Assurance de qualité dans l`officine

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Assurance de qualité dans l`officine
Préparations Magistrales, Deplazes/Gloor/Möll/Panizzon
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Assurance de qualité dans l’officine
Nous aborderons ici les points essentiels de l’assurance de la qualité qui
concernent la fabrication d’une préparation magistrale depuis la réception des
matières premières jusqu’à la dispensation du médicament au patient.
A) Assurance de la qualité précédant la fabrication: matières premières
Les principales sources d’approvisionnement des matières premières sont
décrites dans le Manuel pratique du pharmacien suisse (rebaptisé depuis
pharManuel) de 2002/03, p. 340 [202]. Le contrôle d’identité des matières
premières certifiées constitue la condition de base pour la fabrication. Il existe
depuis 1992 une convention entre la SSPh et la maison Hänseler AG qui
précise qu’il n’est plus indispensable de réaliser une analyse complète de la
matière première, mais qu’il est cependant nécessaire d’effectuer comme
auparavant un contrôle d’identité de celle ci (p.ex. par une méthode de
screening telle que proposée par la SSPh [203]).
Points à retenir [204]:
• N’utiliser si possible que des matières premières certifiées (avec certificat
d’analyse); adapter les quantités achetées aux besoins.
• Effectuer chaque fois un contrôle d’identité; documenter le numéro de lot,
le type d’examen et la date ainsi que la décision de libération.
• Ne pas mélanger les nouveaux lots avec les anciens
• Eviter les récipients de stockage intermédiaires  Conserver dans les
emballages originaux.
L’eau [206], [207]:
Du point de vue de la qualité microbiologique, l’eau est certainement la
matière première la plus importante pour les médicaments aqueux. L’Aqua
purificata peut être utilisée pour les préparations non stériles. L’eau purifiée
peut être obtenue par distillation, par échange d’ions, par osmose inverse. La
qualité microbiologique de l’eau purifiée, qui n’est d’ailleurs pas définie dans la
plupart des pharmacopées et qui peut varier selon la technique utilisée, doit
être considérée de manière très critique. Il serait en particulier quasi
impossible de fabriquer un onguent respectant l’exigence de 100 germes/g
avec de l’eau obtenue par échange d’ions (eau déminéralisée), car cette
dernière dépasse en règle générale cette limite [205]. Les techniques
suivantes peuvent être mises en œuvre afin d’obtenir de l’eau purifiée
utilisable:
• La porter à ébullition pendant 5 minutes ou la chauffer pendant 10
minutes à 80°C (les spores ne sont pas détruites).
• Pratiquer une filtration stérilisante via un filtre hydrophile 0.2μm.
• Effectuer quotidiennement une distillation – ou utiliser l’eau dans un délai
de 24 heures - ou la stocker stérilement dans des flacons pour perfusion.
• Acheter de l’eau stérile.
Millipore (Zoug), Christ AG (Aesch, Bâle) ou Skan AG (Allschwil, Bâle)
proposent des installations de production d’eau à petite échelle. Ces
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installations font intervenir la plupart du temps une combinaison de différentes
techniques avec une filtration de germes ou une ultrafiltration terminale. Ici
aussi, un traitement initial de l’eau est en règle générale nécessaire.
B) Assurance de la qualité lors de la fabrication
Du fait que la taille des locaux de l’officine est souvent limitée et que plusieurs
activités doivent souvent y être menées en parallèle, des mesures spécifiques
doivent être prises [201].
• S’assurer de la propreté des appareils et des machines (désinfection
comprise).
• Eviter les contaminations croisées en particulier lors de l’utilisation de
produits générant des odeurs et de la poussière.
• Identifier de manière claire et sûre les matières premières, les produits
finis ainsi que les produits intermédiaires.
• Eviter les mélanges de différents lots, ne pas remettre les produits non
utilisés dans les emballages de stockage.
• Documenter chaque fabrication selon les exigences en vigueur: attribuer
les numéros de lots, protocoler la fabrication, protocoler les contrôles lors
de défecture (y compris l’étiquetage et les contrôles finaux), inscrire les
numéros de lot des matières premières sur les protocoles de fabrication à
des fins de traçabilité.
• Remplir et identifier séparément chaque médicament; stocker
séparément les étiquettes imprimées et les articles de conditionnement
(risque de confusions).
Mesures d’hygiène pour l’obtention d’une préparation pauvre en germes
[207], [208], [209]:
Une préparation pauvre en germes peut déjà simplement être obtenue en
appliquant la vieille règle «propre, sec et froid». La mise en œuvre d’un plan
qui définit l’hygiène personnelle, celle des locaux et celle des machines
constitue un élément essentiel.
• Séparer les zones de fabrication et de remplissage des autres.
• Respecter l’hygiène personnelle: se laver les mains au savon liquide, puis
se désinfecter à l’alcool ou au Sterillium®; revêtir une blouse propre.
• Travailler sur une place de travail propre (nettoyage à l’isopropanol 70%
ou à l’éthanol 70%).
• Nettoyer les équipements de la même manière.
• N’utiliser que des matières premières conformes aux exigences en
vigueur (eau!).
• Réaliser la fabrication sans interruption.
• Eviter l’incorporation d’air.
• Eviter les contaminations (postillons, toux; ne pas parler).
• Recouvrir les produits intermédiaires.
• Remplir et conditionner dans les meilleures conditions (contamination).
C) Assurance de la qualité après de la fabrication (remplissage)
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Une fois la fabrication terminée, les tâches suivantes doivent encore être
réalisées: l’étiquetage de la préparation, les contrôles finaux ainsi que le
conseil lors de la dispensation au patient. Même si dans le cas d’une
préparation magistrale aucun contrôle final n’est exigé, la vérification des
matières premières utilisées ainsi que de la fiche de pesées devrait être
effectuée, ainsi qu’un contrôle visuel de l’emballage et de l’étiquette. Dans le
cas de la défecture, ces contrôles doivent aussi être protocolés.
Etiquetage:
Selon le chapitre 17.1.5 Etiquetage de la PhH 10 [231], les dispositions
suivantes sont valables:
«L’étiquetage doit être effectué de manière à rendre l’indetification univoque
possible et à faire clairement apparaître toutes les informations pertinentes
pour la qualité. Le cas échéant, les indications destinées spécifiquement au
patient sont à compléter avant de lui remettre le produit ; le choix de la langue
doit en outre être fait en fonction de l’utilisateur».
Le chapitre 17.2.5 Etiquetage de la PhH 10 [231] contient des indications
encore plus précises:
«Un étiquetage sans équivoque, qui permet une indentification univoque du
contenue et qui indique clairement la qualité du produit, …»
Pour l’étiquetage destiné au patient, les critères suivants sont à respecter
selon la PhH 10:
• type de médicament: instructions particulières concernant la prise
(remarque: instructions concernant l’utilisation) ….
• catégorie de remise (A à E), stupéfiant ….(remarque: moins pertinent
pour les préparations topiques)
• type de traitement …. traitement au long cours (remarque: traitement
intermittent)
• patients/proches en charge du patient: besoins du patient (enfants,
personnes âgées, etc.) … fiabilité et sécurité …
• informations concernant la posologie si elles diffèrent des instructions
posologiques usuelles
Ces critères sont ensuite expliqués en détail:
• dénomination,
• indication de l’origine de la composition (p.ex. PhH 10)
• forme d’administration (p.ex. badigeon)
• quantité contenue (p.ex. 50g)
• déclaration des principes actifs par leur nom et quantité (p.ex. 5mg/g)
• indication des excipients à déclaration obligatoire (patients allergiques)
• déclaration de la teneur en éthanol pour les médicaments à usage interne
• conditions de stockage (p.ex. «A l’abri de la lumière»)
• identification du point de remise (fabrication à façon: indiquer aussi le
fabricant)
• numéro de lot
• date de péremption (selon le format: jour/mois/année, p.ex. 31.03.2008)
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• durée d’utilisation; pour les préparations dont la durée d’utilisation après
l’ouverture est limitée; pour les préparations à utiliser dans les 24 h
suivant l’ouverture: indication temporelle précise
• mode d’emploi / posologie
• autres informations importantes (p.ex. «Ne pas avaler», «Agiter avant
l’emploi», remarques concernant le stockage, etc.)
Pour les préparations semi-solides pour application cutanée, la Ph.Eur. 6.3
[230] exige les compléments suivants:
• nom(s) du ou des agents conservateurs contenus dans la préparation
• le cas échéant, indication de la stérilité de la préparation
L’ordonnance sur les exigences relatives aux médicaments (OEMéd) [232]
contient également dans son annexe 1 des exigences concernant les «Textes
et données devant figurer sur les récipients et le matériel d’emballage».
L’ordonnance sur les médicaments (Heilmittelverordnung (HMV)) [229] du
canton de Zurich exige par ailleurs que les données suivantes soient
mentionnées sur les médicaments:
• Conformément à l’ordonnance sur les médicaments, l’étiquetage des
médicaments des catégories de remise A et B doit permettre
l’identification du point de remise.
• Le nom du patient doit figurer sur les médicaments fabriqués selon une
formule magistrale.
• La date de la remise doit figurer sur les médicaments fabriqués selon une
formule magistrale.
• Si l’ordonnance du médecin le prévoit, d’autres données doivent figurer
sur le médicament.
Sachant qu’il est impossible de faire figurer sur une étiquette l’ensemble de
ces informations, les indications suivantes devraient néanmoins être
disponibles pour assurer la sécurité, le traitement et sa qualité:
• désignation sans équivoque (nom de la préparation) avec description du
ou des principes actifs et des excipients à déclaration obligatoire,
• mode d’emploi,
• numéro de lot / date de fabrication en cas de préparation magistrale,
• date de péremption en clair et si nécessaire durée d’utilisation,
• si nécessaire directives de stockage,
• origine (adresse de la pharmacie).
La liste des excipients à déclaration obligatoire, classés d’après leur numéros
E ainsi que les exigences relatives à la déclaration des excipients sur
l’emballage selon Swissmedic peuvent être utiles pour l’indication des
excipients concernés.
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Au vu des directives susmentionnées concernant l’étiquetage, les indications
de la date de péremption et / ou de la durée d’utilisation sont donc
essentielles. La directive couramment donnée «pour usage immédiat» ne suffit
donc pas! Dans le présent livre, nous avons donc particulièrement veillé à
fournir des données de stabilité afin de pouvoir donner aussi souvent que
possible une date de péremption.
Au cas où la conservation d’une préparation magistrale ne serait toutefois pas
connue, les délais d’utilisation pourraient faire office de date de péremption, en
particulier pour les préparations aqueuses, non conservées et donc à risque
microbiologique.
Dans tous les cas, les informations les plus importantes, en particulier les
directives d’utilisation, devraient être fournies au patient lors de la dispensation
et du conseil qui l’accompagne.
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