par les Bordelais et de lʼautre par les
notables de la Côte d'Or. Bien que le climat fut largement plus favorable à la vigne, cette absence
de débouchés et le surcoût du transport bloquaient le commerce du vin languedocien.
Le grand gel de lʼhiver 1709, qui toucha massivement les vignobles septentrionaux, mais
beaucoup moins ceux du Languedoc permit une ouverture. Le surcoût du prix du vin en période de
pénurie, la suppression de taxes, lʼamélioration des transports permis aux vins locaux une
remontée vers le Nord et à lʼexport.
Les tissus et la région nîmoise
Dans le domaine économique, c'est à la Renaissance, puis aux XVIIIe et XIXe siècles que Nîmes
connaît un essor impressionnant, lorsque se développent de grandes manufactures de tissus.
Dès 1552, le conseil municipal installe un grand marché de la viande, et subventionne l'installation
d'une usine de douilles, puis en 1557 il fait venir à Nîmes des soyeux Italiens qui vont développer
l'industrie de la soie, au moment où Olivier de Serres et le jardinier François Traucat développent
la culture du ver à soie. La ville finance un an plus tard la création d'une manufacture de soie.
Le Languedoc est une grande zone pastorale, comprenant des élevages de mouton et de
production de laine. Dans les montagnes cévenoles, cʼest du châtaignier que les paysans vivaient.
Le mûrier a fait un plus long voyage, de la Chine aux rivages de la Méditerranée. Mais son
implantation massive dans les Cévennes il la doit en partie à un recul du châtaignier, qui comme
l'olivier a mal résisté aux terribles gelées de 1709. Les premières traces de l'activité des tireurs de
soie remontent à la fin du XIIIe siècle à Anduze. La sériciculture se développe peu à peu dans le
sud de la France. Et cette activité est devenue très vite une affaire d'État. La première ordonnance
royale encourageant la plantation de mûriers remonte à 1544. Sous le règne d'Henri IV
(1589/1610), la France est devenue une grande consommatrice de soie et le roi fait tout pour
encourager cette branche économique. Son conseiller, Olivier de Serres, agronome protestant, lui
est d'une aide précieuse dans cette entreprise.
L'État accentue son soutien. Des subventions sont même accordées à la sériciculture sous
Colbert. Un engouement excluant les huguenots qui détenaient pourtant dès l'origine l'industrie
soyeuse à Nîmes. Les vexations et les mesures plus strictes qui visent les protestants poussent
nombre d'hommes à émigrer pour devenir ouvriers à Londres, Amsterdam, Lausanne... Une fois
les plaies de la guerre cicatrisées, l'effort de plantation des mûriers reprend de plus belle.
Au XIIIe siècle dans tout le Languedoc, et notamment dans les Cévennes, presque chaque famille
"éduque le ver et tire son fil". Le fil brut est alors vendu à des négociants. L'étape du moulinage,
puis du tissage a lieu dans les villes de la plaine. Aux limites des Cévennes, à Gange, au Vigan, à
Anduze ou encore à Saint-Jean-du-Gard, en revanche c'est la bonneterie qui prend son essor. Les
bas de soie cévenols vont habiller tous les mollets des cours d'Europe. La prospérité des élevages
de vers à soie connaît son apogée lors de la première moitié du XIXe siècle. C'est l'époque aussi
où les petits ateliers de filature sont peu à peu remplacés par des unités plus productives.
La vapeur a fait son apparition et ouvre la porte à l'industrie. Les filatures des bourgs cévenols
vont avaler chaque jour des centaines d'ouvriers, mais surtout d'ouvrières.
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L'âge d'or de la soie cévenole va prendre fin brutalement. Des élevages entiers de vers sont
dévastés par une maladie : la pébrine. C'est la ruine dans les vallées cévenoles. Les filatures
s'approvisionnent en Italie et en Orient. La trouvaille de Pasteur pour sélectionner les graines
saines ne suffira pas cependant à sortir les Cévennes de l'impasse. L'ouverture du canal de Suez
qui favorise l'arrivée des soies chinoises et japonaises, puis la concurrence de la rayonne
accélèrent le déclin de la sériciculture.
La première manufacture de drap apparait dans le Languedoc au XVI° siècle. Le véritable essor se
produit au XVII° siècle. En1725, la région possédait 12 manufactures royales et de nombreuses
manufactures privées. La Foire de Beaucaire jouait alors un grand rôle. Peu à peu la région va
moins produire de laine, mais va acheter des tissus espagnols et continuait à produire sur place.
Nîmes, cité manufacturière vouée au textile et place commerciale importante, devint une plaque
tournante ferroviaire essentielle lors de la mise en place du réseau de chemin de fer dès les
années 1830,1840. Mais la concurrence lyonnaise fut rude durant la deuxième moitié du
XIXe siècle et la bourgeoisie nîmoise réinvestit les capitaux du textile dans la banque ou la
viticulture. Les travailleurs du textile étant moins bien payés que dans la viticulture, ils se
tournèrent vers cette production. Puis la décision de la régionalisation des régions agricoles au
19°siècle poussa un grand nombre de paysans vers la viticulture. La région devint essentiellement
viticole. La culture de la vigne fut facilitée par la construction du canal du Midi (dès le XVII°siècle)
et surtout sa liaison avec le Rhône par Sète au XIX°siècle. Le transport du vin fut aussi
grandement favorisé par l'apparition du chemin de fer à Nîmes dès1839. Cependant, un coup
rude fut porté aux activités vinicoles par la terrible crise liée au phylloxéra à partir de 1872. Sur une
région surspécialisée, les problèmes viticoles devinrent un enjeu central. Une partie des vignerons
partirent chercher fortune dans les colonies françaises.
Les difficultés sociales et économiques, les débouchés comme vin de masse donnèrent une
mauvaise image aux vins de la région qui leur colle à la peau aujourdʼhui.
Les caves coopératives ont joué un rôle central dans le redémarrage de lʼactivité viticole.
Aujourdʼhui les Costières ont décidé de se rattacher au vignoble de la vallée du Rhône, se
détachant du Languedoc. Les vignerons ont souvent une polyactivité, en particulier en faisant de
lʼolive ou des arbres fruitiers ou de lʼoenotourisme.
Le climat permet une pression cryptogamique faible qui facilité lʼinstallation dʼexploitation en
agriculture biologique. Comme dans le Roussillon, on assiste depuis les années 2000 à
lʼinstallation de nouveaux venus qui peuvent sʼinstaller plus facilement grâce aux coûts moins
élevés de la terre que dans dʼautres régions.
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Chapitre 3 : Économie
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4 500 hectares
15 caves coopératives et 96 caves particulières
220 000 hectolitres/an
59% de rouge, 37% de rosé et 4% de blanc
rendement moyen : 52hl/ha
Vente :
• 75 % marché français
• 25 % à lʼexport
Chapitre 4: géographie des terroirs
Les Costières de Nîmes se situent sur la rive droite du Rhône au niveau de son embouchure.
Cette zone surplombe la Camargue et vient buter contre le bas du massif cévenol.
Le climat.
Le climat est typiquement méditerranéen. Il se caractérise par :
- une saison sèche, courte et froide en hiver
- une saison sèche, longue et chaude en été,
- deux saisons pluvieuses, lʼautomne et le printemps caractérisés par des pluies orageuses.
Il présente un fort ensoleillement annuel (2700 heures en moyenne), ainsi quʼune période de subsécheresse estivale.
Le Mistral, en provenance du couloir rhodanien, est un vent sec qui souffle en rafales selon une
direction Nord-Nord-ouest , environ 130 jours par an. Il souffle environ 130 jours par an avec une
vitesse variant de 30 à 120Km/h.
Ce vent pousse les masses dʼair frais descendues du Massif central dans la vallée du Rhône dès
que lʼair de la Méditerranée est plus chaud que celui des terres. La végétation locale y est
adaptée, mais il peut provoquer des dégâts sur les vignobles (dʼoù la taille en gobelet) et attise
fréquemment les incendies des forêts souvent constitués dʼépineux facilement inflammable, car
sans sol humide protecteur. Le Mistral est sec, il chasse les nuages vers la mer et donne un temps
ensoleillé. Cʼest lui qui marque en grande partie le climat particulier de cette région.
Les soutirages, les filtrations, les collages se réalisent par temps bien sec une fois que le Mistral a
assaini lʼair des vents marins humides.
Les costières subissent également les effets de la brise marine qui sont entrainés par lʼeffet de
convection lié à lʼélévation de lʼair surchauffé par le sol caillouteux. Cet effet de convection permet
une bonne maturité du raisin. Ce type de climat limite les risques de mildiou et de pourriture, mais
peut favoriser lʼoïdium.
Le sol
Au nord de Nîmes, le plateau de Garrique est constitué de calcaires urgoniens assez durs. La
vigne y est rare. À lʼoligocène, lʼavant-pays-Nîmois cʼest affaisé le long de la faille de Nîmes. Puis
au Miocène au moment de lʼouverture du Golfe du Lion et de lʼeffondrement de la chaîne pyrénéoprovençale, cet affaissement sʼest accentué en formant des paliers successifs séparés par des
failles.
Ce vaste escalier descendant vers la mer a été recouvert par les dépôts de la mer pliocène, euxmêmes recouverts par une vaste nappe caillouteuse du villefranchien. À la fin de lʼère tertiaire et
au début du quaternaire, le bassin rhodanien est parcouru par des rivières puissantes qui charrient
un volume important de roches et de sédiment qui vont se déposer sous forme de nappes de
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galets mêlés à une argile sableuse rouge. Les costières constituent la plus vaste terrasse
«villefranchienne» dʼEurope. La nappe caillouteuse qui forme la costière nʼest pas régulière, car
les failles profondes nʼont cessé de rejouer au quaternaire. La vallée de la Vistre et la Camargue
se sont encore enfoncées, délimitant nettement le plateau. En sʼenfonçant dans la nappe
caillouteuse et les sables pliocènes, le Gard et la Vidourle en ont achevé le contour.
Le sol est plus ou moins profond, très caillouteux, plus ou moins rouge selon la migration en
profondeur de lʼargile avec les eaux de ruissellement. Il présente une bonne réserve hydrique et se
réchauffe rapidement.
Chapitre 5 : Les cépages
Les cépages sont purement méditerranéens :
En rouge :
Les cépages principaux (supérieur à 60%) sont :
• grenache noir
• syrah
• mourvèdre
(syrah et mourvèdre doivent représenter au moins 20% de lʼensemble)
Les cépages accessoires (inférieur à 40%) sont :
• Carignan,
• cinsault,
• marselan (maximum 10%)
En rosé les cépages sont les mêmes, il est autorisé dʼy ajouter des cépages blancs (inférieur à
20%).
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En blanc :
Les cépages principaux (ils doivent faire au moins 50% , mais chacun devant être inférieur à 80%
de lʼensemble) sont :
• grenache blanc
• marsanne
• roussanne
Les cépages accessoires (inférieur à 50% de lʼencépagement) sont :
• bourboulenc
• clairette
• macabeu,
• vermentino,
• viognier
Chapitre 6 : Typicité des vins, particularité de vinification.
• Rouges : vins alcooleux, peu acides, arômes de surmaturité, de fruits rouges, dʼépices, de tabac,
de raisins macérés dans lʼalcool. Donne des vins ronds à charpentés. La syrah, le mourvèdre
amènent le fruit, le grenache lʼalcool, le carignan les tanins, le cinsault la fraicheur et la légèreté.
Il est nécessaire de connaître lʼencépagement avant de le décrire si vous ne lʼavez pas goûté.
La syrah est souvent dominante dans les assemblages et donne des vins plus fruités et moins
alccooleux que ceux à base de grenache noir majoritaire. prix peu cher à cher.
• Les rosés : Ils sont ronds, aromatiques, alcooleux. Il est produit de nombreux rosés, le Tavel est
le plus connu. Les cépages utilisés sont ceux autorisés pour les rouges, on retrouve
fréquemment du cinsault, du grenache N et de la syrah. Prix : peu cher.
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• Les blancs : Ils sont généralement ronds, plus ou moins aromatiques (présence de viognier),
lʼacidité est peu élevée, lʼalcool bien présent. Lʼencépagement possible est vaste, la fiche
technique est conseillée. Prix peu cher.
Chapitre 7 : Association avec des mets
Vins rouges sur le fruit : grillade, volailles, thon, terrines, ratatouille, moussaka, artichaut à la
barigoule, rôti de porc.
Vins rouges de garde : Viandes et gibiers en sauce, magret sur une base sucrée/salée, taureau,
fromage affiné.
Vins rosés : Grillades, anchoïade, apéritif, poissons, tarte, flan aux légumes, cuisine exotique
Vins blancs : Poissons, fruits de mer, fromage frais, tarte aux oignons, tartes aux légumes.
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Bibliographie / Sources :
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Le Vin - André Dominé - Ed Place des victoires - 2003
guide hachette des vins 2013
Grands cépages - Pierre Galet - Hachette – 2001
Une histoire mondiale du vin – Hugh Johnson - Editions Pluriel/Hachette 1990
Les terroirs du vin Jacques Fanet - Hachette – 2001
Le paysage et la vigne. Essai de géographie historique - Roger Dion - Bibliothèque historique
Payot - 1990
Histoire de la vigne et du vin en France - Roger DION -CNRS 2010
Les Paysans de Languedoc - Leroy Ladurie- Flammarion (plusieurs éditions)
La vie quotidienne des paysans français au XVII° siècle Pierre Goubert Hachette1982
Lʼécole des alliances - Pierre Casamayor Hachette 2000
Sur internet :
• costieres-nimes.com
• Comité interprofessionnel des vins du Rhône : http://www.vins-rhone.com/fr
• INAO : institut national des appellations dʼorigine : www.inao.gouv.fr
• wikipédia : nombreux articles (Nîmes, Costières de Nîmes, Protestantisme en Languedoc, soie
languedocienne...), http://fr.wikipedia.org/
• persee : Fohlen Claude. En Languedoc : vigne contre draperie. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 4e année, N. 3, 1949. pp. 290-297. http://www.persee.fr/web/revues/
home/prescript/article/ahess_0395-2649_1949_num_4_3_1739
• http://les.cevennes.free.fr/fr/soie.htm
• Cours École du vin muscadelle (www.ecole-muscadelle.fr)
École du vin muscadelle www.ecole-muscadelle.fr
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