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03.06.2014
Service de presse de l’ambassade de France en Turquie
A LA UNE DES GRANDS QUOTIDIENS
L’attentat-suicide en Afghanistan ayant entraîné la mort hier de trois ingénieurs turcs fait la Une de plusieurs grands
quotidiens libéraux : Milliyet titre « piège sanglant contre l’équipe turque », Hürriyet « le courrier de la mort », Vatan
évoque « une embuscade d’Al Qaïda ».
Plusieurs quotidiens consacrent leur Une à la question kurde : Yeni Şafak annonce la mise en place par le gouvernement
d’ « un comité de suivi » tandis que HaberTürk fait état de l’organisation, le 6 juin prochain à Diyarbakır d’un « atelier
de travail clé ». Le quotidien nationalo-kémaliste Sözcü dénonce quant à lui en Une les « concessions » que le
gouvernement ferait au PKK pour obtenir le soutien de l’électorat kurde lors de l’élection présidentielle du mois d’août :
« le ticket de Tayyip pour la présidence est dans les mains d’Apo » [NDR : Tayyip est le prénom du Premier ministre
Erdogan, Apo est le diminutif du prénom du leader emprisonné du PKK Abdullah Öcalan].
=== A l’agenda ===
Visite en Turquie du président turkmène Gurbanguly Berdimuhamedov. Entretiens avec le président Gül, le Premier
ministre Erdoğan et le président du Parlement Cemil Çiçek.
Visite en Turquie du président kirguize Almazbek Atambaev. Entretien avec le président Gül. Réunion du conseil
stratégique de haut niveau Turquie-Kirghizistan présidée par le Premier ministre Erdoğan et le président Atambaev.
Visite en Turquie de Michael Lampel, président du Conseil fédéral d’Autriche. Entretiens avec le président du
Parlement, Cemil Çiçek, Mevlüt Çavuşoğlu, ministre des Affaires européennes et Kemal Kılıçdaroğlu, président du parti
d’opposition kémaliste CHP.
Déplacement en Pologne du Vice Premier ministre et porte-parole du gouvernement Bülent Arınç.
I. POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Trois morts turcs dans une attentat-suicide en Afghanistan : les quotidiens se font l’écho de l’attentat
qui a coûté la vie à trois ingénieurs turcs lundi matin dans la région de Nangahar, à 130 kilomètres de Kaboul.
Selon les quotidiens, un kamikaze à moto aurait déclenché son explosif contre un bus transportant des
ingénieurs turcs d’une entreprise de construction travaillant pour la police de Kaboul. La presse rapporte que les
Talibans ont repoussé toute responsabilité dans l’attentat, leur porte-parole indiquant : « nous sommes liés
par la religion avec le peuple turc. Nous avons toujours aimé le peuple turc. Nous ne mènerions jamais une
telle attaque ».
Les quotidiens reprennent le communiqué du ministère turc des Affaires étrangères qui a « condamné une
attaque lâche dont les auteurs ne sont pas encore connus » et appelé « les autorités afghanes à rapidement
retrouver les auteurs de l’attentat terroriste et à les déférer devant la justice ».
Chypre : dans un entretien exclusif accordé au quotidien islamo-conservateur Yeni Şafak, Derviş Eroğlu,
« président » de la « République turque de Chypre nord » [NDR : non reconnue par la communauté
internationale], livre ses impression après la visite du vice-président américain sur l’île, il y a une dizaine de
jours : « Le gaz méditerranéen peut constituer une alternative au gaz russe. Je peux dire que les Etats-Unis
s’intéressent davantage au gaz qu’ils ne s’intéressent à la question chypriote ».
II. POLITIQUE INTÉRIEURE
Question kurde : plusieurs quotidiens évoquent l’intensification des contacts et discussions entre des
représentants du gouvernement et le leader emprisonné du PKK. Yeni Şafak annonce en Une la mise en place
d’ « un comité de suivi » constitué de leaders d’opinion pour assurer le suivi du processus de résolution de la
question kurde. Outre ce comité, une « nouvelle feuille de route » du gouvernement prévoirait l’adoption de
nouvelles dispositions légales pour favoriser le retour des maquis des militants du PKK. HaberTürk évoque
l’organisation, le 6 juin prochain à Diyarbakır, d’un « atelier de travail clé » pour le processus de résolution.
Selon le quotidien, participeront à cet « atelier de travail » les principaux acteurs du processus : le vice-Premier
ministre Beşir Atalay, le ministre de l’Intérieur Efkan Ala et le principal conseiller du Premier ministre Yalçın
Akdoğan.
Le quotidien pro-kurde Özgür Gündem titre en Une « entretenons l’espoir » et reprend des déclarations du
leader du PKK Abdullah Öcalan qui a « appelé les peuples kurdes et turcs à se souder autour de la paix ».
Vatan se fait l’écho des déclarations du député HDP Sırrı Sürreyya Önder après sa participation à une nouvelle
délégation kurde venue rencontrer dimanche le leader du PKK Abdullah Öcalan sur l’île prison d’Imralı. Selon M.
Önder, « le processus [NDR : de résolution de la question kurde] avance bien » et Öcalan aurait qualifié
« d’absolument cruciales les trois prochaines semaines ». « Si le gouvernement continue à évoquer la
question avec le même sérieux, les domaines qui paraissent problématiques pourront être réglés en deux
semaines ». Selon M. Önder : 1/ « le gouvernement a clairement manifesté sa volonté d’assurer une base légale
au processus, d’établir un calendrier et un programme pour la levée des obstacles aux questions
démocratiques, à la question des prisonniers malades, à l’abrogation de la loi antiterroriste » ; 2/ « on passe
de discussions qui avaient lieu avec des fonctionnaires à des discussions entre délégations politiques. En
trois semaines, les discussions se sont intensifiées. Elles ont désormais un contenu ». M. Önder a indiqué,
par ailleurs, que les visites sur l’île d’Imralı allaient « devenir plus fréquentes ».
Le quotidien de l’opposition nationalo-kémaliste Sözcü dénonce en Une l’attitude du Premier ministre
Erdoğan qui chercherait, par toutes sortes de « concessions au PKK », à attirer l’électorat kurde pour se
faire élire à la présidence de la République. Sous le titre de Une « le ticket de Tayyip [NDR : prénom du
Premier ministre] pour le palais présidentiel est dans les mains d’Apo » [NDR : surnom d’Abdullah Öcalan,
leader emprisonné du PKK], le quotidien écrit : « Les résultats des élections partielles ont montré que l’AKP
perdrait face à un candidat commun de l’opposition. L’opposition est à la recherche d’un tel candidat pour les
présidentielles. Pour mettre en échec un tel scénario, l’AKP doit attirer les votes kurdes (…) pour franchir le
seuil de 50% » note le quotidien. Reprenant les déclarations du député d’Istanbul du HDP Sırrı Süreyya Önder,
Sözcü estime que le gouvernement a accéléré la vitesse des entretiens avec le « monstre d’Imralı » [NDR : le
leader emprisonné du PKK] et dénonce le début de « négociations politiques » avec celui-ci. Le quotidien publie
en première page une caricature sur laquelle A. Öcalan, positionné derrière un siège sur lequel s’apprête à
s’asseoir le Premier ministre Erdogan, dit « si je le tire, tu tombes. A toi de voir ! ». Le quotidien critique
également les forces de l’ordre qui interviennent contre les manifestants Gezi à l’Ouest du pays alors qu’elles
resteraient, selon le quotidien, les bras croisés face aux incidents dans le Sud-Est. Sous le titre « nous attendons
également que la ‘police qui écrit une épopée’ [NDR : allusion aux propos du Premier ministre saluant l’action
des forces de l’ordre pendant les manifestations Gezi l’année dernière] se rende sur les lieux », le quotidien
estime que les forces de l’ordre se contentent de regarder les « traitres excités au Sud-Est ».
L’éditorialiste Melih Aşık ironise dans le quotidien libéral Milliyet sur ce « succès des négociations » entre le
gouvernement et le PKK et regrette la passivité des forces de sécurité face aux actions de la mouvance kurde :
« dans le sud-est, le désordre commence à régner, les enfants sont enlevés pour le maquis, les routes sont
barrées, on ouvre le feu sur les militaires (…) comme dans la chanson ‘on regarde par la fenêtre’, les soldats
turcs regardent par la fenêtre tout ce qui se passe… Ils essaient de se protéger ». Le journaliste écrit : « il était
clair que le PKK voudrait obtenir de nouvelles concessions en augmentant les événements violents juste
avant l’élection présidentielle… le gouvernement a un peu traîné pour les concessions… Mais quand les
événements ont pris de l’ampleur, il a vu que cela ne pouvait continuer et il a retroussé les manches ».
Rapportant les déclarations de Beşir Atalay, M. Aşık semble ainsi déplorer la préparation par le gouvernement
d’une nouvelle feuille de route prévoyant le départ vers des pays tiers des combattants armés du PKK et des
facilités pour le retour au foyer des autres. « En résumé, les concessions d’İmralı [NDT : île-prison où est détenu
le leader du PKK, Abdullah Öcalan] sont présentées sous un paquet. Les mesures demandées pour assurer la
sérénité dans le sud-est ont été mises en place avant l’élection présidentielle. Pour résumer encore plus, un
grand Etat a préparé les nouvelles étapes vers la soumission à une organisation terroriste. Entretemps, si
vous demandez ce que fait le CHP… en se taisant, il soutient les concessions faites par l’AKP… Le CHP qui reste
debout avec les voix du courant ulusalcı [NDR : nationaliste kémaliste] est sur le point de se diviser. Ceux qui
détiennent ces votes ne se rendent pas compte de la situation… »
Le quotidien de l’opposition anti-kémaliste Taraf donne la parole à la coprésidente du DTK [NDR : Congrès du
peuple démocratique], Aysel Tuğluk qui critique la presse pour avoir « adopté à nouveau le langage de la
guerre, comme cela a été le cas dans les années 1990 ». Mme Tuğluk dément les allégations de provocation du
PKK qui aurait enlevé 12 ouvriers pour se servir de bouclier contre les soldats turcs (cf. revue de presse d’hier)
et déclare : « le peuple de Lice s’oppose à la construction de nouveaux postes militaires car ils sont contre la
guerre. Mais, la presse évoque cela d’une façon différente ». Taraf se fait également l’écho des propos du
président du Barreau de Diyarbakır Emin Aktar selon lequel, « la presse conserve encore son regard des années
1990 ». « Les kurdes deviennent des ‘terroristes’, des ‘diviseurs’ quand ils réagissent. Les médias utilisent le
langage qui arrange les affaires du gouvernement » déclare M. Aktar.
Le quotidien pro-gouvernemental Star consacre sa Une au drame des familles de mineurs « enlevés » par le PKK,
qui manifestent depuis plusieurs jours devant la mairie de Diyarbakır pour le retour de leurs enfants. Le
quotidien critique à son tour la municipalité prokurde qui, selon le quotidien, chercherait à faire taire ces
familles en les « chassant de la place » sous prétexte de travaux d’aménagement urbain.
Elections locales/ nouveau scrutin après invalidation des résultats dans certains départements :
Taraf consacre sa Une aux résultats des élections locales partielles du 1er juin (cf. revue de presse d’hier) et
titre « deux mises en garde pour Erdoğan ». Le quotidien estime que le modèle de « candidat commun » de
l’alliance CHP-MHP [NDR : parti kémaliste et extrême droite nationaliste] a fonctionné.
Sous le titre « l’AKP n’admet pas sa défaite », le quotidien de l’opposition kémaliste Cumhuriyet se fait l’écho
des propos du vice-président et porte-parole de l’AKP Hüseyin Çelik qui a évoqué une augmentation de 4,3% du
score de l’AKP lors du scrutin. H. Çelik critique le leader du MHP Devlet Bahçeli pour le soutien de son parti au
candidat CHP de Yalova et déclare : « le vrai perdant des élections est le MHP. Le parti de M. Bahçeli qui est à
la recherche d’un ‘candidat toit’ n’a pu devenir que le clou de ce toit ».
Le journaliste Ruşen Çakır analyse dans Vatan le résultat des élections locales partielles dans le département
d’Ağrı, remporté par le candidat du parti pro-kurde BDP Sırrı Sakık (cf. revue de presse d’hier). « C’est la ville à
l’Est où traditionnellement le mouvement politique kurde est le moins influent. Le BDP/HDP n’a perdu aucune
ville pendant les élections municipales. Il a même réussi à prendre à l’AKP des villes comme Mardin, Ağrı et
Bitlis. A l’exception d’Ardahan, Şanlıurfa, Muş et Bingöl, toutes les villes [NDR : de l’Est et du Sud-Est, régions
à fortes populations kurdes] sont passées sous le contrôle du BDP. Ce qui fait apparaître un terrain propice à la
mise en œuvre du concept, d’autonomie démocratique du mouvement politique kurde. Cela montre aussi que
malgré toutes les critiques le processus se poursuit et qu’il profite à la fois à l’AKP et au BDP », commente le
chroniqueur.
Les quotidiens reprennent les déclarations de Sırrı Sakık, nouveau maire d’Ağrı du parti prokurde HDP : « c’est
la paix qui a gagné, ceux qui ont été battus sont ceux qui sont opposés au processus de paix. Donc ceux
qui ont gagné sont ceux qui ont mené le processus de paix, à savoir le BDP, l’AKP et M. Öcalan. Donc, à
Ağrı, personne n’a perdu. M. le Premier ministre et la direction de l’AKP ne doivent pas considérer les
résultats comme une défaite ».
« Le Temps »
Islamo-libéral,
confrérie
Gülen,
(1 000 000 ex.)
« La liberté »,
Quotidien
de référence,
libéral
Groupe Doğan
(420 000 ex.)
« La
Nation »,
libéral,
groupe
Demirören
(187 000 ex.)
« Radical », Libéral
de gauche groupe
Doğan
(25 000 ex.)
« Le
soir »,
progouvernemental,
groupe
CengizLimak-Kolin
(100 000 ex.)
« Le
Porteparole »,
nationalokémaliste
(280 000 ex.)
« Info
turque »,
libéral
Groupe Ciner
(215 000 ex.)
Conservateur,
progouvernemental
(140 000 ex.)
«
L’agenda
libre »,
prokurde
Version anglaise de
Zaman
(11 000 ex.)
«
La
Patrie »,
libéral-nationaliste,
Groupe Demirören
(130 000 ex.)
« Parti pris »,
Opposition,
libérale,
antikémaliste,
(80 000 ex.)
« nouvelle aurore »,
islamoconservateur,
progouvernemental,
Groupe
Albayrak
(100 000 ex.)
« La République »,
opposition,
très
kémaliste
(50 000 ex.)
« Le
matin »,
progouvernemental,
groupe Çalık
(320 000 ex.)
Quotidien
Anglophone
Groupe Dogan
(5 000 ex.)
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