Jeux vidéo L`Alsace, une région « serious »
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Jeux vidéo L`Alsace, une région « serious »
par Arnaud Bouju, publié le 10/09/2012 à 05:00 Jeux vidéo L’Alsace, une région « serious » 1/3 Le secteur du jeu vidéo est la première industrie culturelle en France. Surfant sur cette vague, des entreprises spécialisées dans les serious games, des jeux au service de la formation et de l’éducation, s’épanouissent en Alsace. Ah l’Alsace ! Ses cigognes, ses bretzels et ses… serious games. On le sait, depuis quelques années déjà, le jeu vidéo entre dans les mœurs. Lentement mais sûrement. Le cliché de l’adolescent boutonneux à lunettes n’a plus lieu d’être, ou presque. On ne s’enferme plus dans le noir, chips au bacon et canette de soda à porter de main dans l’unique but d’exorciser ses passions meurtrières. « L’interactivité atteint son paroxysme » Aujourd’hui, personnes âgées, parents, enfants s’affichent au grand jour, manettes en main. Souhaitant continuer à toucher ce très large public, des entreprises de développement de jeux vidéo ont mis au point de nouveaux produits. Comment joindre l’utile à l’agréable ? Est-il possible d’éduquer, d’apprendre, d’enseigner efficacement tout en interagissant avec un écran ? Ainsi, le serious game voit le jour. « Il s’agit d’une évolution liée aux jeux vidéo dans le domaine du sérieux. Autrement dit, on applique tous les ressorts du jeu mais dans les domaines de la communication, de l’éducation et de l’information. L’interactivité atteint son paroxysme », définit Yves Dambach, Alsacien et fondateur de la société KTM Advance, dont le siège est à Paris, spécialisée dans le serious gaming. « Le marché de la formation en France tourne autour des 16,5 milliards d’euros par an. Seul 3 % de ce chiffre d’affaires concerne le e-learning (formation à distance), qui comprend le serious gaming. La France est en retard sur l’Allemagne qui dépasse les 20 %. Et je ne parle même pas du Royaume-Uni et de ses 50 % », constate toujours Yves Dambach. Devant ces chiffres, de nombreux entrepreneurs voient une opportunité, un marché. D’aucun imaginent tout de suite installer leur nouvelle entreprise à Paris, épicentre de la création vidéo ludique en France. Sans se précipiter, d’autres étudient le terrain. Un œil attentif sur la carte de l’Europe suffit à désigner le port d’attache idéal : l’Alsace. Gilles Noeppel, gérant de Almedia basée à Strasbourg, explique : « Les projets européens dans le domaine du serious game sont impressionnants. Depuis 2009, notre entreprise planche sur un laboratoire de langues en ligne en collaboration avec l’Université de Strasbourg. Les Allemands sont particulièrement friands de cette méthode d’apprentissage. De ce fait, la situation géographique de l’Alsace est tout à fait appropriée. » « Le potentiel alsacien est énorme » De son côté, Yves Dambach a aussi ses raisons : « KTM possède une succursale de 38 salariés à Strasbourg. C’est un marché en très forte croissance. Le potentiel alsacien est énorme. Avec les nombreuses écoles spécialisées dans l’informatique et l’infographie (Exia, Lisaa, Supinfo, Epitech…) et l’ouverture prochaine d’établissements entièrement tournés vers la formation aux métiers du serious gaming (Ludus Institut et le nouveau cursus dispensé par l’Université de Strasbourg), il y a de quoi alimenter ce marché, gourmand en ressources humaines. À l’avenir, nous serons peut-être amenés à déménager définitivement en Alsace. » La demande européenne existe. Qu’en est-il de la demande locale ? Du côté de Almedia, « Nous avons travaillé sur un serious game pour la pièce de théâtre « Merlin » jouée au théâtre National de Strasbourg. » Intéressés, les grands du tourisme commencent à se pencher sur la question. Tout semble aller très vite. Un appel d’offres de la part d’ADT 67 a récemment été lancé. « Il y aura toujours du travail dans cette branche du jeu vidéo. Bientôt, nous aurons tous été confrontés à un serious game. Que ce soit pour notre métier comme pour apprendre une nouvelle langue », conclut Yves Dambach.