Oedemes des membres
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Oedemes des membres
2256-fmc-001-005bat 3/07/03 18:57 Page 1 la FMC du généraliste n° 22 56 vendredi 1 1 juillet 2 0 03 ALIX/PHANIE Un œdème d’un membre inférieur (OMI) évoque en priorité une insuffisance veineuse, surtout en été. Mais il faut savoir évoquer une autre cause. L’urgence est de ne pas négliger une phlébite. Reconnaître un lymphœdème est particulièrement important pour le traiter vite et lui chercher une étiologie. c a h i e r d é ta c h a b l e Les œdèmes des membres inférieurs objectifs > Évaluer en quelques minutes l’urgence de la prise en charge d’un OMI > Un geste pour reconnaître un lymphœdème. P RAT I Q U E EN I MAG ES L’hémorragie externe La compression « à distance » p. 6 D R MARC KREUTER, sous la direction scientifique du P R H EN RI BOCCALON (service de médecine vasculaire, C HU Rangueil, Toulouse) n malade qui consulte pour un œdème, unilatéral, d’un membre inférieur (OMI) pose deux problèmes importants. Est-ce une phlébite ? Le diagnostic est urgent car une phlébite engage le pronostic vital. Est-ce un lymphœdème ? C’est un problème pressant car le lymphœdème s’autoentretient, son traitement par contention et drainage lymphatique ne tolère aucun retard. Diverses étiologies, y compris néoplasiques, sont à évoquer. Il ne faut pas le confondre avec une insuffisance veineuse, avec laquelle il peut souvent être intriqué. Celle-ci s’exprime le plus souvent par des U œdèmes bilatéraux, mais parfois une jambe est plus gonflée que l’autre et monopolise l’attention. Tout autre est l’approche des OMI bilatéraux. Ceux-ci sont rarement au premier plan dans le tableau clinique, quant à leur valeur séméiologique. Ils n’ont pas non plus la priorité thérapeutique. En dehors des problèmes locaux fréquents d’insuffisance veineuse ou plus rares d’anévrismes compressifs, les œdèmes bilatéraux sont souvent liés à une affection générale, cardiaque, hépatique, rénale ou iatrogène. Ils peuvent aussi entrer parfois dans le cadre des œdèmes angioneurotiques 2256-fmc-001-005bat FMC OMI 3/07/03 18:57 Page 2 Fréq. Uni ou Autres bilatéral rétentions hydriques Horaires Consistance Température locale Signes associés Examens biologiques Examens complémentaires Insuffisance veineuse (hors phlébite) +++ 1 ou 2 en général bilatéral Maximal en fin de journée +/- molle, godet + +/- chaude Jambes lourdes, crampes, varices, varicosités, complications cutanées Phlébite +/- 1 Constant Ferme Chaude Douleur, pesanteur, +/- fébricule, tachycardie D-dimères pour le diagnostic. Thrombophilie, pour l’étiologie Écho-doppler Lymphœdème MI ++ 1 ou 2 Au début le soir, puis constant +/- ferme au début, puis scléreuse, plus dure ; Signe de Stemmer Froide sauf en poussée infectieuse Évolution vers éléphantiasis À visée étiologique/ d’intêret limité Échographie : pelvienne, prostatique ; Scanner abdominal (> 40 ans) Lipœdème + 1 ou 2 Constant Ferme, infiltration graisseuse. Pas de godet Froide Lipœdème cuisses, fesses, face interne genoux, parfois mollets et chevilles, jamais pieds. Écho. cutanée : derme normal, hypoderme infiltré Lymphangite aiguë +/- 1 Constant Ferme Élevée +/- fièvre 38° à 40°, frissons, +/- leucocytose cordon lymphatique rouge, chaud, ; douloureux, +/- porte d’entrée infectieuse Écho-doppler pour diagnostic différentiel avec thrombose veineuse Anévrisme poplité, fémoral, iliaque +/- 1 Surtout le soir, parfois constant Ferme Variable suivant, +/- ischémie l’état veineux +/- paresthésies +/- douleurs Goutte +/- 1 Constant Dure Chaude Douleur, chaleur, +/- fièvre ; localisation aux pieds Œdème de +/revascularisation 1 Constant Ferme Chaude Suivant contexte post-opératoire Insuffisance cardiaque droite ++ 2 Chevilles, puis jambes, cuisses, OGE, lombes. Régions déclives Constant Molle. Godet + Normale Hépatomégalie, reflux hépato-jugulaire. Hépatalgies, signes cardiaques, veines dilatées Natriurèse 10 à 20 mEq/l. Natrémie < 135 mEq/l Foie cardiaque ++ 2 Id Id Id Id Id+ ictère ou sub-ictère Bilirubine ➚ Transaminases ➚ (formes aiguës) TP , albuminémie Anévrisme AO thoracique ou abdominal +/- 2 +/- œdème Constant membre supérieur gauche (compression thoracique) Molle Normale +/- compression nerf récurrent, phrénique, pneumogastrique Origine hépatique +/- 2 Ascite. Œdèmes généralisés. Surtout parties déclives Constant Molle Normale Splénomégalie ; hépatomégalie. Circulation collatérale ; antécédents d’éthylisme ou d’hépatite virale Sérologies : VHB, VHC. Facteur V , TP Albuminémie < 30 g/l Échographie abdominale. Ponction d’ascite. Fibroscopie digestive Insuffisance rénale +/signe tardif 2 Œdèmes déclives ou généralisés Constant Molle. Godet + Insuffisance cardiaque gauche. Rétention chronique d’urines K➚ Créatinine ➚ ECG : ondes T pointues (K ➚) Glomérulonéphrite +/- 2 Œdèmes déclives ou généralisés Constant Molle, Godet + HTA +/- hématurie Protéinurie +++ (> 3 g/l) ; hypoalbuminémie Œdème angioneurotique héréditaire Rare 2 +/- visage, parfois atteintes laryngées graves Blanche, molle, indolore Souvent : œdème laryngé, signes digestifs, épanchements pleuraux, hémiparésies, crises convulsives CH 50 (complément total) ; fractions du complément : – C4 et C5 ; – C3 = N Inhibiteur de la C1-estérase Œdèmes cycliques idiopathiques +++ 2 Visage : matin Abdomen : soir Œdèmes liés à la prise d’inhibiteurs calciques =/- 2 Régions déclives. Surtout le soir, s’installent rapidement les premiers jours du traitement - 2 Érythème noueux 22 Soir +/- molle ne prenant pas le godet Normale Écho-doppler veineux Écho-doppler VS ➚ Ac. urique ➚ Écho-doppler +/- scanner +/- angio-IRM Prise de poids cyclique ; oligurie, PA souvent basse, surtout en orthostatisme Flushes +/- troubles de l’équilibre Chevilles numéro 22 56 vendredi 1 1 juillet 2 0 03 Nouures douloureuses, arthralgies, fièvre ECG, Écho cardiaque NFS, VS, transaminases ➚ Sérologie : streptocoques, Rx Thorax, IDR tuberculine, coproculture (yersiniose ?) 2256-fmc-001-005bat 3/07/03 18:57 Page 3 ou des œdèmes cycliques idiopathiques ou faire partie des signes cliniques de diverses affections rhumatismales (goutte, érythème noueux). LA VEINE ET LE LYMPHATIQUE : DEUX MALFAITEURS PARFOIS ASSOCIÉS Les échanges entre les tissus se font au niveau des unités microcirculatoires périphériques. Chaque unité reçoit une artériole, qui se continue par un canal métartériolaire abouché dans une veinule. Des capillaires sont branchés en dérivation entre ces deux vaisseaux. Au sein de cette unité naît également un collecteur lymphatique initial. Toutes ces unités forment un réseau maillé aux interconnexions fonctionnelles et histologiques. Schématiquement, les capillaires du système artério-veineux se chargent par capillarité des échanges sang-tissus pour les gaz, les liquides, les ions, les cristalloïdes et les colloïdes. Les phénomènes physiques (pression oncotique, pression hydrostatique – compliquée au niveau des membres inférieurs par la gravitation), ainsi que le jeu des transports transcellulaires, aboutissent à une accumulation progressive de protéines dans le tissu conjonctif, associée à une rétention d’eau. C’est là qu’entrent en action les lymphatiques, dont la fonction essentielle est d’éliminer toute substance (en particulier les grosses protéines) ne pouvant être prise en charge par la voie sanguine. Le système lymphatique peut assister le système capillaro-veineux en drainant l’excès d’eau ; en revanche le système sanguin ne peut éliminer les grosses protéines. Les lymphatiques ont une seconde fonction. Dans le système immunologique, ils assurent un rôle de protection contre les infections, d’élimination des antigènes et de barrage contre les cellules cancéreuses. En pratique, une insuffisance veineuse entraîne une rétention de liquide et un défaut de vascularisation cutanée, une insuffisance lymphatique peut s’accompagner de fibrose, de risques infectieux et de déformation du membre, éventuellement jusqu’à l’éléphantiasis. LES ŒDÈMES UNILATÉRAUX Le lymphœdème > La fibrose est créée par l’accumulation de protéines dans le derme. Lorsqu’on pince la peau de la face dorsale des orteils, cet épaississement fibreux empêche la formation d’un pli : c’est le signe de Stemmer, que l’on recherche traditionnellement au niveau de la première phalange du deuxième orteil, mais qui se retrouve au niveau des autres orteils. En revanche, la présence d’un ulcère n’est pas liée à l’insuffisance lymphatique, mais à l’insuffisance veineuse, souvent elle-même à l’origine de l’insuffisance lymphatique. > Les complications infectieuses, qui surviennent parfois après des agressions cutanées minimes, s’expliquent par la présence de bactéries stagnant dans le derme lorsque le retour lymphatique est déficient. > Les bouleversements morphologiques succèdent aux ruptures des fibres de collagènes du tissu endothélial sous la pression de l’œdème lymphatique. La jambe perd ses reliefs normaux, en particulier les malléoles, et prend une forme en poteau. Alors qu’au cours de l’insuffisance veineuse la jambe grossit, mais conserve sa forme en V. Lorsque ces ruptures sont nombreuses et définitives, l’éléphantiasis peut se développer. > Il importe donc de traiter rapidement les œdèmes lymphatiques, avant la cascade de complications. Les œdèmes d’origine veineuse sont traités par une contention élastique, des veinotoniques si nécessaire, et des conseils d’hygiène de vie. Cela est insuffisant pour soigner un lymphœdème, qui nécessite, certes une contention, à condition qu’elle soit précoce, mais aussi des séances de drainage lymphatique manuel ; ceux-ci sont inutiles lorsque l’insuffisance veineuse n’est pas associée à une insuffisance lymphatique. > Plus des trois quarts des lymphœdèmes sont primitifs, liés à un défaut congénital de la structure des vaisseaux lymphatiques. Cette anomalie, presque toujours féminine (dans 87 % des cas), reste latente jusqu’à ce qu’un lymphœdème se développe lors d’une modification de l’équilibre hormonal, à la puberté ou lors d’une grossesse. Dans ces périodes, on retrouve souvent un facteur déclenchant, comme une entorse de cheville ou une fracture de jambe. >Les lymphœdèmes secondaires sont le plus souvent liés à une tumeur (de l’utérus surtout, de la prostate, etc.). Les études montrent que la tumeur est rarement seule en cause, mais rejettent l’essentiel de la responsabilité sur les traitements chirurgicaux et la radiothérapie, surtout s’ils sont associés. Secondaires, les lymphœdèmes siègent plutôt à la racine des membres ou les affectent dans leur globalité. Mais, après l’âge de 35 ans, il faut toujours chercher une cause à un lymphœdème (tumeur, adénopathie, etc.), même si le lymphœdème est périphérique ou succède à un traumatisme. > Les lymphœdèmes sont aggravés par divers facteurs. Les estrogènes favorisent la rétention d’eau. Les médiateurs chimiques de l’inflammation MICHAEL MASURE FMC dossier fmc les œdèmes des membres inférieurs Jambes en poteau du lymphœdème. Perte du relief malléolaire. Le « jet leg » syndrome Lors des voyages en avion, l’insuffisance veineuse est transitoirement aggravée par l’orthostatisme prolongé et la dépressurisation. Outre d’éventuels OMI, une phlébite peut se constituer. Il faut donc être particulièrement vigilant si les signes cliniques sont unilatéraux ou très asymétriques. numéro 22 56 vendredi 1 1 juillet 2 0 03 3 2256-fmc-001-005bat 3/07/03 18:58 Page 4 FMC dossier fmc les œdèmes des membres inférieurs (prostaglandines et cytokines) augmentent MICHAEL MASURE la perméabilité capillaire ; cela explique qu’un lymphœdème modéré puisse flamber lors d’une inflammation, comme une simple piqûre d’insecte. L’obésité aggrave l’œdème de façon mécanique. Lorsque la pression du tissu sous-cutané s’accroît, le débit lymphatique augmente, entraînant une diminution du lymphœdème. Enfin, le lymphœdème, par son volume et par l’accumulation de protéines sous-dermiques, s’aggrave lui-même. De ces notions découlent les axes thérapeutiques : corriger le terrain hormonal, prescrire des anti-inflammatoires si besoin, lutter contre l’obésité, proposer précocement une contention élastique. Ces traitements doivent être associés au drainage lymphatique manuel et être mis en œuvre précocement. Le lymphœdème est le seul cas où l’œdème est traité pour son propre compte. Dans tous les autres cas d’OMI, uni ou bilatéral, le traitement de l’œdème est étiologique. La lymphangite Son tableau clinique est caractéristique, associant un état local inflammatoire, chaud, douloureux, rouge et des signes généraux avec de la fièvre. Il faut s’assurer que le membre atteint était antérieurement sain. L’œdème lié à une phlébite Grosse jambe en V de l’œdème veineux. Respect du relief de la cheville. Il peut ressembler aux tableaux précédents, mais il est exceptionnellement bilatéral. Le diagnostic est celui d’une phlébite, ce qui n’est pas toujours facile ; l’écho-doppler et le dosage des D-dimères sont les examens clés. L’œdème lié à un anévrisme Poplité, fémoral ou iliaque, un anévrisme entravant la circulation de retour peut déclencher la constitution d’un œdème. L’évocation de ce diagnostic doit être confirmée par un écho-doppler. Certaines affections rhumatismales du genou et les kystes poplités peuvent, par le même mécanisme, engendrer de semblables œdèmes. L’œdème goutteux Un OMI peut apparaître lors d’une crise de goutte. Ce n’est qu’un épiphénomène dans ce tableau inflammatoire habituellement évident. 4 numéro 22 56 vendredi 1 1 juillet 2 0 03 LES ŒDÈMES BILATÉRAUX Les œdèmes veineux Première cause d’OMI, l’insuffisance veineuse est responsable d’œdèmes généralement bilatéraux, assez souvent asymétriques selon l’état veineux local ; ils sont parfois unilatéraux. La pompe capillaro-veineuse déficiente favorise une rétention hydrique et saline dans le tissu interstitiel sous-cutané. Les œdèmes, plus ou moins fermes, gardent le godet, siègent aux pieds et peuvent remonter à la cheville et à la jambe. Ils déforment progressivement la jambe, qui prend une forme en V. À l’examen, les signes veineux périphériques sont souvent évidents, sous forme de varices ou de varicosités, parfois compliqués de troubles trophiques (ulcères de jambe, dermite ocre). Les signes fonctionnels – jambes lourdes, crampes, douleurs vespérales et en orthostatisme – sont habituels. Les œdèmes d’origine rénale Ils sont liés à la baisse de la pression oncotique intravasculaire, consécutive à la fuite massive d’albumine par les urines au cours des néphropathies ; l’albuminurie est massive, l’albuminémie diminuée, la natriurèse diminuée. L’insuffisance rénale sévère ne s’accompagne d’OMI que tardivement dans des formes très graves (baisse de la clairance à la créatinine) ou associées à une insuffisance cardiaque. L’insuffisance cardiaque Elle se manifeste par d’autres signes contemporains des œdèmes : dyspnée d’effort, dilatation du réseau veineux périphérique, hépatomégalie plus ou moins douloureuse et reflux hépato-jugulaire, parfois épanchement pleural. Avant d’apparaître, l’œdème est précédé d’une prise de poids de plusieurs kilos, trois à cinq en moyenne, liée à la rétention hydrosalée. Au début, l’œdème est limité aux creux malléolaires, puis il s’installe en montant des pieds aux jambes, puis aux cuisses, aux organes génitaux externes et à l’abdomen. Si les signes cliniques cardiaques ne sont pas déterminants, l’échographie cardiaque est la méthode de choix pour affirmer le diagnostic. Les œdèmes d’origine hépatique Ils sont liés, au cours des cirrhoses, d’une part à la baisse de la pression oncotique intravasculaire consécutive au défaut de synthèse hépatique de l’albumine, et d’autre part à la résistance au retour veineux dans le système porte. Les examens biologiques confirment l’insuffisance hépato-cellulaire : diminution du facteur V, allongement du temps de Quick, diminution du taux de fibrinogène, 3/07/03 18:58 Page 5 thrombocytopénie fréquente. L’interrogatoire peut orienter vers l’origine de la cirrhose alcoolique ou infectieuse ; les sérodiagnostics confirment l’origine virale. GARO/PHANIE FMC 2256-fmc-001-005bat La compression vasculaire par un anévrisme thoracique ou abdominal Elle peut entraîner la constitution d’œdèmes. La clinique est parfois orientée par l’association à des compressions nerveuses et par l’existence de troubles circulatoires. Le doppler artériel et veineux permet le diagnostic. Les œdèmes iatrogènes Ils sont essentiellement le fait des inhibiteurs calciques. La clinique est typique. Quelques jours après le début d’un traitement par n’importe quel inhibiteur calcique, peuvent apparaître des œdèmes des membres inférieurs, bilatéraux, symétriques, gardant le godet. D’importance variable, de la simple marque de l’élastique de la chaussette, jusqu’à un important œdème de la moitié inférieure de la jambe, ils peuvent s’accompagner de signes généraux : céphalées, bouffées vasomotrices, instabilité en orthostatisme. Ils sont liés à une surcharge capillaire en aval d’une vasodilatation artériolaire. Ils n’ont pas de caractère de gravité, dépendent de la dose, régressent parfois spontanément à la poursuite et toujours à l’arrêt du traitement. Le diagnostic d’œdèmes cycliques idiopathiques C’est un diagnostic d’élimination sur un terrain féminin particulier, fait de dystonie neurovégétative. Ces OMI sont souvent provoqués ou entretenus par des prises inadaptées et répétées de diurétiques. Le lipœdème de la jeune fille Le lipœdème n’est pas un véritable œdème. Il s’agit d’une infiltration sous-cutanée du tissu graisseux réparti en gros lobules. Le lipœdème est symétrique et ne prend pas le godet ; la palpation est souvent douloureuse (dans un tiers des cas). Il débute à la puberté dans plus de la moitié des cas. Une fois sur deux, il est associé à une insuffisance veineuse. Les fesses, les cuisses, la face interne des genoux, parfois les mollets et les chevilles, sont augmentés de volume. Les pieds ne sont jamais concernés par le lipœdème. Dans ce cas, le traitement est tout autre et peut faire appel à la liposuccion. Après deux traumatismes, on peut avoir deux lymphœdèmes. L’œdème angioneurotique héréditaire C’est une affection héréditaire autosomique dominante, liée à un déficit en inhibiteur de la C1 estérase. L’œdème intéresse le tissu sous-cutané et muqueux. Il survient par poussées de deux à cinq jours répétées, débutant généralement avant l’âge de 18 ans. L’œdème laryngé, associé dans 70 % des cas, peut être fatal. L’érythème noueux s’accompagne parfois d’œdèmes Mais les manifestations rhumatismales, avec les arthralgies, les nouures, la fièvre font l’essentiel du tableau clinique et orientent le diagnostic. ce qu’il faut retenir > Un œdème unilatéral peut essentiellement relever de deux causes exigeant un diagnostic rapide : une phlébite, avec ses risques locaux et généraux, ou un lymphœdème, dont il faut déterminer la cause et dont la guérison nécessite un traitement précis, sans délai. > Le signe du pli cutané du deuxième orteil est caractéristique du lymphœdème. > Les œdèmes des membres inférieurs bilatéraux sont le plus souvent d’origine veineuse. Ils nécessitent une prise en charge mais sans urgence. Les autres étiologies, cardiaques, hépatiques, rénales ou iatrogènes, imposent qu’on précise le diagnostic sans retard, mais l’urgence n’est alors pas à l’œdème. bibliographie > Les Grosses Jambes, L. Simon et R. Cluzan, Masson. > « Rôle des lymphatiques dans l’œdème : de l’œdème simple au lymphœdème », J.-M. Cognet, Microcirculation n° 4, 1991, 23-25. > « Prise en charge d’un lymphœdème des membres », G. Megret, Actualités d’angéiologie, 1999, 229, 135-138. > Guide pratique des maladies vasculaires, H. Boccalon, Masson. > Insuffisance veineuse des membres inférieurs, P. Barthélemy, D. Lefebvre, Masson. numéro 22 56 vendredi 1 1 juillet 2 0 03 5 2256-fmc-006-007 3/07/03 17:59 Page 6 P RAT I Q U E E N I M A G E S FMC D R ÉRIC TORRES, médecin urgentiste, SDIS 13 Hémorragie externe : la compression « à distance » La compression manuelle directe et le pansement compressif sont parfois insuffisants ou inenvisageables pour stopper une hémorragie externe. La seule alternative possible est la compression à distance avec le point de compression et, à un moindre degré, le garrot. LE PRINCIPE É. TORRES Le point de compression est indiqué devant toute plaie hémorragique située dans une zone anatomique n’étant pas susceptible d’être comprimée directement (moignon de membre, face…) ou comme alternative aux techniques de compression in situ chaque fois que celles-ci s’avèrent inefficaces (c’est parfois le cas lorsque la lésion touche un gros vaisseau artériel). Il vise à s’opposer au saignement en provoquant l’oblitération d’un tronc artériel situé en amont de la lésion en écrasant celui-ci contre un repère anatomique osseux. Les cinq points de compression décrits dans cet article ne sont pas les seuls existants, mais ils sont les plus importants. Ils suffisent à faire face à presque toutes les situations à condition de s’être préalablement entraîné à les localiser rapidement. techniques de seconde intention qui ne doivent être mises en œuvre que lorsque les méthodes de compression in situ sont impossibles à réaliser ou inefficaces. > Le point de compression est pénible à maintenir pour l’opérateur, difficile à poursuivre pendant le transport et désagréable à supporter pour la victime. Il convient donc de bien peser ses indications avant de le mettre en œuvre. > L’efficacité du point de compression est affirmée par le tarissement de l’hémorragie. La plaie doit donc rester visible pendant toute la durée de la compression. > Une fois mis en place, le point de compression ne peut être relâché qu’après la mise en place d’un garrot ou pour réaliser une hémostase chirurgicale. Garrot si, garrot no ? Devant une hémorragie externe, la mise en place d’un garrot est une technique dangereuse qui ne doit plus être utilisée en dehors de certaines indications rares. Elle n’est indiquée que lorsque le point de compression est inefficace (situation rare) ou impossible à réaliser. Elle se justifie également lorsqu’un intervenant isolé doit abandonner une victime pour aller donner l’alerte, lorsqu’un blessé qui saigne abondamment présente en même temps une autre détresse vitale ou en présence de plusieurs victimes. 6 LES PRÉCAUTIONS > Les techniques de compression « à distance » sont des numéro 22 56 vendredi 1 1 juillet 2 0 03 Le garrot doit être mis en place entre la lésion hémorragique et le cœur au niveau du bras ou de la cuisse. Il est totalement inefficace au niveau de l’avant-bras ou de la jambe du fait de la position de l’artère par rapport aux structures osseuses. Le garrot est mis en place sans relâcher le point de compression. Pour cela, l’opérateur utilise un lien large, plat et non élastique (ceinture, cravate, foulard), plié en deux, qu’il glisse sous le membre. Il coince l’une des extrémités avec un genou et passe l’autre à l’intérieur de la boucle ainsi formée (photo ci-contre). Une fois le garrot convenablement serré par une traction sur son extrémité libre, le point de compression peut être relâché. Un double nœud suffira ensuite à maintenir le dispositif en place. > Le garrot doit toujours être très fortement serré : un garrot trop lâche (garrot veineux) aggrave le saignement au lieu de l’interrompre. > Une fois mis en place, le garrot ne peut plus être desserré qu’en milieu chirurgical. > Un brassard à tension suffisamment gonflé (au-dessus de la valeur de la pression artérielle systolique) constitue un excellent garrot. Si l’on en dispose, il est néanmoins dommage de « sacrifier » cet instrument dont on aura besoin par la suite pour surveiller l’état hémodynamique du patient. > Le garrot doit toujours être visible. Il ne doit jamais disparaître sous un drap ou une couverture. > Il faut toujours noter l’heure exacte de la pose du garrot sur le dossier médical et ne pas hésiter à l’inscrire également au feutre sur le front du patient. Au-delà de la sixième heure, le pronostic de l’extrémité distale est compromis. 3/07/03 17:59 Page 7 FMC 2256-fmc-006-007 la technique Hémorragie du cou Hémorragie du membre inférieur > Compression strictement unilatérale de la carotide primitive contre les vertèbres cervicales. Elle est réalisée à l’aide du pouce de la main droite pour une plaie située à gauche (et réciproquement). Les quatre autres doigts prennent appui en arrière du cou. > Compression de l’artère fémorale contre le fémur au niveau du pli de l’aine. Elle est réalisée avec le poing droit de l’opérateur pour une plaie du membre inférieur gauche (et réciproquement) afin de faciliter la surveillance de la lésion et la pose ultérieure d’un garrot. La pression est appliquée bras tendu en pesant de tout son poids. Hémorragie du membre supérieur : trois techniques décrites en fonction du niveau de la lésion > Compression de l’artère sous-clavière contre la clavicule en introduisant le pouce dans le creux de la salière anatomique et en prenant appui contre l’omoplate avec les quatre autres doigts. On utilise le pouce droit pour une plaie située à gauche (et réciproquement). > Compression de l’artère axillaire contre le col huméral à l’aide des deux pouces au niveau du creux de l’aisselle, les autres doigts enserrant l’épaule. humérale contre la diaphyse humérale au niveau de la face interne du bras dans l’espace situé entre le biceps et le triceps. La pression s’exerce à l’aide du pouce droit pour une plaie de la partie basse du bras ou de l’avant-bras gauches (et réciproquement), les autres doigts enserrant le bras. numéro 22 56 vendredi 1 1 juillet 2 0 03 PHOTOS É. TORRES > Compression de l’artère 7