Dossier Toomelah

Transcription

Dossier Toomelah
Toomelah
Ivan Sen
Fiction, Australie, 2011, 98’
Toomelah est une communauté aborigène d’environ 300 personnes Gamilaroi au Nord-Ouest de la
Nouvelle-Galles du Sud. Les habitants coupés de leurs racines et de leur propre identité y vivent
isolés dans des conditions de vie assez difficiles.
Au sein de cette micro-société, Daniel, 10 ans, tente de trouver son chemin. Sa mère est toxicomane,
son père alcoolique, il est le plus souvent livré à lui même.
Au lieu d’aller à l’école, il préfère se joindre à un chef de gang local qui lui porte un peu d'attention et
pour le compte de ce dernier, il est prêt à faire n’importe quelle bêtise.
Le retour de prison d’un autre chef de gang va bousculer l’échiquier, Daniel va une fois de plus se
retrouver seul.
Cela sera-t-il le déclic salutaire qui lui permettra de se tourner vers un futur meilleur?
En suivant le parcours de Daniel, Ivan Sen nous laisse entrevoir le quotidien des aborigènes. Le film
explore les complexités entrelacées des problèmes auxquels la communauté de Toomelah est
confrontée. Mais tout cela ne nous est pas imposé. C’est à travers l’enfance et l’errance de Daniel que
les questions plus existentielles sont subtilement soulevées.
Thèmes : enfance, avenir des enfants au sein des communautés oubliées, drogue, violence, identité,
extinction culturelle et éducation.
Thématiques
Aborigènes d’Australie
1. DÉFINITION, Wikipédia
2. HISTOIRE, Wikipédia
3. DEMOGRAPHIE, Wikipédia
4. LA SITUATION ACTUELLE DES ENFANTS ABORIGENES,
Le scandale des enfants aborigènes, grands reporters.com
5. PROBLEMES LIES A LA DROGUE,
La répression des drogues illicites dans les régions éloignées de l'Australie par Judy Putt, Ph. D.
Australian Institute of Criminology
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Aborigènes d'Australie :
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aborigènes_d'Australie
Les Aborigènes d'Australie sont les premiers humains connus pour en avoir peuplé la partie
continentale. Ils constituent, avec les indigènes du détroit de Torrès, la population autochtone de cet
État océanien. Le mot commun aborigène désigne plus généralement celui dont les ancêtres sont les
premiers habitants connus de sa terre natale.
1. DEFINITION
Officiellement, du point de vue du gouvernement australien, le terme Aborigène désigne une personne
qui :
•
a des ancêtres aborigènes ;
•
s'identifie elle-même comme étant aborigène ;
•
est reconnue comme telle par sa communauté aborigène.
Les trois critères doivent être remplis. Officiellement, un terme tel que « en partie aborigène » ne veut
rien dire ; on est aborigène ou on ne l'est pas. La couleur de peau n'est pas un critère et certains
Aborigènes sont blancs en apparence, alors que certains de leurs ancêtres sont Noirs. La même
définition s'applique aux indigènes du détroit de Torrès.
2. HISTOIRE
2.1 Origines
L'Océanie, c'est-à-dire l'Australie et la Nouvelle-Guinée, n'ayant jamais été rattachées à l'Asie, il existe
plusieurs théories au sujet de leur origine. L’une d’elles avance qu’ils seraient venus de l'archipel
indonésien sur des embarcations par le nord via Timor il y a 40 000 ans. Une autre suggère qu’ils
seraient venus par un passage de basse mer entre la Nouvelle-Guinée (banc du Sahul) et l'Australie,
au moment où la masse immergée du continent était moins importante. Ces deux théories ne sont pas
exclusives et il est aussi possible que plusieurs vagues humaines soient arrivées à différents
moments ou en même temps en différents points géographiques du continent. L'isolement génétique
de la population par rapport aux autres populations d'Eurasie daterait d'il y a 50 000 ans.
Les preuves scientifiques et archéologiques démontrent que l’occupation humaine, selon le lieu
géographique du continent, date au maximum de 125 000 ans (date contestée), avec une moyenne
fixée à 40 000 ans environ. Depuis cette période, les Aborigènes ont développé en autarcie une
culture qui leur est propre. Le séquençage du génome d'un aborigène du début du xxe siècle montre
que les ancêtres des aborigènes seraient arrivé en Asie il y a environ 70 000 ans et seraient isolés en
Australie depuis 50 000 ans.
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2.2 Le temps du rêve :
Source : http://rocbo.chez-alice.fr/clio/monde/abo/generalites.htm
QUI SONT LES ABORIGÈNES ?
Les Aborigènes, premiers habitants du continent australien, seraient venu d'Asie du Sud-est il y a plus
de quarante mille ans, aurait colonisé tout le continent. Ils constituent l'une des plus anciennes
cultures existant actuellement dans le monde. Vivant de chasse et de cueillette, ce peuple a arpenté
durant des milliers d'années les déserts et les forêts, donnant naissance à une culture très riche "le
Temps du Rêve" où se mêlent présent et passé, rêve et réalité. Les différents groupes parlent environ
600 dialectes tous apparentés (regroupés en 200 langues distinctes et 25 familles linguistiques) et
possèdent de nombreuses formes d'art. Menacés d'extermination lors de la colonisation européenne,
ils sont tardivement reconnus citoyens australiens en 1967. Aujourd'hui, ils s'organisent pour
récupérer leurs terres et trouver un mode de vie qui allie leur culture et l'époque moderne.
DREAMTIME : LE TEMPS DU RÊVE
Les Aborigènes ont une manière particulière de voir et sentir la terre où ils vivent et les nombreux
groupes partagent la conception du "Dreamtime". Cette expression d'origine européenne, adoptée par
les Aborigènes, renvoie à la création ou genèse du monde. Le Temps du Rêve débute sous l'action
d'un Créateur des Nombreuses Choses, souvent appelé Baiame. Il fit venir sur la Terre des Ancêtres,
capables de changer de forme, qui donnèrent vie à la plaine stérile et plate. La religion, la culture et le
mode de vie des Aborigènes sont fortement imprégnés par le Temps du Rêve et les récits de la
Création.
RÉCIT DE LA CRÉATION
Chaque événement vécu par les Ancêtres du Temps du Rêve changeait la forme même du paysage.
Ainsi, le Serpent Arc-en-Ciel punissait ,en les noyant, les gens ou les animaux qui effectuaient des
actes tabous créant ainsi des baies et des rivières à moins qu'il ne les avale et recrache leurs os pour
former des rochers et des collines. Des aventures des Ancêtres, naissèrent collines, plantes et
animaux, soleil, lune et étoiles. Leur travail achevé, les Ancêtres se transformèrent à nouveau en
animaux, en étoiles ou autres objets puis se retiraient après avoir enseigné à leurs groupes comment
accomplir les cérémonies secrètes. Pour les Aborigènes, les Ancêtres demeurent présents sous les
formes qu'ils ont revêtues à la fin du Temps du Rêve.
HISTOIRES SACRÉES
Chaque groupe a ses propres récits de la Création, appellés «Rêves» qui parlent de leur terre
d'habitation. Ces histoires, louant les actes et les exploits des Ancêtres créateurs, sont sacrées et sont
racontées aux seuls membres de la communauté.
COMMENT SE TRANSMET LE RÊVE ?
Dans un groupe, les Anciens peuvent nommer, «gardien» des Rêves, un conteur particulièrement
habile et disposant de nombreuses connaissances. Les Anciens racontent les Rêves en différentes
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circonstances : rituels d'initiation, rassemblements autour d'un feu de camp ou du croisement d'un
point marquant du paysage.
FONCTION DU RÊVE DANS LA SOCIÉTÉ
Aujourd'hui, les anciens sont prêts à diffuser les récits aussi largement que possible car cela fait partie
de l'effort global destiné à la construction et au maintien de l'identité des jeunes. Les récits expliquent
le passé et aident les jeunes Aborigènes à conserver de la dignité et du respect pour le présent. Ainsi,
dès le plus jeune âge, les histoires racontées jouent un rôle très important dans l'éducation des
enfants. Elles aident à expliquer comment la terre fut formée et habitée et procurent également des
enseignements sur la manière de se comporter. D'une manière générale, les Aborigènes racontent
ces histoires afin de maintenir leur culture vivante. Lorsque les enfants deviennent de jeunes adultes,
davantage d'histoire et de culture leur est révélée. Ensuite, à leur tour, ils prennent la responsabilité
de transmettre, les Rêves aux générations suivantes. C'est ainsi que le Temps du Rêve a été transmis
pendant des milliers années.
EXPRESSION DANS LA PEINTURE
L'art occupe une place centrale dans la vie des Aborigènes d'Australie. Remontant à plus de 40 000
ans, époque des peintures pariétales, l'art aborigène a une signification spirituelle, car il représente
différentes parties de l'histoire de la création. La peinture permet à cette civilisation, de tradition
principalement orale, de garder les traces du passé tout en transmettant le souvenir du Temps du
Rêve. Elle perpétue des traditions ancestrales, relie le présent au passé et maintient les racines
culturelles des Aborigènes. Les peintures aborigènes représentent la plus ancienne tradition artistique
encore vivante dans le monde. Inspirées des peintures rituelles réalisées à l'origine sur le sable, la
peinture sur écorce et la peinture sur toile sont caractéristiques de la culture.
d'après Chantal Bacon et Claire Pillet
lire aussi : Tjukurpa, le temps du rêve : Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Temps_du_rêve
2.3 Période de la colonisation britannique :
Source : extraits de : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aborigènes_d'Australie
En 1770, Le lieutenant James Cook « prend possession » des deux tiers de l’Australie pour la
Grande-Bretagne contre les ordres du roi George III stipulant qu’il doit d’abord conclure un traité avec
la population indigène. Londres déclarant que l’Australie est inoccupée (voir Terra nullius) permet
l’établissement d’une colonie pénitentiaire. Cook a noté ses impressions sur les Aborigènes de
Nouvelle-Hollande dans son journal : « en réalité ils sont bien plus heureux que nous les Européens…
Ils vivent dans la tranquillité qui n'est pas troublée par l'inégalité de la condition. La terre et la mer leur
fournissent toutes les choses nécessaires pour vivre… Ils vivent dans un climat agréable et ont un air
très sain… ils n'ont aucune abondance ».
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En 1788, le First Fleet des colons britanniques arrive à Sydney. Le premier gouverneur, Arthur Phillip,
a été chargé d'établir des rapports avec les Aborigènes et de vivre dans l'amitié et la bonté avec eux
mais les maladies européennes, l'alcool et l'expansion coloniale ont rapidement exercé un effet
destructif sur la population indigène.
En 1790, Pemulwuy, un Aborigène membre du peuple bidjigal, tue le colon John McIntyre, qu'il
accusait d'avoir tué des Aborigènes. À partir de 1792, il mène des attaques répétées contre des
colons. Il est finalement abattu en 1802. Sa tête est tranchée et envoyée à Londres, accompagnée
d'une lettre du gouverneur Philip King soulignant sa bravoure. Il reste une figure emblématique de la
résistance aborigène à la colonisation britannique de l'Australie.
La politique du gouverneur Lachlan Macquarie vis-à-vis des Aborigènes montre sa conscience
humanitaire : il fait aménager une école pour leurs enfants; un village et une ferme indigène pour la
tribu de Sydney et organise une réunion annuelle pour eux à Parramatta. Il accorde des Ordres du
mérite à leurs chefs mais quand les indigènes montrent des signes d'hostilité, il organise un
commando militaire pour les châtier.
Les Anglais traversent les Blue Mountains et entrent sur le territoire des Wiradjuri en 1813 et un conflit
s'ensuit. Windradyne, un guerrier wiradjuri mène la résistance contre les colons blancs, avant de
chercher à faire la paix avec le gouverneur.
En 1803, des colons britanniques quittent la Nouvelle-Galles du Sud pour s’établir sur la Terre Van
Diemen (aujourd’hui la Tasmanie) qui devient une colonie séparée en 1826 et où habitent
6 000 Aborigènes. ??
En 1828, la loi martiale est déclarée dans la colonie par suite de conflits entre des colons britanniques
et des Aborigènes. George Augustus Robinson est envoyé sur l'île pour essayer d'y ramener la paix
aidé par Truganini, une femme aborigène avec qui il se lie d'amitié. Les Aborigènes sont envoyés sur
l'île de Flinders où on leur promet logement, nourriture et sécurité en attendant que le calme revienne.
Malheureusement, beaucoup meurent de maladies importées par les Européens et les survivants ne
seront jamais autorisés à retourner dans leur pays.
L'histoire des relations interraciales en Tasmanie demeure sujet de controverse pour les historiens
mais on sait qu'au moins 307 personnes sont mortes de violences de 1803 à 1834. Les plus violentes
attaques de hors-la-loi, les bushrangers, ont lieu dans le Pays de van Diemen. Des centaines de
bagnards sont en liberté dans le bush, des fermes sont abandonnées par les colons et la loi martiale
proclamée. Un hors-la-loi aborigène Musquito (originaire de Sydney) défie les autorités coloniales et
mène des attaques contre des colons avant d'être arrêté et pendu. Charles Darwin visite Hobart en
1836. Il note une succession récente des « vols, d'incendies et de meurtres par les noirs » s'était
achevée par leur envoi en exil mais on pouvait trouver l'origine des violences dans la « conduite
infâme » de quelques compatriotes anglais.
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Au cours du xixe siècle, les Européens prennent le contrôle de la plupart des régions du pays.
Beaucoup d'Aborigènes ont été poussés dans des missions et des réserves. Mais l'échange culturel
n'était pas unilatéral: en 2004, Germaine Greer a écrit que la culture indigène a sensiblement affecté
le développement de la culture australienne. Greer a pu voir des origines indigènes dans beaucoup
d'aspects caractéristiques de la culture australienne: l'égalitarisme et la réticence intrinsèque des
Australiens; l'importance de la capacité à raconter une histoire; l'intonation et le vocabulaire anglais
australien.
Le rôle de Protecteur des Aborigènes est issu d'une recommandation du rapport de la commission
spéciale de la Chambre des communes du Royaume-Uni. Le 31 janvier 1838, Charles Grant,
Secrétaire d'État à la guerre et aux colonies, envoie le rapport au gouverneur George Gipps. Le
rapport recommandait l'engagement de Chefs protecteurs des Aborigènes. Ces derniers devraient
apprendre les langues aborigènes d'Australie et leur travail consisterait à veiller aux droits des
Aborigènes, à les protéger contre la spoliation de leur territoire et contre tout acte de cruauté,
d'oppression et d'injustice. Le Protectorat de Port Phillip est mis en place avec George Augustus
Robinson comme Chef Protecteur et quatre Protecteurs à temps plein.
Bien qu'au départ le but était la défense des Aborigènes, en particulier dans les zones reculées, il fut
suggéré que le rôle de Protecteur inclue un contrôle social. Ce contrôle ira jusqu'à déterminer quels
individus peuvent se marier, où ils doivent résider, ainsi que la mainmise sur la gestion de leurs
moyens financiers.
La fonction de Protecteur des Aborigènes fut abolie dans les années 1970.
Les colonies australiennes sont devenues autonomes dans les années 1850. Des hommes ont été
autorisés à voter en Australie-Méridionale en 1856 ; à Victoria en 1857 ; en Nouvelle-Galles du Sud
en 1858, et en Tasmanie en 1896. Ceci a inclus des indigènes mais ils n'ont pas été encouragés à
s'inscrire pour voter. Le Queensland a gagné l'autonomie en 1859 et l'Australie occidentale en 1890,
mais ces colonies ont refusé à des indigènes toute voix. Toutes les femmes adultes en AustralieMéridionale, y compris les femmes indigènes, ont gagné le droit de voter en 1895.
2.4 Résistance face à la colonisation
Les réactions des Aborigènes à l'arrivée soudaine des colons britanniques furent variées, mais
inévitablement hostiles lorsque la présence des colons généra une compétition pour des ressources
naturelles vitales et l'occupation par les Britanniques de terres aborigènes. Selon l'historien Geoffrey
Blainey, pendant la colonisation de l'Australie : « dans mille endroits d'isolement il y avait les décès
occasionnelles par le pistolet et la lance. Encore plus mauvais, variole, rougeole, grippe et d'autres
nouvelles maladies balayés de l'une communauté indigène à l'autre… Le conquérant principal des
aborigènes était la maladie et son allié, démoralisation. »
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Les maladies européennes tuèrent des Aborigènes en grand nombre et l'occupation de terres,
accompagnée de l'accaparement ou de la destruction de ressources alimentaires, provoqua des
famines. À l'inverse de la Nouvelle-Zélande, où le traité de Waitangi fut perçu comme une légitimation
de la colonisation britannique, aucun traité ne fut signé avec les Aborigènes, qui n'autorisèrent jamais
la colonisation. Depuis les années 1980, l'emploi du terme « invasion » pour décrire la colonisation de
l'Australie se généralise, tout en demeurant controversé. L'historien Henry Reynolds a souligné le fait
que les officiels gouvernementaux ainsi que les colons employaient fréquemment, aux xviiie et
xixe siècles, des mots tels qu' « invasion » et « guerre » pour décrire leur présence et leurs relations
avec les Australiens autochtones. Dans son livre The Other Side of the Frontier (De l'autre côté de la
frontière), Reynolds décrit en détail la résistance armée des peuples aborigènes, au moyen de
guérillas, face à l'intrusion blanche sur leurs terres. Cette résistance, débutant au xviiie siècle, se
poursuivit jusqu'au début du XXe.
Lors des premiers temps de la colonisation, David Collins, secrétaire du gouverneur de la colonie de
Sydney, écrivit au sujet des Aborigènes :
« Tant qu'ils penseront que nous les avons dépossédés de leurs terres, ils nous considéreront comme
leurs ennemis et, partant de ce principe, ils ont attaqué les personnes blanches à chaque fois qu'il leur
était possible de le faire. »
En 1847, le barrister E.W. Landor déclara : « Nous nous sommes emparés de ce pays, nous avons
abattu ses habitants, jusqu'à ce que les survivants aient jugé sage de se soumettre à notre autorité.
Nous nous sommes comportés tel Jules César lorsqu'il prit possession de la Grande Bretagne. »
Dans la plupart des cas, affirme Reynolds, les Aborigènes commencèrent par résister à la présence
britannique. Un colon écrivit dans une lettre au Launceston Advertiser en 1831 :
« Nous sommes en guerre contre eux ; ils nous considèrent comme des ennemis - des envahisseurs ;
ils considèrent que nous les opprimons et que nous les persécutons ; ils résistent à notre invasion. Ils
n'ont jamais été vaincus, et donc ils ne sont pas des sujets en rébellion, mais une nation injuriée, et ils
défendent, à leur manière, les possessions qui sont les leurs de droit et qui leur ont été arrachées par
la force. »
Reynolds cite de nombreux écrits de colons qui, lors de la première moitié du xixe siècle, se
décrivirent comme vivant en état de peur et même de terreur, ceci étant dû à des attaques
d'Aborigènes déterminés à les tuer ou à les chasser de leurs terres. Il suggère que la résistance
aborigène fut, du moins dans certains cas, temporairement une réussite; les massacres d'hommes, de
moutons et de vaches par des Aborigènes, qui mettaient également le feu aux maisons et aux
récoltes des Blancs, poussèrent certains colons à la faillite. La résistance aborigène continuait à la fin
du xixe siècle, et en 1881 l'éditeur du Queenslander écrivit :
« Ces quatre ou cinq dernières années, les destructions de vies humaines et de propriétés par des
Aborigènes se montent à un sérieux total. [...] [L]a colonisation des terres, le développement de
l'exploitation de minerais et d'autres ressources, ont été largement rendus impossibles par l'hostilité
des noirs, qui continue sans faiblir. »
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Reynolds affirme que la résistance aborigène continua pendant bien plus d'un siècle, démentant le
mythe d'une colonisation pacifique de l'Australie. Les colons, pour leur part, réagirent souvent à la
résistance aborigène avec une grande violence, ce qui mena à de nombreux massacres aveugles
d'hommes, de femmes et d'enfants aborigènes par des Blancs. Les massacres les plus tristement
célèbres du début du xixe siècle furent ceux de Pinjarra et de Myall Creek.
Comme ce fut souvent le cas, le massacre de Myall Creek n'a pas entraîné de condamnation de ses
auteurs, non en vertu de la loi coloniale qui ne faisait pas de distinction entre Blancs et Aborigènes,
mais parce que les jurés étaient des colons qui ne surent condamner des blancs. Après un deuxième
procès pour le meurtre d'un enfant dans la même affaire de Myall Creek, sept des meurtriers furent
reconnus coupables, condamnés à mort et exécutés par pendaison. Il s'agissait des premières
exécutions de Blancs pour des assassinats d'Aborigènes. Presque un siècle plus tard, lors de l'affaire
Dhakiyarr v le roi, un indigène faisait appel devant la Haute Cour d'Australie. Tuckiar (Dhakiyarr), un
homme Yolngu, avait été condamné pour le meurtre d'un policier dans le Territoire du Nord. Dans les
années 1930, le territoire Yolngu était un des derniers bastions de l'Australie indigène traditionnelle.
L'opinion publique soutenait le condamné car, à l'évidence, il avait protégé son épouse et la Haute
Cour annula la condamnation. Dhakiyarr disparut peu après son acquittement et on pense qu'il a été
assassiné.
Les années 1930 ont vu le commencement du mouvement moderne de droits civiques pour les
Aborigènes et l'apparition d'activistes comme sir Douglas Nicholls qui ont fait avancer les droits
indigènes par la loi établie par l'Australie blanche.
Parmi les Aborigènes célèbres qui résistèrent à la colonisation britannique, on peut citer Pemulwuy et
Yagan. En Tasmanie, la « Guerre noire » fut une guerre civile de la première moitié du xixe siècle.
2.5 xxe siècle
Les colonies australiennes ont voté pour se fédérer sous une constitution nationale en 1901. La
section 41 de la constitution a refusé le droit de vote au niveau fédéral aux Aborigènes à moins qu'ils
n'aient été inscrits sur les listes électorales des États. Quelques États ont permis aux Aborigènes de
voter et les autres non.
En 1904, la journaliste et anthropologue Daisy Bates fut nommée par le gouvernement d'AustralieOccidentale pour étudier les tribus de l'état. Figure controversée, elle mena une vie austère parmi les
Aborigènes vivant dans les camps des déserts et est devenu célèbre pour le travail d'assistance
qu'elle fournit- mais elle a décrit les aborigènes comme une race finie.
En 1938, à l'occasion du 150e anniversaire de la First Fleet, l'AAL organisa une manifestation appelée
« jour du Deuil » (Day of Mourning) et lança un appel pour les droits civiques des Aborigènes.
Le sport, le divertissement et l'armée étaient trois moyens pour les Aborigènes de l'époque d'être
acceptés par les Australiens européens; pendant la seconde Guerre mondiale, de nombreux
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Aborigènes rejoignirent les forces armées bien que certains aient remis en cause le choix des
Aborigènes luttant pour la défense d'une terre qui leur avait été prise.
Dans les années 1940, les conditions de vie dans les réserves demeuraient extrêmement
difficiles. Le gouvernement créa un système de laissez-passer pour que les travailleurs
indigènes puissent quitter leurs réserves. Le professeur A.P. Elkin, l'association Les amis des
Aborigènes et d'autres associations manifestèrent pour obtenir de meilleures conditions de vie pour
des indigènes et leur donner le droit de voter.
En 1949, le droit de vote aux élections fédérales a été accordé aux indigènes qui avaient servi dans
les forces armées ou étaient inscrits pour voter dans les élections d'état. Les indigènes au
Queensland, en Australie-Occidentale et dans le Territoire du Nord ne pouvaient pas encore voter
dans leurs propres élections provinciales.
Dans les années 1950, le gouvernement mena une politique d'assimilation, par laquelle il était
prévu que les Aborigènes « obtiennent par la suite le même mode de vie que les autres
Australiens ». Le gouvernement envisagea l'octroi des droits de citoyenneté et la suppression
de l'identité culturelle.
En 1957, Nicholls voyagea en Australie centrale pour étudier les effets inquiétants de la radioactivité
parmi les habitants du désert qui vivaient près de Maralinga, l'emplacement de l'essai nucléaire
britannique. Nicholls lança une campagne de sensibilisation. Lançant un appel pour obtenir l'appui de
l'Australie blanche, Nicholls déclara : « nous voulons marcher avec vous, nous ne souhaitons pas
marcher seuls ».
En 1958, Nicholls a aidé à établir le Conseil fédéral pour l'avancement des droits indigènes et des
peuples d’Iles de Torres (FCAATSI), marquant le commencement d'une « conscience noire »
nationale.
En 1962, le Commonwealth Electoral Act, du Premier ministre Robert Menzies, a déclaré que les
indigènes aient le droit de s'inscrire et la voix aux élections fédérales. Nicholls, Faith Bandler et
FCAATSI menèrent une campagne pour obtenir une réforme constitutionnelle qui inclurait les
Aborigènes dans le recensement national.
En 1964, des étudiants de l'université de Sydney menés par Charles Perkins (en), organisèrent une
tournée (le tour de la liberté) en autobus en Nouvelle-Galles du Sud pour rechercher des exemples de
ségrégation dans des secteurs ruraux. Ils protestèrent contre les piscines et les Clubs qui avaient
exclus des Aborigènes et ils réussirent à obtenir une sensibilisation du public contre le racisme.
En 1967, le premier ministre Harold Holt organisa un référendum pour inclure les Aborigènes dans le
recensement national. Il obtint l'appui de plus de 90 % des électeurs.
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En 1966, Vincent Lingiari, un ancien Aborigène Gurindji mena d'abord une revendication à la "station"
de Wavehill dans le Territoire du Nord, pour exiger un salaire égal aux autres et protesta plus tard
pour obtenir des droits sur les terres de leur pays.
En 1972, Le premier ministre Gough Whitlam a versé de la terre dans la main de Vincent Lingiari,
symbolisant le retour des droits de la terre aux Gurindji. Les Aborigènes ont exigé d'avoir un salaire
égal à celui des colons salariés, mais les éleveurs n'ont pas pu employer autant de personnes dans
ces conditions et beaucoup d'aborigènes se sont tournés alors vers des aides financières du
gouvernement. Les activistes comme Noel Pearson ont estimé par la suite que ces aides ont été des
sit-down-money (argent pour s'asseoir) qui ont contribué au développement d'une économie factice et
destructrice de l'Australie indigène.
En 1971, Neville Bonner devint le premier membre indigène du Parlement fédéral, siégeant en tant
que sénateur du parti libéral pour le Queensland. Des aborigènes ont été élus dans les Parlements de
territoire du nord et du Queensland en 197418. Ernie Bridge a été le premier membre indigène du
parlement d'Australie-Occidentale en 1980 et a été le premier à obtenir un ministère dans un
gouvernement
Depuis une restitution partielle de terres à partir de 1976, de nombreux Aborigènes sont
retournés vivre sur les lieux de vie de leurs ancêtres – homeland – desquels ils avaient été
chassés. Ces homelands sont, selon eux, leur identité intrinsèque, lieu des origines, lieu de vie
de leurs ancêtres et de leur groupe familial. Ils sont donc pour la plupart concentrés dans les
régions septentrionales du pays. Beaucoup vivent dans des réserves appelées
« communautés » : il en existe 70 dans les Territoires du Nord. Ces groupes subissent les
fléaux de l'alcool et de l'acculturation. Certains sont mieux assimilés dans la population issue
de l'immigration.
Le 26 janvier 1988, l'acteur et activiste Burnum Burnum a planté le drapeau aborigène sur les falaises
de Douvres. Ce jour était en Australie le jour de la célébration du bicentenaire de la fondation de la
colonie de Sydney. Il s'agissait pour Burnum Burnum d'opérer un renversement de situation, et, grâce
au drapeau, de prétendre « prendre possession » de l'Angleterre, tout comme Arthur Phillip avait
prétendu prendre possession de l'Australie aborigène en 1788. De grandes manifestations ont eu lieu
à Sydney. Beaucoup s'attendaient à la rédaction d'un traité, comme promis par le premier ministre
Bob Hawke. Le traité n'est jamais venu.
En 1992, la propriété foncière ancestrale des Aborigènes est reconnue avec le jugement Mabo, et la
fiction juridique de terra nullius a été finalement rejetée par la Haute Cour.
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Le déplacement obligatoire des enfants aborigènes métissés de sang blanc, des communautés
indigènes, a été autorisé par loi en Australie entre 1909 et 1969, dans le cadre de la politique du
White Australia. Les gouvernements, les églises et les organisations d'assistance sociale ont toutes
participé, sous la surveillance du Aboriginal Protection Board.
2.6 « Générations volées »
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Générations_volées
L’expression « Générations volées » (Stolen Generations ou Stolen Children), utilisée parfois au
singulier (Génération volée ou Stolen Generation), désigne les enfants d'Aborigènes australiens et
d'indigènes du Détroit de Torres enlevés de force à leurs parents par le gouvernement australien
depuis 1869 jusqu'en 1969 environ. Ces enfants étaient le plus souvent des métisses de mère
aborigène et de père blanc. Ils furent placés dans des orphelinats, des internats, ou bien confiés à des
missions chrétiennes ou à des familles d'accueil blanches.
Ces actes sont reconnus par la majorité de la classe politique australienne comme l'un des chapitres
les plus sombres de l'histoire du pays, mais suscitent néanmoins débats et controverses encore
aujourd'hui. Le fait de savoir s'il faut ou non des excuses officielles du gouvernement, et s'il y a eu ou
non tentative de génocide à l'encontre des Aborigènes, sont particulièrement sujets à controverse.
En 1997, un rapport intitulé "Bringing them home" (Les ramener à la maison) détaille l'histoire de ces
pratiques, publie des témoignages, et suggère qu'environ cent mille enfants appartiennent aux
« générations volées ».
Le 11 décembre 2007, le gouvernement fédéral dirigé par Kevin Rudd promet des excuses officielles
au nom de l'État australien. Ces excuses sont présentées le 13 février 2008.
Historique
Au dix-neuvième siècle, les théories eugénistes et le darwinisme social affirment que le contact
entre colons d'une « race supérieure » blanche et peuple colonisé d'une « race inférieure » amène
inévitablement, par un processus de sélection naturelle, à la disparition de ces derniers. Or, le nombre
croissant de métisses en Australie est perçu comme une menace envers la « pureté » de la « race
blanche », ainsi que comme une entrave au processus d'extinction « naturelle » des Aborigènes.
En conséquence, dès 1869, la loi autorise le gouvernement à saisir les enfants « métisses » (halfcastes), officiellement pour s'assurer de leur bien-être en les intégrant à la société blanche. Lorsque
les politiques de saisie des enfants sont harmonisées au niveau fédéral dans les années 1930, leur
but explicitement annoncé est d'accélérer la disparition des Aborigènes. Cecil Cook, Protecteur des
Indigènes dans le Territoire du Nord, déclare ainsi que l'assimilation biologique des métis dans la
société blanche résoudrait le « problème aborigène » :
« Toutes les caractéristiques indigènes de l'Aborigène australien sont généralement éradiquées à la
cinquième génération, et le sont invariablement à la sixième. Le problème de nos métis sera
11
rapidement éliminé par la disparition complète de la race noire, et par la submersion rapide de sa
progéniture au sein de la blanche. »
De même, le Protecteur en Chef des Aborigènes d'Australie occidentale, A.O. Neville, écrit dans un
article pour The West Australian en 1930: « Eliminons les Aborigènes pur-sang et permettons la
mixture des métis parmi les Blancs, et peu à peu la race deviendra blanche ».
Le rapport « Bringing Them Home » de 1997 révèle que les enfants aborigènes placés dans des
institutions ou familles d'adoption se virent souvent interdits de pratiquer leur langue, l'idée étant de
les couper définitivement de leurs racines culturelles aborigènes. Les enfants devaient recevoir un
minimum d'éducation suffisant pour faire d'eux des travailleurs manuels ou (dans le cas des filles) des
domestiques. D'après ce même rapport, 17 % des filles et 8 % des garçons des « générations
volées » furent victimes d'abus sexuels au sein des institutions d'accueil et des familles
d'adoption.
Le rapport révèle en outre que les enfants « volés » ont en moyenne, par la suite, connu un
taux d'éducation légèrement plus faible que les enfants aborigènes qui n'avaient pas été retirés
à leurs parents, un taux de chômage légèrement plus élevé, et un taux d'incarcération pour
crimes et délits trois fois plus élevé.
Aujourd'hui
En 1997, le rapport Bringing Them Home fait éclater le scandale des « générations volées » au grand
jour.
En 1998, une « journée nationale du pardon » (National Sorry Day) est organisée. Plus d'un million de
personnes participent à des évènements publics dont le but est d'exprimer la tristesse et le remords
du peuple australien, et de promouvoir un processus de réconciliation nationale.
En 1999, le Parlement adopte une motion exprimant son « profond et sincère regret au sujet des
enfants aborigènes qui ont été enlevés à leurs parents». Le premier ministre John Howard affirme que
ces enlèvements sont « le chapitre le plus sombre de l'histoire de ce pays». Il refuse toutefois de
demander officiellement pardon aux Aborigènes, au nom de l'État australien.
En 2002, le film "Le Chemin de la liberté" ("Rabbit-Proof Fence") présente une adaptation de l'histoire
vraie de trois fillettes aborigènes enlevées dans les années 1930. Le film, qui contribue à diffuser la
réalité de ces évènements au grand public, est une adaptation du livre de Doris Pilkington Garimara,
Follow the Rabbit-Proof Fence. Doris Pilkington Garimara est la fille de l'une des trois fillettes
enlevées, et le livre est donc la biographie de l'enfance de sa mère.
En août 2007, Bruce Trevorrow devient le premier Aborigène des « générations volées » à se voir
accorder une compensation financière de la part d'un tribunal. Treverrow avait été enlevé par les
autorités en 1957, à l'âge de 13 mois, lorsque son père l'avait amené à l'hôpital pour qu'il soit soigné
12
d'une gastro-entérite. En toute légalité, l'hôpital le retira à ses parents et le fit adopter par une famille
blanche, affirmant qu'il était « orphelin ».
Le 11 décembre 2007, le gouvernement fédéral dirigé par Kevin Rudd promet de formuler des
excuses officielles aux Aborigènes et aux indigènes du Détroit de Torres.
Le 13 février 2008, lors de la cérémonie d'ouverture de la séance parlementaire 2008 à Canberra,
Kevin Rudd prononce le discours de repentance et pardon.
Fin 2008, le film "Australia" de Baz Luhrmann avec Nicole Kidman et Hugh Jackman, reprend ce
thème des Générations Volées de façon plus romanesque, autour de la période de la première
attaque de Darwin par les Japonais. Ce film à grand spectacle réalisé en Australie contribue sans
doute à la contrition publique et à l'accompagnement du pardon initiés par la société australienne.
« Pardon »
Le principal parti d'opposition, le Parti libéral (droite) apporta son soutien officiel aux excuses promises
par Rudd. Le 13 février 2008, Kevin Rudd demanda au Parlement fédéral d'adopter la motion suivant
« Aujourd'hui, nous honorons les peuples indigènes de cette terre, les cultures continues les plus
anciennes dans l'histoire humaine. Nous réfléchissons aux mauvais traitements qui leur ont été
infligés dans le passé.
Nous réfléchissons tout particulièrement aux mauvais traitements infligés aux générations volées – ce
chapitre terni dans l'histoire de notre nation.
Il est temps maintenant pour la nation d'écrire une nouvelle page dans l'histoire de l'Australie, en
réparant les torts du passé, et donc en avancant avec confiance vers l'avenir.
Nous demandons pardon (We apologise) pour les lois et les politiques des parlements et
gouvernements successifs qui ont infligé une profonde détresse, souffrance et perte à nos
compatriotes australiens.
Nous demandons pardon en particulier pour le retrait des enfants aborigènes et indigènes du détroit
de Torres à leurs familles, à leurs communautés et à leur pays.
Pour la douleur, la souffrance et la peine de ces générations volées, de leurs descendants et de leurs
familles séparées, nous demandons pardon (we say sorry).
Aux mères et aux pères, aux frères et aux sœurs, pour la désintégration des familles et des
communautés, nous demandons pardon.
Et pour l'indignité et la dégradation ainsi infligées à un peuple fier et à une culture fière, nous
demandons pardon.
Nous, le Parlement de l'Australie, demandons respectueusement que ce pardon soit reçu dans l'esprit
dans lequel il est proféré, pour qu'il contribue à la guérison de la nation. »
Le chef de l'Opposition, Brendan Nelson, demanda ensuite lui aussi pardon, puis le Parlement adopta
à l'unanimité la motion proposée.
13
2.7 Fin du xxe siècle
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aborigènes_d'Australie
Au-delà des réformes légales principales du xxe siècle, un certain nombre de choses ont changé dans
les années 1970. Des Aborigènes Papunya (Australie Centrale), ont utilisé pour la première fois de la
toile et de la peinture acrylique pour reproduire leurs peintures traditionnelles. L'art aborigène a
acquis, ces dernières années, un statut d’art moderne. Les athlètes indigènes ont obtenu de grand
succès: en 1982 Mark Ella est devenu capitaine de l'équipe d'Australie de rugby à XV; en 2000, Cathy
Freeman a allumé la flamme olympique à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Sydney.
Les musiciens indigènes ont également eu de grands succès: Yothu Yindi, Christine Anu et Geoffrey
Gurrumul Yunupingu.
En 2006, 10 canoés, 150 lances et 3 épouses, par Rolf de Heer, est devenu le premier film de long
métrage en langue indigène d'Australie.
Une nouvelle génération d'activistes comme le magistrat Pat O'Shane (en), l'avocat Noel Pearson et
les universitaires Mick Dodson (en) et Marcia Langton ont continué à mener une discussion nationale
sur les questions indigènes.
En 1992, il y eut un discours célèbre prononcé par le premier ministre Paul Keating sur la
réconciliation: le discours de Redfern. Il appela ses concitoyens à reconnaître les nombreux torts faits
aux Aborigènes dans le passé. Cette reconnaissance devait, selon lui, être un prélude à l'amélioration
des conditions de vie des Aborigènes : « Nous ne pouvons pas imaginer que les descendants d'un
peuple, dont le génie et la résistance ont maintenu une culture ici depuis plus de 50 000 ans, qui
survécut à 200 ans de dépossessions et d'abus, se voit niée leur place dans la Nation ».
Le gouverneur général d'Australie, Sir William Deane participa activement à cette cause.
Le 26 mai 1998, des Australiens aborigènes et non indigènes se rassemblent devant le Parlement
pour y signer un registre dans lequel est inscrite une demande de pardon au peuple aborigène. Plus
de 24 000 signatures sont collectées, c’est pour cette raison qu’est créé le Sorry Day, jour du pardon.
Tous les ans, un grand nombre d'australien participe à une marche pour célébrer cette journée.
En 1999, le premier ministre John Howard fait voter une loi sur la réconciliation, appelant le traitement
fait aux indigènes le « chapitre le plus sombre dans l'histoire de l'Australie », mais il a dit que le
gouvernement d'aujourd'hui ne pourrait pas faire des excuses pour des gouvernements d'hier.
Howard n'était pas un défenseur fort des gestes symboliques pour la réconciliation. Il a dit qu'il
préférait les « mesures pratiques » pour résoudre des problèmes contemporains dans des
communautés indigènes.
14
En 2000, 250 000 personnes ont traversé l'Harbour Bridge pour symboliser la réconciliation et il y eut
des débats, souvent acrimonieux, quant aux réponses à donner au problème de l'alcool, à la
dépendance des indigènes à l'aide financière de l'État et au besoin d'un grand geste symbolique de
réconciliation mené par le Parlement.
En 2007, Howard et son ministre des Affaires indigènes, Mal Brough (en), ont déclaré que l'état de
santé et de bien-être des enfants indigènes constituaient une priorité nationale. Ils interdirent l'alcool
et envoyèrent des médecins et des policiers dans le Territoire du Nord.
L’ultime reconnaissance symbolique a eu lieu en février 2008 lorsque le nouveau Premier ministre
Kevin Rudd et le chef de l'Opposition Brendan Nelson s’est excusé devant le Parlement au nom du
peuple australien pour les crimes commis par le passé envers les Aborigènes.
Ce discours fut retransmis en direct sur les chaînes nationales.
Rudd montre la volonté du gouvernement de « mettre fin » au problème racial en Australie.
En 2010, Ken Wyatt, un libéral, est devenu le premier Aborigène élu à la Chambre des Représentants
du Parlement fédéral australien.
3. DEMOGRAPHIE
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aborigènes_d'Australie
On estime qu'ils étaient entre 315 00062 et 750 00063 lorsque les premiers colons britanniques sont
arrivés en 1788 ; peut-être même plus (d'autres sources varient sur cette évaluation, suggérant une
fourchette entre 300 000 à 1 000 000). Le recensement de 2006 a donné une population de
455 000 Aborigènes et Indigènes du détroit de Torrès représentant 2,3 % de la population
australienne (ce nombre a atteint 517 000 après mise à jour) et les territoires aborigènes
représentaient 10 % du territoire australien.
La Nouvelle-Galles du Sud (avec 29 %) et le Queensland (27 %) ont les plus grandes populations
indigènes. Les Aborigènes représentent 28 % de la population du Territoire du Nord, mais dans le
reste de l'Australie cette part est basse, avec étonnamment la Tasmanie ayant une part plus haute à
3,5 %64.
Dès la colonisation, les Aborigènes ont été décimés par les massacres, les épidémies et les
empoisonnements; beaucoup ont été confinés dans des réserves sur les terres les plus pauvres. Les
Aborigènes ont été inclus dans le recensement national australien à partir de 1967 (avant cette date,
certains étaient exclus dans quelques juridictions). Leur espérance de vie est de 17 ans plus faible
que celle des autres Australiens (cependant, les questions d'identité ne sont pas fréquemment posées
dans les hôpitaux, les centres médicaux et les écoles, aussi cette statistique est contestée et difficile à
vérifier). Le revenu moyen d'un foyer aborigène s'élève environ à 40 % de celui d'un non-aborigène.
Enfin, la population carcérale compte 22 % d'Aborigènes. Beaucoup des communautés aborigènes
qui dépendent fortement d'aide financière gouvernementale présentent les pires symptômes de la
pauvreté : alcoolisme, drogue, fort taux d'incarcération, chômage, faible degré d'instruction; mais le
15
recensement de 2006 a montré qu'environ 50 % des Aborigènes vivent dans la société australienne et
occupent tout l'éventail des métiers, y compris le commerce, les professions libérales et la gestion.
L'état de santé et l'espérance de vie de ces personnes sont comparables à ceux des Australiens nonindigènes. Leurs enfants ont des niveaux d'aide scolaires et universitaires plus élevés que la moyenne
de la population. Environ 70 000 indigènes vivent sur les terres traditionnelles selon les chiffres des
marchés du travail et des services généraux et leur niveau de vie est inférieur aux autres.
En 1992, le Premier ministre Paul Keating prononça le Discours de Redfern au sujet des origines des
mauvaises conditions de vie pour les Aborigènes. Il a cité la dépossession et la violence ; aussi bien
que l'introduction des maladies et l'alcool par les Européens ; et la politique du déplacement des
enfants indigènes par des gouvernements comme causes premières de la douleur contemporaine des
indigènes. Les activistes indigènes comme Noel Pearson ont de plus en plus argué du fait que
d'autres causes importantes de la situation contemporaine des aborigènes ont provenu des politiques
sociales de gouvernement depuis les années 1970 ; par lequel les peuples indigènes soient devenus
dépendants de l'aide financière du gouvernement67, une position soutenue par le successeur à
Keating, John Howard68.
Distribution des aborigènes par État :
Nouvelle-Galles du Sud : 109 900
Queensland : 104 800
Australie-Occidentale : 56 200
Australie-Méridionale : 22 100
Territoire du Nord : 51 900
Victoria : 22 600
Tasmanie : 15 300
Jervis Bay : 3 100
4. LA SITUATION ACTUELLE DES ENFANTS ABORIGENES :
AUSTRALIE juin 2007
Battus,violés,prostitués... En Australie, un rapport dénonce les violences subies par les enfants
dans leur communauté.
Le scandale des enfants aborigènes
Source : http://www.grands-reporters.com/Plan-d-urgence-pour-les-enfants.html
Ne faîtes pas les cow-boys. C’est le conseil du leader aborigène Noel Pearson au
gouvernement australien qui a envoyé, hier, une dizaine de policiers fédéraux à Darwin, les
premiers à partir pour une opération sans précédent dans l’histoire australienne. Sauver des
centaines d’enfants aborigènes battus, violés, prostitués dans les communautés oubliées du
Territoire du Nord qui ont sombré dans « des torrents d’alcool » .
16
Dans un dernier rapport de 320 pages, encore plus accablant que les précédents, la description de ce
qu’endurent les enfants est si terrible que la plupart de ceux qui en parlent publiquement y font
référence en évitant de s’attarder sur des exemples précis « dont les détails sont à vous rendre
malade... » déclarait, la semaine dernière, le premier ministre australien. Sans attendre, John Howard
a décidé de donner l’assaut et annoncé un plan de bataille « radical, détaillé et hautement
interventionniste ». Pour avoir les coudées franches, il s’est d’abord emparé des pouvoirs du
gouvernement du Territoire du Nord dans le domaine des affaires aborigènes et il prendra bientôt le
contrôle d’une soixantaine de communautés pour y faire appliquer une longue liste de mesures :
Alcool et matériel pornographique interdits sur les terres aborigènes, vente de l’alcool contrôlée
ailleurs, visite médicale obligatoire pour tous les enfants de moins de 16 ans pour déterminer si ils ont
subi ou non des violences sexuelles, suspension des prestations sociales si les enfants ne vont pas à
l’école, augmentation du nombre des policiers, éventuelle intervention de l’armée.... « Des mesures
exceptionnelles pour affronter une situation exceptionnellement tragique » a commenté le premier
ministre qui a immédiatement reçu l’accolade du leader de l’opposition, le travailliste Kevin Rudd. Ce
dernier s’interroge aujourd’hui sur le nombre de médecins et de policiers qui seront nécessaires pour
mener à terme cette opération mais réaffirme son soutien au gouvernement. « Nous ferons ce qu’il
faut pour protéger ces enfants. » Un engagement qu’aucun gouvernement australien -libéral ou
travailliste- n’a pu, jusqu’à présent, respecter. Les conditions de vie des Aborigènes restent
désastreuses comme le confirme, une fois de plus, ce dernier rapport. Mais c’est la réponse de John
Howard –et non pas l’exposé du drame de ces enfants- qui a déclenché, en Australie, un immense
tumulte fait de fausses rumeurs et de véritables inquiétudes, d’espoir et d’incrédulité. Le plan
d’urgence de Canberra a réveillé des souvenirs assez récents pour que des milliers d’Aborigènes en
souffrent encore. Ceux sont les enfants métis qui furent enlevés à leur mères, dépossédés de leurs
noms, placés dans des orphelinats à fin d’être « sauvés » et plus facilement « intégrés » dans la
société blanche. Hier, dans la communauté de Mutijulu, dans l’ombre d’Uluru, l’immense rocher rouge
qui marque le coeur australien, il a fallu rassurer les gens, leur dire que cette génération d’enfants ne
serait pas volée comme la précédente. Mais déjà, à travers tout le pays, courait la rumeur, plus tard
démentie, que les Aborigènes s’enfuyaient dans le désert pour échapper aux envoyés du
gouvernement.... Les infirmières en poste dans ces endroits si reculés qu’il faut parfois plusieurs jours
de voiture pour atteindre un village, voudraient croire que le gouvernement va ouvrir des dispensaires,
l’équiper en matériel nécessaire et y installer des médecins. Elles qui, en toute illégalité, doivent
souvent faire des diagnostics, prendre des décisions dangereuses et pratiquer des actes médicaux
compliqués parce qu’elles sont seules et qu’elles se refusent à voir mourir leurs malades.... Il y a ceux
qui condamnent la rapidité avec laquelle le premier ministre est passé, sans concertation, à l’action. Et
les autres qui fustigent sa lenteur, parce que durant des années, ils n’ont pas été écoutés alors qu’ils
décrivaient le drame des Aborigènes. Ils dénoncent le temps perdu et annoncent l’échec des mesures
pour lesquelles ils n’ont pas été consultés. « Comment peut-on souhaiter l’échec de ces actions qui
vont apporter un peu de soulagement à des enfants vulnérables ! » s’énerve Noel Pearson qui, de
tous les leaders aborigènes, est celui qui soutient le plus vigoureusement le plan de John Howard à
condition, dit-il, que les policiers et les soldats travaillent « avec humilité et sans arrogance »avec les
17
habitants des communautés du Territoire du Nord. La situation des Aborigènes du Queensland, de
l’Australie de l’Ouest ou du New South Wales est tout aussi dramatique. Mais si John Howard a le
pouvoir d’agir dans un territoire, il ne peut pas intervenir dans les états, seulement se contenter de les
inciter à suivre son exemple. 40 ans après le référendum qui reconnaissait aux Aborigènes une
existence légale et quelques mois avant les prochaines élections fédérales, le premier ministre
australien ne s’est pas privé d’une petite leçon d’éducation civique à l’égard de ces états, tous
travaillistes, qui ont répondu avec un enthousiasme mitigé aux exhortations de John Howard qui,
depuis onze ans qu’il dirige l’Australie, ne s’est jamais autant personnellement impliqué. « Je prends
la pleine responsabilité du succès ou de l’échec de ce plan... » Après les discours et les professions
de foi, le travail sur le terrain commencera aujourd’hui dans cinq communautés aborigènes avant de
s’étendre ensuite à tout le Territoire pour un coût déjà estimé à plusieurs milliards de dollars
australiens. Instaurer et maintenir la sécurité dans des campements où l’anarchie est la règle,
regagner la confiance de ceux qui ont été abandonnés trop longtemps et tenter d’apaiser le tourment
des enfants torturés est un travail si lourd et si délicat à la fois que personne, aujourd’hui, ne se risque
à en fixer les délais.
Tous droits réservés, Florence Décamp, "Libération"
Lire aussi :
http://www.guardian.co.uk/world/2007/jul/03/australia, article en anglais : Germaine Greer, The
Guardian, Tuesday 3 July 2007
5. LA DROGUE
http://www.rcmp-grc.gc.ca/gazette/vol71n1/c-australia-fra.htm
Gazette - La répression des drogues illicites dans les régions éloignées de l'Australie
DOSSIER - POLICIERS EN RÉGION ÉLOIGNÉE OU NORDIQUE
par Judy Putt, Ph. D. Australian Institute of Criminology
En Australie, on en sait beaucoup sur la distribution et la consommation de drogues illicites dans les
villes, mais très peu sur l’étendue du problème dans les régions rurales et éloignées.
Or, la recherche effectuée dans le nord du pays depuis 10 ans révèle une hausse de l’usage du
cannabis : jusqu’à deux tiers des hommes et un cinquième des femmes en région éloignée en
consomment régulièrement. Le problème toucherait même des jeunes d’à peine 10 ou 11 ans.
Inquiet des signes accrus d’usage du cannabis dans les communautés aborigènes éloignées –
et des répercussions de cette consommation sur les groupes en cause –, le National Drug Law
18
Enforcement Research Fund (NDLERF) a commandé une étude sur l’incidence de l’usage de
drogues illicites sur les services de police dans les secteurs touchés.
Le rapport final se fonde sur des études sur le terrain, des consultations, des analyses documentaires
et législatives et un sondage auprès de 792 agents des quatre services de police australiens. Il fait
ressortir certaines des difficultés et des possibilités pour les policiers appelés à réprimer l’usage de
drogues illicites dans les régions rurales et éloignées du pays.
Le contexte
Bien des régions éloignées de l’Australie ont constaté une hausse marquée du commerce de
cannabis, au point où des livraisons se font régulièrement et la consommation atteint un niveau élevé.
En 2007, le National Drug Strategy Household Survey, un sondage mené aux trois ans, a révélé que
le cannabis est la drogue illicite la plus courante en Australie, bien que son usage ait diminué depuis
quelques années. La proportion de la population qui déclare avoir pris du cannabis pendant la
dernière année avoisine les 10%, mais le taux de consommation de drogues illicites est beaucoup
plus élevé chez les délinquants. En moyenne, si l’on prend un échantillon des personnes arrêtées et
détenues par la police dans les villes, les tests de dépistage révèlent que près de la moitié a
consommé du cannabis, 25 %, de la méthamphétamine, et 10 %, de l’héroïne.
En général, l’alcool et les substances volatiles tels les inhalants préoccupent le plus la police dans les
régions rurales et éloignées : l’alcool, en raison de son lien avec la violence, et les substances
volatiles, en raison du tort qu’elles causent aux consommateurs abusifs et à leurs victimes. Outre
l’abus d’alcool et d’autres substances, bien des régions éloignées de l’Australie ont constaté une
hausse marquée du commerce de cannabis, au point où des livraisons se font régulièrement et la
consommation atteint un niveau élevé.
Bien des régions éloignées et isolées du pays sont habitées surtout par des aborigènes. Bon nombre
de ces communautés ont une population jeune, et leurs activités économiques viables se limitent
principalement au tourisme, à l’art et à l’intendance des parcs nationaux.
Selon le sondage du NDLERF, les agents des régions rurales et éloignées croient que les problèmes
les plus graves chez les aborigènes sont l’alcool (80 %), le cannabis (44 %), les inhalants (33 %),
l’essence (18 %) et les amphétamines (11 %). Près de la moitié des sondés estiment aussi que
l’usage d’amphétamines chez les aborigènes a augmenté depuis trois ans. Les réseaux de trafic du
cannabis, qui font souvent appel à des aborigènes qui habitent ou non la communauté, peuvent aussi
favoriser l’expansion rapide de la consommation d’amphétamines.
19
Les répercussions
La consommation répandue et abusive du cannabis peut profondément marquer les communautés
isolées. Certains des usagers les plus pauvres et les plus jeunes du nord de l’Australie y consacrent
entre un et deux tiers de leur revenu hebdomadaire. Parmi les coûts sociaux et économiques, on note
une participation réduite à la vie communautaire, une exacerbation de la violence familiale, des
problèmes de santé mentale, des conflits et des désordres – surtout quand des membres influents de
la communauté prennent ou vendent eux-mêmes des drogues illicites.
Rarement adaptés aux régions rurales et éloignées, les moyens de répression traditionnels
conviennent encore moins aux communautés autochtones, où les agents sont très visibles et où la
méfiance peut régner en raison de mauvais contacts entre les aborigènes et la police. Dans ces
milieux, la police ne peut pas infiltrer les réseaux de drogue, recruter des informateurs ou faire de la
surveillance. L’absence de services antidrogue spécialisés vient aussi limiter les moyens de composer
avec les personnes intoxiquées ou ayant possession de petites quantités de drogue.
En région rurale ou éloignée, le maintien de l’ordre se fait bien différemment qu’en ville. Dans les
petits villages, il y a peu ou pas de renforts. Parcourir de longues distances pour effectuer des
patrouilles ou répondre à des appels n’a rien d’anormal, et l’isolement entraîne des problèmes
logistiques, dont le coût élevé du transport et de l’équipement. Les policiers font partie intégrante de la
collectivité locale, et les problèmes signalés consistent en bonne partie en des délits violents et en des
crimes simples contre les biens. Tous ces facteurs influent sur lacapacité des policiers à réprimer les
infractions liées aux drogues dans les régions éloignées.
Les solutions
Selon les policiers des régions rurales et éloignées sondés par le NDLERF, les services d’urgence
dotés de ressources suffisantes, comme les centres de dégrisement et les services médicaux 24 h,
sont le moyen le plus efficace d’aider les personnes intoxiquées. Dans certains cas, la police a de
bons rapports avec des services communautaires tels que les patrouilles de nuit et les services de
santé. Dans l’ensemble, cependant, il existe très peu de programmes officiels ou convenables de
déjudiciarisation en matière de drogue et peu de solutions autres que de mettre sous garde policière
les personnes aux facultés affaiblies par la drogue pour leur propre sécurité.
En région rurale ou éloignée, la police peut contribuer grandement à réduire les méfaits des drogues
et la demande à leur égard, voire en couper l’approvisionnement. Il s’agit de miser sur la police
communautaire et d’élaborer des stratégies de répression plus efficaces ou novatrices. Les policiers
sont souvent les principaux organisateurs d’activités de prévention criminelle comme les activités
sportives ou destinées aux jeunes, et les premiers ou les seuls intervenants que l’on appelle lorsqu’il
faut composer avec des personnes intoxiquées ou des problèmes connexes.
20
Pour offrir des services de police communautaire efficaces aux collectivités aborigènes, il faut
apprendre à connaître les pratiques socioculturelles, les croyances, les réseaux familiaux et les
réalités politiques de l’endroit. À cette fin, il est essentiel de connaître la culture et d’établir des
relations de collaboration avec les intervenants locaux. Les agents de liaison aborigènes peuvent offrir
une aide inestimable à cet égard. Il y en a dans la plupart des États et des territoires de l’Australie; 70
% des agents sondés ont affirmé en avoir au moins un dans leur secteur.
Le soutien organisationnel est vital, mais présente d’importants défis :
•
obtenir et récompenser les compétences requises pour travailler dans des milieux peu
peuplés, où les besoins sont grands;
•
accroître les affectations aux régions éloignées et offrir une formation et une orientation
adéquates aux policiers et à leurs familles;
•
recruter des employés aborigènes, les soutenir et assurer leur perfectionnement;
•
utiliser les systèmes d’information de la police pour élargir la base de connaissances equises
afin de lancer des initiatives de ciblage et de surveillance efficaces;
•
établir des partenariats avec des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux et
des communautés.
En Australie, la police a conçu des initiatives et des stratégies prometteuses qui devraient aider à
juguler l’usage de drogues illicites dans les communautés aborigènes éloignées, par exemple :
•
des installations policières polyvalentes qui offrent des services aux communautés éloignées,
exigent des modalités de sélection et de formation particulières et hébergent le personnel de
l’extérieur dans un environnement empreint de collaboration (Western Australia Police);
•
une approche intégrée des consultations communautaires qui fait participer les collectivités
autochtones à la résolution de problèmes et fait travailler des aborigènes à différents niveaux
de l’organisation (Queensland Police);
•
une stratégie antidrogue visant les communautés éloignées, qui prévoit des réformes
législatives, une meilleure communication de l’information et le recours à des chiens
détecteurs de drogue dans les principaux corridors de transport (Northern Territory Police);
•
des équipes d’action antidrogue aborigènes ou des comités locaux réunissant des membres
de différents organismes pour réduire les méfaits des drogues licites et illicites (South
Australia Police);
•
une équipe de renseignement transfrontalière qui coordonne les renseignements sur les
drogues dans plusieurs communautés désertiques et les trois territoires du centre de
l’Australie (South Australia Police, Northern Territory Police, Western Australia Police).
Il faut continuer de s’attaquer aux problèmes locaux et régionaux en établissant et en appliquant des
plans de police communautaire. Ces plans doivent se fonder sur des pratiques efficaces et sur une
21
connaissance des conditions culturelles et des capacités locales, et prévoir des cibles et des mesures
précises pour lutter contre l’offre et la consommation de drogues illicites.
Pour consulter le rapport intégral du NDLERF (monographie 15), consultez le www.ndlerf.gov.au
La Dre Putt est la gestionnaire générale de la recherche à l’AIC, où elle travaille depuis 2004. Elle
possède une vaste expérience de la recherche, des politiques et de la pratique dans les domaines de
la politique antidrogue, des questions de justice criminelle liées aux aborigènes et de la justice
applicable aux jeunes.
Lire aussi :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/pacifique/australie.htm
A propos de L’art aborigène :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_des_Aborigènes_d’Australie
AUSTRALIE: L'ART RUPESTRE ABORIGÈNE MENACÉ DE DISPARITION
http://decouvertes-archeologiques.blogspot.com/2011/06/australie-l-art-rupestre-aborigene.html
22

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