DIE ABSURDITÄT DES KRIEGES "Dix de der" von
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DIE ABSURDITÄT DES KRIEGES "Dix de der" von
L'absurdité de la guerre "Dix de der" de Didier Comès On sait combien le fantastique est un thème essentiel dans l’œuvre de Didier Comès. Quiconque connaît un peu cet auteur-dessinateur n’ignore pas non plus que, né en 1942 à Sourbrodt, dans une région frontalière qui allait être le lieu de combats terribles et décisifs lors de l’offensive de l’hiver 1944-1945, Comès a développé une sensibilité particulière aux deux conflits mondiaux qui ont déchiré l’Europe au XXe siècle. Déjà, dans L’ombre du corbeau (album paru en 1981 après publication dans l’hebdomadaire Tintin), il avait fait se croiser ces deux thèmes en une surprenante synthèse. À diverses reprises, dans d’autres albums ou d’autres publications, il a évoqué la seconde guerre mondiale dans tout ce qu’elle avait d’effrayant et d’inhumain. Avec Dix de der, son nouvel album, paru chez Casterman, Didier Comès réussit à combiner, sur quelques jours de décembre 1944, des éléments relevant des deux guerres mondiales et une notion du fantastique essentielle pour ce récit. Restant fidèle au noir et blanc dont le contraste accentue à la fois l’âpreté de la situation et la majestueuse beauté des paysages enneigés, Comès met en scène un jeune soldat américain dans un trou d’obus en première ligne et les fantômes de deux combattants de1914 – un de chaque camp – ainsi que celui d’un prétentieux ivrogne mort entre les deux guerres. Ces trois morts en accepteraient volontiers un quatrième pour mettre un peu de variété dans leurs partie de belote. De cette situation pour le moins étrange sur laquelle pèse la lourde angoisse de l’isolement au front, l’auteur tire un développement dans lequel apparaît toute l’ineptie des guerres pour ceux qui les vivent, même avec héroïsme, sur le terrain. Cela se ressent particulièrement dans la connivence établie entre les deux anciens ennemis réunis dans la mort. Avec un humour actif, ils jouent le rôle du chœur de la tragédie antique, secondés en cela avec un certain cynisme par une paire de corbeaux, fantômes, eux, du curé et du sacristain d’un village voisin détruit. L’expressionnisme puissant de Didier Comès, avec ses noirs profonds, prend pied non seulement dans les paysages d’une réalité proprement tragique, mais aussi, avec un rideau de flocons de neige, dans un audelà tout proche où un couple d’enfants établit le lien entre l’absurde et la mort, thème qui figurait déjà, avec d’autres modalités, dans L’ombre du corbeau. Au travers d’un récit que d’aucuns trouveraient irrationnel ou surréaliste, se dégage une réflexion désabusée mais vitale qui met en pièces pas mal de clichés relatifs aux nationalismes, quels qu’ils soient, et aux fanfaronnades guerrières. Albert Moxhet 60 Didier Comès, Dix de Der, Casterman, 2006, 56 S. Die absurdität des krieges "Dix de der" von Didier Comès Es ist bekannt, dass die Welt des Phantastischen einen wesentlichen Teil des Werks von Didier Comès darstellt. Zum andern weiß jeder, der diesen Autor und Zeichner näher kennt, dass er eine besondere Sensibilität für die beiden Weltkriege, die Europa im 20. Jht zerrissen haben, entwickelt hat. Geboren wurde er nämlich 1942 in Sourbrodt, in einer Grenzregion, die Schauplatz schrecklicher Entscheidungskämpfe während der Winteroffensive 1944-1945 war. Bereits im Album L’ombre du corbeau (1981 als Buch herausgegeben nach einer Vorveröffentlichung in der Wochenzeitschrift Tintin) hatte er die beiden Themen in einer überraschenden Synthese verschmolzen, und in mehreren weiteren Büchern und Veröffentlichungen hat er den Zweiten Weltkrieg in seinem Schrecken und seiner Unmenschlichkeit angesprochen. Mit seinem neuen Album Dix de der, das soeben bei Casterman erschienen ist, gelingt Didier Comès die Konzentration seiner Leitmotive auf einige wenigen Dezembertage 1944, mit Motiven der beiden Weltkriege und einer phantastischen Dimension, die wesentlich für die Schilderung ist. Auch dieser Band ist in Schwarzweiß, und der Kontrast unterstreicht sowohl die Härte des Kontextes als auch die majestätische Schönheit der verschneiten Landschaft. Comès zeigt einen jungen amerikanischen Soldaten in einem Bombenloch in vorderster Linie und die Geister zweier Kämpfer von 1914-1918, einen aus jedem Lager, sowie einen angeberischen Trinker, der zwischen den beiden Kriegen gestorben ist. Diese drei Toten würden nur allzugern einen weiteren in ihrer Runde aufnehmen, um ihre Kartenspiele („belote“) ein wenig zu variieren. In diese zumindest befremdliche Lage, die von der Angst und Einsamkeit der Front beschwert und überschattet wird, stellt der Autor einen Ablauf, der die gesamte Sinnlosigkeit aufscheinen lässt, die der Krieg für diejenigen beinhaltet, die ihn vor Ort ertragen müssen, selbst wenn ihnen Heldentum gelingt. Dies wird vor allem im Einverständnis der zwei im Tode vereinten ehemaligen Kämpfer deutlich. Mit beständigem Humor spielen sie die Rolle des Chors in der antiken Tragödie, wobei sie mit einer Portion Zynismus von zwei Raben unterstützt werden, die ihrerseits die Geister des Pfarrers und des Küsters eines zerstörten Dorfes in der Nachbarschaft sind. Der wirkungsvolle Expressionismus des Didier Comès, mit seinen tiefschwarzen Flächen, ist nicht nur in Landschaften voll tragischer Realität verwurzelt, sondern auch durch einen Schneeflockenvorhang hindurch in einem ganz nahen Jenseits, in dem zwei Kinder die Ver- bindung zwischen der Absurdität und dem Tod herstellen, – ein Thema, das unter andern Gegebenheiten in L’ombre du corbeau vorkam. Durch einen Bericht, den verschiedene vielleicht irrational oder surrealistisch finden könnten, dringt eine illusionslose, aber äußerst vitale Reflexion, die zahllose Klischeevorstellungen über die Nationalismen aller Färbung und die kriegerischen Aufschneidereien ad absurdum führt. Albert Moxhet Übersetzung: Bruno Kartheuser Zu Didier Comès: Siehe KRAUTGARTEN Nr. 40, Mai 2002 (Portrait und Illustration des Heftes). 61