Désert : un roman - Enseignement et religions
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Désert : un roman - Enseignement et religions
www.enseignement-et-religions.org/ _______________ Une expérience pédagogique en seconde : étude du roman Désert de J.M.G. Le Clézio, Joël Arlin, juin 2006 Pour revenir à la séquence pédagogique, cliquer ici. DESERT : UN ROMAN QUESTION POSEE PAR LE PROFESSEUR AUX ELEVES Le Petit Larousse illustré donne la définition suivante du roman : « œuvre littéraire, récit en prose, généralement assez long, dont l'intérêt est dans la narration d'aventures, l'étude de moeurs ou de caractères, l'analyse de sentiments ou de passions, la représentation objective du réel. » En quoi le livre Désert de J. M. G. Le Clézio correspond-il à cette définition ? Les élèves ont remarqué que Désert était bien un roman puisqu'il raconte des histoires, c'est là son originalité : il raconte en parallèle deux histoires : - un récit historique : le rassemblement des hommes bleus dans le désert, leur lutte contre les colonisateurs français et leur extermination. Ici, c'est l'histoire d'un peuple. Peu de personnages sont caractérisés en dehors de Nour, de Ma el Aïnine, de l'homme au fusil. - et l'histoire de Lalla qui est davantage une histoire romanesque, un roman d'apprentissage puisqu'il évoque le passage de l'enfance à l'âge adulte d'une jeune fille. L'originalité du roman de Le Clézio réside dans le fait que ces deux récits sont menés conjointement. Le texte le clézien alterne, tresse ces deux récits qui comportent des ressemblances et des différences importantes. 1 - LES RESSEMBLANCES Dans les deux histoires, l'auteur relate des événements et fait la chronologie d'errements, de déplacements : le rassemblement des hommes bleus, puis leur nouvelle itinérance après leur combat fratricide contre les troupes françaises : « Quand tout fut fini, les derniers hommes bleus ont recommencé à marcher sur la piste du Sud, celle qui est si longue qu'elle semble n'avoir pas de fin. » (1) La fuite de Lalla devant la perspective d'un mariage forcé puis son retour au pays natal : « Quand Lalla a décidé de partir, elle n'a rien dit à personne. Elle a décidé de partir parce que l'homme au complet veston gris-vert est revenu plusieurs fois dans la maison d'Aamma. (...) Elle est partie ce matin avant le lever du soleil. » (2) On remarque d'ailleurs que ce thème de l'errance, du déplacement, de la quête, du voyage est constant dans l'œuvre le clézienne. Ainsi dans Le chercheur d'or, des voyages en bateau entre la France et l'Afrique rythment-ils l'ouvrage. Le déplacement géographique est sans doute en lien avec une recherche spirituelle. _______________ Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 1/2 2 - LES DIFFERENCES Tout d'abord, une différence typographique et de mise en page est matériellement évidente : le récit historique n'occupe pas toute la page, il ouvre et clôt l'ouvrage alors que l'histoire de Lalla occupe toute la page et est insérée dans le récit historique. En second lieu, le récit historique est daté et géographiquement situé : « Saguiet el Hamra, hiver 19091910. »(3) Les mentions spatio-temporelles sont absentes de l'histoire de Lalla. On ne sait pas exactement quand et où se déroule son histoire. De plus, le temps utilisé dans les deux textes n'est pas le même. Le récit historique s'ouvre au passé composé : « ils sont apparus, comme dans un rêve... » et se termine de la même façon mais a l'imparfait : « ils disparaissaient ». Dans l'histoire de Lalla, le temps utilisé est souvent le présent de l'indicatif : « Le soleil se lève audessus de la terre, les ombres s'allongent sur le sable gris... » (4) Enfin, les deux excipits sont antithétiques. En effet, l'histoire des hommes bleus (récit historique) se termine sur l'extermination des Touaregs. Seuls quelques-uns continuent la route, survivent. « Le lendemain, dès l'aube, les hommes et les femmes ont creusé d'autres tombes pour les guerriers, puis ils ont enterré aussi leurs chevaux. »(5) Au contraire, l'histoire de Lalla se termine de manière beaucoup plus ouverte puisqu'elle met au monde son enfant : « Très lentement, avec des gestes d'enfant, Lalla se laisse glisser en arrière le long de la ceinture de toile, ses reins et son dos touchent les racines du figuier. L'air entre enfin dans ses poumons, et au même instant, elle entend le cri aigu de l'enfant qui commence à pleurer. »(6) (1) Désert, p. 438 (2) Ibid, p. 210 (3 Ibid, p. 7 (4) Ibid, p. 75 (5) Ibid, p. 438 (6) Ibid, p. 422 _______________ Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 2/2