« Parler de la mort avec son enfant » Avec Véronique GENDRY

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« Parler de la mort avec son enfant » Avec Véronique GENDRY
« Parler de la mort avec son enfant »
Avec Véronique GENDRY, psychologue
26 Novembre 2013
Pour les enfants de 3 à 6 ans, tout ce qui arrive de bien comme de mal est lié à
eux. Ils sont très égocentrés, narcissiques. Ils pensent que ce qui arrive est de
leur faute.
C’est donc très important de donner du sens à ce qui arrive. Parler de la mort ne
la fait pas venir.
Tout enfant culpabilise de la mort d’un proche, encore plus au moment de
l’adolescence et du complexe d’Œdipe (3-6 ans).
Jusqu’à 6 ans, l’enfant n’a pas la notion de l’irréversibilité de la mort. Il faut
attendre 7-8 ans.
L’enfant va avoir envie, à certains moments, que son frère disparaisse, que son
parent ne revienne pas : lorsque la mort survient à ce moment-là, cela va être
d’autant plus culpabilisant pour lui.
A 7-8 ans, il prend conscience qu’il peut mourir et qu’il n’y a pas d’âge pour
mourir.
« Dès qu’on naît, on est assez vieux pour mourir », Martin HEIDEGGER
A 6-12 ans, la question qu’est-ce qu’on devient ? arrive.
A l’adolescence, il y une confrontation avec la mort de l’enfance pour devenir
adulte : avantages / désavantages.
La réponse aux questions de l’enfant sera fonction de la vision de l’enfant.
C’est souvent difficile de parler à l’enfant de la mort car cela nous renvoie à
notre propre mort et à nos propres deuils (nos deuils pas réglés).
C’est notre mal, celui qu’on a à leur dire mais pas le mal qu’on a peur de leur faire.
Il faut aussi mettre des mots sur notre non-savoir : c’est quoi être mort ? le
cœur qui s’arrête, devenir froid,…
Mais après ? On peut répondre qu’on ne sait pas, certains pensent que… d’autres
que…. Moi, je pense plutôt cela, et toi, tu as envie de choisir quoi.
L’enfant pose a priori très tôt des questions sur la mort (une souris, un chat au
bord de la route,…). Il se sent autorisé ou pas à en parler, à poser ses questions.
La mort, c’est aussi une perte d’un bout de soi.
Le renard mord au bord de la route (son état qui se dégrade de jour en jour peut
être nommé à l’enfant) ou le poisson rouge mort dans le bocal permet aussi une
leçon de vie (on observe le poisson mort, on en parle, éventuellement on l’enterre
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Rédaction Rpam et service petite enfance de la CODI, réussite éducative de la ville de Dinan
dans le jardin…); cette leçon de choses simple permettra à l’enfant de n’être
confronté qu’au deuil le moment venu, et non à la mort.
La représentation des morts pour les enfants est toujours plus terrible que le
défunt vu en réalité. L’imaginaire est plus terrible que la plus cruelle des vérités.
Si l’enfant refuse de voir un mort, il faut s’intéresser à son refus : pourquoi ?
Souvent, c’est plus par peur de voir l’adulte pleurer, de ne pas vouloir pleurer,…
En général, voir le défunt facilite le travail de deuil.
Ce qui marque souvent les enfants, ce n’est pas le défunt, mais d’avoir vu son
parent, son grand-parent pleurer, souffrir.
Il faut demander à l’enfant : veux-tu y aller seul ? avec qui ?
A ne pas dire :
« Il est parti » : cela veut dire que quelqu’un peut partir sans laisser d’adresse,
sans nous prévenir : qu’il nous abandonne.
« Il dort pour toujours » : cela va renvoyer à des troubles du sommeil
« Il est au ciel » : pour certains enfants, cela va être à l’origine d’une peur de
l’orage, de l’avion.
« Le paradis » : si c’est mieux après, autant y aller maintenant
« C’est toujours les meilleurs qui partent, il aurait été très bon,… » : cela peut
amener des idées suicidaires car les morts sont mieux aimé que les vivants.
« Il a perdu sa femme… » : l’enfant peut constater alors que lorsque l’on perd
quelqu’un que l’on aime, on ne le cherche pas. Cela peut créer des troubles de la
séparation avec des enfants « qui se collent » à leurs parents de peur de se
perdre à leur tour.
Pour un enfant, c’est normal que les gens meurent, c’est l’oubli qui n’est pas
normal.
Importance de pleurer ensemble, de parler ensemble.
La cicatrice ne s’oublie pas, l’enfant ne doit pas avoir d’inquiétude.
L’argent qui se dispute autour d’un cercueil, c’est de l’amour.
La question du suicide : dire que c’est une maladie très grave qui a poussé la
personne à se donner la mort est plus rassurant que de penser que c’est un
assassin qui pourrait recommencer.
Il ne faut pas raconter de « cracks » à l’enfant car le moment où il va apprendre
la vérité (cela peut être des années plus tard) sera terrible car il devra en plus
faire face au choc du mensonge des proches.
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On peut toujours dire, je me suis trompé, je croyais que tu n’étais pas assez
grand.
Tout ce qui n’est pas dit est imaginé (en pire : jeux vidéos, Tv,…).
Le roi lion peut permettre d’expliquer à l’enfant que les enfants ne sont jamais
coupables de la mort d’un proche.
Parler AVEC les enfants, pas devant, ni à côté.
Crémation / inhumation : les survivants, que veulent-ils, que préfèrent-ils, plutôt
que d’appliquer la volonté du défunt qui peut parfois être insupportable pour les
survivants.
Dans l’accompagnement au deuil, on parle du mort, de ses qualités, de ses
défauts. Donner la place aux morts en en parlant. Ne pas les idéaliser pour
autant.
A partir de quel âge un enfant peut-il accompagner un mort au cimetière ? Cela
peut être dès quelques semaines : c’est l’importance des mots que l’on va poser.
L’enfant est perfusé par le chagrin de ceux qui s’occupe de lui : il a besoin de
savoir ce qui explique le chagrin.
Il n’y a pas d’âge pour parler de la mort, voir un mort, aller au cimetière.
Importance des mots JUSTES et VRAIS : j’ai du chargin parce que…
Une expérience a montré que des enfants nés sous x à
qui l’on avait rapporté les mots de leur mère biologique
à 2 jours étaient, 30 ans plus tard, plus stables, en
meilleur santé, avaient des diplômes plus élevés, que
ceux qui n’avaient pas eu de mots.
Quand on est soi-même effondré, on n’est pas forcément la personne la mieux
placée pour accompagner l’enfant.
Lorsque la mort survient chez un parent, il ne faut jamais éloigner les enfants du
parent survivant, il faut mettre quelqu’un pour accompagner mais ne surtout pas
couper le lien.
Chaque deuil fait écho aux deuils non résolus dans l’enfance.
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Il y a beaucoup d’exemples cliniques où l’enfant est confronté à la mort tout
bébé et où cela ressurgit beaucoup plus tard, voir adulte.
Petites astuces pour parler le plus justement possible à l’enfant quand il pose des
questions :
- Pourquoi poses-tu cette question ?
- Qu’est-ce que tu crois ?
- On réajuste éventuellement la vérité,…
- Comment tu le dirais à quelqu’un d’autre maintenant ?
On donne un peu d’informations à l’enfant, mais surtout, on le fait parler.
Il faut accepter les émotions qui nous agitent pour pouvoir accepter le deuil : je
suis triste, ça me déchire le ventre,…
La valeur de la vie, c’est la mort qui la donne.
Penser cela n’enlève rien du deuil, de la mort de son proche.
C’est parce qu’on n’accepte pas la mort qu’on vit mal la vie.
Pas de vie sans mort.
On peut pleurer de peur, de fatigue, d’inquiétude.
En cas d’hospitalisation, il ne faut pas accepter un refus que l’enfant voit un
parent (dans ce cas, il faut saisir le service des résidents).
Par contre, il faut toujours expliquer à l’enfant ce qu’il va voir.
Moins le parent dit, moins l’enfant dira.
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BIBLIOGRAPHIE
Titre
Il faut le dire aux abeilles
Papa, maman, dites-moi pour de vrai
Faire son deuil, vivre un chagrin
Boubou et grand-père
Au revoir Blaireau
Le grand-père de Tom est mort
Les goûters philo
L'enfant face à la mort d'un proche
La mort pour de faux et la mort pour de vrai
Le grand livre de la mort à l'usage des vivants
Le petit livre de la mort
On va où quand on est mort ?
La vie avec un seul parent
Mon chien est mort
Les questions des tout-petits sur la mort
Pourquoi la mort ?
Auteur
Neeman, Sylvie
Sévérin, Gérard
Keirse, Manu
Hahn, Cyril (1965-....)
Susan Varley
Bawin, Marie-Aline
Labbé, Brigitte
Ben Soussan, Patrick
Castro, Dana
Stalfelt, Pernilla (1962-....)
Hennuy, Martine
Auderset, Marie-José
Englebert, Eric
Aubinais, Marie
Dastur, Françoise
Editeur
Joie de lire
Albin Michel
De Boeck
Casterman
Galimard Jeunesse
Mango jeunesse
Milan
Albin Michel
Albin Michel
Albin Michel
Casterman
Alice jeunesse
De La Martinière Jeunesse
Grasset jeunesse
Bayard Jeunesse
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Date édition
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