liquide cephalo

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liquide cephalo
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Liquide céphalo-rachidien
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I. PHYSIOPATHOLOGIE DES MENINGITES
Une méningite est une inflammation des méninges consécutive à l’invasion, par un
germe pathogène, des espaces sous-arachnoïdiens. Ceux-ci occupés par le liquide céphalorachidien (LCR) qui joue un rôle « d’amortisseur », préservant le tissu nerveux sous-jacent de
lésions en cas de traumatisme.
C’est à son niveau que l’on va trouver les germes responsables de l’infection. Ces
derniers proviennent, en général, d’un rhino-pharyngé. A partir du rhino-pharynx, les germes
évoluent vers les espaces sous-arachnoïdiens, soit à travers la lame criblée de l’ethmoïde (le
plus souvent), soit par voie sanguine (plus rare).
II. LA MALADIE –INTERET DE L’EXAMEN D’UN LCR
La méningite reste toujours une maladie d’actualité. Depuis 20 ans, sa fréquence n’a
pas diminué et ceci malgré l’utilisation quasi généralisée des antibiotiques devant tout signe
infectieux. La mortalité, elle même n’a pas sensiblement baissé. Et pourtant la presque totalité
des méningites purulentes de l’enfant et de l’adulte sont dues à des bactéries très sensibles aux
« nouveaux antibiotiques ».
En fait, le pronostic d’une méningite dépend de la précocité du diagnostic. Il est donc
important de savoir que l’examen d’un LCR au laboratoire est un examen urgent.
Chez l’adulte et le grand enfant, les signes sont souvent caractéristiques : maux de tête,
vomissements, , fièvre à 39°- 40°, le médecin décèle une raideur de la nuque.
Chez le nourrisson, le diagnostic clinique est plus difficile. Les vomissements sont
toujours observés (mais le nourrisson vomit souvent et pour beaucoup d’autres causes), il est
difficile au médecin d’observer la raideur de la nuque. Le signe le plus évocateur est la
convulsion fébrile.
Chez le nouveau-né, les signes cliniques ne sont pas du tout spécifiques.
Dans tous les cas, l’examen cytobactériologique du LCR est nécessaire pour confirmer
ou infirmer le diagnostic de méningite et pour donner par l’antibiogramme, les indications
nécessaires pour le traitement (un premier traitement est cependant instauré très tôt avant de
connaître les résultats de l’antibiogramme).
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III. LE PRELEVEMENT ET L’ETUDE MACROSCOPIQUE DU LCR
La ponction lombaire se fait entre la 4e et la 5e vertèbre lombaire. La stérilité est bien
sur de rigueur, la peau est désinfectée à la teinture d’iode ainsi que les doigts du préleveur.
On recueille dans des tubes stériles quelques millilitres de liquide. Celui-ci s’écoule
goutte à goutte et peut se présenter sous trois aspects principaux : liquide clair, liquide
trouble, liquide sanglant.
1. Les liquides clairs
Ils sont habituellement décrits comme étant « eau de roche ». Un liquide clair peut être
normal, il peut aussi être pathologique comme nous le verrons dans la suite de l’étude.
2. Les liquides troubles
Selon l’intensité de l’opacité, ils sont qualifiés « d’opalescents », « troubles » , « très
troubles », « eau de riz ».
Un liquide trouble est toujours pathologique et signe dans la plupart des cas, une
méningite d’étiologie microbienne est d’évolution aiguë. Son observation par le médecin (qui
pratique la ponction) est donc très importante car elle implique l’instauration immédiate d’un
traitement d’antibiotique sans attendre les résultats de l’analyse. Ce traitement pourra être,
par la suite, modifié ou adapté en fonction des résultats du laboratoire.
3. Les liquides sanglants
Deux causes sont possibles : une hémorragie méningée ou la rupture d’un vaisseau au
cours du prélèvement.
Après cette centrifugation, le surnageant sera jaunâtre s’il y a une hémorragie
méningée (du fait de l’ancienneté des globules présents, dont certains sont lysés) ; il restera
incolore, par contre, si la présence de sang est due à un incident de prélèvement.
L’épreuve des trois tubes fournit les mêmes renseignements : si on recueille le liquide
successivement dans trois tubes, seul le premier(parfois le second) sera sanglant, si le sang a
été ajouté accidentellement.
Le liquide céphalo-rachidien doit être transporté à chaud (environ 37°). Le
refroidissement diminue les chances d’un éventuel méningocoque.
IV. LES GERMES EN CAUSE
A. Méningites à liquide trouble
Parmi les nombreux germes susceptibles d’être retrouvés dans le liquide trouble,
•
Neisseria meningitidis
•
Streptococcus pneumoniae
4
•
Hemophilus influenzae
•
Listeria monocytogenes
sont les plus fréquents. Les deux premiers sont à l’origine de plus des deux-tiers des
méningites purulentes. Des variations assez sensibles dans la répartition de la fréquence des
différents agents étiologiques sont observées en fonction de l’âge.
1. Chez le nouveau-né
Ce sont les Entérobactéries qui sont les plus fréquentes (50 à 60% des cas). Les
méningites du nourrisson à Streptocoque B ne sont pas rares et s ‘expliquent par la
contamination du fœtus lors de l’accouchement, les Streptocoques du groupe B étant des
commensaux des voies génitales de la femme.
La grande sensibilité du nouveau-né aux Entérobactéries est due aux faits que les IgM
maternelles assurant l’immunité contre ces germes ne traversent pas la barrière placentaire et
que le nouveau-né ne sait pas encore en produire. Dès que le jeune organisme acquiert la
capacité d’élaborer des IgM, les méningites à Entérobactéries deviennent moins nombreuses.
2. Chez le nourrisson (entre 2 mois et 2 ans)
La proportion de méningites à Neisseria meningitidis est écrasante. Les autres germes
en cause sont les Pneumocoques, Hemophilus influenzae et Salmonella (complications de
gastro-entérites).
3. Chez le jeune enfant (moins de 5 ans)
Streptococcus pneumoniae (50%) et Neisseria meningitidis (40%) sont en général mis
en cause. La fréquence d’Hemophilus influenzae (2 à 4%) est en augmentation les dernières
dans la tranche d’âge de 2 à 3 ans.
4. Chez le grand enfant et l’adulte
Le méningocoque reste l’agent étiologique dominant avec 60 à 70% des cas, devant le
pneumocoque (10 à 15%) et Listeria (2 à 4%).
Parmi les autres germes retrouvés dans les LCR troubles, il faut citer :
•
Streptococcus pyogenes du groupe A
•
Acinetobacter Iwoffi et Glucidolitica
•
Pseudomonas aeruginosa
•
Staphylocoque coagulase + est enfin plus rarement
•
Flavobacterium meningosepticum
5
•
Neisseria commensales
•
Pasteurella multocida
B. Méningites à liquide clair
Quatre étiologies sont possibles.
1. La méningite tuberculeuse
Le laboratoire interviendra pour la dépister mais aussi pour suivre son évolution après
la mise en œuvre du traitement.
2. Les méningites virales
Différents virus peuvent être à l’origine de méningites : Entérovirus, Poliovirus,
Arbovirus. Le diagnostic ne peut être fait que par un laboratoire de virologie. Une telle
étiologie est évoquée lorsqu’on a éliminé la possibilité de tuberculose.
3. Certaines méningites bactériennes
Certaines méningites à Listeria fournissent un liquide clair. C’est aussi le cas de
méningites bactériennes traitées ou encore tout à fait en début d’évolution, ou enfin les
Letospiroses.
4. Méningites d’origine parasitaire
Les parasites susceptibles de provoquer un syndrome méningé sont assez rares. Citons
cependant les levures des genres Torulopsis et Cyptococcus ou
encore les Trichinoses.
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V.
LES ETAPES DE L’EXAMEN DU LCR
A. Schéma général
LCR
Examen macroscopique
LIQUIDE TROUBLE
Culture
(antibiogramme)
LIQUIDE CLAIR
Centrifugation
5000 tours 15min
(numération
des éléments
figurés)
CULOT
Frottis colorés
Au
Centrifugation
5000 tours 15 à 20mn
SURNAGEANT
Chimie
albumine glucose chlorures
Bleu
Cultures
Numérotation sur
cellule de nageotte
incubation au
cobaye si BK
Gram
CULOT
culture sur
Lowenstein Jensen
SURNAGEANT
Chimie
Cl
Albumine glucose
3 frottis colorés
Bleu
Gram
Ziehl
(MAY Grunwald
Giemsa)
Formule
Cytologique
Orientation
du diagnostic
Formule
Cytologique
Recherche
de bacilles
tuberculeux
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B. Etude cytologique
1. Techniques
a. Numération des éléments figurés (cytologie quantitative)
Elle n’est vraiment nécessaire que pour les liquides clairs. En effet, la plupart des
liquides troubles possèdent une opacité telle que la présence de leucocytes en quantité
anormale devient évidente.
Pour réaliser cet examen, on pratique un comptage sur la cellule de nageotte.
•
Préparer la cellule comme au laboratoire d’hématologie
•
Garnir avec quelques gouttes de liquide
•
Eliminer l’excès avec du papier filtre
•
Laisser déposer les éléments (5 minutes) et observer
On comptera, comme pour les urines, le nombre N d’éléments figurés dans huit bandes (soit
10mm3) ; le nombre n de leucocytes par mm3 de LCR est donné par :
N
n=
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b. Cytologie quantitative
Prélever dans le culot de centrifugation la quantité nécessaire pour réaliser trois frottis.
L’un d’eux , destiné à la coloration de May-Grunwald-Giemsa, sera effectué comme un
frottis sanguin, les deux autres étalés à l’anse puis séchés en vue de leur coloration au Gram et
au bleu de méthylène.
L’examen du « Bleu » sert à dresser la formule cytologique du liquide : on édifie cent
éléments et on établit le pourcentage de chaque type de cellule rencontrée (généralement
polynucléaire ou lymphocytes).
La coloration de Gram servira à rechercher des bactéries. Les germes sont rares dans
un LCR et sera nécessaire de couvrir une grande surface du frottis, de pratiquer un examen
patient et méticuleux.
Ne pas oublier, enfin, qu’un frottis supplémentaire coloré par la méthode de Zeihl est
indispensable dans le cas des liquides clairs et que ce frottis sera entièrement parcouru pour
rechercher les Mycobactéries toujours peu nombreuses dans le LCR.
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2. Résultats de l’étude trouble
Un LCR normal est stérile et ne au maximum qu’un ou deux leucocytes par mm3
(généralement des lymphocytes).
a. Dans le cas d’un liquide trouble
Le nombre de leucocytes est habituellement considérable, très souvent supérieur à
1000 (ce qui rend la numérotation superflue) pouvant atteindre 10 000/mm3 dans les cas de
méningites à Hemophilus (souvent très purulentes) mais quelquefois inférieur à 100 (quelque
cas de méningites à méningocoque).
Les leucocytes identifiés à l’examen du frottis sont en général des polynucléaires ; la
polynucléose est pure ou associée à de rares lymphocytes (80 à 100% de polynucléaires). Les
méningites à Listeria (lorsqu’elles donnent un liquide trouble) sont l’exception : on note alors
souvent 50 à 75% de polynucléaires accompagnés d’assez nombreux mononucléaires, dont
des lymphocytes.
Quelques mots, enfin , sur une cytologie un peu exceptionnelle : la méningite à
éosinophiles : le liquide est trouble, mais peu être un peu moins riche en cellules que les
précédentes (200 à 1 000/mm3), la formule révèle une prédominance de polynucléaires
éosinophiles (jusqu’à 50%).
L’agent causal peut être un parasite : c’est le cas de cystercicose occupation du
névraxe par la de Taenia solium) ; on l’observe aussi transitoirement lors de la migration dans
l’organisme des larves d’Anky-lostomes, d’Ascaris ou de Douves. La cause n’est pas toujours
infectieuse, on observe des méningites à éosinophiles à la suite d’injection intra-rachidienne
de médicaments.
b. Dans le cas d’un liquide clair
Le nombre de leucocytes se situe en général entre 100 et 500 / mm3 avec une moyenne
de 200 à 300. La lymphocytose est pratiquement pure, les lymphocytes (au moins 90%)
peuvent être associés à de rares polynucléaires.
La méningite à Listeria (lorsqu’elle donne un liquide clair) fait encore exception ; on
peut observer, dans ce cas, une lymphocytose moins marquée, par exemple : 75% de
lymphocytes, 20% de polynucléaires accompagnés de quelques mononucléaires différents des
lymphocytes (5%).
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C. Les cultures
On ne traitera ici que des cas de méningites à germes « banaux ». L’isolement et
l’identification des Mycobactéries dans tous les produits sont groupés dans un même chapitre
du fascicule II.
1. Isolement
a. Le choix des milieux
La démarche sera différente selon que l’examen microscopique aura ou non donné des
renseignements orientant le diagnostic.
Dans le premier cas, le choix des milieux sera évidemment fonction des observations que l’on
aura pu faire.
Quelques exemples :
•
Cocci Gram-, groupés par deux, intracellulaires : forte présomption pour le
Méningocoque (présomption qui est immédiatement communiquée au clinicien). Une telle
orientation justifie la culture sur gélose chocolat enrichie de facteurs de croissance, sur gélose
ascite, avec incubation sans en atmosphère enrichie en gaz carbonique.
• Cocci Gram+ en chaînettes ou en diplocoques : présomption de Streptocoques, la
gélose au sang frais est indispensable.
•
Petits coccobacilles Gram- : orientation vers Hemophilus et culture sur gélose
chocolat simple ou gélose ordinaire + X et V avec, en parallèle, une gélose ordinaire pour
apprécier les exigences en facteurs de X et V.
Si l’examen microscopique ne fournit aucune indication, il devient alors nécessaire
d’ensemencer un milieu très polyvalent permettant la culture de tous les agents causaux
possibles, mais aussi un milieu ordinaire pour apprécier les exigences nutritives du germe. Un
milieu polyvalent parmi les plus satisfaisants est gélose chocolat enrichie en facteurs de
croissance. On pourra l’associer à une gélose ordinaire ou à une gélose au sang ou au deux à
la fois si cela est matériellement possible.
Les boites pré incubées à 37° seront placées après ensemencement sous atmosphère
enrichie en CO2.
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b. La technique de l’ensemencement
Les boites sont ensemencées par inondation avec 5 à 10 gouttes de liquide non
centrifugé. L’étalement peut être fait à la pipette « râteau », placer immédiatement à l’étuve,
Neisseria meningitidis devient très fragile à la température du laboratoire.
2. Identification
Les ensemencements sont examinés chaque jour. On ne conclura à une culture négative
qu’après un délai d’une semaine. Se reporter, pour les critères d’identification des germes les
plus fréquents.
3. L’antibiogramme
On pourra compte tenu des résultats, tenter de la pratiquer directement à partir du
liquide, sur milieu de Muller Hinton (enrichie ou non selon l’orientation microscopique). Un
deuxième antibiogramme pourra être mis en route en utilisant la technique standard, lorsque
la culture sera développée.
Remarque : compte tenu du petit volume de liquide prélevé, de la nécessité d’en
soustraire suffisamment pour la centrifugation et enfin de l’importance des inoculum utilisés
pour les cultures et l’antibiogramme, on voit qu’il ne sera pas toujours possible d’ensemencer
toutes les boites que l’on pourrait juger nécessaires, d’où l’importance de choisir les milieux
les plus adaptés.
D. L’apport des méthodes rapides
1. De l’électro-immunodiffusion
Certains antigènes bactériens, généralement des polysaccharides, peuvent être libérés
dans les produits pathologiques. Seuls, bien entendu, les plus superficiels d’entre eux
(capsule, couche la plus externe de la paroi) pourront se détacher de la bactérie qui les porte.
On leur donne le nom d’exo-antigènes. Leur mise en évidence dans le surnageant d’un
produit pathologique (ou dans le sérum) équivaut à l’isolement du germe. Les trois espèces
bactériennes les plus fréquentes dans les méningites de l’enfant possèdent des
exopolysaccharides et ces polysaccharides sont de plus très électronégatifs (cf. Tableau).
Leur mise en évidence est donc possible par une réaction d’électro-immunodiffusion (encore
appelé électrosynérèse).
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Localisation
Charge électrique Constitution
chimique
N. meningitidis
Couche la plus
Très électronégatif A. poly N acétyl O
externe de la paroi
acétylmannose
Spécificité
immunologique
Groupes antigéniques
ABCDXYZ
amine phosphate
B. Poly N acetyl
acide neuraminique
C. poly O acétyl
acide neuraminique
Hemophilus
Capsule
Très électronégatif Polyribose-
influenzae
Type a,b,c,d,e
phosphate
Streptococcus
Capsule
Très électronégatif Acide
pneumoniae
83 types (1 à 83)
polyaldobionique
Propriété des exoantigènes libérés par les agents les plus fréquentes des méningites de l’enfant
Technique et lecture
On trouvera en annexe le détail du mode opératoire.
Une plaque d’agarose est perforée à l’aide d’un emporte-pièce, de façon à obtenir des
paires de trous distants de 2.5mm (cf fig). Le surnageant du liquide céphalorachidien est placé
dans les trous côté anode. Pour chaque produit, on essaie l’antisérum S. pneumoniae total
(éventuellement les pools de A à I), les antisérums H. influenzae total , H. influenzae
sérotypes a, b, et N. meningitidis A, B, C.
On fait migrer pendant 40 sous une d.d.p de 10 volts/cm : les anticorps peu
électronégatifs sont entraînés par le courant d’endosmose vers la cathode tandis que les exoantigènes migrent vers l’anode. Leur rencontre se matérialise par un arc de précipitation
lorsque antigène et sérum de même spécificité sont en contact.
Intérêt de la méthode
Selon les communiqués par P. Gueslin, P. Legrand et J.L. Lemoine, l’analyse
cytobactériologique du LCR débouche, dans 50% des cas de méningites purulentes sur
l’identification précise de l’agent causal tandis que l’électro-immunodiffusion peut réussir là
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où l’analyse bactériologique classique échoue (par exemple en présence d’une méninge
décapitée par un traitement préalable aux antibiotiques
2. Des techniques « AU LATEX »
Des particules de latex sensibilisées avec différents antigènes solubles sont commercialisées :
•
1 latex pneumococcique
•
1 latex H. influenzae b (pharmacia Diagnostic, Biomérieux)
•
2 latex meningococcique (A et C)
Une goutte du LCR total ou de son surnageant est mélangée sur une lame de verre avec
une goutte de chaque suspension. L’apparition en moins de trois minutes d’une agglutination
dans l’un des réactifs permet de donner le résultat.
Cette technique plus récente que l’électro-immunodiffusion, n’a pas encore donné d’aussi
bons résultats. Elle est cependant d’exécution plus simple, plus rapide et les réactifs seront
certainement encore améliorés.
Rechercher systématiquement dans un LCR les exo-polysaccharides bactériens
présente donc deux avantages importants :
•
On peut obtenir une réponse très rapide (une ou deux heures après le prélèvement)
•
On peut, dans certains cas, donner un résultat malgré une bactériologie négative.
On trouvera, en annexe, les éléments statistiques permettant une étude critique plus
approfondie de la méthode.
E. Autres examens
1. L’inoculation au cobaye
En cas de suspicion de tuberculose, on injecte 0,5ml de liquide par voie intracellulaire.
Si le prélèvement contient des bacilles tuberculeux, apparaîtra, au point d’inoculation entre le
10e et le 14e jour, un nodule qui ulcérera et persistera jusqu’à la mort de l’animal (6 à 20
semaines).
A l’autopsie, on remarque l’hypertrophie de la rate et l’atteinte quasiment généralisée des
ganglions.
2. L’inoculation à la souris
On injecte 0,2ml de liquide par voie intra péritonéale. La souris meurt en 48 heures
dans le cas de Listériose. Les frottis d’organes permettent de retrouver Listeria
monocytogenes en abondance. La mort de la souris est obtenue aussi les Pneumocoques et les
Streptocoques.
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3. La chimie du LCR
Trois examens sont particulièrement utiles :
•
Le dosage du glucose (glycorachie)
•
Le dosage des chlorures
•
Le dosage des protéines (proteinorachie)
Les techniques et l’interprétation des résultats sont étudiées dans le cours de biochimie et dans
les manuels de biochimie médicale.
Rappelons les taux normaux chez l’adultes :
•
Glucose ………………… 0,50 à 0,60g/l selon la méthode de dosage
•
Chlorures ………………
7,3 – 0,15g/l (enfant 7 + ou – 0,5g/l)
•
Protéines ……………….
0,15 à 0,25g/l
La glycorachie est abaissée, parfois effondrée, dans le cas de méningites bactériennes
et de méningite tuberculeuse, tandis que, pour les mêmes affectations, la protéinorachie est
élevée. Les chlorures sont en général abaissés, surtout dans le cas de la méningite
tuberculeuse (5 à 6g/l).
Les résultats de l’examen chimique sont normaux pour une méningite virale. On voit
donc tout leur intérêt pour, dans le cas d’un liquide clair, permettre de prévoir très rapidement
l’étiologie tuberculeuse ou virale en attendant la confirmation de la microbiologie.
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ANNEXE
Indication de Neisserie meningitidis
1°
Présence de cocci Gram- généralement groupés par deux, intracellulaires et
extracellulaires.
2°
Pas de culture sur milieu ordinaire. N. meningitidis cultive bien sur gélose chocolat
enrichie en facteurs de croissance (Isovitalex, supplément G), sur gélose ascite, sur gélose
chocolat simple.
3°
Identification du genre Neisseria avec les caractères OX + catlase+.
4°
Identification de l’espèce meningitidis par l’étuve de l’action sur les glucides :
N. meningitidis est Glucose+, Maltose+, Levulose-, Saccharose-. Cette recherche est
pratiquée sur gélose trypticase soja enrichie de 10% de liquide d’ascite, du sucre (en
concentration finale 1%), et un indicateur de pH, coulée en petites boites de pétri.
5°
Sérotypage : recherche de l’agglutination dans les antisérums A, B, C.
Indication d’Hemophilus influenzae
1° Petits coccobacilles immobiles et souvent capsulés. Possibilité de formes bacillaires et
même filamenteuses.
2° Ne cultive que sur milieux contenant des facteurs X (hématine) et / ou V (hématine et
extrait de levure), gélose à l’extrait globulaire. Pas de culture sur les milieux ordinaires.
•
Bacille Gram- ne cultivant pas sur milieu ordinaire = Parvobactérie
•
Exige X ou V – Hemophilus
Hypothèse : Hemophilus influenzae, compte tenu du fait que les autres Hemophilus ne
peuvent être rencontrés dans un LCR. Vérifier les exigences X et V pour confirmation.
Indication de Listeria monocytogenes
1°
Coccobacille Gram+ non sporulé, mobile à la température du laboratoire.
2°
Cultive sur les milieux ordinaires. Cultive mieux sur les milieux gélosés
3°
β Hémolytique, caalase+, Esculine+, aéroanaérobie.
Ces 4 caractères le distinguent facilement des autres bacilles Gram+ non sporulés qui,
de toutes façons, ne sont pas rencontrés dans un LCR, mais aussi des Streptocoques avec
lesquels on pourrait quelque fois les confondre après un examen microscopique un peu trop
rapide.
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Identification de Pneumocoque
1° Diplocoque, Gram+, capsulé.
2° Ne cultive pas sur les milieux ordinaires. Sur gélose au sang, il verdit le milieu
mais aussi peut former une zone d’hémolyse franche plus ou moins large. Colonies en goutte
de rosée.
3° Sensibles à l’optochine, lysés par la bile.
Technique de l’électro-immunodiffusion appliquée à l’analyse des LCR purulents
Préparer un gel d’agarose à 1,5% dans du tampon véronal – acétate pH 8,2 force ionique
0,50 :
Diéthylbarturate de sodium……………… 6,69g
Acide chlorydrique 0,1N………………… 90ml
Eau distillée ……………………………... qsp 1,5 litre
Couler le gel sur 2mn d’épaisseur sur des plaques de verre de 80 x 13mm.
Le gel est ensuite perforé à l’aide d’un emporte-pièce relié à une trompe à vide. Les trous sont
disposés par paires, chaque trou a 2,5mm de diamètre et est distant de son voisin de 2,5mm.
Les 7 paires de trous (il y en aura autant que d’antisérums utilisés) sont disposées
perpendiculairement au sens de la migration.
Déposer les surnageants contenant l’antigène dans les trous côté cathode et les antisérums
dans les trous anode. On disposera ainsi d’un antisérum différent dans chacun des trous
anodiques :
•
Sérum anti S. Pneumoniae
•
………….H. influenzae (total)
•
………….H. influenzae, sérotype a
•
………….H. influenzae, sérotype b
•
………….N. meningitides groupe A
•
…………………………………… B
•
…………………………………… C
Régler la d.d.p. à 10 volts par cm. Laisser migrer 40’. Sortir les plaques et lire à la loupe sur
fond noir avec éclairage latéral.
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L’électroimmuno-diffusion
Résultats statistiques - Etude critique de la méthode
BACTERIOLOGIE
ELECTROIMMUNODIFFUSION
Examen direct Culture Sur LCR Sur sérum
LCR + sérum
Hemophilus influenzae
12/22
18/25
25/26
15/23
26/26
Sérotype B
54%
72%
96%
65%
100%
Pneumocoque
34/48
60/80
54/68
37/73
68/80
71%
75%
79%
51%
85%
Neisseria meningitidis
12/28
22/28
21/24
15/25
26/28
Groupe A et C
67%
86%
88%
60%
93%
Neisseria meningitidis
22/34
43/51
6/19
0/18
6/21
Groupe B
65%
84%
32%
0%
29%
Comparaison entre les résultats obtenus par la bactériologie classique et l’électroimmunodiffusion
Dans le diagnostic des méningites purulentes selon l’agent étiologique
(Résultats de P. Geslin, P. Legrand, J. L. Lemoine et F. Squinazi).
Ces données statistiques montrent que l’électro-immunodiffusion est plus performante que la
bactériologie dans le cas des méningites à Hemophilus (96% et même 100% si on associe une
EID sur sérum contre 72% à la culture) et à pneumocoque (85% contre 75%). Les résultats
obtenus par les deux méthodes sont également bons dans le cas de Neisseria meningitidis des
groupes A et C.
L’électro-immunodiffusion est cependant mise en défaut lorsque Neisseria meningitidis du
groupe B présente dans le LCR 29% d’EID positives contre 84% de succès par la
bactériologie. Les auteurs des résultats rapportés ci-dessus ont obtenu des résultats bien
meilleurs en utilisant un sérum non commercialisé (91% de résultats positifs contre 29% avec
le sérum du commerce). Cette faiblesse de l’ZID pour le groupe B des méningocoques n’est
donc peut être que provisoire. La méthode deviendrait alors indispensable à l’examen d’un
LCR purulent. Signalons encore que son champ d’action a été élargi à d’autres produits
pathologique (crachats, liquides pleuraux, hémoculture).

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