No. 33. Les jeunes les plus exposés au risque d`infection par le VIH
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No. 33. Les jeunes les plus exposés au risque d`infection par le VIH
InteragencyYouthWorkingGroup numéro publication en série 33 Santé de la reproduction et VIH/SIDA Les jeunes les plus exposés au risque d’infection par le VIH / SIDA L’attention portée aux adultes qui sont les plus exposés au risque d’infection par le VIH/SIDA — les professionnel(le)s du sexe, les personnes qui consomment des drogues injectables et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH)* — ne cesse de croître. Malheureusement, les besoins particuliers des jeunes (âgés de 10 à 24) dans ces groupes de population ont reçu peu d’attention. Dans le même temps, les efforts de prévention du VIH chez les jeunes ont eu tendance à se concentrer sur cette tranche d’âge au sein de la population générale plutôt que sur les jeunes qui sont les plus à risque. Ainsi, les deux types de programmes peuvent manquer d’atteindre les jeunes les plus exposés au risque d’infection par le VIH. Les programmes destinés à prévenir la propagation du VIH utilisent l’expression : « Connaissez votre épidémie ».1 Pour les populations les plus à risque (Most-At-Risk Populations, ou MARPS), connaître l’épidémie signifie, entre autres, comprendre le rôle crucial que peuvent jouer les jeunes dans la transmission du VIH. Par exemple, jusqu’à 95 pour cent des consommateurs de drogues injectables (CDI) commencent à s’injecter des drogues avant l’âge de 25 ans,2 et la plupart des femmes engagées dans le travail du sexe a moins de 25 ans.3 Les jeunes constituent non seulement une grande proportion des MARPS, mais beaucoup d’entre eux ont également des taux d’infection par le VIH supérieurs à celui des personnes âgées au sein de ces groupes.3 Au Myanmar, par exemple, les femmes âgées de 20 à 24 ans ont le plus fort taux d’infection par le VIH parmi les professionnelles du sexe (41 pour cent) et les CDI (49 pour cent). Le taux de séroprévalence est également élevé chez les 15 à 19 ans dans ces *Dans certaines régions d’Asie, les intervenants préfèrent parler en termes qui distinguent les questions relatives aux transgenres de celles relatives aux HSH, parce que ces deux groupes ont des besoins différents.» groupes (41 pour cent et 38 pour cent).4 Parmi les enfants exploités par les trafiquants, les taux d’infection par le VIH vont de 5 pour cent (cas d’une étude menée au Vietnam) à 50-90 pour cent chez les enfants libérés des maisons closes dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est. Ailleurs, comme en Thaïlande et en Russie, l’incidence du VIH augmente plus rapidement chez les jeunes HSH que chez les HSH plus âgés.5 Jeunes, vulnérabilité et risques Le terme vulnérabilité fait référence à des circonstances ou à des conditions qui rendent les comportements à risque probables.6 Les jeunes sont, d’une manière générale, vulnérables à l’infection à VIH, parce que beaucoup d’entre eux n’ont souvent pas de connaissances suffisantes sur le VIH, ni l’autorité ou la capacité d’utiliser leurs connaissances, et n’ont pas accès aux services dont ils ont besoin. Les adolescents deviennent plus vulnérables si leurs besoins de santé et de développement ne sont pas satisfaits. Les « adolescents particulièrement vulnérables » sont ceux qui sont à haut risque d’infection en raison de leur situation : ceux qui vivent dans la rue, dans des établissements correctionnels, dans des familles où l’usage de la drogue est fréquent, dans des situations de violence physique ou sexuelle, dans l’extrême pauvreté, dans des situations de migration, de guerre ou de conflit, ceux qui sont handicapés, ou (pour les filles et les jeunes femmes en général), qui vivent dans des pays à forte prévalence du VIH.7, 8 Selon la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, les jeunes âgés de 18 à 24 ans sont juridiquement des adultes, tandis que ceux âgés de moins de 18 ans sont des enfants. Les personnes de moins de 18 ans qui ont des rapports sexuels en échange d’argent ou de biens sont considérées comme des victimes d’exploitation sexuelle commerciale. Selon la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, les jeunes âgés de 18 à 24 ans sont juridiquement des adultes, tandis que ceux âgés de moins de 18 ans sont des enfants. Les personnes de moins de 18 ans qui ont des rapports sexuels en échange d’argent ou de biens sont considérées comme des victimes d’exploitation sexuelle commerciale. Difficultés inhérentes aux programmes Le personnel des programmes de prévention du VIH ciblant la population des jeunes en général peut considérer que les jeunes les plus exposés au risque d’infection — particulièrement ceux qui consomment des drogues injectables et ceux qui s’adonnent au commerce du sexe — ne relèvent pas de leur domaine d’expertise et de leur sphère de responsabilité. Dans le même temps, les programmes destinés aux MARPS adaptent rarement leurs systèmes de prestation de services pour prendre en compte les besoins et les situations propres aux jeunes — particulièrement les adolescents — qui sont les plus à risque du VIH. Les services de traitement pour toxicomanes négligent souvent les jeunes, particulièrement ceux qui sont dans leurs premières phases d’injection de drogues et ceux qui ne se considèrent pas comme toxicomanes.9 D’autre part, dans de nombreux pays, les prestataires de services peuvent refuser de travailler avec de jeunes adolescents en raison de considérations juridiques relevant du consentement éclairé. Dans les pays où les rapports sexuels entre hommes sont illégaux, les organisations qui assistent les HSH doivent faire face à la résistance des officiels, aux obstacles juridiques, à la discrimination et au manque de financement. Les organisations qui travaillent avec les jeunes HSH peuvent être considérées comme des recruteurs de jeunes homosexuels, une perception erronée qui peut nuire à ces services de proximité. Les associations communautaires constituent une source essentielle de services pour les jeunes HSH, mais elles supposent des liens étroits avec l’infrastructure sanitaire, le financement et le renforcement des capacités. prévalence du VIH parmi les HSH.12 D’autres programmes ont démontré le bien-fondé d’un changement structurel. Par exemple, au Mexique et au Brésil, les communautés lesbiennes-gays-bisexuelles-transgenres (LGBT) et d’autres ont travaillé avec des groupes politiques pour mettre en évidence la marginalisation des jeunes LGBT, plaider pour l’adoption de politiques plus égalitaires, lutter contre l’homophobie institutionnelle et sociale par des investissements substantiels et intégrer la dimension de la diversité sexuelle et du genre dans l’éducation sexuelle. Beaucoup de projets ciblant les jeunes qui vendent des services sexuels se sont concentrés sur les questions de trafic de mineurs. Les interventions visaient à (1) empêcher les filles d’être victimes de traite ; (2) offrir des préservatifs et des services afin de minimiser les conséquences sanitaires des comportements à risque ; et (3) fournir un abri et des sources alternatives de revenus. Certains programmes ont également commencé à offrir des services aux jeunes travailleurs/travailleuses du sexe qui ne sont pas victimes de traite, en employant l’éducation par les pairs, une formation pour apprendre à négocier le port du préservatif et l’introduction aux organismes d’entraide et aux réseaux communautaires de protection des enfants.13 Programmes ciblant les jeunes qui sont les plus à risque Les programmes destinés aux CDI tentent généralement soit de réduire la demande ou de réduire les dommages liés à l’usage de drogues. Les initiatives de réduction de la demande de drogue œuvrent à aider les personnes à ne pas commencer à s’injecter et aident les toxicomanes à réduire ou arrêter la consommation de drogues. Peu de projets semblent avoir ciblé spécifiquement la réduction de la demande chez les jeunes vulnérables et il existe peu de données publiées sur l’impact de tels projets. Une étude menée au Kirghizstan et en Ouzbékistan montre des signes prometteurs : quand les chercheurs ont constaté que 86 pour cent des jeunes CDI avaient été initiés par leurs frères et sœurs aînés, voire des amis, à l’injection de drogues par voie intraveineuse,14 le projet s’est efforcé de convaincre ces « souteneurs » de mettre fin à leur pratique.15 D’autres interventions ont eu recours à l’éducation par les pairs et aux programmes de formation pour aider les parents à communiquer plus efficacement avec leurs les enfants. Malgré tous ces défis, certains programmes se sont révélés prometteurs. Chez les jeunes HSH, l’éducation par les pairs au sein de réseaux sociaux a eu un impact dans des projets en Russie et en Bulgarie.11 Une campagne multimédia à Bangkok et à Chiang Mai, en Thaïlande, a utilisé l’Internet et les texto pour alerter les réseaux HSH sur l’augmentation alarmante de la Les activités qui visent à réduire les dommages sont axées sur la réduction de la transmission du VIH parmi les personnes qui s’injectent des drogues. Les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues et les thérapies de substitution aux opioïdes forment le cœur des services de réduction de la dépendance, Les ressources allouées à la prévention du VIH chez les jeunes ne sont pas toujours acheminées là où elles pourraient avoir le plus d’impact. Par exemple, en Asie, où prédominent les épidémies concentrées, au moins neuf jeunes sur 10 nouvellement infectés proviennent des MARPS. Cependant, la répartition des ressources de prévention reflète la proportion inverse.10 mais, idéalement, ces interventions devraient faire partie d’un plus large ensemble de services.16 Certains initiatives visent les jeunes d’une manière plus générale. C’est le cas d’un projet en Ouzbékistan dans lequel des pairs-éducateurs ont été formés pour informer les jeunes utilisateurs de drogue de l’existence de services de santé disponibles dans un centre porte-ouverte de nature générique pour les jeunes. Les CDI qui s’y présentent ne sont pas identifiés comme tels, mais le personnel peut les référer à d’autres services de santé (y compris les services d’échange d’aiguilles et de seringues) et même les y accompagner s’ils le désirent.17 elle-même ; éliminer les obstacles au dépistage du VIH et des IST et à l’accès aux services destinés aux jeunes HSH qui résultent de la crainte d’une double stigmatisation (HSH et infecté par le VIH) ; et aider les organisations qui peuvent offrir un soutien, des modèles de rôle et plaider pour des changements de politique. En ce qui concerne les jeunes qui s’adonnent aux rapports sexuels transactionnels en échange d’argent ou de biens, les programmes doivent peser sur les moyens structurels d’empêcher l’entrée des adolescentes dans le commerce du sexe, y compris les barrières contre la traite. Les jeunes travailleurs/travailleuses du sexe ont besoin de plus d’attention personnelle que les travailleuses plus âgées, y compris plus de formation Perspectives d’avenir à l’utilisation des préservatifs et à la pratique d’autres Les divers programmes MARPS axés sur les jeunes stratégies de prévention du VIH. Bien que la plupart sont encore en cours d’évaluation, mais ils permettent des programmes aient mis l’accent sur les filles, les déjà de conclure qu’il faudrait : garçons aussi s’adonnent au commerce du sexe. Les questions relatives au commerce du sexe par les garçons ■ Eviter d’étiqueter les jeunes comme des « travailleurs/travailleuses du sexe » ou de « toxicomanes ». et les jeunes hommes méritent donc que l’on s’y penche. ■ Fournir des services de counseling et de dépistage du VIH qui tiennent compte des besoins particuliers des jeunes les plus à risque et faciliter l’accès à ces services. ■ Apprendre aux jeunes à prendre part au combat contre la propagation de l’infection par le VIH en les impliquant dans les arts du spectacle et les arts visuels comme supports des messages de prévention du VIH. ■ Concevoir des projets qui s’attaquent aux risques liés à la consommation de drogues qui se chevauchent (y compris les stimulants du type amphétamine), aux jeunes HSH et à la commerce du sexe. Une épidémie de consommation de drogues chez les HSH semble émerger en Asie et peu d’interventions atteignent ce segment en général et les jeunes HSH en particulier. ■ Renforcer les capacités des organisations locales à mettre en œuvre ces approches dans les pays où la société civile est faible. Il faut des stratégies spécifiques pour les différents sous-groupes de jeunes vulnérables. Les programmes destinés aux jeunes HSH doivent tenir compte des spécificités culturelles liées aux identités et aux expressions sexuelles et de genre qui reflètent l’expérimentation chez les jeunes HSH. Ils doivent se concentrer sur la réduction des comportements à risque chez les HSH, plutôt que sur leur identité sexuelle RECOMMANDATIONS POUR AMELIORER LES SERVICES DESTINÉS AUX JEUNES LES PLUS EXPOSÉS AU RISQUE D’INFECTION PAR LE VIH 1. Guider les efforts de plaidoyer avec de meilleures données. Collecter et ventiler les données par âge et par sexe pour étayer le plaidoyer, inspirer les politiques et orienter l’élaboration/le suivi des programmes. 2. Comprendre les comportements à risque, évaluer les interventions et consolider les leçons apprises. Rechercher les meilleurs moyens d’atteindre les jeunes MARPS par le biais de services et de politiques qui réduisent la vulnérabilité et mettent davantage l’accent sur les efforts de prévention primaire. 3. Promouvoir de meilleures politiques et cibler les financements de manière appropriée. Elaborer et mettre en œuvre des politiques qui protègent les jeunes vulnérables, dépénalisent les comportements à risque et qui assurent que les adolescents les plus à risque puissent accéder aux services dont ils ont besoin. 4. Promouvoir des services complets et une programmation créative. Bien former les prestataires de services travaillant avec les jeunes MARPS et les jeunes personnes vulnérables ; utiliser l’éducation par les pairs et les réseaux sociaux ; insister sur le counseling et le dépistage, les services de soutien psychosocial et autres services spécialisés ; traiter les questions telles que le consentement éclairé des mineurs, l’exploitation sexuelle et la fourniture de matériel d’injection propre. 5. Créer des partenariats entre les différents secteurs sociaux et au sein des communautés. Etablir des liens efficaces entre les services et les communautés, de concert avec les parents, les écoles, les organisations non gouvernementales au service des jeunes, les responsables religieux ou communautaires et d’autres. 6. Associer les jeunes vulnérables et les plus à risque. Impliquer les jeunes comme activistes et comme pairs pour prendre contact avec et fournir de l’aide aux jeunes vulnérables et les plus à risque. Solliciter leur aide dans la conception des programmes destinés à leurs pairs. Adapté de « Young People Most at Risk of HIV/AIDS: A Report from the Interagency Youth Working Group of the U.S. Agency for International Development, the United Nations Inter-Agency Task Team on HIV and Young People, and Family Health International » (2010). Le caractère illégal de la drogue pousse les jeunes toxicomanes à se méfier de tout contact avec des activités organisées, particulièrement celles qui sont affiliées au gouvernement. L’accès aux services d’intervention par des mineurs peut être restreint par la loi ou peut impliquer des conditions préalables (telles que l’obligation de s’inscrire) qui font fuir les jeunes utilisateurs de drogues injectables. Les programmes doivent être en mesure de s’assurer la coopération des autorités afin de pouvoir servir leurs clients, particulièrement les jeunes, sans risque de représailles. Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter : Interagency Youth Working Group s/c FHI 360 Youth Information P.O. Box 13950 Research Triangle Park, NC 27709 USA téléphone (919) 544-7040 courriel [email protected] Les jeunes les plus exposés au risque de l’infection par le VIH font partie des groupes les plus marginalisés de la société. Dans la plupart des cultures, la réaction dominante face à un comportement lié à un risque élevé d’infection à VIH est d’essayer de prévenir et de sanctionner un tel comportement. Les programmes qui visent à réduire les ravages du fléau suscitent une levée de boucliers, parce qu’ils donnent l’impression de tolérer ou de permettre un comportement illégal. Plutôt que de supprimer ces programmes, les gouvernements, les forces de l’ordre et les organisations sociales devraient coopérer avec eux et supprimer les obstacles aux services dont les jeunes les plus à risque du VIH ont si clairement besoin. — Patricia A. French, BS, Rédactrice indépendante Patricia French a résumé le document « Young People Most at Risk of HIV/AIDS: A Report from the Interagency Youth Working Group of the U.S. Agency for International Development, the United Nations Inter-Agency Task Team on HIV and Young People, and Family Health International » (2010). Plus de 25 personnes ont contribué à ce rapport et à une réunion mondiale tenue en 2009 sur ce sujet. De plus amples informations sur la réunion sont disponibles à l’adresse Web suivante : http://info.k4health.org/youthwg/ iywg/25June09. shtml. L’intégralité du document de 65 pages est disponible sur demande en envoyant un email à [email protected]. site Web RÉFÉRENCES 1. United Nations Programme on HIV/AIDS (UNAIDS). UNAIDS Practical Guidelines for Intensifying HIV Prevention. Towards Universal Access. Geneva: UNAIDS, 2007. 2. Malliori M, Zunzunegui MA, Rodríguez-Arenas A, et al. Drug injecting and HIV-1 infection: Major findings from the Multi-City Study. 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