Magazine Shape, les caresses, rubrique sexo
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Magazine Shape, les caresses, rubrique sexo
Sensualité Bien dans ma tête Vos caresses Le rendront fou ! Baisers, massages, gestes coquins à fleur de peau… Pour faire perdurer le désir, la caresse est indispensable au quotidien. Partez à la reconquête de votre sensorialité ! Par Vanessa Relouzat L « Les caresses sont aussi nécessaires à la vie des sentiments que les feuilles le sont aux arbres. Sans elles, l'amour meut par la racine », écrivait si justement l'auteur américain Nathaniel Hawthorne. Deux siècles plus tard, le pouvoir de la caresse reste intact, comme le démontre le docteur Gérard Leleu dans « Le nouveau traité des caresses », paru aux éditions Flammarion. Trente ans après « Le traité des caresses », un best seller écoulé à un million d'exemplaires, le sexologue revient sur son thème fétiche. Et pour cause. « Il ne faut pas sousestimer le pouvoir des caresses. Elles entraînent une véritable recharge énergétique et permettent de lutter contre l'anxiété, le stress, les douleurs. Elles possèdent de nombreuses vertus thérapeutiques », explique le sexologue. Ça tombe bien, l'anxiété, le stress : des mots qui sont partout familiers ! Un peu de tendresse dans ce monde de brutes ! « L'antidote du porno ! » Que reste-t-il de la révolution sexuelle ? La question peut se poser, au regard de l'usure des couples, de plus en plus fréquente, dans notre époque dite « moderne » où la plupart des mariages se terminent dans un bureau d'avocat. Car, bien souvent, au bout de quelques années, on descelle une libido en berne. Serait-ce la faute à certains diktats qui prônent la recherche de la performance dans la multiplication des postions, la fréquence des rapports, la durée de l'érection ou encore l'orgasme à tous les coups ? Il y a un peu de ça, si l’on en croit Gérard Leleu, qui d’une « démythification de la Les caresses, antidépresseur naturel ? Ces dernières possèdent de nombreuses vertus apaisantes. Les scientifiques ont d'ailleurs démontré l'action des caresses sur le cerveau. Elles permettent de relâcher la pression et d'accéder à un sentiment de bien-être grâce à un effet tranquillisant, voire même d'euphorie. Résultat : moins d'angoisses, plus de bonne humeur et un meilleur sommeil. La tension nerveuse se détend et le stress s'évapore. Mais saviez-vous que les caresses sont également, une véritable élixir de jeunesse. En effet, de légères pressions sur le visage permettront aux muscles de se décontracter, estompant ainsi les rides. Encore une raison de se ré-jouir ! 56 SHAPE | MAI 2013 Quelques conseils pour un démarrage en douceur Le ventre : C'est une partie du corps où s'accumulent les tensions mais également les plaisirs. Les caresses doivent y être prodiguées dans le sens des aiguilles d'une montre, sans trop appuyer, avec la paume des deux mains. Une zone d'autant plus réceptive que, plus bas, se trouve le pubis. La tête : Souvenez-vous du plaisir intense lors de votre dernier passage chez le coiffeur au moment où la shampouineuse a énergiquement caressé votre cuir-chevelu. Pourquoi ne pas faire de même à la maison ? Insistez sur le haut du crâne et, plus délicatement, sur les tempes, plus sensibles. sexualité qui est dépouillée de son manteau de lumière, de son mystère, de son divin ». Bref, une sexualité comme on la voit dans les films pornographiques, qui s'éloigne de l'érotisme et du romantisme. Une sexualité où les préliminaires sont souvent trop vite expédiés, au grand dam de ces dames ! A fleur de peau On l’oublie trop souvent, la peau est l'organe sensoriel le plus réceptif à la caresse. Véritable capsule de volupté, sa surface, 18 000 centimètres carrés en moyenne, contient un total de 1 500 000 capteurs, sensibles à divers plaisirs tactiles. En tout, 5000 fibres nerveuses partent de la peau vers la moelle du cerveau. Une zone du cerveau, notamment « qui loge l'instinct sexuel et où se déclenche le plaisir », remarque Gérard Leleu qui préconise l'exploration de la géographie sensuelle de la peau. Alors, faire l'apologie des caresses, c'est bien mais, en pratique, comment on fait ? Pour le sexologue, caresser est un art Le visage : A manier délicatement du bout des doigts, en insistant sur la ligne des sources et en redessinant le coin des lèvres. La bouche est une zone particulièrement sensible chez les femmes, comme le lobe de l'oreille. Votre partenaire se dirigera ensuite vers votre cou et votre nuque. Le pied : Symbole fort de la féminité, le pied promet d'exquises sensations. Selon la médecine chinoise, à chacune de ses zones correspond une partie du corps : cœur, estomac, vessie. Massez le talon énergiquement mais également la voûte plantaire, les interstices interdigitaux – on peut même y passer la langue- sans oublier les orteils. « Ne pas mordre les orteils, c'est extrêmement douloureux, conseille, Gérard Leleu. Laissez cette pratique aux croque-morts qui veulent s'assurer de réalité d'un décès. » Les fesses : On démarre par de légers effleurements, du bout des doigts, avant de se laisser aller à poser la paume de la main qui se baladera sur le dessous des fesses et le haut des cuisses. Zone extrêmement sensible, pour la femme, comme pour l'homme qui promet une vague de frissons ! Sensualité Bien dans ma tête À lui faire lire… 5 La caresse du clitoris expliquée aux hommes Le clitoris, véritable clé du plaisir féminin, possède 8 000 terminaisons nerveuses (plus que le gland du pénis !). Autant s’en servir, mais pas n’importe comment. Commençons avec un peu de doigté : caresses qui le rendent fou 1 L'homme aussi possède des zones érogènes insoupçonnées. Des zones à effleurer, à embrasser ou à mordiller. Alors, comment le rendre fou de désir ? Quelques pistes à explorer. le périnée naturel qu'il convient de perfectionner. Les mains s’intéresseront à l’ensemble du corps, de la tête aux pieds en passant par la bouche, le ventre, les épaules, le creux des reins, l'intérieur des cuisses, la nuque, sans oublier les zones érogènes, comme les seins ou les fesses, aux zones péri-sexuelles, avec le clitoris et le sexe. Des caresses pas uniquement sexuelles Mais, pour autant, pas question de faire l'impasse sur les caresses « gratuites » qui se pratiquent au quotidien, même en dehors de la sexualité. La journée a été difficile ? Pourquoi ne pas demander un massage du pied ou des frictions du cuir chevelu, affalée sur votre canapé ? De quoi recharger vos batteries pour le restant de la soirée. aretrouver sa complicité, sinon de la faire perdurer. 58 SHAPE | MAI 2013 et oui, l’homme aussi en a un ! C'est l'endroit situé entre la marge de l'anus et la verge. Zone très sensible à tout type de caresse : effleurements, baisers ou titillements de la langue. Un point auquel il faut particulièrement s'intéresser, c'est le point P (P comme prostate). Pour le repérer, baladez votre main sur cette zone avec attention jusqu'à sentir un léger creux. C'est cette partie de corps qui, à force de caresses, décuplera le plaisir de votre homme. 2 Les fesses Votre partenaire allongé sur le dos, les cuisses écartées, explorez d'abord ses fesses sensuellement avant de vous attarder très doucement un peu plus bas. Vos doigts ensalivés y feront des merveilles, même en restant immobiles. Vous pouvez également explorer cette zone à l'aide de votre langue. Une caresse moins glamour et pourtant très efficace, sauf si votre homme est réfractaire à cette pratique, bien-sûr ! 3 le gland Doté de 4000 récepteurs sensitifs en érection, le gland est une zone particulièrement voluptueuse pour les hommes. Passez lentement un doigt humide sur toute la surface avant d'effleurer la couronne, par petites touches, puis d'enchaîner sur un tour complet de cette zone. Attardez-vous ensuite sur le frein du gland, ce filet tendu entre le bout et la hampe. Pour Gérard Leleu, le frein du gland serait l'équivalent du clitoris chez la femme. Si, après ces débuts de préliminaires prometteurs, vous décidez d'y balader votre langue, grâce à de larges léchages puis à de petites léchettes, c'est l'extase à tous les coups ! 4 la base du pénis C'est la principale zone érogène, incontournable donc. Sur la face inférieure, se logent le point A (quelques millimètres avant l'implantation de la verge) et le point B (plus proche du périnée). Une pression de votre majeur et de votre index relancera une érection indécise. 5 les testicules Les bourses contiennent l’enveloppe cutanée (le scrotum, ndlr) et les deux testicules. Pour commencer, retirez vos bijoux et prenez soin de vérifier que vos ongles sont coupés. Grâce à quelques pincements de la peau, vous pourrez ensuite juger de l’élasticité. Dans l’interstice bourses-cuisses, ne lésinez pas sur les baisers et autres coups de langue. Cette zone est particulièrement sensible. A savoir : les testicules sont hypersensibles et à manier avec précaution, un mauvais geste peut vite devenir douloureux. Évitez donc absolument de presser, de tordre ou de mordre. Le geste simple et très agréable : prendre délicatement dans le creux de la main l’ensemble bourse-testicules, le soutenir, en le remontant légèrement. Effet garanti ! Tout d’abord, le frottement à sec est pénible et douloureux. Servez-vous d’un peu de salive, d’un peu de sécrétion vaginale ou d’une pommade à eau, en vente dans les bonnes pharmacies. « La caresse a quelque chose d'artistique » Qui choisir ? Le majeur, bien sûr ! Sa pulpe est large, puissante, habile. Le pouce pourra trouver son utilité lorsque l’index et le majeur seront en mission dans la cavité vaginale. Il faut ensuite trouver le bon point et effectuez quelques mouvements millimétrés (va-et-vient vers le bas puis vers le haut, ou des rotations…). La suite ? Soyez vigilants ! Tout compte : la vitesse ? Pas trop lente, ni trop rapide, environ deux stimulations pour un battement de cœur. La pression ? On commence doucement et on scrute les réactions de madame (respiration, gémissements, petits « oui » soufflés au creux de l’oreille). Surtout, le rythme ! Régulier et continu, c’est un boulot d’horloger ! Pas d’à-coups ni de précipitation, ce n’est pas une pénétration ! Une petite leçon particulière ? Demandez à votre partenaire de vous montrer comment elle s’auto-stimule. Par pudeur ou fierté, on n’ose pas, mais on devrait ! Elle seule saura vous guider vers ce qui lui plaît le plus ! Gérard Leleu médecin sexologue et auteur du livre « Le nouveau traité des caresses », aux éditions Flammarion. SHAPE : Pourquoi sortir une nouvelle version de votre « Traité des caresses », paru en 1982 ? Gérard Leleu : Parce que beaucoup de choses ont changé. Des découvertes scientifiques ont prouvé que, dès les premiers jours, un nouveau né ressent du plaisir à être caressé. Et puis parce que les couples s'usent. C'est pour leur donner les moyens de lutter contre la monotonie que j'ai décidé d'écrire ce nouveau traité. Contrairement à ce qu'on pense, il ne faut pas viser la quantité mais la qualité du plaisir. SHAPE : Se caresse-t-on moins aujourd'hui qu'autrefois ? Gérard Leleu : Disons que c'est déjà mieux qu'il y a 20 ou 30 ans. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne se caresse pas suffisamment. Il faut dire qu'on vient de tellement loin ! Il existe, encore aujourd'hui, une telle répression du toucher qu'on ne peut que mieux faire ! En Occident, il y a une expression qui dit « jeux de mains, jeux de vilains », comme si la caresse et le plaisir sexuel étaient un péché. Une répression qui, à la base, vient des pères de l'église. SHAPE : Quelles sont les caresses qui nous rendent folles, nous les femmes ? Gérard Leleu : On compte deux types de caresses. D'abord, les caresses sur la peau. Et là, tous les endroits du corps sont susceptibles d'être sensibles. Certaines femmes deviennent hystériques quand elles se font masser la tête. D'autres réagissent à une caresse sur les mamelons, sur le creux des reins, d'autres encore sont en extase avec un mordillement sur le lobe de l'oreille. Quant aux zones sexuelles, le point le plus prestigieux pour une femme reste le clitoris. Sans oublier les grandes lèvres mais également la cavité vaginale. SHAPE : Comment guider son partenaire vers les bonnes caresses ? Gérard Leleu : Il ne faut pas hésiter à dire ce que l'on veut et ce qu'on ressent, mais sans pour autant faire un debriefing. Commencez plutôt par le féliciter, par l'encourager, en disant, par exemple, « c'est bien. Essaye un peu plus vite (ou plus lentement), un peu plus en haut (ou en bas). » Indiquez lui ce qui vous ferait plaisir sans le critiquer. SHAPE : Pensez-vous que l'apparition des sextoys est plutôt une bonne chose ou un inconvénient ? Gérard Leleu : La caresse, c'est quelque chose de manuel, d'artistique, d'artisanal. La nature nous a donné tout ce qu'il fallait pour faire des caresses de qualité : des lèvres, des doigts, une langue. Je n'ai rien contre les sextoys mais ça n'oblige pas les partenaires à être créateurs. C'est une solution de facilité. Par ailleurs, quand une femme est habituée à leurs vibrations, le doigt peut paraître trop lent ou trop mou. Ils peuvent même devenir une addiction. Une fois, une amie m'a dit qu'elle avait acheté un sextoy mais que ce qui lui manquait, c'était les bras, les yeux, la bouche. Bref, un homme quoi ! MAI 2013 | SHAPE 59