Sujet : Comment peut-on expliquer les inégalités de revenu

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Sujet : Comment peut-on expliquer les inégalités de revenu
Sujet : Comment peut-on expliquer les inégalités de revenu ?
Introduction
Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, ≪ on assiste depuis 30 ans à une remontée spectaculaire
de certaines inégalités qui met fi n a une baisse séculaire de celles-ci.≫. La France est-elle
également soumise a une remontée des inégalités ?
L’inégalité est toujours rapportée a une ou des propriétés que les individus ont en commun :
propriétés économiques (revenu, patrimoine), sociales, culturelles, et peut ainsi être saisie
comme une différence qui procure un désavantage.
Quelles sont donc les raisons qui expliquent les inégalités économiques ? N’existe-il des
explications à la fois économiques et sociales qui montrent que les inégalités économiques
persistent, voire se creusent ?
Apres avoir vu, dans une première partie, que les inégalités de revenu reposent sur des
fondements économiques, la deuxième partie présentera l’idée selon laquelle ces inégalités
sont aussi liées à des tendances structurelles et à des logiques d’acteurs.
I. Les inégalités de revenus reposent sur des fondements économiques
A. Les fondements des inégalités de revenus du travail sont multiples
Les inégalités de revenus du travail sont fondées sur la qualification, le statut de l’emploi, le
secteur d’activité (voir document 4 : le rôle de la finance dans la montée des inégalités de
revenus), la taille de l’entreprise, la probabilité d’accès à la promotion.
Cette croissance des revenus du travail a profité fortement aux hauts revenus et surtout aux
plus aises (doc. 1) : secteur de la finance lie aux activités de marche, carrières sportives ou
artistiques, revenus dopés par l’octroi de bonus. La stabilisation de la part du décile
supérieur (doc. 2) dans le revenu total, en France, est ainsi allée de pair avec une remontée
des inégalités à l’intérieur de la population des 10 % les plus riches.
B. Les inégalités de revenu du capital sont liées aux inégalités de détention d’un patrimoine
et à l’accès différentiel au crédit
1. Les évolutions contrastées de revenus sont liées en partie a l’accroissement des revenus
du patrimoine dont profitent surtout les plus aises (doc. 1).
L’inégalité des revenus du patrimoine est liée à la très forte concentration des patrimoines.
Cette concentration est nettement plus importante que celle des revenus si bien que les
revenus du patrimoine prennent une part croissante au fur et a mesure que l’on monte dans
l’échelle des revenus : alors qu’ils ne représentent à eux deux que 2,6 % des revenus totaux
des neuf premiers déciles, ils constituent 48 % des revenus totaux des personnes les plus
aisées. Ainsi, contrairement au reste de la population, qui ne perçoit que des revenus
d’activité, c’est-a-dire des revenus du ≪ travail ≫, les plus aises perçoivent pour moitie des
revenus du ≪ capital ≫ et pour moitie des revenus du ≪ travail ≫.
Plus les revenus sont élevés, plus la diversification des sources de revenus est importante.
En 2007, 40 % de la population a perçu des revenus du patrimoine contre 93 % des très hauts
revenus.
2. L’inégal accès au crédit : ≪ on ne prête qu’aux riches ≫.
Les ménages situes dans les déciles 3 et 4 sont relativement peu endettes en raison soit de
faibles probabilités d’accès a la propriété d’un logement), soit de la réticence des banques à
leur octroyer un prêt, réticence liée a la relative faiblesse de leurs revenus ou a la précarité
de leurs emplois (surreprésentation des emplois précaires dans les quatre premiers déciles).
17 % seulement des ménages appartenant au décile 1 sont endettes. Ce sont des ménages
davantage exposes à la précarité et au chômage que les autres ménages et des lors a la
méfiance des banques quant a leur capacité de remboursement (risque de retard de
paiement, de non remboursement).
C. Les inégalités sont liées aux évolutions économiques internationales
Développement des inégalités liées au progrès technique et à la mondialisation.
Premièrement, la nature des progrès technologiques ≪ tire vers le haut ≫ les salaires des
personnes les plus qualifiées, parce qu’elles maitrisent les technologies de l’information et de
la communication, vecteurs de progrès – alors que la Révolution industrielle du xixe siècle,
elle, favorisait plutôt les travailleurs non qualifiés. Deuxièmement, la mondialisation ≪ tire
vers le bas ≫ les salaires des moins qualifiés, car ils sont concurrences par le travail a bas
cout des pays émergents.
II. Certaines inégalités ont des causes sociales et politiques
A. Les structures socio-économiques se sont modifiées et aux politiques de l’État
-La modification des structures socio-économiques
– Développement de l’activité féminine et montée des inégalités salariales ≪ genres ≫
Cette montée des femmes, renvoyant incontestablement a une extension de l’égalité
engendre de nouvelles inégalités. Au-delà des écarts statiques de salaires, l’inégal accès aux
fonctions d’encadrement (plafond de verre) tend à renforcer les écarts dynamiques de
salaires entre hommes et femmes, en dépit des nombreuses législations relatives à l’égalité
salariale homme/femme.
– Rôle grandissant du ≪ poids des apparences ≫. En exerçant des effets sur la position
sociale occupée par la profession exercée et/ou sur le niveau de salaire, le poids de
l’apparence contribue à créer des inégalités. Ainsi, selon Jean-Francois Amadieu, a niveau de
diplôme identique, la différence de salaires, entre beaux et laids est d’une ampleur
insoupçonnée car peu étudiée. Le développement des activités de service impliquant des
relations de face a- face, développement d’une logique de la compétence, tend à renforcer le
rôle des apparences dans les inégalités salariales.
-Les politiques de l’Etat
Une modification des politiques étatiques peut concourir a renforcer les inégalités de
revenus (bouclier fiscal, part de la TVA dans l’ensemble des impôts, niches fiscales).
B. Des inégalités liées au poids de l’héritage et à la génération
-La permanence d’une société d’héritiers
– La permanence d’une société d’héritiers dans la société française – faible rôle de la
promotion interne, alors que les plus hautes fonctions restent confiées à un membre de la
famille fondatrice de l’entreprise –, témoigne de l’existence de fortes inégalités sociales et
tend à aggraver les inégalités de revenus. Fondée sur des principes contraires à ceux de
l’idéal démocratique d’égalité des chances, elle traduit la primauté de l’héritage sur le
mérite. Ce poids de l’héritage est renforce par la montée du chômage et par l’inflation des
diplômes.
– La supériorité des revenus dans le secteur de la finance serait liée en partie aux stratégies
déployées par les professionnels de la finance. Ces stratégies seraient fondées sur l’existence
d’avantages, de privilèges dont ils bénéficieraient car, disposant d’informations
confidentielles sur leurs clients, ils pourraient, facilement négocier des bonus élevés. Il leur
suffirait de menacer de quitter l’institution financière qui les emploie en emportant avec eux
leur carnet d’adresses (voir les travaux d’Olivier Godechot). Ces stratégies seraient d’autant
plus faciles a mettre en œuvre que le secteur financier est imparfaitement concurrentiel et
engendre des rentes d’intermédiations captées par les professionnels de la finance.
– Des inégalités générationnelles
On a aussi affaire à des inégalités d’âge et de génération.
D’une part, quelle que soit l’année, les ménages dont la personne de référence appartient a
la tranche des 45 a 54 ans perçoit le revenu disponible moyen le plus élevé et la tranche des
18 a 24 ans le revenu le plus bas. Ainsi le revenu croit jusqu’à un certain âge pour décliner
d’environ 12 000 euros par la suite (effet d’âge, doc. 3). On constate aussi un effet de
génération : entre 2000 et 2009, le revenu disponible moyen des plus de 55 -74 ans et des
35-44 ans a plus augmente que celui des autres catégories d’âge tandis qu’on assiste à une
paupérisation relative, voire absolue, des plus jeunes (doc. 3)
Ainsi, les inégalités de revenu ont des causes multiples et variées. Le plus souvent, on
constate qu’elles font système et qu’elles s’auto entretiennent. Face à la montée des
inégalités depuis la crise de 2008, comment l’Etat pourrait-il intervenir afin de réduire le
mouvement de hausse des inégalités ?