Mmo blanc - Faculté de droit virtuelle
Transcription
Mmo blanc - Faculté de droit virtuelle
Fiche à jour au 5 septembre 2005 FIICCHHEE PEEDDAAG GO OG GIIQ QU UE E VIIR RTTU UE ELLLLE E Diplôme : Licence en droit, 2ème semestre Matière : Histoire du droit Web-tuteur : Olivier Gignoux SEEAANNCCEE NN°18 – LEESS M MO ON NA AR RC CH HIIE ES S C CO ON NS STTIITTU UTTIIO ON NN NE ELLLLE ES S LEESS TTEEXXTTEESS FFO ON ND DA AM ME EN NTTA AU UX X SO OM MM MA AIIR RE E I. LA RESTAURATION..........................................................................2 Extrait du projet constitutionnel du Sénat conservateur du 6 avril 1814..................... 2 Déclaration de Louis, comte de Provence, du 2 mai 1814 à Saint-Ouen..................... 3 II. LA MONARCHIE DE JUILLET .......................................................8 Extrait de la Charte constitutionnelle du 14 août 1830................................................ 8 Serment prêté par Louis-Philippe............................................................................... 10 Date de création : année universitaire 2003/04 2 I. La restauration La Restauration est une période charnière : elle est fondamentalement marquée par la volonté de réaliser une synthèse entre le principe d’autorité, hérité de l’Ancien Régime, et la liberté, legs de la Révolution. Cette synthèse est ébauchée dans le projet de constitution que le Sénat impérial soumet à Louis, comte de Provence : le régime est une monarchie libérale dans laquelle les droits des citoyens sont garanties et la balance des pouvoirs assurée. Mais Louis refuse ce texte par la déclaration de Saint-Ouen du 2 mai 1814. Il met en place une commission qui sera chargée de rédiger une charte : elle est composée de Dambray, Beugnot, Ferrand, Montesquiou, neuf sénateurs et neuf députés. La charte est communiquée aux chambres le 4 juin 1814. Extrait du projet constitutionnel du Sénat conservateur du 6 avril 1814 « ARTICLE PREMIER. – Le Gouvernement français est monarchique et héréditaire de mâle en mâle, par ordre de primogéniture. ART. 2. – Le peuple français appelle librement au trône de France LouisStanislas-Xavier, frère du dernier roi, et après lui les autres membres de la maison de Bourbon, dans l’ordre ancien. (…) ART. 4. – Le pouvoir exécutif appartient au Roi. ART. 5. – Le Roi, le Sénat et le Corps législatif, concourent à la formation de la loi. – Les projets de loi peuvent être également proposés dans le Sénat et dans le Corps législatif. – Ceux relatifs aux contributions ne peuvent l’être que dans le Corps législatif. – Le Roi peut inviter également les deux corps à s’occuper des objets qu’il juge convenable. – La sanction du Roi est nécessaire pour le complément de la loi. ART. 6. – Il y a cent cinquante sénateurs au moins, et deux cents au plus. – Leur dignité est inamovible et héréditaire de mâle en mâle, par primogéniture. Ils sont nommés par le roi. – Les sénateurs actuels, à l’exception de ceux qui renonceraient à la qualité de citoyens français, sont maintenus et font partie de ce nombre (…). ART. 9. – Chaque département nommera au Corps législatif le même nombre de députés qu’il y envoyait (…). ART. 14. – Les ministres peuvent être membres, soit du Sénat, soit du Corps législatif. ART. 15. – L’égalité de proportion dans l’impôt est de droit. Aucun impôt ne peut être établi ni perçu, s’il n’a été librement consenti par le corps législatif et par le Sénat. L’impôt foncier ne peut être établi que pour un an. Le budget de l’année suivante et les comptes de l’année précédente sont présentés chaque année au Corps législatif et au Sénat, à l’ouverture de la session du Corps législatif. (…) 3 ART. 17. – L’indépendance du pouvoir judiciaire est garantie. Nul ne peut être distrait de ses juges naturels. – L’institution des jurés est conservée, ainsi que la publicité des débats en matière criminelle. – La peine de la confiscation des biens est abolie. – Le Roi a le droit de faire grâce. (…) ART. 22. – La liberté des cultes et des consciences est garantie. Les ministres des cultes sont également traités et protégés. ART. 23. – La liberté de la presse est entière, sauf la répression légale des délits qui pourraient résulter de l’abus de cette liberté. Les commissions sénatoriales de la liberté de la presse et de la liberté individuelle sont conservées. (…) ART. 25. – Aucun Français ne peut être recherché pour les opinions ou les votes qu’il a pu émettre. ART. 26. Toute personne a le droit d’adresser des pétitions individuelles à toute autorité constituée. ART. 27. – Tous les Français sont également admissibles à tous les emplois civils et militaires. ART. 28. – Toutes les lois actuellement existantes restent en vigueur, jusqu’à ce qu’il y soit légalement dérogé. Le Code des lois civiles sera intitulé Code civil des Français. ART. 29. – La présente Constitution sera soumise à l’acceptation du peuple français dans la forme qui sera réglée. Louis-Stanislas-Xavier sera proclamé Roi des Français, aussitôt qu’il aura juré et signé un acte portant : J’accepte la Constitution ; je jure de l’observer et de la faire observer. Ce serment sera réitéré dans la solennité où il recevra le serment de fidélité des Français ». Bulletin des lois, 5ème série, I, n° 13, p. 14. Déclaration de Louis, comte de Provence, du 2 mai 1814 à Saint-Ouen « Rappelés par l’amour de notre peuple au trône de nos pères, éclairés par les malheurs de la nation où nous sommes destinés à gouverner, notre première pensée est d’invoquer cette confiance mutuelle si nécessaire à notre repos, à son bonheur. – Après avoir lu attentivement le plan de constitution proposé par le Sénat dans sa séance du 6 avril dernier, nous avons reconnu que les bases en étaient bonnes, mais qu’un grand nombre d’articles portant l’empreinte de la précipitation avec laquelle ils ont été rédigés, ils ne peuvent dans leur forme actuelle devenir lois fondamentales de l’Etat. – Résolus d’adopter une constitution libérale, nous voulons qu’elle soit sagement combinée ; et ne pouvant en accepter une qu’il soit indispensable de rectifier, nous convoquons pour le 10 du mois de juin de la présente année le Sénat et le Corps législatif, nous engageant à mettre sous leurs yeux le travail que nous aurons fait avec une commission choisie dans le sein de ces deux corps, et à donner pour base à cette constitution les garanties suivantes : - Le gouvernement représentatif sera maintenu tel qu’il existe aujourd’hui, divisé en deux corps, savoir : - Le Sénat, et la Chambre composée des députés des départements. – L’impôt sera librement consenti ; - la liberté publique et la liberté individuelle assurée ; - la liberté de la presse respectée, sauf les précautions nécessaires à la tranquillité publique ; - la liberté des cultes garantie. Les propriétés seront inviolables et sacrées ; la vente des biens nationaux restera irrévocable. – Les ministres, responsables, pourront être poursuivis par une des Chambres législatives, et jugés par l’autre. – Les 4 juges seront inamovibles, et le pouvoir judiciaire indépendant. – La dette publique sera garantie ; les pensions, grades, honneurs militaires seront conservés, ainsi que l’ancienne et la nouvelle noblesse. – La légion d’honneur, dont nous déterminerons la décoration, sera maintenue. – Tout Français sera admissible aux emplois civils et militaires. – Enfin nul individu ne pourra être inquiété pour ses opinions et ses votes ». Bulletin des lois, 5ème série, I, n° 89, p. 75. Extrait de la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814 « La divine Providence, en nous rappelant dans nos Etats après une longue absence, nous a imposé de grandes obligations. La paix était le premier besoin de nos sujets : nous nous en sommes occupés sans relâche ; et cette paix si nécessaire à la France comme au reste de l'Europe, est signée. Une Charte constitutionnelle était sollicitée par l'état actuel du royaume, nous l'avons promise, et nous la publions. Nous avons considéré que, bien que l'autorité tout entière résidât en France dans la personne du roi, ses prédécesseurs n'avaient point hésité à en modifier l'exercice, suivant la différence des temps ; que c'est ainsi que les communes ont dû leur affranchissement à Louis le Gros, la confirmation et l'extension de leurs droits à Saint Louis et à Philippe le Bel ; que l'ordre judiciaire a été établi et développé par les lois de Louis XI, de Henri Il et de Charles IX ; enfin, que Louis XIV a réglé presque toutes les parties de l'administration publique par différentes ordonnances dont rien encore n'avait surpassé la sagesse. - Nous avons dû, à l'exemple des rois nos prédécesseurs, apprécier les effets des progrès toujours croissants des lumières, les rapports nouveaux que ces progrès ont introduits dans la société, la direction imprimée aux esprits depuis un demi-siècle, et les graves altérations qui en sont résultées : nous avons reconnu que le vœu de nos sujets pour une Charte constitutionnelle était l'expression d'un besoin réel ; mais en cédant à ce vœu, nous avons pris toutes les précautions pour que cette Charte fût digne de nous et du peuple auquel nous sommes fiers de commander. Des hommes sages, pris dans les premiers corps de l'Etat, se sont réunis à des commissions de notre Conseil, pour travailler à cet important ouvrage. - En même temps que nous reconnaissions qu'une Constitution libre et monarchique devait remplir l'attente de l'Europe éclairée, nous avons dû nous souvenir aussi que notre premier devoir envers nos peuples était de conserver, pour leur propre intérêt, les droits et les prérogatives de notre couronne. Nous avons espéré qu'instruits par l'expérience, ils seraient convaincus que l'autorité suprême peut seule donner aux institutions qu'elle établit, la force, la permanence et la majesté dont elle est elle-même revêtue ; qu'ainsi lorsque la sagesse des rois s'accorde librement avec le vœu des peuples, une Charte constitutionnelle peut être de longue durée ; mais que quand la violence arrache des concessions à la faiblesse du gouvernement, la liberté publique n'est pas moins en danger que le trône même. Nous avons enfin cherché les principes de la Charte constitutionnelle dans le caractère français, et dans les monuments vénérables des siècles passés. Ainsi, nous avons vu dans le renouvellement de la pairie une institution vraiment nationale, et qui doit lier tous les souvenirs à toutes les espérances, en réunissant les temps anciens et les temps modernes. - Nous avons remplacé, par la Chambre des députés, ces anciennes Assemblées des Champs de Mars et de Mai, et ces Chambres du tiers-état, qui ont si souvent donné tout à fois des preuves de zèle pour les intérêts du peuple, de fidélité et de respect pour l'autorité des rois. En cherchant ainsi à renouer la chaîne des temps, que de funestes écarts avaient interrompue, nous avons effacé de notre souvenir, comme nous voudrions qu'on pût les effacer de l'histoire, tous les maux qui ont affligé la patrie durant notre absence. Heureux de nous retrouver au sein de la grande famille, nous n'avons su répondre à l'amour dont nous recevons tant de témoignages, qu'en prononçant des paroles de paix et de consolation. Le vœu le plus cher à 5 notre cœur, c'est que tous les Français vivent en frères, et que jamais aucun souvenir amer ne trouble la sécurité qui doit suivre l'acte solennel que nous leur accordons aujourd'hui. - Sûrs de nos intentions, forts de notre conscience, nous nous engageons, devant l'Assemblée qui nous écoute, à être fidèles à cette Charte constitutionnelle, nous réservant d'en juger le maintien, avec une nouvelle solennité, devant les autels de celui qui pèse dans la même balance les rois et les nations. - A CES CAUSES - NOUS AVONS volontairement, et par le libre exercice de notre autorité royale, ACCORDÉ ET ACCORDONS. FAIT CONCESSION ET OCTROI à nos sujets, tant pour nous que pour nos successeurs, et à toujours, de la Charte constitutionnelle qui suit : Droit public des Français ARTICLE PREMIER. - Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient d'ailleurs leurs titres et leurs rangs. ART. 2. - Ils contribuent indistinctement, dans la proportion de leur fortune, aux charges de l'Etat. ART. 3. - Ils sont tous également admissibles aux emplois civils et militaires. ART. 4. - Leur liberté individuelle est également garantie, personne ne pouvant être poursuivi ni arrêté que dans les cas prévus par la loi, et dans la forme qu'elle prescrit. ART. 5. - Chacun professe sa religion avec une égale liberté, et obtient pour son culte la même protection. ART. 6. - Cependant la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l'Etat. ART. 7. - Les ministres de la religion catholique, apostolique et romaine, et ceux des autres cultes chrétiens, reçoivent seuls des traitements du Trésor royal. ART. 8. - Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions, en se conformant aux lois qui doivent réprimer les abus de cette liberté. ART. 9. - Toutes les propriétés sont inviolables, sans aucune exception de celles qu'on appelle nationales, la loi ne mettant aucune différence entre elles. ART. 10. - L'Etat peut exiger le sacrifice d'une propriété, pour cause d'intérêt public légalement constaté, mais avec une indemnité préalable. ART. 11. - Toutes recherches des opinions et votes émis jusqu'à la restauration sont interdites. Le même oubli est commandé aux tribunaux et aux citoyens. ART. 12. - La conscription est abolie. Le mode de recrutement de l'armée de terre et de mer est déterminé par une loi. Formes du gouvernement du roi ART. 13. - La personne du roi est inviolable et sacrée. Ses ministres sont responsables. Au roi seul appartient la puissance exécutive. ART. 14. - Le roi est le chef suprême de l'Etat, il commande les forces de terre et de mer, déclare la guerre, fait les traités de paix, d'alliance et de commerce, nomme à tous les emplois d'administration publique, et fait les règlements et ordonnances nécessaires pour l'exécution des lois et la sûreté de l'Etat. 6 ART. 15. - La puissance législative s'exerce collectivement par le roi, la Chambre des pairs, et la Chambre des députés des départements. ART. 16. - Le roi propose la loi. ART. 17 - La proposition de la loi est portée, au gré du roi, à la Chambre des pairs ou à celle des députés, excepté la loi de l'impôt, qui doit être adressée d'abord à la Chambre des députés. ART. 18. - Toute la loi doit être discutée et votée librement par la majorité de chacune des deux chambres. ART. 19. - Les chambres ont la faculté de supplier le roi de proposer une loi sur quelque objet que ce soit, et d'indiquer ce qu'il leur paraît convenable que la loi contienne. (…) De la Chambre des pairs ART. 24. - La Chambre des pairs est une portion essentielle de la puissance législative. ART. 25. - Elle est convoquée par le roi en même temps que la Chambre des députés des départements. La session de l'une commence et finit en même temps que celle de l'autre. (…) ART. 27. - La nomination des pairs de France appartient au roi. Leur nombre est illimité ; il peut en varier les dignités, les nommer à vie ou les rendre héréditaires, selon sa volonté. ART. 28. - Les pairs ont entrée dans la Chambre à vingt-cinq ans, et voix délibérative à trente ans seulement. (…) ART. 33. - La Chambre des pairs connaît des crimes de haute trahison et des attentats à la sûreté de l'Etat qui seront définis par la loi. (…) De la Chambre des députés des départements ART. 35. - La Chambre des députés sera composée des députés par les collèges électoraux dont l'organisation sera déterminée par des lois. ART. 36. - Chaque département aura le même nombre de députés qu'il a eu jusqu'à présent. ART. 37. - Les députés seront élus pour cinq ans, et de manière que la Chambre soit renouvelée chaque année par cinquième. ART. 38. - Aucun député ne peut être admis dans la Chambre, s'il n'est âgé de quarante ans, et s'il ne paie une contribution directe de mille francs. (…) ART. 45. - La Chambre se partage en deux bureaux pour discuter les projets qui lui ont été présentés de la part du roi. ART. 46. - Aucun amendement ne peut être fait à une loi, s'il n'a été proposé ou consenti par le roi, et s'il n'a été renvoyé et discuté dans les bureaux. ART. 47. - La Chambre des députés reçoit toutes les propositions d'impôts ; ce n'est qu'après que ces propositions ont été admises, qu'elles peuvent être portées à la Chambre des pairs. ART. 48. - Aucun impôt ne peut être établi ni perçu, s'il n'a été consenti par les deux Chambres et sanctionné par le roi. 7 ART. 49. - L'impôt foncier n'est consenti que pour un an. Les impositions indirectes peuvent l'être pour plusieurs années. (…) ART. 53. - Toute pétition à l'une ou l'autre des Chambres ne peut être faite et présentée que par écrit. La loi interdit d'en apporter en personne et à la barre. Des ministres ART. 54. - Les ministres peuvent être membres de la Chambre des pairs ou de la Chambre des députés. Ils ont en outre leur entrée dans l'une ou l'autre Chambre, et doivent être entendus quand ils le demandent. ART. 55. - La Chambre des députés a le droit d'accuser les ministres, et de les traduire devant la Chambre des pairs qui seule a celui de les juger. ART. 56 . Ils ne peuvent être accusés que pour fait de trahison ou de concussion. Des lois particulières spécifieront cette nature de délits, et en détermineront la poursuite. De l'ordre judiciaire ART. 57. - Toute justice émane du roi. Elle s'administre en son nom par des juges qu'il nomme et qu'il institue. ART. 58. - Les juges nommés par le roi sont inamovibles. ART. 59. - Les cours et tribunaux ordinaires actuellement existants sont maintenus. Il n'y sera rien changé qu'en vertu d'une loi. (…) ART. 61. - La justice de paix est également conservée. Les juges de paix, quoique nommés par le roi, ne sont point inamovibles. ART. 62. - Nul ne pourra être distrait de ses juges naturels. ART. 63. - Il ne pourra en conséquence être créé de commissions et tribunaux extraordinaires. Ne sont pas comprises sous cette dénomination les juridictions prévôtales, si leur rétablissement est jugé nécessaire. (…) ART. 65. - L'institution des jurés est conservée. Les changements qu'une plus longue expérience ferait juger nécessaires, ne peuvent être effectués que par une loi. (…) ». Archives parlementaire, 2ème série, Restauration, séance du 4 juin 1814, tome XII. Exercice n° 1 Comparez le projet constitutionnel du Sénat et la Charte octroyée du 4 juin 1814. 8 II. La monarchie de juillet La Révolution de 1830 se traduit juridiquement par l’adoption d’un nouveau texte constitutionnel. En réalité, la Chambre des députés se contente le 7 août d’apporter quelques changements à la charte octroyée en 1814. La différence réside essentiellement dans la conception qui préside à son élaboration. La « charte révisée » n’est pas le produit de la seule volonté royale, mais d’un pacte conclu entre la nation et le nouveau monarque, Louis Philippe d’Orléans. Extrait de la Charte constitutionnelle du 14 août 1830 « LOUIS-PHILIPPE, ROI DES FRANÇAIS, à tous présents et à venir, SALUT. - NOUS AVONS ORDONNÉ ET ORDONNONS que la Charte constitutionnelle de 1814, telle qu'elle a été amendée par les deux Chambres le 7 août et acceptée par nous le 9, sera de nouveau publiée dans les termes suivants : Droit public des Français ARTICLE PREMIER. - Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient d'ailleurs leurs titres et leurs rangs. ART. 2. - Ils contribuent indistinctement, dans la proportion de leur fortune, aux charges de l'Etat. ART. 3. - Ils sont tous également admissibles aux emplois civils et militaires. ART. 4. - Leur liberté individuelle est également garantie, personne ne pouvant être poursuivi ni arrêté que dans les cas prévus par la loi et dans la forme qu'elle prescrit. ART. 5. - Chacun professe sa religion avec une égale liberté, et obtient pour son culte la même protection. ART. 6. - Les ministres de la religion catholique, apostolique et romaine, professée par la majorité des Français, et ceux des autres cultes chrétiens, reçoivent des traitements du Trésor public. ART. 7. - Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions en se conformant aux lois. - La censure ne pourra jamais être rétablie. ART. 8. - Toutes les propriétés sont inviolables, sans aucune exception de celles qu'on appelle nationales, la loi ne mettant aucune différence entre elles. ART. 9. - L'Etat peut exiger le sacrifice d'une propriété pour cause d'intérêt public légalement constaté, mais avec une indemnité préalable. ART. 10. - Toutes recherches des opinions et des votes émis jusqu'à la Restauration sont interdites : le même oubli est commandé aux tribunaux et aux citoyens. 9 ART. 11. - La conscription est abolie. Le mode de recrutement de l'armée de terre et de mer est déterminé par une loi. Formes du gouvernement du roi (…) ART. 14. - La puissance législative s'exerce collectivement par le roi, la Chambre des pairs et la Chambre des députés. ART. 15. - La proposition des lois appartient au roi, à la Chambre des pairs et à la Chambre des députés. - Néanmoins toute loi d'impôt doit être d'abord votée par la Chambre des députés. ART. 16. - Toute loi doit être discutée et votée librement par la majorité de chacune des deux Chambres. ART. 17. - Si une proposition de loi a été rejetée par l'un des trois pouvoirs, elle ne pourra être représentée dans la même session. (…) De la Chambre des députés (…) ART. 31. - Les députés sont élus pour cinq ans. ART. 32. - Aucun député ne peut être admis dans la Chambre, s'il n'est âgé de trente ans et s'il ne réunit les autres conditions déterminées par la loi. (…) ART. 34. - Nul n'est électeur, s'il a moins de vingt-cinq ans, et s'il ne réunit les autres conditions déterminées par la loi. (…) Des ministres ART. 46. - Les ministres peuvent être membres de la Chambre des pairs ou de la Chambre des députés. - Ils ont en outre leur entrée dans l'une ou l'autre Chambre et doivent être entendus quand ils le demandent. ART. 47. - La Chambre des députés a le droit d'accuser les ministres et de les traduire devant la Chambre des pairs qui seule a celui de les juger. De l'Ordre judiciaire ART. 48. - Toute justice émane du roi ; elle s'administre en son nom par des juges qu'il nomme et qu'il institue. Droits particuliers garantis par l'Etat (…) ART. 65. - Le roi et ses successeurs jureront à leur avènement, en présence des Chambres réunies, d'observer fidèlement la Charte constitutionnelle. ART. 66. - La présente Charte et tous les droits qu'elle consacre demeurent confiés au patriotisme et au courage des gardes nationales et de tous les citoyens français. ART. 67. - La France reprend ses couleurs. A l'avenir, il ne sera plus porté d'autre cocarde que la cocarde tricolore. 10 Dispositions particulières ART. 68. - Toutes les nominations et créations nouvelles de pairs faites sous le règne du roi Charles X sont déclarées nulles et non avenues. - L'article 23 de la charte sera soumis à un nouvel examen dans la session de 1831. ART. 69. - Il sera pourvu successivement par des lois séparées et dans le plus court délai possible aux objets qui suivent : 1° L'application du jury aux délits de la presse et aux délits politiques ; 2° La responsabilité des ministres et des autres agents du pouvoir ; 3° La réélection des députés promus à des fonctions publiques salariées ; 4° Le vote annuel du contingent de l'armée ; 5° L'organisation de la garde nationale, avec intervention des gardes nationaux dans le choix de leurs officiers ; 6° Des dispositions qui assurent d'une manière légale l'état des officiers de tout grade de terre et de mer ; 7° Des institutions départementales et municipales fondées sur un système électif ; 8° L'instruction publique et la liberté de l'enseignements ; 9° L'abolition du double vote et la fixation des conditions électorales et d'éligibilité. ART. 70. - Toutes les lois et ordonnances, en ce qu'elles ont de contraire aux dispositions adoptées pour la réforme de la Charte, sont dès à présent et demeurent annulées et abrogées ». Archives parlementaire, 2ème série, Monarchie de Juillet, séance du 14 août 1830, tome LXIII. Serment prêté par Louis-Philippe « Alors Monseigneur a lu son acceptation, ainsi conçue : "Messieurs les pairs, Messieurs les députés, J’ai lu avec une grande attention la déclaration de la Chambre des députés et l’acte d’adhésion de la Chambre des pairs. J’en ai pesé et médité toutes les expressions. J’accepte, sans restriction ni réserve, les clauses et engagements que renferme cette déclaration, et le titre de roi des Français qu’elle me confère, et je suis prêt à en jurer l’observation". Son Altesse Royale s’est ensuite levée, et, la tête nue, a prêté le serment dont la teneur suit : "En présence de Dieu, je jure d’observer fidèlement la Charte constitutionnelle, avec les modifications exprimées dans la déclaration : de ne gouverner que par les lois et selon les lois ; de faire rendre bonne et exacte justice à chacun selon son droit, et d’agir en toutes choses dans la seule vue de l’intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français" ». Archives parlementaires, 2ème série, séance du 9 août 1830, tome LXIII, p. 92. 11 Exercice n° 2 Quelles sont les changements apportés à la charte de 1814 ? Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons. Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale 2.0 France Vous êtes libres : de reproduire, distribuer et communiquer cette création au public de modifier cette création Selon les conditions suivantes : Paternité. Vous devez citer le nom de l'auteur original de la manière indiquée par l'auteur de l'oeuvre ou le titulaire des droits qui vous confère cette autorisation (mais pas d'une manière qui suggérerait qu'ils vous soutiennent ou approuvent votre utilisation de l'oeuvre). Pas d'Utilisation Commerciale. Vous n'avez pas le droit d'utiliser cette création à des fins commerciales. A chaque réutilisation ou distribution de cette création, vous devez faire apparaître clairement au public les conditions contractuelles de sa mise à disposition. La meilleure manière de les indiquer est un lien vers cette page web. Chacune de ces conditions peut être levée si vous obtenez l'autorisation du titulaire des droits sur cette oeuvre. Rien dans ce contrat ne diminue ou ne restreint le droit moral de l'auteur ou des auteurs. Ce qui précède n'affecte en rien vos droits en tant qu'utilisateur (exceptions au droit d'auteur : copies réservées à l'usage privé du copiste, courtes citations, parodie...) Ceci est le Résumé Explicatif du Code Juridique (la version intégrale du contrat).