Paul Emile DESTOUCHES
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Paul Emile DESTOUCHES
Î HEROÏNE DE LA LITTERATURE Paul Emile DESTOUCHES 1794-1874 Schéhérazade Salon de 1824 Huile sur toile 81 x 64 cm Ó Sujet Destouches par cette oeuvre nous transporte dans un monde interdit... celui du sérail (ou le harem). Il peint un Orient rêvé, imaginaire, celui des contes... celui des Mille et une Nuits. Le couple enlacé n'est autre que Schéhérazade et son mari, le roi Schahriar. La femme alanguie sur la banquette est la sœur de Schéhérazade. Le roi est apaisé, il a trouvé en Schéhérazade, par sa finesse, son attention à travers ses récits, l'oubli de la trahison de sa première épouse. Sa soif de vengeance est maintenant éteinte. Schéhérazade sourit, sa vie est sauvée, elle a mis fin au cycle tragique qui faisait de chaque nouvelle épouse de Schahriar une victime promise à la mort, dès le lendemain des noces. Ó Composition du tableau. C'est un orientalisme littéraire, le tableau est composé comme une mise en scène de théâtre. La composition du tableau est fermée, c’est à dire que les personnages et les motifs sont constitués en un ensemble clos sur lui-même : tous les personnages se regardent, aucun ne tourne la tête dans notre direction. L’espace du spectateur et celui du tableau sont distincts, il n’y a aucune passerelle. Schéhérazade et Schahriar sont inscrits dans un triangle. La sœur de notre héroïne, souligne par une oblique l'un des côtés de ce triangle... La composition du tableau est très solide laissant transparaître le climat de quiétude gagné grâce aux récits de Schéhérazade. La perspective éloigne la scène de notre espace. La série d’arcades derrière les personnages renforce la profondeur de l’œuvre et contribue à en faire un monde clos (comme celui du harem). La lumière si particulière est comme est projecteur, une poursuite portée sur le couple Schéhérazade / Schahriar. Le sérail est, dans un palais, l'appartement réservé aux femmes du sultan dont l'accès n'est autorisé qu'à ce dernier. Ici tout est mystère et secret. Chantal Grimpard Regardez comme la lumière participe à cette sensation. Elle se diffuse de manière énigmatique, nous dévoile la scène principale et plonge le décor dans une demi-obscurité nébuleuse... La lumière se joue de tous les détails du tableau, elle souligne le luxe de ce sérail, fait briller les soieries, les mosaïques, les marbres, les bijoux... C'est une lumière irréelle, celle du Levant, celle du soleil de la Méditerranée, du moins celle que peut imaginer un artiste qui n'a jamais quitté son atelier parisien !. Il existe une incohérence qui nous montre que Destouches n’a jamais vu l’Orient : les joues rosies de Schéhérazade et de sa sœur nous font plus penser à des joues de Normande plus qu’à celles d’une Orientale. Le thème des Milles et une Nuits, permet à Destouches de varier ses sujets, d'apporter dans sa peinture une touche d'exotisme très à la mode à son époque. Cet Orient, lui offre la possibilité de peindre -sans choquer sa clientèle bourgeoise- des femmes harmonieusement abandonnées, voluptueuses, lascives et sensuelles, aux corsages ouverts laissant apparaître leur poitrine. Schéhérazade devient l'icône de la femme orientale représentée selon une convention préétablie. L'Orient de Destouches est celui d'une songerie correspondant aux clichés occidentaux sur le monde arabe : mystère, luxe et sensualité.