Jugement du 24 janvier 2008
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Jugement du 24 janvier 2008
L e s f i c h e s d e j u r i s p r u d e n c e d ’ e J u r i s . b e : Im m o b i l i e r – F i s c a l i t é – U r b a n i s m e - C o p r o p r i é t é – C o n s t r u c t i o n Droit de la construction Expertise n° 146 Les fiches de Jurisprudence de www.eJuris.be Tribunal civil de Bruxelles, Jugement du 24 janvier 2008 L'usage se répand de dispenser le juge d'assister à la réunion d'installation de l'expertise qu'il ordonne. Il y va d'une question d'efficacité et de la nécessité de préserver sa neutralité. Lorsque l'expertise est ordonnée d'office, cette dispense n'a pas à recueillir l'accord des parties dès lors que la tenue de la réunion d'installation - qui ne pourrait avoir lieu qu'en audience - serait contraire à leur intérêt compte tenu de l'arriéré judiciaire aggravé par les réformes récentes. (JT 2008, p. 392) Jugement du 24 janvier 2008 Le Tribunal, (…) 1. Objet. Attendu que par sa requête et ses conclusions précitées, l'appelant sollicite la réformation du jugement prononcé le 8 mars 2007 par le juge de paix du premier canton de Bruxelles, qui avait déclaré irrecevable son opposition à un précédent jugement; Que, par la suite, et ayant eu des difficultés à obtenir satisfaction, M. Horvelin fit procéder à une saisie du bien, et un notaire fut désigné pour procéder aux opérations de vente; Que, de son côté, M. Bagdhady fit opposition au jugement le 20 novembre 2006, alors qu'il lui avait été signifié le 16 mars précédent; qu'il plaida la force majeure pour échapper à l'irrecevabilité de son recours, mais qu'il ne fut pas suivi par le magistrat cantonal (encore qu'il y ait une contradiction entre les motifs et le dispositif, les premiers admettant l'irrecevabilité et le second déclarant l'opposition recevable mais non fondée); 3. Discussion. Que Me Leclerc, agissant en qualité d'administrateur provisoire de l'appelant, est intervenu volontairement à la cause; qu'il y a lieu de lui en donner acte; Attendu que personne ne conteste que la force majeure puisse empêcher un justiciable d'introduire un recours dans le délai légal; 2. Les faits et la procédure antérieure. Qu'en l'espèce, et par-delà les circonstances de fait sur lesquelles l'appelant s'étend, son administrateur provisoire excipe du mauvais état de santé mentale de son protégé pour appuyer la demande de celui-ci; Attendu que M. Bagdhady (appelant) acheta en vente publique un immeuble sis rue des Chapeliers, 22-24 à Bruxelles, qui appartenait à une société déclarée en faillite; que se trouvait encore dans les lieux M. Horvelin, actionnaire et administrateur de la société faillie; Que pour des motifs qu'il serait prématuré d'aborder car ils sont au cœur des débats - il fut expulsé.par la poliœ à la suite d'une plainte déposée par le nouveau propriétaire; qu'il saisit alors la justice de paix et obtint un jugement par défaut, aux termes duquel M. Bagdhady fut condamné à lui payer une indemnité de résolution (car un bail aurait existé), ainsi qu'à lui donner accès à l'immeuble pour qu'il pût y récupérer ses effets personnels; qu'une astreinte fut aussi prononcée; Qu'ainsi, il produit deux certificats médicaux, celui sur lequel le juge de paix du canton d'Uccle se fonda pour le désigner, et celui qui précise que les troubles existaient déjà le 1er janvier 2006; Attendu que le premier document fut rédigé par le docteur Evelyne Peeters, neuropsychiatre, le 21 août 2007; que ce médecin précisa avoir examiné M. Bagdhady la veille et avoir constaté une paranoïa qui nécessitait une prise en charge définitive et partielle pour ce qui concerne l'administration des biens; que le 5 décembre 2007 fut rédigé le second certificat, dans lequel la neuropsychiatre exposa qu'elle n'avait pu rencontrer M. Bagdhady; L e s f i c h e s d e j u r i s p r u d e n c e d ’ e J u r i s . b e : Im m o b i l i e r – F i s c a l i t é – U r b a n i s m e - C o p r o p r i é t é – C o n s t r u c t i o n Droit de la construction Les fiches de Jurisprudence de www.eJuris.be Expertise n° 146 Qu'elle reprit entièrement le texte du certificat du 21 août en ajoutant simplement, au début: « il y a tout lieu d'estimer que cette personne n'est plus apte à gérer ses biens depuis le 1 er janvier 2006 ; Attendu que le tribunal ne peut se contenter de cette appréciation, dont les fondements ne sont pas expliqués; que s'il est indéniable que M. Bagdhady souffre d'un problème - son attitude à l'audience l'ayant démontré - et que s'il est vraisemblable que ce genre de pathologie n'a sans doute 'pas fait son apparition brusquement, il faudrait avoir davantage d'éléments pour affirmer qu'elle existait déjà le 1 er janvier 2006 et qu'elle altérait son discernement au point d'avoir entraîné les problèmes qu'il connaît aujourd'hui (pas de domicile fixe, pas de relevé du courrier, ignorance du procès, ete.); Que l'absence de contradiction dans l'établissement des certificats ayant été soulevée de part adverse, il s'impose de recourir à une expertise contradictoire, dans la mesure du possible; Attendu qu'en principe l'expertise doit à présent s'ouvrir par une réunion d'installation à laquelle prennent part les magistrats; Que l'usage s'est toutefois rapidement répandu de les en dispenser, à la fois pour une question d'efficacité et pour qu'ils conservent toute leur neutralité dans le litige; qu'en l'espèce, la mesure étant décidée d'office, sans qu'il en eût été question à l'audience, la dispense n'a pu être ni sollicitée ni donnée spontanément par les conseils des parties; Que, néanmoins, il n'y aura pas lieu de procéder à l'installation prévue par le Code; Qu'en effet, la réunion ne pourrait avoir lieu que pendant une audience, ce qui retarderait sérieusement le début des travaux d'expertise, la loi du 26 avril 2007 modifiant le Code judiciaire en vue de lutter contre l'arriéré judiciaire ayant eu pour conséquence, avec la suppression des listes d'attente, d'aggraver notablement l'arriéré; qu'ainsi, le délai d'attente pour plaider devant la chambre de céans est-il passé de quatre à neuf ou dix mois; que, par conséquent, la réunion d'installation ne pourrait avoir lieu qu'en novembre 2008, ce qui serait contraire à l'intérêt des parties; (…)