Caractéristique de la civilisation arabo

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Caractéristique de la civilisation arabo
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Une expérience pédagogique en seconde : étude du roman Désert de J.M.G. Le Clézio,
Joël Arlin, juin 2006
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CARACTERISTIQUES DE LA CIVILISATION ARABO-MUSULMANE DANS LE LIVRE
TRAVAIL DONNE AUX ELEVES
À partir des textes suivants extraits du roman Désert, dégagez des caractéristiques de la civilisation
arabo-musulmane.
1er extrait (1)
"Le guide attendait comme cela la première lumière de l'aube, le fijar, la tache blanche qui naît à l'Est,
au-dessus des collines. Quand la lumière paraissait, il se penchait sur Nour et il le réveillait doucement,
en mettant la main sur son épaule. Ensemble ils s'éloignaient en silence, ils marchaient sur la piste de
sable qui allait vers les puits. (...) Dans la lumière grise de l'aube, l'homme et Nour se lavaient selon
l'ordre rituel, partie après partie, recommençant trois fois. (...) L'homme et l'enfant baignaient encore leur
face et lavaient leurs mains, puis ils se tournaient vers l'Orient pour faire leur première prière. Le ciel
commençait à éclairer l'horizon."
Réponse : première caractéristique
L'importance de la pratique de la prière rituelle dans l'Islam (Salât), un des cinq piliers de cette religion.
2ème extrait (2)
"Ce qui est long et lent, ce qui fait vibrer l'impatience dans le corps des hommes et des femmes, c'est le
jeûne. Parce que tous les jours qui précèdent la fête, on mange peu, seulement avant et après le soleil
et on ne boit pas non plus. Alors, à mesure que le temps passe, c'est comme un vide qui grandit à
l'intérieur du corps, qui brûle, qui fait bourdonner les oreilles. Lalla aime bien jeûner pourtant, parce que,
quand on ne mange pas et qu'on ne boit pas pendant des heures et des jours, c'est comme si on lavait
l'intérieur de son corps. Les heures paraissent plus longues et plus pleines car on fait attention à la
moindre chose."
Réponse : seconde caractéristique
La pratique du jeûne durant le mois de Ramadan, neuvième mois du calendrier lunaire. La foi
musulmane concerne l'être humain tout entier "corps, esprit, âme. Le jeûne est aussi un pilier de
l'Islam (3), tout comme la prière. Cette soif de purification spirituelle et physique se retrouve dans toutes
les grandes religions. Dans le livre des psaumes de la Bible, le psalmiste chante : "Purifie-moi avec
l'hysope ; je serai pur. Lave-moi, je serai blanc plus que la neige. (...) Ô Dieu, crée en moi un cœur pur,
restaure en ma poitrine un esprit résolu." (4) Le jeûne comme la prière permettent la conversion, la
métanoïa (nouvelle naissance) du fidèle. Le jeûne ouvre le cœur à la prière ; la prière prédispose le
corps au jeûne. Les deux expériences se complètent et se fécondent mutuellement.
3ème extrait (5)
"La maison des bains est un grand hangar de briques, construit tout à fait à coté de la rivière. C'est là
qu'Aamma a emmené Lalla, quand elle est arrivée ici, à la Cité, pour la première fois, et Lalla n'a jamais
rien vu de semblable. Il n'y a qu'une grande salle avec des baignoires d'eau chaude et des fours où l'on
fait chauffer les pierres. C'est un jour pour les femmes, un jour pour les hommes."
Réponse : troisième caractéristique
Cette scène de hammam, de bains est fréquente dans les pays arabo-musulmans. On purifie et on
délasse son corps grâce à l'eau. Les romains affectionnaient eux aussi les thermes dans lesquels ils
venaient se délasser en fin de journée.
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4ème extrait (6)
"Naman raconte l'histoire d'un dauphin qui a guidé le bateau jusqu'à la côte, un jour qu'il s'était perdu en
mer dans la tempête. Les nuages étaient descendus sur la mer et la recouvraient comme un voile, et le
vent terrible avait brisé le mât du bateau. Alors la tempête avait emporté le bateau du pêcheur très loin,
si loin qu'il ne savait plus où était la côte. Le bateau avait dérivé pendant deux jours, au milieu des
vagues qui menaçaient de le faire chavirer. Le pêcheur pensait qu'il était perdu et il récitait des prières
quand un dauphin de grande taille était apparu au milieu des vagues. Il bondissait autour du bateau, il
jouait dans les vagues comme font les dauphins d'habitude. Mais celui-ci était tout seul. Puis, soudain, il
avait commencé à guider le bateau. (...) Il avait nagé derrière le bateau et l'avait poussé devant lui. (...)
Comme cela, ils avaient navigué tout un jour et à la nuit, dans une déchirure de nuage, le pêcheur avait
enfin aperçu la lumière de la côte. (...) Quand le bateau est arrivé près du port, le dauphin a fait demitour et il est reparti vers le large..."
Réponse : quatrième caractéristique
Le fait de raconter des histoires aux enfants ou aux adultes est un signe distinctif de la civilisation arabomusulmane dont le livre-culte reste Les mille et une nuits. Dans cet ouvrage mythique, la princesse
Shéhérazade raconte pendant mille et une nuits des histoires au sultan Schahriar. (Ali Baba, Aladin,
Sindbad le marin et bien d'autres). Chaque fois, elle interrompt avant l'aube la fin de son histoire, si bien
que le sultan, désireux d'en connaître le dénouement, accorde à son épouse un jour de sursis. A la fin, il
revient sur sa décision d'exécuter son épouse et annule la sentence de mort. Le récit dans le récit est
bien souvent présent dans la littérature arabo-musulmane.
Ce qui paraît important, c'est l'oralité. Beaucoup de récits oraux viennent s'insérer dans la narration de
Désert. Le récit de Nour en est parcouru, ainsi que le premier chapitre de la partie consacrée à Lalla.
Les récits légendaires mettent en évidence le phénomène de la transmission orale. Lalla veut entendre
la légende de Ma el Aïnine, ce personnage présenté dans la partie consacrée à Nour. (7) Le récit
légendaire de l'Homme Bleu ainsi qu'une chanson d'amour du Sud se trouvent dans le récit de Nour
comme dans celui de Lalla.
5ème extrait (8)
"Quand elle a appris, un peu plus tard, que l'homme était venu pour la demander en mariage, Lalla a eu
très peur. Cela a fait un étourdissement dans sa tête, et son cœur s'est mis à battre très fort. Ce n'est
pas Aamma qui lui a parlé de cela, mais le Bareki, le fils aîné d'Aamma : "Notre mère a décidé de te
marier avec lui, parce qu'il est très riche."
"- Mais je ne veux pas me marier" a crié Lalla.
"Tu n'as rien à dire, tu dois obéir à ta tante", a dit le Bareki.
"Jamais ! Jamais !..." Lalla est partie en criant, les yeux pleins de larmes de rage."
Réponse : cinquième caractéristique
Ce problème du mariage imposé aux filles et de la virginité comme condition indispensable au mariage
est un problème récurrent dans la littérature maghrébine d'expression francophone. Il est lié à la
rencontre entre deux civilisations : la civilisation arabo-musulmane et la civilisation occidentale qui met
en avant la liberté individuelle (9). Ce refus du mariage forcé va entraîner l'émigration de Lalla qui est
dans une certaine mesure une autre caractéristique des pays du Maghreb.
Bien d'autres caractéristiques pourraient être relevées mains on a voulu ici donner quelques exemples.
(1) Désert, p. 21
(2) Ibid, pp. 166-167
(3) Cf. 1ère séance
(4) Bible, Psaume 50
(5) Désert, p. 162
(6) Ibid, p. 84
(7) Dans la partie de Nour, on raconte déjà la "légende" du Cheikh alors que celui-ci est présent
(8) Désert, p. 192
(9) Cf. Boukhedenna Sakhinna Journal, nationalité : immigrée, Paris, l’Harmattan "Ecritures arabes"
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