Humanisme et industrie

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Humanisme et industrie
Quel est l’apport de l’humanisme dans l’industrie?
L'humanisme désigne tout mouvement de pensée idéaliste et optimiste qui place l'homme au-dessus de tout, qui a pour objectif son
épanouissement et qui a confiance dans sa capacité à évoluer de manière positive. (http://www.toupie.org/Dictionnaire/Humanisme.htm)
« Déconnecté de toute visée de civilisation ou d’humanisme, le progrès n'a plus d'autre justification que son propre mouvement. » Luc Ferry
« Le XXIè siècle sera humaniste ou ne sera pas. » Roger-Maurice Bonnet
« Il place l'être humain comme valeur et préoccupation centrale » (Parti Humaniste)
L’humanisme n’est pas une nécessité évidente.
Contre exemple: L’optimisation mathématique sans prise en compte de l’humain.
L’industrie de câblage aéronautique Labinal présente un travail très répétitif qui n’est pas
mécanisable. La politique menée par cette entreprise est d’augmenter sa productivité en effaçant le
facteur humain : cadences soutenues, optimisation de l’espace de travail, de chaque geste, réunions
chronométrées, grilles d’évaluation chiffrées par équipe (management visuel)…
Les 5 S, le QRQC sont des moyens de rentabilité et non d’épanouissement personnel, ils prônent
l’encadrement pour pallier les imperfections existantes. L’objectif humain est de parvenir à baisser le
taux d’absentéisme, actuellement de 7%.
Dans le même sens, la multinationale Airbus impressionne par son gigantisme. L’absence de racines et
de culture (langue anglaise obligatoire) n’aident pas les salariés à s’impliquer et s’épanouir dans leur
travail. Néanmoins la passion partagée par tous les salariés pour l’aviation permet une cohésion de
groupe et explique le peu d’efforts à fournir par l’entreprise pour recruter.
Il est au contraire possible de bâtir l’entreprise autour de l’humanisme.
Poult en a fait le cœur de sa politique, c’est une croyance en l’humanisme qui a provoqué
une révolution de la pyramide de l’entreprise. Du jour au lendemain toute la hiérarchie a
été supprimée, le chef devient un leader. L’objectif premier n’est plus la rentabilité, mais
l’épanouissement de chacun par sa créativité (toute idée est accueillie), son autonomie et
l’appropriation du résultat du groupe (transparence absolue). Cela n’a pas été sans
quelques bousculements: licenciements, renoncement à diriger pour les chefs d’équipe,
management par les moyens et non par les objectifs : une place prépondérante est
accordée aux employés.
Les raisons d’une telle approche peuvent variées:
Ainsi la raison d’être de Websourd (coopérative à but non lucratif) est sociale: insérer des
hommes au cœur de la société. Ainsi il n’y a pas d’actionnaires et les services proposés sont
gratuits pour les sourds. Cette volonté ce décline au quotidien : la langue parlée est la
langue des signes, les employés sont des sourds formés par l’entreprise elle-même, le PDG
très proche de ses salariés.
L’entreprise n’en est pas moins résolument compétitive et très diversifiée : compétences
sociétales, logistique compliquée, haute technologies, compétences linguistiques, objectifs
concrets: devenir un groupe, développer le marché, le service et les compétences.
D’autres entreprises, de manière beaucoup moins radicale, intègrent une vision
humaniste dans le fonctionnement de leur entreprise. Plus pragmatiques, elles
cherchent à rassembler tous les atouts qui peuvent faire leur force.
Pierre Fabre, par exemple, tente de prôner la dimension humaine et
environnementale (ex: protection les producteurs au Bengladesh), l’éthique (pas
de déplacement d’usine: pérennité de l’emploi même si beaucoup d’intérims), et
porte un intérêt réel à l’amélioration des conditions des salariés tout en
conservant des méthodes classiques de management.
Latécoère présente une réelle préoccupation de l’épanouissement des
employés : terme de « compagnon » pour mettre en valeur le savoir faire des
ouvriers, gestion de personnes et non de dossiers, dosage subtil de
compréhension et d’exigence, « ce ne sont pas « mes employés », ce sont des
personnes qui me sont confiées dans un certain cadre » ; ¼ du résultat donné aux
salariés.
Communication interne excellente : aucun mouvement social lors de la
fermeture d’une usine (150 personnes relocalisées), aucun licenciement. Réelle
revendication humaniste de l’entreprise, les employés sont associés à toute
décision et fiers de leur travail.
Chez Blanc-tailleur, la volonté première est de « s’éclater » : diversité et qualité
des produits, pas de but de surproductivité, communication avec les utilisateurs
et toutes les personnes concernées, forte histoire « familiale ».
Astrid L’Ebraly
Thibault de la Rocque

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