Jean-Claude André : Commissaire au grand coeur

Transcription

Jean-Claude André : Commissaire au grand coeur
vie communale
Commissaire
au grand cœur
L’allure débonnaire, le visage rond et les moustaches rieuses,
c’est le commissaire André. La grosse voix de basse, le rire qui
éclate entre deux anecdotes policières, c’est toujours le
commissaire André. Surnommé Gros Loulou par ses amis et
ses collègues les plus intimes ou Aigle 4 (à l’anglaise
« Eagle Four », allusion à sa voix qui porte… loin !),
Jean-Claude André est entré à la police de Namur en 1972
et s’apprête à saluer la compagnie au printemps prochain.
I
l est né le 1er avril 1945 rue Saint-Fiacre à Namur, 3ème
Il faudra attendre l’arrivée du Commissaire en chef Philippe Warny
garçon dans une famille de 6 enfants. Pas encore de
moustache à l’époque, mais déjà un fameux gaillard :
55 cm pour 5,350 kg ! Quand ses frangins se promènent
avec lui dans le quartier d’Herbatte et que le p’tit chwè
pousse une gueulante (déjà !), ils lui trempent sa tétine dans
un pot de miel pour l’enfoncer dans la bouche. Radical.
L’histoire ne dit pas si l’expérience se répète à l’âge adulte.
Par contre, des voix au sein de la police nous parlent d’une
certaine attirance à l’adolescence pour les "boules de Berlin".
D’où ce troisième surnom pâtissier qui circule dans les couloirs.
au début des années 80, quand Jean-Claude André devient lui
Son enfance, Jean-Claude la passe à Herbatte, le quartier des
Verriers, et du côté de la rue Saint-Nicolas. « Les quartiers les
plus populaires de Namur. On a tous grandi dans la rue, tous
appris à rouler sur le même vélo ! On nous appelait les "pus
volants" parce qu’on avait souvent des poux. Avec mes petits
copains Italiens, on allait s’amuser à la station de plein air
créée par Mademoiselle Mélot ».
Après des études à Saint-Aubain puis à l’IATA, section arts graphiques, il travaille à l’imprimerie Gilson, à Jambes. A 21 ans, après son mariage avec Jeaninne,
Jean-Claude décide de faire ce qu’il a toujours rêvé de faire : entrer dans la police ! Non pas pour
le prestige de l’uniforme, mais pour se mettre au service des autres. C’est son petit côté Saint-Bernard
qui ne le quittera pas de toute sa carrière !
« Mon premier jour à la police, je m’en souviens comme si c’était hier. C’était un dimanche, à 6h
du matin. Je suis arrivé avec ma mallette d’écolier, mon thermos, mes deux tartines »… A partir de
là, les souvenirs et les anecdotes se bousculent : Matricule 53, la circulation aux Quatre Coins ou
place de la Gare avec le brasero sur le trottoir pour se réchauffer et tailler une petite bavette avec
les passants ! Sans oublier les patrouilles à vélo, été comme hiver, avec sa petit cape noire et ses
gants blancs. Le commissaire aime bien raconter ça aux jeunes, non pas pour jouer les moralisateurs, mais pour leur faire comprendre les conditions de travail dans un passé somme toute assez
proche. Pas de GSM ni de réseau Astrid mais un contact téléphonique toutes les 20 minutes avec le
QG. Pas de véhicules dernier cri mais un unique combi d’occas’ pour toute la police. « Et j’ai réussi
même Commissaire, pour que la police namuroise se modernise et
que les policiers soient dotés d’uniformes et d’équipements plus
"seyants" et mieux adaptés à leurs missions.
Saint-Bernard… ou saint Nicolas ?
Au rang des souvenirs, il y aussi les visites de personnalités (pape,
présidents, souverains), les manifs (enseignants, agriculteurs, métallos), sans oublier les cortèges d’étudiants. Comme en témoignent
certaines archives, photos ou TV, le commissaire André, la moustache aux aguets, était toujours présent, souvent en tête de cortège, parfois même le porte-voix à la main. Certains prétendent, mais
c’est à vérifier, qu’ils l’auraient vu pousser la chansonnette avec les
étudiants ! Gardien de la paix, le commissaire est aussi et surtout
un homme de cœur. Est-ce l’origine modeste de sa famille, son
passé d’enfant de chœur à la paroisse SaintNicolas, sa riche expérience dans les mouvements de jeunesse ? Quoi qu’il en soit, JeanClaude s’est toujours efforcé de donner un
coup de main aux plus faibles, à commencer
par les enfants. Pendant de longues années, il
s’est ainsi investi dans l’association "La chenille" qui aide les enfants du juge. A la
demande de son épouse, puéricultrice à la
crèche des P’tits Pouyons, il s’est un beau jour
de décembre, retrouvé affublé d’une longue
à la crasher un jour où l’on revenait de la Citadelle. Je suis rentré dans une maison avec la camionnette et le monsieur m’a dit : la prochaine fois, vous pouvez utiliser la sonnette ! ». Si le chef n’a
pas apprécié le sinistre total, les policiers ont remercié Jean-Claude car ils ont pu acquérir deux nou-
barbe blanche, d’une mitre et d’une robe
rouge… Depuis lors, chaque année à l’entame de l’hiver, le commissaire André se métamorphose en Patron
des Enfants. Qu’ils aient été sages ou non ne change rien à l’affaire. Car le commissaire a un cœur gros comme ça. Et quels que soient
les tourments de la vie, il mettra toute son énergie, toute sa bonho-
veaux véhicules à la place d’un ancêtre !
mie, pour apporter un peu de bonheur autour de lui.
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mars 2005 namur magazine