Les marchés de gros veulent prendre du muscle
Transcription
Les marchés de gros veulent prendre du muscle
V vendre endre Special Marches de gros Les marchés de gros veulent prendre du muscle Stratégie Les MIN et marchés de gros pourraient être le maillon de la filière pour des producteurs-coopératives, grossistes, transformateurs, distributeurs autour de projets de territoires inter-régionaux. Plus que des produits, ils ont des solutions à vendre. L es Marchés d’intérêt nationaux (MIN) et marchés de gros sont des lieux de rencontres où se côtoient des vendeurs : producteurs, grossistes ou importateurs de produits agricoles et alimentaires frais, et des acheteurs : détaillants, restaurateurs mais aussi des centrales d’achat de la grande distribution. « Leur logique fondatrice est basée sur le regroupement de l’offre des grossistes et des producteurs de carreaux en unité de lieu et de temps : le MIN, dans un 44 Reussir F&L n°329 - juin 2013 souci de mise en concurrence et de "facilitation" d’accès aux clients. Cette logique s’est voulue notamment être vecteur de dynamisme de l’activité de gros et de baisse des prix à la consommation de par cette concurrence favorisée par les MIN et marchés de gros », explique une étude récente de FranceAgriMer(1). Des MIN dans leur territoire Aujourd’hui, les MIN et marchés de gros représentent ainsi 26 % du chiffre d’affaires du commerce de gros alimentaire de produits frais avec une prépondérance des productions de fruits et légumes qui assurent 43 % du chiffre d’affaires. « Toutefois, l’analyse de leur activité sur la période 1999-2010 souligne une évolution des produits frais fruits et légumes, qui dominent toujours, vers la diversification des activités », explique l’étude. Les activités traditionnelles baissent de 9 % alors que l’activité « autres produits transformés » s’accroît de 7 %, témoi- gnant d’une adaptation des MIN et marchés de gros à la demande. Ce qui fait mentionner aux auteurs que la vente de solutions devient donc tout aussi importante que la vente de produits. Le rayonnement de certains MIN et marchés de gros s’élargit, pouvant à terme modifier leurs rapports au territoire. « Les métiers sont appelés à poursuivre une évolution vers la logistique, la transformation, voire l’intégration de la fonction de distribution », précisent-ils. Des mutations sociales, économiques et ©MIN de Lyon Corbas Le secteur des fruits et légumes arrive en tête de l'activité commerciale des marchés de gros et MIN, avec 43 % de leur chiffre d'affaires. En chiffres Les marchés de gros sont une source de diversité et de saisonnalité des fruits et légumes. Les marchés de gros en chiffres • 550 hectares aménagés. • 1,7 million de m2 construits. • 2 300 opérateurs permanents. • 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires global (en 2007). • 26 000 emplois permanents sur l’ensemble des sites. • 3 600 producteurs réguliers, (fruits et légumes, fleurs). • 60 000 acheteurs, commerces traditionnels sédentaires ou non, restaurateurs, RHF, centrales d’achat, collectivités, etc. • 40 millions d’euros investis chaque année. • 50 000 véhicules circulent sur les marchés chaque jour. Les fruits et légumes au top Le secteur de fruits et légumes arrive en tête de tous les critères de présentation des différents secteurs d’activités présents sur les MIN et marchés de gros. • 43 % du chiffre d’affaires. • 39 % des emplois. • 37 % des surfaces construites. • 33 % du nombre d’opérateurs (36 % d’opérateurs non-alimentaires). source : Fédération nationale des marchés de gros technologiques à incorporer dans les stratégies de demain ont également été identifiées. Ainsi, les tendances locavores, bio, équitable, recherche de qualité sanitaire et de diversité sont des enjeux de positionnement des MIN et marchés de gros dans leur territoire. Les mutations économiques avec une radicalisation des arbitrages « prix-valeurs » et des filières de plus en plus pilotées par l’aval nécessiteront l’intégration des fonctions de distribution, de marketing, tout comme le développement des services (E-commerces, logistiques, drive et transformation produits). La pratique de « consommation connectée » (TIC), qui s’est fortement développée, témoigne aussi de ces mutations technologiques. Asseoir un développement inter-régional Dans leur analyse de l’environnement des MIN, les auteurs rajoutent également le coût de l’énergie et la relocalisation induite des échanges commer- ciaux, les accords internationaux fruits et légumes (ex : Union européenne-Maroc), la logistique inter-régionale et en milieu urbain, la transformation, les alliances stratégiques (avec les producteurs, coopératives, IAA, détaillants), les évolutions législatives sur l’urbanisme commercial… autant de facteurs pouvant influer fortement le devenir des MIN et marchés de gros. Au regard de ces évolutions, un double enjeu pour le devenir des MIN et marchés de gros se dessine. Ils devront adapter leurs prestations de services et leur positionnement filière, et mettre en œuvre localement des politiques publiques urbaines et commerciales cohérentes avec les enjeux d’aménagement du territoire. Dans les préconisations, on trouve aussi l’intérêt d’une relation accrue à structurer avec les producteurs et les coopératives. « Dans un contexte de probable instabilité des revenus agricoles, notamment en fruits et légumes, les MIN et marchés de gros offrent des circuits de distribution L’atout local «L es MIN sont un lien évident entre la production locale et le commerce local. Une de leurs priorités est la promotion de la consommation locale de produits locaux », mentionne la Fédération nationale des marchés de gros. Ainsi, le MIN d’Angers (49) est fortement impliqué dans les réseaux de valorisation des produits locaux en lien avec la chambre d’agriculture, le conseil général et l’agglomération. Les légumes commercialisés sur le MIN de Lille (59) proviennent à 33 % de la région Nord-Pas de Calais, idem pour ceux du MIN de Montpellier (34) qui proviennent des régions Languedoc-Roussillon et Paca. Enfin, de nombreux marchés accueillent des carreaux de producteurs de leur région en un circuit court véritablement organisé. (source : Fédération nationale des marchés de gros) ■ alternatifs, et des capacités de dégagement de production », mentionne l’étude. Elle préconise également la construction de stratégies d’alliance avec les IAA locales et régionales, afin de répondre aux demandes de produits transformés et faciliter le dynamisme des IAA sur des marchés locaux. Enfin, il est préconisé de « muscler » les échanges et réflexions sur le positionnement des MIN en lien avec les acteurs que sont les régions et les pôles métropolitains (et plus uniquement les communes, les communautés urbaines ou d’agglomération) pour asseoir un projet de développement inter-régional, régional et métropolitain. ■ Guy Dubon MIN et Marchés de gros, diagnostic, perspêctive et stratégie. FranceAgriMer, Blézat consulting (2012). (1) A savoir Les 6 fonctions identifiées des MIN 1 /Offre alimentaire diversifiée : valorisation de produits de qualité et de « petites séries », commerce spécialisé, carreau de producteurs. 2 /Pôle d’emplois et économique local : 25 000 emplois locaux et 60 000 acheteurs réguliers et producteurs. 3/ Maillon des filieres alternatives : débouchés multicanaux. Savoir-faire des grossistes/produit. 4 /Lieu de rencontre physique entre offre et demande : lieu physique de formation de prix. 5/ Plate-forme d’expédition : pour certains MIN localisés dans le sud de la France. 6/ Plate-forme logistique alimentaire locale : plate-forme d’éclatement. Logistique centre-ville. Centralisation et réduction des nuisances (déchets, bruits…) et massification des flux permettant une efficience environnementale. Reussir F&L n°329 - juin 2013 45