quotidien - Harmonie Begon

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quotidien - Harmonie Begon
QUOTIDIEN
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Quotidien, Observations
Ici la photographie est beaucoup plus spontanée et
franche. Souvent prise avec mon smartphone, ces
photos sont au cœur de ma propre vie et de mes
expériences.
Peu à peu ma problématique glisse jusque dans
mon quotidien. Une véritable obsession, un
questionnement
perpétuel et inépuisable.
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Essaouira, avril 1014, 1dh le morceau de fruit.
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Goûter avant d’acheter, Maroc, Souk d’Agadir.
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Ecosser les petits pois, Royan, Avril 2014
Le geste, faire soit-même, cuisiner, choisir, manipuler ses aliments, sont des choses qui
se perdent chez beaucoup trop de personnes.
Ce qui était une habitude devient quelque chose que l’on s’accorde pendant les fêtes
et les vacances (et encore! Si ce n’est pas une corvée). Mais le reste du temps, c’est à
dire au quotidien, nous recherchons rapidité et pratique, mais à quel prix?
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Norma, Strasbourg
gâteau pour 4 personnes à 40 euros
en pâtisserie. Ces choses-là sont
pour moi des objets d’exposition,
de décoration. On dirait du
faux, ce n’est même plus de la
nourriture, tout est dénaturalisé :
arôme et colorant, on a perdu de
vue les aliments de départ.
On mange quoi finalement, on
est perdus dans des recherches
esthétiques ratées, qui veulent
nous en mettre plein la vue, on
oublie la fonction première de
l’alimentation, nous nourrir et
correctement.
Pendant les fêtes je crois que
c’est le pire, le beau prime, on
veut du spectaculaire, du coloré,
de la chantilly, de la crème et
des noms plus appétissants que
« biscuits » ou « sablés », des
fleurs, des glaçages, des pépites,
du brillant, du clinquant.
Je suis en train de penser que
c’est la même chose dans une bonne
pâtisserie : la première fois on
achète la gueule du gâteau, pas
son goût.
La tarte aux pommes, c’est une
valeur sûre, une bonne pâte,
une bonne compote au fond, des
pommes bien caramélisé dessus,
servie un peu tiède… Mais certains
choisissent cet énorme gâteau
avec une tonne de crème chantilly
bien blanche, des fruits rouges,
oranges, jaune. Ça claque sur
la table et ça fait des grosses
parts.
Unité des saveurs, le beau prime
sur le goût et la qualité,
disparition de l’identification et
de la singularité, de la richesse
visuelle de l’aliment pour ce
qu’il est naturellement.
Le supermarché discount du centre-
ville,
la plupart des étudiants
font leurs courses là-bas.
« Harmonie tu m’aides à trouver
le cidre ou quoi ? » Nan mais
regarde c’est dingue, regarde
ce qu’ils appellent « Tarte à la
Fraise », c’est tellement beau,
mais tellement écœurant, en fait
on dirait de la fausse nourriture…
Les seules fraises qui constituent
ce produit se trouvent sur la
photo de l’étiquette.
Le plus important c’est le rapport
au nom.
Si on prend la collection
de biscuits « Bonne-Maman »
Pourquoi ces biscuits s’appellent
« tartelettes au citron »
« tartelettes à la fraise », on
a ici une perte d’identité du
dessert, dès qu’il a une pâte
et une saveur de fraise on peut
appeler cela « tartelette à la
fraise » ? Chez bonne-maman, on
mange un sablé à la confiture,
et encore, c’est plus une gelée
fruitée. Chez Norma, on mange un
gâteau nature au coulis aromatisé
à la fraise.
C’est donc tout sauf une tarte et
encore moins à la fraise. J’étais
tiraillée entre un sentiment de
dégoût et de fascination.
Je n’ose même pas regarder ce
qu’il y a dedans. Mon intention
n’est pas de critiquer les
compositions chimiques de ces
desserts immondes, j’adore le
coca, les bonbons Haribos, les
kinders et pourtant tous ça est
bien chimique.
Ce qui me fascine c’est
l’imitation, comment faire un truc
pas cher qui ressemble à un bon
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Simply Kleber, janvier 2014, Délice
Restaurant Universitaire, 3 euros 10 centimes, décembre 2013
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