Quel avenir pour la République islamique d`AFGHANISTAN
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Quel avenir pour la République islamique d`AFGHANISTAN
ASIE IRIS PERSPECTIVES Institut de Relations Internationales et Stratégiques STRATEGIQUES n°1 Quel avenir pour la République islamique d’AFGHANISTAN post-2014 ? Novembre 2012 □ Dans cette atmosphère de fin de règne et de lendemains plus qu’incertains, de passable, la gouvernance des autorités - lesquelles organiseront au printemps 2014 un scrutin présidentiel avant le retrait des troupes de l’OTAN — ne pourra que virer au médiocre. Vainqueurs sur les terrains militaires et politiques, talibans, insurgés et radicaux ne ménageront guère leurs efforts pour continuer à appuyer, à grands renforts d’IED, d’attentats et d’assassinats, sur le peuple afghan comme sur les hommes en uniforme de la coalition, là où cela fait mal, démontrant leur victoire et la faiblesse du pouvoir, de ses soutiens extérieurs. Dans ce contexte, on ne saurait non plus attendre d’éventuels talibans modérés qu’ils trouvent quelque intérêt à un dialogue avec des autorités sans crédit, bientôt sans soutien. Sommaire □ Si l’on se bornait à une simple esquisse de la situation générale (politique, militaire, interethnique, économique, humanitaire ou criminelle) prévalant fin 2012 dans ce pays en crise depuis deux générations d’homme, déshérité, épuisé, presque déliquescent malgré les efforts engagés, le constat serait déjà sévère, sans appel : l’Afghanistan va mal, fort mal en fait. Sous le coup de pathologies multiples, son pouls ralentit dangereusement, la fièvre perdure, les traitements divers semblent ne lui être d’aucun secours. Les praticiens à son chevet paraissent dépassés, lassés par ce patient sur lequel la multitude et la résistance des maux traversent les décennies et renversent les espoirs. □ D’ici deux ans, fin 2014, l’Afghanistan verra partir les dernières troupes de combat de la coalition internationale encore présentes sur son sol ; des hommes d’armes qui d’ici-là auront fort à faire à simplement assurer leur propre sécurité tout en préparant leur paquetage. Le huis clos se précisera alors pour les 30 millions de citoyens afghans. Au regard du chantier actuel et des tendances sombres et lourdes qui se dessinent à grands traits, on ne saurait raisonnablement espérer, moins encore croire que d’ici-là, le panorama général se sera amélioré, nonobstant les prismes optimistes que la communauté internationale se désengageant s’emploiera à vanter auprès d’une opinion lassée par les tourments lointains et insolubles affligeant ce pays fragile. □ Enfin, alors que les forces de sécurité afghanes seront tout sauf prêtes, aptes à relever seules le défi de la sécurité intérieure, que les Afghans hostiles aux talibans (Panshiri ; tadjiks) se préparent à résister comme ils savent si ardemment le faire, il serait bien hasardeux d’espérer un quelconque revirement de la politique afghane d’Islamabad, pétrie d’ingérence et d’ambiguïté, en dépit des pressions américaines exercées à son endroit. L’occasion d’aborder ici sans fard ni embarras cette thématique sous l’angle d’une série de questions-réponses évoquant le cadre politique, l’environnement sécuritaire, la dimension régionale de la crise, enfin, ses répercussions internationales. Olivier Guillard est directeur de recherches Asie et enseignant à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, également directeur de l’information chez Crisis 24, cabinet de conseil en gestion des risques et des crises. Parmi ses derniers ouvrages, Géopolitique de l’Inde, PUF, Paris, 2012 ; Birmanie 2020 : de l’état des lieux aux perspectives, Dunod, Paris, 2009. 2 bis rue Mercœur, 75 011 Paris—France ǁ tél. : 01 53 27 60 60 ǁ [email protected] 1 www.iris-france.org Chine Iran Pakistan Inde Carte physique de l’Afghanistan Environnement régional 1. Le cadre politique Un contexte domestique à maints égards ténu, dégradé, objet de désillusions diverses, plus sensible aux sirènes du clientélisme et de la corruption que le bonne gouvernance et de l’intérêt de la nation. ● Comment qualifier le pouvoir central afghan : solide, fébrile, déliquescent ? Les paraboles politiquement correctes risquent de manquer… A l’automne 2012, le pouvoir central de Kaboul sur le pays est à peine nominal ; en une décennie, on peut même en définitive se demander si l’autorité de l’Etat s’est étendue ou contractée. Du reste, le gouvernement « règne »-t-il seulement dans la capitale, sa voix porte-t-elle au-delà de la périphérie ? On peut se poser la question. Là en revanche où on ne se la posera pas, c’est au sujet du regard que porte les Afghans sur leurs institutions, jusqu’au sommet de l’organigramme administratif et constitutionnel ; un regard froid et désabusé, plus de rejet que d’admiration. Pour eux, le gouvernement œuvre bien davantage au profit des détenteurs de maroquins — et de leurs clans et réseaux - qu’à l’édifice national chancelant et mal embarqué. L’exemple ne vient pas du haut de la pyramide ; en revanche, sa critique fait l’objet d’un consensus quasiinterethnique, de Kaboul à Kandahar, d’Hérat à Faizâbâd. Une appréciation qui n’ira guère en s’améliorant, les « meilleures pratiques », déjà peu répandues lors de la décennie post-taliban où l’OTAN s’employa pourtant (en quasi pure perte) à en valoriser les avantages, devenant un concept exotique plus flou encore, bien vide de sens ici alors que la communauté internationale et ses observateurs se désengagent au galop. A l’automne 2012, le pouvoir central est faible, sans crédit (populaire ; comptable), davantage perçu comme un prédateur que comme un administrateur. Jurisprudence constante ces dernières années, la corruption étalée au plus haut niveau de l’Etat ajoute au mépris et au courroux populaire, servant ainsi jusqu’aux intérêts des talibans ; une aubaine pour ces derniers. D’ici fin 2014, on voit mal la tendance s’inverser, la vertu remplacer les abus, l’intérêt général l’emporter sur les considérations locales, claniques, mafieuses. ● Où en est le « dialogue » avec les talibans ? Combattu de longues années par Kaboul, WasA l’automne 2012, le hington, Bruxelles, pouvoir central est Londres, Paris et bien d’autres capifaible, sans crédit tales impliquées (populaire ; dans l’effort de recomptable), davantage construction / stabiperçu comme un lisation de ce pays prédateur que comme aussi fragilisé qu’enun administrateur clavé, le principe de l’ouverture d’un dialogue associant des talibans modérés (s’il n’y a pas déjà contradiction dans les termes…) aux autorités de Kaboul et de leurs mentors américains a fini par être retenu et encouragé par ces mêmes capitales jusqu’alors sceptiques ; avec le franc résultat que l’on connait aujourd’hui, les talibans n’étant pas plus férus de dialoguer avec l’administration Karzai que d’en découdre frontalement avec les forces de l’Otan. Pourquoi en effet accéder à une telle requête alors que le pouvoir central va 2 bis rue Mercœur, 75 011 Paris—France ǁ tél. : 01 53 27 60 60 ǁ [email protected] 2 www.iris-france.org en s’affaiblissant et en s’avilissant auprès de ses admi- retrait des postes avancés un temps occupés par des nistrés, que les mentors en armes quittent le pays… et soldats de la coalition internationale laisse un vide dans que le temps ne presse pas… des zones fragiles ...que les talibans ne tardent pas à investir, sans coup férir ni prendre de risque. Une auLes talibans estiment qu’ils n’ont rien à gagner d’une baine pour ces derniers, non pour la population locale. participation a un tel processus ; elle ne leur est pas vitale. Rien qui ne soit illogique ou surprenant. ●Les attaques dites « green on blue », le coup de grâce ? 2. L’environnement sécuritaire domestique. On ne devrait guère leurrer les Afghans, la communauté internationale, les opinions publiques avec des statistiques, des graphiques, des courbes aux messages favorables. Hormis de très rares périmètres — et encore, il faut le dire vite -, l’environnement domestique intérieur reste fin 2012 voué à la violence, aux attentats, assassinats, destructions, à un chao sans fin ni milite. Des pans entiers de ce territoire plus étendu que l’Hexagone sont offerts à l’insurrection, aux talibans, aux bandits et aux potentats locaux, lorsque nous ne parlons pas des mêmes individus. ● Comment évolue sur le terrain le rapport des forces entre d’un côté l’Otan / armée et police afghane, de l’autre, la co-entreprise talibans / insurgés / Al-Qaïda ? Favorablement…, mais pour la joint-venture talibans/ insurgés. Début novembre, l’Otan dispose encore d’une force de 100 000 hommes bien entrainés et convenablement équipés, issus d’une cinquantaine de nations. Entre autres missions critiques, conformément à un calendrier préétabli, ces troupes otaniennes s’effacent progressivement de la conduite des opérations, en laissant la gestion directe aux forces de l’armée nationale afghane (ANA) et de la police (ANP), tout en demeurant en soutien ; une nécessité plus qu’une précaution, du reste. Les quelques 300 000 hommes des forces régulières afghanes sont à présent censés assurer la sécurité de 75% des centres urbains et périphéries associés du pays. Malheureusement pour ce dernier, l’Afghanistan est un pays majoritairement rural...et la sécurité dans une majorité de ses 34 provinces (sud ; est ; proximité de la capitale également) n’est pas même un concept faisant sens ; nous sommes dans le domaine des insurgés (cf. Hezb-e-islami), des talibans, des warlords locaux, trafiquants et mécréants de tous poils. L’ANA ne s’y déplace pas sans appréhension et uniquement avec l’assistance de ses comparses otaniens, fussent-ils mentors sur le terrain ou en appui aérien. Petit à petit, le 2012 a connu une inflation considérable d’attaques d’infiltrés (soldats ou policiers afghans, les « green ») sur des hommes de la coalition internationale (« blue ») ; au 30 octobre, on compte déjà près d’une soixantaine de victimes tombées sous les balles que l’on croyait a priori amies. Une menace insolite, responsable d’un décès sur cinq ; un fardeau intolérable, achevant de convaincre autorités et opinion publique de la nécessité de rapatrier au plus vite les hommes déployés depuis plus d’une décennie dans ce tombeau des espérances et des déceptions. A chaque nouvel incident de au 30 octobre, on ce type, l’étau se compte déjà près d’une resserre non pas soixantaine de victimes sur les instigateurs de ces attaques, tombées sous les balles mais sur les gouque l’on croyait a priori vernements dont amies. Une menace les soldats sont insolite, responsable victimes, pressant d’un décès sur cinq la capitale d’hâter plus encore leur retrait. Une arme terriblement décisive aux mains des talibans, lesquels n’ont pour leur part aucun compte à rendre à la population et ne sont pas soumis à une quelconque pression des sondages ou de l’électorat... ● L’impact du désengagement de l’Otan se fait-il déjà sentir ? Cela ne fait aucun doute. Lorsque les gouvernements américain, britannique, français, canadien pour ne citer que ces derniers ont officialisé le calendrier du retrait de leurs troupes, talibans et insurgés (certaines capitales régionales également) comprenaient combien le cours du temps allait leur être favorable et que la partie - militaire, politique - était en passe d’être gagnée. Leur principal ennemi et obstacle à un retour aux affaires annonçant son départ à court terme, il n’y avait en quelque sorte plus raison de s’inquiéter sur les chances de succès de leur entreprise radicale ; maintenir 2 bis rue Mercœur, 75 011 Paris—France ǁ tél. : 01 53 27 60 60 ǁ [email protected] 3 www.iris-france.org la pression sur Kaboul, Washington et l’Otan, le niveau de violence et de terreur sur les hommes en uniforme comme sur les populations, tout en se montrant patient, devenait un exercice simple, logique et réalisable. à son ennemi historique (l’Inde), alors que s’opère le désengagement de l’Otan, que l’ampleur du chantier a lassé la Maison-Blanche et le contribuable américain. C’est avec empressement et avidité que la haute hiérarchie militaire pakistanaise observe la fin de l’aventure 3. La dimension régionale de la crise. Si l’on était cyotanienne en Afghanistan prendre forme. nique (…), on pourrait se laisser à penser que certaines capitales régionales - par ailleurs déjà quasi au ban des ● Téhéran se montre plus discrète sur ce dossier qu’Islanations - s’emploient uniquement à attiser les braises de mabad ; pourquoi ? Le voisin iranien observe attentivece conflit, à en retarder / interdire la résolution pour des ment l’évolution de l’instable matrice afghane, joue son raisons que l’on devine bassement égoïstes, contestables jeu, place ses pièces, assiste les parties au conflit favoet éminemment condamnables. Et pourtant... rables ou réceptives à son discours, d’une manière plus subtile — l’exercice n’est pas difficile - que celle em● A quoi joue le Pakistan ? Ne peut-on lui faire entendre ployée par Islamabad. Le retrait de l’Otan et des forces raison ? Comment encore prendre pour argent compaméricaines ne sera pas pleuré dans la capitale iratant les promesses d’Islamabad de son engagement sinnienne, trop heureuse de saluer les limites de la toute cère dans les efforts de stabilisation du régime afghan puissance américaine et ce qu’il convient d’appeler un voisin. Par quel aveuglement faudra-t-il encore passer revers, à défaut de défaite. Par ailleurs, le départ de avant de prendre la mesure du lest que fait peser l’agentout ou presque de ce contingent armé (demeureront à da pakistanais sur les questions afghanes ? Combien de partir de 2015 quelques milliers d’hommes, à des fins de temps la schizophrénie du pouvoir civilo-militaire du formation et d’assistance de l’ANA) enlève une certaine « pays des purs » sera-t-elle encore tolérée ? On ne peut appréhension dans les cercles du pouvoir iranien ; en à la fois prétendre épauler Kaboul dans sa recherche de termes exécrables avec Washington et plus dégradés stabilité, Washington dans sa quête de stabilisation du encore avec Tel Aviv, la République islamique d’Iran se théâtre de crise afghan, déployer 100 000 hommes de félicitera de ne plus devoir composer, prendre en troupes (une facture réglée par le contribuable américompte la présence de troupes US à ses frontières oriencain) depuis une décennie le long de la frontière pakistatales. On ne saurait non plus imaginer que l’ingérence, no-afghane ... et dans le même temps, continuer à héle jeu iranien dans l’Afghanistan post-2014 ira en s’ameberger sur son sol, dans les agences tribales (cf. nordnuisant. Une évolution aussi improbable que d’anticiper Waziristan) et à Quetta (capitale de la province du Baune amende honorable de la part d’Islamabad ou enloutchistan, à quelques dizaines de km de la frontière core la bonne gouvernance de Kaboul. afghane), la frange la plus redoutée des talibans (le fameux réseau Haqqani) et le leadership historique de ces 4. Les répercussions internationales. Les ondes de « étudiants en religion » (la non moins fameuse Quetta choc internationales - pré et post-2014 — du bourbier Shura, qui accueillerait l’insaisissable mollah Omar). Doit afghan ne sont pas à prendre à la légère, nonobstant les -on rappeler que c’est sur le sol pakistanais (à quelques sentiments peu amènes (en Occident notamment) et le hectomètres de la plus prestigieuse académie militaire haut degré de fatigue qu’il suscite auprès de gouvernedu pays…) que le fondateur de la nébuleuse terroriste Al ments et d’opinions concernés par des préoccupations -Qaïda passa ses dernières années avant d’être définiti- matérielles plus concrètes (crise économique et finanvement neutralisé par un commando d’élite américain cière ; comptes publics dégradés ; poussée du chômage). au printemps 2011 ? Résistante aux pressions de Was● Que doit-on redouter de inéluctable détérioration de hington en dépit de ses fautes et de ses manques, Islace théâtre de crise ? Le retour anticipé de nos troupes mabad - notamment la toute puissante hiérarchie milisur le sol national, la contrainte financière de l’exercice taire - n’est hélas pas partie pour cesser ses ingérences en moins pour nos budgets nationaux flirtant avec le en Afghanistan, pays qu’elle considère comme son prérouge, sont parmi les (rares) bénéfices pour l’Occident carré naturel, comme l’espace sur son flanc ouest lui de la dégradation du scenario interne afghan. offrant la profondeur stratégique lui faisant défaut face 2 bis rue Mercœur, 75 011 Paris—France ǁ tél. : 01 53 27 60 60 ǁ [email protected] 4 www.iris-france.org Le lot des conséquences plus graves, préoccupantes, est riche ; et à ne pas minimiser. Qu’il s’oriente vers le format d’un nouvel Emirat islamique (cf. régime taliban entre 1996 et 2001) ou vers une nouvelle guerre civile (période 1992-96), un Afghanistan aux tels contours ne sera pas sans développer des incidences déplaisantes au niveau régional (Pakistan, Iran, Inde, Asie centrale), ainsi qu’au plan international. Un Afghanistan traversé par le chao, sans gouvernement digne de ce nom ni garde-fou, créerait un appel d’air dans lequel s’engouffreraient groupes terroristes, entités fondamentalistes, structures radicales, acteurs mafieux en tous genres, heureux de trouver refuge, complaisance, base-arrière, tremplin et main d’œuvre sensibles à leurs causes, à leur business. On ne peut s’empêcher de faire le lien avec l’Afghanistan pré-septembre 2001, sous l’ère des talibans du mollah Omar, offrant hospitalité au chef d’Al-Qaïda. ● Quelle part de responsabilités pour l’Otan, Washington, Londres, Berlin et Paris ? Engagées (soulagées également...) dans une logique de retrait, les capitales occidentales investies dans l’effort de reconstruction de l’Afghanistan post (probablement pré...) taliban n’ont pas joué aussi tôt qu’elles l’auraient dû la meilleure partition, ont tardé à accorder leur politique, se sont fourvoyées à soutenir une administration méritant moins l’admiration que le dédain et la critique. Certes. Soumises au couperet des sondages, de l’émoi de leur opinion publique et du rendez-vous électoral, dans un contexte budgétaire dégradé, ces capitales n’ont in fine eu d’autres ressources que de jeter l’éponge, fatiguées, avec le sentiment que l’assistance aussi prolongée soitelle se révèlerait vaine et hors de prix. Si la manière (désengagement précipité, inélégant et dangereux) prête à discussion, le principe en soit peut être entendu. CONCLUSION. Le 1er janvier 2015, où en sera l’Afghanistan post-Otan ? Profitant de la présence de troupes de combat otaniennes résiduelles avant leur retrait définitif un semestre plus tard, des élections présidentielles viennent d’être annoncées pour avril 2014. On imagine sans peine dans quelles conditions de régularité et de sécurité ce scrutin sera organisé, ni avec quelle morgue les (peu nombreux et intrépides) électeurs se rendront aux urnes. A cette date, les forces de sécurité afghanes — dont les effectifs, le sérieux et les capacités - seront bien dures à maintenir au (passable) niveau d’aujourd’hui et en toutes hypothèses, insuffisamment préparées, formatées, motivées pour prendre en charge l’improbable défi de la sécurité nationale, plus lestée qu’assistée par un voisin oriental hostile à l’idée d’un Afghanistan stable et pérenne, sourd aux ingérences extérieures. Ayant assisté au départ des soldats de la coalition internationale, la population regardera, impuissante et résignée, le frêle édifice étatique se déliter au fur et à mesure que la co-entreprise talibans/insurgés gagnera en audience, sans lutter, avant de se rapprocher, voire d’être directement invitée, à Kaboul. Un scenario sombre, guère réjouissant pour les 30 millions d’Afghans pris entre le marteau de la mauvaise gouvernance et l’enclume du fondamentalisme. Un scenario que l’on a cependant vu peu à peu, étape après étape, s’esquisser ces dernières années. RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE d’AFGHANISTAN → Régime : République islamique → Territoire : 652 000 km² → Chef de l’Etat Hamid Karzai Population → Totale : 30 millions → Religion : islam (sunnite ; 80%) → Ethnies: pachtounes (42%) tadjiks(27%) → Indice dév. humain: 180eme/193 Economie → PIB (2011) → PIB per capita → Partenaires commerciaux 14 milliards € 470 € Pakistan, USA, Inde Chronologie récente Indicateurs court – moyen terme : → 2014 2012, 30.10 : annonce d’un scrutin présidentiel organisé le 5 avril 2014 Stabilité du régime 2012, 26.10 : attentat-suicide contre une mosquée à Maimana ; 41 morts Contexte sécuritaire 2012, 20.10 : 51ème victime otanienne de l’année lors d’une attaque d’infiltrés 2012, 19.10 : Karzai demande au Pakistan une « coopération honnête dans la lutte contre l’extrémisme » 2012, 18.10 : l’Otan confirme le détail de son calendrier de retrait 2012, 05.10 : Karzai accuse les USA de duplicité dans la « lutte contre les ennemis de l’Afghanistan » Risque guerre civile Implications OTAN Ingérence Etats voisins Conséquences région Conséquences monde bon passable mauvais acceptable préoccupant élevé 2 bis rue Mercœur, 75 011 Paris—France ǁ tél. : 01 53 27 60 60 ǁ [email protected] 5 www.iris-france.org