Cinéma Le Zola

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Cinéma Le Zola
L’ÉMILE
Novembre 2012
www.lezola.com
le
N°64
zola
cinéma
ION
T
A
I
SO C
AS
Pour le
cinéma
Sommaire
2-3 : Le jour des corneilles
4-5 : Tempête sous un crâne
6-7 : Amour
8-9 : Ciné-Quizz
10-11 : Astérix et Obélix
12-13 : Dans la maison
14-15 : Les enfants loups
16-17 : Top 5 Torture !
18-19 : Toiles des Gônes
20 : Festival du Film Court
L’édito
Je profite de cet édito pour rectifier un erratum dans notre dernier numéro : l’inversement des noms de Noémie Lovsky et Bob Rafelson. En effet, Bob Rafelson n’a pas
réalisé Camille Redouble. Cette petit coquille restée après correction me fait toujours
rire. Qu’aurait pu être ce petit film sur l’adolescence dans les mains du réalisateur de
Five Easy Pieces ? Difficile d’imaginer Noémie Lvolsky faire une critique acerbe des
dessous sociaux et économiques des années 80 tout en ruminant son amertume (et
son chewing-gum…) entre deux gloussements dans les couloirs d’un bahut.
Mais ne soyons pas mauvaise langue car ce mois de novembre n’est qu’amour !
L’amour maternel (Les enfants loups), l’amour « de la scène » (Stella, femme libre),
l’amour « à la vie à la mort » (Amour), les cœurs se réchauffent sous le ciel glacé villeurbannais… Ce mois-ci au Zola va se créer un microclimat favorable aux cinéphiles,
de par sa programmation variée, comme à son habitude, mais également grâce au
Festival du Film Court qui aura lieu du 16 au 25 novembre, de quoi faire les réserves
de courts-métrages pour tout l’hiver !
22 : Programme du mois
24 : Le mot d’Émile
LE JOUR DES CORNEILLES
Au pays des Courge
A
u cœur de la grande forêt, peuplée de bêtes
sauvages, vit un jeune sauvageon de dix
ans : le Fils Courge. Il est élevé par son
père, un sévère colosse à la barbe géante,
grand chasseur et mangeur de chair fraîche, qui lui a
toujours dit que le monde s’arrêtait à la lisière de la
forêt.
Par Pierra Dupuy
s’aguerrir. C’est pourquoi le scénariste se doit de
planter un décor et des péripéties qui obligent à quitter un microcosme confortable : Le Fils Courge devra
trouver secours pour son père Courge blessé.
Vus, revus, relus, explorés, défrichés maintes et
maintes fois, les thèmes de Le Jour des corneilles
sont ici mis en images, en couleurs, en paroles par
Jean-Christophe Dessaint. L’enfant sauvage qui vit
hors du temps, de la modernité, élevé par un père
bourru et qui devra surmonter l’interdit, se confronter
à l’Inconnu, prendre conscience que celui-ci n’est
peut-être pas si nuisible… La littérature, le cinéma, le
spectacle vivant... se sont tous, et très fréquemment,
emparés de ces figures car elles sont simplement au
cœur de la vie.
Faut-il rester cloîtré dans ce que l’on connait ? Doiton se confronter au monde ? Et pour quelles raisons ? Évidemment, ce sont les oppositions, les découvertes, les épreuves qui font mûrir, grandir,
2
L’adaptation du roman Le Jour des corneilles de Jean
-François Beauchemin marque quelques particularités, en ce domaine rebattu. D’une œuvre introspective et adulte, la scénariste Amandine Taffin a décidé
de faire un film pour enfants. Ceci implique de rebattre certaines cartes. Le choix de l’animation oblige
permet également de créer un univers graphique, des
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AU PROGRAMME
de Jean-Christophe Dessaint
personnages plus ou moins réalistes. La richesse
de Le Jour des corneilles se retrouve dans ces
créations : traitement quasi impressionniste de
l’image, mise en lumière soignée, matérialisation
et intégration de l’imaginaire de l’enfant… Le père
peut alors ressembler à un ogre, le fils peut se
déplacer comme un animal, et la forêt sembler
bien plus magique, terrifiante, immense etc. que si
l’univers avait été traité de manière réaliste, avec
des comédiens.
Comme Le Magasin des suicides, Le Jour des
corneilles est une démonstration que l’animation
apporte des richesses, des finesses que la prise
de vue réelle ne permet pas. Le dessin animé
n’est pas réservé à l’enfant, mais il permet de
nourrir un imaginaire qu’adultes et enfants ont désormais beaucoup trop tendance à oublier, écarter.
Le Jour des corneilles démontre que la vie n’est
pas heureuse, n’est pas triste non plus, mais
qu’elle est riche et pleine d’aventures. Quel que
soit l’âge, le regard sur une œuvre, sur le monde,
doit être curieux, attentif et chacun pourra alors
constater que corbeaux et corneilles ne sont pas
que des « oiseaux de malheur ».
Le jour des corneilles (France, 2012 — 1h36)
Scénario :
Amandine Taffin, Jean-François Beauchemin
Réalisation : Jean-Christophe Dessaint
Avec les voix de: Lorànt Deutsch, Jean Reno, Claude
Chabrol, Isabelle Carré.
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TEMPÊTE SOUS UN CRÂNE
Entres les murs, il y a de l’espoir.
L
e film commence dans une classe de français, Alice, enseigne à ses élèves Les Misérables de Victor Hugo dont le deuxième tome
s’intitule : Tempête sous un crâne. Clin d’œil
donc à ce grand écrivain et homme politique du
siècle des lumières, mais le choix du titre ne s’arrête
cependant pas là. Tempête sous un crâne fait aussi
référence à la métaphore de la tempête qu’il peut y
avoir dans la tête des profs, des élèves et aussi des
parents d’élèves. En ces périodes troublés ou les
faits divers désastreux relayés par les médias noircissent l’image de l’enseignement, nous accueillons ce
film avec beaucoup d’espoir. Et de l’espoir il nous en
donne.
Nous sommes plongés au cœur du collège Joséphine Baker de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, ou
nous suivons la classe de 4ème C à travers deux de
leurs professeurs, une de lettre modernes, Alice et
l’autre d’Arts plastique, Isabelle. Deux pédagogies
différentes mais liées par ce même désir de transmettre un savoir à des élèves parfois (souvent ?) en
difficultés. Comment leur donner le goût d’apprendre
et de vivre en communauté reste le principal objectif
de nos deux protagonistes.
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Par Marion Martin
Clara Bouffartigue issue de trois générations d’enseignants, échappe à l’enseignement par le biais du cinéma, résolument documentaire. Elle signe ici son
deuxième long métrage sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur. Pourtant nous pouvons faire un
parallèle entre l’école et le cinéma : la transmission
d’un savoir. D’un côté, le langage littéraire et d’un
autre, le langage plastique, deux caractéristiques utilisées dans le cinéma. Des ponts sont donc possibles
entre enseignantes et réalisatrice.
Plus qu’un portrait d’enseignants ou d’élèves, ce documentaire nous propose de réhabiliter le travail du
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de Clara Bouffartigue
corps enseignant, lui redonner une image positive
et de confiance que beaucoup semblent avoir perdu. La réalisatrice réussit à capter sur le vif des
fragments de vie, des instants de complicité, de
colère et de patience. Les personnes peuvent être
tour à tour agaçantes, touchantes et drôles mais
ils ne sont jamais jugés ni par la réalisatrice ni par
les enseignants qui, au contraire, cherchent tou-
jours l’origine de leurs problèmes afin de les aider.
Le brouhaha de la tempête formée par la foule
d’élèves est suivi du silence et des bruissements
d‘arbres sur des images de récréations et de couloirs : un calme avant (ou après) la tempête ?
Alors que le cadrage se doit d’être souple pour
saisir la vie de la classe, ce sont des plans fixes
qui observent les architectures, les volumes, les
reflets. Le collège est incarné, il prend corps. Ce
grand bâtiment est un refuge pour certains, un
enfer pour d’autres mais surtout un lieu de ren-
contres et de transmissions. Le film donne à voir
l'invisible de la relation pédagogique, ce qui se
passe dans l'acte d'enseigner et de transmettre, à
travers le quotidien d'une équipe éducative soudée : principale, surveillants et professeurs font
front
commun
face
à
certains
élèves
« perturbateurs ».
Nous admirons le sang froid de ces professeurs
quelquefois confrontés à l’indifférence et l’agitation
de certains élèves, sans jamais crier ou baisser
les bras, ils font preuve d’une grande patience qui
paie par de très beaux rendus en fin d’année.
Nous pouvons bien sûr questionner la légitimité de
ce documentaire lorsque l’on sait que la présence
de la caméra viens inévitablement modifier les
comportements. Toutefois c’est par un long travail
d’immersion (une année) dans cette classe, que la
réalisatrice a réussie à se faire accepter et oublier,
donc à éviter d’être un élément perturbateur. Un
documentaire instinctif, dans « l’urgence » d’une
mise en scène pas toujours contrôlée. Une vraie
écriture documentaire qui passe par un point de
vue très personnel de la réalisatrice, qui, plutôt
que de longs discours a préféré le langage ciné-
matographique pour s’exprimer sur la situation.
Tempête sous un crâne (France, 2012 — 1h48)
Réalisation : Clara Bouffartigue
Avec : Isabelle Soubaingé, Alice Henry.
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AMOUR
Amour, mon coup de coeur cannois
C
ertaines mauvaises langues diront que
Haneke a définitivement les faveurs du
Festival de Cannes. Après le Grand Prix
en 2001 pour La Pianiste, le Prix de La
Mise en Scène en 2005 pour Caché et 3 ans après
Le Ruban Blanc, Michael Haneke remporte à nouveau la célèbre Palme d’Or avec
Amour, un film à la fois touchant et bouleversant
sur un couple d’octogénaires confronté à la maladie et à la fin de vie.
Si le reste du palmarès a plutôt divisé et suscité quelques critiques, Amour, lui, n’a pas volé sa
Palme et reste LE film de cette 65ème Edition mais
aussi LE film de l'année. Un des films les plus forts,
ayant même suscité selon Nanni Moretti « la plus
grande émotion » au sein du jury. Elu à l’unanimité,
le film aurait également mérité selon son président un
Prix d’Interprétation si du moins le règlement l’avait
permis, celui-ci interdisant à tout film palmé de recevoir d’autres récompenses.
Si le film marque le retour à Cannes de Michael Haneke, en compétition pour la dixième fois, il signe
aussi et surtout le grand retour de deux acteurs de
légende ; Jean-Louis Trintignant, 81 ans, absent du
grand écran depuis plus de 10 ans, et qui revient
dans le rôle poignant de Georges, mari amoureux et
dévoué face à sa moitié qui perd peu à peu la mémoire.
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Par Lorraine Lambinet
À ses côtés Emmanuelle Riva, 85 ans, inoubliable
interprète de Hiroshima Mon Amour de Resnais, incarne Anne victime d'un accident vasculaire cérébral,
réduite progressivement à une dépendance totale.
Cette année encore, le grand habitué de Cannes
frappe fort avec un film magnifique et ce malgré un
sujet difficile. Amour est un huis-clos qui nous plonge
dans le quotidien de ce couple, prisonnier de leur
appartement (comme un tombeau) touché par la maladie, l’agonie, la dépression, les délires, la mort qui
guette...
Tel un tabou, propre à nos sociétés occidentales
et à la tyrannie du jeunisme, force est de constater
que peu de cinéastes abordent vraiment le thème de
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AU PROGRAMME
de Michael Haneke
la vieillesse ou de la mort au cinéma. Les personnes âgées restent ainsi plutôt à l’écart du
grand écran comme s’il y avait une sorte de déni
de la part de cet art voué essentiellement au glamour. Image trop douloureuse, peut-être, notre
cinéma européen occulte une image considérée
comme peu montrable. La maladie d’Alzheimer,
pourtant réalité sociale, reste absente du
grand écran.
S’il n’est pas de très bon ton de montrer des personnes vieillissantes à l'écran, Haneke franchit le
pas et ose. Trintignant et Riva, deux acteurs connus du public depuis leur jeunesse, participent de
l'universalité du sujet.
Amour n’est certes pas un film facile, c’est même
un film qui pourra en déranger certains, en faire
pleurer d'autres, abordant de front ces thèmes
plutôt tabous que sont la vieillesse, la déchéance
ou la mort. Mais rappelons-le, la tradition de
Cannes n'est-elle pas de présenter des œuvres
qui font débat?
Certes, d’emblée, personne n’a vraiment envie de
voir un film comme Amour, un film sur la mort et la
vieillesse signé par le maître de la violence, mais
pourquoi s’infliger ça, me direz-vous? Tout simplement parce que ce film est un chef d'œuvre, une
ode à l'amour qui ne vous laissera pas indiffèrent
et qui réussit, sans jamais aucun pathos, voyeurisme ou complaisance, à aborder la vieillesse
dans ce qu’elle a de plus laid mais de plus beau
aussi, lorsque l’Amour et la Mort ne font plus
qu’un.
La musique joue ici un rôle capital comme dans la
plupart des films du cinéaste autrichien (voir La
Pianiste). Georges et Anne, unis pour le meilleur
et pour le pire, partagent une passion commune
pour la musique. Ici, de manière très symbolique,
elle représente la Vie. Le film (construit à la manière d'un morceau de musique) débute avec elle,
par un concert de musique classique (un long plan
-séquence) auquel assiste ce couple d'octogénaires, professeurs de musique à la retraite, venus
applaudir l'un de leurs anciens élèves. Alexandre
Tharaud, le célèbre pianiste français, y joue son
propre rôle et interprète Schubert ou Beethoven
que vous n'écouterez certainement plus de la
même manière après ce film. Lorsqu’Anne se retrouve en chaise roulante, privée d'une partie de
son corps, c'est la musique et le pianiste qui viennent à elle, chez elle. Après la musique, il y a les
silences. Quand Anne ordonne à Georges de couper la musique, elle exprime son désir de ne plus
vivre. La musique laisse alors la place au silence
et à la mort.
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Ce film marque clairement une rupture dans la
carrière du cinéaste autrichien qui signe ici un film
pudique, délicat, sensible et (pour une fois)
nous épargne toute cruauté, perversité ou autre
manipulation. Dur, c'est ce à quoi l'on pourrait s'attendre quand on va voir un film de Haneke.
N'en déplaise à ses détracteurs, Amour est un film
qui vous frappe droit au cœur, certainement son
film le plus émouvant, à la fois utile et humaniste
qui pose des questions multiples et qui alimentera à coup sûr de nombreux débats de société.
Ce film participe de ces films (trop) rares qui vous
enthousiasment et vous poursuivront longtemps
encore. On en ressort apaisé, mieux, comme suspendu... Cette année à Cannes, c'est l'amour et
rien que l'amour, celui avec un grand A, dans ce
qu'il a de plus pur, qui l'aura emporté sur tout le
reste.
Amour (France, 2012 — 2h07)
Réalisation : Michael Haneke
Avec : Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva,
Isabelle Huppert...
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CINÉ-QUIZZ
L’Amour à juste titre – le Quizz 100% français qui parle d’amour
1. Le point commun entre Les Heures de l’amour, Hiroshima mon amour et Amour ?
2. Comment s’appelle le film de Philippe Garrel dans lequel a joué Jean-Pierre Léaud en 1993 ?
A. Les Crimes de
l’amour
C. Les Enfants de
l’amour
B. La
Naissance de l’amour
3. Comment s’appelle le film de Pascal Thomas (2009) avec Marina Hands, Julien Doré et Guillaume Gallienne ?
A. L’Amour est
notre affaire
B. Associés pour l’amour
C. Ensemble,
nous allons vivre une très, très
grande histoire d'amour...
4. Elle a participé au scénario de L’Amour en fuite (réalisé en 1979 par François Truffaut) :
A. Marie-France
Pisier
B. Dorothée
C. Claude Jade
5. Je vous dis : FIFA et cinéma ? (oubliez la Fédération Internationale de Football Association), que signifie
ce sigle ?
A. Festival
International du Film d'Amour
C. Festival
International du Film d’Aubagne
B. Festival
.
International du Film sur L’art
6. Qui a réalisé Un amour de jeunesse en 2011 avec Lola Creton ?
A. Mia
Hansen-Love
B. Mia
Hansen-Love
C. Emily Noend-Love
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L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
7. Qui a composé les chansons du film Les Chansons d’amour ?
A. Alex
Beaupain
C. Vincent
B. Miossec
Delerm
CINE QUIZZ
8. Associez le film à son réalisateur :
1. Les Jeux de l’amour
A. Jacques Deray
2. L’Amour violé
B. Josiane Balasko
3. Maladie d’amour
C. Yannick Bellon
4. Un grand cri d’amour
D. Philippe de Broca
9. Pour Beigbeder (auteur et réalisateur), L’amour dure :
A. Trois ans
B.
Toujours
C. Trois mois
D. Gainsbourg, Vie Héroïque.
10. Dans Eloge de l’amour (Jean-Luc Godard, 2001), qui joue Edgar ?
A. Robin
Renucci
C. Bruno
Putzulu
B.
Bruno Todeschini
11. La Française et l’amour est un film collectif français, composé de 7 sketches (L’Enfance, l’Adolescence, La Virginité, Le Mariage, L’Adultère, Le Divorce et La Femme seule) réalisés par 7 réalisateurs français. Il est sorti en...
A. 1950
B. 1960
C. 1970
Réponses: 1 Emmanuelle Riva, 2b, 3c, 4a, 5abc, 6a, 7a, 8 1d-2c-3a-4b, 9a, 10c, 11b.
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ASTERIX ET OBELIX, AU SERVICE DE SA MAJESTE
Les Flambys au pays de la jelly
A
près quatre ans de chômage technique, nos
deux intrépides Gaulois sont de retour, prêts
à en découdre avec l’envahisseur romain toujours le même-…mais rien à faire, il a
toujours pas compris et c’est pas encore demain la
veille que César s’installera en Egypte avec Cléopâtre pour se lancer dans la culture bio du papyrus.
Sa nouvelle cible : Brittania, « Grande-Bretagne »
pour les intimes. Des blocs de granite, à l’heure du
rituel de l’eau chaude à boire dans une tasse, la
Reine Cordelia, elle apprécie moyen moyen, dans
son salon décoré avec goût. Et on la comprend, c’est
un peu comme trouver dans une salade de carottes
râpées, un gros bout d’ongle. Votre mère aura beau
avoir mis tout son amour dans la réalisation de ce
plat, c’est pas gustativement folichon…
À Jolitorax, serviteur de sa majesté, donc, d’aller demander de l’aide aux utilisateurs de « la magique potion » au village des irréductibles. Sauf qu’Astérix et
Obélix, pour arrondir leur fin de mois, doivent déjà
tanner la couenne de Goudurix, un petit gars de Lutèce, boulet sur les bords, pour qu’il devienne un
homme. Tant bien que mal, ils acceptent le cumul.
Obélix attache Idéfix à un arbre en bordure d’autoroute et, hop, c’est parti pour une petite traversée de
la Manche à la rame pour Astérix, Obélix, Goudurix,
10
Par Corinne Berthier
Jolitorax et un bon gros tonneau de potion magique
bien fraîche…et un passager clandestin.
Le sort des Romains pourrait déjà être scellé à ce
moment-là sauf que non : Astérix et Obélix sont pas
des machines et ça leur arrive d’être complètement à
côté de la plaque et, surtout, faut bien que le film
dure au minimum une heure et demie…
Ce nouvel opus filmé en 3D, s’inspire de deux tomes
de la bande dessinée d’Uderzo et Goscinny : Astérix
chez les Bretons et Astérix chez les Normands. Laurent Tirard, comme ses prédécesseurs, y ajoute sa
goutte de sauce à la menthe de références contemporaines. L’adaptation des deux récits est bien respectée. Au spectateur ensuite de sauter de clin d’œil
en clin d’œil.
Tout commence par un générique à la « James
Bond ». Après, qui voudra, verra des hommages plus
ou moins marqués à des films comme Sacré Graal
des Monty Python, Orange mécanique de Stanley
Kubrick, La guerre des étoiles de Georges Lucas (…)
et le personnage interprété par Valérie Lemercier n’at-il pas des faux airs d’Alice Sapritch dans la Folie
des grandeurs de Oury ?
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
Aucune ombre à signaler dans ce casting bien
fourni. L’Astérix version Christian Clavier pouvait
être antipathique, Edouard Baer lui redonne son
caractère bonhomme et jovial originel, même si
parfois, des mots acerbes fusent envers son collègue. Gérard Depardieu se fond dans cet Obélix
toujours plus gros et aviné et que dire de ce Jules
César grandiloquent que Fabrice Luchini, au meilleur de sa forme, récupère des mains d’Alain Delon? Vincent Lacoste, quant à lui, après Les beaux
gosses de Riad Sattouf et le tout récent Camille
redouble, continue son itinéraire d’ado tête à
claques drolatique. Vous pourrez aussi trépigner à
chaque apparition des BB Brunes qui tels Les
Beatles ou André Rieux enflamment les foules
bretonnes.
Une bonne tondeuse électrique et pas mal de
crème dépilatoire vous seront nécessaires pour
mettre à nu la tripotée de comédiens français
ayant participé à ce long-métrage.
Bien entendu, le choc culturel est omniprésent et
souvent cocasse. L’accent, la bienséance et les
coutumes alimentaires anglaises donneront bien
du fil à retordre à nos protagonistes qui sortiront
grandis de tant d’épreuves et dépassement de soi.
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
La question de la relation amicale bizarrement
fusionnelle entre Astérix et Obélix est enfin abordée et servira de fil conducteur à une bonne partie
du film !
Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté : un
joyeux divertissement à conseiller à tous ceux qui
sont tombés petits dans la marmite de la BD…Et
pourquoi pas à Lance Armstrong aussi…
Asterix et Obélix... (France, 2012 — 1h49)
Scénario :
Grégoire Vigneron, Goscinny & Uderzo
Réalisation : Laurent Tirard
Musique : Klaus Badelt
Avec : Gérard Depardieu, Edouard Baer, Guillaume Gallienne, Vincent Lacoste
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AU PROGRAMME
de Laurent Tirard
DANS LA MAISON
Un thriller efficace, envoutant et jubilatoire
F
rançois Ozon est assurément l´un des
cinéastes les plus prolifiques du cinéma
français passant avec aisance d´un registre à l'autre tout en se renouvelant à
chacun de ses films.
Après Potiche sa comédie très seventies sortie en
2010, François Ozon revient avec Dans la maison, un
thriller trouble, mystérieux et fascinant, digne des
plus grands films hitchcockiens... mais sans oublier
ce petit zeste de perversité devenu aujourd'hui sa
marque de fabrique. Il est sans aucun doute l’un des
cinéastes qui aime le plus les femmes, de Catherine
Deneuve (Potiche) à Charlotte Rampling (Sous le
sable) en passant par Isabelle Carré (Le refuge) Valeria Bruni Tedeschi (5x2) Emmanuelle Béart ou Isabelle Huppert (8 femmes), toute la fine fleur du cinéma français féminin est passée devant sa caméra.
S’il aime les femmes, son cinéma considère très peu
les hommes, on lui reproche souvent de les renier.
Dans la maison est son exception et réunit, pour la
première fois, un casting composé principalement
d'interprètes masculins. Ozon, l'homme qui aimait les
femmes, offre ici, deux très beaux rôles à Fabrice
Luchini et à un tout jeune acteur, Ernst Umhauer, la
grande révélation du film. Ils forment ici un couple
plutôt inattendu voire inédit au cinéma, celui d'un pro12
Par Lorraine Lambinet
fesseur et de son élève dont le lien n'est pas sans
évoquer la relation fascinante et dérangeante qu'entretiennent les deux personnages féminins, Sarah
Morton, l'écrivain rigide et frustrée en panne d'inspiration (Charlotte Rampling) face à la jeune et sensuelle,
Julie (Ludivine Sagnier) dans Swimming Pool sorti en
2003.
Le premier est Germain (Fabrice Luchini), un professeur de français, amoureux de littérature mais écrivain raté, un brin névrosé et dépressif. Face à lui,
Claude (Ernst Umhauer) un élève au visage d´ange,
assis au dernier rang, inquiétant et mystérieux, une
sorte de Rimbaud, un peu pervers...
Dans le rôle de l'élève, le film révèle le jeune Ernst
Umhauer dont c'est ici le premier rôle. Un rôle important qui aurait pu être périlleux pour l'acteur alors âgé
de 21 ans et qui incarne ici un adolescent de 16 ans.
Comme Swimming Pool, Dans la maison est une réflexion sur le processus de création et d'écriture. Il ne
ressemble à rien de ce que l’on pourrait attendre d’un
film policier au sens propre du terme : pas de
meurtre, ni d’intrigues complexes, pourtant, il réussit
à mener un véritable suspense autour de la relation
trouble entre le maître et son élève.
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
AU PROGRAMME
de François Ozon
Tout débute par un simple exercice de rédaction
où Claude évoque son week-end passé avec un
camarade de classe, Raphaël. Alors que le professeur pense naïvement aider l’enfant à révéler ses
talents d’écritures, une relation complexe se noue
entre lui et son élève. L'exercice va vite se révéler
plus dangereux qu'il n’en a l'air et Claude va prendre un peu trop à la lettre le conseil de son professeur : "s'approcher au plus près de ses personnages" allant jusqu’à épier et s’immiscer dans la
vie de famille de Raphaël. Comme dans bon
nombre de films d’Ozon, on retrouve ce personnage perturbateur et destructeur de la cellule familiale. Swimming pool, Dans la maison sont des
films qui abordent la notion du « regard » ; comment un regard peut transformer quelqu’un et générer un fantasme jusqu'à l’obsession.
Ozon parvient à rendre passionnante et extraordinaire la « normalité » par sa mise en scène. Le
spectateur est, comme Germain, littéralement embarqué dans cette aventure racontée par Claude
où se mêlent la réalité et l'imagination débordante
de son jeune auteur. Ozon aime jouer au chat et à
la souris avec ses spectateurs qu’il convie à ce jeu
de dupes d’une gentille perversité et dans lequel il
joue sans cesse à brouiller les pistes entre fantasme et réalité.... C'est envoûtant, efficace, jubilatoire et ludique à la fois! Dans la maison est un
film fascinant intriguant qui prouve qu'en France,
on peut aussi réaliser un bon thriller psychologique original et sans effets spéciaux.
Soutenu admirablement par ses deux comédiens,
Dans la maison n'était pas encore sorti en France
qu'il triomphait déjà à l'étranger où il remporta bon
nombre de prix (prix de la critique au Festival de
Toronto ; prix du jury et meilleur scénario au Festival de San Sebastian). François Ozon marque son
grand retour avec son meilleur film depuis 10 ans
et ne faillit pas à sa réputation d´enfant terrible du
cinéma, rarement gentil, souvent mordant, un peu
cruel… Autant dire que, en entrant Dans la maison, vous serez servis !
Dans la maison (France, 2012 — 1h45)
Scénario : François Ozon
Réalisation : François Ozon
Musique Philippe Rombi
Avec : Fabrice Luchini, Ernst Umhauer et Kristin
Scott Thomas.
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LES ENFANTS LOUPS, AME & YUKI
Femmes et enfants d’abord !
Par Charles Lemaitre
Avec Hana, la mère, Hosoda développe un thème qui
lui semble cher et qu'il avait abordé dans ses films
précédents: la difficulté d'être femme.
Il déclarait, dans une interview accordée à Mad Movies en septembre 2012: "[…] j'ai toujours trouvé que
la vie d'un personnage féminin était beaucoup plus
cinématographique que celle d'un homme. Les
femmes ont en effet beaucoup plus de moments
dans leur vie où elles doivent faire des choix décisifs:
vont-elles se marier, avoir des enfants, continuer à
travailler? Pour les hommes, il n'y a pas tous ces
choix à faire, les choses sont bien plus linéaires […]."
A
me et Yuki, deux enfants loups, sont élevés
en toute discrétion par leur maman au cœur
de la grande ville. Mais la vie est difficile, et
pour garder ce secret tous trois partent
s'isoler à la campagne. Chacun devra alors s'adapter
à cette nouvelle vie et choisir, le moment venu, l'existence qui lui convient le mieux.
Comment parler du dernier dessin animé de Mamoru
Hosoda? Dois-je m'adresser aux gônes ou aux
adultes ? Aux parents ou aux enfants? Lesquels entraîneront les autres découvrir Ame et Yuki? C'est
difficile tant le film mélange des sensibilités et des
interrogations propres à chacun des spectateurs, à
partir de 8-9 ans !
Le dessin donne tout d'abord à ce film le ton du
conte. Passant des paysages urbains gris et rectilignes au foisonnement verdoyant de la campagne
japonaise, il permet d'opposer deux philosophies,
deux styles de vie d'un côté social, de l'autre écologique. L'animation, tantôt très recherchée et mêlant
2d traditionnelle, 3D ou rotoscopie, tantôt stylisée à
l'extrême (une course dans la neige étant traitée en
simples à-plat bleus et blancs) est constamment au
service de l'émotion sans rechercher les effets gratuits.
Au contraire, cette modestie recentre toujours la
scène sur les personnages, rehaussant une sensation de solitude dans un parking ou l'ivresse d'une
cavalcade en montagne, et permet mine de rien
d'aborder avec facilité quantité de thèmes universels.
La femme, l'éducation, le respect, la différence, l'apprentissage, tout s'entremêle habilement dans ce portrait en parallèle d'une mère et de ses enfants.
Ainsi, dans la traversée du temps (2006), l'héroïne
était une adolescente écervelée découvrant les responsabilités et les sentiments. Dans Summer Wars
(2009), c'étaient les portraits d'une jeune fille à la recherche de sa personnalité dans une famille élargie
et d'une matriarche, descendant de la noblesse samouraï, qui endossait le rôle de guide propre aux aînés pour organiser la résistance face à une menace
technologique.
Dans les enfants loups, Hosoda adopte le point de
vue d'une jeune mère de famille, désemparée par
l'exubérance et les caractères si différents de ses
enfants: comment deviner leurs besoins, les protéger,
choisir ce qui est le meilleur pour eux et comment,
surtout, les aider à grandir?
Loin de la conclusion habituelle des contes pour petits et grands, qui veut qu'à la fin les héros accèdent à
un bonheur sinon conjugal, du moins personnel, Les
enfants loups Ame et Yuki nous rappelle que le
simple fait de permettre à ceux que l'on aime de choisir leur destinée est la plus grande des réussites,
comme le plus difficile des renoncements…
Les enfants loups, Ame & Yuki (Japon, 2012)
Scénario : Mamoru Hosoda, Satoko Okudera
Réalisation : Mamoru Hosoda
Musique : Masakatsu Takagi
Pour Ame et Yuki d’abord : c'est la découverte du
Monde, de deux mondes, chacun à la fois séduisant
et effrayant. Celui des Hommes, avec les voisins,
l'école et les camarades; et celui des loups, avec la
nature, l'instinct et la solitude.
14
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
Petit panorama de l’animation japonaise
(à l’usage de ceux qui se sont arrêtés à Goldorak)
A la fin des années 1970, la télévision découvrait
Goldorak robot géant sans cesse en lutte contre de
monstrueux envahisseurs. Le choc ne laissa personne indifférent. Les enfants en raffolaient, les
adultes méprisaient. C’était le premier contact du
grand public avec l’animation japonaise, et ce nouveau style, économe et grossier, bouleversait notre
idée du dessin animé.
voisin Totoro (1988), Princesse Mononoke (1997) et
surtout Le voyage de Chihiro (ours d’or au festival de
Berlin 2002 et Oscar du meilleur film d’animation en
2003) ; Isao Takahata revisitant via deux orphelins un
Japon dévasté dans le tombeau des lucioles (1988)
ou racontant les déboires d’une famille de japonais
typiques dans mes voisins les Yamada (1999)… Hiroyuki Morita et son royaume des chats(2002).
Quand, chez Walt Disney, les animateurs inséraient
24 images dans une seconde, la Toeï n’en utilisait
que 12. Quand la petite taupe évoluait dans des décors foisonnant de papier découpé, les paysages de
Candy ne comprenaient que quelques lignes gouachées et criardes… Nous ne savions pas si ce que
nous découvrions était le haut du panier, ou bien des
productions commerciales destinées à inonder le
marché occidental à l’heure où notre modèle économique élevait l’enfant au rôle de consommateur.
Sur l’autre voie, Mamoru Oshii adapte Ghost in the
shell (1995) et plonge ses héros mi-humains mimachines dans des abîmes philosophiques et existentiels, Shin’shiro Watanabe transpose l’ambiance
des polars américains seventies dans Cowboy bebop
(2001)… Katsuhiro Otomo reconstruit un univers
uchronique et steampunk dans Steamboy (2004)…
L’animation japonaise, « l’anime », pourtant, était née
quelques décennies auparavant. Découlant directement du manga (bande dessinée), lui même successeur de la tradition des estampes, l’anime remonte
aux années 1950-1960. A cette époque, le japon occupé découvrait Hollywood et les comics. Pour gagner sa vie, un certain Osamu Tesuka dessinait des
histoires dans des périodiques en noir et blanc. Ainsi
naissaient Leo, le roi des animaux, Astro boy le robot,
la princesse Saphir… Devant le succès de ses histoires, Tezuka, admirateur du travail de Walt Disney,
crée les studios Mushi et pose les bases d’une école
japonaise du dessin animé qui, bien que fortement
inspirée du modèle américain, prend très vite son
indépendance. Accompagnant le miracle économique, manga et animation prennent de l’ampleur et
de l’assurance. Toujours perméables, les deux arts
s’alimentent l’un l’autre, échangeant styles, auteurs et
personnages. De notre coté nous ne retenions que
Goldorak. Deux auteurs, initialement mangakas, allaient radicalement changer notre vision des choses
dans les années 1990.
Une route à deux voies
Adaptant pour le cinéma son manga fleuve, Katsuhiro
Otomo livrait en 1988 avec Akira une œuvre violente, rythmée, techniquement et esthétiquement
éblouissante. Tout de suite salué par les fans de
science fiction pure et dure, Akira ouvrait la voie à
l’anticipation pour les grands, version dessin animé.
Aux antipodes de cet univers, un cochon aux manettes d’un hydravion rouge se posait sur nos écrans.
Hayao Miyazaki et Porco Rosso (1992) arrivaient en
France. On découvrait une profondeur, une sensibilité, un sens du récit et de la mise en scène insoupçonnés. La route à deux voies était ouverte. D’un coté les œuvres poétiques et humanistes des studios
Ghibli, Miyazaki en tête avec Nausicaa (1984), Mon
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
Enfants, adolescents et adultes se retrouvent dans
les files d’attente, chacun puisant, outre le plaisir du
spectacle dessiné, le message qui lui est réservé.
L’énumération pourrait se prolonger longtemps, deux
auteurs cependant méritent encore votre attention,
car ils font, sinon la synthèse, du moins la jonction
entre ces deux tendances. Satoshi Kon, qui s’attachait à mêler fantasmes et réalité dans des récits qui
tenaient tantôt de Frank Capra (Tokyo Godfathers,
2003), tantôt de Philip K ; Dick (Perfect blue, 1997,
Paprika, 2006).
Enfin, Mamoru Hosoda, qui, dans trois animes La
traversée du temps, Summer wars et aujourd’hui Les
enfants loups Ame et Yuki, développe les thèmes de
l’apprentissage, de l’enfance et de la femme au travers de récits qu’on ne saurait qualifier uniquement
de contes, de science fiction ou de fantastique.
Des thèmes universels
Bien sûr, tous ces films ne se valent pas, et c’est bien
la preuve que l’animation japonaise s’est fait une
place dans le cœur des cinéphiles. Les thèmes
qu’abordent les animes sont universels. Pourtant il
est rare de les trouver déclinés avec profondeur et
finesse. L’apprentissage, le respect des autres, la
guerre, la menace technologique, la nature, l’amitié,
le sentiment d’humanité sont les principales réflexions que nous proposent les animes. Et il est rare
de trouver, dans ces films d’auteur, l’incarnation d’un
mal ou d’un bien absolu. Tout est question d’équilibre, de point de vue, de cohabitation. Co-exister
avec la nature, avec ceux qui nous sont différents.
Il n’est plus question aujourd’hui de jeter un regard
méprisant sur un générique en kanji, ou de réduire un
genre cinématographique à une chorégraphie de robots karatékas. L’anime inspire les auteurs hexagonaux, américains, russes. L‘anime se copie, jusque
chez Disney (comparez Leo et Le roi lion, Le château
dans le ciel et Atlantide).
15
AU PROGRAMME
de Mamoru Hosoda
TOP 5 DES MEILLEURS FILMS DE… TORTURE
Torture moi si tu peux !
Par Mélany Trouillet
P
our inaugurer cette nouvelle rubrique, je
vous propose un top 5 des meilleurs films
de torture, et oui belle inauguration n’est ce
pas ! Alors pourquoi ce thème ? Non, non je
ne cache pas de tendances sado maso ou psychotiques mais je me suis dis : « tiens Halloween vient
juste de passer alors faisons un top 5 d’actualité ».
Mais c’est aussi un prétexte pour aborder le genre
horrifique et notamment les films de torture qui ont
connu une très grande expansion, un intérêt grandissant et des afficionados de plus en plus nombreux,
en témoignent les suites interminables de Saw qui
font toujours plus d’entrées, ils ont même osé le Saw
6, pour vous dire ! Mais pourquoi cet intérêt ? La société deviendrait-elle de plus en plus perverse ? Je
vous laisse à vos méditations, mon top 5 ne sera pas
un essai philosophique sur le voyeurisme et la décadence du monde que certains voient dans ces films
mais simplement quelques pistes pour entrer dans ce
genre en toute sérénité.
Les films de torture, il en est tellement sorti ces dernières années qu’il est en effet difficile de distinguer
les navets du vrai film qui remue ‘’les tripes’’. Que ce
soit pour les petits nouveaux qui voudraient s’essayer
à ces pratiques cinématographiques ou que vous
ayez ratez halloween et qu’une petite séance de rattrapage s’impose : voici un top 5 totalement subjectif
mais estampillé d’une expérience sur le terrain des
meilleurs films de torture qui vous donnera peut être
envie de vous plonger dans cet univers. Cœurs sensibles s’abstenir !
Avant de commencer les hostilités, un peu d’histoire tout de même : Le film de torture plus communément appelé ‘’torture porn’’ est un sous genre du
cinéma d’horreur. Le terme est apparu en 2006 sous
la plume du critique David Edelstein pour le New
York Magazine en référence au premier Saw mais
l’origine des ‘’torture porn’’ remonte bien avant les
années 2000. C’est au cœur des années 1970 avec
notamment Salo ou les 120 jours de Sodome de Pier
Paolo Pasolini qu’il faut trouver l’embryon du ‘’torture
porn’’ moderne.
Le ‘’torture porn’’ défini en 3 points :
1. La torture est le sujet même du film et est gratuit(on ne torture pas pour obtenir des aveux
mais par plaisir).
2. Des adolescents ou jeunes adultes d’une trentaine d’années maximum (qui s’en sortent
très rarement) sont à la merci d’un ou de plusieurs sadiques.
3. Des tortures ultra réalistes loin du grand guignolesque de certains films d’horreur.
16
5ème position : Grotesque (de Koji Shiraishi, 2009,
Japon)
L’histoire : Un couple de jeunes asiatiques est kidnappé alors qu'il marchait dans la rue. A leur réveil,
ils se retrouvent ligotés sur des tables d'opérations,
l'un face à l'autre, en présence d'un troisième
homme, qui se révèle rapidement être un bourreau
sadique. Dans l'impossibilité de fuir, les amants se
voient contraints de subir les pires tortures...
Pourquoi s’infliger ce film : Parce que pour les novices, c’est une belle entrée en matière. Le scénario
et le traitement sont classiques mais des scènes humoristiques viennent jalonner le film notamment la
scène finale (surtout si vous regardez le film en VF).
Il y a plusieurs tons et c’est cela qui est sympathique
(du gore, du dramatique, de l’humoristique). De plus,
la psychologie des personnages est traitée de manière originale par une série de rêves. Il faut cependant avoir le cœur bien accroché pour certaines
scènes peu ragoutantes, c’est de l’ultra gore (le film
est interdit aux moins de 18 ans) mais il est vraiment
à prendre au second degré : comme son nom
l’indique, c’est grotesque et donc rien de traumatisant, c’est plutôt un clin d’œil au genre.
La scène culte : Ramper sur le sol toutes entrailles
sorties avec des bruitages extrêmement réalistes.
4ème position : Funny games US (de Michael Haneke,
2007, USA)
L’histoire : un couple et leur fils passent des vacances au bord d'un lac. Deux jeunes hommes leur
rendent visite sous un prétexte futile. Ils les séquestrent et leur font vivre un enfer.
Pourquoi s’infliger ce film : Parce que c’est à la fois
un film de torture et un vrai film d’auteur. Ici la torture
est psychologique plus que physique. Ce n’est pas
un ‘’torture porn’’ à proprement parlé, il n’y a pas de
scènes gores mais il méritait de faire partie de ce top
car il nous met très mal à l’aise. En effet, on commence par un film tranquille où s’installe un certain
malaise puis une montée de violence dont on ne sait
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
pas jusqu’où elle culminera. La sobriété de la mise
en scène contraste avec l'intensité des événements vécus par la famille. On a de très longs
plans fixes qui nous montrent la souffrance des
victimes et qui deviennent dès lors des supplices
en soi. On ne sort pas indemne de ce film et c’est
bien là l’objectif du réalisateur, nous faire réfléchir
sur notre propre rapport à la violence.
L’objet culte : les vêtements et les gants de golfeur d’un blanc immaculé des deux tortionnaires.
2ème position : Hostel (de Eli Roth, 2006, USA)
L’histoire : Une bande de jeunes Américains, partis en Slovaquie faire du tourisme sexuel, vont se
retrouver face à l’horreur absolu, obligés de subir
des tortures extrêmes.
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
1ère position : Martyrs (de Pascal Laugier, 2008,
France)
L’histoire : France, début des années 70. Lucie,
une petite fille de dix ans, disparue quelques mois
plus tôt, est retrouvée errant sur la route. Les raisons de son enlèvement restent mystérieuses.
Traumatisée, mutique, elle est placée dans un
hôpital où elle se lie d'amitié avec Anna, une fille
de son âge. 15 ans plus tard, on sonne à la porte
d'une famille ordinaire. Le père ouvre et se retrouve face à Lucie, armée d'un fusil de chasse.
Persuadée d'avoir retrouvé ses bourreaux, elle
tire.
Pourquoi s’infliger ce film : Parce que la torture
sert un propos aussi inventif qu’intéressant et
parce que la fin intrigante laisse une place à l’imagination et aux questions.
La scène culte : La scène finale d’écorchage de
peau, Atroce !
Voilà, en espérant que vos cœurs sont restés
bien accrochés, vous avez maintenant en main
toute la panoplie pour programmer des soirées
d’halloween digne de ce nom !
17
CHRONIQUES
3ème position : Saw (de James Wan, 2004, USA)
L’histoire : Deux hommes sont enchaînés dans
des sanitaires. Tout deux ne se connaissent pas
mais ils ont été piégés par un serial-killer qui impose à ses victimes des choix sadiques. L'un doit
s'échapper de la salle de bains et l'autre doit le
tuer sinon sa femme et sa fille mourront.
Pourquoi s’infliger ce film : Parce que c’est le
Neil Armstrong de la bande, le premier à avoir ouvert la boîte à torture (désolé pour le mauvais jeu
de mot). Mais aussi parce qu’on a affaire au plus
joueur des psychopathes de l’histoire, à un scénario bien ficelé et de l’originalité dans les tortures. A
noter qu’après deux épisodes, la saga s’essouffle
et devient un peu redondante.
La scène culte : Le sciage de pied à la scie à métaux mais aussi l’homme caché dans le placard de
la petite fille qui réveille toutes nos peurs enfantines.
Pourquoi s’infliger ce film : Parce qu’Eli Roth
s’est inspiré d’une histoire vraie pour le scénario
(si si je vous jure !!) et pour l’originalité du discours
et des scènes de torture. Dans la lignée directe de
Saw, Hostel donne une nouvelle dimension au
‘’torture porn’’. S’il y avait des résidus de morale
dans ce dernier, on accède ici à une véritable industrie de la torture.
La scène culte : Aïe Aïe Aïe les talons d’Achille !
TOILES DES GÔNES
Le Cinéma, seulement l’affaire des grands ?
Par Beverley Robert-Wyss
L
e festival Toiles des gones c’est un peu Noël
avant l’heure pour les enfants du Grand
Lyon. Cette manifestation est un événement
co-organisé et cofinancé par le GRAC
(Groupement Régional d’Actions Cinématographiques) et certains exploitants de salles de son réseau. Depuis sa première édition il y a sept ans, Toile
des gones prend un bel essor et rencontre un public
de plus en plus nombreux et fidèle lors des vacances
de la Toussaint. Du 27 octobre au 11 novembre
2012, dans vingt-trois salles du centre-ville et du
Grand Lyon, un grand nombre de petits « bout de
choux » pourront faire leurs premiers pas dans leur
cinéma de quartier et découvrir les joies du spectacle
sur grand écran.
La grande diversité de sa programmation permet de
satisfaire aussi bien un très jeune public, 2-3 ans,
mais aussi des plus grands de 9-10 ans. Ernest et
Celestine, Les Goonies, Gros pois et petit point, Les
jour des Corneilles,… un éventail de films inédits,
méconnus ou « classiques » répondant à une même
exigence de qualité d’écriture. Si les enfants ont pendant longtemps été laissés pour compte par les productions cinématographiques, ils ont actuellement de
plus en plus de choix pour se laisser émerveiller.
Pour l’Emile, Grégory Tudellla, responsable du secteur jeune public du GRAC et programmateur du festival Toile des Gones revient sur cette aventure, démarrée il y a sept ans et qui aujourd’hui se fait l’écho
de la mutation d’une branche « jeune public » en
plein développement.
Tout au long de l’année, le GRAC a pour vocation
d’établir une organisation collective des salles de cinéma pour être plus présent dans le paysage cinématographique lyonnais, face aux grands groupes et
multiplexes. Cet organisme leur permet notamment
d’avoir plus de poids face aux distributeurs de films
pour l’obtention de certaines copies et d’organiser
des actions culturelles dans le but de sensibiliser un
public. Toile des gones est née d’une volonté commune au GRAC et aux exploitants de salles adhérentes de s’adresser à un public rarement sollicité
tout au long de l’année : les enfants. Ainsi, ce festival
permet aux petits exploitants de coordonner un véritable temps fort dédié aux films pour enfants. Travail
qui n’est pas toujours réalisable pour certaines salles
sur l’année, notamment pour les plus petites dont le
faible nombre d’écrans peut cantonner leur exploitant
20
Gregory Tudella, programmateur du festival
à une programmation essentiellement destinée aux
adultes : leur public majoritaire. Mais, comme nous le
précise M. Tudella, depuis quelques années la tendance évolue : « Depuis les années 2000 le secteur
du jeune public connaît un véritable essor. Nous
assistons au développement d’un marché ». L’apparition d’un festival essentiellement dédié à ce public est représentative d’une véritable volonté d’investissement des sociétés de productions dans ce domaine. Une pulsion notamment insufflée en France
par Kirikou et la sorcière sorti en 1998 qui remporta
un véritable succès d’estime et commercial. Cette
année est très riche pour le cinéma jeune public qui
compte sept sorties de films long-métrage (un record)
dont Toile des Gones essaye d’être le reflet en présentant de nombreuses avant-premières mais également en donnant une deuxième chance à des films
de l’année, de qualité, sortis dans un relatif anonymat. Le tout parsemé de quelques hommages aux
classiques comme The Kid de C. Chaplin et Les Goonies (produit par S. Spielberg) qui permettront, on
l’espère, un éveil d’une toute nouvelle génération, à
un cinéma de qualité.
« Si la période de la Toussaint était, il y a
quelques années, une véritable manne pour les
distributeurs téméraires, le développement global
de la production jeunesse nous fait craindre la
création de nouveaux « embouteillages » de sorties de films jeunes publics tout au long de l’année. Mais au final, nous ne pouvons quand même
pas nous plaindre de voir ce secteur se développer !».
Les productions se multiplient, créant, revers de la
médaille, ces « embouteillages » à certaines périodes
clefs de l’année en terme de jeune public. Si Noël est
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
Ce réel travail de sensibilisation effectué par Toile
des Gones est fort de son succès grandissant.
Lors de la 1ère édition, le GRAC travaillait avec dix
cinémas partenaires. Aujourd’hui l’extension du
festival à de nouvelles salles porte le nombre de
partenaires à vingt-trois et agrandit son périmètre
d’action au-delà du Grand Lyon. Le cinéma Le
Zola, partenaire dès sa création, organise de nombreuses séances dans le cadre de cette manifestation. Comme je ne recule devant rien pour nos
lecteurs de l’Emile, me voici en reporter de terrain : immersion aux pays des gommettes et des
bonbons…
Reportage « Extrême Gommettes » lors de la
projection de Gros-pois et Petit-point qui a eu
lieu Zola dans le cadre du festival Toile des
Gones.
Lundi - 14h20 - j’arrive dans le hall du Zola d’où
parviennent rires et cris d’enfants impatients. Ces
très jeunes cinéphiles (2-3 ans) semblent ravis de
donner eux-mêmes leur ticket à l’ouvreuse, une
bénévole de l’association Pour le Cinéma, présente pour donner un coup de main. Aujourd’hui
bon nombre d’enfants vont pour la première fois
au cinéma découvrir un film abordant de grands
problèmes de sociétés en prônant le droit à la différence et l’amitié : Gros-pois et petit-point. Bon,
ces petits personnages de pâte à modeler ne sont
peut-être pas les porte-parole officiels de
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
« Touche pas à mon pote » mais ils insufflent avec
humour et poésie une délicate joie de vivre à
cueillir dans les plaisirs du quotidien. Leurs aventures sont traitées en six épisodes distincts, un
format qui permet aux tout petits enfants de ne
pas se lasser. Gros pois et Petit point n’est pas
une animation « débilitante pour bébés » et tout le
monde y trouve son compte. J’avoue, du haut de
mes 23 ans, avoir pris un doux plaisir à retomber
en enfance en suivant ces deux petits
bonshommes joueurs et quelque peu maladroits.
Tous les enfants semblaient conquis : attentifs
dans les moments délicats de l’action et très réactifs lorsqu’il s’agissait d’observer un papillon virevoltant sur l’écran de projection. Une fois le film
terminé, s’ensuivit une « pêche aux gommettes »
et une distribution de bonbons qui a finit de combler les parents et grands-parents. Le public était
nombreux et varié, il y avait les habitués comme
Marie-Odile et ses petits-enfants Tiago,Taïna et
Gabriel, toujours heureuse de pouvoir profiter du
festival pour les emmener à quelques séances
durant les vacances scolaires, et des nouveaux
venus conquis par le choix de films et d’animations proposées. Les parents se sont réjouis
d’avoir accès à des films « adaptés » à l’âge de
leurs enfants. La sensibilisation des parents à la
distinction des films adaptés ou non aux enfants
est une mission que Toiles des gones prend à
cœur. Dans ce but, leur programmation se partage
clairement entre des tranches d’âges différentes
dans lesquels sont catégorisés les films présentés. « Il est difficile pour un enfant de 3 ans de
supporter un film de plus d’une heure » nous précise Grégory Tudella (programmateur du festival).
Le film jeune public reste encore un terme « fourre
-tout ». Il est important de sensibiliser les enfants
et les parents aux cinémas qui sont adaptés pour
chacun et c’est chose faite lors de cette séance au
Zola ! Je ne peux m’empêcher d’imaginer ces petits enfants comme de futurs amoureux du cinéma
toujours présents dans les salles obscures dans
dix, vingt ou trente ans. Ils ont les yeux qui brillent
en parlant d’extra-terrestres et de pirates (les deux
petites aventures préférées de Gros-pois et Petitpoint à l’unanimité chez les enfants !). Espérons
qu’ils garderont encore longtemps le même émerveillement face à l’écran lorsque, dans l’ombre
d’un fauteuil de velours, la salle s’assombrira lentement à nouveau et que commencera à fonctionner « l’usine à rêve »…
21
CHRONIQUES
une période réellement surchargée, placer Toile
des Gones au début de l’hiver, au moment des
vacances de la Toussaint, est un choix stratégique
qui porte ses fruits. D’avantage de distributeurs
osent s’aventurer en dehors des zones calendaires habituelles, comme par exemple le mois de
février qui a été propice au succès du film Zarafa.
Face à cette nouvelle déferlante de films, il devient
important, au moment où le jeune public est de
plus en plus sollicité, de maintenir une exigence
de qualité et une diversité des films sur nos
écrans. Les enfants constituent un public influençable qui peut rapidement se faire happer par les
importantes campagnes de communications de
certaines productions. Sans remettre en cause
leur qualité, par exemple les films Pixar (à remarquer que cette année dans la thématique du
« portrait de famille » Les Indestructibles est programmé par Toile des Gones), il est important de
montrer la diversité et la qualité des films
« d’usines à rêves » moins célèbres.
FESTIVAL DU FILM COURT
Par Beverley Robert-Wyss
A
ttention les yeux, débarquement imminent
de la 33ème édition du festival du Film
Court !
Le meilleur des réalisations françaises et
internationales de l’année arrive à Villeurbanne du 16
au 25 novembre prochain ! Petit tour d’horizon du
programme concocté par l’équipe du Zola et notre
directeur général Laurent Hugues.
Du changement niveau compétition !
Qu’on se le dise, la compétition française et la compétition européenne francophone ne font plus
qu’une ! Il semble aujourd’hui important de réappréhender la production du court métrage non pas
dans une dimension principalement française mais
en élargissant le cadre à une vision plus européenne
et à une plus grande diversité de production, de ton,
de créativité. Une volonté d’ouverture qui trouve naturellement sa place aux vues des échanges toujours
plus présents entre pays francophones (favorisés par
de nouveaux réseaux de communication) qui font
tomber les barrières culturelles sans pour autant renier les identités. Aux 32 films de la compétition européenne s’ajouteront les 30 films de la compétition
Image Virtuelle faisant la part belle aux productions
françaises en termes d’images de synthèse. Cette
sélection indéboulonnable dans laquelle a été projeté
il y a quelques années l’excellent Logorama rivalisera
encore de créativité pour vous proposer le meilleur
de l’animation numérique.
Quelques temps forts parmi tant d’autres !
La soirée d’ouverture vous permettra d’avoir accès
en avant-première à la sélection de films qui composera « Rhône-Alpes tout court ». Un programme de 5
courts-métrages réalisés dans la région Rhône-Alpes
qui prouve le dynamisme de notre région dans le cinéma. A noter que parmi la sélection, Les Chiens
Verts de Mathias et Cola Rifkiss et American Football
de Morgan Simon seront également en compétition
européen durant le festival. Dans un autre style, La
dernière longue nuit avant l’apocalypse (samedi
17 novembre) vous donnera l’occasion d’exorciser
vos angoisses autour de la fin du monde programmée pour bientôt. Autour de productions internationales pleines d’humour ou d’horreur et d’activités
toutes plus délirantes que les autres, venez prouver
que les murs du Zola peuvent vibrer une dernière fois
avant l’extinction de l’espèce humaine. Pour en profiter pleinement et notamment de L’attaque du monstre
géant suceur de cerveaux de l’espace (de Guillaume
Rieu) et de Banana Motherfucker (de Fernando Alle)
venez déguisés ! Mais avant le déclin du monde la
Croatie nous envoie le meilleur de son animation
pour le programme La Croatie s’anime (mardi 20
novembre). L’Agence du Court Métrage et l’ACFA
proposent une étonnante sélection. « Etonnante sélection » ce pourrait être également le leitmotiv de
Nouvelles formes Nouveaux films (19 et 20 novembre), nouveau temps fort du festival qui permettra
de présenter trois œuvres inclassables et remarquables qui feront ou font déjà parler d’elles. C’est
également lundi 29 novembre qu’entrera en action la
marraine de cette édition Carmen Maria Vega : La
carte blanche. Cette artiste lyonnaise vous propose
d’entrer dans son monde à travers d’une sélection de
films courts dont certains découverts au Festival de
Biarritz où elle était jurée et d’excellents classiques
comme La révolution des crabes d’Arthur de Pins
sorti en 2004.
Les autres temps forts :
Concours de films lycéens (21 novembre) / Histoire de courts
#8 « L’image poétique » (21 & 23 novembre) / Premiers Courts
(21 novembre) / Premiers Clip (22 novembre au Toï ToÏ Le Zinc) /
Rencontre avec les réalisateurs de la compétition (22 & 23
novembre) / La bourse des festivals (24 novembre - entrée
libre) / Court et Documentaire (24 novembre) / Le Petit Gruffalo
(24 novembre - avec surprise pleine de poils…) / La soirée de
Palmarès (24 novembre) / La projection des films primés (25
novembre) / Curt Ficcions (26 novembre)
20
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
Du court, encore du court, toujours du court
Par Christophe Liabeuf
L
e Zola organise depuis plus de trente ans
le Festival du Film Court. Au-delà de ces
dix jours de fête, le cinéma soutient toute
l’année le court métrage en adhérant au
RADi (Réseau Alternatif de Diffusion). Mis en
place par l’Agence du court métrage, ce dispositif
permet de proposer un court métrage en avantprogramme d’un long, affirmant ainsi le soutien
d’une salle à ce format et permettant à des
œuvres d’être vues par le plus grand nombre et
non uniquement par les aficionados de festivals ou
de programmes télévisés tardifs.
Les diffuser, c’est bien ; les voir, c’est encore
bien ; en parler, c’est toujours bien !
L’un et l’autre évoquent le souvenir, les réminiscences d’une certaine vie, à l’orée d’une mort approchant ou d’un sommeil profond. Tous deux appellent également à des références artistiques.
Félicie Haymoz reprend une bonne part des
images du clip qu’elle avait réalisé pour Le Yéti et
lorgne de manière assez prononcée vers le cinéma de Guy Maddin. Tandis que La Vita nuova
s’inscrit dans un triptyque inspiré d’hommes de
lettres mis en bouche par Arthur H : Gérard de
Nerval ici (Jules Laforgue et Stéphane Mallarmé
pour Le Concile lunatique et Un spectacle interrompu, deux autres films des réalisateurs).
Je maudis ma nuit – de Félicie Haymoz – 8min30 – 2010
Images 16mm pour l’un, animation en volume
pour l’autre, noir et blanc pour les deux ; les films
usent de techniques et d’images différentes, peu
habituelles, de montage par analogie ou de mises
en parallèle des mondes réels, rêvés, fantasmés
par des personnages vivant reclus et donnant libre
cours à leurs pensées, à leurs désirs, à leurs regrets aussi.
Films d’atmosphères plutôt que narratifs, ils invitent à une certaine contemplation, à une écoute
attentive des mots, des sons, des bruits.
Je maudis ma nuit et La Vita nuova sont des exercices graphiques, essais filmiques. Ils sont des
œuvres très personnelles, une invitation à pénétrer, à se laisser porter, sans mode d’emploi, dans
le jardin secret, l’imaginaire de réalisateurs et des
auteurs qui les inspirent.
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
La Vita nuova - de Christophe Gautry et Arnaud Demunyck
12 min—2008
21
CHRONIQUES
Ce mois-ci, seront proposés deux films aux imaginaires débordants, aux univers vaporeux et aux
ambiances déconcertantes : Je maudis ma nuit de
Félicie Haymoz et La Vito nuova de Christophe
Gautry et Arnaud Demuynck.
LES FILMS À L’AFFICHE DU 10 AU 30 OCTOBRE
Pour des informations complémentaires, consultez le programme complet du Zola disponible dans le
hall du cinéma ou sur internet à l’adresse suivante : www.lezola.com
22
► DU
14 AU 20 NOVEMBRE :
► DU
21 AU 27 NOVEMBRE :
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
QUI SOMMES NOUS ?
Le cinéma Le Zola est géré par l’Association Pour le Cinéma. Ses membres, volontaires et bénévoles
s’investissent pour maintenir cette salle de proximité de 240 places en veillant à la qualité de la programmation. L’Association Pour le Cinéma est membre du GRAC (Groupement Régional d'Actions Cinématographiques) qui fédère 64 salles afin de préserver une certaine idée de la qualité et de l’indépendance.
Nous vous proposons une programmation “art et essai”, des courts-métrages, des films en version originale
sous-titrée, des animations avec des réalisateurs et des professionnels, des classiques et tout cela dans de
bonnes conditions de projection (grand écran, son numérique). Le cinéma est accessible aux personnes à mobilité réduite (plain-pied, toilettes équipées, places de parking).
Nous organisons tous les ans trois festivals :
Le Festival du Film Court (créé en 1979) se déroule en novembre, et dure 10 jours. Il est reconnu parmi les 5 meilleurs festivals de ce genre en France.
Le Ciné O’Clock, Semaine du Cinéma britannique et irlandais (créé en 1995) se déroule en février.
Les Reflets du Cinéma Ibérique et Latino américain (créé dans les années 80) se déroule en mars et
dure 15 jours. De nombreuses manifestations artistiques l’accompagnent : expositions, rencontres, moments musicaux…
Le Zola bénéficie du soutien de partenaires institutionnels : la Ville de Villeurbanne, la Région Rhône-Alpes, le
Conseil Général du Rhône, le Centre National de la Cinématographie, le Ministère de la Jeunesse, de l’Éducation et de la Recherche, la Direction Régionale des Affaires Culturelles et de nombreux partenaires privés.
I N F O R M AT I O N S P R AT I Q U E S
Tarifs : 6.70 € tarif normal ▪ 5,70 € tarif réduit (chômeurs, étudiants, - 26 ans, - 18 ans, + 60 ans) ▪ 4,70 € tarif
enfant (-14 ans) ▪ Ciné-Carte 31,20 € les 6 places ou 47 € les 10 places (valable 1 an, non-nominatif)
Une prévente est possible, une semaine à l’avance pour les séances signalées par une étoile dans le programme
du Zola (hors période de festival).
Proximité du métro (Ligne A / station République), garages à vélos et nombreuses stations Velo’V à
proximité, parking (piscine Boulloche, entrée rue Francis de Pressensé).
Bulletin d’adhésion année 2012
Retournez-nous ce coupon dûment complété, accompagné du règlement de la cotisation (18 €).
Nous vous enverrons votre carte par retour de courrier.
ADHÉSION
NOM / PRENOM : …………………………………………………………………………
ÂGE :ADRESSE………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
C.P. : ……………………………………….. VILLE : …………………………………………………………….……………………………………..………..
TEL. : ……………………………………..………………………. MAIL (pour recevoir la newsletter) : ……………………………………….…….
Souhaite adhérer à l’Association pour le Cinéma pour un montant de 18 euros.
L’adhésion est valable du 1er Janvier au 31 décembre de l’année en cours.
L’Emile — le journal de l’Association pour le cinéma
23
Le mot d’Émile
J’ai renoué récemment avec des amis italiens, perdus de vue depuis quelques années. Cette rencontre m’a
plongé dans un passé déjà presque lointain, ou, essayant de tenir à flots un ciné club de la proche banlieue, je
m’étais pris de passion pour le néoréalisme italien. Je ne suis pas sûr, à l’époque, d’avoir réellement perçu
toute l’importance de ce mouvement. Au sortir de la guerre et après une longue période de censure et d’obscurantisme, les cinéastes italiens vont pouvoir laisser libre court à leur parole et leur créativité. Pourquoi ces
artistes ont-ils choisi de déserter les grands thèmes philosophiques et politiques pour se consacrer à leurs
semblables les plus modestes ? Sans doute étaient-ils révoltés par les conditions d’existence de l’époque, heureux de pouvoir s’exprimer librement. Mon auteur préféré, Vittorio de Sica avait tourné auparavant des
choses légères jusqu’à ce merveilleux voleur de bicyclettes qui m’avait laissé terriblement ému et impuissant
devant la détresse de ce père de famille courageux amené à commettre un larcin simplement pour exercer son
emploi et nourrir sa famille. Sans chercher à justifier son geste, le cinéaste nous amène à comprendre pourquoi
un homme honnête et courageux en arrive à ce comportement aux conséquences terribles pour lui et sa famille. Bien sur, bien d’autres films ont alimenté ce courant, mais celui-ci, chaque fois que j’y pense me laisse
ce goût amer de constater l’infortune des autres sans pouvoir y remédier.
Émile
À bientôt au Zola !
Christophe Liabeuf
Mélany Trouillet
Pierra Dupuy
Lorraine Lambinet
Marion Martin
Charles Lemaitre
Corinne Berthier
Jean-Guy Chapard
Beverley Robert-Wyss
Jérémie Dunand
…ont participé à ce numéro
Le Zola, 117 cours Émile Zola 69100 Villeurbanne
Contact : [email protected] / 04 78 93 42 65
Pour L’Émile : [email protected]
Pour en savoir plus sur nos festivals : www.festcourt-villeurbanne.com
www.cineoclock.com
www.lesreflets-cinema.com
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