L`observation et la gestion de la fréquentation touristique

Transcription

L`observation et la gestion de la fréquentation touristique
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL
INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME,
DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION
MASTER TOURISME ET HÔTELLERIE
Parcours « Tourisme et Développement»
MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE
L’observation et la gestion de la
fréquentation touristique des
sites de patrimoine architectural
à forte notoriété
Présenté par :
Camille VISSIERES
Année universitaire : 2012 - 2013
Sous la direction de : Sébastien RAYSSAC
1
2
L’observation et la gestion de la
fréquentation touristique des
sites de patrimoine architectural
à forte notoriété
3
L’ISTHIA de l’Université de Toulouse 2
n’entend donner aucune approbation, ni
improbation dans les projets tutorés et
mémoires de recherche. Ces opinions
doivent être considérées comme propres à
leur auteur(e).
4
PAGE D’EVALUATION
5
REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier chaque personne qui a permis l’élaboration de ce mémoire,
proche et moins proche.
Tout d’abord, je remercie mon maître de mémoire, Sébastien Rayssac, pour ses
conseils et sa disponibilité tout au long de cette année.
Je remercie aussi l’ensemble des professeurs de l’ISTHIA pour leurs enseignements,
en particulier Madame Laurence Lafforgue pour son aide bibliographique sur la
valorisation et la conservation du patrimoine ; ainsi que les documentalistes de la
bibliothèque universitaire grâce à qui les recherches bibliographiques deviennent
efficaces.
De même, je remercie les deux personnes que j’ai rencontrées en entretien
exploratoire et qui se sont rendus disponibles pour répondre à mes interrogations
malgré un agenda bien rempli.
Pour finir, je souhaite remercier mes proches, pour leur aide et soutien ; et pour
m’avoir fournit le recul nécessaire pour la réalisation de ce travail de recherche.
6
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE 1 : REFLEXION
p.9
CROISEE SUR LES SYSTEMES D ’ACTEURS ET LA FREQUENTATION
TOURISTIQUE DANS LES SITES DE PATRIMOINE ARCHITECTURAL
p.12
INTRODUCTION DE LA PARTIE 1
p.12
Chapitre 1 : Le patrimoine monumental : un des piliers du tourisme Culturel
1. Du patrimoine au patrimoine architectural
2. Une forme de tourisme pour les pratiques culturelles
p.13
p.14
p.18
Chapitre 2 : Une prise en charge du patrimoine bâti par les politiques territoriales
p.24
1. Le système d’acteur du tourisme souvent qualifié de « millefeuille territorial»
p.24
2. La valorisation du patrimoine à travers des labellisations
p.29
Chapitre 3 : La notoriété d’un site bâti : génératrice de flux touristiques
1. La notoriété d’un site, créatrice d’attractivité
2. La fréquentation touristique poussée par l’attractivité des territoires
p.37
p.37
p.39
SYNTHESE DE LA PARTIE 1
p.43
PARTIE 2 : GERER DE FAÇON DURABLE LA
PATRIMOINE BATI : EVIDENCE OU MANQUE ?
INTRODUCTION DE LA PARTIE 2
SATURATION TOURISTIQUE AU SEIN DES SITES DE
p.44
p.45
Chapitre 1 : Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour les sites
de patrimoine architectural
p.46
1. La capacité de charge : témoin des prémices d’un nouveau mode de penser
p.46
2. Calculer la capacité de charge : un outil intégré dans une stratégie de
développement territorial
p.54
3. Les instruments pour le développement durable d’un site
p.56
7
Chapitre 2 : Mais des outils de gestion peu exploités, ceci ayant pour conséquence
la dégradation des sites et des visites
p.60
1. Les conséquences de l’ingérence de la fréquentation des sites architecturaux
p.60
2. Des dispositifs postérieurs aux dégradations physiques du patrimoine bâti
p.64
SYNTHESE DE LA PARTIE 2
p. 69
PARTIE 3 Le cas du Château de Versailles
p.70
INTRODUCTION DE LA PARTIE 3
p.71
Chapitre 1 : Le Château de Versailles, un joyau culturel pour la France
1. Un site architectural prestigieux
2. Un site de notoriété mondiale
3. D’une forte notoriété à une fréquentation croissante
p.72
p.72
p.73
p.77
Chapitre 2 : La faiblesse de ce site : la saturation touristique
1. Une volonté de gérer les flux touristiques…
2. … Mais l’opérationnalité de cette gestion reste insuffisante
p.78
p.79
p.84
Chapitre 3 : Une amélioration possible des dispositifs mis en place
p.86
1. Comprendre la perception des touristes lors de leur visite sur des sites
touristiques de patrimoine architectural saturés
p.86
2. Croiser les initiatives pour comprendre les dispositifs de gestion des flux
touristiques
p.88
SYNTHESE DE LA PARTIE 3
p.91
CONCLUSION GENERALE
p.92
Bibliographie
p.94
TABLE DES ANNEXES
p.97
Table des figures
p.117
8
INTRODUCTION GENERALE
La gestion des flux touristiques est habituellement une problématique liée
aux espaces naturels car les dégradations physiques sont plus facilement visibles ;
ainsi pour la plupart des gens la surfréquentation fait directement échos à la
détérioration des ressources naturelles. Cependant, le Code mondial d’éthique du
tourisme de l’Organisation Mondial du Tourisme (OMT) affirme :
« qu’ il est du devoir de l’ensemble des acteurs du
développement touristique de protéger sauvegarder, en
étroite collaboration avec toutes les autres composantes de
la société, les ressources du patrimoine naturel et culturel
de manière à garantir la durabilité à la fois des ressources en
question et du tourisme lui-même. »1
La saturation touristique concernant aussi le patrimoine architectural, il est
donc important de comprendre en quoi ces flux peuvent être néfastes pour un
bâtiment touristique à forte notoriété et comment est-il possible d’y remédier de
façon durable.
Le choix d’une étude sur le patrimoine bâti s’est construit de façon évidente
car les différents stages que j’ai réalisés m’ont amené à me questionner sur la
valorisation puis sur la protection de ce patrimoine. Petit à petit, je me suis
renseignée sur des sujets d’actualités liés au patrimoine architectural et certains
ont particulièrement retenus mon attention comme le cas du Mont-Saint-Michel qui
a été restauré et réaménagé en vue d’une affluence de touristes croissante.
C’est
ainsi que les premières lectures exploratoires ont débuté, j’ai orienté mes
recherches grâce à quatre thèmes principaux : le tourisme culturel, le patrimoine
bâti, les sites à forte notoriété et la fréquentation touristique.
1
Organisation Mondial du Tourisme. Code mondial d’éthique du tourisme [En ligne]. Disponible sur :
<www.world-tourism.org/code_ethics/fr.htlm> (Consulté le 16-12-12)
9
Ainsi, ma question de départ était : Comment le patrimoine bâti peut-il
allier valorisation, protection et fréquentation touristique ?
Cette question m’a permis de mettre en avant deux hypothèses :
Hypothèse 1 : Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour les
sites de patrimoine monumental
Hypothèse 2 : Mais des outils de gestion peu exploités face à la dégradation des
sites et des visites
Dans une première partie, nous définirons les notions nécessaires à la
compréhension de ce mémoire en révélant les liens qui existent entre les
différentes composantes qui nous intéresse ici. Nous étudierons donc le patrimoine
architectural et sa place au sein du tourisme culturel, ainsi que son attractivité
créée par une valorisation elle-même menée par les politiques publiques.
La seconde partie mettra en avant les différents dispositifs utilisés pour gérer
les flux touristiques au sein d’un site de patrimoine architectural à forte notoriété.
Ces outils tendent à se démocratiser dans les sites bâtis cependant, nous verrons
aussi leurs limites et les conséquences d’une fréquentation touristique non
maîtrisée.
Dans un troisième temps, nous exposerons un exemple de site architectural
touristique à forte attractivité qui vise à développer les outils de gestion des flux
touristiques : le château de Versailles, situé dans les Yvelines. Puis nous réfléchirons
à une amélioration de ces dispositifs à travers deux outils que nous proposerons à la
fin de ce travail.
10
Démarche exploratoire adoptée
11
PARTIE 1 :
REFLEXION CROISEE SUR LES SYSTEMES
D’ACTEURS ET LA FREQUENTATION
TOURISTIQUE DANS LES SITES DE PATRIMOINE
ARCHITECTURAL
12
INTRODUCTION DE LA PARTIE 1
Le patrimoine architectural est présent au sein de toutes les civilisations
mais sa reconnaissance est propre à la culture occidentale. Cet intérêt patrimonial
est le déclencheur des modes de valorisation et de protection utilisés par les
politiques touristiques publiques mais aussi par le secteur privé.
Cette première partie va donc permettre de préciser ce sujet en abordant
cette notion avec une approche historique qui mettra en relief ses enjeux et son
imbrication au sein du tourisme culturel.
Les systèmes d’acteurs seront alors présentés, dans le but de présenter leur
diversité et leur territoire de compétence ainsi que les différentes actions de
valorisation du patrimoine bâti menées grâce à des dispositifs de labellisations.
Puis, grâce à ces analyses, l’attractivité des sites de patrimoine architectural
sera démontrée, ce qui introduira les notions de fréquentation touristique des sites
puis de saturation touristique. Ceci, nous permettra par la suite d’élaborer deux
pistes de réflexion autour de ce thème.
13
Chapitre 1 :
Le patrimoine monumental : un des piliers du tourisme
Culturel
1. Du patrimoine au patrimoine architectural
Le sujet de ce mémoire portant sur la gestion des flux au sein du patrimoine
bâti, il m’a semblé approprié de définir ce qu’est le patrimoine architectural, pour
que le lecteur puisse se l’approprier puis le décliner face aux différentes questions
que nous nous poserons et auxquelles nous tenterons de répondre.
1.1.
Une approche historique du patrimoine
Le patrimoine étudié est architectural, cependant nous commencerons par
étudier la notion de patrimoine culturel qui nous permettra d’inscrire le bâti au
sein d’une vision globale.
1.1.1. Les prémices de la notion de patrimoine en France
Chronologiquement, le patrimoine c’est tout d’abord des biens tangibles liés
au culte des morts dès la préhistoire tels que des menhirs, des tumulus ou des
dolmens. Mais ils n’étaient pas alors considéré comme tel, cela représentait
simplement une façon de rendre hommage aux morts. Puis de l’Antiquité au Moyenâge, le patrimoine est tout ce qui est en lien avec le spirituel. Ce sont les valeurs
chrétiennes qui ont poussées à la construction d’édifices religieux toujours plus
spectaculaires pour véhiculer la foi. La dimension sacrée est donc très importante
mais celle militaire l’est tout autant à travers la construction de bâtiments de
défense sur des lieux stratégiques tels que des épis rocheux, ou des sites
portuaires. Ici la notion de patrimoine n’est toujours pas prise en compte car les
matériaux des édifices peuvent être réutilisés, la conservation n’a pas d’utilité pour
les populations. C’est la Révolution Française qui va participer à une prise de
14
conscience collective pour les valeurs patrimoniales. Le vandalisme a fait
d’importants dégâts sur les biens du clergé et de la noblesse, face à cela, certains
comme l’Abbé Grégoire furent des visionnaires en comprenant la menace qui pesait
sur les richesses esthétiques et artistiques françaises. Le premier acte de droit de
1792 se destina à protéger les biens tangibles menacés. C’est ainsi que le
patrimoine devint accessible par tous, n’étant plus la propriété des nobles ou du
clergé. Par cet acte les idées révolutionnaires s’affirment encore car le patrimoine
devient créateur de lien social et unifie l’identité française. C’est donc l’Etat qui
prend en charge ce dit patrimoine. Mais l’évolution de la société, mutilée par
différentes crises, fera perdre du sens à la notion de patrimoine. En 1777, Louis XVI
refusa de dépenser une livre pour restaurer le château de Vincennes estimant que
ce dernier n’avait plus aucune valeur. Seuls les plus grands symboles de la Couronne
seront conservés, le reste est revendu à cause d’une crise financière.
L’attachement aux propriétés esthétiques et sociales du patrimoine s’estompe
alors, encouragé par l’industrialisation au XIXème siècle.2
1.1.2. Le culte des monuments : le besoin d’une symbolique
Cependant, la population ressent le besoin de s’identifier à des symboles
nationaux, certes, mais aussi à plus petite échelle, sur leur territoire. La mémoire
collective doit s’illustrer à travers des monuments représentatifs d’un passé
commun comme des tombeaux, des sanctuaires, des demeures, etc. C’est grâce à
la monarchie de Juillet que le système de protection et de conservation actuel va
prendre forme. L’état décide d’intervenir pour sauver son patrimoine grâce à des
mesures de protection et surtout à des restaurations intégrales souvent infidèles à
la conception originale. Cependant, l’important est de redonner une identité à la
France et des symboles visibles pour ses habitants. S’ajoute à cela, la contribution
du courant romantique au XIXème siècle qui proclame un nouveau contexte culturel.
Victor Hugo écrira même un article prônant la protection du patrimoine en 1832
2
CHASTEL André in Encyclopædia Universalis. Patrimoine monumental [En ligne]
Disponible sur :
<https://nomade.univ-tlse2.fr:443/http/www.universalis-edu.com/encyclopedie/patrimoine-monumental/>
(Consulté le 24-11-2012) 18p.
15
dans « La revue de Deux Mondes », intitulé « Guerre aux démolisseurs ». A partir de
cette période, on voua littéralement un culte aux monuments, ce qui engendra les
mesures que nous connaissons actuellement.
1.1.3. L’homogénéisation du terme patrimoine au niveau mondial
L’Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture
(UNESCO) a donné une définition officielle du patrimoine lors de la Convention de
Paris en 1972:
« Le patrimoine culturel dans son ensemble recouvre
plusieurs grandes catégories de patrimoine : le patrimoine
culturel matériel ( qui comprend le patrimoine culturel
mobilier : peintures, sculptures, monnaies, instruments de
musiques, armes, manuscrits…); le patrimoine culturel
immobilier (monuments, sites archéologiques…) ; le
patrimoine culturel subaquatique (épaves de navire, ruines et
cités enfouies sous les mers…) et le patrimoine culturel
immatériel (traditions orales, arts du spectacle, rituels...)
mais aussi le patrimoine naturel (sites naturels ayant des
aspects culturels tels que les paysages culturels, les
formations physiques, biologiques ou géologiques...) et enfin
le patrimoine culturel en situation de conflit armé. »3
Le mot patrimoine est donc assimilé à une notion de richesse et de durée. Il
met en lumière un territoire, sa population, leur histoire, et leurs savoir-faire. Dans
ce travail, nous mettrons les éléments intangibles du patrimoine de côté, pour nous
concentrer sur le patrimoine matériel, ou bâti, constitué de biens immobiliers.
1.2.
Le patrimoine architectural une notion employée couramment
1.2.1. Une notion complexe mais utilisée au quotidien
Le patrimoine architectural correspond à toutes les constructions de
l’homme tels que les monuments et ensembles architecturaux (centre historique ou
3
UNESCO.
Définition
du
patrimoine
culturel
[En
ligne].
Disponible
sur :
<http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=34050&URL_DO=DO_PRINTPAGE&URL_SECTION=201.html>
16
quartier, ville, village remarquable), les sites possédant un intérêt historique,
scientifique,
social,
archéologique,
artistique
ou
encore
technique
(site
préhistorique et archéologique ; édifice militaire, religieux ou civil ; site historique
ou industriel, ou encore un lieu de mémoire). Nous comprenons donc ici, que le
patrimoine bâti recouvre les âges du paléolithique (premières œuvres artistiques)
au XXIème siècle. En France, le patrimoine bâti reconnu n’est pas réparti de façon
homogène bien que tous les territoires détiennent des richesses architecturales.
Certaines régions possèdent plus d’édifices ou sites de grande importance comme
l’Ile de France avec la ville de Paris principalement, l’Aquitaine, la Bretagne, la
Vallée de la Loire notamment grâce à ses nombreux châteaux. Mais avant de parler
de la notion de patrimoine architectural tel que nous la connaissons aujourd’hui et
qui englobe ce que nous avons décrit précédemment, seuls les monuments étaient
pris en compte.
1.2.2. Une étymologie parlante
Il
paraît
donc
nécessaire
de
définir
ce
qu’est
un
monument.
Etymologiquement le mot « monument » vient du latin « monere » qui veut dire
« avertir » et plus largement « rappelé à la mémoire ». On comprend ainsi l’objectif
premier de la construction d’un monument, de rappeler son histoire, son vécu à une
population ou un territoire. Mais aujourd’hui, le patrimoine bâti est pris en compte
dans son intégralité comme nous pouvons le lire dans la Charte européenne du
Patrimoine Architectural, adoptée en 1975 à Amsterdam par le conseil de l’Europe :
«Le patrimoine architectural est un capital spirituel, culturel, économique et
social aux valeurs irremplaçables 4» .Le patrimoine est donc une ressource riche, à
fort potentiel. Il est donc très intéressant de l’étudier sous tous ses aspects. Nous
avons compris l’évolution de son importance pour la population française nous
allons maintenant le décrire d’un point de vue légal.
4
ICOMOS. Charte Européenne pour le patrimoine architectural [En ligne]. Disponible
<http://www.icomos.org/fr/chartes-et-normes/179-articles-en-francais/ressources/charters-andstandards/427-charte-europeenne-pour-le-patrimoine-architectural-1975> (Consulté le 10-01-2013).
sur :
17
1.2.3. L’aspect juridique du patrimoine architectural
Le patrimoine bâti s’inscrit aussi au sein de la juridiction car, en premier
lieu, il est lié à la notion d’héritage qui est un outil légal véhiculant des biens tel
que des objets mais aussi des terres et des constructions. Puis dans un second
temps, les lois sont utilisées pour la conservation et la protection du patrimoine
architectural. La première législation d’importance fut la création des Monuments
Historiques à travers la loi du 31 décembre 1913. Son principal objectif est la
conservation des édifices les plus remarquables. Lors des premières décennies, les
monuments choisis pour être sauvegardé étaient principalement des châteaux et
des édifices religieux mais petit à petit, l’état s’est intéressé aux monuments de
moindre importance quand « ils sont insérés dans un ensemble bâti cohérent »
(Mirieu de Labarre, 2006, 320p.). Environ 1600 Monuments Historiques sont
répertoriés, ce qui concerne 4% du parc monumental français. 5 Le patrimoine
architectural ne concerne donc plus seulement les édifices religieux ou militaires
mais aussi
le petit patrimoine rural, le patrimoine industriel ou le patrimoine
préhistorique par exemple.
2.
Une forme de tourisme pour les pratiques culturelles
Les études nous montrent que le touriste, lors de son voyage, voudra visiter
tous les sites importants sans rien manquer, surtout quand le voyage est éloigné du
lieu de résidence. L'importance du patrimoine bâti est donc évidente pour les
opérateurs de voyage et les prestataires de service.
2.1.
L’importance du patrimoine bâti au sein du tourisme culturel
Pour envisager le patrimoine bâti à l’intérieur même de la consommation
touristique, nous allons maintenant étudier l’évolution du tourisme culturel avec
des données mondiales mais aussi des tendances françaises à travers le XXème et
XIXème siècle.
5 Ministère de la culture et de la communication. Les grands monuments de l'État [en ligne]. Disponible sur :
<http://www.culturecommunication.gouv.fr/Disciplines-et-secteurs/Monuments-historiques/Histoire-etmissions/Les-grands-monuments-de-l-Etat> (Consulté 15-01-2013).
18
2.1.1. Le tourisme culturel dans l'histoire
Deux champs ont créé l’activité touristique : le pèlerinage à travers les
époques, et le Grand Tour des Anglais au XIXème siècle. Ces formes de tourisme sont
exclusivement basées sur une approche culturelle. Ce n’est que plus tard que
d’autres dimensions sont entrées en jeu. Particulièrement, dans les années 1930
avec les villégiatures à la campagne, le tourisme balnéaire ou même sportif. Mais
l’élargissement le plus prononcé est à situé dans les années 1960 avec l’apparition
du tourisme de masse et non plus d’élite. De plus en plus, les pratiques culturelles
sont séquentielles, les touristes intègrent à leur voyage des pratiques sportives, de
détente… En 1994, l’observatoire national du tourisme définit les vacances des
français de cette façon :
« On définit ici le tourisme culturel comme un déplacement
(d’au moins une nuitée) dont la motivation principale est
d’élargir ses horizons, de rechercher des connaissances et des
émotions au travers de la découverte d’un patrimoine et de
son territoire ».(Origet de Cluzeau, 2000, p.3).
Cette définition renvoie au patrimoine, c'est-à-dire « tout ce qui mérite d’être
conservé » (Origet du Cluzeau, 2000, p.4), qu’il soit matériel comme des sites
culturels ou immatériel comme la gastronomie et le savoir-faire. L’approche
culturelle est donc reliée à un territoire avec comme pratique le tourisme de
découverte. Mais le tourisme culturel n’est pas spécifique à un ensemble
géographique il peut se pratiquer partout.
2.1.2. Le tourisme à la française vu du monde
La France possède une attraction particulière car elle a une image de pays à
la culture très forte et présente à travers son histoire. Nous pensons tout d’abord à
ses nombreux monuments d’envergure comme le Mont-Saint-Michel, la Tour Eiffel
ou les châteaux de la Loire. Mais la France à l’étranger c’est aussi des chefs
d’œuvre célèbres à travers la peinture, la littérature ou encore la poésie. Pour finir
les arts de la scène y sont aussi très fortement représentés avec par exemple, le
19
festival de Canne où les plus grands noms du cinéma se rencontrent, et aussi le
festival d’Avignon qui n’est pas en reste.
2.2.
Pratiques et formes du tourisme culturel
Le patrimoine est une forme de consommation touristique, les prestataires
de tourisme culturel doivent donc observer et comprendre les attentes des touristes
pour provoquer la fréquentation du patrimoine bâti qui « est un produit à forte
valeur psychologique » (Patin, 2012, p.133). Cet imaginaire se construit grâce à la
scolarité, la littérature, les médias, c'est-à-dire les expériences que le visiteur a
vécus. De plus, les sites les plus visités sont souvent ceux qui sont le plus connus,
dont les gens parlent souvent et qui ont été parfois reproduits dans le domaine
artistique.
2.2.1. De nouvelles tendances de visites
Le tourisme culturel se pratique principalement par circuit car cela permet
de réaliser plusieurs visites lors d’un même voyage. Le touriste va vouloir participer
aux manifestations culturelles, découvrir la gastronomie du territoire ou encore
s’imprégner de son histoire. Deux modes de réalisation d’un circuit sont possibles :
soit le visiteur change souvent de lieu d’hébergement, soit il garde le même
hébergement tout au long de son voyage et réalise un circuit en marguerite (ou en
étoile). Les circuits en ville sont de même type, avec des visites en journée et des
repas gastronomique ou la participation à des manifestations le soir. Mais il existe
d’autres formes de visites culturelles par exemple les séjours linguistiques, les
festivals, les stages artistiques ou artisanaux, etc.6
6
COLARDELLE Michel, MONFERRAND Alain in Encyclopædia Universalis. Tourisme culturel. Disponible sur : <
https://nomade.univ-tlse2.fr:443/http/www.universalis-edu.com/encyclopedie/tourisme-culturel/> (consulté
le 5-12-2012) 6p.
20
Figure 1 : Part des fréquentations culturelles et non culturelles en France - Atout
France – 2009
Source : Atout France, 2009
Sur ce graphique nous voyons que la part des pratiques de tourisme culturel
est plus élevée comparé aux autres pratiques de voyage confondues. Ceux qui
influencent cette consommation sont les prescripteurs de l'offre comme les
voyagistes, les agences réceptives ou de voyage, les chargés de tourisme, les
associations ou encore les journalistes du tourisme. Il existe ainsi une offre dite
classique c'est-à-dire les monuments, les musées, les festivals, mais de nouvelles
offres se développent. C’est le cas du patrimoine archéologique, industriel ou
maritime, les écomusées et les musées de société mais il leur est difficile d’attirer
le public car ils sont peu mis en valeur par les territoires. Parallèlement à cela, la
demande évolue en ce qui concerne les voyages culturels sous forme de court
séjour à thème. Ce nouveau mode de voyage se pratique facilement et tout on long
de l’année ce qui favorise la désaisonnalité pour les prescripteurs.
21
2.2.2. Comment attirer de nouveaux publics ?
L’offre touristique s’organise pour attirer d’autres types de touristes. Il
existe ainsi deux voies de développement : on peut soit renforcer l’offre culturelle
existante sur des territoires à forte notoriété ; soit il faut créer ou mettre en valeur
l’offre pour provoquer la fréquentation touristique. Pour cela, les prestataires de
services mettent en place des gratuités ou des réductions sur les visites et les
animations comme les spectacles de rue. Depuis peu, les cartes Pass se sont aussi
développées, surtout pour le patrimoine local. Par exemple, le Service
d’Exploitation des Sites Touristiques d’Ariège a mis en place une carte Pass qui
concerne les plus importants sites de patrimoine bâti d’Ariège. Muni de cette carte,
le visiteur aura droit à des réductions sur l’ensemble des sites qu’inclut le Pass.
Cette formule permet de pousser les touristes à visiter des sites moins importants
situés aux alentours de pôles touristiques. Ainsi, les territoires répondent aux
attentes des gros consommateurs de tourisme culturel tels que les enseignants ou
les intellectuels et aussi aux personnes les moins aisés financièrement. Pour
renforcer ces pratiques les pôles touristiques peuvent valoriser ce qui est lié avec le
patrimoine comme la gastronomie (tables d’hôtes, épicerie fine), les hébergements
de caractère ou de charme ainsi que des spectacles, la Fête médiévale d’Agost de
Carcassonne en est un bon exemple. Nous terminerons par souligner que le touriste
ne doit pas se sentir en danger ou mis mal à l’aise sur un site comme la visite de
ruines de remparts sans protection. La communication doit donc mettre en valeur
l’absence de risque pour que le visiteur soit satisfait de sa visite.
2.3.
Le tourisme culturel, pour quel type de public ?
Nous avons vu que le tourisme culturel attire un public important. Mais quel
type de visiteurs attire-t-il et vers quelle pratique ?
2.3.1. Le profil type du touriste culturel
Il est possible de mettre en avant trois types de clientèle principale en ce qui
concerne le tourisme culturel. Les deux premières concernent des visiteurs motivés
22
qui ont soif d’apprendre et de découvrir, ce sont les spécialistes d’une thématique
culturelle en particulier et ceux qui recherchent des connaissances sur l’ensemble
du domaine culturel. La troisième catégorie est certainement la plus répandue,
c’est la clientèle occasionnelle. Cette catégorie est très éclectique, et jette son
dévolue principalement sur les sites ou manifestations des grands pôles
touristiques.
De plus, les études montrent que le tourisme culturel attire les femmes en
général, les catégories socio-professionnelles élevées et intermédiaires, et les
étudiants. Le nombre d’enfants en visite est en baisse ce qui incite les différents
acteurs à mettre en place des actions pour attirer le très jeune public. Pour finir, au
sein des grands pôles touristiques les touristes sont environ 65 % à 90% d’origine
étrangère, et principalement des : Nord-Américains, Russes, Espagnols, Italiens,
Allemands et Belges. Ce qui explique l’importance de développer un accueil
multilingue.
2.3.2. Les motivations à la pratique du tourisme culturel
Les visiteurs recherchent de plus en plus l’exceptionnel, l’inattendu et même
l’insolite quand ils préparent leur voyage. La visite d’un monument de façon passive
n’est plus attrayante, un territoire doit donc posséder une offre touristique variée
pour inciter les touristes à rester plus longtemps ou à revenir. La région Alsace, par
exemple, a diversifié son offre classique (monuments, châteaux, musées) avec des
musées techniques, des écomusées, des musées de société ou des lieux de
mémoire. Le touriste apprécie aussi les offres combinées comme un concert
programmé dans un cloître, des circuits pédestres ou équestres permettant de
découvrir le petit patrimoine rural ou encore un dîner dans un restaurant situé dans
une bâtisse classée.
En ce qui concerne le patrimoine architectural on peut noter une évolution
des motivations à la visite sur les 20 dernières années :
23
Figure 2 : Part des visiteurs motivés par le patrimoine architectural en priorité
(en %)
1980:
1995/2005:
2011/2012:
5% à 7%
10% à 12%
15% à 17%
Source : Vissières C., 2013
On remarque sur ce schéma une nette augmentation, cependant il faut
prendre en compte que le nombre de touristes à augmenter au niveau mondial
durant ces décennies.
En résumé,
La visite d’un site de patrimoine architectural est l’une des motivations
principales au voyage bien qu’elle fasse partie d’un ensemble combiné avec de
l’hébergement,
de
la
gastronomie
ou
encore
des
activités
sportives
et
évènementiels.
24
Chapitre 2 :
Une prise en charge du patrimoine bâti par les politiques
territoriales
Matthis Stock, explique qu’il existe « un paradigme des acteurs » (2010,
p.171). En effet, l’activité touristique est composée d’acteurs dis nécessaires :
ceux de l’offre, de la demande ou encore des procédures de régulation. Chaque
acteur possède une compétence propre qu’il met ensuite à disposition en créant
des relations avec d’autres acteurs et un lieu. Cette relation à l’espace est nommée
territorialisation. Un territoire est donc un espace social composé d’acteurs qui
interagissent et comme le disent Damien et Dorvillé c’est un «lieu d’identité
culturelle et d’initiative comme vecteur potentiel de développement» (2011,
p.11). Cette vision découle d’une approche systémique de la mise en tourisme du
patrimoine : tout d’abord une approche historique puis géographique, sociologique
et parfois même ethnologique et agronomique. Le patrimoine monumental est ainsi
réapproprié par les acteurs locaux ce qui permet sa transmission aux générations
futures. Cette idée d’appropriation permet de comprendre que lorsqu’une personne
s’identifie à son territoire, elle va vouloir le valoriser pour partager une histoire,
des valeurs et des projets.
1.
Le
système
d’acteur
du
tourisme
souvent
qualifié
de
« mille-feuille territorial»
Le fonctionnement d’un lieu touristique peut s’expliquer à travers trois
enjeux : « la répartition du pouvoir entre les acteurs, les caractéristiques du lieu
et l’ordre local » (Stock, 2003, p.209).
Mais il est également important de
comprendre les relations entre le tourisme et les habitants. De plus, il faut savoir
que même si les acteurs sont proches, ils ne travaillent pas forcément ensemble, la
coopération dépend de leurs compétences.
25
1.1.
Les acteurs privés en lien avec le territoire
Tout d’abord, il est possible de définir un premier cercle d’acteurs où nous
allons trouver les touristes et la population locale. En effet, les visiteurs sont à
l’origine des premiers territoires qualifiés de touristiques, révélés entre le XVIIIème
siècle et le XXème siècle. Mais les touristes sont toujours les créateurs des sites car
les professionnels du tourisme réagissent par rapport aux pratiques déjà existantes.
De plus, les touristes sont devenus eux-mêmes des « entrepreneurs », l’exemple du
guide du routard nous l’affirme. Ce guide, créé en 1975, aide les voyageurs à
choisir les meilleures prestations, élues par les voyageurs eux-mêmes.7 Dans un
second temps, ces touristes rencontrent les habitants du territoire qu’ils visitent.
La population locale entre dans le tourisme en offrant des services : restaurant,
logement, divertissement ; par exemple, avec des locations de meublés, des
appartements ou villas surtout quand il n’y a pas de parc hôtelier dans la ville
concernée. L’habitant n’est pas un professionnel mais il est payé, il respecte les
normes en vigueur, il peut faire partie d’un réseau de structures associatives pour la
promotion de sa prestation comme les Gîtes de France, le Bed and Breakfast
britannique, ou encore la chambre d’hôte qui a été expérimentée en France à
l’occasion des jeux olympiques de Grenoble en 1968.
Ensuite, il existe des intermédiaires entre les touristes et les acteurs ou les
lieux touristiques. C’est le cas des entrepreneurs comme les voyagistes ou Tours
Operateurs ; les agences de voyages qui distribuent des produits créés par les
voyagistes, vendent des titre de transport, élaborent des voyages sur mesure et
parfois quand il s’agit d’une agence réceptive, réalisent des prestations comme des
circuits ou des visites. Les autres intermédiaires vont être les transporteurs
(maritimes, ferroviaires, aériens), les hébergeurs avec des modes en constante
évolution (hôtels, hôtels-club, camping…) et les prestataires de l’animation et du
loisir. Il existe une très grande diversité de pratiques en lien avec le loisir soit très
spécialisée (l’escalade) ou pas du tout (la plage). Il est à noter que parfois les sites
définis touristiques ne le sont pas réellement car la fréquentation est au niveau de
7
Guide
du
Routard.
L’histoire
du
guide
du
Routard
[en
ligne]
<http://www.routard.com/planete_coulisse/page/saga.htm>. (Consulté 20-02-2013).
Disponible
sur :
26
la population locale. Mais le tourisme dynamise aussi des secteurs professionnels
indirectement comme les divers fournisseurs.
1.2.
Des acteurs publics nombreux et à toutes les échelles territoriales
Comme nous l’avons vu, les touristes ont un rôle important dans la mise en
tourisme d’un territoire jusqu’à la moitié du 20ème siècle mais les pouvoirs publics
et les entreprises sont intervenus de plus dans ce secteur. Nous allons ici nous
intéresser au rôle des acteurs publics dans l’activité touristique.
1.2.1. A l’échelle mondiale
A l’échelle mondiale, plusieurs pays ont créés ensemble l’Organisation
Mondiale du Tourisme (OMT) le 2 janvier 1975 dont le siège est à Madrid. Cette
organisation détient une compétence technique qui consiste en la coordination des
gouvernements, et qui met à disposition des statistiques mondiales concernant le
secteur touristique. Mais cet organisme a aussi un autre rôle, il
donne des
orientations aux différents pays notamment dans le tourisme durable grâce à une
politique mondiale du tourisme.
1.2.2. L’Etat français : un acteur incontournable
L’état est intervenu tôt dans le tourisme avec notamment Alexandre
Millerand qui participa à la création de l’office national du tourisme par loi du 8
avril 1910. Le tourisme a très vite montré ses enjeux de mise en valeur,
d’aménagement, et ainsi de développement économique. Ce qui explique
l’implication de l’état dans son développement. Aujourd’hui, les risques financiers
liés à cette activité poussent les acteurs à mettre en place des financements croisés
plutôt complexes avec des capitaux privés et publics sous forme de partenariat
entre les collectivités territoriales et le secteur privé. La valorisation des sites
patrimoniaux a donc un rôle d’intérêt général à travers le marketing territorial, les
activités d’accueil et d’information. En France, le processus de décentralisation qui
27
a débuté en 1982 avec la loi du 2 mars8 (puis de 1992), a transféré des compétences
propres
aux
collectivités
territoriales
(régions,
départements,
communes).
Aujourd’hui dans le secteur touristique, il existe donc une administration
centrale composée d’un ministère et des organismes attachés. Historiquement, ce
secteur n’a appartenu que rarement à un ministère à part entière, aujourd’hui huit
ministères sont en lien avec le tourisme de près ou de loin. Mais sa présence au
niveau national concerne la plupart des pays, même ceux plus libérales. La France
est représentée au niveau international par l’organisme Atout France qui fait la
promotion du pays à travers le monde.
1.2.3. Les organisations décentralisées françaises
En ce qui concerne les organisations décentralisés, définies comme des
structures administratives du territoire, elles sont présentes à différents niveaux.
Tout d’abord, il est obligatoire pour chaque conseil régional de posséder un Comité
Régional du Tourisme (CRT) qui consiste à développer l’offre et la promotion sur le
marché local. Les conseils généraux peuvent être à l’initiative de la création d’un
Comité Départemental du Tourisme (CDT) ou d’une Agence de Développement
Touristique
(ADT).
Ces
structures
départementales
possèdent
les
mêmes
compétences que les CRT mais à un niveau plus local, elles possèdent aussi un
service loisir accueil pour les réservations faites sur leur territoire. D’autres acteurs
publics départementaux peuvent s’impliquer dans la mise en tourisme et la
valorisation d’un site patrimonial ; c’est le cas de la chambre de commerce et
d’industrie, du comité d’expansion, de la chambre d’agriculture avec par exemple
le label « bienvenue à la ferme », ou encore la chambre des métiers. Les communes
ont elles aussi un rôle dans ce système. Presque toutes les communes, de toutes les
tailles, ont un Office de Tourisme (OT) ou un Syndicat d’Initiative (SI), bien que ces
derniers tendent à disparaître. Ces structures ont pour principales objectifs
l’information et l’accueil des visiteurs. Cependant, certains OT se sont vus attribuer
8 Vie Publique. Quels sont les grands principes régissant les collectivités territoriales ? [En ligne] Disponible
sur :
<http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/collectivites-territoriales/principescollectivites-territoriales/qu-est-ce-que-decentralisation.html> (Consulté le 20 février 2013).
28
d’autres
compétences
comme
la
gérance
d’un
site
touristique,
ou
la
commercialisation de produits dans une boutique interne pour les Etablissements
dits Publics à Caractère Industriel et Commercial (EPIC). Ces OT et SI sont
regroupés au sein d’une Union Départementale des Offices de Tourisme et Syndicats
d’Initiative (UDOTSI) ou alors au sein d’une Fédération Régionale des Offices de
Tourisme et Syndicats d’Initiative (FROTSI) ; toutes deux regroupées au sein de la
Fédération Nationale des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiative (FNOTSI).
L’effort de prestations est valorisé à travers un classement avec étoiles d’un OT ou
encore le label « station verte de vacances » attribué aux communes. Pour finir, il
existe une autre échelle, celle des Pays d’accueil touristique. Ils ont été créés en
1976 pour dynamiser le monde rural avec principalement des plans d’aménagement
ruraux. Au niveau juridique, ce sont des associations ou des syndicats
intercommunaux ou syndicats mixtes. Ils intègrent les politiques de développement
touristique à travers la recherche d’une identité territoriale. L’intervention de
l’état dans le secteur touristique se fait ainsi sous la forme d’une mise en tourisme
d’un site et de la gestion de ce site. Mais il ne faut pas oublier que « la culture
politique influence le rôle des organisations publiques » (Stock, 2010).
Ainsi, nous comprenons qu’il existe une multitude d’acteurs à plusieurs
échelles sous la forme d’un « mille-feuille » ; cette complexité ne doit pas
empêcher l’entente pour répondre au mieux à toutes les attentes des touristes et
aux différentes façons de voyager.
2. La valorisation du patrimoine à travers des labellisations
Les professionnels du tourisme s’accordent sur le fait que « la valorisation du
patrimoine est de plus en plus considérée comme un levier du développement local
et de l’insertion socio-culturelle » (Damien et Dorvillé, 2011, p.171). Nous avons vu
en amont que tous les acteurs liés aux territoires, aux sites patrimoniaux et au
tourisme sont en charge de ce développement. C’est pourquoi, au 21 e siècle, il a
été mis en avant de rendre les politiques patrimoniales et les aménagements des
territoires plus cohérents entre eux, et à tous les niveaux.
29
2.1.
La valorisation : accessible à chaque territoire
La valorisation des patrimoines, et donc du patrimoine bâti, est en lien avec
le
marché
actuel
qui
soutient
la
promotion
des
produits,
et
l’étude
comportementale des touristes.
2.1.1. Les enjeux de la valorisation du patrimoine
La valorisation touristique du patrimoine bâti est vue comme « un instrument
à part entière du développement territorial » (Patin, 2012, p.196). Il est donc
compréhensible qu’elle rassemble plusieurs enjeux pour un territoire. En effet, le
tourisme génère des recettes financières et de l’emploi ; il met aussi en avant
l’identité culturelle des populations locales tout en la renforçant ; il amène la
création de formations ; enfin il permet la conservation des savoir-faire. En plus de
l’amélioration de l’environnement et du cadre de vie des habitants, la valorisation
permet
l’implication des habitants au sein d’un projet commun pour un
développement socio-culturel du territoire. Mais, tout cela dépend aussi du
développement du pôle touristique en lien avec les offres des prestations et des
équipements de tourisme. Il est aisé de comprendre que les politiques de
valorisation sont plus utilisées par les grands pôles touristiques, les réseaux ou
encore les partenariats. Cela permet dans un second temps d’associer à ces pôles,
des sites moins fréquentés en mobilisant des ressources humaines ou matérielles.
C’est le cas au sein des pôles d’excellence rurale, des pays d’accueil, des
associations, entre autres. Par exemple, certaines régions vont mettre en place une
politique tarifaire avantageuse pour visiter plusieurs sites sur un même territoire
comme nous l’avons vu dans le chapitre 1. Ce système permet la valorisation de
sites mineurs et ainsi leur développement. La valorisation du patrimoine permet
donc d’associer des partenaires autour d’un même but et de provoquer des
retombées nombreuses, directes ou indirectes.
30
2.1.2. Comment mettre en valeur un territoire ou un site touristique ?
Le mode de valorisation le plus utilisé est la labellisation. En effet, c’est un
mouvement universel qui est très efficace pour la mise en réseau à travers
l’adhérence à une charte de qualité. Il existe des labels à toutes les échelles, ces
derniers permettent de faire connaître un territoire pour sa richesse patrimoniale,
par exemple. Mais il y a un risque sur la visibilité du site labellisé si une
multiplication de ces labels s’opère. Il faut donc utiliser cet outil avec parcimonie
et intelligence. Ces signes de qualité sont très apprécié car on ignore souvent la
qualité réelle des produits touristiques ou non. Les labels ou marques sont donc des
comportements stratégiques d’adaptation dans le but de différencier son produit,
en réaction à la multitude d’offres touristiques qu’il existe sur le marché. Il faut
donc créer des signaux pour que les clients se repèrent dans l’hétérogénéité des
produits. Ce n’est plus le prix qui est concurrentiel mais bien la recherche de
preuves de qualité, pertinentes et crédibles. D’ailleurs, selon Charles et
Thouément : « Le tourisme est un domaine où la recherche de signaux est plus
marquée qu’ailleurs » (2007, p.36). S’ajoute à cela une demande très forte de
respect des engagements de façon implicite ou explicite de la part des organismes.
Ceci s’explique par l’« explosion des projets culturels liés au patrimoine bâti »
c’est ainsi que « les demandes de labellisation se sont multipliés » (Damien et
Dorvillé, 2011, p.176). Les touristes ont donc besoin de nouveaux repères pour se
guider dans l’offre touristique patrimoniale. L’un des premiers qui a soutenu
l’émergence du tourisme en France justement à travers des signes de qualité est le
guide Michelin, qui propose des hébergements, de la restauration et des sites
remarquables, à ne pas manquer. Mais ce n’est pas le seul, et nous comprenons
ainsi que dans le tourisme il existe une quantité de labels mis en place pour
l’identification d’un territoire. Mais parfois leur logique est discutable, le label
n’est pas toujours légitime, il faut qu’il soit crédible pour être attractif.
31
2.2.
La multi-scalarité des signes de qualités
Les acteurs en présence sur un territoire ont le pouvoir de créer une cohésion
territoriale, mais c’est aussi le cas des réseaux comme les labellisations. Ces
dernières sont à l’origine de nombreux projets comme des manifestations
culturelles ou des créations d’organisme pour le développement culturel et
touristique, dans le but de protéger un site ou un territoire par la valorisation.
2.2.1. Un mouvement issu de l’échelle locale…
- Label Petites Cités de Caractère : En France, l’initiative de labellisation du
patrimoine vient de la Bretagne en 1977, avec ce premier label en lien avec le
patrimoine. Ses enjeux sont de sauvegarder le patrimoine témoin d’une histoire
caractéristique, de redynamiser l’économie, et de développer le tourisme culturel
et urbain. Ce label a donc été le premier à rechercher l’intégration au territoire
des populations locales et a créer un lien social. Il s’est inscrit par la suite dans un
projet de création d’une fédération nationale des Petites Cités de Caractère en vue
de donner une dimension nationale à ce label et ainsi de fédérer et homogénéiser
les pratiques nationales.
Figure 3 : Label "Petites Cités de Caractère Bretagne"
9
Source : Office de Tourisme du Pays de la Roche-Bernard, 2008
9
Site officiel de l’Office du Tourisme du Pays de La Roche-Bernard. Le Label Petites Cités de Caractère. [En
ligne] Disponible sur : <http://www.tourisme-pays-la-roche-bernard.fr/petites-cites-de-caractere-2-47.html>
(Consulté le 20-03-2012).
32
2.2.2. …Jusqu’à l’engouement national
Suite à cette initiative, d’autres projets de labellisation ont été développés.
Nous allons ici en énumérer plusieurs qui concernent la France.
- Les villes et pays d’art et d’histoire : Mis en place pour la première fois en 1984
avec la création du label « Ville d’art », et attribué par le ministère de la culture et
de la communication, ce label a pour but de promouvoir les biens patrimoniaux
mais aussi de sensibiliser les populations aux ressources locales à travers la
réappropriation du territoire, son respect, et sa réanimation. Il renforce aussi
l’attractivité des villes ou pays grâce à une nouvelle image voire la création d’une
marque. De plus, la sensibilisation des locaux à cette richesse patrimoniale apporte
un meilleur cadre de vie aux communautés concernées. Ces nouveaux usages du
patrimoine vont permettre la transmission de ces valeurs aux générations futures.
Les sites qui ont adhérer à ce signe de qualité ont du suivre une charte de qualité
comprenant plusieurs critères en ce qui concerne le développement du site et son
aménagement. Aujourd’hui, il existe 130 territoires labellisés Ville ou Pays d’art et
d’histoire en France. Chacun est représenté par un centre d’Interprétation du
Patrimoine.
- Les plus beaux villages de France : Créé en 1982, il profite à 182 communes
inférieures à moins de 2000 habitants. Ses priorités sont la préservation et la
valorisation de la qualité du patrimoine des petites communes rurales pour
accroître leur notoriété en maîtrisant la fréquentation, et en favorisant le
développement d’une activité économique liée au tourisme.
- Les plus beaux détours de France : Il a été décidé par le gouvernement français en
1998, de mettre en réseau des communes éloignées des grands axes de
communication et des grands sites touristiques et ainsi de les rendre attractif pour
développer de nouveaux territoires en raison de la saturation des grands pôles
touristiques. Cette initiative s’inscrit dans une volonté politique de mettre en avant
des territoires ruraux peu connus ayant une grande richesse patrimoniale.
- Le label « Village patrimoine » : Ce label est le témoin d’une nouvelle dynamique
de mise en réseau. Le territoire voulant adhérer à ce signe de qualité doit être
conforme aux normes choisies. C'est-à-dire qu’il doit exister au sein de ce territoire
33
un circuit de découverte des éléments remarquables de la commune. Les visites
touristiques sont réalisées par les habitants eux-mêmes que l’on appelle des
« guides villageois ». Le label « Village patrimoine » est donc créateur de lien
social.
2.2.3. Le label : un moyen de fédérer au niveau européen
Au niveau européen, il existe deux principaux labels qui témoignent d’une
prise de conscience de la valorisation du patrimoine : le label « Patrimoine
européen » et les destinations touristiques d’excellence.
- Le label « Patrimoine européen » : Il a été mis en place par la commission
européenne pour la promotion des activités artistiques et culturelles, l’accueil du
public et une information de qualité grâce à la pratique des langues et à
l’accessibilité. L’objectif est de créer des échanges entre sites, de développer les
bonnes pratiques, et de mettre en valeur les spécificités de l’histoire européenne.
Figure 4 : Label "Patrimoine européen"
10
Source : Ministère français de la Culture et de la Communication, 2007
10
Ministère de la Culture et de la Communication. Discours et communiqués : Le label « Patrimoine
européen ».
[En
ligne]
Disponible
sur :
<http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/indexlabeleurope.html> (Consulté le 20-03-2012).
34
- Destination touristique d’excellence : Ce label concerne les destinations dont
l’attractivité augmente et où il existe des éléments de durabilité dans le
développement du site ou de la ville. Il permet entres autres: l’amélioration du
cadre de vie, l’enrichissement social et culturel des populations locales et
des
touristes.
2.2.4. Les Nations Unies engagent une valorisation du patrimoine mondial
L’Organisation des Nations Unis (ONU), à travers l’OMT et l’UNESCO, fut la
première institution avec une politique de labellisation pour la sauvegarde du
patrimoine mondial et la valorisation de la culture, de la société, du tourisme et de
l’économie. Son objectif est de :
« préserver des témoignages, des cultures anciennes et des
sites exceptionnels en inscrivant ces lieux ou ces biens sur la
liste mondiale du patrimoine culturel et naturel tout en
rapprochant les peuples et les civilisations. » (Damien et
Dorvillé, 2011, p.219).
L’UNESCO a été créé le 16 novembre 1945 par la conférence de Londres, qui
est une convention entre 37 pays. Aujourd’hui, 188 états en sont membres dans le
but premier de maintenir la paix entre les nations. Le label UNESCO, lui, est perçu
comme une preuve de qualité d’un site, normalement déjà reconnu à une échelle
nationale ou locale, ce qui promet le développement de ce dernier ainsi que des
retombées économiques fortes. Il apporte rentabilité et développement aux
institutions locales et aux territoires. On comprend alors que de plus en plus de
sites demandent à figurer sur cette liste prestigieuse. A l’origine de cette initiative
les sites labellisés « patrimoine mondial » était 12, aujourd’hui il en existe plus de
900 dans le monde. Les sites choisis pour faire partie de la liste sont ceux « ayant
une valeur exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science ».
(Damien et Dorvillé, 2011, p.219). Et cet agrandissement de la liste pose certains
problèmes administratifs et financiers à l’organisation qui doit y faire face.
35
En résumé,
Lorsqu’un site est classé il est une fierté locale, un point de cohésion et d’échange
entre la population, les acteurs privés ou publics car un patrimoine valorisé créé un
sentiment d’appartenance très fort, qui sera transmis aux générations futures.
36
Chapitre 3 :
La notoriété d’un site bâti : génératrice de flux touristiques
1.
La notoriété d’un site, créatrice d’attractivité
Comme le dit Roger Brière, la fréquentation d’un site est la « réponse à une
attraction » (p 40, 1961-1962) provoquée par des qualités naturelles (paysage,
climat,
panorama,
biodiversité..)
et
culturelles
(histoire,
architecture,
population…). Pour les aménagistes le terme « attractivité » est apparu dans les
années 1970 sous l’idée d’organisation de l’espace grâce à des infrastructures et
des équipements touristiques de deux types principaux :
- ceux liés à une ressource comme les stations balnéaires, les sites
patrimoniaux ;
- et ceux liés à un marché économique comme les casinos ou les parcs à
thèmes.
En revanche, les sociologues étudient l’attractivité comme créateur de satisfaction
à travers les perceptions et le vécu des touristes qui sacralisent les lieux par leurs
pratiques. Les territoires ont longtemps préférer l’approche aménagiste en
s’organisant autour d’un pôle attractif pour atteindre une rentabilité directe du
site, cependant ils recherchent de plus en plus une certaine satisfaction de la part
des visiteurs.
1.1.
L’accès à l’information, une notion à ne pas négliger
Pour comprendre la notoriété d’un site, il faut savoir que les visiteurs sont
attirés par un site architectural lorsque certains éléments sont mis en avant grâce à
la valorisation d’un patrimoine à caractère unique, qui provoque des émotions avec
un message éloquent et percutant. Ce dernier critère est facilité par l’accès à
l’information à travers les nouvelles technologies et les supports de communication
37
individualisés comme les brochures à domicile, les DVD ou encore les applications
smartphones (qui proposent des circuits en centre ville historique par exemple).
Lorsque les sites ne possèdent pas une certaine notoriété auprès du public, il faut
alors la provoquer grâce à la création d’une image forte des sites ou des territoires
pour qu’ils deviennent attractifs. C’est ainsi que les gérants des châteaux de l’Aude
et de l’est des Pyrénées ont su profiter d’une histoire forte liée à l’époque cathare
En effet, depuis les années 1980 cette région a su créer une identité territoriale
basée sur nos représentations de cette époque, même si les dit châteaux sont
postérieurs à cette époque. Cette action a donné du sens au territoire qui est
devenu de plus en plus attractif. L’attractivité du patrimoine s’explique donc par
une valorisation souvent forte mais aussi par les modes de protection car cela
prouve sa richesse et son caractère unique. Lorsqu’un site de patrimoine bâti est
d’une importance tel pour le territoire que ce dernier engage une procédure de
conservation ou de protection, comme le label UNESCO, alors le visiteur attendra
de ce site qu’il soit exceptionnel. Le territoire doit donc valoriser sa particularité
propre pour répondre à ses attentes et provoquer la satisfaction du public.
1.2.
L’attractivité du bâti
L’attractivité est ce qui provoque le déplacement des populations,
l’attractivité touristique, elle, est due aux équipements, aux acteurs et projets
d’un territoire, aux festivités et évènements. C’est pourquoi, un territoire n’ayant
pas une grande richesse patrimoniale saura aussi faire venir des touristes s’il
s’organise et développe une image forte. En France, depuis une dizaine d’années, il
est possible de noter une évolution des attentes des visiteurs de sites de patrimoine
bâti. Le touriste moderne va être attiré par la qualité des prestations proposées,
mais aussi une certaine variété combinée à de l’authenticité. On comprend ainsi
que les circuits culturels se développent et deviennent plus nombreux.
L’augmentation des nuitées en chambres d’hôtes ou en gîte s’accompagne d’une
volonté de se confronter à l’identité d’un territoire à travers ces caractéristiques
patrimoniales diverses. Le patrimoine architectural a donc une place d’honneur
38
dans cette quête car représente l’histoire d’une région, sa culture et mêmes ses
valeurs. Dans le même temps, les classes « Patrimoine » se développe pour
sensibiliser les plus jeunes à leur héritage. Contrairement à ce que l’on pourrait
croire, cette tendance touristique est motivée par les citadins qui
veulent
retrouver une certaine qualité de vie de façon durable.
2. La
fréquentation
touristique
poussée
par
l’attractivité
des
territoires
La conséquence inhérente de la notoriété d’une destination et donc de son
attractivité est la fréquentation des lieux par les touristes. Nous commencerons par
étudier les prémices de la fréquentation touristiques puis nous en déduirons son
lien avec le patrimoine architectural.
2.1.
L’histoire de la fréquentation touristique
La première fois que l’on a pu parler de fréquentation touristique d’un site,
naturel ou culturel, fut au XVIIIème siècle avec l’hivernage des aristocrates Anglais à
la recherche de soleil, sur la Côte d’Azur. C’est donc tout d’abord une élite qui a
créé des pôles touristiques. De plus, les transports se sont développés lors de cette
période ce qui a facilité les flux de marchandises mais aussi de personnes. Les
hôtels commencent à se construire dans ces destinations pour accueillir les flux,
principalement dans les zones thermales ou balnéaires. Les services se développent
mais l’activité touristique est toujours maîtrisée et considérée comme ostentatoire,
réservée à une élite. Avec l’apparition des supports de communication comme les
affiches publicitaires, les cartes postales ou encore les encadrés dans les journaux,
la population moyenne s’imagine vivre aussi des vacances et ressente le besoin de
s’adonner aux mêmes pratiques que les aristocrates. L’entre deux-guerres fut
favorable à ce désir grâce à la création des congés payés en 1936 et d’autres
revendications faites par le peuple pour avoir aussi le droit au voyage et à la
découverte. Léo Lagrange participa à une des grandes avancées en terme de
39
tourisme social : les auberges de jeunesse, des lieux où l’on peut dormir et manger
à bas prix. C’est ainsi et aussi avec des politiques territoriales comme la loi
Littoral, que le tourisme de masse pris place au sein de cette activité durant les 30
glorieuses. L’activité économique était à son apogée, les touristes avaient donc du
temps, de l’argent et des destinations aménagées pour eux (côte Languedocienne).
C’est ainsi que le nombre de touristes s’est multiplié par six en 20 ans. La
fréquentation des sites culturels a donc aussi augmenté et de grands pôles
touristiques se sont mis en place pour répondre aux attentes des touristes. Le
terme de « tourisme » est définit par Dumazedier avec le concept des « 3D »,
chacun des « D » correspondant à une fonction :
- le délassement : les gens veulent oublier leurs obligations et se ressourcer
pendant le période des vacances ;
- le divertissement : qu’il soit spirituel ou intellectuel ;
- le développement : de soi principalement, en étant à la recherche de
reconnaissance sociale par exemple.
Le fait de fréquenter des sites touristiques est donc devenu un fait social très
important, qui petit à petit à construit la société telle qu’on la connaît
aujourd’hui.11
2.2.
L’importance du patrimoine bâti dans la fréquentation touristique
Au niveau mondial, il est possible de remarquer une densification des flux
touristiques, et cela malgré les crises économiques successives. En effet, selon
l’OMT les arrivées de touristes ont augmenté de 40 millions de 2010 à 2011.
12
La
visite du patrimoine a un poids important dans la vente de produits touristiques
c’est un élément provocateur de « l’envie de découvrir ». C’est pourquoi beaucoup
de destinations ou d’organisateurs de voyages proposent la visite d’un site
mondialement connu (classé patrimoine mondial de l’UNESCO par exemple). Cette
11
LEPILLER Olivier. Sociologie du tourisme. Cours de Master 1 TD, ISTHIA, Université Toulouse 2, 2012.
12 Veille info Tourisme. Faits saillants: Le nombre total d’arrivées de touristes internationaux devrait passer
pour
la
première
fois
le
cap
du
milliard
en
2012
[En
ligne].
Disponible
sur :
<http://www.veilleinfotourisme.fr/tourisme-international-92350.kjsp> (Consulté le 20-12-2012).
40
reconnaissance ou notoriété est un gage de qualité pour les visiteurs et promet un
développement fort et des retombées économiques pour le site.
Sur le territoire français, la fréquentation des monuments architecturaux a
souvent évolué au fil des années. Dans les années, 1980 et 1990 l’offre culturelle
se développer car la demande était très forte. Mais par la suite cette fréquentation
a ralentie puis baissée, à l’exception de quelques sites majeurs comme le Louvre ou
le Mont-Saint-Michel dont la fréquentation s’est maintenue grâce à d’importants
travaux d’aménagement et de restauration. Aujourd’hui, on remarque que la
fréquentation des sites bâtis est importante lorsque ce dernier met en place une
gestion des flux touristiques comme à L’Alhambra de Grenade ou quand il envisage
le site avec une stratégie commerciale comme c’est le cas au Château de Versailles.
De plus, ce sont des sites à forte notoriété ce qui les rend plus attractif que
d’autres sites moins présents médiatiquement. Si l’on ajoute à cela que, la
fréquentation d’un site de patrimoine bâti est composée à 80% de touristes et à
20% d’un public de proximité, on comprend l’importance pour ces sites de se faire
connaître nationalement dans un premier temps puis parfois mondialement.
41
Figure 5: Comparaison de la fréquentation entre la visite de site de catégorie C
(châteaux et architectures remarquables) et les visites culturels en France Atout France - 2009
Source : Atout France, 2009
2.3.
Quand la fréquentation
touristique atteint
des niveaux
de
saturation
Comme nous l’avons vu en amont, la fréquentation touristique des sites
augmente en même temps que le nombre de départs touristiques mondiaux. C’est
alors que les sites sont face à ce problème : les touristes peuvent partir où et quand
ils le veulent. Bien que cette liberté nous paraisse normale elle est la source de
problèmes de saturation des sites. En effet, de nombreuses arrivées de touristes au
même moment, au même endroit provoquent un encombrement des lieux. Les
répercutions de cette surfréquentation peuvent toucher les acteurs touristiques en
réduisant leur opérationnalité, les autorités locales de la destination à travers de
diverses pressions et enfin les gestionnaires des sites culturels mais aussi naturels
qui peuvent être perturbés dans la préservation des propriétés physiques du site
même et de ses attraits touristiques.
42
SYNTHESE DE LA PARTIE 1
De tout temps, lorsque les sites sont très fréquentés c’est qu’ils représentent
une «célébration collective d’une réaffirmation identitaire » (Patin, 2012, p.17).
L’activité touristique s’étant fortement développée depuis les années 1970, les flux
touristiques ont augmenté pour convertir un premier tourisme d’élite à un tourisme
de masse. De plus,
grâce à l’accessibilité, à l’émergence de plusieurs pays au
niveau économique et politique, les touristes viennent du monde entier. Les sites de
patrimoine bâti comme les sites naturels non pas été épargnés par cette
surfréquentation. Plusieurs problèmes peuvent découlés de ces pratiques comme
la dégradation prématurée des monuments due aux piétinements, le vandalisme, la
perte de qualité des visites ou encore la standardisation des sites au niveau de
l’aménagement. Les gérants de sites de patrimoine bâti sont donc confrontés à
deux enjeux :
- accueillir un public large ; en effet, les acteurs touristiques considèrent
qu’un site doit pouvoir accueillir tous les publics.
- et sauvegarder le caractère et la valeur patrimoniale de ce site.
Cependant, ce dernier élément tend à disparaître lorsque la fréquentation est plus
forte de ce que peut supporter physiquement le site et si les aménagements choisis
ne sont pas cohérents. Au fil des années, la nécessité d’une meilleure gestion des
flux touristiques est donc devenue évident.
Ce constat, nous amène à nous poser la problématique suivante :
Face à l’affluence des touristes dans les sites de patrimoine bâti à forte
notoriété, quels outils de gestion des flux touristiques les acteurs locaux
mettent-ils en placent?
Dans une seconde partie, nous étudierons deux pistes de réflexion pour
tenter de répondre à ce questionnement.
43
PARTIE 2 :
GERER DE FAÇON DURABLE LA SATURATION
TOURISTIQUE AU SEIN DES SITES DE PATRIMOINE
BATI
: EVIDENCE OU MANQUE ?
44
INTRODUCTION DE LA PARTIE 2
La première partie de ce travail a permis de rassembler et de comprendre les
notions nécessaires pour aborder une phase analytique de notre sujet : la gestion de
la fréquentation touristique des sites de patrimoine architectural à forte notoriété.
La seconde partie de ce mémoire sera composée de deux chapitres qui
correspondent aux hypothèses avancées. Ainsi, nous étudierons tout d’abord les
outils de gestion des flux touristiques en considérant que la saturation des sites de
patrimoine bâti peut être destructrice pour ces derniers. Nous intègrerons alors ces
éléments au sein de la notion de développement durable pour démontrer la
nécessité de rendre pérenne l’activité touristique tout en respectant les édifices
architecturaux.
La seconde hypothèse aura pour but de vérifier que ces outils de gestion de
la saturation touristique sont utilisés par les gérants des sites. Dans le cas où ces
dispositifs ne resteraient que théorique sans aucune opérationnalité nous essaierons
de comprendre comment les sites peuvent être protégés en aval des dégradations
physiques et pour éviter la baisse de qualité des visites.
Par la suite, une conclusion à cette partie 2 introduira une dernière partie
qui appliquera ces éléments évoqués à une étude de cas.
45
Chapitre 1 :
Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour
les sites de patrimoine architectural
1.
La capacité de charge : témoin des prémices d’un nouveau mode de
penser
Comme le souligne Valéry Patin, « le tourisme est aussi un facteur de risque
évident pour les sites et pour leurs abords. » (2012, p.115). Cette réflexion a été
commune à beaucoup de spécialistes qui ont voulu pointer du doigt cette
fréquentation excessive
qui a eu tendance à dégrader le patrimoine naturel et
culturel. Mais ce n’est pas les seules conséquences de la surfréquentation, le
territoire peut-être marqué par les équipements en dehors du site (parking, route,
point d’accueil) et les visites des sites sont souvent de moins bonne qualité. Nous
comprenons ainsi que cette tendance met à mal le développement local.
1.1.
L’approche historique du développement touristique
Augmentation du temps libre, amélioration des moyens de transport au
niveau national et international, changement du rapport au travail et envie de
rupture du quotidien sont autant de facteurs qui ont permis à l’activité touristique
de se développer fortement lors de la seconde moitié du XXème siècle. Le tourisme a
été ainsi reconnu aux yeux de tous comme une activité économique à lui seul, et
même une des plus importantes au niveau mondiale. Le voyage n’est alors pas
toujours synonyme de rencontre ou d’échange mais une consommation de la
destination, de l’espace.
46
Figure 6 : Arrivées internationales de touristes de 1950 à 2004
13
Source OMT, 2005
Suite à ce développement important, dans les années 1970, les acteurs du
tourisme ont dénoncé les pressions provoquées par l’activité touristique dans un
premier temps sur l’environnement et la population locale dans le but premier les
préserver mais aussi de ne pas dégrader les atouts naturels et culturels des
territoires nécessaires à cette activité. D’autre part dans organisations nongouvernementales ont commencé à apparaître à cette époque comme WWF ou
Green Peace qui mettent l’accent sur la protection de la planète. La capacité de
charge des sites a alors été mise en avant comme un outil permettant d’établir des
limites au phénomène touristique. Nous allons ici exposer trois types principaux de
pressions que le tourisme de masse exerce :
a) Au niveau de l’environnement, la fréquentation touristique réduit les
ressources naturelles, dégradent certains relief et pollue les territoires (gaz,
déchets).
13
CETRI. Expansion du tourisme international : gagnants et perdants [En ligne]. Disponible sur :
<http://www.cetri.be/spip.php?article83> (Consulté le 20-03-2013).
47
b) Les tensions socioculturelles sont aussi au cœur du problème car les
interactions entre la population et les touristes peuvent donner lieu à des
conflits d’intérêts ou d’usage ; par exemple dans les pays en voie de
développement d’Afrique où l’eau est rare pour la population, les touristes
eux peuvent l’utiliser en abondance dans les hôtels-club entre-autres.
c) La dimension économique est aussi pointée du doigt car les retombées
économiques du tourisme ne font pas tout le temps bénéficier les acteurs
investit dans le développement territorial ; ce qui remet en cause la volonté
du tourisme à développer un territoire.
De plus, à partir des années 1970 on peut remarquer que l’offre touristique
vieillit. Le tourisme de masse n’est plus une tendance et les touristes recherchent
de nouveaux modes de voyage et une diversification des offres en activités de
loisirs, d’hébergements, etc.
1.2.
La capacité d’un site : une notion du XXème siècle
C’est dans ce contexte que le terme capacité de charge, ou capacité
d’accueil s’est démocratisé. Cette notion vient des Anglo-Saxons avec le terme
« carrying capacity ». Il définit l’équilibre entre la conservation d’un site et son
ouverture au public c'est-à-dire « (…) le niveau de fréquentation touristique qu’un
site (…) peut supporter sans que ses qualités ne se détériorent, sans que les
populations locales soient submergées, sans que la qualité de la visite soit
anéantie. » (Patin, 2012, p.33). Cette notion va détenir une place importante au
sein du concept du développement tout d’abord territorial puis du développement
durable définit par le rapport Bruntland en 1987 comme ceci lors de la 42ème session
de l’Organisation des Nations Unies : « Le développement durable est celui qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations
futures à répondre aux leurs. »14 Cette définition du développement a été le fruit
d’une longue réflexion dont les prémices du début des années 1970 avec le rapport
14
RAYSSAC Sébastien. Développement et tourisme durable. Cours de Master 1 TD, ISTHIA, Université Toulouse 2,
2012.
48
Meadows qui pointait du doigt une société productiviste elle-même établit sur les
valeurs des 30 glorieuses. Ce premier rapport mettait en évidence l’épuisement des
ressources et donc la menace forte qui pèse sur les écosystèmes de notre monde.
L’idée de durabilité n’est donc pas jeune mais elle ne prendra forme qu’à la fin des
années 1980 sous la définition que l’on connaît aujourd’hui. Cette notion prend en
compte trois volets pour un développement territorial équilibré :
- l’économie, c'est-à-dire qu’un territoire (ou un site) doit être performant
mais aussi compétitif ;
- l’environnement car les ressources sont limitées mais il faut qu’elles soient
pérennes ;
- et la dimension sociale car le progrès humain est aussi une solution à
travers la solidarité entre les populations et la recherche d’un intérêt
collectif.
49
Figure 7 : Schéma développement durable
Economique
Equitable
Viable
DURABLE
Social
Environnemental
Vivable
Source : VISSIERES C., 2013
En ce qui concerne le patrimoine bâti, cette réflexion n’est apparue que
dans les années 1990 au moment où les gestionnaires de sites prennent conscience
de l’impact de la valorisation. On aurait pu espérer une modification des
perceptions de la valeur patrimoine, cependant les années 2000 ont été
annonciatrices d’une nouvelle forme de gestion. En effet, les acteurs du tourisme
préfère analyser les comportements des touristes pour répondre au mieux et le plus
rapidement possible à leurs attentes dans l’espoir de provoquer des retombées
économiques sur le territoire dans le court terme. Plus tard, l’Organisation
Mondiale du Tourisme (OMT) finira par élaborer une définition de la capacité de
50
charge intégrée dans les stratégies de développement durable, qui prend en
compte les sites naturels comme les sites architecturaux :
« Il s’agit de déterminer le nombre maximum de visiteurs et
la limite acceptable de construction des nouvelles
infrastructures d’accueil qu’une zone est en mesure
d’absorber avant qu’il ne soit trop gravement porté atteinte à
ses valeurs. La capacité d’accueil des touristes inclut aussi la
gestion de la satisfaction de ces derniers eu égard au nombre
des autres visiteurs du même site. » (OMT, 2004, p.22)
Il est à remarquer que l’OMT prend en considération la satisfaction des
touristes lors de leur visite, cette notion nous intéressera plus loin dans ce travail.
1.3.
Les enjeux de la maîtrise de l’activité touristique
Nous avons ainsi compris que la capacité de charge détermine le nombre
maximum acceptables de visiteurs sur un site au sein du développement
touristique. De nombreuses destinations touristiques ont été victimes de la
saturation touristique mais elles ne l’ont identifié que quand les effets sont
devenus visibles comme des dégradations de sites qui ont eu pour conséquence une
baisse de la demande touristique. La capacité de charge est donc un instrument
empirique, en effet l’expérience de chacun doit être partagée pour mieux anticiper
les problèmes de la fréquentation touristique. D’une façon générale, trois questions
sont à aborder dans la gestion d’un site en ce qui concerne les flux touristiques :
a) Combien de personnes le site peut-il accueillir sans le détériorer ni le
modifier ?
b) De quelle façon les visiteurs peuvent-ils être accueillis tout en répartissant
les flux de manière temporelle et spatiale et en réduisant les impacts
négatifs ?
c) Quel est le nombre de visiteurs à ne pas dépasser sur le un site sans prendre
de précautions ?
51
Il est possible de mettre en avant plusieurs éléments pour savoir si la
capacité de charge d’un site est dépassée. Tout d’abord, le premier élément et
certainement le plus visible est quand des dégradations sont constatées sur le
patrimoine naturel ou culturel. Ensuite, si la population locale s’affirme contre le
tourisme cela veut dire que le territoire est en proie aux conflits d’intérêts et/ou
d’usage. Le patrimoine identitaire auquel la population est très attachée peut être
détérioré par l’activité touristique. Les équilibres sociaux sont alors touchés, pour
réparer cela les acteurs locaux doivent identifier les éléments patrimoniaux
importants pour la population comme des lieux de vie communs et les protéger. Le
troisième élément concerne l’accueil d’un site qui est révélateur d’une
surfréquentation lorsqu’il baisse en qualité. La satisfaction des visiteurs est alors en
diminution ce qui créé une image négative du territoire. La capacité de charge se
développe alors dans un contexte de crise locale, à petite échelle comme une
commune ou un Pays. Comme le souligne Valéry Patin, ce calcul est un complément
à différentes actions que peuvent mettre en œuvre les acteurs du tourisme sur leur
territoire comme
« la sensibilisation, la protection des pratiques culturelles
locales, la participation à la gestion directe des sites, la
participation aux activités induites par la fréquentation
touristique du patrimoine ». (p.141, 2012).
Ceci, permet d’inclure la population locale au sein des projets du territoire et
évitera de nombreux conflits sur les territoires possédant un fort potentiel
patrimonial.
52
Figure 8 : Schéma explication crise locale
Equilibres
sociaux
touchés
Baisse de la
qualité de
l'accueil
Dégradations
sur le site
Crise
Capacité de
charge du site
dépassée
Source : VISSIERES C., 2013
Le patrimoine architectural est une richesse culturelle qui ne peut se
renouveler ; aussi même dans une dimension économique sa protection est
importante pour que chaque site reste un atout touristique pour leur territoire.
Dans la plupart des ouvrages que nous avons utilisé pour acquérir des connaissances
sur ce sujet, les auteurs affirment que contrairement aux éléments naturels, la
saturation d’un site bâti est atteinte lorsqu’elle est la même que la capacité
physique du site à accueillir les visiteurs. Cependant, cela dépend du site en
question : pour certains sites architecturaux il est plus profitable d’espacer le
nombre de visiteur selon par exemple sa fragilité ou l’intérêt culturel du site. Ici,
nous remarquons qu’il faut donc utiliser certains critères propres à chaque site pour
évaluer la capacité de charge.
53
2.
Calculer la capacité de charge : un outil intégré dans une stratégie
de développement territorial
Ce sont les gestionnaires des sites qui ont le pouvoir de décider si la capacité
de charge est un outil utile, même si la participation des locaux est souvent
cohérente. Pour ce calcul il faut dans un premier temps prendre en compte certains
critères du site touristique que nous allons détailler dans cette partie. Puis, après
ce diagnosticles acteurs locaux seront en mesure d’établir des scénarii grâce au
calcul de la capacité de charge. Nous comprenons ainsi que caque capacité est
différente car elle dépendra des conclusions des gestionnaires et des mesures qu’ils
souhaiteront mettre en place.
2.1.
Les critères à intégrer dans ce calcul
Le calcul de la capacité de charge doit prendre en compte les
caractéristiques du territoire qui sont souvent en relation entre eux, ce qui
complique sa mise en place. Les acteurs d’un site doivent s’intéresser à la capacité
physique c'est-à-dire le nombre de lits, les modes de transport et les
infrastructures ; à la taille de la population sur le territoire concerné ainsi que
l’identité culturelle ; aux activités touristiques et de loisirs ; ou encore à la durée
des séjours des touristes. De plus, il est préférable que la zone étudiée soit
homogène, dans le cas contraire la capacité de charge est difficile a évalué par
exemple entre un centre historique est des quartiers approchants. Il paraît évident
que ce calcul est facilité quand la zone possède des limites bien définies comme
une île.
Voici une liste de critères que le gestionnaire de site doit utiliser pour faire
son diagnostic :
- la capacité physique du site ou du territoire ;
- la résistance ou la fragilité du site ;
- la perception des visiteurs : grâce à des enquêtes il faut évaluer l’image et
les attentes qu’a le visiteur du site et la réalité de ce dernier, puis l’expérience de
visite des touristes ;
54
- la capacité physique des aménagements d’accueil et d’information ;
- enfin, la capacité d’acceptation du tourisme des populations locales à
travers les usages touristiques ou non du site.
2.2.
Les différentes capacités à prendre en compte dans sa stratégie de
développement touristique
Pour gérer les flux touristiques, la capacité de charge doit être mise en place
et ne pas être simplement théorique. Pour cela, il faut tout d’abord choisir quel
type de capacité le gestionnaire du site souhaite évaluer. Il en existe trois qui sont
plus ou moins cohérente selon la fréquentation du site, bien que les trois puissent
être utilisées simultanément pour une vision globale du développement suivant les
trois dimensions que nous avons vu en amont : celle sociale, environnementale et
économique. La capacité annuelle d’un site concerne principalement la vitesse de
dégradation de ce dernier, il faut donc établir une évolution suivant des indicateurs
sur le long terme. Vient ensuite la capacité journalière qui elle va concerner les
services qui sont nécessaires à la gestion du site chaque jour comme par exemple le
nombre d’employés sur site pour l’accueil ou l’entretien du monument. Il faut aussi
préciser que la perception des locaux du tourisme sur leur territoire est à prendre
en compte. Enfin, il est possible de calculer une capacité instantanée. Pour cela, il
faut établir une journée type qui permettra d’évaluer la qualité de la visite et le
confort des touristes par jour et aussi d’adapter les services, comme dans la
capacité journalière. Une méthode qualitative peut être utilisée bien qu’il soit
admis qu’un visiteur représente 2 mètres² dans le site bâti et 1mètre² les journées
où il y a des pics de fréquentation sur une courte durée.
55
Figure 9 : Les types de capacité de charge
Capacité
annuelle
Capacité
journalière
Capacité
instantanée
• en lien avec la
détérioration du site
• adapter les services
nécessaires aux visiteurs
• niveau de tolérance de la
population locale
• accueil et information :
taille des équipements
• confort, intérêt et
qualité de visite
Source : VISSIERES C., 2013
3. Les instruments pour le développement durable d’un site
La capacité de charge calculée, le gestionnaire d’un site doit choisir entre
les outils qui découlent de ce calcul dans le but d’éviter une saturation touristique
tout en développant le tourisme, alors inscrit dans la durabilité. L’opérationnalité
de cette stratégie dépend du gestionnaire mais aussi des politiques locales à vouloir
contrôler le tourisme.
3.1.
La régulation règlementaire
- Limite au libre accès : Cette réglementation peut directement agir sur la
fermeture d’un site architectural. Elle est utilisée dans des cas d’extrêmes
56
dégradations où lors de restauration. Mais elle concerne aussi une limitation du
nombre de visiteur pure et simple. Cette solution, souvent contestée, est pourtant
un moyen d’accroître la notoriété du site car pour les visiteurs « la frustration est
source de valorisation ».15
- Régulation de l’accès à des activités ou des zones spécifiques : Certaines parties
d’un bâtiment peuvent être fermées au public comme un clocher fragile d’une
église par exemple, pour éviter les piétinements ou autres effets néfastes de la
saturation du site.
- Aménager pour concentrer ou disperser les flux : Il s’agit par exemple de séparer
la
circulation
automobile
de
la
circulation
piétonnière ;
d’éloigner
les
stationnements du site ou du centre historique ou de créer des parkings
souterrains ; de mettre en valeur les transports en commun ou encore de créer des
« arrêts sur le pouce » pour les groupes de touristes. Cependant, cette technique
est difficile à mettre en place et parfois onéreuse.
- Fixer les prix : Le gestionnaire d’un site peut choisir d’établir un prix dans la
moyenne haute pour y entrer. Bien que ce système soit le moins apprécié il permet
de réguler la fréquentation sur le court terme en empêchant l’accès au bâtiment
aux personnes les moins aisées. Cependant, la législation européenne interdit la
mise en place de tarifs préférentiels comme par exemple la gratuité pour les
résidents de la commune du site et une entrée plein tarif pour les touristes ou
excursionnistes.
3.2.
Des outils organisationnels possibles en amont de l’arrivée des
touristes
- « L’évaluation prospective de fréquentation » (PATIN, 2012, p.118) : Grâce à des
sondages sur différents publics un site peut estimer sa fréquentation durant
l’année ou lors des pics de fréquentation instantanée pour anticiper le phénomène
et mettre en œuvre la stratégie adaptée. Cela peut être une tarification horaire
15
TORRENTE Pierre. Gestion de projet de développement touristique. Cours de Master 1 TD, ISTHIA, Université
Toulouse 2, 2013.
57
différente sur une même journée, un agrandissement des heures d’ouverture du
site, la mise en place d’itinéraires « Bis » ou pour finir une limite du nombre
d’entrées au site.
- Gérer l’information : C'est-à-dire la pratique du non-marketing ou encore le fait
de diminuer ou supprimer les actions de communication, pour rendre moins
attractif un site. Cette méthode est peu utilisée en France mais à Venise par
exemple, les politiques locales renseignent constamment les internautes sur les
heures de pointes, les encombrements et les facilités d’accès grâce à leur site
internet, ce qui permet d’étaler les flux dans le temps.
- Les systèmes de réservation : Ces systèmes ont d’abord étaient conçus pour
limiter le temps d’attente des visiteurs, car ce dernier est souvent créateur
d’agressivité quand il est trop long. Puis, la réservation a été utilisée pour répartir
les visites dans le temps et permettre ainsi de meilleures conditions de visite et la
préservation du site.
3.3.
Sur site : mieux organiser pour mieux gérer
- « Rendre l’attente intelligente » (Lindström, 1999, p.1) : Le gestionnaire du site à
le choix de faire attendre les visiteurs pour étaler les flux. Cependant, il doit faire
attention au mécontentement de ces derniers. Pour cela, on peut informer le
touriste sur le temps d’attente, organiser l’attente c'est-à-dire prévoir un espace
dédié, mettre à disposition de l’eau. Le Château de Versailles face à haute
fréquentation a choisi cet outil et met petit à petit en place une organisation des
espaces hors visites. (Annexe B). Ce site ne cherche pas à réduire l’attente mais
plutôt à la gérer car les gestionnaires ont compris qu’un temps d’attente montre à
tous que le site possède une forte notoriété.
- Dévier les flux : Il est possible de multiplier les centres d’intérêts grâce à des
circuits ou des évènements localisés parfois au sein de lieux et sites moins connus
ou moins fréquentés, ou encore grâce à des visites thématiques, une tendance de
plus en plus répandue. On peut aussi modifier la signalétique du site pour orienter
les visiteurs.
58
En résumé,
Sans le tourisme, l’économie du patrimoine est donc dépendante des
financements publics qui d’années en années perdent de leur importance. Au
commencement de la mise en tourisme du patrimoine, les monuments étaient
respectés tout en générant des ressources touristiques. Mais depuis la naissance
d’un tourisme de masse cet équilibre s’est dégradé. Le but principal des sites est
aujourd’hui la rentabilité financière sans prendre en compte la qualité des visites
ou les éventuelles dégradations des monuments. Cela a donc motivé les sites à
développer leur valorisation à travers, par exemple, l’inscription du monument à la
Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO qui possède une forte image mondiale et
induit ainsi une grande notoriété des sites classés. Cela favorise de fortes
fréquentations touristiques et met en danger le patrimoine en le dénaturant.
D’autres sites recherchent l’équilibre entre la mise en tourisme et la protection du
patrimoine, c’est le cas de l’Alhambra de Grenade par exemple. Ses gestionnaires
choisissent de réduire le nombre de visiteurs et de valoriser des partenariats locaux
pour des retombées économiques et sociales plus importantes pour les territoires.
Les conditions de protection et de valorisation peuvent donc être améliorées par
des plans de gestion de site. En effet, le visiteur n’est pas obligatoirement un
danger pour le site architectural mais il doit être gérer en accord avec sa capacité
et sa fragilité. Les solutions semblent simples pour contrer la saturation touristique
d’un site de patrimoine bâti : il est nécessaire de mieux répartir la fréquentation
dans le temps et dans l’espace.
59
Chapitre 2 :
Mais des outils de gestion peu exploités, ceci ayant pour
conséquence la dégradation des sites et des visites
Une trop grande affluence de touristes dans un même site a des
conséquences dévastatrices pour le site en lui-même mais aussi pour les visiteurs
qui ne peuvent plus profiter autant de l’intérêt culturel du site.
1. Les
conséquences
de
l’ingérence
de
la
fréquentation
des
sites
architecturaux
Bien que de nombreux outils pour gérer les flux touristiques existent, ils sont
souvent peu utilisés par les gestionnaires des sites culturels. Nous allons ici
comprendre que ces choix seront vécus comme un manque lorsque la capacité de
charge des sites est dépassée.
1.1.
La perte de qualité des visites des sites de patrimoine bâti
Une fréquentation excessive des sites architecturaux peut entraver la qualité
de la visite d’un site de différentes façons. D’abord, quand il y a trop de personnes
au même endroit la visibilité est moindre, on peut donc moins profiter d’une
architecture particulière et accéder à des panneaux d’informations sur l’intérêt
patrimonial du site devient très difficile. La visite du site n’est alors pas au niveau
des attentes du touriste, ce qui lui laisse un effet de frustration, il qualifiera alors
ce moment comme insatisfaisant. De plus, la saturation touristique a aussi des
conséquences sur le personnel d’accueil. En effet, si les agents d’accueil et
d’information sont en sous effectif par rapport à la fréquentation instantanée du
site alors il se peut qu’ils deviennent désagréables ou même agressifs dans leur
façon de renseigner les touristes. Ces derniers commenceront alors leur visite sur
60
une note négative, les promesses culturelles du site devront alors répondre
complètement aux attentes des visiteurs et même les dépasser.
Pour appuyer les propos mis en avant ci-dessus, voici des exemples de
commentaires d’internautes sur le site Tripadvisor, qui permet aux utilisateurs de
faire des remarques sur leurs activités lors de leur voyage (Annexe E): 16
“Trop de monde”
Avis écrit le 26 mars 2013
« Splendide bâtiment, impressionnant, mais.... Impossible de visiter la cathédrale
tant la file est longue... du moins, si on peut le faire, mais alors on perd un temps
précieux! Dommage! »
“Vous avez la carte fidélité??”
Avis écrit le 28 octobre 2012
« Vatican Market! Voilà le nom de la célèbre cathédrale qui a fait de Victor Hugo un
écrivain mythique!
Cette cathédrale est réputée pour sa splendeur... petit "hic" vous ne pouvez plus
faire un mètre sans tomber sur une machine à distributeur de médailles, mendiants
en tout genre, les cierges sont clairement hors de prix (jusqu'a 20€!), comment se
recueillir dans ce marché couvert? Manque plus que la carte fidélité je vous dis! »
Visité en Juillet 2012
“Pire qu'un pèlerinage”
Avis écrit le 3 mai 2012
« C'est très dommage, un si beau site, avec une telle architecture ... Totalement
maltraité par ces milliers et milliers de touristes quotidiens. Rien de serin, cela
ressemble plus à un Disneyland religieux qu'à autre chose. Tenter de faire la visite
16
Tripadvisor.
Cathédrale
Notre-dame-de-Paris
[En
ligne]
Disponible
<http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g187147-d188679-Reviews-Notre_Dame_CathedralParis_Ile_de_France.html> (Consulté le 15-03-2013).
sur :
61
le matin de bonne heure, peut être il y aura moins de monde. Bon courage pour la
visite. » Visité en Mai 2012.
1.2.
Une dégradation physique des sites évidente
Le patrimoine architectural, et le patrimoine en général, souffre d’une perte
constante de par son état. Comme chaque bâtiment il s’affaiblit et se dégrade au
fil des années à cause d’éléments naturels tels que les mouvements de sols ou les
intempéries. En ce qui concerne les bâtiments architecturaux touristiques, le
danger est doublé car la saturation touristique d’un site de patrimoine bâti peut
provoquer des effets indésirables est souvent irréversibles sur les propriétés
physiques du dit site. Il existe diverses formes de dégradations comme des graffitis,
des vols (poignée de portes ou autres petits objets), des piétinements, des
frottements (contre les tapisseries par exemple) ou encore la fragilisation des
vestiges. Tout ceci est provoqué par l’affluence de touristes sur un site mais surtout
par la non gérance de ces flux touristiques. Par exemple, les piétinements de
centaines de visiteurs dans un même endroit peuvent avoir pour conséquence
d’abîmer un parquet d’époque par l’usure ou même de déstabiliser la structure
d’un site qui à son origine n’a pas été construit dans le but d’accueillir autant de
personnes.
Il a été très compliqué de trouver des sources bibliographiques faisant actes
de dégradations physiques du patrimoine architectural dont la cause est la
surfréquentation touristique de ce site. Néanmoins, la photographie ci-après
représentant des touristes visitant la Grande Muraille de Chine, illustre ces propos.
Il est tout à fait imaginable que certaines personnes aient eu la volonté de laisser
une trace de leur passage en gravant ou dessinant sur ces murs ; ou encore que la
pression du passage de ces milliers de touristes fragilise l’ensemble de la structure
sur le long terme.
62
Figure 10 : Saturation touristique, exemple de la Grande Muraille de Chine
17
Source : Le quotidien du peuple en ligne, 2012
Pour finir, il est possible de pointer du doigt la standardisation des
aménagements au sein des sites qui est aussi une forme de dégradations car cela
dénaturalise le monument ou le site en lui-même. En effet, il faut penser à une
forme de réversibilité de l’aménagement pour anticiper ses conséquences néfastes.
L’agencement d’un site doit être en lien avec l’identité du territoire et être
éphémère pour garantir la durabilité du site architectural.
17
Le quotidien du peuple en ligne. Sur les grands sites touristiques chinois, c'était la foule des grands jours… [En
ligne] Disponible sur : <http://french.peopledaily.com.cn/Tourisme/7969532.html> (Consulté le 30-03-2013)
63
2. Des dispositifs postérieurs aux dégradations physiques du patrimoine bâti
Un des entretiens réalisés dans le cadre de ma recherche exploratoire fait
apparaître des défaillances dans la gestion des sites architecturaux, en effet,
certains gérants n’ont pas de systèmes d’observation ou de gestion des flux
touristiques qui pourraient prévenir des dégradations éventuelles.
18
Nous allons
donc maintenant étudier les dispositifs de restauration et de conservation qui sont
mis en place en aval de la saturation touristique.
2.1.
Préserver et conserver : les maître mots du patrimoine architectural
Le patrimoine bâti est très important aux yeux des populations car il
témoigne d’un passé commun d’une identité. Ceci explique la volonté des
politiques territoriales de le valoriser mais aussi, et c’est ce que nous allons étudier
ici, de le préserver.
Tout comme pour la valorisation du patrimoine architectural, sa protection
s’inscrit principalement au sein des politiques publiques de façon multi-scalaire :
- L’échelle mondiale : Ainsi au niveau mondial c’est l’UNESCO qui a un rôle
prépondérant comme nous l’avons étudié dans la partie 1 de ce travail. En effet,
cet organisme a pour vocation de protéger les sites culturels et naturels. Cette
protection passe par une promotion touristique des sites car les retombées
économiques sont nécessaires pour mettre en place des dispositifs de conservation.
On peut alors comprendre qu’il est impératif pour les gérants de sites classés
patrimoine de l’humanité de trouver un équilibre entre le tourisme et la protection
pour que le patrimoine ne subisse pas les effets indésirables de cette activité
économique.
18
Entretien exploratoire avec M. X, directeur de l’Office de Tourisme*** de Moissac, dans le Tarn et Garonne
(82), réalisé le 25 janvier 2013. (Annexe C)
64
- En France : La gestion du patrimoine bâti relève du Ministère de la Culture et de
la Communication à travers des politiques de sauvegarde et de mise en valeurs du
patrimoine architectural ancien et de ses abords. Il est aussi en charge des
Monuments historiques et des établissements publics comme les Monuments
Nationaux.
Il existe donc aussi un dispositif de classement au niveau français. Le plus
important est celui des Monuments historiques qui protège les monuments « dont la
conservation présente au point de vue de l’histoire ou de l’art un intérêt public »
(Guitton, 2006, p.14). Cette législation a été instaurée le 31 décembre 1913 et fut
complétée le 25 février 1943 avec la protection des abords autour des monuments
protégés à travers la réglementation de nouvelles constructions d’immeubles
adossés au bien en question mais aussi dans un périmètre de 500 mètres autour de
celui-ci. Des infractions à ces lois peuvent avoir pour conséquence des sanctions
pénales sous forme d’amendes de 1 200 euros à 300 000 euros.
Figure 11 : Logo "Monuments Historiques"
19
Source : Ministère de la Culture et de la Communication, 2013
19
Ministère de la Culture et de la Communication. La protection Monument historique [En ligne] Disponible sur :
<http://www.culturecommunication.gouv.fr/En-pratique/Protections-labels-et-appellations/La-protectionMonument-historique> (Consulté le 01-04-2013)
65
L’assemblée nationale a créé le Code du patrimoine par la loi du 9 décembre
2004 puis la partie réglementaire a été complétée par le décret ministériel du 24
mai 2011. Ce code rassemble un ensemble de lois qui concernent la protection, la
sauvegarde et la valorisation du patrimoine dans son ensemble et donc du
patrimoine architectural.
- Les services déconcentrés français : Comme nous l’avons déjà étudié au sein de la
partie 1 de ce mémoire, le Ministère de la Culture et de la Communication est
représenté au sein de chaque région française à travers les Directions Régionales
des Affaires Culturelles (Drac). En ce qui concerne la protection du patrimoine
architectural cet organisme a un rôle dans la création des Zones de Protection du
Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP). Les ZPPAUP ont été créées à
partir des lois de décentralisation en 1983, la dimension paysagère a été ajoutée
avec la loi du 8 janvier 1993. Les règles en lien avec ces zones sont présentes au
sein du Code du patrimoine. Selon ce dernier les ZPPAUP peuvent être mises en
place « autour des Monuments historiques et dans des quartiers, sites et espaces à
protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d’ordre esthétique, historique ou
culturel. » (Audrerie, 2009, p.20).
Pour finir, la législation française aide les propriétaires d’immeubles anciens
à protéger, de façon décentralisée, leur bien avec la loi Malraux votée le 4 août
196220 qui a pour but d’aider à la restauration de ces bâtiments architecturaux avec
une défiscalisation des travaux entrepris. Cette loi est évolutive, en 2013 de
nouvelles modifications ont été apportées :21 une réduction d’impôts à hauteur de
30% est attribuable pour les bâtiments anciens situés en Secteur Sauvegardé, pour
ceux situés en ZPPAUP la réduction est de 22%. La restauration est donc aussi un
dispositif encouragé par les politiques publiques.
20
André
Malraux.
Loi
Malraux
du
4
août
1962
[En
ligne]
Disponible
sur :
<http://www.malraux.org/index.php/varia/648-loimalraux1.html> (Consulté le 01-04-2013)
21
La loi Malraux. Tout savoir sur la loi Malraux [En ligne] Disponible sur : <http://www.loi-malrauximmobilier.fr/> (Consulté 01-04-2013)
66
2.2.
La restauration, souvent nécessaire mais parfois dénaturante
Comme le souligne Anne Vourc’h « chaque site est unique » (1999, p.14), la
restauration d’un site doit alors dépendre de ces propriétés physiques telles que les
matériaux utilisés ou les méthodes de construction. Mais cette restauration de doit
pas être dans un but de mise en tourisme mais elle doit plutôt découler d’une
volonté locale de sublimer son patrimoine ou de le réhabiliter. Différents dispositifs
sont utilisés pour restaurer le patrimoine bâti, cela peut être un nettoyage au laser,
des traitements chimiques, du dessalage ou encore de la reconstruction partielle.
Certains spécialistes et auteurs dénoncent la restauration car elle peut être mal
réalisée et dénaturer l’ensemble architectural. Les ruines sont autant valoriser que
les sites restaurés et sont aussi souvent plus parlant pour les visiteurs. On comprend
alors qu’une restauration doit être invisible à nos yeux, c'est-à-dire que le bâtiment
ne doit pas subir de changements profonds.
Figure 12: Restauration de la Cathédrale d'Albi
22
Source : Ministère le la Culture et de la Communication, 2012
22
Ministère de la Culture et de la Communication. Nouvelle campagne de restauration à la cathédrale SainteCécile d'Albi [En ligne] Disponible sur :
<http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Actualites/Nouvelle-campagne-de-restauration-a-lacathedrale-Sainte-Cecile-d-Albi> (Consulté le 30-03-2013).
67
Voici un exemple de restauration, il s’agit de la cathédrale Sainte Cécile
d’Albi dont la restauration a commencé le 5 novembre 2012. Ces travaux ont été
nécessaires car des fragments de pierre du couronnement de la cathédrale se sont
détachés et sont tombés sur la voir publique. Bien que ce ne soit pas établi, des
suppositions sont faites par certains spécialistes : ces chutes de pierre ont pu être
provoquées par les piétinements des nombreux visiteurs du site lorsqu’ils atteignent
la partie haute de la cathédrale, s’ajoute à cela les intempéries et autres formes de
dégradations dues à l’usure normale de ce site datant du Moyen-âge.
68
SYNTHESE DE LA PARTIE 2
La partie 2 de ce travail de recherche correspond à une analyse dont le but
est de vérifier les deux hypothèses énoncées.
La première met en avant les dispositifs existants pour la gestion de la
surfréquentation touristique des sites de patrimoine bâti. Ces outils existent bel et
bien sous différentes formes que nous avons détaillées au sein du chapitre 1.
D’après cette étude, il est possible d’affirmer que les gestionnaires ont des
instruments à leur disposition pour bien gérer leurs sites. Mais ces outils de doivent
pas rester théorique, il faut les mettre en place pour assurer la pérennité du
patrimoine architectural.
La seconde hypothèse relève le fait que les gestionnaires des sites
n’exploitent encore que très peu ces dispositifs car même s’il recherche une
augmentation de la fréquentation pour multiplier les retombées économiques, ils
n’anticipent souvent
ni les effets que cette dernière peut avoir sur le site
architectural, ni ceux liés à la satisfaction des touristes lors de leur visite. Cette
partie nous a permis de confirmer qu’il existe différentes dégradations relatives au
patrimoine architectural qui sont dues à la saturation touristique ; ainsi que les
solutions mises en place après le constat d’une déperdition d’intérêt patrimonial.
La partie 3 de ce mémoire focalisera sur l’expérience d’un site de patrimoine
bâti à forte notoriété : le Château de Versailles. Après une présentation du site en
lui-même qui aura pour but de démontrer son attractivité, nous analyserons les
outils de gestion des flux touristiques présents sur ce site ainsi que leurs limites.
Puis un dernier chapitre proposera deux méthodologies pour l’amélioration de ces
dispositifs.
69
PARTIE 3
Le cas du Château de Versailles
70
INTRODUCTION DE LA PARTIE 3
Le terrain d’étude a été choisi en fonction de ses propriétés pour qu’il puisse
s’intégrer totalement à la problématique de ce mémoire. En effet, le château de
Versailles appartient au patrimoine architectural de France, sa notoriété le précède
ce qui explique sa forte fréquentation. C’est ainsi qu’il est possible de se demander
quels outils de gestion des flux touristiques les gérants de ce site mettent-ils en
place ?
Le premier chapitre présente l’histoire très riche du château de Versailles,
son volet culturel et les modes de valorisation initiés à travers des labels et une
communication spécifique effectuée autour de ce site, ce qui nous permettra ainsi
de mieux comprendre sa forte attractivité mondiale.
Grâce à ce cadrage, nous pourront étudier les outils de gestion des flux
touristiques utilisés au sein de ce site, nous verrons alors qu’ils peuvent être
insuffisants face à la saturation touristique que subit le château de Versailles,
notamment grâce à des commentaires de visiteurs.
Le troisième chapitre propose une réflexion méthodologique en vue
d’élaborer des outils visant à l’améliorer des dispositifs de gestion des flux
touristiques existants. Deux axes de rélexion seront alors proposés :
- la perception des touristes sur leur visite grâce à un questionnaire
d’impacts ;
- le croisement d’initiatives relatives à la gestion des flux touristiques à
travers un focus groupe.
71
Chapitre 1 :
Le Château de Versailles, un joyau culturel pour la France
Comme nous l’avons vu précédemment, la France possède une image
culturelle forte grâce à des évènements reconnus mondialement et grâce à des sites
architecturaux importants tels que la Tour Eiffel, le Mont-Saint-Michel ou encore le
Château de Versailles. Ce chapitre a pour but de révéler les raisons de la notoriété
accordée au site concerné dans cette étude.
1. Un site architectural prestigieux
C’est Louis XIII qui débuta la construction de ce château qui à l’origine était
un pavillon de chasse. Puis, Louis XIV le fit modifier par l’architecte La Vau qui
agrandit le bâtiment en créant les Grands appartements. En 1682, la Cour s’installe
à Versailles, toujours en chantier, le Roi-Soleil fait alors de ce lieu le point central
de la France. Le château devient peu à peu prestigieux grâce aux architectes mais
aussi à Le Nôtre qui dessina les jardins et Le Brun qui réalisa les décors et les
peintures. Des fontaines furent construites dans le parc, enrichit de statue. Pour
ces travaux, des artisans de tout l’Europe sont appelés et les cultures s’y
mélangent. Ce domaine représente un hommage au roi Louis XIV à travers des
métaphores mythologiques et des allégories telles que la Paix et l’Abondance. Le
Château de Versailles est alors la demeure de la monarchie triomphante. Tout ceci
prit fin avec la Révolution française en 1789, les nobles quittèrent les lieux et
Versailles eu successivement des usages différents. En effet, au-delà de cette
époque majestueuse d’autres événements importants de notre histoire ont eu lieu à
Versailles. En 1871, le chancelier Bismark proclame la naissance de l’Empire
allemand au sein même de la Galerie des Glaces. Plus tard, le 28 juin 1919 le traité
proclamant la fin de la Première Guerre Mondiale y ut signé. La Château de
Versailles et son parc devinrent un établissement public sous la direction du
72
ministère de la Culture en 1995, ce qui permit d’instaurer des dispositifs de
conservation et de valorisation. Le domaine reste une opportunité de balade et un
lieu de mémoire.23
Figure 13 : Montage photos du Château de Versailles
24
Source : Château de Versailles, Date NC
2. Une valorisation multi-scalaire
La plupart des sites dont l’intérêt culturel est aussi fort que celui du Château
de Versailles, une promotion touristique est mise en place. La communication est
alors utilisée à différentes échelles territoriales dans le but de créer l’envie de
venir découvrir le site.
23
Château de Versailles. La construction du Château de Versailles [En ligne] Disponible sur :
<http://www.chateauversailles.fr/resources/pdf/fr/public-spe/brochure_construction_chateau.pdf> (Consulté
le 01-01-2013)
24
Château
de
Versailles.
Découvrir
le
domaine
[En
ligne]
Disponible
sur :
<http://www.chateauversailles.fr/decouvrir-domaine> (Consulté le 01-01-2013).
73
2.1.
Un site de notoriété mondiale
Tout d’abord, le Château de Versailles est inscrit au patrimoine de l'humanité
(UNESCO) depuis 1975. Cela lui confère une visibilité mondiale et gage de sa qualité
et de son intérêt patrimonial à l'international. Ce site architectural doit donc
répondre à plusieurs critères établis, en revanche les gérants ne s’associent pas
avec cet organisme mondial au sein de projets communs. Une zone de cinq
kilomètres autour du site est protégée par ce label, par une servitude de vue. Le
but vise à protéger l'environnement du site pour qu’il ne soit pas modifié par des
constructions par exemple. Ces critères sont rigoureusement appliqués car si le
Château de Versailles est déclassé par l'UNESCO cela aura un impact sur son image
et donc sa fréquentation. De plus, ce site n’a pas voulu obtenir d’autres
labellisations comme le label Tourisme et Handicap, même si un processus
d’accessibilité a été entrepris et sera achevé en 2015. (Annexe B).
Figure 14 : « La mode, de la Restauration à la fin du Second Empire », exposition
accessible aux personnes en situation de handicap
25
Source : Château de Versailles, 2013
25
Château
de
Versailles.
Venir
en
individuel
[En
ligne]
Disponible
sur :
<http://www.chateauversailles.fr/preparer-ma-visite/handicap/venir-en-individuel> (Consulté le 01-01-2013)
74
2.2.
La communication du site sous différentes formes
Les outils de communication sont très utilisés dans la promotion de ce site à
travers par exemple :
- la communication pour les particuliers avec des brochures et les
newsletters entre autres ;
- à l’étranger (Japon) grâce à des relais de communication comme la presse
et les émissions de télévisions et de radio ou les magazines avec l’actualité
du site ;
- les tournages de films, de publicités (Christian Dior) et ceux pour la
télévision qui sont un des leviers les plus forts ;
- les institutionnels du tourisme, comme Atout France qui aide à réaliser des
campagnes.
La communication est ciblée en fonction des pays ou des territoires mais aussi
suivant la cible : les professionnels du tourisme reçoivent une lettre d’information
très régulièrement. (Annexe B).
Figure 15 : Logo de communication du Château de Versailles
26
Source : Château de Versailles, date NC
26
Château
de
Versailles.
Découvrir
le
domaine
[En
<http://www.chateauversailles.fr/decouvrir-domaine> (Consulté le 01-01-2013)
ligne]
Disponible
sur
75
La communication au Château de Versailles est très dense, elle veut
aussi donner l’image d’un site toujours en mouvement avec des évènementiels forts
et fréquents comme l’exposition nommée « 2013, Année Le Nôtre » qui es un
hommage au paysagiste Le Nôtre, qui réalisa les jardins du parc du château.
Figure 16 : Exposition Le Nôtre
27
Source : Château de Versailles, date NC
3. D’une forte notoriété à une fréquentation croissante
L’histoire forte du château et sa mise en valeur explique son attractivité et
donc sa fréquentation en évolution constante. En 2011, ce site a accueilli 6,75
millions de visiteurs au sein du Château même, du Grand et Petit Trianon ainsi
qu’aux spectacles (1,4 millions de spectateurs). Ce chiffre représente une
augmentation de 12 % par rapport à la fréquentation de 2010. 28
27
Château de Versailles. Année Le Nôtre [En ligne] Disponible sur : <http://www.chateauversailles.fr/lesactualites-du-domaine/evenements/evenements/autres-evenements/annee-le-notre> (Consulté le 01-01-2013)
28
Rapport annuel d’activités. Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.
2012, 51p.
76
Si l’on tient compte de ces chiffres, ainsi que des marchés touristiques
émergents comme la Chine ou le Brésil, il est possible de prévoir la fréquentation
touristique de ce site dans les années à venir. Ces statistiques sont évidemment à
nuancer car la fréquentation d’un site dépend de beaucoup de critères aussi bien
endogènes qu’exogènes.
Figure 17 : Statistiques concernant l'évolution de la fréquentation touristique au
sein du Château de Versailles
+ 12%
•2010
• 5,95
millions
+ 12 %
•2011
•6,75
millions
•2012
•7,56
millions
+ 12 %
+ 12%
•2013
•8,46
millions
•2014
•9,48
millions
...
Source : VISSIERES C., 2013
Les gérants du Château de Versailles ne considèrent pas que le site soit en
saturation touristique car la capacité de charge, qui a été calculée pour des raisons
sécuritaires uniquement (6 000 personnes à l’intérieur du château), n’a jamais été
dépassé en instantané. (Annexe B). Considérant ces chiffres, on comprend qu’alors
le site sera certainement dans l’obligation de faire face à des problèmes de gestion
des flux touristiques d’ici peu de temps.
77
Les chiffres de la fréquentation sur le site internet et sur les réseaux sociaux
appuient eux aussi cette tendance. En effet, 26 000 personnes ont aimé la page
Facebook du domaine de Versailles, 5 000 personnes sont abonnées sur Twitter et le
site internet du Château de Versailles à comptabiliser 7,7 millions de visiteurs en
2011.27
En résumé,
Le Château de Versailles est un site de renommée internationale ce qui inclut
une forte attractivité. La fréquentation de ce site concerne des touristes de tous
horizons sociaux mais aussi du monde entier. Les chiffres des arrivées de touristes
au sein de ce site sont impressionnants par leur volume et laissent envisager une
augmentation d’années en années. Mais, à quel moment les gestionnaires vont-t-ils
considérer que cette surfréquentation peut devenir un problème pour les visites des
touristes mais aussi pour la protection physique de ce site ?
78
Chapitre 2 :
La faiblesse de ce site : la saturation touristique
Le chapitre 1 de cette partie a permis de comprendre que le Château de
Versailles est un site très fréquenté. Même s’il n’est pas question de saturation
touristique d’après les gérants, ils ont tout de même mis en place certains
dispositifs pour tenter d’orienter les flux touristiques dans le temps et dans
l’espace.
1. Une volonté de gérer les flux touristiques…
Nous verrons dans un premier temps que le site étudie certaines formes de
gestion des flux à l’intérieur du domaine de Versailles pour en démontrer les limites
par la suite.
1.1.
La réduction du sentiment d’attente
Les gestionnaires du Château de Versailles ont pris conscience que le temps
d’attente sur site est très important et peut créer une certaine insatisfaction
auprès des visiteurs. Leur but n’est pas de réduire cette attente car ils n’ont pas
d’intérêt à mettre en œuvre des dispositifs de réduction d’attente. En effet,
l’attente permet une régulation naturelle des flux touristiques. Ce sont les aspects
psychologiques de l’attente qui sont étudiés ici. L’objectif est de réduire le
sentiment d’attente auprès des visiteurs en mettant de l’eau à disposition par
exemple, en informant les visiteurs sur l’organisation des visites au sein du domaine
ou encore le personnel en profite pour administrer les questionnaires de
satisfaction lors des périodes de grande affluence. Cependant, la mise en place est
difficile lorsqu’il y a des pics de fréquentation et l’insatisfaction des visiteurs peut
vite se ressentir. (Annexe B).
79
Figure 18 : File d'attente devant le Château de Versailles
29
Source : Flirck de Yahoo, 2012
1.2.
La pluralité des circuits de visites
Différents circuits ont été organisés au sein du château. Il existe ainsi :
- le circuit principal des Grands Appartements comprenant la galerie des
Glaces ;
- le circuit des appartements du Dauphin ;
- le circuit des appartements Mesdames ;
- des salles d’exposition.
Le visiteur a donc le choix entre un circuit long, deux circuits plus courts et la
découverte des expositions, comme celle réalisée cette année concernant le
paysagiste Le Nôtre. Ces circuits et expositions ont été mis en place pour disperser
29
Flirck de Yahoo. File d’attente monstre à Versailles [En ligne]
<http://www.flickr.com/photos/49952823@N07/7775229926/> (Consulté 01-01-2013)
Disponible
sur :
80
les touristes dans les nombreuses salles de ce site. Des plans sont à disposition des
visiteurs pour se guider dans cet immense bâtiment, le domaine en édite 4 millions
par an. De plus, un audio-guide est disponible gratuitement à l’entrée du site et
pour 1 euros de plus il est possible de suivre une visite guidée avec un guideconférencier. Ces visites démarrent à heure fixe et permettent d’accéder à des
salles fermées aux individuels et ainsi d’éviter la foule.
Figure 19 : Plan interactif du site
30
Source : Château de Versailles, Date NC
30
Château
de
Versailles.
Plan
intéractif
[En
ligne]
Disponible
<http://www.chateauversailles.fr/templates/versailles/map/MapMain.php> (Consulté le 01-01-2013)
sur :
81
1.3.
Des conseils pour mieux vivre sa visite
Le problème majeur dans la gestion des flux au sein du domaine du Château
de Versailles est que les touristes vont tous au même endroit au même moment. Les
agents d’accueil renseignent les visiteurs et leurs indiquent quoi visiter en premier
suivant leur heure d’arrivée. Par exemple, entre 10 h et 15 h le château et donc les
circuits des différents appartements sont très fréquentés. Il est alors conseillé aux
touristes de se promener dans les 815 hectares du parc du château ou d’aller visiter
le Petit et le Grand Trianon où alors d’arriver au site dès l’ouverture à 9 h. Les
recommandations peuvent être aussi réalisées en amont de la visite par e-mail.
Mais surtout le site internet du Château de Versailles propose un onglet « FAQ et
conseils de visite » où le futur visiteur peut se renseigner pour organiser au mieux
sa visite. (Annexe B).
Voici un exemple d’informations qu’il est possible de trouver sur le site
internet du Château de Versailles. Ces graphiques représentent la fréquentation
touristique du site suivant les périodes de l’année, les jours et les heures. C’est un
bon outil pour les touristes. Il est à noter que la zone rouge représente une
fréquentation « importante », la jaune est dite « soutenue » et la verte
« moyenne ». Il est possible de remarquer que la basse fréquentation n’apparaît pas
on peut donc en déduire que le Château de Versailles a une fréquentation
journalière élevée. De plus, la zone rouge est simplement qualifiée par une
fréquentation « importante », la saturation du site n’est jamais nommée mais elle
peut s’insinuer à travers les différents éléments que nous avons évoqués ici.
82
Figure 20 : Conseil pour préparer sa visite en amont
31
Source : Château de Versailles, Date NC
31
Château
de
Versailles.
FAQ
et
conseils
de
visite
[En
ligne]
Disponible
sur :
<http://www.chateauversailles.fr/preparer-ma-visite/toutes-les-informations/faq> (Consulté 01-01-2013)
83
2. … Mais l’opérationnalité de cette gestion reste insuffisante
Les gérants du Château de Versailles ne considérant pas que le site soit
saturé, les outils mis en place pour gérer les flux au sein du domaine paraissent
faibles par rapport aux conséquences néfastes que nous allons décrire ici.
2.1.
La qualité des visites ne fait pas l’unanimité
Si l’on écoute le bouche-à-oreille le Château de Versailles est d’une rare
beauté, c’est un site majeur à voir absolument. Mais les commentaires se
dégradent lorsque la visite en elle-même est abordée. Le temps d’attente est le
premier élément qui frustre le visiteur mais nous avons que le personnel du château
met en place une stratégie pour réduire l’impact de l’attente sur l’humeur des
personnes. Ensuite, c’est la foule à l’intérieur des salles du château qui est pointée
du doigt. Trop de personnes dans un même lieu rendent la visite compliquée et de
surcroît désagréable. Sur la base d’une expérience personnelle, les gens se
bousculent pour atteindre les différents appartements, ils deviennent irritants et
intolérables envers les autres visiteurs au fur et à mesure de la visite. Nous
comprenons alors que la gestion des flux n’est pas réalisée au sein du château. Cela
a une grosse répercussion sur le souvenir que laisse ce moment aux touristes et
ainsi à l’image même de ce site à la renommée mondiale.
Voici des commentaires extraits du site internet Tripadvisor où les
internautes laissent des commentaires sur leur visite. Les commentaires dans leur
intégralité sont en annexe F.
« A l’intérieur, c’est une foule hystérique (…) ».
« L’agression est totale, le seul répit possible est à la sortie. »
« (…) sans faire la moindre gestion de la circulation à l’intérieur. »
84
2.2.
Des dégradations non évaluées
D’après l’entretien exploratoire réalisé avec le responsable des publics du
domaine du château de Versailles la surfréquentation de ce site ne représente pas
une menace au niveau architectural et physique. Les dégradations seraient dues à
des actes isolés de vandalisme comme les graffitis ou les vols. Ces dégradations ne
sont donc pas quantifiées par les gérants de site et ainsi, il est difficile d’en
connaître la raison. Cependant, il est possible d’admettre qu’une forte
fréquentation facilite ce genre de pratiques car elles sont plus difficilement
identifiables lorsque les lieux sont « noirs de monde ». De plus, lors de la visite des
Grands Appartements (circuit principal), des plaques de
plexiglass sont
remarquables sur les bords de chaque porte, les protégeant. La raison de ce
changement esthétique du site peut être la protection des boiseries et des dorures
qui ornent ces grandes portes car les frottements des visiteurs qui se pressent d’une
salle à l’autre, ont pu commencer à les détériorer. Ces éléments ne sont que des
hypothèses car les responsables de sites à forte notoriété ont du mal à admettre
que les dégradations peuvent résulter d’une trop grande affluence, de façon
générale.
En résumé,
Les termes « saturation touristique » ou « surfréquentation » ne sont pas
utilisés pour parler de l’affluence touristique bien existante au sein du domaine de
Versailles. Pourtant quelques dispositifs sont mis en place pour la satisfaction des
visiteurs lors de leur journée à Versailles. Cependant ceux-ci restent insuffisants
face à l’ampleur du problème, la plupart des touristes ont des remarques à faire sur
l’organisation du site et la gestion des flux. Plusieurs habitués de ce lieu, se posent
même des questions sur le devenir du site face aux dégradations physiques qu’ils
remarquent lors de leurs visites successives.
85
Chapitre 3 :
Une amélioration possible des dispositifs mis en place
Grâce aux éléments décrits en amont, il est possible de démontrer que les
dispositifs mis en place pour gérer les flux touristiques au domaine de Château de
Versailles sont insuffisants pour créer un équilibre entre la protection du site et son
développement touristique.
Au regard des lectures exploratoires et de mon
expérience professionnelle il est possible de procéder à une amélioration de ces
outils. Dans ce chapitre nous allons donc exposer deux types d’outils utilisables au
sein de l’organisation des sites architecturaux à forte notoriété.
1. Comprendre la perception des touristes lors de leur visite sur des sites
touristiques de patrimoine architectural saturés32
Il est important de prendre en considération le niveau de satisfaction des
visiteurs. Pour démontrer que la saturation touristique d’un site peut avoir des
conséquences sur les perceptions des touristes lors de leur visite, il est possible de
créer un « questionnaire d’impact de la fréquentation touristique sur le
déroulement de la visite ». Nous allons ici exposer son utilité et sa mise en œuvre.
1.1.
L’intérêt d’un questionnaire d’impacts
Les impacts sont les effets positifs ou négatifs d’une situation. Ici, la
situation qui nous intéresse est la saturation touristique d’un site de patrimoine
bâti à forte notoriété. Par ce questionnaire nous allons donc rechercher à dévoiler
les impacts de la surfréquentation sur les visites individuelles et groupées ; ainsi
que la perception des visiteurs sur la gestion des flux touristiques du site en
question. Cette méthodologie quantitative va permettre l’évaluation de l’état des
visites dans un site à forte notoriété. Les résultats mettront en avant des éléments
32
ACP Culture. Questionnaire d’impacts,
<www.acpcultures.eu> (Consulté le 02-04-2013)
bote
de
méthodologie
[En
ligne]
Disponible
sur :
86
précis pour que les gérants puissent prendre des mesures ciblées, opérationnelles et
efficaces dans leur gestion des flux touristiques.
1.2.
La construction du questionnaire
Différentes thématiques devront être abordées pour comprendre la situation
dans son ensemble et permettre ainsi la mise en place d’un dispositif complet. Voici
les thèmes qui devront être abordés (cette liste est modifiable selon les spécificités
de chaque sites) :
- le profil de la personne interrogée ;
- les motivations pour venir visiter ce site ;
- l’accès à l’information ;
- la déambulation agréable ou non au sein du site ;
- le comportement des autres usagers ;
- les formes de dégradations physiques visibles.
Mis à part les questions qui décrivent le visiteur en lui-même, les questions devront
commencer par cette formule : « Dans quelle mesure (…) ? » ; ce qui permettra
l’attribution d’une note de 0 à 10 à chaque thème par la personne interrogée. Nous
recherchons ici les effets négatifs de la surfréquentation sur les visites. La note 10
correspondra donc à une absence d’impacts négatifs et la note 0 à un impact
négatif très important. Chaque note attribuée sera justifiée par un argument au
minimum, sous forme manuscrite.
1.3.
L’analyse des données collectées
Les questionnaires devront être remplis lors d’une période déterminée à
l’avance. Lorsque cette période prend in il faut retranscrire et analyser
l’information collectée. Dans un premier temps, les notes attribuées par les
visiteurs seront organisées dans une liste croissante qui permettra l’établissement
d’une médiane. Cette dernière permet de couper l’ensemble des valeurs en deux
parties égales, ce qui dévoilera le niveau d’impacts négatifs de la saturation
touristique lors d’une visite selon la perception des touristes eux-mêmes. Les
87
justifications avancées par les visiteurs pour chaque note seront utilisées pour
réfléchir à une amélioration de la gestion des flux touristiques s’ils sont cohérents.
2. Croiser les initiatives pour comprendre les dispositifs de gestion des flux
touristiques33
La gestion des flux touristiques est un procédé complexe à mettre en œuvre.
Le focus groupe va mettre en avant des initiatives dans ce domaine, menées par
plusieurs gérants de sites architecturaux. Ces expériences partagées vont
permettre une compréhension globale de ce dispositif. Dans un second temps, des
éléments transférables sur le site du Château de Versailles seront révélés.
2.1.
L’intérêt d’un focus groupe
Le focus groupe est un entretien entre différents acteurs qui se réunissent
pour entreprendre une réflexion commune autour d’un thème. Le but est de
partager, de confronter ou encore d’identifier des opinions et des expériences,
c’est donc une méthodologie qualitative. C’est un moyen le plus souvent rapide et
efficace de problématiser un thème pour trouver des réponses adéquates et
cohérentes. De plus, la pluralité des participants est intéressante car elle donne
lieu à des points de vue très différents qui sont chacun justifiés par l’intervenant
concerné. Pour cette étude, le thème serait donc l’observation et la gestion des
flux touristiques. Il serait intéressant de faire participer des gestionnaires de sites
architecturaux français comme le Mont-Saint-Michel ou la cité de Carcassonne qui
sont face aux mêmes problématiques. Considérant la notoriété mondiale du
domaine de Versailles, il pourrait aussi être avantageux d’échanger sur les
initiatives d’autres sites à forte notoriété au niveau international. Même si la même
stratégie touristique ne peut pas automatiquement s’appliquer sur deux territoires
33
Commission européenne - Représentation en France. Focus groupe [En ligne] Disponible sur :
<http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/examples/too_fcg_res_fr.pdf> (Consulté le 03-042013)
88
différents, il est possible que l’échange d’expérience soit riche et permette une
avancée dans la réflexion.
2.2.
La mise en œuvre du focus groupe
Pour mener à bien ce focus groupe, il faut désigner ou employer un
animateur qui sera neutre lors de cet entretien. Il devra avoir les compétences
nécessaires, c'est-à-dire :
- dominer les thématiques abordées et leurs enjeux ;
- maîtriser les techniques de gestion de groupe ;
- parler dans une langue compréhensible par les participants.
Pendant la réunion, chaque intervenant va d’abord exposer son opinion qu’il mettra
en débat par la suite. Les éléments mis en lumière seront ensuite analysés,
organisés puis l’information sera restituée à l’ensemble du groupe. Il est possible
que l’organisation de plusieurs focus groupe soit nécessaire. En effet, les
discussions autour de certaines problématiques peuvent entrainer des débats
complexes. C’est le cas avec la saturation des sites touristiques car elle demande
une réflexion en lien direct avec le développement durable et ainsi pose le
problème d’un équilibre entre les retombées économiques et la protection du
patrimoine.
2.3.
Les avantages et les limites de ce dispositif
Le focus groupe est un outil efficace car les intervenants s’investissent grâce
à la dynamique de groupe. Ainsi, cela permet d’approfondir chaque sujet ainsi de
les analyser dans leur intégrité pour trouver des réponses cohérentes. Les points de
vue étant justifiés par chacun la discussion peut évoluer de façon constructive et
donner lieu à de nouvelles interrogations. Cependant, il est possible que des
pressions politiques puissent limiter le type d’informations fournies, mais cet
élément est exogène à l’organisation du focus groupe, car il est difficilement
contrôlable. Pour finir, la distance serait le dernier frein à ce type d’entretien, elle
89
doit donc être prise en compte dans l’éventualité d’entretiens successifs. Dans
notre cas, il sera certainement difficile de faire venir des gérants de sites du monde
entier mais des européens créeront déjà un enrichissement certain. Par exemple,
l’Alhambra de Grenade a mis en place depuis plusieurs années une gestion de ses
flux touristiques, le partage de son expérience sera alors fructueux et productif.
90
SYNTHESE DE LA PARTIE 3
La Partie 3 de ce mémoire a permis de mettre en lien les connaissances
théoriques sur le sujet de la gestion des flux touristiques avec l’observation et
l’analyse d’un cas en particulier.
Le Châteaux de Versailles, de part son fonctionnement, est sujet à des
troubles dus à sa surfréquentation. Même si le problème de baisse de qualité des
visites est identifié, les outils mis en place ne correspondent pas aux attentes des
visiteurs. En effet, ces derniers n’ont pas l’impression de profiter de leur moment
au château car la foule les gêne dans leur appréciation du lieu. De plus, la
dégradation physique du site n’est pas considérée comme pouvant résulter d’une
saturation humaine.
Des outils ont donc été proposés pour améliorer ces dispositifs de façon
qualitative et quantitative. Le focus groupe réunira des acteurs à l’origine
d’initiatives concernant la gestion des flux touristiques ; il permettra ainsi
d’organiser les compétences acquises et de transférer ces dernières au site du
Château de Versailles. Le questionnaire d’impacts, réalisé par le personnel su site
visera à collecter les informations utiles à la réflexion de ce sujet.
91
CONCLUSION GENERALE
Il est commun d’observer les flux touristiques au sein d’un site architectural
car cela permet de comprendre la demande et ainsi de proposer une offre adéquate
et qui provoquera la fréquentation du site en question. Ainsi, de nombreuses études
sont réalisées sur le comportement des touristes pendant leur voyage ou leur visite,
les prescripteurs de l’offre étudient aussi les profils de visiteurs ce qui permet par
la suite de cibler une population en particulier.
En revanche, il est moins habituel pour un site de gérer ses flux touristiques.
Et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’intérêt financier de la mise en
tourisme d’un site peut être ralenti avec une gestion des flux quand elle vise à
limiter l’entrée au sein du site. Ensuite, ce dispositif est complexe, il doit être
réfléchi de façon à s’adapter totalement au site. Pour finir, beaucoup de
gestionnaires de sites ne considèrent pas qu’une forte fréquentation touristique,
voire une surfréquentation, puisse entraîner des dégradations physiques du site ou
encore réduire la qualité des visites proposées.
Pour démontrer cette réalité, il a fallu construire une méthodologie autour
de grands thèmes. Une fois les notions intégrées, nous avons pu les croiser pour
pousser la réflexion vers les problématiques qui nous intéressent ici, c'est-à-dire
l’observation et la gestion des flux touristiques dans les sites de patrimoine
architectural.
Deux hypothèses ont ainsi pu être mises en avant. Tout d’abord, il a été
démontré que les outils pour gérer les flux touristiques au sein du patrimoine bâti
92
existent et sont utilisés dans certains sites. La principale notion utilisée fut la
capacité de charge qui est un dispositif d’abord théorique, c’est pourquoi nous
avons démontré que des procédés peuvent être concrétisés grâce au calcul de cette
capacité . La seconde piste de réflexion visait à prouver que ces dispositifs sont
encore trop peu utilisés ce qui ne permet pas de créer un équilibre au sein du site.
Cela oblige les gestionnaires à entamer des procédures de conservation et même de
restauration pour protéger les sites architecturaux des dégradations multiples
causées par la saturation touristique.
La dernière partie de ce travail a permis d’intégrer les éléments énoncés cidessus à une étude de cas concrète. Nous avons ici choisi le Château de Versailles
car il possède toutes les caractéristiques dont nous avons eu besoin pour justifier la
création de deux outils méthodologiques visant à améliorer l’observation et la
gestion des flux touristiques actuelles de ce site à forte notoriété. Ces dispositifs
concernent les volets qualitatif et quantitatif ce qui permet une compréhension
globale du problème ainsi qu’une réflexion concrète et construite autour de ce
thème.
De plus, ce premier travail de recherche m’a donné envie d’approfondir le
thème lors de l’année de Master 2. Cette fois-ci le but du travail de recherche
pourrait être d’étudier les impacts d’une forte fréquentation sur un site, en amont
de cette dernière. Cela permettrait d’anticiper la création de dispositifs de gestion
des flux touristiques et ainsi d’installer un développement durable au sein du site
grâce à un équilibre entre les retombées économiques, la valorisation du
patrimoine et sa conservation. Ce travail pourrait se baser sur des études déjà
réalisées concernant les dégradations physiques d’un site pour ne pas refaire les
mêmes erreurs mais aussi étudier les différentes opportunités qui s’offrent au site.
93
BIBLIOGRAPHIE
Articles
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contrastés du développement touristique. Téoros vol. 30, 2011, n° 2, p 6 à 16.
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ou richesse future ? - Exemple de dynamiques territoriales. Paris : L’Harmattan,
2011, 325p.
- FURT Jean-Marie et MICHEL Franck. Tourismes, patrimoines & mondialisation.
Paris : L'Harmattan, 2011, 397p.
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monumental français. Paris : décembre 2007, 59p.
- MIRIEU DE LABARRE Eric. Droit du patrimoine architectural. Paris : Litec Immo,
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- ORIGET DU CLUZEAU Claude. Le Tourisme culturel, Que sais-je ?. Paris : PUF, 2000,
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- STOCK Matthis. Le Tourisme : Acteurs, lieux et enjeux. Paris : Belin supp, 2003,
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95
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touristique local. Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement. Foix :
Université de Toulouse 2, CETIA, 2010, 150p.
- BOISTEL, Juliane. Du développement touristique durable dans les sites à forte
notoriété. Mémoire de Master 1 Tourisme et Développement. Foix : Université de
Toulouse 2, CETIA, 2009, 159p.
- IZABEL Yvette. Les Méthodes d’évaluation de la capacité de charge des
destinations touristiques. Diplômé d’Etudes Spécialisées en Gestion de
l’Environnement. 2003, 114p.
CD-ROM / DVD
- La Fréquentation des sites et évènements touristiques. Atout France, Observation
touristique, 2009.
96
TABLE DES ANNEXES
Annexe A : Guide d’entretien exploratoire
Annexe B : Entretien exploratoire avec M. X, responsable du service
développement des publics du Château de Versailles.
Annexe C : Entretien exploratoire avec M. X, directeur de l’Office de Tourisme***
de Moissac, dans le Tarn et Garonne (82).
Annexe D : Observatoire Permanent des Publics du Château de Versailles - Power
point réalisé par le responsable des publics du Château de Versailles.
Annexe E : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant la
Cathédrale Notre-Dame-de-Paris, Paris (75),
Annexe F : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant le Château
de Versailles, Yvelines (78)
97
Annexes
Annexe A : Guide d’entretien exploratoire
Guide d’entretien exploratoire
- Enregistrement de l’entretien
- Confidentialité de l’entretien
1/ Présentation de l’acteur :
• Pour commencer, pouvez-vous présenter?
Relance :
- Quelles types de formations avez-vous?
- Quel est votre parcours professionnel?
- Avez-vous toujours travaillé dans le tourisme?
2/ Présentation de la structure d’accueil
• Pouvez-vous me présenter votre structure?
• Travaillez-vous en partenariat avec d’autres structures ou acteurs?
3/ Le site
• Pouvez-vous me présenter le site que vous gérez de façon général?
• Quel est le nombre de visiteurs que vous accueillez au sein du site?
• Quel type de touristes accueillez-vous ?
Relance :
- type de tourisme
- nationaux, étrangers (chiffres, %)
• Utilisez-vous des outils pour connaître le niveau de satisfaction des
visiteurs du site ?
• Votre site est-il classé ? (label, patrimoine mondial…)
98
Si oui,
•Qu’engendre ce type de labellisation pour le site? (valorisation,
surfréquentation…)
• Quel type de communication faites-vous ?
• Avez-vous rencontré certaines difficultés dans la gestion de ce site ?
• Le site a-t-il été sujet à des dégradations ?
Si oui,
• De quel type? D’après vous quelle en est la cause?
• Comment gérer vous ces dégradations? Par exemple, le site a-t-il été
restauré?
Si non,
• Pensez-vous qu’une forte fréquentation de touristes dans un site de
patrimoine bâti peut être source de dégradations ?
4/ Outil de gestion des flux
• Y-a-t-il des pics de fréquentation sur le site ? (saisonnalité)
• Existe-t-il un nombre d’entrée limitée au site lors de certainement période
de l’année ?
• Utilisez-vous des outils pour gérer les flux touristiques ?
Relance :
- le calcul de la capacité de charge du site,
- les tarifs préférentiels,
- réservation en ligne,
- gestion de l’information…
5/ Perspectives
• Comment voyez-vous l’avenir du site?
• Quels sont vos objectifs sur le long terme ?
99
Annexe
B:
Entretien exploratoire avec M. X, responsable
développement des publics du Château de Versailles
du
service
1/ Présentation de l’acteur
Je possède une formation en finance mais pas de formations spécialisées dans le
domaine culturel. J’ai travaillé plus dans le secteur culturel que touristique dans
mes précédentes fonctions : dans un premier temps au centre Pompidou puis au
centre de Monuments Nationaux qui regroupent les monuments les plus connus de
France. Je suis entré dans le secteur culturel en travaillant sur des problématiques
budgétaires puis peu à peu je me suis spécialisé dans le développement de public.
2/ Présentation de la structure d’accueil
Il est placé sous la tutelle du ministère de la culture et de la communication et du
ministère en charge du budget. A sa tête se trouve Catherine Pégard, présidente de
l'établissement public. Le domaine de Versailles est un bien qui appartient à l’état,
c’est un établissement public administratif qui une personnalité juridique et morale
propre, avec des comptes séparés de ceux de l’état.34
3/ Le site du Château de Versailles
• Quel est le nombre de visiteurs que vous accueillez au sein du site?
Historiquement enquête ponctuelle en 1999 puis en 2004 2005. Depuis la création
du service développement des publics en 2010, observatoire permanent des publics
pour mesurer de façon homogène sur l’année les évolutions de provenance, de
temps de visite sur site, de l’utilisation des services. 6,75 millions de visiteurs en
2011.
• Quel type de touristes accueillez-vous ?
Rapport annuel 2012, sous format Power Point réalisé par l’acteur intérrogé.
34
18
« L’établissement public » Consulté le 21 mars 2013. Disponible sur URL : http://www.chateauversailles.fr/letablissement-public/letablissement-public
100
• Utilisez-vous des outils pour connaître le niveau de satisfaction des
visiteurs du site ?
Oui, même dispositif que celui décrit précédemment, sur la satisfaction tout on
long de la visite, fait l’objet de notations pour mettre en place des actions
correctrices en terme de qualité. Surtout sujet de confort de visite, des points de
repos, de l’affluence dans les salles, les sanitaires, les tarifs qui est un sujet de
nécessité pour nous. On travaille sur ces points de façon précise pour les améliorer
car ces sur ces points là qu’on a une plus grande marge de progression possible.
101
• Votre site est-il classé ?
C’est un bien qui a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1975. C’est un
gage de qualité et aussi de reconnaissance international, cela montre que le
château est au même niveau que les sites les plus connus mondialement soit
architecturaux soit naturels. Donc effectivement cela peut décider des personnes à
venir visiter le château. On ne conduit pas d’actions particulières avec l’UNESCO
sur ce sujet là mais il faut donc que le domaine réponde à certains critères, par
exemple, la zone de 5 kilomètres autour du domaine est protégée et surveillée. Il
n’y faut pas de modifications majeures de l’environnement comme des
constructions car il existe une servitude de vue au château donc cela peut donner
lieu à un déclassement. Et c’est impensable que nous soyons déclassés.
Mais nous n’avons pas d’autres labels aujourd’hui, comme par exemple au niveau
du département nous aurions pu prétendre au label Tourisme et Handicap mais nous
n’avons pas souhaité le faire même si nous avons un processus d’accessibilité en
cours qui sera achevé en 2015.
• Quel type de communication faites-vous ?
C’est un sujet très vaste. Déjà la communication pour les particuliers, à l’étranger
ça va être des relais de communication par la presse et émissions de télé radio,
magazine avec l’actualité du site. Des tournages de films et pour la télévision qui
sont un des leviers les plus forts et aussi les publicités comme celle de Christian
Dior. On n’en mesure pas les conséquences mais je pense que cela a un effet non
négligeable sur l’image du château. Donc pas de charges financières, au contraire
on fait payer les personnes qui veulent tourner chez nous. Après on travaille avec
des institutionnels du tourisme, comme Atout France, pour qu’ils nous aident à
réaliser des campagnes. Cette année on va faire une campagne de communication
au Japon avec de l’affichage sur l’exposition de Le Nôtre. C’est assez ciblé suivant
les pays. Après, nous réalisons de la communication en direct avec les newsletter, la
communication dans les hôtels à Paris et dans les environs. Ensuite, on travaille
aussi avec les professionnels du tourisme via des lettres d’informations.
• Avez-vous rencontré certaines difficultés dans la gestion de ce site ?
Oui, principalement par rapport à l’affluence de visiteurs mais comme je vous l’ai
dit c’est un sujet sur lequel nous travaillons.
• Le site a-t-il été sujet à des dégradations ? Pensez-vous qu’une forte
fréquentation de touristes dans un site de patrimoine bâti peut être source de
dégradations ?
Oui, mais je ne pense pas que les dégradations soient liées à la forte affluence, ce
sont plutôt des actes isolés de personnes qui ont une volonté de nuire en réalisant
un tag, en dégradant un bien ou même en volant. A ma connaissance il n’y a pas de
dégradations liées à la fréquentation.
102
• Comment gérer vous ces dégradations? Par exemple, le site a-t-il été
restauré?
Tout le temps, c’est un site qui est toujours en travaux depuis ça création. (Rapport
d’activités et histoire du château35). Mais le fait le plus marquant et récent c’est la
restauration de la galerie des Glaces en 2006.
4/ La gestion des flux touristiques
• Y-a-t-il des pics de fréquentation sur le site ?
Oui, la fréquentation est très saisonnalisée, la haute saison est d’Avril à Octobre
avec 60% de la fréquentation annuelle. Il y a une vingtaine de journée par an où
l’on accueille un nombre important de visiteurs : le 15 août, le week-end de
Pâcques et tous les dimanches de Juin, Juillet et Août.
• Existe-t-il un nombre d’entrée limitée au site lors de certainement
période de l’année ?
Aujourd’hui, nous ne possédons pas de dispositif de réservations horaires pour les
individuels mais que pour les groupes qui ont une obligation de réservation selon
des horaires organisés tout on long de la journée. Cela permet de lisser la
fréquentation. Et pour les individuels, nous adaptons les effectifs de tous les
personnels sur site en fonction de l’affluence. On ne travaille pas sur le temps
d’attente car aujourd’hui nous ne sommes pas prêts mais plutôt sur les aspects
psychologiques c'est-à-dire mettre en place des services : des personnes qui vont
informer les visiteurs, mettre à disposition de l’eau ou en profiter pour réaliser des
questionnaires pendant que les personnes sont en attente ; tout cela pour diminuer
le sentiment d’attente.
• Utilisez-vous des outils pour gérer les flux touristiques ?
Nous indiquons aux visiteurs les sites sur le domaine qu’il est préférable de voir
suivant l’heure où ils arrivent aux domaines. Entre 10h et 15h, nous orientons les
personnes sur les jardins et le Trianon car le château en lui-même et les
appartements sont très fréquentés à ces heures. Sinon, en amont de la visite nous
recommandons d’arriver dès l’ouverture à 9h car la fréquentation est moindre
entre 9h et 10h. Ce sont des moyens pour éviter qu’il y ait une trop forte affluence
au château même.
A l’intérieur du château, il y a un circuit principal dans lequel se trouvent la galerie
des Glaces et les Grands Appartements, mais d’autres espaces sont aussi visitables
en dehors de ce circuit comme les appartements du Dauphin et les appartements
Mesdames. De façon opérationnelle pour les visiteurs il y a trois circuits : un long et
deux plus courts. Ils ont accès à des plans (4 millions d’exemplaires par an) et des
audio-guides gratuitement ou alors pour 1 euros de plus on a une visite avec un
35
« L’établissement public » Consulté le 21 mars 2013. Disponible sur URL : http://www.chateauversailles.fr/letablissement-public/letablissement-public
103
guide-conférencier. Les visites guidées démarrent à heure fixe tout au long de la
journée.
Aujourd’hui, nous n’avons pas de règles dures, on cherche plutôt à travailler sur des
conseils de visites ou sur des aspects psychologiques, cognitifs pour faire en sorte
que les personnes se sentent mieux sur site. Nous avons des obligations
réglementaires en tant qu’établissement recevant du public, on a un nombre
maximal de visiteurs qui peuvent être présents dans le château de Versailles et
après dans les différentes parties du château de façon simultanée. C’est environ
6 000 visiteurs en simultanée mais c’est un chiffre qui n’est jamais atteint. Nous le
problème c’est plutôt que les personnes vont toutes au même endroit en même
temps donc c’est pour cela que nous délivrons des conseils de visites.
5/ Perspectives d’évolution
• Comment voyez-vous l’avenir du site? Quels sont vos objectifs sur le
long terme ?
Comme nous avons de plus en plus de visiteurs avec les pays émergents : Russie,
Brésil, Inde, Chine, nous savons que nous allons être confrontés à une croissance
très forte d’ici peu. Donc nous essayons de travailler sur notre adaptation en terme
de gestion des flux mais aussi en terme de présentation des collections. Nous avons
mis en place une démarche qualité qui vise à améliorer les points que j’ai évoqué
tout à l’heure qui sont liés à la gestion de l’attente, l’affluence dans les salles, les
salles de repos et puis les sanitaires. Donc on essaye de répondre aux besoins
actuels et puis d’anticiper les besoins futurs. Nous construisons un schéma directeur
de travaux qui est valable sur une période de 10 ans (onglet établissement public /
grands travaux). Ce schéma présente tous les travaux de réaménagements de
l’espace d’accueil ou de service.
104
Annexe C : Entretien exploratoire avec M. X, directeur de l’Office de Tourisme***
de Moissac, dans le Tarn et Garonne (82).
En accord avec mon maître de mémoire et compte tenue des informations
récoltées, cet entretien ne sera retranscrit que partiellement et mettra en avant
les informations les plus cohérentes avec le sujet de ce mémoire.
1/ Présentation de l’acteur
Je n'ai pas toujours travaillé dans le tourisme et je suis directeur de cet office
depuis 2008 mais avant j'ai fait trois mandats en tant qu'adjoint au maire ici à la
municipalité de Moissac en tant que chargé du tourisme et du patrimoine. J'ai fait
évoluer l'office en EPIC et recruter les gens ici. De plus, j’ai participé à faire
évoluer le tourisme dans la ville et du site. Et parallèlement à ça j'avais une
activité à titre de consultant pour valoriser les sites touristiques à travers des
circuits d'interprétation, des tables d'orientation, etc. C'est à dire comment mettre
à disposition du public des éléments d'interprétation des sites qui soit accessible à
différents publics : étrangers, handicapés, scolaires, etc. Donc, je donnais des
conseils pour les aider à mettre en place des outils pendant 10 ans.
2/ Présentation de la structure d’accueil
C’est un établissement public à caractère industriel et commercial dont les gérants
sont des élus mais aussi des socioprofessionnels. Le directeur de l’Office de
tourisme est le responsable juridique et financier, le maire de la commune étant le
président de l’établissement. L'office de tourisme emploie huit salariés permanents
qui gèrent la billetterie du site de l'Abbaye, les fonctions habituelles d'un Office de
Tourisme comme l’accueil et l’information, une boutique et en plus le camping
municipal où travaille un salarié permanent et entre cinq et huit vacataires pour la
saison.
3/ Le site
• Pouvez-vous me présenter le site que vous gérez de façon général?
L’entrée à l’église de l’abbaye est gratuite mais pour rentrer au cloître il faut
passer par l’Office de Tourisme, l’entrée du cloître est à 5 euros. La visite guidée
ou la location d’un audio-guide est à 2,50 euros.
• Quel est le nombre de visiteurs que vous accueillez au sein du site?
Nous accueillons un peu plus de 70 000 personnes en 2011à l’intérieur du cloître et
l’Office de tourisme accueille presque 200 000 visiteurs en 2011 aussi, cela
représente une évolution de 3,8% par rapport en 2010.
105
• Quel type de touristes accueillez-vous ?
Nous avions d’accueillir principalement des seniors, des pèlerins et des cadres
supérieurs mais de plus en plus de famille viennent grâce aux tarifs réduits et
gratuité. Leur provenance, en France c’est Midi-Pyrénées principalement, puis l’Ile
de France, l’Aquitaine, Rhône-Alpes et PACA. La clientèle étrangère est moins
venue cette année, certainement à cause de la crise, ils préfèrent pratiquer un
tourisme de proximité comme les français. Mais nous accueillons principalement des
anglais, allemands, des espagnols et des belges. Notre guide fait d’ailleurs ces
visites en quatre langues.
• Utilisez-vous des outils pour connaître le niveau de satisfaction des
visiteurs du site ?
Oui, un questionnaire de satisfaction édité en trois langues dont les thématiques
sont l’accès, le temps d’attente, l’hygiène, l’attitude du personnel, les
compétences du personnel et une appréciation globale.
• Votre site est-il classé ?
Oui, le site est classé au patrimoine mondial de l’UNSECO, c’est aussi un Grand Site
Midi-Pyrénées et nous avons récemment reçu le label Ville d’Art et d’Histoire.
• Quel type de communication faites-vous ?
A travers différents salons : le MAHANA et la SISQA à Toulouse, le salon international
de Nantes, le salon des CE à Bordeaux et à Agen, le salon des seniors à Montauban
et le salon STIC de Barcelone. Nous les réalisons en commun avec l’ADT du Tarn et
Garonne et le CRT Midi-Pyrénées.
Ensuite nous communiquons avec le réseau Grands Sites de Midi-Pyrénées avec des
spots publicitaires, le site internet, la diffusion de brochure et de cartes
touristiques.
Nous faisons aussi des Eductours, des achats d’encarts publicitaires, une campagne
publicitaire sur CFM radio.
Pour finir, nous réalisons aussi des campagnes à l’étranger : Grande-Bretagne,
Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Espagne, Italie et de plus en plus, nous
communiquons sur les marchés chinois, suisses, japonais, américains et canadiens.
• Le site a-t-il été sujet à des dégradations ?
Non, pas vraiment. Notre plus gros problème pour les dégradations ce sont les
pigeons.
4/ Outil de gestion des flux
• Y-a-t-il des pics de fréquentation sur le site ?
Oui, le plus haut pic c’est le mois d’août comme dans beaucoup de site touristique.
Mais nous avons aussi une bonne fréquentation en Juillet et Septembre. La saison
comme ce à partir des vacances d’Avril à peu près, puis la fréquentation baisse
largement en octobre.
106
• Existe-t-il un nombre d’entrée limitée au site lors de certainement
période de l’année ?
Non, nous ne limitons pas l’accès.
• Utilisez-vous des outils pour gérer les flux touristiques ?
Non, le site n’est pas encore surfréquenté donc nous n’avons pas encore étudié la
question. Mais nous comptons sur le fait qu’il ait de plus en plus de touristes ici
donc ce sont des problématiques qui se poseront peut-être un jour.
5/ Perspectives
Nous travaillons à augmenter la fréquentation sur site et dans la ville. Et nous avons
aussi un projet de développement du musée Marguerite Vidal.
107
Annexe D : Observatoire Permanent des Publics du Château de Versailles - Power
point réalisé par le responsable des publics du Château de Versailles.
(En accord avec mon maître de mémoire certaines slide de ce power point ne
figureront pas dans cette annexe en raison de leur intérêt pour cette étude).
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Annexe E : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant la
Cathédrale Notre-Dame-de-Paris, Paris (75).
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36
Tripadvisor. Cathédrale Notre-dame-de-Paris [En ligne] Disponible sur :
<http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g187147-d188679-Reviews-Notre_Dame_CathedralParis_Ile_de_France.html> (Consulté le 15-03-2013).
114
Annexe F : Commentaires d’internautes du site Tripadvisor concernant le Château
de Versailles, Yvelines (78)37
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Tripadvisor. Château de Versailles [En ligne] Disponible sur : <http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Reviewg187148-d188681-Reviews-Chateau_de_Versailles-Versailles_Yvelines_Ile_de_France.html>
115
116
Table des figures
Figure 1 : Part des fréquentations culturelles et non culturelles en France - Atout
France – 2009 ................................................................................ p.21
Figure 2 : Part des visiteurs motivés par le patrimoine architectural en priorité (en
%) .............................................................................................. p.24
Figure 3 : Label "Petites Cités de Caractère Bretagne" ............................... p.32
Figure 4 : Label "Patrimoine européen" ................................................. p.34
Figure 5 : Comparaison de la fréquentation entre la visite de site de catégorie C
(châteaux et architectures remarquables) et les visites culturels en France - Atout
France - 2009 ................................................................................ p.42
Figure 6 : Arrivées internationales de touristes de 1950 à 2004 .................... p.47
Figure 7 : Schéma développement durable ............................................ p.50
Figure 8 : Schéma explication crise locale ............................................. p.53
Figure 9 : Les types de capacité de charge ............................................ p.56
Figure 10 : Saturation touristique, exemple de la Grande Muraille de Chine ..... p.63
Figure 11 : Logo "Monuments Historiques" ............................................. p.65
Figure 12: Restauration de la Cathédrale d'Albi ....................................... p.67
Figure 13 : Montage photos du Château de Versailles ................................ p.73
Figure 14 : « La mode, de la Restauration à la fin du Second Empire », exposition
accessible aux personnes en situation de handicap ................................... p.74
Figure 15 : Logo de communication du Château de Versailles ...................... p.75
Figure 16 : Exposition Le Nôtre .......................................................... p.76
Figure 17 : Statistiques concernant l'évolution de la fréquentation touristique au
sein du Château de Versailles ............................................................. p.77
Figure 18 : File d'attente devant le Château de Versailles .......................... p.80
Figure 19 : Plan interactif du site ....................................................... p.81
Figure 20 : Conseil pour préparer sa visite en amont ...............................p.883
117
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE ........................................................................ p.9
PARTIE 1 : REFLEXION CROISEE SUR LES SYSTEMES D ’ACTEURS ET LA FREQUENTATION TOURISTIQUE DANS
LES SITES DE PATRIMOINE ARCHITECTURAL ........................................................ p.12
INTRODUCTION DE LA PARTIE 1 .................................................................. p.12
Chapitre 1 : Le patrimoine monumental : un des piliers du tourisme Culturel ......
1. Du patrimoine au patrimoine architectural ................................................
1.1. Une approche historique du patrimoine
1.1.1. Les prémices de la notion de patrimoine en France
1.1.2. Le culte des monuments : le besoin d’une symbolique
1.1.3. L’homogénéisation du terme patrimoine au niveau mondial
1.2. Le patrimoine architectural une notion employée couramment
1.2.1. Une notion complexe mais utilisée au quotidien
1.2.2. Une étymologie parlante
1.2.3. L’aspect juridique du patrimoine architectural
2. Une forme de tourisme pour les pratiques culturelle ....................................
2.1. L’importance du patrimoine bâti au sein du tourisme culturel
2.1.1. Le tourisme culturel dans l'histoire
2.1.2. Le tourisme à la française vu du monde
2.2. Pratiques et formes du tourisme culturel
2.2.1. De nouvelles tendances de visites
2.2.2. Comment attirer de nouveaux publics ?
2.3. Le tourisme culturel, pour quel type de public ?
2.3.1. Le profil type du touriste culturel
2.3.2. Les motivations à la pratique du tourisme culturel
p.13
p.14
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p.22
p.22
p.22
p.23
Chapitre 2 : Une prise en charge du patrimoine bâti par les politiques territoriales ...
1. Le système d’acteur du tourisme souvent qualifié de « mille-feuille territorial» ...
1.1. Les acteurs privés en lien avec le territoire
1.2. Des acteurs publics nombreux et à toutes les échelles territoriales
1.2.1. A l’échelle mondiale
1.2.2. L’Etat français : un acteur incontournable
1.2.3. Les organisations décentralisées françaises
2. La valorisation du patrimoine à travers des labellisations ...............................
2.1. La valorisation : accessible à chaque territoire .........................................
2.1.1. Les enjeux de la valorisation du patrimoine .........................................
2.1.2. Comment mettre en valeur un territoire ou un site touristique ?..................
2.2. La multi-scalarité des signes de qualités .................................................
2.2.1. Un mouvement issu de l’échelle locale… ..............................................
2.2.2. …Jusqu’à l’engouement national .......................................................
2.2.3. Le label : un moyen de fédérer au niveau européen ................................
2.2.4. Les Nations Unies engagent une valorisation du patrimoine mondial
p.24
p.24
p.26
p.27
p.27
p.27
p.28
p.29
p.30
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p.32
p.32
p.33
p.34
p.35
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Chapitre 3 : La notoriété d’un site bâti : génératrice de flux touristiques ............... p.37
1. La notoriété d’un site, créatrice d’attractivité ........................................... p.37
1.1. L’accès à l’information, une notion à ne pas négliger
p.37
1.2. L’attractivité du bâti
p.38
2. La fréquentation touristique poussée par l’attractivité des territoires ............... p.39
2.1. L’histoire de la fréquentation touristique
p.39
2.2. L’importance du patrimoine bâti dans la fréquentation touristique
p.40
2.3. Quand la fréquentation touristique atteint des niveaux de saturation
p.42
SYNTHESE DE LA PARTIE 1 ...................................................................... p.43
PARTIE 2 : GERER DE FAÇON DURABLE LA SATURATION TOURISTIQUE AU SEIN DES SITES DE
PATRIMOINE BATI : EVIDENCE OU MANQUE ? .................................................... p.44
INTRODUCTION DE LA PARTIE 2 ................................................................. p.45
Chapitre 1 : Des outils de gestion des flux touristiques déjà existants pour les sites de
patrimoine architectural ......................................................................... p.46
1. La capacité de charge : témoin des prémices d’un nouveau mode de penser ........ p.46
1.1. L’approche historique du développement touristique
p.46
1.2. La capacité d’un site : une notion du XXème siècle
p.48
1.3. Les enjeux de la maîtrise de l’activité touristique
p.51
2. Calculer la capacité de charge : un outil intégré dans une stratégie de développement
territorial ........................................................................................... p.54
2.1. Les critères à intégrer dans ce calcul
p.54
2.2. Les différentes capacités à prendre en compte dans sa stratégie de développement
touristique
p.55
3. Les instruments pour le développement durable d’un site .............................. p.56
3.1. La régulation règlementaire
p.56
3.2. Des outils organisationnels possibles en amont de l’arrivée des touristes
p.57
3.3. Sur site : mieux organiser pour mieux gérer
p.58
Chapitre 2 : Mais des outils de gestion peu exploités, ceci ayant pour conséquence la
dégradation des sites et des visites ............................................................
1. Les conséquences de l’ingérence de la fréquentation des sites architecturaux ......
1.1. La perte de qualité des visites des sites de patrimoine bâti
1.2. Une dégradation physique des sites évidente
2. Des dispositifs postérieurs aux dégradations physiques du patrimoine bâti
2.1. Préserver et conserver : les maître mots du patrimoine architectural
2.2. La restauration, souvent nécessaire mais parfois dénaturante
p.60
p.60
p.60
p.62
p.64
p.64
p.67
SYNTHESE DE LA PARTIE 2 ...................................................................... p.69
PARTIE 3 Le cas du Château de Versailles .............................................. p.70
INTRODUCTION DE LA PARTIE 3 ................................................................. p.71
Chapitre 1 : Le Château de Versailles, un joyau culturel pour la France .................
1. Un site architectural prestigieux ............................................................
2. Un site de notoriété mondiale
2.1. La communication du site sous différentes formes
p.72
p.72
p.73
p.74
119
2.2. Une valorisation multi-scalaire ............................................................ p.75
3. D’une forte notoriété à une fréquentation croissante ................................... p.77
Chapitre 2 : La faiblesse de ce site : la saturation touristique .............................
1.
Une volonté de gérer les flux touristiques…
1.1. La réduction du sentiment d’attente
1.2. La pluralité des circuits de visites
1.3. Des conseils pour mieux vivre sa visite
2. … Mais l’opérationnalité de cette gestion reste insuffisante ............................
2.1. La qualité des visites ne fait pas l’unanimité
2.2. Des dégradations non évaluées
p.78
p.79
p.79
p.80
p.82
p.84
p.84
p.85
Chapitre 3 : Une amélioration possible des dispositifs mis en place ...................... p.86
1.
Comprendre la perception des touristes lors de leur visite sur des sites touristiques de
patrimoine architectural saturés
p.86
1.1. L’intérêt d’un questionnaire d’impacts
p.86
1.2. La construction du questionnaire
p.87
1.3. L’analyse des données collectées
p.87
2.
Croiser les initiatives pour comprendre les dispositifs de gestion des flux touristiques
p.88
2.1. L’intérêt d’un focus groupe
p.88
2.2. La mise en œuvre du focus groupe
p.89
2.3. Les avantages et les limites de ce dispositif
p.89
SYNTHESE DE LA PARTIE 3 ...................................................................... p.91
CONCLUSION GENERALE ........................................................................ p.92
Bibliographie
p.94
TABLE DES ANNEXES ............................................................................ p.97
Table des figures.......................................................................... p.117
120
Thème du mémoire
La notoriété d’un site et la valorisation de ses spécificités provoque
l’attractivité de ce dernier en générant des flux touristiques. Le patrimoine
architectural est une forte motivation au voyage et à la visite. Il s’intègre alors au
sein du développement touristique d’un territoire. Cette étude met en avant les
problématiques liées à la gestion de ces flux et à la saturation touristique des sites
de patrimoine bâti provoquée par cette attractivité. L’objectif est de mettre en
exergue des solutions aux problèmes de dégradations des sites et de baisse de
qualité des visites induits par la surfréquentation. Ainsi, des dispositifs de gestion
des flux touristiques, à travers la notion de capacité de charge, seront proposés
pour améliorer la satisfaction des visiteurs mais aussi pour permettre une
conservation pérenne du patrimoine architectural.
Mots-clés
Patrimoine architectural - Attractivité - Valorisation du patrimoine architectural Fréquentation touristique - Gestion des flux touristiques - Saturation touristique Capacité de charge - Notoriété.
Abstract
The reputation of a heritage site and the value of its specificities cause
attractiveness of the latter generating tourist flows. The architectural heritage is a
strong motivation to travel and visit. Then it is joined in the tourism development
of a territory. This study highlights the issues related to the management of these
flows and the saturation of tourism sites of architectural heritage caused by this
appeal. The aim is to highlight solutions to the problems of deterioration of sites
and declining quality of visits induced by the excess of visits. Thus, thanks to the
carrying capacity, devices management of tourist flows are proposed to improve
visitor satisfaction but also to allow for permanent conservation of the architectural
heritage.
Keywords
Architectural Heritage - Attractiveness - Valuation of Architectural Heritage Tourism attendance - Management of tourism - Tourism saturation - Carrying
capacity - Well attested.
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