THEME III LES ENJEUX DES POLITIQUES DE L`EMPLOI

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THEME III LES ENJEUX DES POLITIQUES DE L`EMPLOI
THEME III
LES ENJEUX DES POLITIQUES DE L'EMPLOI
Manuel pages 237 à 241
NB : cette étude pourra également servir en fin de programme de BTS 2ème année ("croissance et déséquilibres").
Les enjeux sont énormes. Ce résumé ne sera pas plus exhaustif que celui des autres thèmes, tellement le
problème est complexe.
Les politiques de l'emploi sont difficiles à mettre en œuvre. Certaines politiques ont des effets à court terme,
d'autres à moyen et long terme. La lutte pour l'emploi (contre le chômage) peut passer par des axes très différents.
Deux thèses s'affrontent souvent :
La thèse libérale, voire ultra-libérale. Les tenants de cette thèse considèrent qu'il faut libérer les
entreprises des contraintes administratives qui pèsent sur elles, diminuer les charges, encourager la flexibilité, le
temps partiel, pourquoi pas faire sauter le verrou du salaire minimum, ... Autant de libertés qui favoriseront
l'embauche. C'est la voie que les USA ont suivie, ainsi que la Grande-Bretagne.
La thèse néo-keynésienne. On considère ici qu'il faut encourager l'emploi par des mesures de
souplesse, plus de flexibilité mais dans un cadre légal précis, sans remise en cause des principes de base du droit du
travail (afin d'éviter les abus). Il faut soutenir la demande, qui génère des emplois.
NATURE DES ENJEUX
On l'a dit, les enjeux sont variés et très importants. Le problème de l'emploi doit absolument être traité
sérieusement, avec une vision à moyen et long terme (sans négliger pour autant les problèmes de court terme, relatifs
notamment à l'indemnisation).
Enjeu économique : un chômeur non indemnisé ne consomme pas. Même indemnisé, il consomme peu. Il
est clair que plus le chômage est élevé, moins la consommation est forte, ce qui a un impact négatif sur la croissance.
De plus le chômage est en grande partie à l'origine des déficits publics et sociaux : pas de travail => pas de
cotisations dans les caisses de retraite ou de Sécurité Sociale, charges d'indemnisation à mettre en œuvre qui pèsent
sur les budgets publics et sociaux.
Enjeu politique : à titre d'exemple, l'élection présidentielle de 1995 s'est essentiellement jouée sur les
thèmes de l'emploi et thèmes annexes. Le président Chirac a été élu en 1995 parce qu'il a su convaincre de sa
volonté (en tout cas c'était le discours) de réduire la "fracture sociale", thème majeur de sa campagne. La majorité
socialiste qui a suivi la dissolution de 1997 n'a pas réussi suffisamment sa lutte contre le chômage. L'échec de
L. Jospin à la présidentielle de 2002 vient aussi de là (il y a bien d'autres raisons à cet échec d'ailleurs).
Enjeu social : le chômage est déstabilisant pour l'individu concerné, qui perd ses repères, qui se
"déstructure". Le chômage des jeunes entraîne aussi la délinquance, des comportements déviants divers
(consommation de drogue, …). Les répercussions sont importantes sur ceux qui ont un emploi et qui se replient dans
leur coquille, qui se désolidarisent souvent des autres. Quant aux jeunes qui n'ont pas encore travaillé, ils ne savent
plus trop ce qu'ils doivent faire : Est-il utile de poursuivre les études ? Quelle voie choisir ? Pourquoi faire des efforts
quand on ne sait pas où on va ?
Enjeu historique : les sociétés évoluent. Des théories économiques ont été développées (libérale,
marxiste, keynésienne, et toutes les "néo-politiques"). Ces théories ont fait l'objet d'applications plus ou moins
heureuses. Aucune n'a pour l'instant réussi. Certaines se sont révélées moins mauvaises que d'autres, mais aucune
n'a pu garantir paix, prospérité et sérénité dans le long terme. Finalement, quel crédit accorder à l'homme "politique"
(au sens noble de ce terme) qui n'aurait pas su garantir à son prochain les conditions minimales de survie, de
réalisation de soi, d'épanouissement personnel ?
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Michel Barot
GRANDS AXES D'UNE POLITIQUE DE L'EMPLOI
Il est bien difficile de dire quel est l'ensemble de mesures idéal. Certaines actions peuvent avoir des effets
négatifs sur l'emploi à court terme, d'autres peuvent avoir des effets pervers.
Améliorer la productivité : c'est incontournable. On peut momentanément sauver des emplois sans faire
les efforts de restructuration indispensables. On le paie en général plus tard.
Encourager la compétitivité et l'innovation : la logique est la même. C'est la condition fondamentale
de développement de l'emploi futur et de consolidation du niveau de vie de notre pays. C'est grâce à l'innovation, la
créativité, la qualité, … que se développeront les parts de marché dans les activités à forte valeur ajoutée, notamment
à l'étranger.
Alléger le coût du chômage progressivement : ce principe, indispensable à la pérennité de nos
systèmes de protection sociale, implique de réduire la durée, voire l'ampleur du soutien au chômage. Il suppose par
conséquent que la société soit capable de remettre rapidement au travail ceux qui sont privés d'emploi. Plus facile à
dire qu'à faire !
Améliorer la formation : l'investissement éducatif, l'investissement humain en général sont un pari sur
l'avenir. Il faut se donner les moyens d'éduquer, de former, d'adapter, de réadapter, … les travailleurs. La formation
est certainement le meilleur moyen de rebondir, quand on a perdu son emploi. Etre apte à repartir dans une voie
éventuellement opposée à la situation antérieure est essentiel.
Réduire la durée du travail : le moins que l'on puisse dire est que ce principe ne fait pas l'unanimité. La
France s'est engagée vers la voie des 35 heures avec les lois Aubry. Nous savons aujourd'hui que les résultats ne
sont pas toujours à la hauteur des espoirs. A noter les retours en arrière avec les modifications de la loi
(accroissement du contingent autorisé d'heures supplémentaires)
Accélérer le retour vers l'emploi : ce n'est pas le nombre absolu de chômeurs qui pose le plus de
problèmes. C'est la durée du chômage. Ne pas avoir de travail pendant quelques mois, c'est tolérable. Etre sans
emploi depuis 1 an, 2 ans voire plus devient une catastrophe : l'individu perd ses repères, ses connaissances, son
savoir-faire, perd tout simplement l'habitude de travailler, de se lever, d'avoir des horaires à respecter. Quel gâchis
quand il faut tout réapprendre ! Il ne faut pas oublier que le chômage de longue durée débouche presque
inévitablement sur l'exclusion.
FAUT-IL INDEMNISER LES PERSONNES PRIVEES D'EMPLOI ?
D'un point de vue personnel, je dis sans ambiguïté "oui".
point de vue social, moral, humain
Le droit au travail est inscrit comme un droit fondamental de l'individu. Ne pas venir en aide à celui qui
n'a pas (ou n'a plus) d'emploi, alors qu'il cherche du travail ou qu'il n'a rien fait pour le perdre, semble inconcevable
dans une société socialement développée. L'idéal en la matière serait d'associer assistance et réinsertion. Ce n'est
pas facile !
Le point de vue de la nécessaire indemnisation ne fait pourtant pas l'unanimité (les ultra-libéraux ont
tendance à mettre en avant les effets pervers de l'indemnisation du chômage : notamment la mise en situation
d'assisté qui freine les efforts pour retrouver un emploi)
point de vue économique
Indemniser le chômage, c'est garantir un minimum de pouvoir d'achat, ce qui a pour mérite d'éviter
que la croissance ne descende à un niveau trop faible. Les chômeurs indemnisés n'ont pas des revenus suffisants
pour épargner, voire spéculer => tout passe dans la consommation. Ils font aussi tourner la machine économique par
leurs achats, et ils paient la TVA comme les riches !
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Michel Barot