Couple séparé,... mais toujours parents

Transcription

Couple séparé,... mais toujours parents
"Couples séparés…mais toujours parents"
Compte rendu Rencontre à thème –
Le 31 Janvier 2012 Matin
Intervenante : Katell Jouffe, psychologue à l'hôpital de jour pour enfants autistes et
psychotiques et médiatrice à l'ARPE , association de relais parents-enfants de Dinan.
I. Evolution de la société.
Depuis une trentaine d'années, on assiste à une augmentation du nombre de divorce,
mais les procédures sont moins longues et moins lourdes.
La moitié des divorces se fait par consentement mutuel.
Un couple sur trois se sépare.
Un enfant sur quatre ne vit pas avec ses deux parents.
En majorité (neuf enfants sur dix), la résidence des enfants est fixée au domicile de la mère.
Cinq ans après la séparation des parents, il a été montré que 30% des enfants vivent encore
dans un climat non-apaisé.
Toutefois, la valeur de la famille reste très investie par les personnes (première valeur
nommée).
Lors d'un divorce ou d'une séparation, il faudrait concilier deux impératifs: la rutpture du lien
conjugal et la poursuite du lien parental.
Les évolutions législatives vont essayer de suivre ces changements sociétaux.
En 1975: création du divorce par consentement mutuel.
Textes de 1987 – 1993: par rapport à l'autorité parentale.
2002 : introduction de la notion de la co parentalité et mise en place de la résidence alternée.
La législation tend à responsabiliser les parents, les incitant à garder une bonne
communication, et à négocier dans l'intérêt de l'enfant. Cependant dans les faits, cela ne se
passe pas toujours de la sorte.
Par conséquent, de nouveaux outils ont été créés, notamment la médiation familiale, créée en
France à la fin des années 80, mais qui existait depuis longtemps au Canada et aux Etats-Unis.
Il s'agit d'un accompagnement autour de la rupture du lien conjugal., d'acceptation de la
souffrance qu'elle génère, notamment au niveau de la blessure de l'estime de soi qu'elle
suscite. Il s'agit également d'encourager la responsabilité des parents considérés en tant
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Prise de notes Maison du Département et Espace Dinannais
qu'adultes dotés de bonnes intentions, et de les interpeller sur leur parentalité au-delà de leurs
griefs et souffrances réciproques.
Toutefois pour que cette médiation soit envisageable, il est nécessaire que chacun des parents
soit d'accord d'y participer, et ai l'envie de voir leur situation évoluer.
A l'issue de ces médiations, un accord peut être préparé quant à la manière de poursuivre pour
chacun l'exercice de sa parentalité; cet accord pourra être ensuite entériné par le Juge aux
Affaires familiales.
II. La souffrance de l'enfant liée à la séparation
La séparation est toujours traumatisante même si elle se passe relativement bien.
Ce passage s'inscrit dans le développement (notamment psycho affectif) de l'enfant. A
certains moments de sa vie (mariage, enfant…), certaines émotions douloureuses pourront se
réactiver.
Cependant, la plupart des enfants retrouvent les ressources nécessaires pour passer cette
épreuve. Et ce, d'autant plus si les parents assument cette séparation et la souffrance qu'elle
entraîne.
Comportements observables chez l'enfant:
- Tristesse, agressivité .
- Difficultés scolaires , difficulté de concentration;
- Attitude de repli ;
- Enfant souvent malade, du fait d'une baisse des défenses immunitaires.
C'est un réel travail de deuil.que l'enfant doit accomplir. L'enfant doit accepter l'idée que ses
parents ne vivront plus ensemble, qu'ils ne vivront plus la même chose.
Il y a une perte des repères dans la vie quotidienne,(inconnu de l'avenir, changements
d'habitat, d'école…), une perte affective, une perte identitaire par rapport à son estime de soi
car tout enfant se sent responsable de cette situation, une atteinte également de sa sécurité
intérieure.
Il est important de répondre aux questions de l'enfant en restant au plus proche de la vérité.
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Prise de notes Maison du Département et Espace Dinannais
Facteurs de renforcement de la souffrancede l'enfant:
L'intensité de ces facteurs est lié à la bonne ou mauvaise communication des parents et à l'âge
de l'enfant.
- Manipulation de l'enfant, en le mettant au cœur du conflit. Quand les parents s'affrontent
cela renvoie l'enfant à une négation de lui_même en tant qu'être issu de ces deux parents là.
"Celui qui désavoue l'autre, sape sa propre autorité"(Serge Tisseron). L'enfant ne pourra renier
un de ses parents, il reniera les deux.
Il peut s'agir pour le parent de craindre la perte de l'amour de son enfant: "attitude séductrice",
"chantage affectif". Si l'autre parent assure son autorité, il y aura un bon et un mauvais parent.
- Il existe aussi le syndrome d'aliénation parental
.L'enfant adhère graduellement au système de pensée dénigrante d'un de ses parents vis-à-vis
de l'autre. L'enfant adopte ces propos mais n'a pas d'exemples étayant son discours, qui
semble d'ailleurs "tout fait". L'enfant ne ressent ni culpabilité, ni souffrance, il adhère en tout
point aux paroles du parent aliénant sur la parent aliéné.tout en affirmant qu'il s'agit de sa
pensée propre; L'enfant peut alors imaginer, inventer des situations qu'il croit réelles. Cette
pensée devient une croyance profonde; l'enfant fait un blocage complet par rapport au parent
aliéné.
- Placer l'enfant en justicier: certains parents font lire le jugement aux enfants. Or, il est
important de protéger l'enfant des conflits. Par exemple, l'enfant ne doit pas tout connaître,
notamment vis-à-vis des procédures judiciaires concernant les éléments financiers par
exemple.. Par contre, il peut être opportun de l'informer de la situation qui concerne sa vie
quotidienne dans son intérêt et lorsque les choses sont établies.
Il est important que ce ne soit pas les enfants qui décident mais les adultes (le Juge, les
parents…).
- Entrer dans la confusion des générations.
Il s'agit de faire croire à l'enfant qu'il va combler, réparer l'absence de l'autre parent (dormir
avec; lui parler de soucis d'adultes…). Dans ces cas, il y a un risque pour l'enfant d'adopter
une attitude de "toute-puissance".
- Conflit de loyauté : demander à l'enfant choisir entre son père et sa mère. C'est comme si on
l'écartelait. Il risque de s'imaginer que s'il aime un parent, il ne peut aimer l'autre.
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Prise de notes Maison du Département et Espace Dinannais
- La disqualification réciproque des parents est excessivement blessante pour l'enfant qui a
besoin des deux pour s'identifier.
- le chantage affectif: "Ah, là, là! Tu vas chez ton père, je vais être triste!"
Facteurs favorables à la mobilisation des ressources de l'enfant.
- Nommer la rupture comme définitive, ne pas laisser l'enfant dans l'imagination d'un possible
retour à la vie conjugale.
L'enfant pense que tout ce qui est dans sa tête est la vérité, cette fausse idée pourrait alors être
destructrice pour lui.
Lorsque les parents entretiennent le conflit, ils se disputent mais ils sont ensemble, il y a
toujours un lien. L'enfant peut jouer de cette situation.
- Préserver le lien avec la famille élargie. Il est important de garder un lien avec sa famille et,
si possible, avec la famille de l'autre parent. La famille au sens large a aussi un travail de deuil
à réaliser.
- Accepter la différence des modèles éducatifs paternel et maternel Il est important que
l'enfant sente que la différence de vie chez papa et maman est acceptée par les deux parents.
Il va s'ajuster, cela peut être une richesse pour lui.d'avoir des références éducatives diverses.
Plus tard, il aura plus de facilité à s'adapter, à prendre en compte le contexte dans lequel il vit.
Il développe ainsi des capacités d'adaptation pour le futur.ainsi que des compétences
relationnelles.
Ce travail va être réalisable à condition que l' un des parents ne dénigre pas l'autre.
-
Se respecter mutuellement. Il faut préserver l'espace de chacun. Accepter que l'enfant ne
veuille pas dire ce qui s'est passé chez l'autre.
- Rebondir en tant que parent dans sa vie personnelle. Assumer sa part de responsabilité (dans
la relation, on est deux, dans la séparation aussi).
Affirmer sa dignité d'adulte est le plus beau cadeau pour l'enfant.
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Prise de notes Maison du Département et Espace Dinannais
- Ouvrir le champ relationnel de l'enfant avec ses pairs,ses copains, lui permettre de sortir du
contexte familial.
Il faut au mieux, permettre à l'enfant
de s'inscrire dans sa double influence
générationnelle.
En conclusion, on peut réussir un divorce même si sa vie de couple s'est terminée par un
échec.
La souffrance qui en découle pour l'enfant peut aussi être l'occasion pour lui
d'enrichissement; ceci à condition que chacun des parents évolue dans le respect de l'autre.
Collectif Accompagner la Parentalité sur Dinan
Prise de notes Maison du Département et Espace Dinannais