L`observation et la gestion de la fréquentation touristique
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L`observation et la gestion de la fréquentation touristique
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement» MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE L’observation et la gestion de la fréquentation touristique des sites de patrimoine architectural à forte notoriété Présenté par : Camille VISSIERES Année universitaire : 2012 - 2013 Sous la direction de : Sébastien RAYSSAC 1 2 L’observation et la gestion de la fréquentation touristique des sites de patrimoine architectural à forte notoriété 3 L’ISTHIA de l’Université de Toulouse 2 n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur(e). 4 PAGE D’EVALUATION 5 REMERCIEMENTS Je souhaite remercier chaque personne qui a permis l’élaboration de ce mémoire, proche et moins proche. Tout d’abord, je remercie mon maître de mémoire, Sébastien Rayssac, pour ses conseils et sa disponibilité tout au long de cette année. Je remercie aussi l’ensemble des professeurs de l’ISTHIA pour leurs enseignements, en particulier Madame Laurence Lafforgue pour son aide bibliographique sur la valorisation et la conservation du patrimoine ; ainsi que les documentalistes de la bibliothèque universitaire grâce à qui les recherches bibliographiques deviennent efficaces. De même, je remercie les deux personnes que j’ai rencontrées en entretien exploratoire et qui se sont rendus disponibles pour répondre à mes interrogations malgré un agenda bien rempli. Pour finir, je souhaite remercier mes proches, pour leur aide et soutien ; et pour m’avoir fournit le recul nécessaire pour la réalisation de ce travail de recherche. 6 SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE PARTIE 1 : REFLEXION p.9 CROISEE SUR LES SYSTEMES D ’ACTEURS ET LA FREQUENTATION TOURISTIQUE DANS LES SITES DE PATRIMOINE ARCHITECTURAL p.12 INTRODUCTION DE LA PARTIE 1 p.12 Chapitre 1 : Le patrimoine monumental : un des piliers du tourisme Culturel 1. Du patrimoine au patrimoine architectural 2. Une forme de tourisme pour les pratiques culturelles p.13 p.14 p.18 Chapitre 2 : Une prise en charge du patrimoine bâti par les politiques territoriales p.24 1. Le système d’acteur du tourisme souvent qualifié de « millefeuille territorial» p.24 2. La valorisation du patrimoine à travers des labellisations p.29 Chapitre 3 : La notoriété d’un site bâti : génératrice de flux touristiques 1. La notoriété d’un site, créatrice d’attractivité 2. La fréquentation touristique poussée par l’attractivité des territoires p.37 p.37 p.39 SYNTHESE DE LA PARTIE 1 p.43 PARTIE 2 : GERER DE FAÇON DURABLE LA PATRIMOINE BATI : EVIDENCE OU MANQUE ? INTRODUCTION DE LA PARTIE 2 SATURATION TOURISTIQUE AU SEIN DES SITES DE p.44 p.45 Chapitre 1 : Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour les sites de patrimoine architectural p.46 1. La capacité de charge : témoin des prémices d’un nouveau mode de penser p.46 2. Calculer la capacité de charge : un outil intégré dans une stratégie de développement territorial p.54 3. Les instruments pour le développement durable d’un site p.56 7 Chapitre 2 : Mais des outils de gestion peu exploités, ceci ayant pour conséquence la dégradation des sites et des visites p.60 1. Les conséquences de l’ingérence de la fréquentation des sites architecturaux p.60 2. Des dispositifs postérieurs aux dégradations physiques du patrimoine bâti p.64 SYNTHESE DE LA PARTIE 2 p. 69 PARTIE 3 Le cas du Château de Versailles p.70 INTRODUCTION DE LA PARTIE 3 p.71 Chapitre 1 : Le Château de Versailles, un joyau culturel pour la France 1. Un site architectural prestigieux 2. Un site de notoriété mondiale 3. D’une forte notoriété à une fréquentation croissante p.72 p.72 p.73 p.77 Chapitre 2 : La faiblesse de ce site : la saturation touristique 1. Une volonté de gérer les flux touristiques… 2. … Mais l’opérationnalité de cette gestion reste insuffisante p.78 p.79 p.84 Chapitre 3 : Une amélioration possible des dispositifs mis en place p.86 1. Comprendre la perception des touristes lors de leur visite sur des sites touristiques de patrimoine architectural saturés p.86 2. Croiser les initiatives pour comprendre les dispositifs de gestion des flux touristiques p.88 SYNTHESE DE LA PARTIE 3 p.91 CONCLUSION GENERALE p.92 Bibliographie p.94 TABLE DES ANNEXES p.97 Table des figures p.117 8 INTRODUCTION GENERALE La gestion des flux touristiques est habituellement une problématique liée aux espaces naturels car les dégradations physiques sont plus facilement visibles ; ainsi pour la plupart des gens la surfréquentation fait directement échos à la détérioration des ressources naturelles. Cependant, le Code mondial d’éthique du tourisme de l’Organisation Mondial du Tourisme (OMT) affirme : « qu’ il est du devoir de l’ensemble des acteurs du développement touristique de protéger sauvegarder, en étroite collaboration avec toutes les autres composantes de la société, les ressources du patrimoine naturel et culturel de manière à garantir la durabilité à la fois des ressources en question et du tourisme lui-même. »1 La saturation touristique concernant aussi le patrimoine architectural, il est donc important de comprendre en quoi ces flux peuvent être néfastes pour un bâtiment touristique à forte notoriété et comment est-il possible d’y remédier de façon durable. Le choix d’une étude sur le patrimoine bâti s’est construit de façon évidente car les différents stages que j’ai réalisés m’ont amené à me questionner sur la valorisation puis sur la protection de ce patrimoine. Petit à petit, je me suis renseignée sur des sujets d’actualités liés au patrimoine architectural et certains ont particulièrement retenus mon attention comme le cas du Mont-Saint-Michel qui a été restauré et réaménagé en vue d’une affluence de touristes croissante. C’est ainsi que les premières lectures exploratoires ont débuté, j’ai orienté mes recherches grâce à quatre thèmes principaux : le tourisme culturel, le patrimoine bâti, les sites à forte notoriété et la fréquentation touristique. 1 Organisation Mondial du Tourisme. Code mondial d’éthique du tourisme [En ligne]. Disponible sur : <www.world-tourism.org/code_ethics/fr.htlm> (Consulté le 16-12-12) 9 Ainsi, ma question de départ était : Comment le patrimoine bâti peut-il allier valorisation, protection et fréquentation touristique ? Cette question m’a permis de mettre en avant deux hypothèses : Hypothèse 1 : Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour les sites de patrimoine monumental Hypothèse 2 : Mais des outils de gestion peu exploités face à la dégradation des sites et des visites Dans une première partie, nous définirons les notions nécessaires à la compréhension de ce mémoire en révélant les liens qui existent entre les différentes composantes qui nous intéresse ici. Nous étudierons donc le patrimoine architectural et sa place au sein du tourisme culturel, ainsi que son attractivité créée par une valorisation elle-même menée par les politiques publiques. La seconde partie mettra en avant les différents dispositifs utilisés pour gérer les flux touristiques au sein d’un site de patrimoine architectural à forte notoriété. Ces outils tendent à se démocratiser dans les sites bâtis cependant, nous verrons aussi leurs limites et les conséquences d’une fréquentation touristique non maîtrisée. Dans un troisième temps, nous exposerons un exemple de site architectural touristique à forte attractivité qui vise à développer les outils de gestion des flux touristiques : le château de Versailles, situé dans les Yvelines. Puis nous réfléchirons à une amélioration de ces dispositifs à travers deux outils que nous proposerons à la fin de ce travail. 10 Démarche exploratoire adoptée 11 PARTIE 1 : REFLEXION CROISEE SUR LES SYSTEMES D’ACTEURS ET LA FREQUENTATION TOURISTIQUE DANS LES SITES DE PATRIMOINE ARCHITECTURAL 12 INTRODUCTION DE LA PARTIE 1 Le patrimoine architectural est présent au sein de toutes les civilisations mais sa reconnaissance est propre à la culture occidentale. Cet intérêt patrimonial est le déclencheur des modes de valorisation et de protection utilisés par les politiques touristiques publiques mais aussi par le secteur privé. Cette première partie va donc permettre de préciser ce sujet en abordant cette notion avec une approche historique qui mettra en relief ses enjeux et son imbrication au sein du tourisme culturel. Les systèmes d’acteurs seront alors présentés, dans le but de présenter leur diversité et leur territoire de compétence ainsi que les différentes actions de valorisation du patrimoine bâti menées grâce à des dispositifs de labellisations. Puis, grâce à ces analyses, l’attractivité des sites de patrimoine architectural sera démontrée, ce qui introduira les notions de fréquentation touristique des sites puis de saturation touristique. Ceci, nous permettra par la suite d’élaborer deux pistes de réflexion autour de ce thème. 13 Chapitre 1 : Le patrimoine monumental : un des piliers du tourisme Culturel 1. Du patrimoine au patrimoine architectural Le sujet de ce mémoire portant sur la gestion des flux au sein du patrimoine bâti, il m’a semblé approprié de définir ce qu’est le patrimoine architectural, pour que le lecteur puisse se l’approprier puis le décliner face aux différentes questions que nous nous poserons et auxquelles nous tenterons de répondre. 1.1. Une approche historique du patrimoine Le patrimoine étudié est architectural, cependant nous commencerons par étudier la notion de patrimoine culturel qui nous permettra d’inscrire le bâti au sein d’une vision globale. 1.1.1. Les prémices de la notion de patrimoine en France Chronologiquement, le patrimoine c’est tout d’abord des biens tangibles liés au culte des morts dès la préhistoire tels que des menhirs, des tumulus ou des dolmens. Mais ils n’étaient pas alors considéré comme tel, cela représentait simplement une façon de rendre hommage aux morts. Puis de l’Antiquité au Moyenâge, le patrimoine est tout ce qui est en lien avec le spirituel. Ce sont les valeurs chrétiennes qui ont poussées à la construction d’édifices religieux toujours plus spectaculaires pour véhiculer la foi. La dimension sacrée est donc très importante mais celle militaire l’est tout autant à travers la construction de bâtiments de défense sur des lieux stratégiques tels que des épis rocheux, ou des sites portuaires. Ici la notion de patrimoine n’est toujours pas prise en compte car les matériaux des édifices peuvent être réutilisés, la conservation n’a pas d’utilité pour les populations. C’est la Révolution Française qui va participer à une prise de 14 conscience collective pour les valeurs patrimoniales. Le vandalisme a fait d’importants dégâts sur les biens du clergé et de la noblesse, face à cela, certains comme l’Abbé Grégoire furent des visionnaires en comprenant la menace qui pesait sur les richesses esthétiques et artistiques françaises. Le premier acte de droit de 1792 se destina à protéger les biens tangibles menacés. C’est ainsi que le patrimoine devint accessible par tous, n’étant plus la propriété des nobles ou du clergé. Par cet acte les idées révolutionnaires s’affirment encore car le patrimoine devient créateur de lien social et unifie l’identité française. C’est donc l’Etat qui prend en charge ce dit patrimoine. Mais l’évolution de la société, mutilée par différentes crises, fera perdre du sens à la notion de patrimoine. En 1777, Louis XVI refusa de dépenser une livre pour restaurer le château de Vincennes estimant que ce dernier n’avait plus aucune valeur. Seuls les plus grands symboles de la Couronne seront conservés, le reste est revendu à cause d’une crise financière. L’attachement aux propriétés esthétiques et sociales du patrimoine s’estompe alors, encouragé par l’industrialisation au XIXème siècle.2 1.1.2. Le culte des monuments : le besoin d’une symbolique Cependant, la population ressent le besoin de s’identifier à des symboles nationaux, certes, mais aussi à plus petite échelle, sur leur territoire. La mémoire collective doit s’illustrer à travers des monuments représentatifs d’un passé commun comme des tombeaux, des sanctuaires, des demeures, etc. C’est grâce à la monarchie de Juillet que le système de protection et de conservation actuel va prendre forme. L’état décide d’intervenir pour sauver son patrimoine grâce à des mesures de protection et surtout à des restaurations intégrales souvent infidèles à la conception originale. Cependant, l’important est de redonner une identité à la France et des symboles visibles pour ses habitants. S’ajoute à cela, la contribution du courant romantique au XIXème siècle qui proclame un nouveau contexte culturel. Victor Hugo écrira même un article prônant la protection du patrimoine en 1832 2 CHASTEL André in Encyclopædia Universalis. Patrimoine monumental [En ligne] Disponible sur : <https://nomade.univ-tlse2.fr:443/http/www.universalis-edu.com/encyclopedie/patrimoine-monumental/> (Consulté le 24-11-2012) 18p. 15 dans « La revue de Deux Mondes », intitulé « Guerre aux démolisseurs ». A partir de cette période, on voua littéralement un culte aux monuments, ce qui engendra les mesures que nous connaissons actuellement. 1.1.3. L’homogénéisation du terme patrimoine au niveau mondial L’Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) a donné une définition officielle du patrimoine lors de la Convention de Paris en 1972: « Le patrimoine culturel dans son ensemble recouvre plusieurs grandes catégories de patrimoine : le patrimoine culturel matériel ( qui comprend le patrimoine culturel mobilier : peintures, sculptures, monnaies, instruments de musiques, armes, manuscrits…); le patrimoine culturel immobilier (monuments, sites archéologiques…) ; le patrimoine culturel subaquatique (épaves de navire, ruines et cités enfouies sous les mers…) et le patrimoine culturel immatériel (traditions orales, arts du spectacle, rituels...) mais aussi le patrimoine naturel (sites naturels ayant des aspects culturels tels que les paysages culturels, les formations physiques, biologiques ou géologiques...) et enfin le patrimoine culturel en situation de conflit armé. »3 Le mot patrimoine est donc assimilé à une notion de richesse et de durée. Il met en lumière un territoire, sa population, leur histoire, et leurs savoir-faire. Dans ce travail, nous mettrons les éléments intangibles du patrimoine de côté, pour nous concentrer sur le patrimoine matériel, ou bâti, constitué de biens immobiliers. 1.2. Le patrimoine architectural une notion employée couramment 1.2.1. Une notion complexe mais utilisée au quotidien Le patrimoine architectural correspond à toutes les constructions de l’homme tels que les monuments et ensembles architecturaux (centre historique ou 3 UNESCO. Définition du patrimoine culturel [En ligne]. Disponible sur : <http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=34050&URL_DO=DO_PRINTPAGE&URL_SECTION=201.html> 16 quartier, ville, village remarquable), les sites possédant un intérêt historique, scientifique, social, archéologique, artistique ou encore technique (site préhistorique et archéologique ; édifice militaire, religieux ou civil ; site historique ou industriel, ou encore un lieu de mémoire). Nous comprenons donc ici, que le patrimoine bâti recouvre les âges du paléolithique (premières œuvres artistiques) au XXIème siècle. En France, le patrimoine bâti reconnu n’est pas réparti de façon homogène bien que tous les territoires détiennent des richesses architecturales. Certaines régions possèdent plus d’édifices ou sites de grande importance comme l’Ile de France avec la ville de Paris principalement, l’Aquitaine, la Bretagne, la Vallée de la Loire notamment grâce à ses nombreux châteaux. Mais avant de parler de la notion de patrimoine architectural tel que nous la connaissons aujourd’hui et qui englobe ce que nous avons décrit précédemment, seuls les monuments étaient pris en compte. 1.2.2. Une étymologie parlante Il paraît donc nécessaire de définir ce qu’est un monument. Etymologiquement le mot « monument » vient du latin « monere » qui veut dire « avertir » et plus largement « rappelé à la mémoire ». On comprend ainsi l’objectif premier de la construction d’un monument, de rappeler son histoire, son vécu à une population ou un territoire. Mais aujourd’hui, le patrimoine bâti est pris en compte dans son intégralité comme nous pouvons le lire dans la Charte européenne du Patrimoine Architectural, adoptée en 1975 à Amsterdam par le conseil de l’Europe : «Le patrimoine architectural est un capital spirituel, culturel, économique et social aux valeurs irremplaçables 4» .Le patrimoine est donc une ressource riche, à fort potentiel. Il est donc très intéressant de l’étudier sous tous ses aspects. Nous avons compris l’évolution de son importance pour la population française nous allons maintenant le décrire d’un point de vue légal. 4 ICOMOS. Charte Européenne pour le patrimoine architectural [En ligne]. Disponible <http://www.icomos.org/fr/chartes-et-normes/179-articles-en-francais/ressources/charters-andstandards/427-charte-europeenne-pour-le-patrimoine-architectural-1975> (Consulté le 10-01-2013). sur : 17 1.2.3. L’aspect juridique du patrimoine architectural Le patrimoine bâti s’inscrit aussi au sein de la juridiction car, en premier lieu, il est lié à la notion d’héritage qui est un outil légal véhiculant des biens tel que des objets mais aussi des terres et des constructions. Puis dans un second temps, les lois sont utilisées pour la conservation et la protection du patrimoine architectural. La première législation d’importance fut la création des Monuments Historiques à travers la loi du 31 décembre 1913. Son principal objectif est la conservation des édifices les plus remarquables. Lors des premières décennies, les monuments choisis pour être sauvegardé étaient principalement des châteaux et des édifices religieux mais petit à petit, l’état s’est intéressé aux monuments de moindre importance quand « ils sont insérés dans un ensemble bâti cohérent » (Mirieu de Labarre, 2006, 320p.). Environ 1600 Monuments Historiques sont répertoriés, ce qui concerne 4% du parc monumental français. 5 Le patrimoine architectural ne concerne donc plus seulement les édifices religieux ou militaires mais aussi le petit patrimoine rural, le patrimoine industriel ou le patrimoine préhistorique par exemple. 2. Une forme de tourisme pour les pratiques culturelles Les études nous montrent que le touriste, lors de son voyage, voudra visiter tous les sites importants sans rien manquer, surtout quand le voyage est éloigné du lieu de résidence. L'importance du patrimoine bâti est donc évidente pour les opérateurs de voyage et les prestataires de service. 2.1. L’importance du patrimoine bâti au sein du tourisme culturel Pour envisager le patrimoine bâti à l’intérieur même de la consommation touristique, nous allons maintenant étudier l’évolution du tourisme culturel avec des données mondiales mais aussi des tendances françaises à travers le XXème et XIXème siècle. 5 Ministère de la culture et de la communication. Les grands monuments de l'État [en ligne]. Disponible sur : <http://www.culturecommunication.gouv.fr/Disciplines-et-secteurs/Monuments-historiques/Histoire-etmissions/Les-grands-monuments-de-l-Etat> (Consulté 15-01-2013). 18 2.1.1. Le tourisme culturel dans l'histoire Deux champs ont créé l’activité touristique : le pèlerinage à travers les époques, et le Grand Tour des Anglais au XIXème siècle. Ces formes de tourisme sont exclusivement basées sur une approche culturelle. Ce n’est que plus tard que d’autres dimensions sont entrées en jeu. Particulièrement, dans les années 1930 avec les villégiatures à la campagne, le tourisme balnéaire ou même sportif. Mais l’élargissement le plus prononcé est à situé dans les années 1960 avec l’apparition du tourisme de masse et non plus d’élite. De plus en plus, les pratiques culturelles sont séquentielles, les touristes intègrent à leur voyage des pratiques sportives, de détente… En 1994, l’observatoire national du tourisme définit les vacances des français de cette façon : « On définit ici le tourisme culturel comme un déplacement (d’au moins une nuitée) dont la motivation principale est d’élargir ses horizons, de rechercher des connaissances et des émotions au travers de la découverte d’un patrimoine et de son territoire ».(Origet de Cluzeau, 2000, p.3). Cette définition renvoie au patrimoine, c'est-à-dire « tout ce qui mérite d’être conservé » (Origet du Cluzeau, 2000, p.4), qu’il soit matériel comme des sites culturels ou immatériel comme la gastronomie et le savoir-faire. L’approche culturelle est donc reliée à un territoire avec comme pratique le tourisme de découverte. Mais le tourisme culturel n’est pas spécifique à un ensemble géographique il peut se pratiquer partout. 2.1.2. Le tourisme à la française vu du monde La France possède une attraction particulière car elle a une image de pays à la culture très forte et présente à travers son histoire. Nous pensons tout d’abord à ses nombreux monuments d’envergure comme le Mont-Saint-Michel, la Tour Eiffel ou les châteaux de la Loire. Mais la France à l’étranger c’est aussi des chefs d’œuvre célèbres à travers la peinture, la littérature ou encore la poésie. Pour finir les arts de la scène y sont aussi très fortement représentés avec par exemple, le 19 festival de Canne où les plus grands noms du cinéma se rencontrent, et aussi le festival d’Avignon qui n’est pas en reste. 2.2. Pratiques et formes du tourisme culturel Le patrimoine est une forme de consommation touristique, les prestataires de tourisme culturel doivent donc observer et comprendre les attentes des touristes pour provoquer la fréquentation du patrimoine bâti qui « est un produit à forte valeur psychologique » (Patin, 2012, p.133). Cet imaginaire se construit grâce à la scolarité, la littérature, les médias, c'est-à-dire les expériences que le visiteur a vécus. De plus, les sites les plus visités sont souvent ceux qui sont le plus connus, dont les gens parlent souvent et qui ont été parfois reproduits dans le domaine artistique. 2.2.1. De nouvelles tendances de visites Le tourisme culturel se pratique principalement par circuit car cela permet de réaliser plusieurs visites lors d’un même voyage. Le touriste va vouloir participer aux manifestations culturelles, découvrir la gastronomie du territoire ou encore s’imprégner de son histoire. Deux modes de réalisation d’un circuit sont possibles : soit le visiteur change souvent de lieu d’hébergement, soit il garde le même hébergement tout au long de son voyage et réalise un circuit en marguerite (ou en étoile). Les circuits en ville sont de même type, avec des visites en journée et des repas gastronomique ou la participation à des manifestations le soir. Mais il existe d’autres formes de visites culturelles par exemple les séjours linguistiques, les festivals, les stages artistiques ou artisanaux, etc.6 6 COLARDELLE Michel, MONFERRAND Alain in Encyclopædia Universalis. Tourisme culturel. Disponible sur : < https://nomade.univ-tlse2.fr:443/http/www.universalis-edu.com/encyclopedie/tourisme-culturel/> (consulté le 5-12-2012) 6p. 20 Figure 1 : Part des fréquentations culturelles et non culturelles en France - Atout France – 2009 Source : Atout France, 2009 Sur ce graphique nous voyons que la part des pratiques de tourisme culturel est plus élevée comparé aux autres pratiques de voyage confondues. Ceux qui influencent cette consommation sont les prescripteurs de l'offre comme les voyagistes, les agences réceptives ou de voyage, les chargés de tourisme, les associations ou encore les journalistes du tourisme. Il existe ainsi une offre dite classique c'est-à-dire les monuments, les musées, les festivals, mais de nouvelles offres se développent. C’est le cas du patrimoine archéologique, industriel ou maritime, les écomusées et les musées de société mais il leur est difficile d’attirer le public car ils sont peu mis en valeur par les territoires. Parallèlement à cela, la demande évolue en ce qui concerne les voyages culturels sous forme de court séjour à thème. Ce nouveau mode de voyage se pratique facilement et tout on long de l’année ce qui favorise la désaisonnalité pour les prescripteurs. 21 2.2.2. Comment attirer de nouveaux publics ? L’offre touristique s’organise pour attirer d’autres types de touristes. Il existe ainsi deux voies de développement : on peut soit renforcer l’offre culturelle existante sur des territoires à forte notoriété ; soit il faut créer ou mettre en valeur l’offre pour provoquer la fréquentation touristique. Pour cela, les prestataires de services mettent en place des gratuités ou des réductions sur les visites et les animations comme les spectacles de rue. Depuis peu, les cartes Pass se sont aussi développées, surtout pour le patrimoine local. Par exemple, le Service d’Exploitation des Sites Touristiques d’Ariège a mis en place une carte Pass qui concerne les plus importants sites de patrimoine bâti d’Ariège. Muni de cette carte, le visiteur aura droit à des réductions sur l’ensemble des sites qu’inclut le Pass. Cette formule permet de pousser les touristes à visiter des sites moins importants situés aux alentours de pôles touristiques. Ainsi, les territoires répondent aux attentes des gros consommateurs de tourisme culturel tels que les enseignants ou les intellectuels et aussi aux personnes les moins aisés financièrement. Pour renforcer ces pratiques les pôles touristiques peuvent valoriser ce qui est lié avec le patrimoine comme la gastronomie (tables d’hôtes, épicerie fine), les hébergements de caractère ou de charme ainsi que des spectacles, la Fête médiévale d’Agost de Carcassonne en est un bon exemple. Nous terminerons par souligner que le touriste ne doit pas se sentir en danger ou mis mal à l’aise sur un site comme la visite de ruines de remparts sans protection. La communication doit donc mettre en valeur l’absence de risque pour que le visiteur soit satisfait de sa visite. 2.3. Le tourisme culturel, pour quel type de public ? Nous avons vu que le tourisme culturel attire un public important. Mais quel type de visiteurs attire-t-il et vers quelle pratique ? 2.3.1. Le profil type du touriste culturel Il est possible de mettre en avant trois types de clientèle principale en ce qui concerne le tourisme culturel. Les deux premières concernent des visiteurs motivés 22 qui ont soif d’apprendre et de découvrir, ce sont les spécialistes d’une thématique culturelle en particulier et ceux qui recherchent des connaissances sur l’ensemble du domaine culturel. La troisième catégorie est certainement la plus répandue, c’est la clientèle occasionnelle. Cette catégorie est très éclectique, et jette son dévolue principalement sur les sites ou manifestations des grands pôles touristiques. De plus, les études montrent que le tourisme culturel attire les femmes en général, les catégories socio-professionnelles élevées et intermédiaires, et les étudiants. Le nombre d’enfants en visite est en baisse ce qui incite les différents acteurs à mettre en place des actions pour attirer le très jeune public. Pour finir, au sein des grands pôles touristiques les touristes sont environ 65 % à 90% d’origine étrangère, et principalement des : Nord-Américains, Russes, Espagnols, Italiens, Allemands et Belges. Ce qui explique l’importance de développer un accueil multilingue. 2.3.2. Les motivations à la pratique du tourisme culturel Les visiteurs recherchent de plus en plus l’exceptionnel, l’inattendu et même l’insolite quand ils préparent leur voyage. La visite d’un monument de façon passive n’est plus attrayante, un territoire doit donc posséder une offre touristique variée pour inciter les touristes à rester plus longtemps ou à revenir. La région Alsace, par exemple, a diversifié son offre classique (monuments, châteaux, musées) avec des musées techniques, des écomusées, des musées de société ou des lieux de mémoire. Le touriste apprécie aussi les offres combinées comme un concert programmé dans un cloître, des circuits pédestres ou équestres permettant de découvrir le petit patrimoine rural ou encore un dîner dans un restaurant situé dans une bâtisse classée. En ce qui concerne le patrimoine architectural on peut noter une évolution des motivations à la visite sur les 20 dernières années : 23 Figure 2 : Part des visiteurs motivés par le patrimoine architectural en priorité (en %) 1980: 1995/2005: 2011/2012: 5% à 7% 10% à 12% 15% à 17% Source : Vissières C., 2013 On remarque sur ce schéma une nette augmentation, cependant il faut prendre en compte que le nombre de touristes à augmenter au niveau mondial durant ces décennies. En résumé, La visite d’un site de patrimoine architectural est l’une des motivations principales au voyage bien qu’elle fasse partie d’un ensemble combiné avec de l’hébergement, de la gastronomie ou encore des activités sportives et évènementiels. 24 Chapitre 2 : Une prise en charge du patrimoine bâti par les politiques territoriales Matthis Stock, explique qu’il existe « un paradigme des acteurs » (2010, p.171). En effet, l’activité touristique est composée d’acteurs dis nécessaires : ceux de l’offre, de la demande ou encore des procédures de régulation. Chaque acteur possède une compétence propre qu’il met ensuite à disposition en créant des relations avec d’autres acteurs et un lieu. Cette relation à l’espace est nommée territorialisation. Un territoire est donc un espace social composé d’acteurs qui interagissent et comme le disent Damien et Dorvillé c’est un «lieu d’identité culturelle et d’initiative comme vecteur potentiel de développement» (2011, p.11). Cette vision découle d’une approche systémique de la mise en tourisme du patrimoine : tout d’abord une approche historique puis géographique, sociologique et parfois même ethnologique et agronomique. Le patrimoine monumental est ainsi réapproprié par les acteurs locaux ce qui permet sa transmission aux générations futures. Cette idée d’appropriation permet de comprendre que lorsqu’une personne s’identifie à son territoire, elle va vouloir le valoriser pour partager une histoire, des valeurs et des projets. 1. Le système d’acteur du tourisme souvent qualifié de « mille-feuille territorial» Le fonctionnement d’un lieu touristique peut s’expliquer à travers trois enjeux : « la répartition du pouvoir entre les acteurs, les caractéristiques du lieu et l’ordre local » (Stock, 2003, p.209). Mais il est également important de comprendre les relations entre le tourisme et les habitants. De plus, il faut savoir que même si les acteurs sont proches, ils ne travaillent pas forcément ensemble, la coopération dépend de leurs compétences. 25 1.1. Les acteurs privés en lien avec le territoire Tout d’abord, il est possible de définir un premier cercle d’acteurs où nous allons trouver les touristes et la population locale. En effet, les visiteurs sont à l’origine des premiers territoires qualifiés de touristiques, révélés entre le XVIIIème siècle et le XXème siècle. Mais les touristes sont toujours les créateurs des sites car les professionnels du tourisme réagissent par rapport aux pratiques déjà existantes. De plus, les touristes sont devenus eux-mêmes des « entrepreneurs », l’exemple du guide du routard nous l’affirme. Ce guide, créé en 1975, aide les voyageurs à choisir les meilleures prestations, élues par les voyageurs eux-mêmes.7 Dans un second temps, ces touristes rencontrent les habitants du territoire qu’ils visitent. La population locale entre dans le tourisme en offrant des services : restaurant, logement, divertissement ; par exemple, avec des locations de meublés, des appartements ou villas surtout quand il n’y a pas de parc hôtelier dans la ville concernée. L’habitant n’est pas un professionnel mais il est payé, il respecte les normes en vigueur, il peut faire partie d’un réseau de structures associatives pour la promotion de sa prestation comme les Gîtes de France, le Bed and Breakfast britannique, ou encore la chambre d’hôte qui a été expérimentée en France à l’occasion des jeux olympiques de Grenoble en 1968. Ensuite, il existe des intermédiaires entre les touristes et les acteurs ou les lieux touristiques. C’est le cas des entrepreneurs comme les voyagistes ou Tours Operateurs ; les agences de voyages qui distribuent des produits créés par les voyagistes, vendent des titre de transport, élaborent des voyages sur mesure et parfois quand il s’agit d’une agence réceptive, réalisent des prestations comme des circuits ou des visites. Les autres intermédiaires vont être les transporteurs (maritimes, ferroviaires, aériens), les hébergeurs avec des modes en constante évolution (hôtels, hôtels-club, camping…) et les prestataires de l’animation et du loisir. Il existe une très grande diversité de pratiques en lien avec le loisir soit très spécialisée (l’escalade) ou pas du tout (la plage). Il est à noter que parfois les sites définis touristiques ne le sont pas réellement car la fréquentation est au niveau de 7 Guide du Routard. L’histoire du guide du Routard [en ligne] <http://www.routard.com/planete_coulisse/page/saga.htm>. (Consulté 20-02-2013). Disponible sur : 26 la population locale. Mais le tourisme dynamise aussi des secteurs professionnels indirectement comme les divers fournisseurs. 1.2. Des acteurs publics nombreux et à toutes les échelles territoriales Comme nous l’avons vu, les touristes ont un rôle important dans la mise en tourisme d’un territoire jusqu’à la moitié du 20ème siècle mais les pouvoirs publics et les entreprises sont intervenus de plus dans ce secteur. Nous allons ici nous intéresser au rôle des acteurs publics dans l’activité touristique. 1.2.1. A l’échelle mondiale A l’échelle mondiale, plusieurs pays ont créés ensemble l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) le 2 janvier 1975 dont le siège est à Madrid. Cette organisation détient une compétence technique qui consiste en la coordination des gouvernements, et qui met à disposition des statistiques mondiales concernant le secteur touristique. Mais cet organisme a aussi un autre rôle, il donne des orientations aux différents pays notamment dans le tourisme durable grâce à une politique mondiale du tourisme. 1.2.2. L’Etat français : un acteur incontournable L’état est intervenu tôt dans le tourisme avec notamment Alexandre Millerand qui participa à la création de l’office national du tourisme par loi du 8 avril 1910. Le tourisme a très vite montré ses enjeux de mise en valeur, d’aménagement, et ainsi de développement économique. Ce qui explique l’implication de l’état dans son développement. Aujourd’hui, les risques financiers liés à cette activité poussent les acteurs à mettre en place des financements croisés plutôt complexes avec des capitaux privés et publics sous forme de partenariat entre les collectivités territoriales et le secteur privé. La valorisation des sites patrimoniaux a donc un rôle d’intérêt général à travers le marketing territorial, les activités d’accueil et d’information. En France, le processus de décentralisation qui 27 a débuté en 1982 avec la loi du 2 mars8 (puis de 1992), a transféré des compétences propres aux collectivités territoriales (régions, départements, communes). Aujourd’hui dans le secteur touristique, il existe donc une administration centrale composée d’un ministère et des organismes attachés. Historiquement, ce secteur n’a appartenu que rarement à un ministère à part entière, aujourd’hui huit ministères sont en lien avec le tourisme de près ou de loin. Mais sa présence au niveau national concerne la plupart des pays, même ceux plus libérales. La France est représentée au niveau international par l’organisme Atout France qui fait la promotion du pays à travers le monde. 1.2.3. Les organisations décentralisées françaises En ce qui concerne les organisations décentralisés, définies comme des structures administratives du territoire, elles sont présentes à différents niveaux. Tout d’abord, il est obligatoire pour chaque conseil régional de posséder un Comité Régional du Tourisme (CRT) qui consiste à développer l’offre et la promotion sur le marché local. Les conseils généraux peuvent être à l’initiative de la création d’un Comité Départemental du Tourisme (CDT) ou d’une Agence de Développement Touristique (ADT). Ces structures départementales possèdent les mêmes compétences que les CRT mais à un niveau plus local, elles possèdent aussi un service loisir accueil pour les réservations faites sur leur territoire. D’autres acteurs publics départementaux peuvent s’impliquer dans la mise en tourisme et la valorisation d’un site patrimonial ; c’est le cas de la chambre de commerce et d’industrie, du comité d’expansion, de la chambre d’agriculture avec par exemple le label « bienvenue à la ferme », ou encore la chambre des métiers. Les communes ont elles aussi un rôle dans ce système. Presque toutes les communes, de toutes les tailles, ont un Office de Tourisme (OT) ou un Syndicat d’Initiative (SI), bien que ces derniers tendent à disparaître. Ces structures ont pour principales objectifs l’information et l’accueil des visiteurs. Cependant, certains OT se sont vus attribuer 8 Vie Publique. Quels sont les grands principes régissant les collectivités territoriales ? [En ligne] Disponible sur : <http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites-territoriales/principescollectivites-territoriales/qu-est-ce-que-decentralisation.html> (Consulté le 20 février 2013). 28 d’autres compétences comme la gérance d’un site touristique, ou la commercialisation de produits dans une boutique interne pour les Etablissements dits Publics à Caractère Industriel et Commercial (EPIC). Ces OT et SI sont regroupés au sein d’une Union Départementale des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiative (UDOTSI) ou alors au sein d’une Fédération Régionale des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiative (FROTSI) ; toutes deux regroupées au sein de la Fédération Nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiative (FNOTSI). L’effort de prestations est valorisé à travers un classement avec étoiles d’un OT ou encore le label « station verte de vacances » attribué aux communes. Pour finir, il existe une autre échelle, celle des Pays d’accueil touristique. Ils ont été créés en 1976 pour dynamiser le monde rural avec principalement des plans d’aménagement ruraux. Au niveau juridique, ce sont des associations ou des syndicats intercommunaux ou syndicats mixtes. Ils intègrent les politiques de développement touristique à travers la recherche d’une identité territoriale. L’intervention de l’état dans le secteur touristique se fait ainsi sous la forme d’une mise en tourisme d’un site et de la gestion de ce site. Mais il ne faut pas oublier que « la culture politique influence le rôle des organisations publiques » (Stock, 2010). Ainsi, nous comprenons qu’il existe une multitude d’acteurs à plusieurs échelles sous la forme d’un « mille-feuille » ; cette complexité ne doit pas empêcher l’entente pour répondre au mieux à toutes les attentes des touristes et aux différentes façons de voyager. 2. La valorisation du patrimoine à travers des labellisations Les professionnels du tourisme s’accordent sur le fait que « la valorisation du patrimoine est de plus en plus considérée comme un levier du développement local et de l’insertion socio-culturelle » (Damien et Dorvillé, 2011, p.171). Nous avons vu en amont que tous les acteurs liés aux territoires, aux sites patrimoniaux et au tourisme sont en charge de ce développement. C’est pourquoi, au 21 e siècle, il a été mis en avant de rendre les politiques patrimoniales et les aménagements des territoires plus cohérents entre eux, et à tous les niveaux. 29 2.1. La valorisation : accessible à chaque territoire La valorisation des patrimoines, et donc du patrimoine bâti, est en lien avec le marché actuel qui soutient la promotion des produits, et l’étude comportementale des touristes. 2.1.1. Les enjeux de la valorisation du patrimoine La valorisation touristique du patrimoine bâti est vue comme « un instrument à part entière du développement territorial » (Patin, 2012, p.196). Il est donc compréhensible qu’elle rassemble plusieurs enjeux pour un territoire. En effet, le tourisme génère des recettes financières et de l’emploi ; il met aussi en avant l’identité culturelle des populations locales tout en la renforçant ; il amène la création de formations ; enfin il permet la conservation des savoir-faire. En plus de l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie des habitants, la valorisation permet l’implication des habitants au sein d’un projet commun pour un développement socio-culturel du territoire. Mais, tout cela dépend aussi du développement du pôle touristique en lien avec les offres des prestations et des équipements de tourisme. Il est aisé de comprendre que les politiques de valorisation sont plus utilisées par les grands pôles touristiques, les réseaux ou encore les partenariats. Cela permet dans un second temps d’associer à ces pôles, des sites moins fréquentés en mobilisant des ressources humaines ou matérielles. C’est le cas au sein des pôles d’excellence rurale, des pays d’accueil, des associations, entre autres. Par exemple, certaines régions vont mettre en place une politique tarifaire avantageuse pour visiter plusieurs sites sur un même territoire comme nous l’avons vu dans le chapitre 1. Ce système permet la valorisation de sites mineurs et ainsi leur développement. La valorisation du patrimoine permet donc d’associer des partenaires autour d’un même but et de provoquer des retombées nombreuses, directes ou indirectes. 30 2.1.2. Comment mettre en valeur un territoire ou un site touristique ? Le mode de valorisation le plus utilisé est la labellisation. En effet, c’est un mouvement universel qui est très efficace pour la mise en réseau à travers l’adhérence à une charte de qualité. Il existe des labels à toutes les échelles, ces derniers permettent de faire connaître un territoire pour sa richesse patrimoniale, par exemple. Mais il y a un risque sur la visibilité du site labellisé si une multiplication de ces labels s’opère. Il faut donc utiliser cet outil avec parcimonie et intelligence. Ces signes de qualité sont très apprécié car on ignore souvent la qualité réelle des produits touristiques ou non. Les labels ou marques sont donc des comportements stratégiques d’adaptation dans le but de différencier son produit, en réaction à la multitude d’offres touristiques qu’il existe sur le marché. Il faut donc créer des signaux pour que les clients se repèrent dans l’hétérogénéité des produits. Ce n’est plus le prix qui est concurrentiel mais bien la recherche de preuves de qualité, pertinentes et crédibles. D’ailleurs, selon Charles et Thouément : « Le tourisme est un domaine où la recherche de signaux est plus marquée qu’ailleurs » (2007, p.36). S’ajoute à cela une demande très forte de respect des engagements de façon implicite ou explicite de la part des organismes. Ceci s’explique par l’« explosion des projets culturels liés au patrimoine bâti » c’est ainsi que « les demandes de labellisation se sont multipliés » (Damien et Dorvillé, 2011, p.176). Les touristes ont donc besoin de nouveaux repères pour se guider dans l’offre touristique patrimoniale. L’un des premiers qui a soutenu l’émergence du tourisme en France justement à travers des signes de qualité est le guide Michelin, qui propose des hébergements, de la restauration et des sites remarquables, à ne pas manquer. Mais ce n’est pas le seul, et nous comprenons ainsi que dans le tourisme il existe une quantité de labels mis en place pour l’identification d’un territoire. Mais parfois leur logique est discutable, le label n’est pas toujours légitime, il faut qu’il soit crédible pour être attractif. 31 2.2. La multi-scalarité des signes de qualités Les acteurs en présence sur un territoire ont le pouvoir de créer une cohésion territoriale, mais c’est aussi le cas des réseaux comme les labellisations. Ces dernières sont à l’origine de nombreux projets comme des manifestations culturelles ou des créations d’organisme pour le développement culturel et touristique, dans le but de protéger un site ou un territoire par la valorisation. 2.2.1. Un mouvement issu de l’échelle locale… - Label Petites Cités de Caractère : En France, l’initiative de labellisation du patrimoine vient de la Bretagne en 1977, avec ce premier label en lien avec le patrimoine. Ses enjeux sont de sauvegarder le patrimoine témoin d’une histoire caractéristique, de redynamiser l’économie, et de développer le tourisme culturel et urbain. Ce label a donc été le premier à rechercher l’intégration au territoire des populations locales et a créer un lien social. Il s’est inscrit par la suite dans un projet de création d’une fédération nationale des Petites Cités de Caractère en vue de donner une dimension nationale à ce label et ainsi de fédérer et homogénéiser les pratiques nationales. Figure 3 : Label "Petites Cités de Caractère Bretagne" 9 Source : Office de Tourisme du Pays de la Roche-Bernard, 2008 9 Site officiel de l’Office du Tourisme du Pays de La Roche-Bernard. Le Label Petites Cités de Caractère. [En ligne] Disponible sur : <http://www.tourisme-pays-la-roche-bernard.fr/petites-cites-de-caractere-2-47.html> (Consulté le 20-03-2012). 32 2.2.2. …Jusqu’à l’engouement national Suite à cette initiative, d’autres projets de labellisation ont été développés. Nous allons ici en énumérer plusieurs qui concernent la France. - Les villes et pays d’art et d’histoire : Mis en place pour la première fois en 1984 avec la création du label « Ville d’art », et attribué par le ministère de la culture et de la communication, ce label a pour but de promouvoir les biens patrimoniaux mais aussi de sensibiliser les populations aux ressources locales à travers la réappropriation du territoire, son respect, et sa réanimation. Il renforce aussi l’attractivité des villes ou pays grâce à une nouvelle image voire la création d’une marque. De plus, la sensibilisation des locaux à cette richesse patrimoniale apporte un meilleur cadre de vie aux communautés concernées. Ces nouveaux usages du patrimoine vont permettre la transmission de ces valeurs aux générations futures. Les sites qui ont adhérer à ce signe de qualité ont du suivre une charte de qualité comprenant plusieurs critères en ce qui concerne le développement du site et son aménagement. Aujourd’hui, il existe 130 territoires labellisés Ville ou Pays d’art et d’histoire en France. Chacun est représenté par un centre d’Interprétation du Patrimoine. - Les plus beaux villages de France : Créé en 1982, il profite à 182 communes inférieures à moins de 2000 habitants. Ses priorités sont la préservation et la valorisation de la qualité du patrimoine des petites communes rurales pour accroître leur notoriété en maîtrisant la fréquentation, et en favorisant le développement d’une activité économique liée au tourisme. - Les plus beaux détours de France : Il a été décidé par le gouvernement français en 1998, de mettre en réseau des communes éloignées des grands axes de communication et des grands sites touristiques et ainsi de les rendre attractif pour développer de nouveaux territoires en raison de la saturation des grands pôles touristiques. Cette initiative s’inscrit dans une volonté politique de mettre en avant des territoires ruraux peu connus ayant une grande richesse patrimoniale. - Le label « Village patrimoine » : Ce label est le témoin d’une nouvelle dynamique de mise en réseau. Le territoire voulant adhérer à ce signe de qualité doit être conforme aux normes choisies. C'est-à-dire qu’il doit exister au sein de ce territoire 33 un circuit de découverte des éléments remarquables de la commune. Les visites touristiques sont réalisées par les habitants eux-mêmes que l’on appelle des « guides villageois ». Le label « Village patrimoine » est donc créateur de lien social. 2.2.3. Le label : un moyen de fédérer au niveau européen Au niveau européen, il existe deux principaux labels qui témoignent d’une prise de conscience de la valorisation du patrimoine : le label « Patrimoine européen » et les destinations touristiques d’excellence. - Le label « Patrimoine européen » : Il a été mis en place par la commission européenne pour la promotion des activités artistiques et culturelles, l’accueil du public et une information de qualité grâce à la pratique des langues et à l’accessibilité. L’objectif est de créer des échanges entre sites, de développer les bonnes pratiques, et de mettre en valeur les spécificités de l’histoire européenne. Figure 4 : Label "Patrimoine européen" 10 Source : Ministère français de la Culture et de la Communication, 2007 10 Ministère de la Culture et de la Communication. Discours et communiqués : Le label « Patrimoine européen ». [En ligne] Disponible sur : <http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/indexlabeleurope.html> (Consulté le 20-03-2012). 34 - Destination touristique d’excellence : Ce label concerne les destinations dont l’attractivité augmente et où il existe des éléments de durabilité dans le développement du site ou de la ville. Il permet entres autres: l’amélioration du cadre de vie, l’enrichissement social et culturel des populations locales et des touristes. 2.2.4. Les Nations Unies engagent une valorisation du patrimoine mondial L’Organisation des Nations Unis (ONU), à travers l’OMT et l’UNESCO, fut la première institution avec une politique de labellisation pour la sauvegarde du patrimoine mondial et la valorisation de la culture, de la société, du tourisme et de l’économie. Son objectif est de : « préserver des témoignages, des cultures anciennes et des sites exceptionnels en inscrivant ces lieux ou ces biens sur la liste mondiale du patrimoine culturel et naturel tout en rapprochant les peuples et les civilisations. » (Damien et Dorvillé, 2011, p.219). L’UNESCO a été créé le 16 novembre 1945 par la conférence de Londres, qui est une convention entre 37 pays. Aujourd’hui, 188 états en sont membres dans le but premier de maintenir la paix entre les nations. Le label UNESCO, lui, est perçu comme une preuve de qualité d’un site, normalement déjà reconnu à une échelle nationale ou locale, ce qui promet le développement de ce dernier ainsi que des retombées économiques fortes. Il apporte rentabilité et développement aux institutions locales et aux territoires. On comprend alors que de plus en plus de sites demandent à figurer sur cette liste prestigieuse. A l’origine de cette initiative les sites labellisés « patrimoine mondial » était 12, aujourd’hui il en existe plus de 900 dans le monde. Les sites choisis pour faire partie de la liste sont ceux « ayant une valeur exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science ». (Damien et Dorvillé, 2011, p.219). Et cet agrandissement de la liste pose certains problèmes administratifs et financiers à l’organisation qui doit y faire face. 35 En résumé, Lorsqu’un site est classé il est une fierté locale, un point de cohésion et d’échange entre la population, les acteurs privés ou publics car un patrimoine valorisé créé un sentiment d’appartenance très fort, qui sera transmis aux générations futures. 36 Chapitre 3 : La notoriété d’un site bâti : génératrice de flux touristiques 1. La notoriété d’un site, créatrice d’attractivité Comme le dit Roger Brière, la fréquentation d’un site est la « réponse à une attraction » (p 40, 1961-1962) provoquée par des qualités naturelles (paysage, climat, panorama, biodiversité..) et culturelles (histoire, architecture, population…). Pour les aménagistes le terme « attractivité » est apparu dans les années 1970 sous l’idée d’organisation de l’espace grâce à des infrastructures et des équipements touristiques de deux types principaux : - ceux liés à une ressource comme les stations balnéaires, les sites patrimoniaux ; - et ceux liés à un marché économique comme les casinos ou les parcs à thèmes. En revanche, les sociologues étudient l’attractivité comme créateur de satisfaction à travers les perceptions et le vécu des touristes qui sacralisent les lieux par leurs pratiques. Les territoires ont longtemps préférer l’approche aménagiste en s’organisant autour d’un pôle attractif pour atteindre une rentabilité directe du site, cependant ils recherchent de plus en plus une certaine satisfaction de la part des visiteurs. 1.1. L’accès à l’information, une notion à ne pas négliger Pour comprendre la notoriété d’un site, il faut savoir que les visiteurs sont attirés par un site architectural lorsque certains éléments sont mis en avant grâce à la valorisation d’un patrimoine à caractère unique, qui provoque des émotions avec un message éloquent et percutant. Ce dernier critère est facilité par l’accès à l’information à travers les nouvelles technologies et les supports de communication 37 individualisés comme les brochures à domicile, les DVD ou encore les applications smartphones (qui proposent des circuits en centre ville historique par exemple). Lorsque les sites ne possèdent pas une certaine notoriété auprès du public, il faut alors la provoquer grâce à la création d’une image forte des sites ou des territoires pour qu’ils deviennent attractifs. C’est ainsi que les gérants des châteaux de l’Aude et de l’est des Pyrénées ont su profiter d’une histoire forte liée à l’époque cathare En effet, depuis les années 1980 cette région a su créer une identité territoriale basée sur nos représentations de cette époque, même si les dit châteaux sont postérieurs à cette époque. Cette action a donné du sens au territoire qui est devenu de plus en plus attractif. L’attractivité du patrimoine s’explique donc par une valorisation souvent forte mais aussi par les modes de protection car cela prouve sa richesse et son caractère unique. Lorsqu’un site de patrimoine bâti est d’une importance tel pour le territoire que ce dernier engage une procédure de conservation ou de protection, comme le label UNESCO, alors le visiteur attendra de ce site qu’il soit exceptionnel. Le territoire doit donc valoriser sa particularité propre pour répondre à ses attentes et provoquer la satisfaction du public. 1.2. L’attractivité du bâti L’attractivité est ce qui provoque le déplacement des populations, l’attractivité touristique, elle, est due aux équipements, aux acteurs et projets d’un territoire, aux festivités et évènements. C’est pourquoi, un territoire n’ayant pas une grande richesse patrimoniale saura aussi faire venir des touristes s’il s’organise et développe une image forte. En France, depuis une dizaine d’années, il est possible de noter une évolution des attentes des visiteurs de sites de patrimoine bâti. Le touriste moderne va être attiré par la qualité des prestations proposées, mais aussi une certaine variété combinée à de l’authenticité. On comprend ainsi que les circuits culturels se développent et deviennent plus nombreux. L’augmentation des nuitées en chambres d’hôtes ou en gîte s’accompagne d’une volonté de se confronter à l’identité d’un territoire à travers ces caractéristiques patrimoniales diverses. Le patrimoine architectural a donc une place d’honneur 38 dans cette quête car représente l’histoire d’une région, sa culture et mêmes ses valeurs. Dans le même temps, les classes « Patrimoine » se développe pour sensibiliser les plus jeunes à leur héritage. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette tendance touristique est motivée par les citadins qui veulent retrouver une certaine qualité de vie de façon durable. 2. La fréquentation touristique poussée par l’attractivité des territoires La conséquence inhérente de la notoriété d’une destination et donc de son attractivité est la fréquentation des lieux par les touristes. Nous commencerons par étudier les prémices de la fréquentation touristiques puis nous en déduirons son lien avec le patrimoine architectural. 2.1. L’histoire de la fréquentation touristique La première fois que l’on a pu parler de fréquentation touristique d’un site, naturel ou culturel, fut au XVIIIème siècle avec l’hivernage des aristocrates Anglais à la recherche de soleil, sur la Côte d’Azur. C’est donc tout d’abord une élite qui a créé des pôles touristiques. De plus, les transports se sont développés lors de cette période ce qui a facilité les flux de marchandises mais aussi de personnes. Les hôtels commencent à se construire dans ces destinations pour accueillir les flux, principalement dans les zones thermales ou balnéaires. Les services se développent mais l’activité touristique est toujours maîtrisée et considérée comme ostentatoire, réservée à une élite. Avec l’apparition des supports de communication comme les affiches publicitaires, les cartes postales ou encore les encadrés dans les journaux, la population moyenne s’imagine vivre aussi des vacances et ressente le besoin de s’adonner aux mêmes pratiques que les aristocrates. L’entre deux-guerres fut favorable à ce désir grâce à la création des congés payés en 1936 et d’autres revendications faites par le peuple pour avoir aussi le droit au voyage et à la découverte. Léo Lagrange participa à une des grandes avancées en terme de 39 tourisme social : les auberges de jeunesse, des lieux où l’on peut dormir et manger à bas prix. C’est ainsi et aussi avec des politiques territoriales comme la loi Littoral, que le tourisme de masse pris place au sein de cette activité durant les 30 glorieuses. L’activité économique était à son apogée, les touristes avaient donc du temps, de l’argent et des destinations aménagées pour eux (côte Languedocienne). C’est ainsi que le nombre de touristes s’est multiplié par six en 20 ans. La fréquentation des sites culturels a donc aussi augmenté et de grands pôles touristiques se sont mis en place pour répondre aux attentes des touristes. Le terme de « tourisme » est définit par Dumazedier avec le concept des « 3D », chacun des « D » correspondant à une fonction : - le délassement : les gens veulent oublier leurs obligations et se ressourcer pendant le période des vacances ; - le divertissement : qu’il soit spirituel ou intellectuel ; - le développement : de soi principalement, en étant à la recherche de reconnaissance sociale par exemple. Le fait de fréquenter des sites touristiques est donc devenu un fait social très important, qui petit à petit à construit la société telle qu’on la connaît aujourd’hui.11 2.2. L’importance du patrimoine bâti dans la fréquentation touristique Au niveau mondial, il est possible de remarquer une densification des flux touristiques, et cela malgré les crises économiques successives. En effet, selon l’OMT les arrivées de touristes ont augmenté de 40 millions de 2010 à 2011. 12 La visite du patrimoine a un poids important dans la vente de produits touristiques c’est un élément provocateur de « l’envie de découvrir ». C’est pourquoi beaucoup de destinations ou d’organisateurs de voyages proposent la visite d’un site mondialement connu (classé patrimoine mondial de l’UNESCO par exemple). Cette 11 LEPILLER Olivier. Sociologie du tourisme. Cours de Master 1 TD, ISTHIA, Université Toulouse 2, 2012. 12 Veille info Tourisme. Faits saillants: Le nombre total d’arrivées de touristes internationaux devrait passer pour la première fois le cap du milliard en 2012 [En ligne]. Disponible sur : <http://www.veilleinfotourisme.fr/tourisme-international-92350.kjsp> (Consulté le 20-12-2012). 40 reconnaissance ou notoriété est un gage de qualité pour les visiteurs et promet un développement fort et des retombées économiques pour le site. Sur le territoire français, la fréquentation des monuments architecturaux a souvent évolué au fil des années. Dans les années, 1980 et 1990 l’offre culturelle se développer car la demande était très forte. Mais par la suite cette fréquentation a ralentie puis baissée, à l’exception de quelques sites majeurs comme le Louvre ou le Mont-Saint-Michel dont la fréquentation s’est maintenue grâce à d’importants travaux d’aménagement et de restauration. Aujourd’hui, on remarque que la fréquentation des sites bâtis est importante lorsque ce dernier met en place une gestion des flux touristiques comme à L’Alhambra de Grenade ou quand il envisage le site avec une stratégie commerciale comme c’est le cas au Château de Versailles. De plus, ce sont des sites à forte notoriété ce qui les rend plus attractif que d’autres sites moins présents médiatiquement. Si l’on ajoute à cela que, la fréquentation d’un site de patrimoine bâti est composée à 80% de touristes et à 20% d’un public de proximité, on comprend l’importance pour ces sites de se faire connaître nationalement dans un premier temps puis parfois mondialement. 41 Figure 5: Comparaison de la fréquentation entre la visite de site de catégorie C (châteaux et architectures remarquables) et les visites culturels en France Atout France - 2009 Source : Atout France, 2009 2.3. Quand la fréquentation touristique atteint des niveaux de saturation Comme nous l’avons vu en amont, la fréquentation touristique des sites augmente en même temps que le nombre de départs touristiques mondiaux. C’est alors que les sites sont face à ce problème : les touristes peuvent partir où et quand ils le veulent. Bien que cette liberté nous paraisse normale elle est la source de problèmes de saturation des sites. En effet, de nombreuses arrivées de touristes au même moment, au même endroit provoquent un encombrement des lieux. Les répercutions de cette surfréquentation peuvent toucher les acteurs touristiques en réduisant leur opérationnalité, les autorités locales de la destination à travers de diverses pressions et enfin les gestionnaires des sites culturels mais aussi naturels qui peuvent être perturbés dans la préservation des propriétés physiques du site même et de ses attraits touristiques. 42 SYNTHESE DE LA PARTIE 1 De tout temps, lorsque les sites sont très fréquentés c’est qu’ils représentent une «célébration collective d’une réaffirmation identitaire » (Patin, 2012, p.17). L’activité touristique s’étant fortement développée depuis les années 1970, les flux touristiques ont augmenté pour convertir un premier tourisme d’élite à un tourisme de masse. De plus, grâce à l’accessibilité, à l’émergence de plusieurs pays au niveau économique et politique, les touristes viennent du monde entier. Les sites de patrimoine bâti comme les sites naturels non pas été épargnés par cette surfréquentation. Plusieurs problèmes peuvent découlés de ces pratiques comme la dégradation prématurée des monuments due aux piétinements, le vandalisme, la perte de qualité des visites ou encore la standardisation des sites au niveau de l’aménagement. Les gérants de sites de patrimoine bâti sont donc confrontés à deux enjeux : - accueillir un public large ; en effet, les acteurs touristiques considèrent qu’un site doit pouvoir accueillir tous les publics. - et sauvegarder le caractère et la valeur patrimoniale de ce site. Cependant, ce dernier élément tend à disparaître lorsque la fréquentation est plus forte de ce que peut supporter physiquement le site et si les aménagements choisis ne sont pas cohérents. Au fil des années, la nécessité d’une meilleure gestion des flux touristiques est donc devenue évident. Ce constat, nous amène à nous poser la problématique suivante : Face à l’affluence des touristes dans les sites de patrimoine bâti à forte notoriété, quels outils de gestion des flux touristiques les acteurs locaux mettent-ils en placent? Dans une seconde partie, nous étudierons deux pistes de réflexion pour tenter de répondre à ce questionnement. 43 PARTIE 2 : GERER DE FAÇON DURABLE LA SATURATION TOURISTIQUE AU SEIN DES SITES DE PATRIMOINE BATI : EVIDENCE OU MANQUE ? 44 INTRODUCTION DE LA PARTIE 2 La première partie de ce travail a permis de rassembler et de comprendre les notions nécessaires pour aborder une phase analytique de notre sujet : la gestion de la fréquentation touristique des sites de patrimoine architectural à forte notoriété. La seconde partie de ce mémoire sera composée de deux chapitres qui correspondent aux hypothèses avancées. Ainsi, nous étudierons tout d’abord les outils de gestion des flux touristiques en considérant que la saturation des sites de patrimoine bâti peut être destructrice pour ces derniers. Nous intègrerons alors ces éléments au sein de la notion de développement durable pour démontrer la nécessité de rendre pérenne l’activité touristique tout en respectant les édifices architecturaux. La seconde hypothèse aura pour but de vérifier que ces outils de gestion de la saturation touristique sont utilisés par les gérants des sites. Dans le cas où ces dispositifs ne resteraient que théorique sans aucune opérationnalité nous essaierons de comprendre comment les sites peuvent être protégés en aval des dégradations physiques et pour éviter la baisse de qualité des visites. Par la suite, une conclusion à cette partie 2 introduira une dernière partie qui appliquera ces éléments évoqués à une étude de cas. 45 Chapitre 1 : Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour les sites de patrimoine architectural 1. La capacité de charge : témoin des prémices d’un nouveau mode de penser Comme le souligne Valéry Patin, « le tourisme est aussi un facteur de risque évident pour les sites et pour leurs abords. » (2012, p.115). Cette réflexion a été commune à beaucoup de spécialistes qui ont voulu pointer du doigt cette fréquentation excessive qui a eu tendance à dégrader le patrimoine naturel et culturel. Mais ce n’est pas les seules conséquences de la surfréquentation, le territoire peut-être marqué par les équipements en dehors du site (parking, route, point d’accueil) et les visites des sites sont souvent de moins bonne qualité. Nous comprenons ainsi que cette tendance met à mal le développement local. 1.1. L’approche historique du développement touristique Augmentation du temps libre, amélioration des moyens de transport au niveau national et international, changement du rapport au travail et envie de rupture du quotidien sont autant de facteurs qui ont permis à l’activité touristique de se développer fortement lors de la seconde moitié du XXème siècle. Le tourisme a été ainsi reconnu aux yeux de tous comme une activité économique à lui seul, et même une des plus importantes au niveau mondiale. Le voyage n’est alors pas toujours synonyme de rencontre ou d’échange mais une consommation de la destination, de l’espace. 46 Figure 6 : Arrivées internationales de touristes de 1950 à 2004 13 Source OMT, 2005 Suite à ce développement important, dans les années 1970, les acteurs du tourisme ont dénoncé les pressions provoquées par l’activité touristique dans un premier temps sur l’environnement et la population locale dans le but premier les préserver mais aussi de ne pas dégrader les atouts naturels et culturels des territoires nécessaires à cette activité. D’autre part dans organisations nongouvernementales ont commencé à apparaître à cette époque comme WWF ou Green Peace qui mettent l’accent sur la protection de la planète. La capacité de charge des sites a alors été mise en avant comme un outil permettant d’établir des limites au phénomène touristique. Nous allons ici exposer trois types principaux de pressions que le tourisme de masse exerce : a) Au niveau de l’environnement, la fréquentation touristique réduit les ressources naturelles, dégradent certains relief et pollue les territoires (gaz, déchets). 13 CETRI. Expansion du tourisme international : gagnants et perdants [En ligne]. Disponible sur : <http://www.cetri.be/spip.php?article83> (Consulté le 20-03-2013). 47 b) Les tensions socioculturelles sont aussi au cœur du problème car les interactions entre la population et les touristes peuvent donner lieu à des conflits d’intérêts ou d’usage ; par exemple dans les pays en voie de développement d’Afrique où l’eau est rare pour la population, les touristes eux peuvent l’utiliser en abondance dans les hôtels-club entre-autres. c) La dimension économique est aussi pointée du doigt car les retombées économiques du tourisme ne font pas tout le temps bénéficier les acteurs investit dans le développement territorial ; ce qui remet en cause la volonté du tourisme à développer un territoire. De plus, à partir des années 1970 on peut remarquer que l’offre touristique vieillit. Le tourisme de masse n’est plus une tendance et les touristes recherchent de nouveaux modes de voyage et une diversification des offres en activités de loisirs, d’hébergements, etc. 1.2. La capacité d’un site : une notion du XXème siècle C’est dans ce contexte que le terme capacité de charge, ou capacité d’accueil s’est démocratisé. Cette notion vient des Anglo-Saxons avec le terme « carrying capacity ». Il définit l’équilibre entre la conservation d’un site et son ouverture au public c'est-à-dire « (…) le niveau de fréquentation touristique qu’un site (…) peut supporter sans que ses qualités ne se détériorent, sans que les populations locales soient submergées, sans que la qualité de la visite soit anéantie. » (Patin, 2012, p.33). Cette notion va détenir une place importante au sein du concept du développement tout d’abord territorial puis du développement durable définit par le rapport Bruntland en 1987 comme ceci lors de la 42ème session de l’Organisation des Nations Unies : « Le développement durable est celui qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »14 Cette définition du développement a été le fruit d’une longue réflexion dont les prémices du début des années 1970 avec le rapport 14 RAYSSAC Sébastien. Développement et tourisme durable. Cours de Master 1 TD, ISTHIA, Université Toulouse 2, 2012. 48 Meadows qui pointait du doigt une société productiviste elle-même établit sur les valeurs des 30 glorieuses. Ce premier rapport mettait en évidence l’épuisement des ressources et donc la menace forte qui pèse sur les écosystèmes de notre monde. L’idée de durabilité n’est donc pas jeune mais elle ne prendra forme qu’à la fin des années 1980 sous la définition que l’on connaît aujourd’hui. Cette notion prend en compte trois volets pour un développement territorial équilibré : - l’économie, c'est-à-dire qu’un territoire (ou un site) doit être performant mais aussi compétitif ; - l’environnement car les ressources sont limitées mais il faut qu’elles soient pérennes ; - et la dimension sociale car le progrès humain est aussi une solution à travers la solidarité entre les populations et la recherche d’un intérêt collectif. 49 Figure 7 : Schéma développement durable Economique Equitable Viable DURABLE Social Environnemental Vivable Source : VISSIERES C., 2013 En ce qui concerne le patrimoine bâti, cette réflexion n’est apparue que dans les années 1990 au moment où les gestionnaires de sites prennent conscience de l’impact de la valorisation. On aurait pu espérer une modification des perceptions de la valeur patrimoine, cependant les années 2000 ont été annonciatrices d’une nouvelle forme de gestion. En effet, les acteurs du tourisme préfère analyser les comportements des touristes pour répondre au mieux et le plus rapidement possible à leurs attentes dans l’espoir de provoquer des retombées économiques sur le territoire dans le court terme. Plus tard, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) finira par élaborer une définition de la capacité de 50 charge intégrée dans les stratégies de développement durable, qui prend en compte les sites naturels comme les sites architecturaux : « Il s’agit de déterminer le nombre maximum de visiteurs et la limite acceptable de construction des nouvelles infrastructures d’accueil qu’une zone est en mesure d’absorber avant qu’il ne soit trop gravement porté atteinte à ses valeurs. La capacité d’accueil des touristes inclut aussi la gestion de la satisfaction de ces derniers eu égard au nombre des autres visiteurs du même site. » (OMT, 2004, p.22) Il est à remarquer que l’OMT prend en considération la satisfaction des touristes lors de leur visite, cette notion nous intéressera plus loin dans ce travail. 1.3. Les enjeux de la maîtrise de l’activité touristique Nous avons ainsi compris que la capacité de charge détermine le nombre maximum acceptables de visiteurs sur un site au sein du développement touristique. De nombreuses destinations touristiques ont été victimes de la saturation touristique mais elles ne l’ont identifié que quand les effets sont devenus visibles comme des dégradations de sites qui ont eu pour conséquence une baisse de la demande touristique. La capacité de charge est donc un instrument empirique, en effet l’expérience de chacun doit être partagée pour mieux anticiper les problèmes de la fréquentation touristique. D’une façon générale, trois questions sont à aborder dans la gestion d’un site en ce qui concerne les flux touristiques : a) Combien de personnes le site peut-il accueillir sans le détériorer ni le modifier ? b) De quelle façon les visiteurs peuvent-ils être accueillis tout en répartissant les flux de manière temporelle et spatiale et en réduisant les impacts négatifs ? c) Quel est le nombre de visiteurs à ne pas dépasser sur le un site sans prendre de précautions ? 51 Il est possible de mettre en avant plusieurs éléments pour savoir si la capacité de charge d’un site est dépassée. Tout d’abord, le premier élément et certainement le plus visible est quand des dégradations sont constatées sur le patrimoine naturel ou culturel. Ensuite, si la population locale s’affirme contre le tourisme cela veut dire que le territoire est en proie aux conflits d’intérêts et/ou d’usage. Le patrimoine identitaire auquel la population est très attachée peut être détérioré par l’activité touristique. Les équilibres sociaux sont alors touchés, pour réparer cela les acteurs locaux doivent identifier les éléments patrimoniaux importants pour la population comme des lieux de vie communs et les protéger. Le troisième élément concerne l’accueil d’un site qui est révélateur d’une surfréquentation lorsqu’il baisse en qualité. La satisfaction des visiteurs est alors en diminution ce qui créé une image négative du territoire. La capacité de charge se développe alors dans un contexte de crise locale, à petite échelle comme une commune ou un Pays. Comme le souligne Valéry Patin, ce calcul est un complément à différentes actions que peuvent mettre en œuvre les acteurs du tourisme sur leur territoire comme « la sensibilisation, la protection des pratiques culturelles locales, la participation à la gestion directe des sites, la participation aux activités induites par la fréquentation touristique du patrimoine ». (p.141, 2012). Ceci, permet d’inclure la population locale au sein des projets du territoire et évitera de nombreux conflits sur les territoires possédant un fort potentiel patrimonial. 52 Figure 8 : Schéma explication crise locale Equilibres sociaux touchés Baisse de la qualité de l'accueil Dégradations sur le site Crise Capacité de charge du site dépassée Source : VISSIERES C., 2013 Le patrimoine architectural est une richesse culturelle qui ne peut se renouveler ; aussi même dans une dimension économique sa protection est importante pour que chaque site reste un atout touristique pour leur territoire. Dans la plupart des ouvrages que nous avons utilisé pour acquérir des connaissances sur ce sujet, les auteurs affirment que contrairement aux éléments naturels, la saturation d’un site bâti est atteinte lorsqu’elle est la même que la capacité physique du site à accueillir les visiteurs. Cependant, cela dépend du site en question : pour certains sites architecturaux il est plus profitable d’espacer le nombre de visiteur selon par exemple sa fragilité ou l’intérêt culturel du site. Ici, nous remarquons qu’il faut donc utiliser certains critères propres à chaque site pour évaluer la capacité de charge. 53 2. Calculer la capacité de charge : un outil intégré dans une stratégie de développement territorial Ce sont les gestionnaires des sites qui ont le pouvoir de décider si la capacité de charge est un outil utile, même si la participation des locaux est souvent cohérente. Pour ce calcul il faut dans un premier temps prendre en compte certains critères du site touristique que nous allons détailler dans cette partie. Puis, après ce diagnosticles acteurs locaux seront en mesure d’établir des scénarii grâce au calcul de la capacité de charge. Nous comprenons ainsi que caque capacité est différente car elle dépendra des conclusions des gestionnaires et des mesures qu’ils souhaiteront mettre en place. 2.1. Les critères à intégrer dans ce calcul Le calcul de la capacité de charge doit prendre en compte les caractéristiques du territoire qui sont souvent en relation entre eux, ce qui complique sa mise en place. Les acteurs d’un site doivent s’intéresser à la capacité physique c'est-à-dire le nombre de lits, les modes de transport et les infrastructures ; à la taille de la population sur le territoire concerné ainsi que l’identité culturelle ; aux activités touristiques et de loisirs ; ou encore à la durée des séjours des touristes. De plus, il est préférable que la zone étudiée soit homogène, dans le cas contraire la capacité de charge est difficile a évalué par exemple entre un centre historique est des quartiers approchants. Il paraît évident que ce calcul est facilité quand la zone possède des limites bien définies comme une île. Voici une liste de critères que le gestionnaire de site doit utiliser pour faire son diagnostic : - la capacité physique du site ou du territoire ; - la résistance ou la fragilité du site ; - la perception des visiteurs : grâce à des enquêtes il faut évaluer l’image et les attentes qu’a le visiteur du site et la réalité de ce dernier, puis l’expérience de visite des touristes ; 54 - la capacité physique des aménagements d’accueil et d’information ; - enfin, la capacité d’acceptation du tourisme des populations locales à travers les usages touristiques ou non du site. 2.2. Les différentes capacités à prendre en compte dans sa stratégie de développement touristique Pour gérer les flux touristiques, la capacité de charge doit être mise en place et ne pas être simplement théorique. Pour cela, il faut tout d’abord choisir quel type de capacité le gestionnaire du site souhaite évaluer. Il en existe trois qui sont plus ou moins cohérente selon la fréquentation du site, bien que les trois puissent être utilisées simultanément pour une vision globale du développement suivant les trois dimensions que nous avons vu en amont : celle sociale, environnementale et économique. La capacité annuelle d’un site concerne principalement la vitesse de dégradation de ce dernier, il faut donc établir une évolution suivant des indicateurs sur le long terme. Vient ensuite la capacité journalière qui elle va concerner les services qui sont nécessaires à la gestion du site chaque jour comme par exemple le nombre d’employés sur site pour l’accueil ou l’entretien du monument. Il faut aussi préciser que la perception des locaux du tourisme sur leur territoire est à prendre en compte. Enfin, il est possible de calculer une capacité instantanée. Pour cela, il faut établir une journée type qui permettra d’évaluer la qualité de la visite et le confort des touristes par jour et aussi d’adapter les services, comme dans la capacité journalière. Une méthode qualitative peut être utilisée bien qu’il soit admis qu’un visiteur représente 2 mètres² dans le site bâti et 1mètre² les journées où il y a des pics de fréquentation sur une courte durée. 55 Figure 9 : Les types de capacité de charge Capacité annuelle Capacité journalière Capacité instantanée • en lien avec la détérioration du site • adapter les services nécessaires aux visiteurs • niveau de tolérance de la population locale • accueil et information : taille des équipements • confort, intérêt et qualité de visite Source : VISSIERES C., 2013 3. Les instruments pour le développement durable d’un site La capacité de charge calculée, le gestionnaire d’un site doit choisir entre les outils qui découlent de ce calcul dans le but d’éviter une saturation touristique tout en développant le tourisme, alors inscrit dans la durabilité. L’opérationnalité de cette stratégie dépend du gestionnaire mais aussi des politiques locales à vouloir contrôler le tourisme. 3.1. La régulation règlementaire - Limite au libre accès : Cette réglementation peut directement agir sur la fermeture d’un site architectural. Elle est utilisée dans des cas d’extrêmes 56 dégradations où lors de restauration. Mais elle concerne aussi une limitation du nombre de visiteur pure et simple. Cette solution, souvent contestée, est pourtant un moyen d’accroître la notoriété du site car pour les visiteurs « la frustration est source de valorisation ».15 - Régulation de l’accès à des activités ou des zones spécifiques : Certaines parties d’un bâtiment peuvent être fermées au public comme un clocher fragile d’une église par exemple, pour éviter les piétinements ou autres effets néfastes de la saturation du site. - Aménager pour concentrer ou disperser les flux : Il s’agit par exemple de séparer la circulation automobile de la circulation piétonnière ; d’éloigner les stationnements du site ou du centre historique ou de créer des parkings souterrains ; de mettre en valeur les transports en commun ou encore de créer des « arrêts sur le pouce » pour les groupes de touristes. Cependant, cette technique est difficile à mettre en place et parfois onéreuse. - Fixer les prix : Le gestionnaire d’un site peut choisir d’établir un prix dans la moyenne haute pour y entrer. Bien que ce système soit le moins apprécié il permet de réguler la fréquentation sur le court terme en empêchant l’accès au bâtiment aux personnes les moins aisées. Cependant, la législation européenne interdit la mise en place de tarifs préférentiels comme par exemple la gratuité pour les résidents de la commune du site et une entrée plein tarif pour les touristes ou excursionnistes. 3.2. Des outils organisationnels possibles en amont de l’arrivée des touristes - « L’évaluation prospective de fréquentation » (PATIN, 2012, p.118) : Grâce à des sondages sur différents publics un site peut estimer sa fréquentation durant l’année ou lors des pics de fréquentation instantanée pour anticiper le phénomène et mettre en œuvre la stratégie adaptée. Cela peut être une tarification horaire 15 TORRENTE Pierre. Gestion de projet de développement touristique. Cours de Master 1 TD, ISTHIA, Université Toulouse 2, 2013. 57 différente sur une même journée, un agrandissement des heures d’ouverture du site, la mise en place d’itinéraires « Bis » ou pour finir une limite du nombre d’entrées au site. - Gérer l’information : C'est-à-dire la pratique du non-marketing ou encore le fait de diminuer ou supprimer les actions de communication, pour rendre moins attractif un site. Cette méthode est peu utilisée en France mais à Venise par exemple, les politiques locales renseignent constamment les internautes sur les heures de pointes, les encombrements et les facilités d’accès grâce à leur site internet, ce qui permet d’étaler les flux dans le temps. - Les systèmes de réservation : Ces systèmes ont d’abord étaient conçus pour limiter le temps d’attente des visiteurs, car ce dernier est souvent créateur d’agressivité quand il est trop long. Puis, la réservation a été utilisée pour répartir les visites dans le temps et permettre ainsi de meilleures conditions de visite et la préservation du site. 3.3. Sur site : mieux organiser pour mieux gérer - « Rendre l’attente intelligente » (Lindström, 1999, p.1) : Le gestionnaire du site à le choix de faire attendre les visiteurs pour étaler les flux. Cependant, il doit faire attention au mécontentement de ces derniers. Pour cela, on peut informer le touriste sur le temps d’attente, organiser l’attente c'est-à-dire prévoir un espace dédié, mettre à disposition de l’eau. Le Château de Versailles face à haute fréquentation a choisi cet outil et met petit à petit en place une organisation des espaces hors visites. (Annexe B). Ce site ne cherche pas à réduire l’attente mais plutôt à la gérer car les gestionnaires ont compris qu’un temps d’attente montre à tous que le site possède une forte notoriété. - Dévier les flux : Il est possible de multiplier les centres d’intérêts grâce à des circuits ou des évènements localisés parfois au sein de lieux et sites moins connus ou moins fréquentés, ou encore grâce à des visites thématiques, une tendance de plus en plus répandue. On peut aussi modifier la signalétique du site pour orienter les visiteurs. 58 En résumé, Sans le tourisme, l’économie du patrimoine est donc dépendante des financements publics qui d’années en années perdent de leur importance. Au commencement de la mise en tourisme du patrimoine, les monuments étaient respectés tout en générant des ressources touristiques. Mais depuis la naissance d’un tourisme de masse cet équilibre s’est dégradé. Le but principal des sites est aujourd’hui la rentabilité financière sans prendre en compte la qualité des visites ou les éventuelles dégradations des monuments. Cela a donc motivé les sites à développer leur valorisation à travers, par exemple, l’inscription du monument à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO qui possède une forte image mondiale et induit ainsi une grande notoriété des sites classés. Cela favorise de fortes fréquentations touristiques et met en danger le patrimoine en le dénaturant. D’autres sites recherchent l’équilibre entre la mise en tourisme et la protection du patrimoine, c’est le cas de l’Alhambra de Grenade par exemple. Ses gestionnaires choisissent de réduire le nombre de visiteurs et de valoriser des partenariats locaux pour des retombées économiques et sociales plus importantes pour les territoires. Les conditions de protection et de valorisation peuvent donc être améliorées par des plans de gestion de site. En effet, le visiteur n’est pas obligatoirement un danger pour le site architectural mais il doit être gérer en accord avec sa capacité et sa fragilité. Les solutions semblent simples pour contrer la saturation touristique d’un site de patrimoine bâti : il est nécessaire de mieux répartir la fréquentation dans le temps et dans l’espace. 59 Chapitre 2 : Mais des outils de gestion peu exploités, ceci ayant pour conséquence la dégradation des sites et des visites Une trop grande affluence de touristes dans un même site a des conséquences dévastatrices pour le site en lui-même mais aussi pour les visiteurs qui ne peuvent plus profiter autant de l’intérêt culturel du site. 1. Les conséquences de l’ingérence de la fréquentation des sites architecturaux Bien que de nombreux outils pour gérer les flux touristiques existent, ils sont souvent peu utilisés par les gestionnaires des sites culturels. Nous allons ici comprendre que ces choix seront vécus comme un manque lorsque la capacité de charge des sites est dépassée. 1.1. La perte de qualité des visites des sites de patrimoine bâti Une fréquentation excessive des sites architecturaux peut entraver la qualité de la visite d’un site de différentes façons. D’abord, quand il y a trop de personnes au même endroit la visibilité est moindre, on peut donc moins profiter d’une architecture particulière et accéder à des panneaux d’informations sur l’intérêt patrimonial du site devient très difficile. La visite du site n’est alors pas au niveau des attentes du touriste, ce qui lui laisse un effet de frustration, il qualifiera alors ce moment comme insatisfaisant. De plus, la saturation touristique a aussi des conséquences sur le personnel d’accueil. En effet, si les agents d’accueil et d’information sont en sous effectif par rapport à la fréquentation instantanée du site alors il se peut qu’ils deviennent désagréables ou même agressifs dans leur façon de renseigner les touristes. Ces derniers commenceront alors leur visite sur 60 une note négative, les promesses culturelles du site devront alors répondre complètement aux attentes des visiteurs et même les dépasser. Pour appuyer les propos mis en avant ci-dessus, voici des exemples de commentaires d’internautes sur le site Tripadvisor, qui permet aux utilisateurs de faire des remarques sur leurs activités lors de leur voyage (Annexe E): 16 “Trop de monde” Avis écrit le 26 mars 2013 « Splendide bâtiment, impressionnant, mais.... Impossible de visiter la cathédrale tant la file est longue... du moins, si on peut le faire, mais alors on perd un temps précieux! Dommage! » “Vous avez la carte fidélité??” Avis écrit le 28 octobre 2012 « Vatican Market! Voilà le nom de la célèbre cathédrale qui a fait de Victor Hugo un écrivain mythique! Cette cathédrale est réputée pour sa splendeur... petit "hic" vous ne pouvez plus faire un mètre sans tomber sur une machine à distributeur de médailles, mendiants en tout genre, les cierges sont clairement hors de prix (jusqu'a 20€!), comment se recueillir dans ce marché couvert? Manque plus que la carte fidélité je vous dis! » Visité en Juillet 2012 “Pire qu'un pèlerinage” Avis écrit le 3 mai 2012 « C'est très dommage, un si beau site, avec une telle architecture ... Totalement maltraité par ces milliers et milliers de touristes quotidiens. Rien de serin, cela ressemble plus à un Disneyland religieux qu'à autre chose. Tenter de faire la visite 16 Tripadvisor. Cathédrale Notre-dame-de-Paris [En ligne] Disponible <http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g187147-d188679-Reviews-Notre_Dame_CathedralParis_Ile_de_France.html> (Consulté le 15-03-2013). sur : 61 le matin de bonne heure, peut être il y aura moins de monde. Bon courage pour la visite. » Visité en Mai 2012. 1.2. Une dégradation physique des sites évidente Le patrimoine architectural, et le patrimoine en général, souffre d’une perte constante de par son état. Comme chaque bâtiment il s’affaiblit et se dégrade au fil des années à cause d’éléments naturels tels que les mouvements de sols ou les intempéries. En ce qui concerne les bâtiments architecturaux touristiques, le danger est doublé car la saturation touristique d’un site de patrimoine bâti peut provoquer des effets indésirables est souvent irréversibles sur les propriétés physiques du dit site. Il existe diverses formes de dégradations comme des graffitis, des vols (poignée de portes ou autres petits objets), des piétinements, des frottements (contre les tapisseries par exemple) ou encore la fragilisation des vestiges. Tout ceci est provoqué par l’affluence de touristes sur un site mais surtout par la non gérance de ces flux touristiques. Par exemple, les piétinements de centaines de visiteurs dans un même endroit peuvent avoir pour conséquence d’abîmer un parquet d’époque par l’usure ou même de déstabiliser la structure d’un site qui à son origine n’a pas été construit dans le but d’accueillir autant de personnes. Il a été très compliqué de trouver des sources bibliographiques faisant actes de dégradations physiques du patrimoine architectural dont la cause est la surfréquentation touristique de ce site. Néanmoins, la photographie ci-après représentant des touristes visitant la Grande Muraille de Chine, illustre ces propos. Il est tout à fait imaginable que certaines personnes aient eu la volonté de laisser une trace de leur passage en gravant ou dessinant sur ces murs ; ou encore que la pression du passage de ces milliers de touristes fragilise l’ensemble de la structure sur le long terme. 62 Figure 10 : Saturation touristique, exemple de la Grande Muraille de Chine 17 Source : Le quotidien du peuple en ligne, 2012 Pour finir, il est possible de pointer du doigt la standardisation des aménagements au sein des sites qui est aussi une forme de dégradations car cela dénaturalise le monument ou le site en lui-même. En effet, il faut penser à une forme de réversibilité de l’aménagement pour anticiper ses conséquences néfastes. L’agencement d’un site doit être en lien avec l’identité du territoire et être éphémère pour garantir la durabilité du site architectural. 17 Le quotidien du peuple en ligne. Sur les grands sites touristiques chinois, c'était la foule des grands jours… [En ligne] Disponible sur : <http://french.peopledaily.com.cn/Tourisme/7969532.html> (Consulté le 30-03-2013) 63 2. Des dispositifs postérieurs aux dégradations physiques du patrimoine bâti Un des entretiens réalisés dans le cadre de ma recherche exploratoire fait apparaître des défaillances dans la gestion des sites architecturaux, en effet, certains gérants n’ont pas de systèmes d’observation ou de gestion des flux touristiques qui pourraient prévenir des dégradations éventuelles. 18 Nous allons donc maintenant étudier les dispositifs de restauration et de conservation qui sont mis en place en aval de la saturation touristique. 2.1. Préserver et conserver : les maître mots du patrimoine architectural Le patrimoine bâti est très important aux yeux des populations car il témoigne d’un passé commun d’une identité. Ceci explique la volonté des politiques territoriales de le valoriser mais aussi, et c’est ce que nous allons étudier ici, de le préserver. Tout comme pour la valorisation du patrimoine architectural, sa protection s’inscrit principalement au sein des politiques publiques de façon multi-scalaire : - L’échelle mondiale : Ainsi au niveau mondial c’est l’UNESCO qui a un rôle prépondérant comme nous l’avons étudié dans la partie 1 de ce travail. En effet, cet organisme a pour vocation de protéger les sites culturels et naturels. Cette protection passe par une promotion touristique des sites car les retombées économiques sont nécessaires pour mettre en place des dispositifs de conservation. On peut alors comprendre qu’il est impératif pour les gérants de sites classés patrimoine de l’humanité de trouver un équilibre entre le tourisme et la protection pour que le patrimoine ne subisse pas les effets indésirables de cette activité économique. 18 Entretien exploratoire avec M. X, directeur de l’Office de Tourisme*** de Moissac, dans le Tarn et Garonne (82), réalisé le 25 janvier 2013. (Annexe C) 64 - En France : La gestion du patrimoine bâti relève du Ministère de la Culture et de la Communication à travers des politiques de sauvegarde et de mise en valeurs du patrimoine architectural ancien et de ses abords. Il est aussi en charge des Monuments historiques et des établissements publics comme les Monuments Nationaux. Il existe donc aussi un dispositif de classement au niveau français. Le plus important est celui des Monuments historiques qui protège les monuments « dont la conservation présente au point de vue de l’histoire ou de l’art un intérêt public » (Guitton, 2006, p.14). Cette législation a été instaurée le 31 décembre 1913 et fut complétée le 25 février 1943 avec la protection des abords autour des monuments protégés à travers la réglementation de nouvelles constructions d’immeubles adossés au bien en question mais aussi dans un périmètre de 500 mètres autour de celui-ci. Des infractions à ces lois peuvent avoir pour conséquence des sanctions pénales sous forme d’amendes de 1 200 euros à 300 000 euros. Figure 11 : Logo "Monuments Historiques" 19 Source : Ministère de la Culture et de la Communication, 2013 19 Ministère de la Culture et de la Communication. La protection Monument historique [En ligne] Disponible sur : <http://www.culturecommunication.gouv.fr/En-pratique/Protections-labels-et-appellations/La-protectionMonument-historique> (Consulté le 01-04-2013) 65 L’assemblée nationale a créé le Code du patrimoine par la loi du 9 décembre 2004 puis la partie réglementaire a été complétée par le décret ministériel du 24 mai 2011. Ce code rassemble un ensemble de lois qui concernent la protection, la sauvegarde et la valorisation du patrimoine dans son ensemble et donc du patrimoine architectural. - Les services déconcentrés français : Comme nous l’avons déjà étudié au sein de la partie 1 de ce mémoire, le Ministère de la Culture et de la Communication est représenté au sein de chaque région française à travers les Directions Régionales des Affaires Culturelles (Drac). En ce qui concerne la protection du patrimoine architectural cet organisme a un rôle dans la création des Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP). Les ZPPAUP ont été créées à partir des lois de décentralisation en 1983, la dimension paysagère a été ajoutée avec la loi du 8 janvier 1993. Les règles en lien avec ces zones sont présentes au sein du Code du patrimoine. Selon ce dernier les ZPPAUP peuvent être mises en place « autour des Monuments historiques et dans des quartiers, sites et espaces à protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d’ordre esthétique, historique ou culturel. » (Audrerie, 2009, p.20). Pour finir, la législation française aide les propriétaires d’immeubles anciens à protéger, de façon décentralisée, leur bien avec la loi Malraux votée le 4 août 196220 qui a pour but d’aider à la restauration de ces bâtiments architecturaux avec une défiscalisation des travaux entrepris. Cette loi est évolutive, en 2013 de nouvelles modifications ont été apportées :21 une réduction d’impôts à hauteur de 30% est attribuable pour les bâtiments anciens situés en Secteur Sauvegardé, pour ceux situés en ZPPAUP la réduction est de 22%. La restauration est donc aussi un dispositif encouragé par les politiques publiques. 20 André Malraux. Loi Malraux du 4 août 1962 [En ligne] Disponible sur : <http://www.malraux.org/index.php/varia/648-loimalraux1.html> (Consulté le 01-04-2013) 21 La loi Malraux. Tout savoir sur la loi Malraux [En ligne] Disponible sur : <http://www.loi-malrauximmobilier.fr/> (Consulté 01-04-2013) 66 2.2. La restauration, souvent nécessaire mais parfois dénaturante Comme le souligne Anne Vourc’h « chaque site est unique » (1999, p.14), la restauration d’un site doit alors dépendre de ces propriétés physiques telles que les matériaux utilisés ou les méthodes de construction. Mais cette restauration de doit pas être dans un but de mise en tourisme mais elle doit plutôt découler d’une volonté locale de sublimer son patrimoine ou de le réhabiliter. Différents dispositifs sont utilisés pour restaurer le patrimoine bâti, cela peut être un nettoyage au laser, des traitements chimiques, du dessalage ou encore de la reconstruction partielle. Certains spécialistes et auteurs dénoncent la restauration car elle peut être mal réalisée et dénaturer l’ensemble architectural. Les ruines sont autant valoriser que les sites restaurés et sont aussi souvent plus parlant pour les visiteurs. On comprend alors qu’une restauration doit être invisible à nos yeux, c'est-à-dire que le bâtiment ne doit pas subir de changements profonds. Figure 12: Restauration de la Cathédrale d'Albi 22 Source : Ministère le la Culture et de la Communication, 2012 22 Ministère de la Culture et de la Communication. Nouvelle campagne de restauration à la cathédrale SainteCécile d'Albi [En ligne] Disponible sur : <http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Actualites/Nouvelle-campagne-de-restauration-a-lacathedrale-Sainte-Cecile-d-Albi> (Consulté le 30-03-2013). 67 Voici un exemple de restauration, il s’agit de la cathédrale Sainte Cécile d’Albi dont la restauration a commencé le 5 novembre 2012. Ces travaux ont été nécessaires car des fragments de pierre du couronnement de la cathédrale se sont détachés et sont tombés sur la voir publique. Bien que ce ne soit pas établi, des suppositions sont faites par certains spécialistes : ces chutes de pierre ont pu être provoquées par les piétinements des nombreux visiteurs du site lorsqu’ils atteignent la partie haute de la cathédrale, s’ajoute à cela les intempéries et autres formes de dégradations dues à l’usure normale de ce site datant du Moyen-âge. 68 SYNTHESE DE LA PARTIE 2 La partie 2 de ce travail de recherche correspond à une analyse dont le but est de vérifier les deux hypothèses énoncées. La première met en avant les dispositifs existants pour la gestion de la surfréquentation touristique des sites de patrimoine bâti. Ces outils existent bel et bien sous différentes formes que nous avons détaillées au sein du chapitre 1. D’après cette étude, il est possible d’affirmer que les gestionnaires ont des instruments à leur disposition pour bien gérer leurs sites. Mais ces outils de doivent pas rester théorique, il faut les mettre en place pour assurer la pérennité du patrimoine architectural. La seconde hypothèse relève le fait que les gestionnaires des sites n’exploitent encore que très peu ces dispositifs car même s’il recherche une augmentation de la fréquentation pour multiplier les retombées économiques, ils n’anticipent souvent ni les effets que cette dernière peut avoir sur le site architectural, ni ceux liés à la satisfaction des touristes lors de leur visite. Cette partie nous a permis de confirmer qu’il existe différentes dégradations relatives au patrimoine architectural qui sont dues à la saturation touristique ; ainsi que les solutions mises en place après le constat d’une déperdition d’intérêt patrimonial. La partie 3 de ce mémoire focalisera sur l’expérience d’un site de patrimoine bâti à forte notoriété : le Château de Versailles. Après une présentation du site en lui-même qui aura pour but de démontrer son attractivité, nous analyserons les outils de gestion des flux touristiques présents sur ce site ainsi que leurs limites. Puis un dernier chapitre proposera deux méthodologies pour l’amélioration de ces dispositifs. 69 PARTIE 3 Le cas du Château de Versailles 70 INTRODUCTION DE LA PARTIE 3 Le terrain d’étude a été choisi en fonction de ses propriétés pour qu’il puisse s’intégrer totalement à la problématique de ce mémoire. En effet, le château de Versailles appartient au patrimoine architectural de France, sa notoriété le précède ce qui explique sa forte fréquentation. C’est ainsi qu’il est possible de se demander quels outils de gestion des flux touristiques les gérants de ce site mettent-ils en place ? Le premier chapitre présente l’histoire très riche du château de Versailles, son volet culturel et les modes de valorisation initiés à travers des labels et une communication spécifique effectuée autour de ce site, ce qui nous permettra ainsi de mieux comprendre sa forte attractivité mondiale. Grâce à ce cadrage, nous pourront étudier les outils de gestion des flux touristiques utilisés au sein de ce site, nous verrons alors qu’ils peuvent être insuffisants face à la saturation touristique que subit le château de Versailles, notamment grâce à des commentaires de visiteurs. Le troisième chapitre propose une réflexion méthodologique en vue d’élaborer des outils visant à l’améliorer des dispositifs de gestion des flux touristiques existants. Deux axes de rélexion seront alors proposés : - la perception des touristes sur leur visite grâce à un questionnaire d’impacts ; - le croisement d’initiatives relatives à la gestion des flux touristiques à travers un focus groupe. 71 Chapitre 1 : Le Château de Versailles, un joyau culturel pour la France Comme nous l’avons vu précédemment, la France possède une image culturelle forte grâce à des évènements reconnus mondialement et grâce à des sites architecturaux importants tels que la Tour Eiffel, le Mont-Saint-Michel ou encore le Château de Versailles. Ce chapitre a pour but de révéler les raisons de la notoriété accordée au site concerné dans cette étude. 1. Un site architectural prestigieux C’est Louis XIII qui débuta la construction de ce château qui à l’origine était un pavillon de chasse. Puis, Louis XIV le fit modifier par l’architecte La Vau qui agrandit le bâtiment en créant les Grands appartements. En 1682, la Cour s’installe à Versailles, toujours en chantier, le Roi-Soleil fait alors de ce lieu le point central de la France. Le château devient peu à peu prestigieux grâce aux architectes mais aussi à Le Nôtre qui dessina les jardins et Le Brun qui réalisa les décors et les peintures. Des fontaines furent construites dans le parc, enrichit de statue. Pour ces travaux, des artisans de tout l’Europe sont appelés et les cultures s’y mélangent. Ce domaine représente un hommage au roi Louis XIV à travers des métaphores mythologiques et des allégories telles que la Paix et l’Abondance. Le Château de Versailles est alors la demeure de la monarchie triomphante. Tout ceci prit fin avec la Révolution française en 1789, les nobles quittèrent les lieux et Versailles eu successivement des usages différents. En effet, au-delà de cette époque majestueuse d’autres événements importants de notre histoire ont eu lieu à Versailles. En 1871, le chancelier Bismark proclame la naissance de l’Empire allemand au sein même de la Galerie des Glaces. Plus tard, le 28 juin 1919 le traité proclamant la fin de la Première Guerre Mondiale y ut signé. La Château de Versailles et son parc devinrent un établissement public sous la direction du 72 ministère de la Culture en 1995, ce qui permit d’instaurer des dispositifs de conservation et de valorisation. Le domaine reste une opportunité de balade et un lieu de mémoire.23 Figure 13 : Montage photos du Château de Versailles 24 Source : Château de Versailles, Date NC 2. Une valorisation multi-scalaire La plupart des sites dont l’intérêt culturel est aussi fort que celui du Château de Versailles, une promotion touristique est mise en place. La communication est alors utilisée à différentes échelles territoriales dans le but de créer l’envie de venir découvrir le site. 23 Château de Versailles. La construction du Château de Versailles [En ligne] Disponible sur : <http://www.chateauversailles.fr/resources/pdf/fr/public-spe/brochure_construction_chateau.pdf> (Consulté le 01-01-2013) 24 Château de Versailles. Découvrir le domaine [En ligne] Disponible sur : <http://www.chateauversailles.fr/decouvrir-domaine> (Consulté le 01-01-2013). 73 2.1. Un site de notoriété mondiale Tout d’abord, le Château de Versailles est inscrit au patrimoine de l'humanité (UNESCO) depuis 1975. Cela lui confère une visibilité mondiale et gage de sa qualité et de son intérêt patrimonial à l'international. Ce site architectural doit donc répondre à plusieurs critères établis, en revanche les gérants ne s’associent pas avec cet organisme mondial au sein de projets communs. Une zone de cinq kilomètres autour du site est protégée par ce label, par une servitude de vue. Le but vise à protéger l'environnement du site pour qu’il ne soit pas modifié par des constructions par exemple. Ces critères sont rigoureusement appliqués car si le Château de Versailles est déclassé par l'UNESCO cela aura un impact sur son image et donc sa fréquentation. De plus, ce site n’a pas voulu obtenir d’autres labellisations comme le label Tourisme et Handicap, même si un processus d’accessibilité a été entrepris et sera achevé en 2015. (Annexe B). Figure 14 : « La mode, de la Restauration à la fin du Second Empire », exposition accessible aux personnes en situation de handicap 25 Source : Château de Versailles, 2013 25 Château de Versailles. Venir en individuel [En ligne] Disponible sur : <http://www.chateauversailles.fr/preparer-ma-visite/handicap/venir-en-individuel> (Consulté le 01-01-2013) 74 2.2. La communication du site sous différentes formes Les outils de communication sont très utilisés dans la promotion de ce site à travers par exemple : - la communication pour les particuliers avec des brochures et les newsletters entre autres ; - à l’étranger (Japon) grâce à des relais de communication comme la presse et les émissions de télévisions et de radio ou les magazines avec l’actualité du site ; - les tournages de films, de publicités (Christian Dior) et ceux pour la télévision qui sont un des leviers les plus forts ; - les institutionnels du tourisme, comme Atout France qui aide à réaliser des campagnes. La communication est ciblée en fonction des pays ou des territoires mais aussi suivant la cible : les professionnels du tourisme reçoivent une lettre d’information très régulièrement. (Annexe B). Figure 15 : Logo de communication du Château de Versailles 26 Source : Château de Versailles, date NC 26 Château de Versailles. Découvrir le domaine [En <http://www.chateauversailles.fr/decouvrir-domaine> (Consulté le 01-01-2013) ligne] Disponible sur 75 La communication au Château de Versailles est très dense, elle veut aussi donner l’image d’un site toujours en mouvement avec des évènementiels forts et fréquents comme l’exposition nommée « 2013, Année Le Nôtre » qui es un hommage au paysagiste Le Nôtre, qui réalisa les jardins du parc du château. Figure 16 : Exposition Le Nôtre 27 Source : Château de Versailles, date NC 3. D’une forte notoriété à une fréquentation croissante L’histoire forte du château et sa mise en valeur explique son attractivité et donc sa fréquentation en évolution constante. En 2011, ce site a accueilli 6,75 millions de visiteurs au sein du Château même, du Grand et Petit Trianon ainsi qu’aux spectacles (1,4 millions de spectateurs). Ce chiffre représente une augmentation de 12 % par rapport à la fréquentation de 2010. 28 27 Château de Versailles. Année Le Nôtre [En ligne] Disponible sur : <http://www.chateauversailles.fr/lesactualites-du-domaine/evenements/evenements/autres-evenements/annee-le-notre> (Consulté le 01-01-2013) 28 Rapport annuel d’activités. Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles. 2012, 51p. 76 Si l’on tient compte de ces chiffres, ainsi que des marchés touristiques émergents comme la Chine ou le Brésil, il est possible de prévoir la fréquentation touristique de ce site dans les années à venir. Ces statistiques sont évidemment à nuancer car la fréquentation d’un site dépend de beaucoup de critères aussi bien endogènes qu’exogènes. Figure 17 : Statistiques concernant l'évolution de la fréquentation touristique au sein du Château de Versailles + 12% •2010 • 5,95 millions + 12 % •2011 •6,75 millions •2012 •7,56 millions + 12 % + 12% •2013 •8,46 millions •2014 •9,48 millions ... Source : VISSIERES C., 2013 Les gérants du Château de Versailles ne considèrent pas que le site soit en saturation touristique car la capacité de charge, qui a été calculée pour des raisons sécuritaires uniquement (6 000 personnes à l’intérieur du château), n’a jamais été dépassé en instantané. (Annexe B). Considérant ces chiffres, on comprend qu’alors le site sera certainement dans l’obligation de faire face à des problèmes de gestion des flux touristiques d’ici peu de temps. 77 Les chiffres de la fréquentation sur le site internet et sur les réseaux sociaux appuient eux aussi cette tendance. En effet, 26 000 personnes ont aimé la page Facebook du domaine de Versailles, 5 000 personnes sont abonnées sur Twitter et le site internet du Château de Versailles à comptabiliser 7,7 millions de visiteurs en 2011.27 En résumé, Le Château de Versailles est un site de renommée internationale ce qui inclut une forte attractivité. La fréquentation de ce site concerne des touristes de tous horizons sociaux mais aussi du monde entier. Les chiffres des arrivées de touristes au sein de ce site sont impressionnants par leur volume et laissent envisager une augmentation d’années en années. Mais, à quel moment les gestionnaires vont-t-ils considérer que cette surfréquentation peut devenir un problème pour les visites des touristes mais aussi pour la protection physique de ce site ? 78 Chapitre 2 : La faiblesse de ce site : la saturation touristique Le chapitre 1 de cette partie a permis de comprendre que le Château de Versailles est un site très fréquenté. Même s’il n’est pas question de saturation touristique d’après les gérants, ils ont tout de même mis en place certains dispositifs pour tenter d’orienter les flux touristiques dans le temps et dans l’espace. 1. Une volonté de gérer les flux touristiques… Nous verrons dans un premier temps que le site étudie certaines formes de gestion des flux à l’intérieur du domaine de Versailles pour en démontrer les limites par la suite. 1.1. La réduction du sentiment d’attente Les gestionnaires du Château de Versailles ont pris conscience que le temps d’attente sur site est très important et peut créer une certaine insatisfaction auprès des visiteurs. Leur but n’est pas de réduire cette attente car ils n’ont pas d’intérêt à mettre en œuvre des dispositifs de réduction d’attente. En effet, l’attente permet une régulation naturelle des flux touristiques. Ce sont les aspects psychologiques de l’attente qui sont étudiés ici. L’objectif est de réduire le sentiment d’attente auprès des visiteurs en mettant de l’eau à disposition par exemple, en informant les visiteurs sur l’organisation des visites au sein du domaine ou encore le personnel en profite pour administrer les questionnaires de satisfaction lors des périodes de grande affluence. Cependant, la mise en place est difficile lorsqu’il y a des pics de fréquentation et l’insatisfaction des visiteurs peut vite se ressentir. (Annexe B). 79 Figure 18 : File d'attente devant le Château de Versailles 29 Source : Flirck de Yahoo, 2012 1.2. La pluralité des circuits de visites Différents circuits ont été organisés au sein du château. Il existe ainsi : - le circuit principal des Grands Appartements comprenant la galerie des Glaces ; - le circuit des appartements du Dauphin ; - le circuit des appartements Mesdames ; - des salles d’exposition. Le visiteur a donc le choix entre un circuit long, deux circuits plus courts et la découverte des expositions, comme celle réalisée cette année concernant le paysagiste Le Nôtre. Ces circuits et expositions ont été mis en place pour disperser 29 Flirck de Yahoo. File d’attente monstre à Versailles [En ligne] <http://www.flickr.com/photos/49952823@N07/7775229926/> (Consulté 01-01-2013) Disponible sur : 80 les touristes dans les nombreuses salles de ce site. Des plans sont à disposition des visiteurs pour se guider dans cet immense bâtiment, le domaine en édite 4 millions par an. De plus, un audio-guide est disponible gratuitement à l’entrée du site et pour 1 euros de plus il est possible de suivre une visite guidée avec un guideconférencier. Ces visites démarrent à heure fixe et permettent d’accéder à des salles fermées aux individuels et ainsi d’éviter la foule. Figure 19 : Plan interactif du site 30 Source : Château de Versailles, Date NC 30 Château de Versailles. Plan intéractif [En ligne] Disponible <http://www.chateauversailles.fr/templates/versailles/map/MapMain.php> (Consulté le 01-01-2013) sur : 81 1.3. Des conseils pour mieux vivre sa visite Le problème majeur dans la gestion des flux au sein du domaine du Château de Versailles est que les touristes vont tous au même endroit au même moment. Les agents d’accueil renseignent les visiteurs et leurs indiquent quoi visiter en premier suivant leur heure d’arrivée. Par exemple, entre 10 h et 15 h le château et donc les circuits des différents appartements sont très fréquentés. Il est alors conseillé aux touristes de se promener dans les 815 hectares du parc du château ou d’aller visiter le Petit et le Grand Trianon où alors d’arriver au site dès l’ouverture à 9 h. Les recommandations peuvent être aussi réalisées en amont de la visite par e-mail. Mais surtout le site internet du Château de Versailles propose un onglet « FAQ et conseils de visite » où le futur visiteur peut se renseigner pour organiser au mieux sa visite. (Annexe B). Voici un exemple d’informations qu’il est possible de trouver sur le site internet du Château de Versailles. Ces graphiques représentent la fréquentation touristique du site suivant les périodes de l’année, les jours et les heures. C’est un bon outil pour les touristes. Il est à noter que la zone rouge représente une fréquentation « importante », la jaune est dite « soutenue » et la verte « moyenne ». Il est possible de remarquer que la basse fréquentation n’apparaît pas on peut donc en déduire que le Château de Versailles a une fréquentation journalière élevée. De plus, la zone rouge est simplement qualifiée par une fréquentation « importante », la saturation du site n’est jamais nommée mais elle peut s’insinuer à travers les différents éléments que nous avons évoqués ici. 82 Figure 20 : Conseil pour préparer sa visite en amont 31 Source : Château de Versailles, Date NC 31 Château de Versailles. FAQ et conseils de visite [En ligne] Disponible sur : <http://www.chateauversailles.fr/preparer-ma-visite/toutes-les-informations/faq> (Consulté 01-01-2013) 83 2. … Mais l’opérationnalité de cette gestion reste insuffisante Les gérants du Château de Versailles ne considérant pas que le site soit saturé, les outils mis en place pour gérer les flux au sein du domaine paraissent faibles par rapport aux conséquences néfastes que nous allons décrire ici. 2.1. La qualité des visites ne fait pas l’unanimité Si l’on écoute le bouche-à-oreille le Château de Versailles est d’une rare beauté, c’est un site majeur à voir absolument. Mais les commentaires se dégradent lorsque la visite en elle-même est abordée. Le temps d’attente est le premier élément qui frustre le visiteur mais nous avons que le personnel du château met en place une stratégie pour réduire l’impact de l’attente sur l’humeur des personnes. Ensuite, c’est la foule à l’intérieur des salles du château qui est pointée du doigt. Trop de personnes dans un même lieu rendent la visite compliquée et de surcroît désagréable. Sur la base d’une expérience personnelle, les gens se bousculent pour atteindre les différents appartements, ils deviennent irritants et intolérables envers les autres visiteurs au fur et à mesure de la visite. Nous comprenons alors que la gestion des flux n’est pas réalisée au sein du château. Cela a une grosse répercussion sur le souvenir que laisse ce moment aux touristes et ainsi à l’image même de ce site à la renommée mondiale. Voici des commentaires extraits du site internet Tripadvisor où les internautes laissent des commentaires sur leur visite. Les commentaires dans leur intégralité sont en annexe F. « A l’intérieur, c’est une foule hystérique (…) ». « L’agression est totale, le seul répit possible est à la sortie. » « (…) sans faire la moindre gestion de la circulation à l’intérieur. » 84 2.2. Des dégradations non évaluées D’après l’entretien exploratoire réalisé avec le responsable des publics du domaine du château de Versailles la surfréquentation de ce site ne représente pas une menace au niveau architectural et physique. Les dégradations seraient dues à des actes isolés de vandalisme comme les graffitis ou les vols. Ces dégradations ne sont donc pas quantifiées par les gérants de site et ainsi, il est difficile d’en connaître la raison. Cependant, il est possible d’admettre qu’une forte fréquentation facilite ce genre de pratiques car elles sont plus difficilement identifiables lorsque les lieux sont « noirs de monde ». De plus, lors de la visite des Grands Appartements (circuit principal), des plaques de plexiglass sont remarquables sur les bords de chaque porte, les protégeant. La raison de ce changement esthétique du site peut être la protection des boiseries et des dorures qui ornent ces grandes portes car les frottements des visiteurs qui se pressent d’une salle à l’autre, ont pu commencer à les détériorer. Ces éléments ne sont que des hypothèses car les responsables de sites à forte notoriété ont du mal à admettre que les dégradations peuvent résulter d’une trop grande affluence, de façon générale. En résumé, Les termes « saturation touristique » ou « surfréquentation » ne sont pas utilisés pour parler de l’affluence touristique bien existante au sein du domaine de Versailles. Pourtant quelques dispositifs sont mis en place pour la satisfaction des visiteurs lors de leur journée à Versailles. Cependant ceux-ci restent insuffisants face à l’ampleur du problème, la plupart des touristes ont des remarques à faire sur l’organisation du site et la gestion des flux. Plusieurs habitués de ce lieu, se posent même des questions sur le devenir du site face aux dégradations physiques qu’ils remarquent lors de leurs visites successives. 85 Chapitre 3 : Une amélioration possible des dispositifs mis en place Grâce aux éléments décrits en amont, il est possible de démontrer que les dispositifs mis en place pour gérer les flux touristiques au domaine de Château de Versailles sont insuffisants pour créer un équilibre entre la protection du site et son développement touristique. Au regard des lectures exploratoires et de mon expérience professionnelle il est possible de procéder à une amélioration de ces outils. Dans ce chapitre nous allons donc exposer deux types d’outils utilisables au sein de l’organisation des sites architecturaux à forte notoriété. 1. Comprendre la perception des touristes lors de leur visite sur des sites touristiques de patrimoine architectural saturés32 Il est important de prendre en considération le niveau de satisfaction des visiteurs. Pour démontrer que la saturation touristique d’un site peut avoir des conséquences sur les perceptions des touristes lors de leur visite, il est possible de créer un « questionnaire d’impact de la fréquentation touristique sur le déroulement de la visite ». Nous allons ici exposer son utilité et sa mise en œuvre. 1.1. L’intérêt d’un questionnaire d’impacts Les impacts sont les effets positifs ou négatifs d’une situation. Ici, la situation qui nous intéresse est la saturation touristique d’un site de patrimoine bâti à forte notoriété. Par ce questionnaire nous allons donc rechercher à dévoiler les impacts de la surfréquentation sur les visites individuelles et groupées ; ainsi que la perception des visiteurs sur la gestion des flux touristiques du site en question. Cette méthodologie quantitative va permettre l’évaluation de l’état des visites dans un site à forte notoriété. Les résultats mettront en avant des éléments 32 ACP Culture. Questionnaire d’impacts, <www.acpcultures.eu> (Consulté le 02-04-2013) bote de méthodologie [En ligne] Disponible sur : 86 précis pour que les gérants puissent prendre des mesures ciblées, opérationnelles et efficaces dans leur gestion des flux touristiques. 1.2. La construction du questionnaire Différentes thématiques devront être abordées pour comprendre la situation dans son ensemble et permettre ainsi la mise en place d’un dispositif complet. Voici les thèmes qui devront être abordés (cette liste est modifiable selon les spécificités de chaque sites) : - le profil de la personne interrogée ; - les motivations pour venir visiter ce site ; - l’accès à l’information ; - la déambulation agréable ou non au sein du site ; - le comportement des autres usagers ; - les formes de dégradations physiques visibles. Mis à part les questions qui décrivent le visiteur en lui-même, les questions devront commencer par cette formule : « Dans quelle mesure (…) ? » ; ce qui permettra l’attribution d’une note de 0 à 10 à chaque thème par la personne interrogée. Nous recherchons ici les effets négatifs de la surfréquentation sur les visites. La note 10 correspondra donc à une absence d’impacts négatifs et la note 0 à un impact négatif très important. Chaque note attribuée sera justifiée par un argument au minimum, sous forme manuscrite. 1.3. L’analyse des données collectées Les questionnaires devront être remplis lors d’une période déterminée à l’avance. Lorsque cette période prend in il faut retranscrire et analyser l’information collectée. Dans un premier temps, les notes attribuées par les visiteurs seront organisées dans une liste croissante qui permettra l’établissement d’une médiane. Cette dernière permet de couper l’ensemble des valeurs en deux parties égales, ce qui dévoilera le niveau d’impacts négatifs de la saturation touristique lors d’une visite selon la perception des touristes eux-mêmes. Les 87 justifications avancées par les visiteurs pour chaque note seront utilisées pour réfléchir à une amélioration de la gestion des flux touristiques s’ils sont cohérents. 2. Croiser les initiatives pour comprendre les dispositifs de gestion des flux touristiques33 La gestion des flux touristiques est un procédé complexe à mettre en œuvre. Le focus groupe va mettre en avant des initiatives dans ce domaine, menées par plusieurs gérants de sites architecturaux. Ces expériences partagées vont permettre une compréhension globale de ce dispositif. Dans un second temps, des éléments transférables sur le site du Château de Versailles seront révélés. 2.1. L’intérêt d’un focus groupe Le focus groupe est un entretien entre différents acteurs qui se réunissent pour entreprendre une réflexion commune autour d’un thème. Le but est de partager, de confronter ou encore d’identifier des opinions et des expériences, c’est donc une méthodologie qualitative. C’est un moyen le plus souvent rapide et efficace de problématiser un thème pour trouver des réponses adéquates et cohérentes. De plus, la pluralité des participants est intéressante car elle donne lieu à des points de vue très différents qui sont chacun justifiés par l’intervenant concerné. Pour cette étude, le thème serait donc l’observation et la gestion des flux touristiques. Il serait intéressant de faire participer des gestionnaires de sites architecturaux français comme le Mont-Saint-Michel ou la cité de Carcassonne qui sont face aux mêmes problématiques. Considérant la notoriété mondiale du domaine de Versailles, il pourrait aussi être avantageux d’échanger sur les initiatives d’autres sites à forte notoriété au niveau international. Même si la même stratégie touristique ne peut pas automatiquement s’appliquer sur deux territoires 33 Commission européenne - Représentation en France. Focus groupe [En ligne] Disponible sur : <http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/examples/too_fcg_res_fr.pdf> (Consulté le 03-042013) 88 différents, il est possible que l’échange d’expérience soit riche et permette une avancée dans la réflexion. 2.2. La mise en œuvre du focus groupe Pour mener à bien ce focus groupe, il faut désigner ou employer un animateur qui sera neutre lors de cet entretien. Il devra avoir les compétences nécessaires, c'est-à-dire : - dominer les thématiques abordées et leurs enjeux ; - maîtriser les techniques de gestion de groupe ; - parler dans une langue compréhensible par les participants. Pendant la réunion, chaque intervenant va d’abord exposer son opinion qu’il mettra en débat par la suite. Les éléments mis en lumière seront ensuite analysés, organisés puis l’information sera restituée à l’ensemble du groupe. Il est possible que l’organisation de plusieurs focus groupe soit nécessaire. En effet, les discussions autour de certaines problématiques peuvent entrainer des débats complexes. C’est le cas avec la saturation des sites touristiques car elle demande une réflexion en lien direct avec le développement durable et ainsi pose le problème d’un équilibre entre les retombées économiques et la protection du patrimoine. 2.3. Les avantages et les limites de ce dispositif Le focus groupe est un outil efficace car les intervenants s’investissent grâce à la dynamique de groupe. Ainsi, cela permet d’approfondir chaque sujet ainsi de les analyser dans leur intégrité pour trouver des réponses cohérentes. Les points de vue étant justifiés par chacun la discussion peut évoluer de façon constructive et donner lieu à de nouvelles interrogations. Cependant, il est possible que des pressions politiques puissent limiter le type d’informations fournies, mais cet élément est exogène à l’organisation du focus groupe, car il est difficilement contrôlable. Pour finir, la distance serait le dernier frein à ce type d’entretien, elle 89 doit donc être prise en compte dans l’éventualité d’entretiens successifs. Dans notre cas, il sera certainement difficile de faire venir des gérants de sites du monde entier mais des européens créeront déjà un enrichissement certain. Par exemple, l’Alhambra de Grenade a mis en place depuis plusieurs années une gestion de ses flux touristiques, le partage de son expérience sera alors fructueux et productif. 90 SYNTHESE DE LA PARTIE 3 La Partie 3 de ce mémoire a permis de mettre en lien les connaissances théoriques sur le sujet de la gestion des flux touristiques avec l’observation et l’analyse d’un cas en particulier. Le Châteaux de Versailles, de part son fonctionnement, est sujet à des troubles dus à sa surfréquentation. Même si le problème de baisse de qualité des visites est identifié, les outils mis en place ne correspondent pas aux attentes des visiteurs. En effet, ces derniers n’ont pas l’impression de profiter de leur moment au château car la foule les gêne dans leur appréciation du lieu. De plus, la dégradation physique du site n’est pas considérée comme pouvant résulter d’une saturation humaine. Des outils ont donc été proposés pour améliorer ces dispositifs de façon qualitative et quantitative. Le focus groupe réunira des acteurs à l’origine d’initiatives concernant la gestion des flux touristiques ; il permettra ainsi d’organiser les compétences acquises et de transférer ces dernières au site du Château de Versailles. Le questionnaire d’impacts, réalisé par le personnel su site visera à collecter les informations utiles à la réflexion de ce sujet. 91 CONCLUSION GENERALE Il est commun d’observer les flux touristiques au sein d’un site architectural car cela permet de comprendre la demande et ainsi de proposer une offre adéquate et qui provoquera la fréquentation du site en question. Ainsi, de nombreuses études sont réalisées sur le comportement des touristes pendant leur voyage ou leur visite, les prescripteurs de l’offre étudient aussi les profils de visiteurs ce qui permet par la suite de cibler une population en particulier. En revanche, il est moins habituel pour un site de gérer ses flux touristiques. Et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’intérêt financier de la mise en tourisme d’un site peut être ralenti avec une gestion des flux quand elle vise à limiter l’entrée au sein du site. Ensuite, ce dispositif est complexe, il doit être réfléchi de façon à s’adapter totalement au site. Pour finir, beaucoup de gestionnaires de sites ne considèrent pas qu’une forte fréquentation touristique, voire une surfréquentation, puisse entraîner des dégradations physiques du site ou encore réduire la qualité des visites proposées. Pour démontrer cette réalité, il a fallu construire une méthodologie autour de grands thèmes. Une fois les notions intégrées, nous avons pu les croiser pour pousser la réflexion vers les problématiques qui nous intéressent ici, c'est-à-dire l’observation et la gestion des flux touristiques dans les sites de patrimoine architectural. Deux hypothèses ont ainsi pu être mises en avant. Tout d’abord, il a été démontré que les outils pour gérer les flux touristiques au sein du patrimoine bâti 92 existent et sont utilisés dans certains sites. La principale notion utilisée fut la capacité de charge qui est un dispositif d’abord théorique, c’est pourquoi nous avons démontré que des procédés peuvent être concrétisés grâce au calcul de cette capacité . La seconde piste de réflexion visait à prouver que ces dispositifs sont encore trop peu utilisés ce qui ne permet pas de créer un équilibre au sein du site. Cela oblige les gestionnaires à entamer des procédures de conservation et même de restauration pour protéger les sites architecturaux des dégradations multiples causées par la saturation touristique. La dernière partie de ce travail a permis d’intégrer les éléments énoncés cidessus à une étude de cas concrète. Nous avons ici choisi le Château de Versailles car il possède toutes les caractéristiques dont nous avons eu besoin pour justifier la création de deux outils méthodologiques visant à améliorer l’observation et la gestion des flux touristiques actuelles de ce site à forte notoriété. Ces dispositifs concernent les volets qualitatif et quantitatif ce qui permet une compréhension globale du problème ainsi qu’une réflexion concrète et construite autour de ce thème. De plus, ce premier travail de recherche m’a donné envie d’approfondir le thème lors de l’année de Master 2. Cette fois-ci le but du travail de recherche pourrait être d’étudier les impacts d’une forte fréquentation sur un site, en amont de cette dernière. Cela permettrait d’anticiper la création de dispositifs de gestion des flux touristiques et ainsi d’installer un développement durable au sein du site grâce à un équilibre entre les retombées économiques, la valorisation du patrimoine et sa conservation. Ce travail pourrait se baser sur des études déjà réalisées concernant les dégradations physiques d’un site pour ne pas refaire les mêmes erreurs mais aussi étudier les différentes opportunités qui s’offrent au site. 93 BIBLIOGRAPHIE Articles - AUDRERIE Dominique. La Protection du patrimoine par les ZZPAUP et le tourisme. Tourisme et droit, juin 2009, n° 110, p.20 à 21. - BRIERE Roger. Les Cadres d’une géographie touristique du Québec. Cahiers de géographie de Québec, 1961, n°11, p 39 à 64. - CHARLES Erwann et THOUEMENT Hervé. Le Label territorial, facteur d’attractivité touristique. Téoros vol. 26, été 2007, n°2, p 33 à 38. - DUVAL Mélanie et GAUCHON Christophe. Analyse critique d'une politique d'aménagement du territoire, les Opérations Grands Sites. Annales de géographie, février 2007, n° 654, p. 147 à 168. - ESCADAFAL Alain. L’Attractivité des destinations touristiques, Quelles stratégies d’organisation territoriale en France?. 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Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement. Foix : Université de Toulouse 2, CETIA, 2009, 159p. - IZABEL Yvette. Les Méthodes d’évaluation de la capacité de charge des destinations touristiques. Diplômé d’Etudes Spécialisées en Gestion de l’Environnement. 2003, 114p. CD-ROM / DVD - La Fréquentation des sites et évènements touristiques. Atout France, Observation touristique, 2009. 96 TABLE DES ANNEXES Annexe A : Guide d’entretien exploratoire Annexe B : Entretien exploratoire avec M. X, responsable du service développement des publics du Château de Versailles. Annexe C : Entretien exploratoire avec M. X, directeur de l’Office de Tourisme*** de Moissac, dans le Tarn et Garonne (82). Annexe D : Observatoire Permanent des Publics du Château de Versailles - Power point réalisé par le responsable des publics du Château de Versailles. Annexe E : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris, Paris (75), Annexe F : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant le Château de Versailles, Yvelines (78) 97 Annexes Annexe A : Guide d’entretien exploratoire Guide d’entretien exploratoire - Enregistrement de l’entretien - Confidentialité de l’entretien 1/ Présentation de l’acteur : • Pour commencer, pouvez-vous présenter? Relance : - Quelles types de formations avez-vous? - Quel est votre parcours professionnel? - Avez-vous toujours travaillé dans le tourisme? 2/ Présentation de la structure d’accueil • Pouvez-vous me présenter votre structure? • Travaillez-vous en partenariat avec d’autres structures ou acteurs? 3/ Le site • Pouvez-vous me présenter le site que vous gérez de façon général? • Quel est le nombre de visiteurs que vous accueillez au sein du site? • Quel type de touristes accueillez-vous ? Relance : - type de tourisme - nationaux, étrangers (chiffres, %) • Utilisez-vous des outils pour connaître le niveau de satisfaction des visiteurs du site ? • Votre site est-il classé ? (label, patrimoine mondial…) 98 Si oui, •Qu’engendre ce type de labellisation pour le site? (valorisation, surfréquentation…) • Quel type de communication faites-vous ? • Avez-vous rencontré certaines difficultés dans la gestion de ce site ? • Le site a-t-il été sujet à des dégradations ? Si oui, • De quel type? D’après vous quelle en est la cause? • Comment gérer vous ces dégradations? Par exemple, le site a-t-il été restauré? Si non, • Pensez-vous qu’une forte fréquentation de touristes dans un site de patrimoine bâti peut être source de dégradations ? 4/ Outil de gestion des flux • Y-a-t-il des pics de fréquentation sur le site ? (saisonnalité) • Existe-t-il un nombre d’entrée limitée au site lors de certainement période de l’année ? • Utilisez-vous des outils pour gérer les flux touristiques ? Relance : - le calcul de la capacité de charge du site, - les tarifs préférentiels, - réservation en ligne, - gestion de l’information… 5/ Perspectives • Comment voyez-vous l’avenir du site? • Quels sont vos objectifs sur le long terme ? 99 Annexe B: Entretien exploratoire avec M. X, responsable développement des publics du Château de Versailles du service 1/ Présentation de l’acteur Je possède une formation en finance mais pas de formations spécialisées dans le domaine culturel. J’ai travaillé plus dans le secteur culturel que touristique dans mes précédentes fonctions : dans un premier temps au centre Pompidou puis au centre de Monuments Nationaux qui regroupent les monuments les plus connus de France. Je suis entré dans le secteur culturel en travaillant sur des problématiques budgétaires puis peu à peu je me suis spécialisé dans le développement de public. 2/ Présentation de la structure d’accueil Il est placé sous la tutelle du ministère de la culture et de la communication et du ministère en charge du budget. A sa tête se trouve Catherine Pégard, présidente de l'établissement public. Le domaine de Versailles est un bien qui appartient à l’état, c’est un établissement public administratif qui une personnalité juridique et morale propre, avec des comptes séparés de ceux de l’état.34 3/ Le site du Château de Versailles • Quel est le nombre de visiteurs que vous accueillez au sein du site? Historiquement enquête ponctuelle en 1999 puis en 2004 2005. Depuis la création du service développement des publics en 2010, observatoire permanent des publics pour mesurer de façon homogène sur l’année les évolutions de provenance, de temps de visite sur site, de l’utilisation des services. 6,75 millions de visiteurs en 2011. • Quel type de touristes accueillez-vous ? Rapport annuel 2012, sous format Power Point réalisé par l’acteur intérrogé. 34 18 « L’établissement public » Consulté le 21 mars 2013. Disponible sur URL : http://www.chateauversailles.fr/letablissement-public/letablissement-public 100 • Utilisez-vous des outils pour connaître le niveau de satisfaction des visiteurs du site ? Oui, même dispositif que celui décrit précédemment, sur la satisfaction tout on long de la visite, fait l’objet de notations pour mettre en place des actions correctrices en terme de qualité. Surtout sujet de confort de visite, des points de repos, de l’affluence dans les salles, les sanitaires, les tarifs qui est un sujet de nécessité pour nous. On travaille sur ces points de façon précise pour les améliorer car ces sur ces points là qu’on a une plus grande marge de progression possible. 101 • Votre site est-il classé ? C’est un bien qui a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1975. C’est un gage de qualité et aussi de reconnaissance international, cela montre que le château est au même niveau que les sites les plus connus mondialement soit architecturaux soit naturels. Donc effectivement cela peut décider des personnes à venir visiter le château. On ne conduit pas d’actions particulières avec l’UNESCO sur ce sujet là mais il faut donc que le domaine réponde à certains critères, par exemple, la zone de 5 kilomètres autour du domaine est protégée et surveillée. Il n’y faut pas de modifications majeures de l’environnement comme des constructions car il existe une servitude de vue au château donc cela peut donner lieu à un déclassement. Et c’est impensable que nous soyons déclassés. Mais nous n’avons pas d’autres labels aujourd’hui, comme par exemple au niveau du département nous aurions pu prétendre au label Tourisme et Handicap mais nous n’avons pas souhaité le faire même si nous avons un processus d’accessibilité en cours qui sera achevé en 2015. • Quel type de communication faites-vous ? C’est un sujet très vaste. Déjà la communication pour les particuliers, à l’étranger ça va être des relais de communication par la presse et émissions de télé radio, magazine avec l’actualité du site. Des tournages de films et pour la télévision qui sont un des leviers les plus forts et aussi les publicités comme celle de Christian Dior. On n’en mesure pas les conséquences mais je pense que cela a un effet non négligeable sur l’image du château. Donc pas de charges financières, au contraire on fait payer les personnes qui veulent tourner chez nous. Après on travaille avec des institutionnels du tourisme, comme Atout France, pour qu’ils nous aident à réaliser des campagnes. Cette année on va faire une campagne de communication au Japon avec de l’affichage sur l’exposition de Le Nôtre. C’est assez ciblé suivant les pays. Après, nous réalisons de la communication en direct avec les newsletter, la communication dans les hôtels à Paris et dans les environs. Ensuite, on travaille aussi avec les professionnels du tourisme via des lettres d’informations. • Avez-vous rencontré certaines difficultés dans la gestion de ce site ? Oui, principalement par rapport à l’affluence de visiteurs mais comme je vous l’ai dit c’est un sujet sur lequel nous travaillons. • Le site a-t-il été sujet à des dégradations ? Pensez-vous qu’une forte fréquentation de touristes dans un site de patrimoine bâti peut être source de dégradations ? Oui, mais je ne pense pas que les dégradations soient liées à la forte affluence, ce sont plutôt des actes isolés de personnes qui ont une volonté de nuire en réalisant un tag, en dégradant un bien ou même en volant. A ma connaissance il n’y a pas de dégradations liées à la fréquentation. 102 • Comment gérer vous ces dégradations? Par exemple, le site a-t-il été restauré? Tout le temps, c’est un site qui est toujours en travaux depuis ça création. (Rapport d’activités et histoire du château35). Mais le fait le plus marquant et récent c’est la restauration de la galerie des Glaces en 2006. 4/ La gestion des flux touristiques • Y-a-t-il des pics de fréquentation sur le site ? Oui, la fréquentation est très saisonnalisée, la haute saison est d’Avril à Octobre avec 60% de la fréquentation annuelle. Il y a une vingtaine de journée par an où l’on accueille un nombre important de visiteurs : le 15 août, le week-end de Pâcques et tous les dimanches de Juin, Juillet et Août. • Existe-t-il un nombre d’entrée limitée au site lors de certainement période de l’année ? Aujourd’hui, nous ne possédons pas de dispositif de réservations horaires pour les individuels mais que pour les groupes qui ont une obligation de réservation selon des horaires organisés tout on long de la journée. Cela permet de lisser la fréquentation. Et pour les individuels, nous adaptons les effectifs de tous les personnels sur site en fonction de l’affluence. On ne travaille pas sur le temps d’attente car aujourd’hui nous ne sommes pas prêts mais plutôt sur les aspects psychologiques c'est-à-dire mettre en place des services : des personnes qui vont informer les visiteurs, mettre à disposition de l’eau ou en profiter pour réaliser des questionnaires pendant que les personnes sont en attente ; tout cela pour diminuer le sentiment d’attente. • Utilisez-vous des outils pour gérer les flux touristiques ? Nous indiquons aux visiteurs les sites sur le domaine qu’il est préférable de voir suivant l’heure où ils arrivent aux domaines. Entre 10h et 15h, nous orientons les personnes sur les jardins et le Trianon car le château en lui-même et les appartements sont très fréquentés à ces heures. Sinon, en amont de la visite nous recommandons d’arriver dès l’ouverture à 9h car la fréquentation est moindre entre 9h et 10h. Ce sont des moyens pour éviter qu’il y ait une trop forte affluence au château même. A l’intérieur du château, il y a un circuit principal dans lequel se trouvent la galerie des Glaces et les Grands Appartements, mais d’autres espaces sont aussi visitables en dehors de ce circuit comme les appartements du Dauphin et les appartements Mesdames. De façon opérationnelle pour les visiteurs il y a trois circuits : un long et deux plus courts. Ils ont accès à des plans (4 millions d’exemplaires par an) et des audio-guides gratuitement ou alors pour 1 euros de plus on a une visite avec un 35 « L’établissement public » Consulté le 21 mars 2013. Disponible sur URL : http://www.chateauversailles.fr/letablissement-public/letablissement-public 103 guide-conférencier. Les visites guidées démarrent à heure fixe tout au long de la journée. Aujourd’hui, nous n’avons pas de règles dures, on cherche plutôt à travailler sur des conseils de visites ou sur des aspects psychologiques, cognitifs pour faire en sorte que les personnes se sentent mieux sur site. Nous avons des obligations réglementaires en tant qu’établissement recevant du public, on a un nombre maximal de visiteurs qui peuvent être présents dans le château de Versailles et après dans les différentes parties du château de façon simultanée. C’est environ 6 000 visiteurs en simultanée mais c’est un chiffre qui n’est jamais atteint. Nous le problème c’est plutôt que les personnes vont toutes au même endroit en même temps donc c’est pour cela que nous délivrons des conseils de visites. 5/ Perspectives d’évolution • Comment voyez-vous l’avenir du site? Quels sont vos objectifs sur le long terme ? Comme nous avons de plus en plus de visiteurs avec les pays émergents : Russie, Brésil, Inde, Chine, nous savons que nous allons être confrontés à une croissance très forte d’ici peu. Donc nous essayons de travailler sur notre adaptation en terme de gestion des flux mais aussi en terme de présentation des collections. Nous avons mis en place une démarche qualité qui vise à améliorer les points que j’ai évoqué tout à l’heure qui sont liés à la gestion de l’attente, l’affluence dans les salles, les salles de repos et puis les sanitaires. Donc on essaye de répondre aux besoins actuels et puis d’anticiper les besoins futurs. Nous construisons un schéma directeur de travaux qui est valable sur une période de 10 ans (onglet établissement public / grands travaux). Ce schéma présente tous les travaux de réaménagements de l’espace d’accueil ou de service. 104 Annexe C : Entretien exploratoire avec M. X, directeur de l’Office de Tourisme*** de Moissac, dans le Tarn et Garonne (82). En accord avec mon maître de mémoire et compte tenue des informations récoltées, cet entretien ne sera retranscrit que partiellement et mettra en avant les informations les plus cohérentes avec le sujet de ce mémoire. 1/ Présentation de l’acteur Je n'ai pas toujours travaillé dans le tourisme et je suis directeur de cet office depuis 2008 mais avant j'ai fait trois mandats en tant qu'adjoint au maire ici à la municipalité de Moissac en tant que chargé du tourisme et du patrimoine. J'ai fait évoluer l'office en EPIC et recruter les gens ici. De plus, j’ai participé à faire évoluer le tourisme dans la ville et du site. Et parallèlement à ça j'avais une activité à titre de consultant pour valoriser les sites touristiques à travers des circuits d'interprétation, des tables d'orientation, etc. C'est à dire comment mettre à disposition du public des éléments d'interprétation des sites qui soit accessible à différents publics : étrangers, handicapés, scolaires, etc. Donc, je donnais des conseils pour les aider à mettre en place des outils pendant 10 ans. 2/ Présentation de la structure d’accueil C’est un établissement public à caractère industriel et commercial dont les gérants sont des élus mais aussi des socioprofessionnels. Le directeur de l’Office de tourisme est le responsable juridique et financier, le maire de la commune étant le président de l’établissement. L'office de tourisme emploie huit salariés permanents qui gèrent la billetterie du site de l'Abbaye, les fonctions habituelles d'un Office de Tourisme comme l’accueil et l’information, une boutique et en plus le camping municipal où travaille un salarié permanent et entre cinq et huit vacataires pour la saison. 3/ Le site • Pouvez-vous me présenter le site que vous gérez de façon général? L’entrée à l’église de l’abbaye est gratuite mais pour rentrer au cloître il faut passer par l’Office de Tourisme, l’entrée du cloître est à 5 euros. La visite guidée ou la location d’un audio-guide est à 2,50 euros. • Quel est le nombre de visiteurs que vous accueillez au sein du site? Nous accueillons un peu plus de 70 000 personnes en 2011à l’intérieur du cloître et l’Office de tourisme accueille presque 200 000 visiteurs en 2011 aussi, cela représente une évolution de 3,8% par rapport en 2010. 105 • Quel type de touristes accueillez-vous ? Nous avions d’accueillir principalement des seniors, des pèlerins et des cadres supérieurs mais de plus en plus de famille viennent grâce aux tarifs réduits et gratuité. Leur provenance, en France c’est Midi-Pyrénées principalement, puis l’Ile de France, l’Aquitaine, Rhône-Alpes et PACA. La clientèle étrangère est moins venue cette année, certainement à cause de la crise, ils préfèrent pratiquer un tourisme de proximité comme les français. Mais nous accueillons principalement des anglais, allemands, des espagnols et des belges. Notre guide fait d’ailleurs ces visites en quatre langues. • Utilisez-vous des outils pour connaître le niveau de satisfaction des visiteurs du site ? Oui, un questionnaire de satisfaction édité en trois langues dont les thématiques sont l’accès, le temps d’attente, l’hygiène, l’attitude du personnel, les compétences du personnel et une appréciation globale. • Votre site est-il classé ? Oui, le site est classé au patrimoine mondial de l’UNSECO, c’est aussi un Grand Site Midi-Pyrénées et nous avons récemment reçu le label Ville d’Art et d’Histoire. • Quel type de communication faites-vous ? A travers différents salons : le MAHANA et la SISQA à Toulouse, le salon international de Nantes, le salon des CE à Bordeaux et à Agen, le salon des seniors à Montauban et le salon STIC de Barcelone. Nous les réalisons en commun avec l’ADT du Tarn et Garonne et le CRT Midi-Pyrénées. Ensuite nous communiquons avec le réseau Grands Sites de Midi-Pyrénées avec des spots publicitaires, le site internet, la diffusion de brochure et de cartes touristiques. Nous faisons aussi des Eductours, des achats d’encarts publicitaires, une campagne publicitaire sur CFM radio. Pour finir, nous réalisons aussi des campagnes à l’étranger : Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Espagne, Italie et de plus en plus, nous communiquons sur les marchés chinois, suisses, japonais, américains et canadiens. • Le site a-t-il été sujet à des dégradations ? Non, pas vraiment. Notre plus gros problème pour les dégradations ce sont les pigeons. 4/ Outil de gestion des flux • Y-a-t-il des pics de fréquentation sur le site ? Oui, le plus haut pic c’est le mois d’août comme dans beaucoup de site touristique. Mais nous avons aussi une bonne fréquentation en Juillet et Septembre. La saison comme ce à partir des vacances d’Avril à peu près, puis la fréquentation baisse largement en octobre. 106 • Existe-t-il un nombre d’entrée limitée au site lors de certainement période de l’année ? Non, nous ne limitons pas l’accès. • Utilisez-vous des outils pour gérer les flux touristiques ? Non, le site n’est pas encore surfréquenté donc nous n’avons pas encore étudié la question. Mais nous comptons sur le fait qu’il ait de plus en plus de touristes ici donc ce sont des problématiques qui se poseront peut-être un jour. 5/ Perspectives Nous travaillons à augmenter la fréquentation sur site et dans la ville. Et nous avons aussi un projet de développement du musée Marguerite Vidal. 107 Annexe D : Observatoire Permanent des Publics du Château de Versailles - Power point réalisé par le responsable des publics du Château de Versailles. (En accord avec mon maître de mémoire certaines slide de ce power point ne figureront pas dans cette annexe en raison de leur intérêt pour cette étude). 108 109 110 111 112 113 Annexe E : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris, Paris (75). 36 36 Tripadvisor. Cathédrale Notre-dame-de-Paris [En ligne] Disponible sur : <http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g187147-d188679-Reviews-Notre_Dame_CathedralParis_Ile_de_France.html> (Consulté le 15-03-2013). 114 Annexe F : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant le Château de Versailles, Yvelines (78)37 37 Tripadvisor. Château de Versailles [En ligne] Disponible sur : <http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Reviewg187148-d188681-Reviews-Chateau_de_Versailles-Versailles_Yvelines_Ile_de_France.html> 115 116 Table des figures Figure 1 : Part des fréquentations culturelles et non culturelles en France - Atout France – 2009 ................................................................................ p.21 Figure 2 : Part des visiteurs motivés par le patrimoine architectural en priorité (en %) .............................................................................................. p.24 Figure 3 : Label "Petites Cités de Caractère Bretagne" ............................... p.32 Figure 4 : Label "Patrimoine européen" ................................................. p.34 Figure 5 : Comparaison de la fréquentation entre la visite de site de catégorie C (châteaux et architectures remarquables) et les visites culturels en France - Atout France - 2009 ................................................................................ p.42 Figure 6 : Arrivées internationales de touristes de 1950 à 2004 .................... p.47 Figure 7 : Schéma développement durable ............................................ p.50 Figure 8 : Schéma explication crise locale ............................................. p.53 Figure 9 : Les types de capacité de charge ............................................ p.56 Figure 10 : Saturation touristique, exemple de la Grande Muraille de Chine ..... p.63 Figure 11 : Logo "Monuments Historiques" ............................................. p.65 Figure 12: Restauration de la Cathédrale d'Albi ....................................... p.67 Figure 13 : Montage photos du Château de Versailles ................................ p.73 Figure 14 : « La mode, de la Restauration à la fin du Second Empire », exposition accessible aux personnes en situation de handicap ................................... p.74 Figure 15 : Logo de communication du Château de Versailles ...................... p.75 Figure 16 : Exposition Le Nôtre .......................................................... p.76 Figure 17 : Statistiques concernant l'évolution de la fréquentation touristique au sein du Château de Versailles ............................................................. p.77 Figure 18 : File d'attente devant le Château de Versailles .......................... p.80 Figure 19 : Plan interactif du site ....................................................... p.81 Figure 20 : Conseil pour préparer sa visite en amont ...............................p.883 117 Table des matières INTRODUCTION GENERALE ........................................................................ p.9 PARTIE 1 : REFLEXION CROISEE SUR LES SYSTEMES D ’ACTEURS ET LA FREQUENTATION TOURISTIQUE DANS LES SITES DE PATRIMOINE ARCHITECTURAL ........................................................ p.12 INTRODUCTION DE LA PARTIE 1 .................................................................. p.12 Chapitre 1 : Le patrimoine monumental : un des piliers du tourisme Culturel ...... 1. Du patrimoine au patrimoine architectural ................................................ 1.1. Une approche historique du patrimoine 1.1.1. Les prémices de la notion de patrimoine en France 1.1.2. Le culte des monuments : le besoin d’une symbolique 1.1.3. L’homogénéisation du terme patrimoine au niveau mondial 1.2. Le patrimoine architectural une notion employée couramment 1.2.1. Une notion complexe mais utilisée au quotidien 1.2.2. Une étymologie parlante 1.2.3. L’aspect juridique du patrimoine architectural 2. Une forme de tourisme pour les pratiques culturelle .................................... 2.1. L’importance du patrimoine bâti au sein du tourisme culturel 2.1.1. Le tourisme culturel dans l'histoire 2.1.2. Le tourisme à la française vu du monde 2.2. Pratiques et formes du tourisme culturel 2.2.1. De nouvelles tendances de visites 2.2.2. Comment attirer de nouveaux publics ? 2.3. Le tourisme culturel, pour quel type de public ? 2.3.1. Le profil type du touriste culturel 2.3.2. Les motivations à la pratique du tourisme culturel p.13 p.14 p.14 p.14 p.15 p.16 p.16 p.16 p.17 p.18 p.18 p.18 p.19 p.19 p.20 p.20 p.22 p.22 p.22 p.23 Chapitre 2 : Une prise en charge du patrimoine bâti par les politiques territoriales ... 1. Le système d’acteur du tourisme souvent qualifié de « mille-feuille territorial» ... 1.1. Les acteurs privés en lien avec le territoire 1.2. Des acteurs publics nombreux et à toutes les échelles territoriales 1.2.1. A l’échelle mondiale 1.2.2. L’Etat français : un acteur incontournable 1.2.3. Les organisations décentralisées françaises 2. La valorisation du patrimoine à travers des labellisations ............................... 2.1. La valorisation : accessible à chaque territoire ......................................... 2.1.1. Les enjeux de la valorisation du patrimoine ......................................... 2.1.2. Comment mettre en valeur un territoire ou un site touristique ?.................. 2.2. La multi-scalarité des signes de qualités ................................................. 2.2.1. Un mouvement issu de l’échelle locale… .............................................. 2.2.2. …Jusqu’à l’engouement national ....................................................... 2.2.3. Le label : un moyen de fédérer au niveau européen ................................ 2.2.4. Les Nations Unies engagent une valorisation du patrimoine mondial p.24 p.24 p.26 p.27 p.27 p.27 p.28 p.29 p.30 p.30 p.31 p.32 p.32 p.33 p.34 p.35 118 Chapitre 3 : La notoriété d’un site bâti : génératrice de flux touristiques ............... p.37 1. La notoriété d’un site, créatrice d’attractivité ........................................... p.37 1.1. L’accès à l’information, une notion à ne pas négliger p.37 1.2. L’attractivité du bâti p.38 2. La fréquentation touristique poussée par l’attractivité des territoires ............... p.39 2.1. L’histoire de la fréquentation touristique p.39 2.2. L’importance du patrimoine bâti dans la fréquentation touristique p.40 2.3. Quand la fréquentation touristique atteint des niveaux de saturation p.42 SYNTHESE DE LA PARTIE 1 ...................................................................... p.43 PARTIE 2 : GERER DE FAÇON DURABLE LA SATURATION TOURISTIQUE AU SEIN DES SITES DE PATRIMOINE BATI : EVIDENCE OU MANQUE ? .................................................... p.44 INTRODUCTION DE LA PARTIE 2 ................................................................. p.45 Chapitre 1 : Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour les sites de patrimoine architectural ......................................................................... p.46 1. La capacité de charge : témoin des prémices d’un nouveau mode de penser ........ p.46 1.1. L’approche historique du développement touristique p.46 1.2. La capacité d’un site : une notion du XXème siècle p.48 1.3. Les enjeux de la maîtrise de l’activité touristique p.51 2. Calculer la capacité de charge : un outil intégré dans une stratégie de développement territorial ........................................................................................... p.54 2.1. Les critères à intégrer dans ce calcul p.54 2.2. Les différentes capacités à prendre en compte dans sa stratégie de développement touristique p.55 3. Les instruments pour le développement durable d’un site .............................. p.56 3.1. La régulation règlementaire p.56 3.2. Des outils organisationnels possibles en amont de l’arrivée des touristes p.57 3.3. Sur site : mieux organiser pour mieux gérer p.58 Chapitre 2 : Mais des outils de gestion peu exploités, ceci ayant pour conséquence la dégradation des sites et des visites ............................................................ 1. Les conséquences de l’ingérence de la fréquentation des sites architecturaux ...... 1.1. La perte de qualité des visites des sites de patrimoine bâti 1.2. Une dégradation physique des sites évidente 2. Des dispositifs postérieurs aux dégradations physiques du patrimoine bâti 2.1. Préserver et conserver : les maître mots du patrimoine architectural 2.2. La restauration, souvent nécessaire mais parfois dénaturante p.60 p.60 p.60 p.62 p.64 p.64 p.67 SYNTHESE DE LA PARTIE 2 ...................................................................... p.69 PARTIE 3 Le cas du Château de Versailles .............................................. p.70 INTRODUCTION DE LA PARTIE 3 ................................................................. p.71 Chapitre 1 : Le Château de Versailles, un joyau culturel pour la France ................. 1. Un site architectural prestigieux ............................................................ 2. Un site de notoriété mondiale 2.1. La communication du site sous différentes formes p.72 p.72 p.73 p.74 119 2.2. Une valorisation multi-scalaire ............................................................ p.75 3. D’une forte notoriété à une fréquentation croissante ................................... p.77 Chapitre 2 : La faiblesse de ce site : la saturation touristique ............................. 1. Une volonté de gérer les flux touristiques… 1.1. La réduction du sentiment d’attente 1.2. La pluralité des circuits de visites 1.3. Des conseils pour mieux vivre sa visite 2. … Mais l’opérationnalité de cette gestion reste insuffisante ............................ 2.1. La qualité des visites ne fait pas l’unanimité 2.2. Des dégradations non évaluées p.78 p.79 p.79 p.80 p.82 p.84 p.84 p.85 Chapitre 3 : Une amélioration possible des dispositifs mis en place ...................... p.86 1. Comprendre la perception des touristes lors de leur visite sur des sites touristiques de patrimoine architectural saturés p.86 1.1. L’intérêt d’un questionnaire d’impacts p.86 1.2. La construction du questionnaire p.87 1.3. L’analyse des données collectées p.87 2. Croiser les initiatives pour comprendre les dispositifs de gestion des flux touristiques p.88 2.1. L’intérêt d’un focus groupe p.88 2.2. La mise en œuvre du focus groupe p.89 2.3. Les avantages et les limites de ce dispositif p.89 SYNTHESE DE LA PARTIE 3 ...................................................................... p.91 CONCLUSION GENERALE ........................................................................ p.92 Bibliographie p.94 TABLE DES ANNEXES ............................................................................ p.97 Table des figures.......................................................................... p.117 120 Thème du mémoire La notoriété d’un site et la valorisation de ses spécificités provoque l’attractivité de ce dernier en générant des flux touristiques. Le patrimoine architectural est une forte motivation au voyage et à la visite. Il s’intègre alors au sein du développement touristique d’un territoire. Cette étude met en avant les problématiques liées à la gestion de ces flux et à la saturation touristique des sites de patrimoine bâti provoquée par cette attractivité. L’objectif est de mettre en exergue des solutions aux problèmes de dégradations des sites et de baisse de qualité des visites induits par la surfréquentation. Ainsi, des dispositifs de gestion des flux touristiques, à travers la notion de capacité de charge, seront proposés pour améliorer la satisfaction des visiteurs mais aussi pour permettre une conservation pérenne du patrimoine architectural. Mots-clés Patrimoine architectural - Attractivité - Valorisation du patrimoine architectural Fréquentation touristique - Gestion des flux touristiques - Saturation touristique Capacité de charge - Notoriété. Abstract The reputation of a heritage site and the value of its specificities cause attractiveness of the latter generating tourist flows. The architectural heritage is a strong motivation to travel and visit. Then it is joined in the tourism development of a territory. This study highlights the issues related to the management of these flows and the saturation of tourism sites of architectural heritage caused by this appeal. The aim is to highlight solutions to the problems of deterioration of sites and declining quality of visits induced by the excess of visits. Thus, thanks to the carrying capacity, devices management of tourist flows are proposed to improve visitor satisfaction but also to allow for permanent conservation of the architectural heritage. Keywords Architectural Heritage - Attractiveness - Valuation of Architectural Heritage Tourism attendance - Management of tourism - Tourism saturation - Carrying capacity - Well attested. 121