La situation des femmes en Afghanistan en 2011

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La situation des femmes en Afghanistan en 2011
LA SITUATION DES FEMMES EN AFGHANISTAN
Après 32 années de guerres et 10 ans après le retrait des talibans, la situation
des filles et des femmes afghanes reste globalement très précaire. Depuis sa
première conférence en 2000, le Mouvement National des Femmes Afghanes
n’a jamais relâché ses efforts pour regagner les droits déchus et les
développer. La condition féminine s’est améliorée, notamment dans le domaine
de l’éducation, même si l’évolution est très variable selon le secteur
géographique. Les actions menées sur le terrain par les ONG internationales
n’ont jamais cessé, telles que la prise en charge psychosociale des souffrances
liées à ces très longs conflits ou la formation d’enseignantes.
Le chemin à parcourir est encore long ; la réalité économique et les derniers
développements politiques (conférence de Bonn) visant à réintégrer les talibans
dans le processus politique ne sont pas encourageants. Les pratiques
coutumières, la violence domestique et communautaire exercée contre
les femmes continuent à les empêcher d’intervenir dans la vie publique et
dans les instances de décision, de contribuer aux tentatives de
réconciliation en cours.
Depuis 2008, des initiatives gouvernementales sont mises en place, en
particulier via la loi de 2009 « Elimination de la violence contre les femmes »,
soutenue par les instances internationales. Cette loi définit 22 formes de
violence, telles que le viol ; la prostitution forcée ; l’auto-immolation par le feu
ou l’agression avec des substances chimiques ; la vente ou l’achat d’une
femme sous prétexte de la marier ; le mariage de mineures ; l’humiliation ou
l’intimidation ; l’addiction forcée aux drogues ; le déni des droits à l’héritage, à la
propriété, à l’éducation… elle représente, selon les normes internationales, un
jalon important dans la reconnaissance des discriminations.
pressions familiales, crainte de représailles ou d’une réputation compromise,
recours par les autorités policières et judiciaires à la législation pénale
« classique » ou aux règles de la Sharia, présence ou non de femmes dans le
personnel policier, manque de moyens et de soutien des autorités politiques
locales, régionales ou nationales, instabilité politique dans certaines provinces,
corruption endémique, prépondérance des systèmes de médiation imposés
par la tradition… cette dernière pratique a ainsi pour but primordial
d’empêcher le déclenchement d’hostilités entre familles et de préserver
l’intégrité de celles-ci, et non de garantir les droits de la personne. Elle
diffère de la forme de médiation promue par le Ministère de la Condition
Féminine dans laquelle les femmes ont un rôle à jouer dans la résolution du
conflit.
Entre mars 2010 et mars 2011, 4 103 cas de violence contre les femmes ont
été relevés par ce Ministère, mais la majorité des faits n’est pas portée à la
connaissance des autorités. Le développement des refuges pour femmes,
encore peu répandus, constitue désormais une des priorités.
La pérennité des pratiques violentes et le recours encore fréquent à la
médiation traditionnelle même pour les crimes les plus graves entrent en
contradiction totale avec les engagements internationaux de
l’Afghanistan sur les droits de l’homme (notamment la Convention sur
l’Elimination de la Discrimination contre les Femmes) et avec la
Constitution du pays qui garantit l’égalité des sexes (tout en soulignant
que la Sharia demeure la base incontestable du système législatif
afghan…).
Sources :
Obstacles et résistances à son application restent nombreux et d’une
intensité variable d’une province à l’autre : illettrisme, ignorance des droits
de la victime,
Rapport de la Mission d’Assistance en Afghanistan/Bureau du Haut Commissariat aux
Droits de l’Homme des Nations Unies, novembre 2011
Manifeste du Mouvement des Femmes Afghanes, 14 novembre 2011