Savoir dire non pour pouvoir dire oui

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Savoir dire non pour pouvoir dire oui
RENCONTRE A THEMES :
« SAVOIR DIRE NON POUR POUVOIR DIRE OUI »
Mardi 4 Février 2014
Organisé par le Collectif Accompagner la Parentalité
Animé par Louis Bocquenet, psychologue clinicien
La rencontre se déroule en trois temps :
1) Retour historique de Louis Bocquenet sur la notion d’autorité
2) Echange en petits groupe sur le thème, les questions que cela soulève
3) Mise en commun des questionnements et réponses de Louis Bocquenet
1) Retour historique de Louis Bocquenet sur la notion d’autorité :
Depuis les années 60-70, nous assistons à un phénomène d’accélération de l’histoire.
Aujourd’hui les adultes perdent alors la maîtrise de cette histoire et donc perdent leur
légitimité.
Il y a trois mécanismes importants à relever dans l’histoire :
-
Nous avons eu le temps de voir l’avenir arriver et donc d’assimiler la nouveauté
-
Nous avons le temps de faire de cette nouveauté une culture commune, de trouver le
mot, le sens pour la nouveauté arrivante
-
Nous prenons le temps de transmettre à la génération suivante
Aujourd’hui, nous avons perdu ces trois mécanismes car le rythme s’est emballé. L’histoire va
de plus en plus vite.
Depuis les années 60-70, nous courons après le temps, après l’histoire et nous sommes donc
de moins en moins légitimes dans ce que nous proposons, dans notre autorité.
Un deuxième phénomène est à noter : Tout s’est mis à changer en profondeur, notamment les
mœurs (l’image de la famille par exemple), mais aussi les représentations intimes (c’est quoi
un homme, une femme, un ado ?)
Nous n’avons plus le temps d’assimiler ces changements.
Sociologiquement :
Les figures statutaires (maître d’école, maire, gendarme…) ont été balayées, remplacées.
Nous sommes face à une société du « moi ». Mais, s’il n’y a pas de « nous », où est la
légitimité pour faire autorité ? C’est du « nous » que peut sortir une légitimité collective.
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Rédaction de la prise de note : Espace dinannais
Le théâtre familial :
Jusqu’en 1971, le père avait la toute puissance. La mère avait alors un rôle de seconde classe,
peu présente, voire insignifiante.
Aujourd’hui, les rôles se sont inversés. Le père a perdu sa toute puissance et la mère a un rôle.
C’est même elle qui a le rôle le plus important sur le théâtre familial.
Depuis les années 65, l’homme n’est plus le seul nourricier puisque la femme a un travail, un
compte en banque…
Aujourd’hui, pour faire un acte d’autorité, il faut plus de stratégies. Nous sommes obligés
d’être des parents créatifs, inventifs.
Il faut retrouver la légitimité du « nous », la culture du « nous ».
Il est important de baser nos convictions sur le respect et non sur l’amour. L’enfant a besoin
de sécurité affective mais aujourd’hui, cela s’est inversé. Le parent croit que le bon parent est
un parent aimant. On ne peut pas fonder une relation d’éducation sur l’amour. La relation
d’éducation et d’autorité doit se baser sur le respect.
2) Echange en petits groupes sur le thème, les questions que cela soulève :
Voici quelques questions posées :
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Est-ce que tout doit se discuter ?
-
A partir de quand pose-t-on le véto ?
-
Comment trouver la bonne tonalité au sein d’un couple ?
-
Comment rétablir la place de chacun ?
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Comment détrôner l’enfant ?
-
Importance de cadrer l’enfant, notamment par rapport aux jeux vidéo, internet.
-
Comment savoir où poser les limites ?
-
Faut-il toujours poser un argumentaire ?
3) Mise en commun des questionnements et réponses de Louis Bocquenet :
Que pouvons-nous penser que les enfants attendent de nous ?
Pas de l’amour mais du respect. L’enfant a besoin avant tout de sécurité affective, c’est notre
repère central en matière d’autorité. Tous les interdits, les « non », répondent à cette question
de sécurité affective.
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Rédaction de la prise de note : Espace dinannais
Quand l’enfant vient nous provoquer, c’est pour avoir une réponse pédagogique, mais aussi
pour vérifier quelque chose d’affectif, si on va encore dire non. Parce que si ça se répète, cela
signifie que c’est du solide.
Il n’y a rien de plus déstabilisant pour un enfant qu’un parent qui lâche, qui cède : « On ne
s’appuie bien que sur ce qui résiste » (Sénèque).
Les enfants ont besoin d’avoir des adultes consistants et qui se trompent.
Selon Boris Cyrulnik, les enfants n’ont pas besoin de parents parfaits mais plutôt de parents
entiers.
Ou sont nos limites :
Il faut faire confiance à nos éprouvés. Si on sent qu’il faut dire non, s’imposer, alors il faut le
faire. Les enfants cherchent les limites de leurs parents. Le parent ne doit pas avoir peur de
nommer ses limites car l’enfant a besoin de les entendre. Il est important d’utiliser l’humour
autant que possible.
Mais, peut-on ouvrir un oui s’il n’y a pas d’abord eu un non ?: Le non est la clé de la culture,
du vivre ensemble. C’est d’ailleurs le premier mot que dit l’enfant lorsqu’il commence à
parler.
S’il n’y a pas de limite, il n’y a rien. Les limites amènent le manque, la frustration. C’est à ce
moment aussi que vient le langage. Cela permet de grandir et de se développer.
« On se pose en s’opposant »
Il est important d’argumenter auprès des enfants mais faire attention à ne pas tomber dans la
justification.
CONCLUSION :
En conclusion, Louis Bocquenet propose à chacun de dire un mot ou expression retenue lors
de cet échange.
Il réinsiste sur l’importance du respect dans la relation parent / enfant. « Tu as le droit de me
détester mais tu dois me respecter ».
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Rédaction de la prise de note : Espace dinannais