Vinifications en rouge : macérations post
Transcription
Vinifications en rouge : macérations post
Vinifications en rouge : macérations post-fermentaires, macérations carboniques, flash-détente sous vide Jean-Louis ESCUDIER, M. BES, C. MOREL, M. MIKOLAJCZAK, A. SAMSON, M. MARTIN I.N.R.A., Unité expérimentale d'œnologie de Pech Rouge, 11430 Gruissan I.N.R.A., U.M.R. Sciences pour l'œnologie, 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier cedex 2 Les progrès de la viticulture liés en particulier à l'encépagement, aux modes de conduite en association avec une maîtrise des rendements permettent à l'œnologue de prendre en charge une vendange à potentiel qualitatif amélioré. Le vinificateur dispose d'options technologiques pour élaborer une gamme élargie de vins à partir de raisins récoltés à une maturité maîtrisée. L'objet de cet article est de faire un état des lieux des moyens technologiques aptes à extraire le potentiel qualitatif de la vendange. Ceux-ci ont évolué ces dix dernières années en étant plus directifs et efficaces pour extraire les constituants d’intérêt des baies de raisin. La vinification en rouge a fait l'objet d'expérimentations renouvelées en particulier par l'I.N.R.A. et les instituts professionnels (I.T.V., I.C.V., Institut Rhodanien, etc.). Aux États-Unis, Karna L. et al. a publié en 2005 un passage en revue de six techniques de vinification concernant l’extraction des polyphénols. Un choix plus important d'itinéraires technologiques (figure 1) permet à Temps - Macération Remontages N 2 ou cuves sp écialis ées Figure 1- Vinifications et extractions, itinéraires technologiques Temp érature Enzymes Macération carbonique Éthanol (effet solvant) Pression - Vide O2 - SO2 l'œnologue d'élargir l'offre de ses produits. L'objectif n'est pas, au travers de la technologie, d'élaborer des vins industriels mais, au contraire, d’utiliser celle-ci comme moyen plus directif pour diversifier les qualités et mieux exprimer, en cours de vinification, le potentiel de composition de la vendange avec une approche ingénierie reverse. Deux grandes options sont offertes aux œnologues, en termes de pratique : - le respect de l'intégrité des baies de raisin pour déclencher le métabolisme anaérobie du raisin. Cette approche reste réservée, de fait, aux vendanges récoltées manuellement. - la désorganisation cellulaire poussée de la vendange pour accroître les phénomènes de diffusion. Elle concerne tout type de récolte en rouge. Elle s'applique particulièrement bien à la récolte mécanique de la vendange. Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 1 Article technique RFOE N°216 1. Métabolisme anaérobie 1.1- Conditions et modalités de réalisation en vinification La fermentation intracellulaire, à côté de la formation des composés aromatiques spécifiques, crée les conditions d'une bonne extraction des composés polyphénoliques. Le couple temps-température a été étudié sur différents cépages (C. Flanzy et al., 1987). Des études de base, thèse Fondville-Bagnol 1996, thèse Labarbe Benoît 2000, et publications (Fondville-Bagnol, 1999) ont traité du modèle vinification beaujolaise. Des schémas faisant appel à des temps rallongés de cuvaison, avec mise en place de remontages après la phase de métabolisme anaérobie, ont aussi été expérimentés et proposés (C. Flanzy et al., 2001). Quels que soient le cépage mis en œuvre et les millésimes d'expérimentation, les réponses obtenues présentent de nombreuses similitudes. Les conclusions issues de ce travail mené sur une dizaine d'années peuvent être ainsi résumées - les conditions physiques de la première étape de vinification sont à organiser pour amplifier et accélérer les phénomènes du métabolisme anaérobie (anaérobiose immédiate des baies entières, température dés l'encuvage supérieure à 30°C). - le prolongement du contact entre phase solide et liquide par la mise en œuvre de système de pigeage adapté (turbopigeur ou autopigeur) tend à faciliter la diffusion de certains composants de l'ensemble de la vendange sous l'effet de l'alcool. - l'utilisation associée d'enzymes pectolytiques conduit à accroître les phénomènes de diffusion. Au niveau organoleptique, des différences significatives apparaissent entre vins jeunes (de quelques mois) et vins de quelques années de conservation. Le prolongement du contact entre phase liquide et phase solide conduit à des vins ayant davantage de complexités aromatique et gustative. Par exemple, sur un vin de syrah étudié par l'I.N.R.A. à l’unité expérimentale de Pech Rouge en situation A.O.C., les vins de macération carbonique, à macération et cuvaison prolongées de 3 jours, avaient plus de structure avec des tannins présents non agressifs. Le gain de perception a été établi par rapport au vin à macération carbonique plus courte (7 jours au lieu de 10 jours). D'autre part, les vins de macération carbonique à plus basse température (20-25°C, plutôt que 30-32°C), sont bien classés les premiers mois par les jurys, mais, rapidement, les dégustateurs sélectionnent ensuite les vins ayant bénéficié de températures de macération plus élevées. 1.2- Métabolisme anaérobie et macération préfermentaire à froid Les vins d'A.O.C. Rosé des Riceys sont réputés pour la finesse de leur expression aromatique. Ils évoluent souvent de façon harmonieuse au cours de leur conservation et certains millésimes peuvent atteindre une longévité remarquable. Ces vins, issus du cépage pinot noir, sont élaborés traditionnellement selon une technologie relativement complexe. En effet, celle-ci fait appel, dans une première étape, à un ensemble de phénomènes sollicités généralement en vinification en rouge (macération carbonique partielle), fermentation levurienne en présence des pulpes et rafles. Les conditions climatiques et les pratiques de vinification conduisent à une forme de macération pelliculaire à froid (MPF) sur une fraction de la vendange mise en œuvre. Pour évaluer l'apport d'une MPF comparativement à une macération carbonique (MC), une série de vinifications a été développée à l'I.N.R.A. Pech Rouge depuis 3 ans, sur les cépages carignan et syrah. Cette série intègre, à côté du lot témoin (MC), un lot MPF+MC. Les premières dégustations comparatives mettent en évidence des différences significatives entre les échantillons : les vins de MPF+MC développent un équilibre fruité plus intense sur les trois millésimes, y compris sur les millésimes 2003, dégustés en 2005. Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 2 Article technique RFOE N°216 2. Désorganisation cellulaire Il s'agit au cours de la vinification de favoriser les phénomènes de diffusion des composés des parties solides de la baie de raisin vers la phase liquide. refroidie pour être vinifiée en phase solide, peut, aussi, donner accès à des vins d'appellation d'origine contrôlée après expérimentation. 2.1- État des lieux technologique et résultats 2.1.2- Méthodes de chauffage de vendange : différentes options La vinification en rouge fait appel à des cuveries vinicoles régulièrement améliorées : cuves spécifiques permettant de renouveler et d’augmenter le contact du jus sur les baies de raisin : cuves rotatives, cuves à pigeurs, cuves à remontage et immersion du marc programmés, cuves à déplacements du marc, utilisation de turbo et autopigeurs, etc. Dans les différentes régions viticoles concernées, des travaux expérimentaux sont régulièrement publiés par les instituts de la filière. Une synthèse (Razungles, Vinifications en rouge) a été réalisée en 1998 dans l'ouvrage "Œnologie fondements scientifiques et œnologiques" (C. Flanzy, 1998). D'autres voies technologiques ont été proposées. La macération finale à chaud a été évaluée dans diverses situations de vinification. Elle permet par un accroissement de la température, autour de 40-45°C, en fin de fermentation alcoolique, d'augmenter sensiblement la couleur avec un gain de 10 à 20 %. 2.1.1- Chauffage de vendange : méthodes Le chauffage de la vendange avant vinification est une autre voie technologique ancienne, très répandue dans de nombreuses régions viticoles. Initialement, le chauffage de la vendange avant vinification, appelé thermovinification, nécessite, après la phase de macération à chaud, un pressurage afin d’obtenir un moût en phase liquide qui peut alors être plus aisément refroidi avant vinification. Cette technologie s'est renouvelée, du fait d'innovations, et permet maintenant de chauffer la vendange plus rapidement à des températures plus élevées, et de pouvoir également vinifier la vendange entière préalablement chauffée et non plus seulement en phase liquide. Une vendange préalablement chauffée, puis - Le chauffage indirect, par un échangeur, souvent de type coaxial ou à surface raclée, alimenté en eau chaude surpressée, permet un chauffage en continu à 70-85°C. - Le chauffage direct, par du moût chaud. La vendange égouttée est immergée en continu dans ce moût préalablement chauffé dans un échangeur alimenté en eau surpressée ou en vapeur. La vendange immergée dans ce moût chaud maintenu à 80-85°C peut être chauffée à 75-80°C. - Le chauffage direct, par de la vapeur. Ce système permet des montées plus rapides (quelques minutes : 6 environ) aux températures souhaitées (80-95°C) en l'absence d'oxygène. La vapeur est produite dans ce cas à partir d'une fraction de jus d'égouttage de la vendange. Classiquement, la vendange chauffée à 70°C, après 20 à 30 minutes de macération, est pressurée, le moût chaud est refroidi, la vendange est vinifiée en phase liquide. Une synthèse de 10 années d'expérimentations comparatives entre le schéma thermotraitement, la voie macération carbonique et la voie de vinification classique après éraflage de la vendange a été publiée (Flanzy C., 1983, Bariliére J.M., 1986). Les vins y sont clairement évalués et séparés par une analyse statistique de leurs compositions respectives et par l'analyse sensorielle. La stabilité insuffisante de la composition polyphénolique et, en particulier, de la couleur des vins issus de thermovinification, est une des limites du procédé de thermo-traitement avec vinification en phase liquide. La société Brunet-Ertia propose après chauffage une légère mise sous pression (1 à 3 bars pendant une durée très courte), puis une détente à pression atmosphérique, appelée Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 3 Article technique RFOE N°216 thermo-détente, dans le but d'améliorer l'extraction de tanins (Dubernet M., 2005). Dans ce cas, la détente n'occasionne pas de refroidissement de la vendange, celle-ci est pressurée à chaud, puis fermentée en phase liquide classiquement après clarification. L'I.T.V. (P. Cottereau) a travaillé sur des durées de macération à chaud beaucoup plus importantes (plusieurs heures au lieu de quelques dizaines de minutes) qui ont fait l'objet de récents rapports d’expérimentions. Il s'agit d'une alternative technologiquement plus facilement accessible en cave de petite taille. raisin préalablement chauffées. Des mesures de résistance physique des pellicules par un pénétromètre, et des photos par microscopie électronique ont permis de quantifier et d'observer ce principe. La conséquence directe de la mise sous vide de baies de raisin chaudes est une vaporisation immédiate de l'eau présente dans la vendange, provoquée par le refroidissement concomitant pour atteindre la température d'équilibre du vide poussé appliqué : 30 à 35 °C pour une pression absolue de 50 hPa. 2.2- Flash-détente et vinification La masse d'eau évaporée sous vide est donnée par la relation : E = M Cs.!T/ Cp 2.2.1- Principe L'I.N.R.A. et la société Aurore Développement ont proposé une mise sous vide instantanée de la vendange préalablement chauffée (figure 2). Ce procédé appelé flash-détente est maintenant bien développé dans plusieurs régions vinicoles par 3 équipementiers : les sociétés Péra, Fabbri, et Boccard. Les travaux menés à l'I.N.R.A. ont été publiés, en particulier Moutounet M., 2000. L'originalité essentielle du procédé est liée à un refroidissement instantané créant les conditions physiques d’une déstructuration des baies de M : masse de vendange traitée Cs : chaleur spécifique du moût Cp : chaleur de vaporisation sous vide de l’eau !T : différence de température entre le raisin entrant et sortant. À titre d'exemple, sous une pression absolue de 50 hPa, la vaporisation d'eau (E) de 100 Kg de vendange si celle ci est chauffée à 82°C est de : E = 100 x 0,875 x 50 x 100/570 = 7,67 Kg d'eau Vendange Egouttoir Vendange égoutt ée Vapeur biologique Jus d ’égouttage Chambre de chauffe Sas Vide Pompe à vide Condenseur Chambre de détente Chaudi ère Condensats exsudats Vendange trait ée Echangeur Proc Procédé de de pr pré-traitement é-traitement de de la la vendange vendange par par mise mise sous sous vide vide Figure 2- Principe de la flash-détente Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 4 Article technique RFOE N°216 Sous le vide considéré, 1 Kg d'eau occupe un volume de 29 m3, ceci explique l'effet déstructurant et la fragmentation des pellicules des baies de raisin, elle aussi quantifiée lors des expérimentations. 2.2.2- Comparaison des extractions Ces résultats concernent les vins vinifiés sur marc après un prétraitement par flash-détente. Le tableau 1 donne, à titre indicatif, la composition analytique d’un vin de grenache, réf. Pech Rouge, à t0 + 14 mois, vinifié en phase solide avec le marc, comparativement a une vinification traditionnelle du même cépage récolté en lot homogène sur la même parcelle. Tableau 1- Suivi analytique du vin issu de flash-détente et du vin témoin, grenache, Massif de la Clape, parcelle Grand Bellevue, I.N.R.A. pH SO2 libre - SO2 total mg/L Vinification Flash-détente traditionnelle 3,56 3,49 06*21 04*16 Composition en anthocyanes Anthocyanes totales 171 215 Indice PVP 34 36 Indice d'ionisation 22 34 Anthocyanes libres (AI) mg/L 113 137 Anth. combinées aux tanins (TA) 58 78 mg/L Anthocyanes colorées 38 73 Indice de chauffage 31 31 Indice des pigments polymérisés 56 55 Compositions en tanins Procyanidines (tanins) g/L 2,63 3,41 A 280 (*dil) 39,4 51,8 Folin Ciocalteu (A 700 *dil* 100) 186 250 Procyanidines/Anthocyanes 15,4 15,84 Tanins précipités par HCl % 11 15 Tanins précipités par gélatine % 76 - 2002 74 - 2506 mg/L Tanins précipités par éthanol % 10 6 Tanins non dialysés après 3 j. % 16 19 Répartition tanins non polymères71 % - 29 % 71 % - 29 % polymères (LH 20) % Coloration Int. Color. A420+A520+A620 10 mm Teinte A420/A520 A420 % A520 % A620 % 4,35 7,17 0,75 38 % 51 % 11 % 0,65 35 % 54 % 11 % 2.2.3- Stabilité dans le temps En cours de conservation, les écarts entre les vins de référence flash-détente et leurs témoins respectifs sont proportionnellement maintenus. À titre comparatif, une même vendange vinifiée en thermovinification phase liquide a été suivie. Elle a une teneur en composés polyphénoliques réduite de 50 % par rapport au lot flashdétente. Des suivis ont été réalisés sur quatre années. La figure 3 donne l’évolution de l’intensité colorante sur une période de 90 mois entre les différents lots expérimentaux : une vinification témoin (VET), une thermovinification classique (Thermo : fermentation en phase liquide après une macération à chaud de 70°C pendant 20 minutes), une thermovinification pour laquelle le raisin, macéré à chaud, a été refroidi à 30°C dans un échangeur pour permettre une vinification en phase solide 10 9 8 7 6 FD VE T 5 Thermo mac. Thermo 4 3 2 1 0 To+2 mois To+14 mois To+42 mois Figure 3- Évolution de l'intensité colorante en fonction du mode de vinification (Thermo mac), une vinification par flashdétente (FD). 2.2.4- Cinétiques d’extraction Une étude conduite avec l’aide financière de la Communauté Européenne, dans le volet "Quality of Life and Management of Living Ressources", projet numéro QLRT-2002-02364 intitulé "Novel enzyme-aided extraction technologies for maximized yield and functionality of bioactive components in consumer products and ingredients from by- Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 5 Article technique RFOE N°216 To+90 mois Flash -détente et durée de conservation product", acronyme Maxfun, a permis d’approfondir les connaissances concernant l’extraction au cours de la fermentation de différentes classes de composés polyphénoliques d’intérêt. Ces résultats récents, acquis en 2004 et 2005, montrent que les extractions en cours de vinification se font plus rapidement pour toutes les classes de composés polyphénoliques, anthocyanes, acides phénols mais aussi flavonols, proanthocyanidines, catéchines. Les anthocyanes et les acides phénols sont les composés polyphénoliques qui sont extraits le plus rapidement et le plus favorablement, par rapport aux autres composés polyphénoliques en vinification classique, les flavonols, proanthocyanidines et catéchines sont quantitativement nettement plus extraits en cours de vinification après prétraitement par flash-détente (+33 % à +70 %). En conséquence, les ratios tanins/anthocyanes sont nettement plus élevés (+25 à +30 %) pour les vins issus de flash-détente (figures 4 à 8, page suivante). 2.2.5- Evaluation sensorielle Les vins flash-détente présentent, presque toujours, une teinte réduite de 10 % à 20 %, ce qui confère à ces vins d'extraction un caractère plus jeune. L'analyse sensorielle permet, en général, de bien séparer, pour chaque cépage étudié, les vins prétraités par flash-détente au niveau de leurs perceptions aromatiques (plus élevées pour les références flash-détente), plus fruités, avec moins de notes animales et plus astringents. La figure 9 ci-dessous présente les appréciations organoleptiques portées par un jury de 20 personnes, sélectionnées et entraînées, mais n’appartenant pas au milieu professionnel de la vigne et du vin. Ces résultats d’analyse sensorielle ont été obtenus à partir des vins des essais réalisés sur grenache dans le cadre du programme européen Maxfun, dont les résultats analytiques ont été présentés dans les figures 4 à 8. Ce procédé, en particulier dans les Côtes-duRhône, le Languedoc-Roussillon, la Provence et le Bordelais est maintenant transféré sur plusieurs dizaines d'unités de 15 à 40 T/H en caves coopératives. 2.2.6- Flash-détente, moût pour vinification en phase liquide ou jus de raisin Les travaux publiés par l'I.N.R.A. ont, prioritairement, positionné la flash-détente comme une technique de prétraitement, avant vinification en phase solide de l'ensemble de la vendange, durant cinq à dix jours, en général. Cette approche concerne des raisins de qualité dans une logique "vins d'appellation". Ceci n'exclut pas de pouvoir fermenter et vinifier en phase liquide, après pressurage, la vendange traitée par flash-détente. Cette possibilité a fait l'objet d'expérimentations en 2003 et 2004. Les expérimentations réalisées démontrent clairement la faisabilité technique (pressurage à température ambiante facile), et le très bon niveau d'extraction en termes de composés polyphénoliques. Pour obtenir des gains d'extraction beaucoup plus importants qu'en thermovinification classique, après la phase de montée en température, une courte phase de macération a été rajoutée avant la mise sous vide : 9 minutes à 90 °C. Les lots globaux de vendange "flash-détente sans macération à chaud avant la mise sous vide", et "courte macération à chaud avant la mise sous vide" ont été pressurés. Figure 9- Résultats d'analyse sensorielle Les résultats annexés indiquent les indices polyphénoliques sur les moûts obtenus. Sur les deux lots référence flash-détente, les extractions sont fortes. Elles sont équivalentes, au niveau indices polyphénols, à celles d'une Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 6 Article technique RFOE N°216 ANTHOCYANES ACIDES PHENOLS 250 150 mg/l mg/l 200 100 50 0 MI J1 J2 J3 J4 J5 VP vin 500 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 MI Vendange éraflée flash détente J1 J2 J3 Vendange éraflée Figure 4 J5 VP vin Flash détente Figure 5 FLAVONOLS PROANTHOCYANIDES 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 1200 mg/l 1000 800 600 400 200 0 MI J1 J2 J3 J4 Vendange éraflée J5 VP MI vin J1 J2 J3 J4 Vendange éraflée Flash détente Figure 6 J5 CATECHINES 160 140 120 100 80 60 40 20 0 MI J1 J2 J3 vendange éraflée J4 J5 VP vin Flash détente Figure 8 Figures 4 à 8- Évolution des composés polyphénoliques (concentration en mg/L dosée par HPLC par l’UMR-SPO de l’I.N.R.A. Montpellier) pendant la fermentation sur marc d’une vinification traditionnelle en vendange éraflée et par flash-détente sur cépage grenache J : nombre de jour de fermentation MI : moût initial Vin : vin avant fermentation malolactique VP : vin après pressurage avant fermentation malolactique Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 7 Article technique RFOE N°216 VP flash détente Figure 7 mg/l mg/l J4 vin vinification classique (VE 8 jours) pour le lot référence flash-détente non macéré à chaud, et fortement augmentées pour la seconde variante. En vinification en phase liquide, l'intérêt de rajouter une courte phase de macération à chaud (moins de 10 minutes), est de permettre une extraction importante et 450 400 Concentration en mg/L 350 300 250 200 150 100 Tableau 2- Extraction, vin de carignan ; analyses à t0 + 6 mois Anthocyanes Procyani- Intensité Acidité totales dines colorante volatile Technologie mg/L g/L g/L Témoin : vendange éraflée, 10 jours de macération, vin filtré vendange éraflée, 3 mois de cuvaison, vin filtré 170 1,2 3,22 0,49 150 1,12 3,23 0,52 50 0 Anthocyanes Catéchines VE égouttage Acides phénols FD 6 min pressurage Flavonols Proanthocyanidines FD 6min + 9min macération pressurage Figure 10- Composition en polyphénols des moûts avant fermentation équilibrée en tanins. Ceci assure une meilleure stabilité de la matière colorante et de la couleur. 2.3- Vinifications et durée de cuvaison La durée de cuvaison en vinification traditionnelle (carignan, situation A.O.C., massif de la Clape, vendange éraflée) a été, à titre comparatif, portée de 10 jours à 3 mois avec maintien immergé du marc les deux derniers mois. Le tableau 2 (ci-contre) donne le bilan analytique des vins des deux références de carignan récoltées à la vigne en lots homogènes. Les analyses des composés polyphénoliques effectuées ne mettent pas en évidence de gain d'extraction au niveau des anthocyanes et des tannins, ni d'évolution par rapport aux indices analysés. Un équilibre d'extraction est obtenu assez rapidement après la fin de la fermentation alcoolique. L'extrait sec global du vin est légèrement accru, l'intérêt de telles pratiques, bien maîtrisables en termes technologique et microbiologique, reste à évaluer par l'œnologue au niveau organoleptique, en fonction de la qualité du raisin et de l'équilibre global du vin. 2.4- Vinification de baies de raisin cryobroyées Tableau 3- Extraction, vin de cabernet sauvignon ; analyses à t0 + 6 mois Anthocyanes Procyani Catéchines et Extrait totales dines proanthocyani sec mg/L g/L des g/L g/L Technologie Témoin filtré, vendange éraflée, 10 jours de macération 334 2,55 150 23,5 Cryobroyage N2 (surnageant), liquide brut, 10 jours de macération 410 3,1 560 - Cryobroyage N2, liquide filtré, (fdt 60 %) 370 3,2 200 27,6 Flash-détente, filtré, 10 jours de macération 518 30,5 300 25 Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 8 Article technique RFOE N°216 Des baies de raisin de carignan ont été cryobroyées dans l'azote liquide, pellicules, pulpe mais aussi pépins ont ainsi été finement divisés, cette vendange réduite à l'état de purée a été mise en fermentation comparativement à un lot témoin vinifié traditionnellement. Les quelques indices polyphénoliques calculés montrent un gain global par rapport à une vinification traditionnelle même prolongée, mais moins d'extraction que par flash-détente. Le marc, finement divisé par le cryobroyage, se dépose rapidement en fond de cuve en retenant une proportion importante de composés polyphénoliques comme en vinification traditionnelle. Le gain d'extraction global et d'extrait sec est perceptible à l'analyse sensorielle. Les vins obtenus par cryobroyage, dégustés après décantation, à différentes périodes (six mois et 5 ans), sont apparus plus gras et bien structurés. 3. Conclusion L’œnologue, à partir d’un raisin de qualité, dispose, au travers de sa cuverie et de prétraitements thermiques de la vendange, d’outils très directifs pour augmenter les phénomènes d’extraction et orienter la qualité des vins selon ses objectifs. Les quelques exemples présentés dans ce texte, à partir d’expérimentations menées sur une longue période par l’I.N.R.A., donnent accès à l’œnologue à des savoir-faire liés aux matières premières traitées. Bibliographie BARILLERE J.-M., BENARD P., VANNOBEL C., CHABAS J., 1986. Étude statistique des caractères analytiques de vins obtenus par différentes techniques de vinifications après chauffage de la vendange. Sciences des aliments, 6, 201-211. BENARD P., BOURZEIX M., FLANZY C., I.N.R.A., 1980. La vinification avec chauffage de la vendange, résultats de 10 années d’expérimentation. DUBERNET M., DE PARZIA E., DUFORT B., FONTAINE P., 2004. La thermo détente, une nouvelle dimension apportée à la thermo vinification. Revue Française d'Œnologie, 214. FLANZY C., FLANZY M., BENARD P., 1987. La vinification par macération carbonique. I.N.R.A., Paris, Cevilar. FLANZY C., SAMSON A., BOULET J.-C., ESCUDIER J.-L., 2001. Vins de garde élaborés par macération carbonique. Revue Française d'Œnologie, 191. FLANZY C., coordonnateur, RAZUNGLES A., 1998. Œnologie, fondements scientifiques et technologiques, Partie IV, 754-806. FONDVILLE-BAGNOL A., 1996. Étude de la vinification beaujolaise : échanges de composés volatils entre le moût en fermentation et les baies émergées en métabolisme anaérobie. Thèse de spécialité Sciences des aliments E.N.S.A. Montpellier. KARNA L., SACCHI, LINDA F., BISSON, DOUGLAS O., ADAMS, 2005. Review of effect of winemaking techniques en phenolic extraction in red wines. Am. J. enol. vitic., 56, 3. LABARBE B., 2000. Le potentiel polyphénolique de la grappe de Vitis vinifera var. gamay noir et son devenir en vinification beaujolaise. Thèse de spécialité Sciences des aliments, E.N.S.A. Montpellier. MOUTOUNET M., ESCUDIER J.-L., 2000. Prétraitements des raisins par flash-détente sous vide ; influence sur la qualité des vins. Bulletin de l'O.I.V., 827-828. Macération en rouge ESCUDIER J.L. page 9 Article technique RFOE N°216