Journée de réflexion interprofessionnelle

Transcription

Journée de réflexion interprofessionnelle
Journée de réflexion interprofessionnelle
Lundi 3 juin 2013
ACCOMPAGNER LES PARENTALITES
CONTEMPORAINES
Les professionnels face à l’évolution des structures familiales
« Institution sociale mais reposant sur un fondement
biologique, la famille doit être universellement présente
quelle que soit le type de société. Mais n’est-il pas aussi
inévitable qu’en fonction de sa structure démographique, de
son organisation économique et ses croyances religieuses,
chaque société imprime à la famille des traits originaux »
Claude Lévi-Strauss
1
ACCOMPAGNER LES PARENTALITES CONTEMPORAINES :
LES PROFESSIONNELS FACE A L’EVOLUTION DES STRUCTURES FAMILIALES
Journée de formation et de réflexion organisée
par la Délégation Régionale APMF Midi-Pyrénées et L’IFEF1
LUNDI 03 JUIN 2013 – 9 H 00 A 16 H 30
Ancien collège / Maison de la Culture 15 allée Empereur 82000 Montauban
9 h 00
Ouverture de la journée
Cathy TOULOUSE, responsable de formation IFEF, Médiatrice Familiale DE
Béatrice GUIJARRO, Déléguée Régionale APMF Midi-Pyrénées, Médiatrice Familiale DE
9 h 15
Regards croisés autour des « nouvelles formes de familles »
La famille ? Quelle famille ? Approche sociojuridique.
Jésus SANCHEZ, Juriste, Maître de conférences associé à l’Institut d’Études Politiques de
Toulouse
10h15
Pause
10h30
Changements dans la famille, familles en changements : quels enjeux pour les
enfants et les parents ?
Véronique ROUYER, Maître de conférences en psychologie du développement de l'enfant et de
la famille
11 h 30
Echanges avec la salle
12 h 00
Pause déjeuner
14 h 00
Table ronde
Impact de la séparation conflictuelle vu par différents professionnels de la
famille.
Directeur Général de la Sauvegarde 82, Educatrice et Psychologue en Espace Rencontre et
visites médiatisées, Auditrice d’enfants, médiatrices Familiales et Professionnels de la salle
16 h 30
1
Clôture
IFEF : Institut de Formation Enfance et Famille 60 Avenue de Beausoleil 82000 Montauban Tel : 05 63 21 12 12.
2
Introduction de la journée
Présentation de l’IFEF : Cathy Toulouse,
Présentation de l’APMF : Béatrice Guijarro.
Film
Extrait de la campagne « Une vie de chien ? » La famille
http://www.yapaka.be/page/les-videos
La famille ? Quelle famille ? Approche sociojuridique
Jésus SANCHEZ Juriste, Maître de conférences associé à l’Institut d’Études Politiques de
Toulouse
« La famille en tant qu’institution ».
Le juriste Maurice HAURIOU (1856-1929) définit l’institution comme un groupe de
personnes, qui, bien que composé d’individus, a une volonté propre à ce groupe, qui
dépasse la volonté des membres qui le compose.
La famille et l’Etat sont deux institutions culturelles crées par l’Homme. En effet, l’Etat n’a
pas toujours existé et l’Homme n’a pas toujours vécu en famille. (La famille n’est pas
naturelle / cf. : anthropologie). Pierre LEGENDRE situe le travailleur social entre la famille et
l’Etat, c'est-à-dire à la frontière (là où on s’affronte).
L’individu évolue dans 2 sphères, la sphère privée et la sphère publique. L’Etat est supposé
gérer la sphère publique tandis que la famille est supposée gérer la sphère privée.
La fonction de l’Etat : faire les lois et les faire respecter, être garant de la sécurité…
La/les fonction(s) de la famille : solidarité, transmissions de valeurs intrafamiliales comme la
religion, valeurs morales, valeurs patrimoniales…
3
«La famille a pour fonction de différencier les sexes et les générations ». Elle a donc
pour fonction d’inscrire l’enfant dans un double lien d’appartenance : inscription dans un
genre (construction culturelle autour d’un sexe biologique) et dans une génération (interdit de
l’inceste). L’inscription dans un genre se fait dès la naissance.
Quelques éléments anthropologiques :

de tout temps les sociétés ont cherché à se reproduire. Pour cela, il fallait qu’un homme
rencontre une femme pour concevoir « un petit d’Homme. » Cette chose, si naturelle soitelle ne l’est pas forcément

c’est la famille qui inscrit l’enfant dans son genre.

tout individu crée son identité à partir de l’altérité.

rappel : l’homosexualité est condamné par tous les grands livres religieux, en France elle
n’est dépénalisée que depuis 1981, ce n’est qu’en 1990 que l'Organisation Mondiale de
la Santé (OMS) retire l'homosexualité de la liste des maladies mentales, elle est encore
passible de la peine de mort dans neuf pays du monde)

en France, le mariage est accessible aux personnes de même sexe depuis le 18 mai
2013 ; la seule question qui se pose aujourd’hui est celle de la filiation

on a toujours considéré qu’il fallait avoir des parents de sexe différent pour faire famille.
La famille démarre à la filiation

le mariage pour tous est un véritable saut anthropologique
Depuis les années 50, la famille n’a cessé d’évoluer.

en 1967 : la Loi Neuwirth sur la contraception donne les moyens aux femmes de
pouvoir avoir des rapports sexuels en dehors de la procréation,

1968 marque une révolution sexuelle et la libération des mœurs,

en 1970, l'autorité parentale remplace la puissance paternelle,

en 1974, la loi Veil autorise l’Interruption Volontaire de Grossesse

en 1975 il devient possible de demander le divorce par consentement mutuel : le lien
du mariage n’est plus indissoluble…
Aujourd’hui2 :
-
coexistent des familles monoparentales, des familles recomposées, des familles
homoparentales, des couples vivant en union libre, des couples mariés…
2
80 % des femmes françaises travaillent,
Pour information, en 2013, dans les écoles de Toulouse il y a 67 % d’enfants de couples non mariés, pour la 1
fois l’année dernière à Toulouse, il y a plus de PACS que de mariage. Pour la 1
ère
ère
fois en 2012, il est nés plus
d’enfants hors mariage que d’enfants issus d’un couple marié.
4
-
l’allongement de la durée de la vie a un impact sur la durée de vie du couple…
Dans la famille, au nom de l’égalité et de la liberté, et après les femmes, l’enfant va venir peu
à peu « demander » les mêmes droits. Deux textes juridiques marquent cette évolution :
-
La Déclaration internationale des droits de l’Homme.
-
La Convention Internationale des Droits de l’Enfants (CIDE).
L’enfant est mis au cœur de notre société. Etre parent, aujourd’hui s’apparente à « un
métier ».
La famille se métamorphose :
-
le courant individualiste.
-
le courant nataliste de la famille.
-
le courant familialiste.
Questions pour favoriser l’échange avec la salle :
-
crise du politique : quelle est la légitimité des politiques à intervenir dans ce
domaine ?
-
crise de la justice : doit-elle perpétuée une fonction symbolique ? Le juge est-il un
arbitre ou entérine-t-il les décisions des personnes ? A quoi servirait le juge alors ?
-
crise de la légalité : le droit doit-il se contenter d’enregistrer progressivement ce qui a
été fait par la société. A-t-il une autonomie relative par rapport aux faits sociétaux ?
Conclusion :
Serions-nous en train de passer d’une politique de contrôle social à une politique de
régulation sociale ? La régulation sociale n’est pas le contrôle social. La régulation sociale
laisse aux individus la possibilité de s’auto-normer, de créer leur propres normes. La
médiation familiale leur permet en partie de le faire.
Changements dans la famille, familles en changements : quels enjeux pour les
enfants et les parents ?
Véronique ROUYER
Enseignant chercheur en psychologie du développement de l'enfant et de la famille
Université Toulouse Le Mirail
Apports théoriques :
 Panorama des changements de la famille (individus et relations interpersonnelles)
 Développement de l’enfant et du parent
 La question de l’accompagnement des familles par les professionnels
5
Le questionnement :
D’où l’importance d’aller interroger ces représentations qui fondent nos pratiques et qui
filtrent nos regards sur les familles que l’on rencontre.
Réflexions sur l’accompagnement des familles par les professionnels au regard de cette
complexité :

la paternité et la maternité sont des constructions psychosociales historiquement
situées. Elles sont construites, depuis la seconde moitié du XXème siècle, avec l’apport
des travaux menés en psychologie, en sociologie, dans les sciences humaines et
sociales avec cette caution scientifique du savoir, de la connaissance,

être père, être mère n’est pas quelque chose de naturel ; d’inné. On va se construire
père et mère en fonction de sa trajectoire personnelle, conjugale, familiale et en
fonction des normes.

ce processus n’est pas plus facile pour une mère que pour un père,

les normes sociétales sont importantes et pèsent sur les parents (l’image du « bon
parent » et du « bon enfant »),

tout professionnel est porteur de ses propres représentations de la famille, en
fonction de sa propre histoire, de ses propres parents, de ce qu’il peut vivre en tant
que parent,

le professionnel n’échappe pas à la question de la norme

dans toutes rencontres entre les professionnels et les familles se débattent les
représentations réciproques

les familles sont elles aussi porteuses d’un idéal professionnel (l’idée que le
professionnel aurait la recette)

le professionnel n’est pas là pour faire à la place du parent, ni contre le parent mais
avec le parent tel qu’il est, tel qu’il a défini ses propres normes de parent.
En conclusion, l’évolution de la famille amène à parler de pluri parentalité.
Questions de la salle

La réforme de la famille, la loi sur le mariage pour tous. Ne va-t-on pas trop vite dans
la réforme de la famille ?

Aujourd’hui ; beaucoup d’enfants naissent hors mariage, pensez-vous que la société
va reconnaître ces familles « non légitimes » ? (droits des concubins)

Quand il a fallu admettre que certaines femmes avaient un projet-solo d’adoption, y
a-t-il eu un débat très vif du côté de l’Etat ?
6

Le lien biologique. Dans l’accouchement sous X, l’enfant peut avoir accès à ses
origines, du côté de la mère. Qu’en ait il de la réflexion par rapport au père ?

Il a été question de normes, de contrôle social… peut ont vraiment vivre dégagé de
toute norme sociale ?
Travaux de l’après-midi : table ronde
Impact de la séparation conflictuelle vu par différents professionnels de la
famille
-
Présentation du fonctionnement de l’Espace Rencontre de Montauban
-
Présentation de la Médiation Familiale
-
Intervention d’un professionnel chargé de l’audition d’enfant par délégation du Juge
aux Affaires Familiales
Echanges avec la salle et témoignages des participants.
Clôture de la journée : Jean-Louis LOSSON, Directeur Général de la Sauvegarde de
l’Enfance du Tarn et Garonne
Les prolongements possibles suite au recueil des données de l’évaluation
collectée auprès des participants en fin de journée…
Thèmes souhaités :
-
La fratrie dans le conflit
-
Processus et cadre en médiation
-
Place des Grands Parents
-
Parentalité et homoparentalité
7