140610_Revue de la presse turque

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140610_Revue de la presse turque
10.06.2014
Service de presse de l’ambassade de France en Turquie
A LA UNE DES GRANDS QUOTIDIENS
De nombreux quotidiens se font l’écho en Une de l’indignation d’une large partie de l’opinion publique après qu’un
jeune manifestant kurde, s’introduisant dans l’enceinte d’une base militaire à Diyarbakir, est parvenu à y décrocher
le drapeau national. Les quotidiens reprennent les vives critiques du Premier ministre Erdoğan non seulement à
l’égard de l’auteur de l’incident mais également à l’égard des responsables militaires de la caserne. Sabah titre « Ils
vont en payer le prix » ; Milliyet : « le commandant en paiera également le prix ». Radikal consacre sa Une au
communiqué de l’Etat-major mettant l’accent sur l’importance « d’agir avec sang-froid » dans ce genre de situation.
Les quotidiens évoquent la visite officielle en Turquie du président iranien Hassan Rohani et s’intéressent
essentiellement à son aspect commercial. Evoquant le souhait des deux pays de doubler le volume de leurs échanges
commerciaux, Milliyet et Radikal titrent « l’objectif avec l’Iran, c’est 30 milliard de dollars ».
=== A l’agenda ===
Suite de la visite officielle en Turquie du président iranien Hassan Rohani.
Visite en Serbie du ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoğlu. Entretiens avec le président serbe Tomislav
Nikolic, avec le Premier ministre Alexandre Vucic et le ministre des Affaires étrangères Ivica Dacic.
Visite en Monténégro du ministre des Affaires européennes Mevlüt Çavuşoğlu.
Visite de travail aux Etats-Unis de l’ambassadeur Feridun H. Sinirlioğlu, sous-secrétaire du ministère des Affaires
étrangères.
I. POLITIQUE INTÉRIEURE
Question kurde : alors que la tension s’accroissait depuis plusieurs jours dans la sous-préfecture de Lice du
département de Diyarbakır (cf. revues de presse des derniers jours), les forces de sécurité ont ouvert le feu
samedi sur des manifestants kurdes protestant contre les travaux de construction d’un nouveau poste de
sécurité. Deux personnes sont décédées (deux hommes de 24 et 50 ans) et plusieurs autres ont été grièvement
blessées. Dimanche, jour des funérailles des deux manifestants, a été marqué par de nombreuses et violentes
manifestations dans les régions du Sud-Est mais également dans les quartiers à fortes population kurde des
grandes agglomérations (en particulier à Istanbul). Le quotidien pro-kurde Özgür Gündem appelait hier en Une
au « soulèvement contre le massacre » en écho à un communiqué du KCK [NDR : organisation urbaine du PKK]
appelant à des « manifestations massives et radicales » « contre le fascisme de l’AKP ». Sous le titre « le feu de
Lice met le feu dans toutes les villes », Milliyet se fait l’écho aujourd’hui de nouvelles manifestations kurdes à
Diyarbakır, Izmir, Tunceli, Kocaeli, Bolu, Ağrı, Şırnak ainsi qu’à Van pour protester contre le décès des deux
manifestants.
C’est dans ce contexte déjà tendu qu’un nouvel incident est venu indigner une large partie de l’opinion
publique. En effet, un jeune manifestant kurde, s’introduisant dans l’enceinte d’une base militaire à
Diyarbakir, est parvenu à y décrocher le drapeau national sous les objectifs des caméras et appareils
photographiques des journalistes. Un grand nombre de quotidiens évoquent en Une ce nouvel incident.
Les quotidiens reprennent la réaction du Premier ministre Erdoğan à cet incident : « si un enfant se permet de
décrocher le drapeau sacré, il en paiera le prix. Peu importe qu’il s’agisse d’un enfant. Ceux qui l’ont envoyé
sur les lieux et lui-même vont en payer le prix. Les militaires en charge sur les lieux, le commandant, tous vont
en payer le prix. Mon ministre de l’Intérieur a immédiatement ouvert une enquête à ce sujet. Bien
évidemment, le commandant responsable là-bas fait également objet d’une enquête. (…) Sachez que tous ces
incidents visent à mettre un terme au processus de résolution [de la question kurde]. Ce sont actions
menées contre le processus de résolution. Nous devons, le peuple entier, nous tenir droit. Barrer des routes est
un comportement de brigand et de terroriste » [NDR : pendant plusieurs jours des manifestants kurdes ont
bloqué une route pour empêcher le bon déroulement de travaux de construction d’un nouveau poste de sécurité
dans la sous-préfecture de Lice. C’est lors de l’intervention des forces de sécurité turques pour mettre un terme
à ce blocage que deux manifestants ont été tués par balle].
De nombreux quotidiens font état du communiqué de l’Etat-major suite à l’incident du drapeau : soulignant la
nécessité de garder son « sang-froid » lors de tels incidents, l’abaissement du drapeau national est qualifié de
«provocation (…) visant à provoquer des pertes civiles pour servir d’appui à d’autres manifestations de masse ».
Radikal titre en Une « nous avons réagi avec sang-froid » en écho au communiqué.
Les quotidiens indiquent que suite au décès de deux manifestants à Lice, une nouvelle délégation kurde s’est
rendue hier à sur l’île prison d’Imralı où est détenu le leader du PKK Abdullah Öcalan. Selon Milliyet, lors de la
rencontre de la délégation composée, comme à l’habitude, des deux vice-présidents du groupe parlementaire du
HDP, Pervin Buldan et Idris Baluken et du vice-président du parti Sırrı Süreyya Önder, A. Öcalan a appelé « les
deux parties [NDR : l’Etat turc et le PKK] à respecter le cessez-le-feu ». Le leader du PKK a également fait
passer le message suivant à la délégation : « nos espoirs dans le processus de résolution se sont transformés en
travaux concrets pour la résolution. Les deux parties doivent enquêter de leur côté sur l’affaire du drapeau et
doivent rendre public leurs résultats. Nous n’avons jamais eu et n’aurons jamais une attitude négative et
portant atteinte aux valeurs et aux symboles nationaux d’aucune nation ».
Suite à ces messages d’A. Öcalan, le PKK a également publié un communiqué, par lequel il tient le
gouvernement responsable de la montée des tensions à Lice. En allusion à la visite de la délégation kurde à
Imralı, le PKK déclare : « bien évidemment, la visite à Imralı, suite aux incidents à Lice est importante. Mais
Imralı n’est pas le lieu pour prévenir des massacres similaires à celui de Lice ». Le PKK réitère son appel à
une amélioration des conditions de détention d’Abdullah Öcalan pour qu’il soit placé en mesure de faire avancer
le processus de résolution : « les clôtures d’Imralı doivent dorénavant être mises en pièces pour que les
conditions de travail libre, les conditions de santé et de sécurité d’A. Öcalan soient établies. Si ces conditions
ne sont pas réalisées, alors les visites de temps à autres de délégations de trois personnes du HDP à Imralı
ne seront suffisantes pour résolution aucun problème, quel qu’il soit ».
Le quotidien pro-kurde Özgür Gündem qui titre en Une « piège de l’AKP » considère que « l’AKP et Erdoğan ont
tendu un piège aux demandes démocratiques et au processus [de résolution]. Erdoğan, qui répond par des
massacres à la recherche de la paix du peuple kurde, fait des plans pour réprimer avec ce piège le mouvement
de la liberté kurde et de résistance démocratique du peuple. Le peuple qui s’oppose au massacre de Lice,
commis dans le cadre des plans B et C du Premier ministre (cf. revue de presse du 30 mai), est passé à l’action
au Kurdistan et en Turquie. Alors qu’il est apparu qu’un piège avait été placé sur le chemin du peuple à Lice
par l’armée, des centaines de milliers de personnes déjouent le piège par la résistance et demandent des
comptes ». Le quotidien pro-kurde rapporte non seulement les déclarations d’Abdullah Öcalan mais
également la position du PKK sous le titre « PKK : ‘la seule voie c’est la résistance’ ». Le quotidien indique
que « le PKK appelle toutes les forces démocratiques à résister à l’AKP. Le KCK [NDR : structure à volonté
paraétatique que le PKK met en place dans les régions du Sud-Est], de son côté, appelle le peuple à poursuivre
la résistance jusqu’à ce que des mesures soient adoptées. (…) Le comité exécutif du PKK a indiqué que l’AKP
était responsable du massacre de Lice (…) Le PKK, qui souligne qu’il n’y a pas d’autre moyen que la
résistance aux actions fascistes d’Erdoğan et de l’AKP, a appelé toutes les forces démocratiques à la
grande victoire de la résistance ».
Le conseiller du Premier ministre et député AKP d'Ankara Yalçın Akdoğan a qualifié les récents incidents de
« provocations visant à endommager le soutien du peuple au processus de résolution ». Il critique
également le PKK en raison de son communiqué qui « jette à la poubelle l’appel d’Öcalan à ne pas céder aux
provocations ». Le président Gül a appelé à s’abstenir de tout « acte provocateur » : « le drapeau est notre
symbole à nous tous. Les attaques et les sales provocations ne parviendront pas à leurs buts ». Le vice-Premier
ministre et porte-parole du gouvernement Bülent Arınç qualifie cet acte « d’infâme » : « personne ne peut
mettre le gouvernement à genoux ».
Le leader du CHP Kemal Kılıçdaroğlu a quant à lui déclaré : « nous ne pourrons jamais accepter un mouvement
qui décroche le drapeau turc. Ce drapeau nous est commun à tous. C’est le sang de nos grands-pères qui donne
sa couleur rouge à notre drapeau. Le drapeau ne doit pas être instrumentalisé pour faire de la politique ».
Sous le titre « le but [du PKK] est de liquider Öcalan », Yeni Şafak écrit en page intérieure que « les
manifestations qui ont débuté suite aux événements de Lice sont attisés par Kandil [NDR : base arrière et siège
de la direction du PKK dans le Nord de l’Irak] malgré les avertissements d’İmralı [NDR : d’Abdullah Öcalan]. Le
réel objectif des manifestations est de liquider Öcalan dans le processus de résolution ».
Le quotidien de la confrérie Gülen Zaman écrit quant à lui : « dans la situation actuelle, Öcalan joue le rôle
du bon policier. Kandil [NDR : base arrière et siège de la direction du PKK dans le Nord de l’Irak], celui du
mauvais. Alors que d’un côté, les négociations se poursuivent, l’organisation [terroriste] dit, au moyen de
manifestations, qu’elle a le contrôle des points de passage. Cette attitude permet de maintenir active sa base.
Ce qu’ils veulent que le gouvernement fasse et qui est le plus important apparaît ici. Même si une série de
demandes est énumérée, la plus importante attente stratégique est l’autonomie. Le PKK attend avec
impatience le jour où lui sera laissé le contrôle de la région (…) le Premier ministre a besoin des voix du BDP
pour accéder au palais présidentiel. İmralı et Kandil qui se rendent compte de cela tentent toutes les voies
pour atteindre leur objectif avant le 10 août [NDT: date du premier tour de l’élection présidentielle] ».
Le quotidien kémaliste Cumhuriyet titre en Une « le processus, pris entre l’étau de la provocation et de
l’élection [NDT : présidentielle] » et renvoie dos à dos « l’AKP, par calcul électoral et le PKK, par volonté
d’obtenir des concessions, ont entraîné le pays au seuil de la tourmente ». Le journal reproche au
gouvernement son « manque de transparence » sur le processus de résolution et son double langage. En effet,
selon le quotidien, le gouvernement prendrait d’une part pour cible le PKK et le HDP-BDP afin de ne pas paraître
« marchander » avec la mouvance kurde mais s’apprêterait d’autre part à faire voter une loi permettant à des
hommes politiques, à des ONG de rencontrer légalement le leader du PKK Abdullah Öcalan.
Le quotidien nationalo-kémaliste Sözcü titre en Une « la nation ne vous pardonnera pas » et, sous une
photographie du Premier ministre Erdoğan avec le chef d’état-major Necdet Özel « le PKK a descendu notre
drapeau et ces messieurs ont observé ». « Tout cela parce que Tayyip veut se faire élire président de la
République et que le général Özel veut lui faire plaisir, ils ont digéré l’attaque contre notre drapeau qui est
l’honneur de la Turquie », renchérit le journal. Le quotidien dénonce l’action du Premier ministre qui, selon lui,
« non seulement bride l’action de l’armée [NDR : contre le PKK] mais lui fait porter ensuite le chapeau [NDR :
des incidents, le journal rappelant la réaction du Premier ministre qui a déclaré que les responsables militaires
de la base dans laquelle le drapeau a été abaissé en paieront le prix]».
L’éditorialiste Nihat Ali Özcan estime dans Milliyet que par les incidents à Lice le PKK veut faire la preuve de sa
« détermination » et de l’ampleur des « prix qu’il est capable de faire payer au peuple et au gouvernement ».
M. Özcan considère que le PKK mène une « stratégie d’usure » qui le renforcera pour convaincre le
gouvernement du sérieux de ses futures menaces. « Bien que le PKK soit physiquement faible, le gouvernement
a des doutes sur des opérations [militaires], et craint l’incohérence avec ses discours de ‘processus de
résolution et de paix’. Le PKK, qui se rend compte des faibles coûts de ce genre d’actions, renforce son espoir
de parvenir à ses buts. Le PKK teste la résistance du gouvernement AKP à cette ‘stratégie d’usure’ en
s’appuyant sur l’élection présidentielle qui approche » estime l’éditorialiste.
II. POLITIQUE ETRANGERE
Visite en Turquie du président iranien Rohani : la visite officielle en Turquie du président iranien
« première rencontre entre les présidents [turc et iranien] depuis 18 ans » est évoquée en première page de
nombreux quotidiens. Ces derniers se font l’écho de la volonté des dirigeants des deux pays de doubler le
volume des échanges commerciaux bilatéraux pour parvenir à un volume d’échanges de 30 milliards de dollars.
Selon Radikal, trois sujets ont marqué les entretiens entre les deux présidents : 1/ la volonté d’augmenter le
volume des échanges commerciaux 2/ la recherche de possibilités de transactions bancaires avec les banques
turques en dehors de la Halkbank [NDR : banque d’Etat, déjà en contact avec les milieux d’affaires iraniens] ; et
3/ les négociations pour une éventuelle réduction du prix d’achat du gaz iranien. Taraf évoque « un
débarquement » en allusion à la forte délégation accompagnant le président iranien.
Le quotidien pro-gouvernemental Sabah se montre très positif et titre « de nouveau une nouvelle page avec
l’Iran ». Le quotidien de référence Hürriyet se fait l’écho des propos du président Gül qui souhaite
l’amélioration des relations entre les deux pays par l’augmentation du nombre des accords commerciaux :
« nous pouvons devenir comme l’Allemagne et la France ». Le quotidien de l’opposition kémaliste Cumhuriyet
« s’étonne » quant à lui de l’appel du président iranien à « un islam modéré ». Selon le quotidien, le président
iranien aurait prôné « une coopération avec la Turquie pour la promotion de l’islam modéré » et le président
Gül aurait appuyé cette proposition.
« Le Temps »
Islamo-libéral,
confrérie Gülen,
(1 000 000 ex.)
« La liberté »,
Quotidien
de référence,
libéral
Groupe Doğan
(420 000 ex.)
« La Nation »,
libéral, groupe
Demirören
(187 000 ex.)
« Radical », Libéral
de gauche groupe
Doğan
(25 000 ex.)
« Le soir »,
progouvernemental,
groupe CengizLimak-Kolin
(100 000 ex.)
« Le Porteparole »,
nationalokémaliste
(280 000 ex.)
« Info turque »,
libéral
Groupe Bilgin
(215 000 ex.)
Conservateur,
progouvernemental
(140 000 ex.)
« L’agenda
libre »,
prokurde
Version anglaise de
Zaman
(11 000 ex.)
« La Patrie »,
libéral-nationaliste,
Groupe Demirören
(130 000 ex.)
« Parti pris »,
Opposition,
libérale,
antikémaliste,
(80 000 ex.)
« nouvelle aurore »,
islamoconservateur,
progouvernemental,
Groupe Albayrak
(100 000 ex.)
« La République »,
opposition, très
kémaliste
(50 000 ex.)
« Le matin »,
progouvernemental,
groupe Çalık
(320 000 ex.)
Quotidien
Anglophone
Groupe Dogan
(5 000 ex.)

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