Le blockhaus de Gibraltar, Pozières

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Le blockhaus de Gibraltar, Pozières
Le blockhaus de Gibraltar, Pozières
Le Chemin de mémoire australien permet aux visiteurs de mieux comprendre la part
qu’a jouée l’Australie dans l’effort de guerre allié sur le Front occidental durant la
Première Guerre mondiale, et à découvrir les récits de soldats ayant combattu à cet
endroit. Il propose à cet effet douze sites, de Passchendaele en Belgique à divers
lieux où la Force impériale australienne a mené ses derniers combats en France,
autour de Péronne en 1918.
Ce bref enregistrement audio traite de l’un des douze emplacements du Chemin de
mémoire australien. Des informations sur les douze emplacements sont disponibles
au téléchargement depuis le site ww1westernfront.gov.au.
À cet endroit précis, votre guide personnel : Le blockhaus de Gibraltar,
Pozières
On voit ici le Mémorial de la première Division australienne à Pozières, en France.
Non loin de là se trouvent les ruines du blockhaus de Gibraltar, pris des mains des
Allemands par la 1re Division australienne qui attaqua, prit et retint le village de
Pozières du 23 au 26 juillet 1916. Il s’agit là de l’une des nombreuses batailles qui
firent rage du 1er juillet au 19 novembre de cette même année, et qui sont plus
connues sous le nom de Bataille de la Somme.
Gibraltar, tout comme le rocher éponyme, formait une saillie au-dessus du paysage
environnant qui, fin juillet 1916, n’était plus qu’un champ de cratères. Le caporal
Roger Morgan, du 2e Bataillon d’infanterie australienne, nous décrit « un paysage
désolé [...] des villages réduits à de simples tas de poussière [...] chaque mètre de
terre déchiqueté par les obus [...] l’endroit ressemble à un champ mal labouré ». Ce
« labourage » était le résultat de milliers d’obus britanniques, australiens et
allemands tirés pendant des combats incessants visant à s’emparer du village et de
ses environs, en juillet et août 1916.
Quant à Gibraltar, il fut pris par les hommes du 2e Bataillon d’infanterie australienne à
l’aube du 23 juillet. C’était un grand bâtiment blanc en béton armé, d’environ trois
mètres de haut, situé à 137 mètres au-delà de la pointe ouest du village de Pozières,
et utilisé par les Allemands comme poste d’observation. Le béton couvrait l’entrée
d’une grande cave et d’un escalier menant à une pièce souterraine encore plus
profonde. Ayant pris conscience de l’importance de cette fortification, le capitaine
Ernest Herrod prit d’assaut l’avant du bâtiment, aidé d’un petit groupe de soldats,
tandis que d’autres soldats menés par le lieutenant Walter Waterhouse l’attaquèrent
par derrière. À l’intérieur se trouvaient vingt-six Allemands, dont l’un avait le doigt sur
la gâchette d’une mitrailleuse dans l’attente de voir apparaître les Australiens qui se
jetèrent immédiatement sur lui. Le soir du 23, le 2e Bataillon prit possession de
Gibraltar et dans les jours qui suivirent, les Australiens étendirent leur mainmise sur
Pozières.
En dépit de leurs contre-attaques, les Allemands ne parvinrent pas à reprendre le
village et décidèrent donc d’adopter une autre tactique. Pendant trois jours, l’artillerie
allemande bombarda d’obus les postes australiens de Pozières. La zone entourant
Gibraltar fut tout particulièrement touchée en raison de sa proximité avec l’une des
principales voies d’approvisionnement du village, le long de la route surnommée
« Dead Man’s Road ». Cette route existe encore aujourd'hui : elle va par-delà la
route principale de l’autre côté du petit parc près des ruines du blockhaus. Le journal
de guerre du 2e Bataillon raconte que ce dernier fut « soumis à des tirs d’obus
ennemis très lourds », un bombardement « permanent toute la journée » qui « se
poursuivit toute la nuit » [...] « de nombreux hommes durent être inhumés » après un
bombardement « si intense qu’il fut impossible pour les Compagnies A et D de
demeurer dans leurs tranchées », et qui laissa « les hommes complètement
épuisés ». En tout, le Bataillon perdit 510 hommes (morts, blessés ou portés
disparus) en trois jours à Pozières, soit près de 55 % de ceux ayant participé à
l’attaque du village le 23 juillet.
L’un des portés disparus fut un messager du 2e Bataillon dont le corps inerte fut
aperçu sur la route principale tout près de Gibraltar. Porteur d’un important message
du quartier général à destination du front, il savait qu’il risquait fortement d’être tué
par les lourds tirs d’obus. Mortellement blessé, il tira le message de sa poche et le
leva au bout de son bras au moment de mourir. Vingt minutes plus tard, un
détachement de munitions le vit sur la route, récupéra le message et l’apporta à son
destinataire. Neville Smyth, le brigadier général à l’origine du message, raconta sans
emphase le sort de cet homme sur les registres d'après-guerre : « Nom et identifiant
du soldat inconnus ».